PROPAGATION DE L ‘ISLAM

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Catégorie: Les textes historiques
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PROPAGATION DE L ‘ISLAM

Auteur: ahlkesaa
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PROPAGATION DE L ‘ISLAM
  • LA BATAILLE DE MOUTAH

  • LA CONQUETE DE LA MECQUE

  • VIOLATION DES ACCORDS APR LES QORAYSHITES

  • LA GRATITUDE DU PROPHETE

  • Amnestie Générale Décrétée par le Prophète (ç)

  • La Destruction des Idoles de la Ka'bah

  • L'Attribution des Postes relatifs à la Ka'bah

  • Hommage Rendu par les Mecquois au Prophète (ç)

  • Les Personnes Proscrites

  • La Conduite Cruelle de Khâlid

  • Ali (as) Envoyé pour Réparer l'Effusion de Sang

  • La Bataille de Honayn

  • La Fuite des Musulmans

  • Les Sarcasmes des Mecquois

  • Le Retour des Compagnons

  • La Défaite et la Fuite des Infidèles

  • Le Siège de Tâ'if

  • La Distribution du Butin de Guerre de Honayn

  • Le Mécontentement des Médinois

  • Les Médinois Réconciliés

  • Les Médinois Réconciliés

  • Ali (as) Inspiré de Secrets Divins

  • Mâlik Ibn 'Awf

  • Le Retour du Prophète (ç)

  • Ibrâhîm, Fils du Prophète (ç)

  • La Prohibition de l'Alcool

  • L'EXPEDITION DE WADI-L-RAMAL OU DE THAT-AL-SALASIL. L'EXPEDITION DE TABYK.

  • L'ANNONCE DE LA SOURATE AL-TAWBAH. LES CHRETIENS DE NAJRAN, ET D'AUTRES EVENEMENTS SURVENUS AU COURS DE LA NEUVIEME ANNEE DE L'EMIGRATION

  • La Soumission des Banî Thaqîf

  • L'Expédition de Wâdi-l-Ramal ou de Thât-al-Salâsil

  • L'Expédition de Tabûk

  • Conspiration contre la Vie du Prophète (ç)

  • La Destruction du Masjid al-Dherâr

  • La Mort d'Om Kulthûm

  • La Mort de 'Abdullâh B. Obay, l'Hypocrite

  • La Conduite de 'aicha et de Hafçah

  • Le Prophète (ç) Se Sépare de ses Femmes pendant un Mois

  • L'Annonce de la Sourate al-Tawbah

  • L'Année des Délégations

  • Les Chrétiens de Najrân

  • Tentative d'Empoisonnement du Prophète (ç)

  • L'Arrivée de Ja'far

  • Abû Horayrah

  • Le Prophète (ç) à Wâdî al-Qorâ

  • Le Retour du Soleil pour les Prières de Ali (as)

  • Om Habîbah

  • 'Umrat al-Qadhâ' du Prophète (ç)

  • Maymûnah

  • L'EXPEDITION DE MO'TAH.

  • LA CONQUETE DE LA MECQUE.

  • LA BATAILLE DE HONAYN ET D'AUTRES EVENEMENTS IMPORTANTS SE TERMINANT AVEC LA HUITIEME ANNEE DE L'EMIGRATION

  • La Conversion de Khâlid Ibn al-Walîd et de 'Amr Ibn al-'Aç

  • La Chaire

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PROPAGATION DE L ‘ISLAM

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LA BATAILLE DE MOUTAH PROPAGATION DE L ‘ISLAM

PROPAGATION DE L ‘ISLAM
LA BATAILLE DE MOUTAH
Le messager de Dieu entreprit l’appel universel des les accords de Houdeybiyya. Les nations telles que la Rome antique et la Perse étaient des puissances. L’empéreur de Rome voulait s’islamiser des qu’il avait u la lettre du noble prophète (ç) (ç). Mais face à la réaction de l’armée et les chrétiens il préféra se résigner.

Après son retour du Pèlerinage ('Omrat al-Qadhâ) de la Mecque, le Prophète (ç) avait passé environ six mois à Médine lorsqu'il reçut la nouvelle de l'assassinat de son messager Hârith ibn Omayr qu'il avait envoyé porteur d'une missive dans laquelle le gouvemeur de Basrah, était invité à l'Islam. Le porteur du message avait été tué à Moutah par Chourahbil ibn Amr Ghassâni le gouverneur sous vassal romain. En principe, le meurtre d’une personne ne peut pas être une raison pour provoquer une guerre. La triste nouvelle chagrina profondément le prophète (ç) (ç) qui décida de punir le fautif afin que ses ambassadeurs soient respectés dans l'avenir. Il rassembla une armée de trois mille hommes, au mois de Joumâdî-I de l'an 8 de l'Hégire pour défendre l’honneur de l’islam et montrer sa capacité à répondre aux provocations. Le prophète (ç) (ç) désigna Ja’far ibn Abou Talib, Zayd ibn Hârith et Abdoullah ibn Rawâha comme des commandants de cette expédition. Il leur donna l'ordre de presser le pas afin de surprendre le peuple de Moutah, de les appeler à l'islam ou de les combattre au nom du Seigneur au cas où ils refusaient d'embrasser l’islam.

Choisir trois commandants pour une pareille expédition signifiait que si Zayd venait à être tué dans la bataille, Ja'far devrait prendre le commandement, et si ce dernier venait à être tué à son tour, Abdoullah ibn Rawaha devrait le remplacer, et au cas où celui-ci tomberait lui aussi, l'armée devrait choisir quelqu'un dans ses rangs pour assumer le commandement. Cet ordre s'avérera être une prophétie.

En effet, arrivé à Moutah, Zayd fut informé que l'empereur romain Héraclius campait à Ma'ab, sur le territoire de Belqa, avec une armée forte de cent mille soldats. En fait c'était Théodorus, le frère de Héraclius, qui se trouvait à la tête d'une force formidable renforcée par les hommes que Charahbil avait recrutés chez les tribus voisines pour venir à son aide, après avoir appris la nouvelle de l'expédition musulmane. Zayd fit halte à Ma'an où les chefs de l'armée musulmane discutèrent, pendant deux jours entiers, des difficultés de leur position.

S'approchant de Mo'tah, les Musulmans se trouvèrent face-à-face avec l'ennemi. L'armée romaine prit l'offensive et la bataille fut déclenchée. Zayd conduisant en avant sa colonne, le drapeau à la main. Il se battit courageusement jusqu'à ce qu'il fût tué. Ja'far récupéra le drapeau. Il descendit de son cheval pour montrer qu'il était décider à se battre jusqu'à la mort ou la victoire. Il conduisit ses hommes pour l’offensive, mais son corps fut rapidement couvert de blessures. Il continua à se battre vaillamment jusqu'à ce que sa main droite fût coupée. Il reprit le drapeau avec sa main gauche qui auusitôt coupée. Il tint alors l'étendard avec les restes mutilés de ses bras, mais il reçut vite un coup sur la tête et tomba raide mort. Abdoullâh ibn Rawaha redressa le drapeau, continua la bataille et connut lui aussi rapidement le même sort.

Waqidi parle de 8 martyrs, ibn Hishâm de 12 et d’autres estiment que près de 17 musulmans laissèrent leur vie dans cette bataille. L'armée musulmane élut Khâlid pour assumer le commandement. Mais les chances de remporter un succès ou même de sortir honorablement, sans vainqueur ni vaincu, s'étaient déjà affaiblies, et les hommes avaient perdu courage. Ils revinrent directement à Médine.

LA CONQUETE DE LA MECQUE
Conformément aux accords de Houdeybiyya, les uns et les autres devaient éviter de se livrer bataille pe,ndant dix ans. Le prophète (ç) profita de cette période pour étendre l’appel à l’islam vers des autres horizons. La paix régnait bien jusque –là surtout avec la chute de Kheybar.

VIOLATION DES ACCORDS APR LES QORAYSHITES
En vertu du traité de Houdaybiyya, les Bani Khouzâ'a étaient devenus alliés du prophète (ç). Les Bani Bakr, agissant sous la même règle, se proclamèrent partisans des Qorayhites. Toutes les deux tribus habitaient des vallées près de la Mecque Une vieille querelle existait déjà entre elles. Chaque partie brûlait d'envie de venger les meurtres commis par l'autre. Le traité de Houdaybiyya qui était entré en vigueur depuis bientôt deux ans stipulait que pendant les dix années à venir il ne devrait pas y avoir d'agressions de part et d'autre.

Mais certains notables des Qorayshites avaient dissimulé leurs alliés de Bani Bakr, qui attaquèrent pendant une nuit de la 8ème année hégire un campement des Bani Khouzâ'a, tuant quelques-uns. Les Khouzâ'a envoyèrent une délégation de quarante hommes au prophète (ç) (ç), lui demandant de punir les traîtres meurtriers. Le prophète (ç) ressentit cet incident comme une violation du traité de Houdaybiyya, et promit de s'occuper de leur cause comme si elle était la sienne.

Lorsque les Qorayshites apprirent la nouvelle de la délégation, ils furent excessivement alarmés et députèrent Abou Soufiyân qui se rendit auprès du prophète (ç) Mouhammad (ç) (ç) s’expliquer, remettre les choses sur la bonne voie et renouveler l'accord de paix. En arrivant à Médine, Abou Soufiyân était allé tout d'abord chez sa fille Oummou Habiba, une des femmes du prophète (ç) (ç), sur laquelle il comptait beaucoup. Mais son trébuchement commença à l'endroit même où il cherchait à réparer le tort, car à peine il voulut s'asseoir sur un tapis dans sa maison qu'elle l'expusa disant en: «C'est le lit du prophète (ç) de Dieu et il est trop sacré pour être souillé par un idolâtre impur».

Abou Soufiyân ressentit vivement l'humiliation et maudissant sa fille, il quitta les lieux pour se rendre chez le prophète (ç) à qui il donna quelques explications en vue de rétablir le traité de paix, mais le prophète (ç) (ç) ne voulait pas écouter ces explications. Abou Soufiyân ne put obtenir aucune assurance de sa part. Il sollicita ensuite l'intervention de Ali et d'Abou Bakr, mais eux aussi le renvoyèrent. Enfin il essaya d'obtenir la faveur de Fatima, la fille du prophète (ç), la suppliant de faire de son fils Hassan (ç) son protecteur. Fatima répondit que Hassan (as) était trop jeune (il avait à peine six ans) pour jouer les protecteur de qui que ce soit. Elle ajouta qu'aucune protection n'était valable contre la volonté du prophète (ç) (ç).

Puis il retourna encore chez Ali, lui demandant de la conseiller dans sa mission ingrate. Ali (as) lui dit qu'il (Abou Soufiyan) ne pouvait rien de plus que proclamer de la part des Qorayshites les relations amicales qu'ils désiraient maintenir et une continuation de sa propre protection en tant que chef des Qorayshites. Abou Soufiyan se leva dans la cour du Masjid du Prophète (ç) et proclama à haute voix ce que Ali (as) lui avait demandé de proclamer, et il retourna à la Mecque pour rapporter aux Qorayshites ce qu'il avait fait.

Ces derniers le reçurent avec sarcasme et lui firent observer que sa proclamation n'était pas valable sans l'assentiment du prophète (ç). Ils dirent que Ali (as) avait fait de lui un simple jouet. Abou Soufiyan répliqua qu'il savait cela, mais qu'il ne savait pas quoi faire d'autre.

La tentative désespérée d'Abou Soufiyan de renouveler l'accord de paix confirma l'affirmation de la délégation Khouzâ'a et ne laissa aucun doute sur la culpabilité des Qorayshites. La violation des termes du traité de Houdaybiyya ayant été établie, le prophète (ç) résolut de prendre la Mecque par surprise. Il convoqua ses alliés des environs de Médine, mais sans donner aucun détail sur les raisons particulières de cette réunion. L'objectif en resta secret. Un jour Abou Bakr, entrant dans la maison de sa fille Aicha, la trouva en train de préparer les affaires du prophète (ç). L'interrogeant sur la raison de ces préparatifs, elle lui répondit qu'on projetait d'entreprendre bientôt une expédition mais dont elle ignorait la direction. Toutes les routes menant à la Mecque furent par la suite bloquées afin de prévenir la fuite d'informations sur les mouvements du prophète (ç) aux Qorayshites.

Lorsque tous les préparatifs furent presque terminés, le prophète (ç) ordonna à ses partisans de Médine d'être prêts à l'expédition en leur recommandant de garder le plus grand silence afin que le moindre indice de leur mouvement ne parvienne à la Mecque. Malgré toutes ces précautions, le secret fut quand même découvert.

En effet, Habîb ibn Balta'a, l'un des Emigrés, partisan du prophète (ç), digne de foi, et dont la famille était restée à la Mecque, écrivit une lettre à un ami resté lui aussi dans cette ville et l'envoya par une femme nommée Sara. Elle était déjà sur la route de la Mecque, lorsque le prophète (ç) apprit par voie divine l'envoi de cette lettre. Aussi dépêcha-t-il Ali (as) et Zoubayr, accompagnés par quelques autres bons cavaliers, à la poursuite de la messagère. Ils la rattrapèrent et la fouillèrent soigneusement mais sans trouver la lettre sur elle. Tous les hommes abandonnèrent la recherche et s'en retournèrent bredouilles, excepté Ali (as) qui pensa que le Messager de Dieu ne pouvait pas se tromper. Rendu furieux par cette déception, il tira son cimeterre, et le brandissant au-dessus d'elle, il jura de lui trancher la tête si elle ne donnait pas la lettre. La femme trembla de terreur, sortit la lettre des longues tresses de ses cheveux. Son contenu était le suivant: «De Habîb ibn Balta'ah aux Mecquois. L’nvoyé de Dieu est en train de se préparer pour vous attaquer par surptise. Aux armes!»

L'auteur de la lettre ayant été découvert, fut convoqué par le prophète (ç). Il affirma qu'il était un croyant sincère, et se justifia en affirmant que sa famille était sans protection à la Mecque et qu'il avait voulu la sauver en assurant d'une façon ou d'une autre la protection de quelques Mecquois. Prenant en considération les services qu'il avait déjà rendus, le prophète (ç) accepta son repentir et lui pardonna. Les neuf premiers versets de la Sourate al-Mumtahanah furent par la suite révélés pour mettre les autres en garde de refaire la même chose.

Le 10 Ramadan de l'an 8 de l'hégire la marche commença. Sur la route, le prophète (ç) demanda un verre plein d'eau pour rompre son jeûne en présence de tous ses hommes qui observaient, eux aussi, le rite puisqu'on était au mois du Jeûne. Son exemple fut suivi par tous à l'exception de quelques-uns dont il dit qu'ils seraient considérés comme ceux qui désobéissent à Allah et à Son prophète (ç) s'ils persistaient à observer leur jeûne.

C'était la plus grande armée que Médine eût jamais lancée dans la bataille. La force comptait, outre les Emigrés, les Ansâr, les bédouins de Ghifâr, d'Aslam, de Johaynah et d'Achja. Les Bani Mozaynah, Solaym et Khouzâ'a rejoignirent l'armée sur la route. Il y avait mille bédouins de Bani Mozaynah et mille de Bani Solaym. La force comptait en tout dix mille hommes. Le prophète (ç) avait amené avec lui deux de ses femmes Oummou Salama et Zaynab Bint Johach.

Lorsqu'ils arrivèrent à Johfa ou Dhoul Houlayfah, Abbas (l'oncle du prophète (ç)) accompagné de sa famille qui émigrait à Médine, rencontra le prophète (ç), lequel le retint pour lui tenir compagnie. Il envoya sa famille à Médine. L'armée se mit à marcher aussi rapidement que possible afin de pouvoir camper le soir du septième ou huitième jour à Marr al-Zouhrân, près de la cité sacrée, au nord-ouest de la ville. Une fois arrivée à ce point, l'armée fut autorisée, pour la première fois depuis le début du voyage, à allumer librement le feu sur les sommets de la montagne de Marr al-Zouhrân. Les hauteurs de la montagne furent ainsi rapidement embrasées avec dix mille feux, et les Mecquois qui n'avaient pas été prévenus de ce danger imminent furent frappés de terreur.

Abou Soufiyan se rendit en mission de reconnaissance auprès des musulmans. Il tomba sur Abbas qui, par sentiment de sympathie pour les habitants de sa ville, s'était écarté de l'armée dans l'espoir de rencontrer un voyageur à qui il pourrait confier la mission d'informer les Mecquois de l'approche d'une grande armée avec pour objectif leur conseiller de se rendre s'ils voulaient éviter la destruction.

Abbas ayant reconnu Abou Soufiyan à sa voix, s'approcha de lui. Celui ci demanda impatiemment à Abbas ce qui se passait sur les hauteurs de ces montagnes-là, Abbas lui dit que c'était Mouhammad (ç) qui y campait avec dix mille partisans. Il veut envahir la ville le lendemain matin. A ces nouvelles, Abou Soufiyan tomba dans un état de profond désarroi. Abbas lui conseilla alors de se soumettre immédiatement au prophète (ç). Se rendant compte qu'il n'y avait aucun espoir de pouvoir s'opposer à l'avancée de la force musulmane, il se résigna aux recommandations de Abbas, lequel le fit monter derrière lui sur son cheval, l'amena jusqu'au camp et informa le prophète (ç) de la visite de son hôte distingué. Le prophète (ç) ordonna à Abbas de le ramener le lendemain matin.

Lorsqu'Abou Soufiyan réapparut le lendemain en compagnie de Abbas, on lui demanda s'il croyait qu’il n’y a de divinité à part Dieu l’Unique. Il répondit par l'affirmative. Puis on lui demanda s'il croyait que Mouhammad (ç) était Son messager. Abou Soufiyan hésita un peu et dit qu'il avait quelques doutes là-dessus. «Malheur à toi! Lui dit Abbas. Le moment est mal choisi pour jouer les suspicieux! Atteste et professe qu'il n'y a de dieu à part Allah et que Mouhammad est Son prophète (ç), sinon ta tête sera coupée».

Abou Soufiyan s'exécuta immédiatement, et ainsi, le grand dirigeant des Qorayshites se retrouva aux pieds du prophète (ç) comme converti. En même temps. Le prophète (ç) dit : « quiconque se réfugie dans la Ka’ba ou dans maison d'Abou Soufiyan ne serait en sécurité. Les occupants des maisons dont les portes resteraient fermées ne seront pas attaqués ». Abou Soufiyan s’avança pour annoncer au gens que le prophète (ç) est en sécurité. C’était pour soumettre pacifiquement la ville sans aucun bain de sang. La Mecque fut ainsi prise sans résistance, sauf un petit nombre de personnes qui tentaient de jouer les têtus.

LA GRATITUDE DU PROPHETE
Il n'est pas difficile pour le lecteur de se rappeler les positions extrêmement hostiles d'Abou Soufiyan à l'égard de l'islam et de son messager. Il avait été l’ennemi numéro un du prophète (ç). A présent, tout était sous l’autorité du prophète (ç) qui pouvait se venger de lui. Mais le messager de Dieu annonça la gratitude publique : « Je reprend les propos de mon frère Youssouf : « il dit: ‹Pas de récrimination contre vous aujourd'hui! qu'Allah vous pardonne. C'est Lui le plus Miséricordieux des Miséricordieux ». (Sourate 12 Youssouf : 92)

Non seulement le prophète pardonna à Abou Soufyân, mais il lui permit de rehausser sa position encore plus parmi son peuple en lui accordant le privilège de pouvoir donner refuge à ceux qui le lui demanderaient. Quelle autre attitude pourrait être aussi magnanime?

Avant qu'Abou Soufiyan eût quitté le camp, les forces avaient été placées en rangs. Se tenant debout à côté de Abbas, il observa chaque colonne, impressionné par le spectacle, il s'exclama, l'air étonné: «Ton neveu est un roi puissant, sans aucun doute!» Abbas répondit sur un ton de reproche qu'il était plus qu'un roi, un prophète (ç) puissant.

Ayant reconnu la vérité, Abou Soufiyan retourna vite à la Mecque où il cria à haute voix que Mouhammad était aux portes de la ville avec une grande force, que toute résistance et toute opposition étaient vouées à l'échec, que par conséquent la seule issue raisonnable était une reddition inconditionnelle, et que Mouhammad (ç) avait garanti la sécurité de ceux qui se cloîtreraient dans leurs maisons ou qui se réfugieraient dans le Sanctuaire de la Ka'ba ou dans sa propre maison. Les gens, terrifiés, n'avaient d'autre possibilité que de suivre son conseil. Aussi fuirent-ils en toutes directions pour s'enfermer chez eux ou chercher secours à la Ka'ba.

Entre-temps, l'armée avait reçu l'ordre de faire mouvement vers la Mecque. Arrivé à Thoû Towâ, près de la ville, et n'ayant rencontré jusque là aucune résistance à sa progression, le prophète (ç) fit un grand salut, sur son chameau, et accomplit la prière en signe de gratitude envers Dieu. Dans son "Life of Muhammad", page 150, W. Irving fait la relation suivante de l'entrée du Prophète (ç) dans la Mecque:

«A l'entrée de la Mecque, Mouhammad, qui ne savait pas quelle sorte de résistance il rencontrerait, avait soigneusement réparti ses forces avant de pénétrer dans la ville. Alors que le principal corps s'avançait directement, de puissants détachements progressaient sur les hauteurs, de deux côtés. 'Ali qui commandait un grand corps de cavaliers avait reçu la mission de porter le drapeau sacré qu'il devait planter sur la Montagne de Hajun et de l'y maintenir jusqu'à ce qu'il fût rejoint par le rophète (ç).

»Des ordres formels avaient été donnés à tous les généraux afin qu'ils fassent preuve de patience et qu'ils n'attaquent en aucun cas les premiers, car Mohammad désirait de tout cur plutôt gagner la Mecque par la modération et la clémence que la soumettre par la violence. Il est vrai que tous ceux qui opposèrent une résistance armée furent abattus, mais personne parmi ceux qui s'étaient rendus sans résistance ne fut inquiété. Surprenant l'un de ses Capitaines (Sa'd b. 'Obâdah) en train d'affirmer dans un excès de zèle qu'il n'y avait pas de lieu sacré le jour de la bataille, il le fit immédiatement remplacer par un Commandant plus calme. Le corps principal de l'armée avançait sans violences. Mohammad l'abandonna, faisant avancer la garde arrière. Il portait une veste écarlate et il était monté sur son chameau favori, al-Qaswa. Il continuait à avancer, mais lentement, car son mouvement était ralenti par l'immense multitude qui se pressait autour de lui. Arrivé sur la montagne de Hajun où Ali (as) avait planté l'étendard de la foi, il eut une tente dressée pour lui. Là il descendit de son chameau, ôta sa veste et enfila le turban noir et le costume de pèlerinage.

»Jetant un coup d'il en bas, sur la plaine, il aperçut avec affliction et indignation les reflets des sabres et des lances, et Khâlid, qui commandait l'aile gauche, en pleine course de carnage. Ses troupes composées d'hommes de tribus bédouines, convertis à l'Islam, étaient exaspérées par une volée de flèches lancées par l'armée de Qorayshites. Là, le guerrier furieux, fonça sur le regroupement le plus dense de l'ennemi avec sa lance et son sabre, suivi rapidement par ses troupes qui mirent les adversaires en fuite, et traversèrent pèle-mêle avec eux les portes de la Mecque. Seuls les commandements du Prophète (ç) appelant à la modération purent préserver la ville d'un massacre général».

Dans cette échauffourée, seulement vingt-huit Mecquois furent tués.

Amnestie Générale Décrétée par le Prophète (ç)
Peu après, le Prophète (ç) remonta sur son chameau et se rendit directement au Sanctuaire de la Ka'bah où il fit les salutations rituelles à la Pierre Sacrée, accomplit les sept tournées autour du Sanctuaire, et offrit les prières de dévotion. A la vue des chefs hautains et des autres Mecquois qui avaient voulu détruire sa Religion, toutes les souffrances et les blessures qu'ils lui avaient faites: leurs persécutions impitoyables, leur traitement brutal réservé à ses partisans et adeptes, les privations auxquelles ils l'avaient condamné, lui et les Hâchimites, en leur imposant le blocus et la proscription à Chi'b Abî Tâlib, les attentats à sa vie qu'ils avaient entrepris sans succès, la chasse à l'homme qu'ils avaient organisée en vue de l'assassiner et qui l'avait conduit à fuir de sa maison à la faveur de la nuit, tous ces souvenirs durent passer par sa mémoire à ce moment-là.

A présent il avait le pouvoir de se venger de tous les maux qu'on lui avait infligés. La ville était à sa merci. Mais la magnanimité, la générosité et la patience dont fit preuve le Prophète (ç) alors ne sauraient retrouver un exemple similaire dans l'histoire: «A quoi pouvez-vous vous attendre de ma part?» leur demanda-t-il. «La miséricorde! O Noble et Généreux Maître!», le supplièrent-ils. Les larmes perlèrent dans les yeux du Prophète (ç), lorsqu'il les entendit crier miséricorde. «Je vais vous parler, leur dit-il, comme Joseph parla à ses frères. Je ne vais pas vous faire de reproches aujourd'hui: Dieu vous pardonnera, car IL est Miséricordieux et Affectueux. Allez, vous êtes libres!».

Y a-t-il une attitude plus sublime? (Que la Paix éternelle soit sur Mohammad et sur sa descendance).

La Destruction des Idoles de la Ka'bah
Il y avait trois cent soixante idoles tout autour de la Ka'bah. Le Prophète (ç), pointant son bâton vers chacune d'elles, récita ce verset: «La vérité est venue, l'erreur étant périssable, a disparu». (Sourate Banî Isrâ'il, 17: 81) et les idoles tombèrent sur leur face.

Les images d'Ibrâhîm, d'Ismâ'î1 et des Anges, sous forme féminine, qui couvraient les murs de la Ka'bah, disparurent. La grande idole, appelée Hobal, considérée comme la déité de la Mecque, était fixée dans une position élevée et difficilement accessible. Pour la détruire, le Prophète (ç) incita Ali (as) à monter sur ses épaules. Ali (as) exécuta le désir du Prophète (ç), monta sur ses épaules, arracha l'idole et la jeta par terre.

Elle se brisa en éclats. Une proclamation fut faite dans les rues de la Mecque intimant l'ordre à quiconque croyait en Dieu et au Jour du Jugement de détruire toute image ou toute idole pouvant se trouver dans sa maison. Quelques personnes furent chargées de détruire les idoles dans les habitations avoisinant la Mecque.

L'Attribution des Postes relatifs à la Ka'bah
L'heure de la prière de midi étant venue, Ali (as), qui avait repris la clé du Sanctuaire à son ex-conservateur, 'Othmân Ibn Talhah Ibn 'Abd al-Dar, la donna au Prophète (ç), lequel ouvrit la porte, entra dans le Sanctuaire, et y accomplit les prières. Bilâl lança son appel à la prière du haut du toit du Sanctuaire.

Après les prières, le Prophète (ç) rendit la clé miséricordieusement à 'Othmân Ibn Talhah, lui réattribuant la garde de la clé, comme poste héréditaire et perpétuel. 'Othmân fut si touché par la justice du Prophète (ç) qu'il embrassa volontiers l'Islam sur-le-champ, alors qu'il avait refusé au début de transmettre la clé à Ali (as), afin d'empêcher le Prophète (ç) d'accéder au Sanctuaire.

Puis se tournant vers son oncle 'Abbâs, le Prophète (ç) le confirma dans son poste de fournisseur d'eau des pèlerins. Ces postes sont encore détenus par les descendants respectifs des deux personnages précités. Il confia à quelques Khozâ'ites la mission de réparer les colonnes de démarcation entourant le territoire sacré, décrétant la Ka'bah comme étant dorénavant un Sanctuaire inviolable à l'intérieur duquel il serait interdit de répandre le sang et même d'abattre un arbre.

Hommage Rendu par les Mecquois au Prophète (ç)
Le Prophète (ç) se rendit ensuite sur la colline de اafâ et convoqua les Mecquois pour qu'ils lui présentent leur hommage et lui jurent fidélité.

Ces mêmes gens qui, quelque huit ans auparavant, avaient abusé de lui, et l'avaient contraint à fuir pour sauver sa vie, semblaient maintenant honteux, la tête baissée, reconnaissant Mohammad comme leur maître, leur dirigeant, et le vrai Messager de Dieu. Tous les hommes d'abord toutes les femmes ensuite, se présentèrent et prêtèrent serment de fidélité et d'allégeance au Prophète (ç), et jurèrent de rester Musulmans sincères. Puis les hommes vinrent toucher les mains du Prophète (ç), les femmes, un morceau de vêtement couvrant sa main.

Les Personnes Proscrites
Seuls onze hommes et six femmes avaient été exclus de l'amnistie générale étendue aux Mecquois. Ils furent proscrits et le Prophète (ç) ordonna à ses compagnons de les tuer où qu'ils les trouvent. Houwayrith et Hârith, les deux ennemis invétérés de l'Islam furent exécutés par Ali (as) dès qu'ils les eut trouvés.

«Parmi les exclus de l'amnistie, il y avait un autre apostat nommé 'Abdullâh B. Sa'd (dit Ibn Abî Sarh) que Mohammad avait employé à Médine pour transcrire les passages du Coran qu'il lui dictait. (Il s'ingéniait à changer les mots dictés. Une fois son méfait découvert, il fuit de Médine comme apostat). Son frère adoptif ('Othmân B. 'Affân, qui deviendra plus tard le troisième calife) lui avait donné refuge jusqu'à ce que le calme fût restauré. Après quoi, il implora le Prophète (ç) de lui pardonner. Le Prophète (ç), peu désireux d'accorder son pardon à un si grand offenseur, resta silencieux pendant un certain temps, mais à la fin il lui fit grâce.

»Lorsque 'Abdullâh se retira, Mohammad s'adressa à ses compagnons qui étaient assis autour de lui, en leur disant: "Pourquoi aucun d'entre vous ne s'est-il levé pour lui briser le cou. Je suis resté silencieux dans l'attente d'un tel geste". "Mais tu ne nous as fait aucun signe dans ce sens", répondit l'un d'eux. "Donner des signes, c'est trahir. Il n'est pas convenable pour un Prophète (ç) d'ordonner la mort de quiconque d'une telle façon». ("Life of Mohammad" de W. Muir)

Parmi les onze hommes proscrits quatre seulement furent exécutés. Les autres avaient échappé à la peine capitale, ayant obtenu leur grâce d'une façon ou d'une autre. Quatre des femmes condamnées furent mises à mort, et les deux autres pardonnées. Avec sa magnanimité incroyable et son endurance incomparable, le Prophète (ç) gagna les curs de toute la population de la Mecque, au point qu'au cours des deux premiers jours de son arrivée, presque tous les habitants de la Mecque, renonçant à leur idolâtrie profondément enracinée, embrassèrent sa Religion et le reconnurent comme Prophète (ç) de Dieu.

La Conduite Cruelle de Khâlid
Les Banû Juthaymah, qui vivaient sur un territoire situé à un jour de marche de la Mecque, avaient déjà embrassé l'Islam, mais aucun d'eux n'était encore venu présenter ses respects au Prophète (ç) alors qu'il se trouvait tout près. Le Prophète (ç) délégua donc Khâlid avec un petit détachement pour une mission de renseignement et avec des instructions formelles l'invitant à éviter de provoquer un conflit.

Khâlid s'était réjoui au fond de lui-même d'avoir cette mission qui lui offrait la possibilité de venger la mort de son oncle Alfaka que les Juthaymites avaient tué en même temps que 'Abdul-Rahmân, père de 'Awf, quelques années auparavant, en pillant une caravane en provenance du Yémen. Khâlid et ses hommes se dirigèrent vers leurs demeures et firent halte à l'extérieur. Un groupe de Juthaymites prit les armes et sortit à leur rencontre, ne sachant pas s'ils étaient des amis ou des ennemis. Khâlid les saluant sur un ton arrogant, leur demanda s'ils étaient Musulmans ou infidèles. Ils répondirent d'une façon hésitante qu'ils étaient des "Musulmans".

«"Pourquoi, donc demanda Khâlid, êtes-vous sortis avec des armes à la main?" "Parce que, répondirent-ils, nous vous avons pris pour des gens de quelque tribu hostile, venus ici pour nous attaquer par surprise". Khâlid leur ordonna sèchement de déposer leurs armes. "Ils offrirent une soumission immédiate, avouèrent qu'ils étaient des convertis et déposèrent leurs armes conformément à l'ordre de Khâlid. Mais celui-ci, mû par l'ancienne inimitié et donnant avidement preuve de sa cruauté sans scrupule qui marquera sa carrière par la suite et qui lui vaudra le titre de "l'Epée de Dieu", les fit prisonniers et ordonna leur exécution». ("Life of Mohammad", p. 135 de W. Muir)

Ali (as) Envoyé pour Réparer l'Effusion de Sang
En recevant la nouvelle de cet outrage gratuit, le Prophète (ç) fut affligé, levant les mains vers le ciel et appela Dieu à témoigner qu'il était innocent de ce que Khâlid avait fait. A son retour, Khâlid, réprimandé vertement, rejeta la responsabilité du massacre sur 'Abdul-Rahmân, mais le Prophète (ç), indigné, repoussa cette accusation, et envoya Ali (as) avec une somme d'argent pour la distribuer parmi les familles des victimes en guise de réparation de l'effusion de sang, et pour leur restituer ce que Khâlid leur avait arraché.

Le généreux Ali (as) exécuta fidèlement sa mission. S'enquérant de la perte et des souffrances subies par chaque individu, il lui paya autant d'indemnité qu'il demanda. Une fois que tout le sang répandu eut été expié, et que toutes les souffrances eurent été indemnisées, Ali (as) distribua l'argent qu'il avait porté sur lui, parmi la population, égayant chaque cur par sa bonté. Le Prophète (ç) applaudit à cette générosité, loua et remercia Ali (as). Khâlid fut blâmé et désavoué.

Le traitement cruel infligé par Khâlid aux Banû Juthaymah laissa toutefois une si mauvaise impression sur les autres tribus qui n'avaient pas encore embrassé l'Islam que les Banû Hawâzin, les Banfi Thaqîf, les Banfi Sa'd et beaucoup d'autres qui pensaient depuis un certain temps déjà à se soulever contre le pouvoir grandissant de l'Islam, voulant maintenant prévenir toute attaque contre eux, décidèrent d'attaquer eux-mêmes.

Sous le commandement de leur chef, Mâlik Ibn 'Awf, les Banû Thaqîf et les Banû Hawâzin rassemblèrent avec d'autres tribus quatre mille combattants à Awtas, une vallée située entre la Mecque et Tâ'if, afin de faire face aux forces du Prophète (ç), si elles osaient s'approcher d'eux. Ils amenèrent avec eux leurs femmes, enfants, troupeaux et bétail qui les suivaient en arrière. Dorayd, un vieux guerrier très âgé, qui les accompagnait dans sa litière, protesta contre cette démarche dangereuse, mais la jeune Mâlik ne prêta aucune attention à ses dires, pensant qu'en présence de leurs familles et pour assurer leur sécurité et préserver leur honneur, les hommes ne tourneraient pas le dos à l'ennemi et risqueraient plutôt leur propre vie en combattant vaillamment jusqu'à la victoire.

La Bataille de Honayn
Les nouvelles alarmantes en provenance de Tâ'if contraignirent le Prophète (ç) à abréger son séjour à la Mecque où il avait été occupé au règlement des affaires publiques pendant une quinzaine de jours, depuis la Conquête, le 20 Ramadhân.

Il quitta donc la Mecque, le 6 Chawwâl de l'an 8 de l'Hégire avec ses dix mille partisans qui étaient venus avec lui de Médine, ainsi que deux mille hommes de la Mecque, qui se portèrent volontaires pour combattre à ses côtés. Comme d'habitude, Ali (as) porta l'Etendard de l'Islam.

Lorsque cette imposante force de douze mille hommes, composée de différentes tribus, chacune dressant son propre drapeau en tête, se mit en marche, Abû Bakr s'exclama joyeusement: «Nous ne serons pas vaincus aujourd'hui par manque de nombre». L'armée arriva au milieu de la nuit près de la vallée de Honayn, située presque à michemin entre la Mecque et Tâ'if.

En même temps, les Banû Hawâzin et leurs alliés, conduits par Mâlik B. 'Awf, ayant avancé dans la vallée de Honayn et pris position dans un endroit sûr commandant le passage étroit qui formait l'entrée de la vallée, attendaient tranquillement l'approche de l'armée du Prophète (ç).

La Fuite des Musulmans
Tôt le matin du 10 Chawwâl, l'armée musulmane commença sa marche vers le Passage. Le Prophète (ç), monté sur sa mule blanche, Duldul, suivait la marche, à l'arrière de ses forces. La colonne la plus avancée, composée des Banî Solaymân et conduite par Khâlid, progressait à une allure mesurée vers le Passage escarpé et étroit. Lorsque les Banû Hawâzin surgirent de leur lieu d'embuscade et chargèrent la colonne de Khâlid impétueusement, celui-ci ne put soutenir le choc et sa colonne, frappée de stupeur par l'assaut, fut brisée et recula.

Le choc fut transmis d'une colonne à l'autre. Toute l'armée, paniquée, prit la fuite. Comme colonne après colonne filaient pêle-mêle devant lui, le Prophète (ç) s'écria: «Où allez-vous? Le Prophète (ç) de Dieu est ici! Revenez! Revenez!» Mais personne ne prêtait attention à ses injonctions. Les compagnons distingués du Prophète (ç), y compris 'Omar Ibn al-Khattâb, avaient pris eux aussi la fuite. Seuls quatre hommes, tous des Banî Hâchim, restèrent avec le Prophète (ç). C'étaient: 'Abbâs et son fils Fadhl, Abou Soufiyan B. Hârith et son frère Rabî'ah.

Les Sarcasmes des Mecquois
Certains des notables mecquois, rendus heureux par ce revers, ouvrirent leurs curs pour faire des remarques vindicatives contre les Musulmans. Ainsi, Abou Soufiyan Ibn Harb dit: «Ils ne s'arrêteront pas avant d'arriver au bord de la mer (dans leur fuite)». Jabala ou Kalda, le frère de اafwân se moqua: «La magie de Mohammad a fait faillite aujourd'hui». Chaybah, un fils de 'Othmân B. Abî Talhah (tué à Ohod) jura qu'il tuerait à présent Mohammad. La confusion alla croissant.

Le Retour des Compagnons
A la fin, le prophète (ç) demanda à son oncle 'Abbâs qui tenait sa mule, de crier à haute voix: «ش citoyens de Médine! ش hommes de l'Arbre de Fidélité (allusion à ceux qui firent serment sous l'arbre à Houdeybiyya)! ش vous de la Sourate al-Baqarah (leur rappelant l'hommage qu'ils avaient présenté au moment de leur conversion à l'Islam)!»

La voix de stentor de 'Abbâs, retentissant à plusieurs reprises, fut entendue par les fuyards qui y répondirent par "Labbayk" de toutes parts et amorcèrent un mouvement de retour. Environ cent hommes, tous des Ançârites, arrivèrent au Passage étroit et mirent en échec l'avance de l'ennemi. Le porte-drapeau des Banî Hawâzin, nommé 'Othmân ou Abû Jarwal, qui était un homme d'une taille et d'une stature extraordinaires, et fort bien bâti, s'avança et défia les Musulmans en combat singulier.

Ali (as) s'avança et engagea le combat contre lui. Entre-temps l'armée musulmane se ressemblait peu à peu autour du Prophète (ç). Ali (as) réussit à tuer son adversaire. A présent les deux parties étaient proches l'une de l'autre et se battaient au corps à corps. La bataille était féroce. Le Prophète (ç), qui observait le combat du haut d'une colline, prit une poignée de gravier et la lança en direction de l'ennemi en disant: «Que la ruine se saisisse d'eux!» Tout de suite ils se mirent à trembler et peu après ils prirent la fuite. Les Musulmans les suivirent de près et en tuèrent plusieurs. Les versets coraniques suivants font mention de cette bataille:

«Dieu vous a secouru de nombreux engagements et le jour de Honayn, quand vous étiez fiers de votre grand nombre, mais cela ne vous a servi d rien, et la terre, toute vaste qu'elle est vous paraissait étroite, puis vous avez tourné le dos en fuyant (c'est-à-dire que la terre vous a semblé être trop étroite dans votre fuite précipitée). Dieu fit descendre ensuite la tranquillité sur Son Prophète (ç) et sur les Croyants et IL fit descendre des soldats invisibles. IL a châtié ceux qui étaient incrédules. Telle est la rétribution des incrédules». (Sourate al-Tawbah, 9: 25-26).

Khâlid, toujours d'une cruauté frappante, fut là encore réprimandé pour avoir tué une femme.

La Défaite et la Fuite des Infidèles
La bataille fut gagnée. L'ennemi ayant perdu soixante-dix de ses meilleurs combattants, dont quarante avaient été tués par Ali (as), fuit vers son camp à Awtas. Il fut immédiatement poursuivi par un fort détachement de l'armée musulmane, commandé par Abû Amir al-Ach'arî. Abû Amir, après avoir tué plusieurs adversaires, fut tué lui-même. Son cousin, Abû Mûsâ al-Ach'arî, prit ensuite le commandement et mit l'ennemi en fuite. En fuyant vers Tâ'if celui-ci abandonna son camp qui tomba dans les mains des Musulmans. A part les six mille prisonniers de guerre - y compris les femmes et les enfants, le butin de Honayn et d'Awtas fut comme suit: quarante mille moutons et chèvres, quatre mille "okes" d'argent et vingt-quatre mille chameaux. Les prisonniers et le butin furent transférés à Je'rana, et mis à l'abri en attendant le retour de l'armée de Tâ'if vers lequel les Musulmans étaient en train de progresser.

Le Siège de Tâ'if
Tout de suite après le retour du détachement d'Awtas, le Prophète (ç) partit avec ses armées à travers Nakhlah pour Tâ'if devant lequel il mit le siège. Les Hawâzin et leurs alliés, pour prévenir le siège de Tâ'if, avaient déjà pris des mesures défensives. Le siège se prolongea au-delà de vingt-quatre jours sans produire l'effet escompté, et le Prophète (ç) ayant fait un rêve conclut que les opérations n'auraient pas de succès et se résolut à enlever le siège. Mais en recevant l'ordre de se retirer l'armée commença à grogner, ce qui amena le Prophète (ç) à l'autoriser à lancer un assaut général le lendemain. L'assaut eut lieu comme prévu et les assaillants furent repoussés après avoir subi des pertes. 'Abdullâh, un fils d'Abû Bakr, fut blessé et il mourra des suites de ses blessures quelques années plus tard. Abou Soufiyan, le Chef mecquois perdit un il par le tir d'une flèche. A la fin l'armée fît marche arrière et se retira vers Je'rana où le butin de Honayn était conservé dans l'attente d'être distribué.

La Distribution du Butin de Guerre de Honayn
Malgré le long intervalle entre la bataille de Honayn et la distribution de son butin, aucune tribu ennemie n'était revenue engager des négociations en vue de récupérer ses familles captives, comme s'y attendait le Prophète (ç). Maintenant l'armée, craignant que les tribus ne reviennent et que le Prophète (ç), avec sa nature magnanime, ne leur restitue leurs biens, se pressa autour de lui et poussa des clameurs pour que les dépouilles des récentes batailles fussent distribuées, manifestant son impatience pour le retard de cette distribution.

Exaspéré par leur attitude, le Prophète (ç) leur dit avec indignation: «M'avez-vous jamais vu faux ou malhonnête?» Et arrachant des poils du dos d'un chameau, il ajouta en élevant la voix: «Par Allâh! Je n'ai jamais détourné même l'équivalent d'un cheveu du butin, ni pris pour ma part plus que le cinquième, et même ce cinquième je l'ai dépensé pour votre bien».

Le butin fut toutefois partagé comme d'habitude, à raison de quatre cinquièmes pour l'armée et un cinquième pour le Prophète (ç). Ainsi, quatre chameaux et quarante moutons ou chèvres furent la part de chaque soldat, et trois fois plus, ainsi que quelques captifs pour chaque cavalier.

En tenant compte de l'exultation des nobles des Qorayshites de la Mecque, qui attendaient impatiemment la défaite du Prophète (ç) à Honayn, on peut douter sérieusement de leur foi malgré leur conversion à l'Islam. Pour gagner leurs curs (Sourate al-Tawbah, 9: 60) et pour les faire s'attacher plus solidement à lui et à sa Foi, le Prophète (ç) leur offrit beaucoup de cadeaux et de dons prélevés sur sa propre part (le cinquième du butin), dans le but de les convaincre qu'en se convertissant à l'Islam ils gagnaient plus et perdaient moins.

Ainsi, Abou Soufiyan obtint cent chameaux et cinquante "okes" d'argent. D'autres cadeaux, prélevés toujours sur sa part, furent distribués, selon une proportion adéquate, à Yazîd et Mu'âwiyeh fils d'Abou Soufiyan, à 'Ikrimah fils d'Abû Jahl et à son frère Hârith, à اafwân Ibn Omayyah, à Hâkim B. Hozam, ainsi qu'à d'autres notables. Les bénéficiaires de tels dons sont connus dans l'histoire de l'Islam sous l'appellation les "Amnistiés" (Al-Tulaqâ').

«Parmi cette catégorie de convertis ainsi réconciliés figurait 'Abbas B. Marwân, un poète. Il n'était pas satisfait de sa part et exprima son mécontentement par des vers satiriques. Mohammad le surprit en train de réciter ces vers. "Prends cet homme et coupe-lui la langue", ordonna-t-il. 'Omar, toujours partisan des mesures rigoureuses, allait exécuter la sentence à la lettre et sur place. Mais Ali (as) qui avait mieux compris l'intention du Prophète (ç), conduisit 'Abbâs qui tremblait sur le lieu où était rassemblé le bétail capturé et lui ordonna d'en choisir ce qu'il voulait. "Quoi!", cria le poète joyeusement soulagé de la terreur de la mutilation. "C'est cela que le Prophète (ç) voulait me faire? Par Allâh! Je n'en prendrai rien". Mohammad persista toutefois dans sa générosité et lui envoya soixante chameaux. A partir de ce jour, le poète ne se lassera pas de chanter la libéralité du Prophète (ç)». ("Life of Mohammad", W. Irving, p. 162)

Le Mécontentement des Médinois
Les Médinois, qui avaient vécu plus que quiconque les péripéties de toutes les batailles de l'Islam, se sentirent frustrés par ce traitement de faveur accordé aux Qorayshitesites. Ils le prirent pour une marque de népotisme de la part du Prophète (ç), et d'irrespect pour les services méritoires qu'ils avaient rendus eux-mêmes pendant les années passées de la lutte. Ils grognèrent contre la préférence donnée aux Qorayshites.

Abul-Fidâ' dit: «Une fois la distribution terminée, Thul Khuwayçarah critiqua franchement le Prophète (ç), lequel le qualifia d'homme dont la postérité serait constituée des dissidents (Khârijites); et c'est ce qui arriva effectivement lorsque Harqûs fils de Thul Thaddiyah, un descendant de Thul Khuwayçarah, sera le premier à prêter serment d'alliance contre le Calife Ali (as) et qu'il deviendra dissident ou Khârijite».

Les Médinois Réconciliés
S'étant rendu compte du mécontentement des Médinois, le Prophète (ç) entra sous sa tente en compagnie de Ali (as) et peu après il convoqua les notables de Médine.

Selon W. Ivring, le Prophète (ç) leur dit: «ش vous les hommes de Médine! N'étiez-vous pas en désaccord entre vous-mêmes et n'est-ce pas moi qui vous ai apporté l'harmonie? N'étiez-vous pas dans l'erreur et n'est-ce pas moi qui vous ai mis sur le droit chemin? N'étiez-vous pas pauvres et n'est-ce pas moi qui vous ai rendus riches?» Ils reconnurent la véracité de ces propos. «Voyez-vous?» ajouta-t-il. «Lorsque je suis venu parmi vous, vous m'avez cru, alors que j'avais été stigmatisé (par les Mecquois) comme un menteur; vous m'avez protégé, alors j'étais un fugitif; et vous m'avez aidé, alors que j'étais sans secours! Croyez-vous donc que je sois inconscient de tout cela? Pensez-vous que je sois ingrat? Vous vous plaignez du fait que j'accorde à ces gens-là des cadeaux et que je ne vous en donne pas. C'est vrai, je leur donne des biens de ce monde, mais c'est pour gagner leurs curs attachés à ce monde. A vous qui êtes des hommes vrais, je vous donne moi-même! Ils retournent chez eux avec des moutons et des chameaux, mais vous, vous retournez avec le Prophète (ç) de Dieu parmi vous. Car, par Celui qui détient entre Ses mains l'âme de Mohammad, si le monde entier allait d'un côté et vous de l'autre, je resterais avec vous! Lequel donc, de vous ou d'eux, ai je récompensé le plus?»

Les Ançâr furent si touchés par ce discours du Prophète (ç) qu'ils sanglotèrent à haute voix et que leurs barbes furent mouillées par leurs larmes. Aussi s'écrièrent-ils: «ô Messager de Dieu! Nous sommes contents de ta compagnie et satisfaits de nos parts».

Les Prisonniers de Guerre Les Médinois Réconciliés
Parmi les captifs figurait une femme âgée, nommée Chaymâ', qui affirmait qu'elle était la fille de Halîmah, la nourrice du Prophète (ç), donc la sur de lait de ce dernier. Elle fut amenée devant le Prophète (ç) qui reconnaissant en elle la fille qui le gardait et le portait lorsqu'il avait été nourrit par Halîmah chez les Banî Sa'd, tendit son manteau vers elle et la fit s'asseoir affectueusement à côté de lui. Il lui offrit de l'amener avec lui à Médine, mais elle préféra rester avec sa tribu. Elle eut alors l'autorisation de retourner chez elle, après qu'on lui eut offert de beaux cadeaux et fourni généreusement tout ce qu'il fallait pour son voyage.

Encouragée par cet excellent traitement réservé par le Prophète (ç) à une proche, une délégation de Banî Sa'd, de Banî Hawâzin et d'autres tribus vint voir le Prophète (ç), se soumit à son autorité et le pria de leur rendre leurs femmes, leurs enfants et leurs biens. «Qu'est-ce qui est le plus cher, vos familles ou vos biens?» demanda-t-il aux Hawâzin. "Nos familles» répondirent-ils. «C'est bien, dit-il. Pour autant que cela concerne 'Abbâs et moi-même, nous sommes prêts à renoncer à notre part de prisonniers; mais il faudrait convaincre les autres aussi. Venez me voir après la prière de midi et dites: Nous implorons l'Envoyé de Dieu de recommander à ses partisans de nous rendre nos femmes et nos enfants, et nous implorons ses adeptes d'intercéder auprès de lui en notre faveur». Les délégués firent ce qui leur avait été conseillé. Mohammad et 'Abbâs renoncèrent immédiatement à leur part de prisonniers de guerre, ils furent suivis alors par tous les autres.

Ali (as) Inspiré de Secrets Divins
Pendant la période où l'armée campait autour de la ville assiégée de Tâ'if, le Prophète (ç) avait envoyé un détachement sous le commandement de Ali (as) afin d'inviter les tribus habitant aux alentours de Tâ'if à embrasser l'Islam et à détruire les idoles qu'elles adoraient. Ali (as) avait eu quelques accrochages, spécialement avec le clan de Khoth'am qui lui avait résisté. Mais le chef de ce clan, Chabab, ayant été tué par Ali (as), les autres s'étaient soumis. Ayant exécuté avec succès et fidélité sa mission, il était retourné auprès du Prophète (ç), lequel en le voyant s'était écrié: "Allâh-u-Akbar" et l'avait amené seul dans son appartement sacré pour avoir avec lui une longue et confidentielle conversation.

Ses compagnons éminents, et tout spécialement, 'Omar, se mirent à murmurer, se demandant pour quoi le Prophète (ç) engageait avec son cousin une si longue conversation confidentielle, sans permettre à d'autres d'y assister. Ayant reçu l'écho de ces murmures, le Prophète (ç) dit que c'était Dieu Lui-Même Qui avait inspiré à Ali (as) quelques Secrets Divins, et que c'était pour cette raison qu'il avait eu avec lui un long entretien confidentiel.

Mâlik Ibn 'Awf
L'un des chefs des Banî Hawâzin, Mâlik B. 'Awf, qui s'était enfermé dans sa citadelle à Tâ'if, avait reçu de la part du Prophète (ç) la promesse de reprendre ses biens et sa famille et d'obtenir en outre un cadeau de cent chameaux, s'il consentait à embrasser l'Islam. Il accepta l'offre et il obtint, outre ce cadeau, le commandement de tous ses hommes qui devraient se convertir à l'Islam. Après sa conversion à l'Islam, il s'avéra être un Musulman utile et enthousiaste.

Le Retour du Prophète (ç)
La distribution du butin de la guerre ayant été achevée, le Prophète (ç) fit le vu d'accomplir le Pèlerinage. Le 18 Thilqa'dah de l'an 8 de l'Hégire, vêtu de l'habit de pèlerinage, il se rendit à la Mecque et y accomplit, le Pèlerinage Mineur.

'Otbah B. Osayd et Mo'az B. Jabal, que le Prophète (ç) avait nommés respectivement Gouverneur et Chef du Clergé de la Mecque lors de son départ pour Honayn, furent confirmés maintenant dans leurs fonctions. La même nuit, il retourna à Je'rana, et le lendemain matin il prit le chemin du retour à Médine.

Ibrâhîm, Fils du Prophète (ç)
Lors du retour du Prophète (ç) à Médine, Marya, la fille copte qui avait été envoyée par le Gouverneur d'Egypte au Prophète (ç), mit au monde un fils au mois de Thilhaj de l'an 8 de l'Hégire. L'enfant fut appelé Ibrâhîm, mais il ne vécut que quatorze mois.

La Prohibition de l'Alcool
En l'an 8 de l'Hégire, la consommation du vin fut formellement interdite, bien que sa désapprobation ait déjà commencé en l'an 4 de l'Hégire, à la suite de la révélation du verset coranique suivant:

«Ils t'interrogent au sujet du vin et du jeu de hasard; dis: "Ils comportent tous deux, pour les hommes, un grand péché et un avantage, mais le péché qui s y trouve est plus grand que leur utilité"». (Sourate al-Baqarah, 2: 219).

Après cette révélation, certains Musulmans renoncèrent à l'alcool, alors que d'autres continuèrent à en consommer jusqu'au jour où au cours d'une réception organisée par 'Abdul- Rahmân B. 'Awf et à laquelle assistaient beaucoup de Compagnons du Prophète (ç), l'un d'eux, après avoir mangé et bu abondamment, se mit à divaguer honteusement pendant la prière du soir. Selon al-Baydhâwî, cet incident fut à l'origine de la révélation suivante intervenue en l'an 6 de l'Hêgire:

«ش les Croyants! N'approchez pas de la prière, alors que vous êtes ivres - attendez de savoir ce que vous dites!» (Sourate al-Nisà', 3: 43).

Cependant certains Musulmans ne s'étaient pas défaits de cette habitude jusqu'à ce qu'un autre incident survienne: l'un des plus éminents Compagnons du Prophète (ç) ayant trop bu un jour, attaqua 'Abdul-Rahmân Ibn 'Awf et lui fractura le crâne avec un maxillaire de chameau.

Le Prophète (ç) se mit en colère en apprenant cette nouvelle. Il se leva et se dirigea tout de suite, son manteau traînant par terre, vers le lieu où gémissait le Compagnon. Ramassant un objet qu'il tint dans la main, il l'en frappa jusqu'à ce que le Compagnon se soit mis à crier: «Je demande protection contre la colère de Dieu et de Son Prophète (ç)». Cet incident fut, dit-on, la cause de la révélation des versets coraniques, ordonnant une abstinence totale de la consommation d'alcool:

«O les croyants! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées et les flèches divinatoires sont une abomination et une uvre du Démon. Evitez-les.

Peut-être serez-vous heureux. Satan veut susciter parmi vous l'hostilité et la haine au moyen du vin et du jeu de hasard. Il veut ainsi vous détourner du souvenir de Dieu et de la prière. Ne vous abstiendrez-vous donc pas? Obéissez à Dieu! Obéissez au Prophète (ç)! Prenez garde! Mais si vous vous détournez, sachez qu'il n'incombe à Notre Prophète (ç) que de transmettre le message en toute clarté». (Sourate al-Mâ'idah, 5: 90-92).

«Nous nous en abstiendrons, nous nous en abstiendrons», répliquèrent les offenseurs. ("Mustatraf", chap. 74, de Cheikh Chahâbuddin Ahmad Abchîhî).


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L'EXPEDITION DE WADI-L-RAMAL OU DE THAT-AL-SALASIL. L'EXPEDITION DE TABYK. PROPAGATION DE L ‘ISLAM L'EXPEDITION DE WADI-L-RAMAL OU DE THAT-AL-SALASIL. L'EXPEDITION DE TABYK.
L'ANNONCE DE LA SOURATE AL-TAWBAH. LES CHRETIENS DE NAJRAN, ET D'AUTRES EVENEMENTS SURVENUS AU COURS DE LA NEUVIEME ANNEE DE L'EMIGRATION
La Soumission des Banî Thaqîf
Après la soumission et la conversion des Banî Hawâzin et de leur chef, Mâlik B. 'Awf, les Banû Thaqîf se virent entourés de toutes parts par les partisans du Prophète (ç), qui les considéraient avec mépris et les traitaient d'infidèles. Ils étaient obligés donc de s'enfermer à l'intérieur de leurs murs, étant donné que les Banû Hawâzin, en connivence avec Mâlik, maintenaient un état de guerre incessant contre eux. Ils finirent par envoyer au mois de Ramadhân de l'an 9 H., une délégation à Médine pour négocier un compromis.

Le Prophète (ç) reçut avec plaisir les délégués, qui sollicitèrent l'autorisation de leurs pratiques idolâtres, mais devant le refus du Prophète (ç) de leur faire toute concession sur ce point, ils acceptèrent finalement de se soumettre inconditionnellement en se ralliant à la nouvelle religion et en abandonnant l'idolâtrie, Abou Soufiyan B. Harb et Moghîrah, qui avaient exercé une grande influence sur la tribu furent chargés de détruire leur célèbre idole, "Al-Lât". Ils partirent en compagnie de la délégation. A leur arrivée à Tâ'if, Moghîrah fit tomber l'image par terre et confisqua ses ornements et bijoux au milieu des cris et des lamentations des femmes.

L'Expédition de Wâdi-l-Ramal ou de Thât-al-Salâsil
Au début de l'an 9 H., le Prophète (ç) reçut un renseignements selon lequel les tribus habitant Wâdi-1-Ramal projetaient un raid sur Médine et rassemblaient des hommes et des armes à cet effet. Aussi envoya-t-il Abû Bakr à la tête d'une année afin de les ramener à la raison. La vallée était entourée de collines et d'arbrisseaux épineux de tous les côtés, ce qui formait un terrain idéal pour des embuscades. Mis au courant de l'approche de cette armée, les combattants de la vallée tendirent une embuscade et attaquèrent la force musulmane avec une telle férocité que les hommes d'Abû Bakr furent obligés de battre en retraite après avoir subi de lourdes pertes. Le Prophète (ç) envoya par la suite une autre armée, sous le commandement de 'Omar laquelle ne se montra guère meilleure que la première. 'Amr Ibn al-'آç offrit alors ses services et il fut envoyé à son tour à la tête d'une armée, mais lui non plus ne put faire mieux que de revenir bredouille à Médine.

Finalement le Prophète (ç) dépêcha Ali (as) à la tête d'une armée qui comprenait notamment Abû Bakr, 'Omar et 'Amr comme capitaines. Au début, Ali (as) prit une autre direction, et après avoir parcouru quelque distance, tourna subitement vers sa destination à travers une région rocailleuse, marchant la nuit, campant le jour pour se reposer. 'Amr, Abû Bakr et 'Omar protestèrent contre les dangers de cette route, mais Ali (as) ne prêta pas l'oreille à leurs protestations et continua sa marche en avant. Finalement un beau matin, il surprit l'ennemi, et l'armée musulmane ravagea la vallée et vengea les pertes qu'elles avaient subies lors des précédentes expéditions.

Le Prophète (ç) reçut une révélation qu'on trouve dans la sourate al-'آdiyât, et il annonça tout de suite la victoire de Ali (as) à ses Compagnons. Lorsque Ali (as) fut de retour, victorieux, le Prophète (ç) sortit avec ses partisans pour l'accueillir. Voyant le Prophète (ç), Ali (as) descendit de son cheval. Le Prophète (ç) lui dit de remonter et l'informa que ses services étaient approuvés par Dieu et Son Prophète (ç). Ali (as) pleura de joie à l'annonce de cette nouvelle. Le Prophète (ç) ajouta: «Si je ne craignais que les gens ne t'attribuent ce que les adeptes du Christ lui ont attribué, je dirais tellement de choses sur toi que, où que tu ailles, les gens ramasseraient de la terre sous tes pieds pour y chercher la guérison».

Cette expédition est connue sous l'appellation de l'expédition de Thât al-Salâsil. Elle se déroula selon certains historiens en l'an 8 H.

L'Expédition de Tabûk
C'est au milieu de l'an 9 H. que des Nabatites, venant de Syrie et visitant les marchés de Médine, firent circuler une rumeur selon laquelle l'Empereur Romain, Héraclius préparait une armée colossale en vue de surprendre les Musulmans à Médine. Ayant appris cette nouvelle, le Prophète (ç) se résolut à affronter l'ennemi sur sa route, et donna des ordres explicites à ses hommes pour se préparer à cette expédition. La saison était très chaude et sèche. Les gens ne voulaient pas entreprendre le voyage. Ayant toutefois rassemblé une armée forte de dix mille cavaliers et de vingt mille fantassins, il nomma formellement son lieutenant Ali (as), Gouverneur de Médine et gardien de sa famille durant son absence.

Dans son livre "Life of Muhammad" p. 170, W. Irving écrit: «Mohammad nomma alors Ali (as) Gouverneur de Médine et gardien de leurs deux familles.

Ali (as) accepta le dépôt à contrecur, étant accoutumé à accompagner toujours le Prophète (ç) et à partager les périls qu'il affrontait. Tous les préparatifs étant terminés, Mohammad quitta Médine (au mois de Rajab 9 H.) et commença cette importante expédition. Une partie de son armée était composée de Khazrajites et de leurs alliés, conduits par 'Abdullâh B. Obay. Cet homme, que le Prophète (ç) avait bien désigné comme le chef des Hypocrites, campa séparément avec ses partisans, pendant la nuit, à une certaine distance derrière le gros de l'armée, et lorsque celle-ci avança le matin, il resta en arrière et fit demi-tour en direction de Médine. Se rendant auprès de Ali (as) dont l'autorité dans la ville lui causait un problème ainsi qu'à ses partisans, il s'efforça de le rendre mécontent de sa position en alléguant que Mohammad l'avait laissé à Médine uniquement pour se débarrasser de son encombrement. Piqué au vif par cette suggestion, Ali (as) s'empressa de demander à Mohammad si ce que disaient 'Abdullâh et ses partisans était vrai. "Ces hommes, lui répondit-il, sont des menteurs. Ils sont le parti des hypocrites qui voudrait provoquer une sécession à Médine. Je t'ai laissé derrière afin que tu les surveilles et que tu sois le gardien de nos deux familles. Je voudrais que tu sois par rapport à moi ce que fut Aaron par rapport à Moïse, à cette différence près que tu ne peux pas être comme lui, un prophète (ç), puisque je suis le dernier des Prophète (ç)s". Ayant eu cette explication, il revint content à Médine. Beaucoup de gens ont déduit de ces propos que le Prophète (ç) désignait par là Ali (as) comme son Calife ou Successeur, en tenant compte de la signification des termes arabes utilisés pour dénommer le rapport d'Aaron à Moïse».

L'armée continuait à avancer. Le voyage était fatiguant, car l'eau se faisait rare sur la route. Et comme on était en été, la chaleur du soleil et du sable brûlant était insupportable pour la tête et les pieds des soldats. Après un voyage difficile de sept jours, l'armée arriva à la vallée fertile de Hejer où vivait jadis le peuple rebelle et impie de Thamûd qui fut détruit sous la colère divine. Elle commença à faire halte sur les pâturages verts, à puiser de l'eau dans les sources fraîches et à préparer le repas.

Mais dès que le Prophète (ç) - qui marchait habituellement à l'arrière de l'armée fut arrivé sur le lieu, il interdit aux combattants de faire halte dans cet endroit maudit et ordonna que personne ne boive de l'eau, ni n'en utilise pour l'ablution, et que la pâte qu'ils avaient pétrie pour leur pain soit donnée aux chameaux. Ils obéirent tout de suite à l'ordre et reprirent la route pour ne s'arrêter quelque part, la nuit venue, que lorsqu'ils se trouvèrent très souffrants en raison du manque d'eau.

Toutefois, le lendemain matin, à leur grande surprise, une averse abondante, survenue après la prière faite par le Prophète (ç) à cet effet, compensa la perte des puits de Hejer et ressuscita les hommes et les animaux. Quittant le lieu pour poursuivre leur marche, ils arrivèrent à Tabûk, une ville située à mi-chemin entre Médine et Damas, sur la frontière sud de l'ancien Edom, à dix étapes de Médine.

Là, ils découvrirent que la rumeur qui avait été à l'origine de cette expédition était fausse. Le Prophète (ç) donna l'ordre de faire halte à cet endroit, ne voulant pas aller plus loin. Il envoya ses capitaines avec un petit détachement pour reconnaître la région environnante et pour inviter les chefs de ce territoire et leurs peuples à l'Islam. Il resta vingt jours à Tabûk. Durant cette période, plusieurs clans juifs et chrétiens embrassèrent l'Islam et professèrent leur adhésion au Prophète (ç).

Certains offrirent de payer un tribut annuel en signe de soumission à son autorité. Donc, l'expédition n'était pas tout à fait inutile. La presque totalité du nord de la Péninsule était désormais soumise. Après les vingt jours de halte à Tabûk, le Prophète (ç) entama le chemin du retour vers Médine, qu'il atteindra au mois de Ramadhân.

Conspiration contre la Vie du Prophète (ç)
Sur le chemin de retour de Tabûk, le Prophète (ç) avait à traverser 'Aqabah Thî Fetaq. Il ordonna à ses hommes de ne pas prendre ce passage avant qu'il ne le traverse lui-même. Pendant la nuit, alors qu'il traversait 'Aqabah sur son chameau, guidé par Hothayfah B. al-Yaman qui tenait la bride à la main, et 'Ammâr Ibn Yâcir qui le poussait par derrière, un soudain éclair de lumière leur fit voir quatorze ou quinze hommes s'avancer vers eux. Hothayfah poussa un cri d'alarme et le Prophète (ç) accosta durement les intrus qui prirent la fuite. «Et ils avaient combiné ce qu'ils n'ont pas pu réaliser». (Sourate al-Tawbah, 9: 74).

«Les commentateurs nous informent que quinze hommes avaient projeté l'assassinat de Mohammad lors de son retour de Tabûk, en le poussant de son chameau vers un précipice, pendant qu'il traversait la nuit sur son chameau la plus haute partie de 'Aqabah. Mais alors qu'ils s'apprêtaient à exécuter leur dessein, Hothayfah qui suivait et conduisait le chameau du Prophète (ç), tiré par 'Ammâr B. Yâcir, ayant entendu le bruit des pas de chameaux et le cliquetis d'armes, donna l'alerte, ce qui les fit fuir» ("Sale").

Le Prophète (ç) demanda à Hothayfah s'il les avait reconnus. Il répondit par la négative. Le Prophète (ç) dit alors que ces hommes avaient projeté de l'assassiner en terrifiant son chameau afin qu'il le jette du haut de la falaise escarpée, et qu'ils resteraient des hypocrites jusqu'au dernier jour. Il donna le nom de chacun, accompagné du nom du père, tout en interdisant strictement à Hothayfah de divulguer leur secret. Hothayfah lui exprima son désir de les voir tous décapités, mais le Prophète (ç), refusant cette suggestion, dit: «Les gens vont dire que Mohammad ayant obtenu des victoires avec leur concours veut maintenant les tuer». Hothayfah fut par la suite connu sous l'appellation du "Possesseur du Secret".

Plus tard, importuné constamment par des adjurations solennelles du calife 'Omar, Hothayfah semble avoir fini par donner les noms des hypocrites.

Mais étant donné que la liste comprenait d'éminents Compagnons du Prophète (ç), les historiens et les commentateurs se seraient abstenus de les rendre publics. Ibn Babawayh (al-اadûq), un savant érudit a toutefois divulgué leurs noms que je me garde de mentionner, par décence.

La Destruction du Masjid al-Dherâr
Alors qu'on était encore à une heure de voyage de Médine, le Prophète (ç), reçut une délégation des mêmes hommes de Qobâ qui l'avaient prié, au moment de son départ pour Tabûk, de consacrer par ses prières leur masjid nouvellement construit, consécration qu'il avait différée jusqu'à son retour. Ces hommes étaient revenus voir le Prophète (ç) pour la même commission. Le Prophète (ç) ordonna qu'on détruise le bâtiment et envoya quelques-uns de ses hommes pour porter son ordre.

En fait, ce masjid avait été construit dans un dessein hostile ou sectaire comme cela ressort du récit suivant: il y avait un prêtre Khazrajite, Abû 'Amîr, qui était très versé dans l'Ecriture et savait qu'un Prophète (ç) devait apparaître. Mais ayant refusé cependant de reconnaître en Mohammad le Prophète (ç) promis et étant devenu jaloux de son influence et de son pouvoir en constante augmentation à Médine, il avait fui à la Mecque après la victoire du Prophète (ç) à Badr. Il avait rejoint les Mecquois et les avait accompagnés dans la campagne d'Ohod contre le Prophète (ç). Après le retrait des Mecquois, il avait fui vers le territoire romain.

Quelques mécontents étaient entrés en communication avec lui et l'avaient invité à se rendre à sa ville natale, Qobâ. Là, il avait suggéré de construire un masjid en vue d'y trouver un refuge et de faciliter les réunions avec ses associés pour discuter des mesures à prendre contre le Prophète (ç). Ils avaient donc construit un masjid, et pour attirer les gens du masjid original de Qobâ, ils avaient demandé au Prophète (ç) de venir le consacrer lui-même en y priant. C'était au moment où le Prophète (ç) se préparait à aller à Tabûk; c'est pourquoi le Prophète (ç) avait différé l'exaucement de leur désir jusqu'à son retour.

Entre-temps, il avait reçu la révélation suivante du Ciel: «Et ceux qui ont édifié une mosquée nuisible et impie pour semer la division entre les croyants et pour en faire un lieu d'embuscade au profit de ceux qui luttaient auparavant contre Dieu et contre son Prophète (ç), ceux-là jurent avec force: "Nous n'avons voulu que le bien!" Mais Dieu témoigne qu'ils sont menteurs». (Sourate al-Tawbah, 9: 107).

Lorsqu'ils avaient réapparu devant le Prophète (ç) pour la même raison après son retour de Tabûk, il ordonna la démolition du bâtiment.

La Mort d'Om Kulthûm
Om Kulthflm, la femme de 'Othmân B. 'Affân (qui sera plus tard le troisième calife) rendit l'âme au mois de Cha'bân 9 H.

La Mort de 'Abdullâh B. Obay, l'Hypocrite
Environ deux mois après le retour du Prophète (ç) de Tabûk, 'Abdullâh B. Obay, le chef des Hypocrites à Médine, mourut au mois de Thil-qa'dah 9 H.

après une courte période de maladie. Sensibilisé par les supplications pressantes du fils de cet homme, lequel était, lui, un Musulman sincère, prêt à couper la tête de son propre père par dévotion pour le Prophète (ç), celui-ci accepta d'accomplir le service funèbre d'usage et il lui donna sa chemise pour y envelopper le corps, étant donné qu'il désirait que le corps de son père fût couvert avec un vêtement porté par le Prophète (ç).

Tout de suite après les prières sur le mort, il reçut cette révélation: «Demande pardon pour eux ou ne demande pas pardon pour eux; si tu demandes pardon pour eux soixante-dix fois, Dieu ne leur pardonnera, parce qu'ils sont absolument incrédules envers Dieu et Son Prophète (ç). Dieu ne dirige pas les pervers». (Sourate al-Tawbah, 9: 80).

Le Prophète (ç) marcha derrière le cercueil jusqu'à la tombe et assista aux funérailles. Quelque temps après, il reçut la révélation qu'on trouve dans la même Sourate al-Tawbah, verset 84, et qui lui interdit de prier sur le corps de tout hypocrite et de s'arrêter devant sa tombe.

La Conduite de 'aicha et de Hafçah
Les femmes du Prophète (ç) formaient deux groupes. D'une part 'aicha et Hafçah, respectivement les filles d'Abû Bakr et de 'Omar, et de l'autre, toutes les autres. Tirant davantage de la position de leurs pères auprès du Prophète (ç), 'aicha et Hafçah voulaient exercer leur influence sur leur mari, et parfois leur attitude envers le Prophète (ç) n'était pas très respectueuse. Elles lui demandaient tellement de choses qu'il ne pouvait les satisfaire. Une fois Abû Bakr et 'Omar étaient allés voir le Prophète (ç), et le voyant assis parmi elles, triste et sombre, chacun d'eux réprimanda sa fille. Une autre fois, lorsque la part du Prophète (ç) dans le butin d'une guerre fut distribuée, 'aicha demanda au Prophète (ç) quelque chose qu'il ne pouvait lui accorder en toute justice. Elle insista tellement pour obtenir satisfaction que le Prophète (ç) devint triste et déprimé. Ali (as) essaya de la raisonner, mais elle perdit son sang froid et lui parla avec brutalité.

Le Prophète (ç) se mit en colère et lui dit qu'il répudierait, ses femmes dès qu'il (Ali (as)) en exprimerait le désir.

Une révélation intervint, qui condamnait cette attitude des femmes du Prophète (ç): «ش Prophète (ç)! Dis à tes épouses: "Si vous désirez la vie de ce monde et son faste, venez: je vous procurerai quelques avantages, puis je vous donnerai un généreux congé». (Sourate al-Ahzâb, 33: 28).

Certaines femmes du Prophète (ç) s'abaissèrent même au niveau de femmes communes et n'hésitèrent pas à adopter envers leur mari des attitudes qui le mettaient dans le tourment. Voici quelques exemples de leurs comportements:

a) Zaynab Bint Johach, l'une des femmes du Prophète (ç) avait reçu un peu de miel de bonne qualité comme cadeau. Lorsque le Prophète (ç) se rendit chez elle, elle lui pivpara un breuvage dont on disait qu'il l'affectionnait. Comme la dilution du miel dans l'eau demandait un certain temps, le Prophète (ç) avait été obligé de rester plus longtemps que prévu chez elle. Ceci suscita la jalousie de 'aicha qui après avoir consulté les membres de son clan trouva un moyen d'obtenir la disgrâce de Zaynab. Ainsi, lorsque le Prophète (ç) vint chez elle, elle lui laissa entendre qu'une odeur désagréable de "Maghâfîr" (une substance de mauvaise odeur) émanait de sa bouche. Il fut incommodé par sa remarque et répliqua qu'il n'avait pas mangé de "Maghâfir" mais qu'il avait bu seulement un breuvage à base de miel. Elle dit alors que les abeilles avaient sucé le jus de la fleur de Maghâfîr qui avait abouti au miel. La quittant pour se rendre chez Hafçah, celle-ci lui répéta la même chose. Le lendemain, lorsque Zaynab lui offrit ce même breuvage, il refusa de le boire.

b) Presque à la même époque, il était arrivé un jour que Hafçah était allée chez son père et qu'en son absence le Prophète (ç) se trouva avec Marya dans les appartements de Hafçah. Entre-temps, Hafçah était rentrée chez elle, et ayant vu Marya dans sa maison avec le Prophète (ç), elle devint frénétique et se mit dans une violente colère. Pour la calmer, le Prophète (ç) lui offrit d'abandonner définitivement Marya.

c) Le troisième exemple est un abus de confiance et une divulgation de secret dont s'était rendue coupable Hafçah vis-à-vis du Prophète (ç). Le Prophète (ç) avait l'habitude de présager les événements et de relater les troubles qui interviendraient après sa mort. Un jour, il dit à Hafçah que ce serait une bonne nouvelle pour elle de savoir qu'après sa mort c'est Abû Bakr qui assumerait le Califat et qu'après la mort de celui-ci c'est son père 'Omar, qui lui succéderait. Hafçah sursauta à cette prédiction mais elle retint vite son émotion. Le Prophète (ç) lui interdit formellement de divulguer le secret. Elle accepta volontiers, mais dès que le Prophète (ç) fut parti, elle se rendit chez 'aicha. Elle la félicita d'abord de s'être débarrassée de sa rivale, Marya, et elle continua à parler jusqu'à ce qu'elle mentionnât le secret contre l'ordre du Prophète (ç). Après ces incidents, le Prophète (ç) reçut les Révélations suivantes:

«ش Prophète (ç)! Pourquoi interdis-tu ce que Dieu a rendu licite (c'est-à-dire l'abandon de Marya) en cherchant d satisfaire tes épouses? Dieu est Celui Qui pardonne. IL est Clément. Dieu vous a autorisés à vous libérer de vos serments, Dieu est votre Maître! IL est le Connaisseur, le Sage.

Lorsque le Prophète (ç) confia un secret (sur le Califat) à l'une de ses épouses (Hafçah), et qu'elle le communiqua d une autre ( 'آyecheh) et que Dieu en informa le Prophète (ç) (de la divulgation du secret), celui-ci en dévoila une partie et garda l'autre cachée. Lorsqu'il l'eut avertie (Hafçah) de son indiscrétion, elle dit: "Qui donc t'as mis au courant?" Il répondit: "Celui Qui sait tout et Qui est bien informé m'en a avisé". (Il vaudrait mieux) "Si toutes les deux (Hafçah et 'aicha), vous revenez à Dieu, étant donné que vos curs ont déjà dévié (de la droiture), mais si vous vous soutenez mutuellement contre le Prophète (ç), sachez que Dieu est son Maître et qu'il a pour soutien Gabriel et l'homme juste (Ali (as)) parmi les Croyants et même les anges. Il se peut que, s'il vous (Hafçah et 'aicha) répudie, son Seigneur lui donne en échange des épouses meilleures que vous, soumises à Dieu, croyantes, pieuses, repentantes, adoratrices, pratiquant le jeûne; qu'elles aient été déjà mariées ou qu'elles soient vierges». (Sourate al-Tahrîm, 66: 1-5).

Ces versets constituent une véritable menace de répudiation adressée aux femmes du Prophète (ç), et on a tendance à croire que le Prophète (ç) eût dû répudier effectivement ses femmes inconcevables mais que s'il ne l'a pas fait, c'est par compassion, sachant qu'une fois répudiées, leur vie aurait été ruinée, car elles n'auraient jamais pu se remarier avec un Musulman.

Le Prophète (ç) Se Sépare de ses Femmes pendant un Mois
Le Prophète (ç) ayant été ainsi informé de l'attitude de 'aicha et de Hafçah, fut attristé et de mauvaise humeur. Il jura de se séparer par conséquent, pendant un mois, de ses femmes et s'enferma dans un appartement isolé de son Masjid désignant Rabah, l'un de ses serviteurs, pour veiller à la porte pour empêcher toute intrusion. Une rumeur se répandit dans la ville laissant entendre que le Prophète (ç) avait répudié ses femmes.

Toutes les autres femmes devinrent très tristes en entendant cette nouvelle. 'Omar fut très inquiet à propos de sa fille, Hafçah, qui était la cause de tous ces troubles. Aussi tenta-t-il à plusieurs reprises de s'approcher du Prophète (ç), mais le surveillant ne lui permit pas de le faire.

Finalement, un jour, 'Omar trouva un moyen de se faire admettre, en parlant à haute voix au portier (pour que le Prophète (ç) puisse l'entendre) pour qu'il demande au Prophète (ç) la permission d'entrer et l'informant en même temps qu'il ne recommanderait pas un pardon pour Hafçah et qu'il était prêt à la tuer carrément si le Prophète (ç) en exprimait le désir.

Le Prophète (ç) entendit la voix et ordonna au portier de laisser entrer 'Omar. Ayant obtenu audience, 'Omar évoqua des sujets qui firent rire le Prophète (ç). A la fin, constatant que le Prophète (ç) était de bonne humeur, 'Omar lui demanda s'il avait vraiment répudié ses femmes. Le Prophète (ç) lui ayant répondu par la négative, 'Omar sortit pour annoncer publiquement la nouvelle.

Un mois s'étant écoulé, le Prophète (ç) reprit contact avec ses femmes. En le revoyant, 'aicha fit remarquer que sa séparation avait duré seulement vingt-neuf jours et non un mois comme il l'avait juré. La réponse qu'elle reçut était que le mois consistait en vingt-neuf jours seulement.

L'Annonce de la Sourate al-Tawbah
La plupart des pèlerins du Pèlerinage annuel de la Mecque étaient des païens qui mélangeaient des pratiques idolâtres avec les rites sacré.

Jusqu'ici le Prophète (ç) s'absentait de ces cérémonies, et se contentait, pendant les années précédentes, du Pèlerinage Mineur.

La saison sacrée de l'an 9 H. était maintenant proche. Le Prophète (ç) avait reçu à cette époque une Révélation interdisant aux idolâtres d'accomplir le Pèlerinage après cette année, (voir les premiers versets de la Sourate al-Tawbah). Aussi, députa-t-il Abû Bakr au Pèlerinage de la Mecque afin qu'il promulgue la révélation aux pèlerins. Trois cents Musulmans accompagnèrent Abû Bakr et vingt chameaux lui furent donnés afin qu'ils soient sacrifiés pour le Prophète (ç).

Peu après le départ d'Abû Bakr, le Prophète (ç) reçut un Commandement de Dieu, et se conformant à ce Commandement, il dépêcha Ali (as) sur son plus rapide chameau, al-Ghadhbah en lui donnant l'instruction de rattraper la caravane et reprendre le Livre (les versets de la Sourate al-Tawbah) à Abû Bakr et de le signifier lui-même aux pèlerins à la Mecque.

Ali (as) atteignit la caravane à Araj et, récupérant d'Abû Bakr le Livre, il se rendit à la Mecque, alors qu'Abû Bakr retournait démoralisé à Médine et demandait au Prophète (ç) si le fait de lui avoir retiré la mission de convoyer la Révélation aux gens était vraiment un Commandement de Dieu. Le Prophète (ç) répondit qu'il avait reçu une révélation en ce sens que personne d'autre que lui-même ou un membre de sa famille ne devait communiquer la révélation (selon Hichami), ou (selon al-Tirmithî et al-Nasâ'î) que personne d'autre que lui-même ou Ali (as) ne devait la communiquer.

Arrivé à la Mecque, Ali (as) lut à haute voix vers la fin du pèlerinage, le grand jour du sacrifice, aux larges masses de pèlerins, les passages du Coran. Ayant terminé la lecture, il poursuivit: «J'ai reçu l'ordre de vous expliquer que:

1. Personne ne devra dorénavant faire les tournées autour de la Maison Sacrée, tout nu;

2. Tout traité conclu avec le Prophète (ç) restera valable jusqu'à son terme. C'est-à-dire que quatre mois de liberté sont accordés à tout le monde; passé ce délai, toute obligation incombant au Prophète (ç) prendra fin;

3. Aucun incroyant n'entrera au Paradis;

4. Les pèlerins idolâtres ne devront pas venir au pèlerinage après cette année.

L'Année des Délégations
Vers la fin de l'an 9 de l'Hégire, des représentants de toutes les régions d'Arabie affluèrent sans interruption vers le Prophète (ç) à Médine, pour professer l'Islam et déclarer l'adhésion de leurs tribus au Prophète (ç) (Sourate al-Naçr). La plupart des princes et chefs d'Oman, de Bahrein, de Yamama et de Bahra firent connaître par lettres et représentants leur soumission au Prophète (ç) et leur conversion à sa Foi.

Le Prophète (ç) reçut les représentants avec une gentillesse marquée, s'entretint avec eux dans un esprit large et les reconduisit avec de beaux cadeaux et des provisions abondantes pour leur voyage de retour. Il envoya avec eux ses hommes afin d'apprendre aux gens le Coran et les doctrines de la Foi, et de collecter les impôts publics. L'un des membres de la délégation des Banî Hanîfah, une branche chrétienne des Banî Bakr, qui habitait à Yamama, représentait "Musaylamah l'imposteur" celui-là même qui se proclamera prophète (ç) plus tard. Les délégations furent si nombreuses cette année-là que la neuvième année de l'Hégire est connue comme "l'année des Délégations". Cet état de choses continua jusqu'à l'année suivante.

Les Chrétiens de Najrân
Cependant les Chrétiens de Najrân restèrent à l'écart et ne suivirent pas l'exemple des autres populations. Le Prophète (ç) leur envoya alors une lettre, les appelant à sa Foi. En réponse, ils sélectionnèrent quatorze hommes - des Evêques et des Prêtres - parmi eux et les dépêchèrent auprès du Prophète (ç) à Médine pour s'informer sur lui et sur sa Religion et pour se faire une idée de ses mérites.

Arrivés à Médine, ces hommes habillés élégamment de soie et ornés de bagues en or à leurs doigts saluèrent le Prophète (ç), mais celui-ci se détourna d'eux et ne répondit pas à leur salutation. Ils quittèrent le Masjid, et se plaignant de cet accueil froid, ils demandèrent à 'Othmân et à 'Abdul-Rahmân B. 'Awf de leur conseiller ce qu'il convenait de faire. Ces derniers les conduisirent chez Ali (as) qui leur conseilla d'ôter leurs vêtements de soie et leurs bagues en or, et de retourner ensuite chez le Prophète (ç). Ils s'exécutèrent et furent reçus par le Prophète (ç) aimablement.

Ils eurent l'occasion de participer à une conférence dont le sujet concernait entièrement la Seconde personne de la Trinité, à propos de laquelle ils citèrent des passages des Evangiles, auxquels le Prophète (ç) répondit en leur expliquant que Jésus-Christ n'était qu'un Prophète (ç). Ils prirent congé du Prophète (ç) en promettant de revenir après avoir étudié ses arguments. Entre-temps, le Prophète (ç) reçut la Révélation suivante:

«En effet, il en est de Jésus comme d'Adam auprès de Dieu: Dieu l'a créé de terre, puis il lui a dit: "Sois", et il fut». (Sourate آle 'Imrân, 3: 59).

«Si quelqu'un te contredit après ce que tu as reçu en fait de science, dit: "Venez! Appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, nous-mêmes et vous-mêmes: nous ferons alors une exécration réciproque en appelant une malédiction de Dieu sur les menteurs".» (Sourate آle 'Imrân, 3: 61).

Lorsqu'ils réapparurent devant le Prophète (ç), il les informa du Décret de Dieu, lequel fut admis comme un moyen de mettre fin à la discussion. On convint de la date et du lieu, un endroit ouvert, à l'extérieur de la ville, le 24 Thilhajj. Entre- temps, ils méditèrent attentivement sur les risques qu'ils encouraient et arrivèrent à la conclusion unanime d'éviter l'appel de la malédiction de Dieu. Cependant, ils conservèrent le rendez-vous. Le Prophète (ç), amenant avec lui Hassan (as) et Houssein (as) pour ses fils, Fatima (as), sa fille bien-aimée, pour ses femmes, et Ali (as), son lieutenant dévoué et son fils adoptif, pour "nous-mêmes", accomplissant ainsi l'Ordre du Ciel, se présenta sur le lieu du rendez-vous.

Une grande partie des Musulmans affirment que ce sont seulement ces membres de la Maison du Prophète (ç), - composant sa famille permanente ou invariable - que le Prophète (ç) aimait beaucoup et qui étaient distingués du reste de la Ummah pour avoir été déclarés purifiés (sans péchés ni fautes) par Allâh dans la Révélation contenue dans le Verset 33 de la Sourate al-Ahzâb.

Remarque: Le pronom personnel de cette partie du verset, du genre masculin (deuxième personne, masculin, pluriel: "'ankoum" = de vous) désigne: Ali (as), Hassan (as) et Houssein (as), alors que celui du genre féminin (pluriel) employé dans la première partie de ce Verset, s'adresse aux épouses.

Dans son اahîh, Muslim, citant Sa'd Ibn Abî Waqqâç, note que lorsque le verset "Appelons nos fils et vos fils, etc... " (Sourate آle 'Imrân, 3: 61) fut révélé, le Messager de Dieu convoqua Ali (as), Fatima (as), Hassan (as) et Houssein (as), et dit: «ش mon Dieu! Ce sont ma famille». ("History of Califat", p. 173, la traduction anglaise de Major Jarret de "Târîkh al-Kholafâ'" d'al-Suyûtî)

L'apparition solennelle de cette constellation sainte intimida l'Archevêque et ses hommes. Le verdict de l'Ordalie les faisait trembler, car ils craignaient la terrible punition s'ils avaient tort. Aussi firent-ils part de leur désir de ne pas encourir un tel risque. Le Prophète (ç) leur donna alors le choix entre embrasser l'Islam ou porter les armes contre lui. Ils dirent qu'ils étaient prêts à payer un tribut annuel sous forme de deux mille cottes de mailles, d'une valeur d'environ quarante dirhams chacune. Sous ces conditions, le Prophète (ç) leur permit avec bienveillance de retourner chez eux.

L'histoire nous apprend l'existence de nombreuses ordalies similaires, qui furent familières aux peuples orientaux pendant des siècles avant et après cette époque.

En choisissant Fatima (as) pour l'accompagner dans cette mission, le Prophète (ç) montra aux gens qu'elle était la seule femme qui avait l'exclusivité de lui appartenir, et qu'aucune de ses épouses ne pouvait être choisie en vue de l'exécution du Commandement, et en amenant Ali (as), il entendait spécifier qu'à part Ali (as), personne d'autre parmi ses proches ou Compagnons ne saurait tenir lieu de l'Ame (le soi-même) du Prophète (ç), dont fait mention le Commandement de Dieu. Et amenant avec lui les enfants Hassan (as) et Houssein (as), le Prophète (ç) précisa aux gens explicitement qu'ils étaient ses fils, comme il avait déjà déclaré que Dieu avait décrété que ses descendants en ligne directe seraient issus de Ali (as) et de Fatima (as) et non pas directement de lui-même.

En résumé, il montra pratiquement aux gens que lui-même, Ali (as), Fatima (as), Hassan (as) et Houssein (as) étaient les seules personnes qui soient à même de tenir la promesse de l'Ordalie, étant donné qu'ils formaient une partie intégrante d'une seule et même Lumière Céleste, et dont les appels à Dieu étaient susceptibles d'être instantanément exaucés.

Tentative d'Empoisonnement du Prophète (ç)
Alors que le Prophète (ç) se trouvait à Khaybar, les Juifs attentèrent à sa vie en préparant un agneau assaisonné avec un poison mortel, qu'ils lui envoyèrent comme cadeau au moment où on lui servait le dîner. Acceptant avec gratitude le cadeau, le Prophète (ç) en prit l'épaule (la partie qu'il aimait le plus) pour lui-même, et coupa une autre portion qu'il donna à Bichr qui était assis à côté de lui et qui fit de même en la passant à son voisin, et ainsi de suite.

Dès que le Prophète (ç) mangea une bouchée de la viande, il y sentit un goût anormal et la cracha tout de suite en disant qu'elle était empoisonnée.

Entre-temps, Bichr avait déjà avalé son morceau et mourut sur-le-champ. La confusion fut totale. A la suite d'une enquête faite à ce propos, il apparut que l'agneau avait été cuit par une femme captive, appelée Zaynab, une nièce de Marhab, le grand guerrier tué par Ali (as).

Elle fut convoquée et interrogée à ce sujet. Elle avoua son crime et le justifia comme une vengeance pour la perte de son père, de son frère, de son mari et d'autres proches, ainsi que pour la dévastation causée à son pays par les conquérants. Elle dit qu'elle pensait dans son for intérieur que si Mohammad était un vrai Prophète (ç), il découvrirait le mal avant qu'il ne l'atteigne, et que s'il n'était qu'un simple imposteur, il tomberait victime de sa vengeance, et les Juifs seraient débarrassés d'un tyran. Elle finit par être condamnée à mort.

L'Arrivée de Ja'far
Alors que le Prophète (ç) se trouvait encore à Khaybar, Ja'far, le frère de Ali (as), de retour de son exil en Abyssinie, vint en compagnie de sa femme et de cinq autres exilés, à la rencontre du Prophète (ç). Ils arrivèrent à Khaybar le jour même de sa conquête. Le Prophète (ç) était très heureux d'accueillir son cousin après une si longue séparation, et déclara joyeusement qu'il ne savait lequel des deux événements - l'arrivée de Ja'far ou la conquête de Khaybar - le ravissait le plus.

Il proposa que les nouveaux arrivants fussent considérés comme faisant partie des hommes qui avaient participé à l'expédition. L'armée accepta avec grande joie cette proposition, ce qui permit aux exilés de prendre part aux butins de la guerre.

Abû Horayrah
Un jeune homme, qui avait l'air d'un mendiant, apparut devant le Prophète (ç) à Khaybar et embrassa l'Islam. Il s'appelait Abû Horayrah. Depuis, il ne retourna plus jamais chez lui. Il partit avec le Prophète (ç) lors de son retour à Médine où il logea avec les gens de Suffa, c'est-à-dire les hommes qui vivaient dans les chambres contiguës au grand Masjid du Prophète (ç), réservées aux pauvres. Jusqu'au décès du Prophète (ç) il resta toujours avec lui.

Par la suite, il devint le favori des califes et plus tard il sera un courtisan de Mu'âwiyeh qui finira par le nommer Gouverneur. Pour la majorité des Musulmans sunnites il est considéré comme une grande autorité, parce qu'on dit qu'il ne rapporta pas moins de cinq mille trois cent soixante-quatorze hadiths qu'il affirma avoir entendus du Prophète (ç) et mémorisés durant la période de quatre ans qu'il avait passée avec lui. En cela Abû Horayrah surclasserait tous les autres Compagnons qui avaient vécu avec le Prophète (ç) pendant presque toute la période de sa mission, mais sans pour autant pouvoir mémoriser même mille hadiths!

Le Prophète (ç) à Wâdî al-Qorâ
Après la conquête de Khaybar, le Prophète (ç) se dirigea vers Wâdî al-Qorâ (ou Wâdil-Qorâ) et mis en état de siège cette ville juive, laquelle après avoir résisté pendant un ou deux jours et eu onze tués, se rendit. Les Juifs de Taymah se soumirent eux aussi.

Une fois les Juifs de Khaybar et de ses banlieues subjugués, l'autorité du Prophète (ç) fut établie sur toutes les tribus juives installées au nord de Médine, et la source de troubles fut ainsi tarie.

Le Retour du Soleil pour les Prières de Ali (as)
L'incident suivant, intervenu à cette époque, mérite d'être noté: lors de sa marche vers Wâdî al-Qorâ, venant de Khaybar, le Prophète (ç) fit halte à Sabha. Alors qu'il se reposait sous sa tente, la tête posée dans le giron de Ali (as), il tomba soudain dans un état de réception de révélations.

Ali (as) resta immobile jusqu'à ce que le Prophète (ç) se réveillât en lui demandant s'il avait accompli ses prières de l'après-midi. Le soleil s'était déjà couché. Ali (as) répondant par la négative, le Prophète (ç) pria Dieu pour faire revenir le soleil et permettre à Ali (as), ainsi, d'accomplir à temps ses prières. Le soleil réapparut sur-le-champ à l'horizon, dans toutes sa brillance et resta assez longtemps pour que Ali (as) eût le temps nécessaire pour terminer ses prières, avant de se coucher à nouveau.

Om Habîbah
Le Prophète (ç) retourna à Médine au mois de Jumâdî-II où il offrit une dot de quatre cents dinars à Om Habîbah (fille d'Abou Soufiyan) pour parfaire son mariage avec elle, contracté auparavant par le roi d'Abyssinie. Elle était âgée alors de plus de trente ans.

'Umrat al-Qadhâ' du Prophète (ç)
Après son retour de Khaybar, le Prophète (ç) passa quatre ou cinq mois à Médine avant qu'arriva le moment de l'accomplissement de 'Umrat al-Qadhâ', c'est-à-dire la visite de la Mecque en vue d'accomplir les rites de la 'Umrah ou Pèlerinage mineur dont il avait été privé l'année précédente. Accompagné d'environ deux mille adeptes, dont tous ceux qui étaient revenus avec lui sans succès de Houdeybiyya l'année précédente, le Prophète (ç) se dirigea vers la Mecque, au mois de Thilqadah de l'an 7 de l'hégire.

Les Qorayshites, ayant appris son arrivée prochaine, se retirèrent de la ville vers les collines avoisinantes, conformément l'accord conclu avec lui l'année précédente. Le Prophète (ç) entra donc dans la Mecque avec ses adeptes, sans aucun problème. Ils s'approchèrent de la Ka'bah, en firent le tour sept fois, embrassèrent le Hajar al-Aswad, puis se dirigèrent vers اafâ et Marwah où ils firent le sacrifice, et une fois leurs cheveux coupés, ils terminèrent les cérémonies de 'Umrah.

Le jour suivant, le Prophète (ç) entra dans la Ka'bah et demanda à Bilâl (l'Africain) de monter sur la Maison sacrée pour réciter avec sa haute voix mélodieuse l'Appel à la Prière de Midi: tous les Musulmans se rassemblèrent et la Prière fut conduite par le Prophète (ç) entre les murs du Sanctuaire. Ce fut la première Grande Assemblée Musulmane à l'intérieur de l'enceinte de la Ka'bah.

Maymûnah
Le prophète (ç) resta à la Mecque trois jours au cours desquels il fut fiancé à Maymûnah sur la recommandation de son oncle 'Abbâs. Elle était veuve et âgée de cinquante et un ans. Elle vivait avec sa sur Om al-Fadhl, la femme de 'Abbâs. Elle avait une autre sur, Asmâ' Bint 'Umays, qui était la femme de Ja'far (le frère de Ali (as)), et une troisième, s'appelant Salma, mariée à Hamzah. Ainsi trois surs avaient été déjà mariées avec des hommes d'une seule et même famille. Le quatrième jour, le Prophète (ç) quitta la Mecque, fit halte le soir à Sarif (à environ treize kilomètres de la Mecque) où il consomma le mariage

L'EXPEDITION DE MO'TAH.
LA CONQUETE DE LA MECQUE.
LA BATAILLE DE HONAYN ET D'AUTRES EVENEMENTS IMPORTANTS SE TERMINANT AVEC LA HUITIEME ANNEE DE L'EMIGRATION
La Conversion de Khâlid Ibn al-Walîd et de 'Amr Ibn al-'Aç
Etant donné que Maymûnah appartenait aux hauts cercles de la noblesse mecquoise, à la fois par naissance et par liens familiaux, le Prophète (ç) s'était attendu à la croissance de son influence par son mariage avec elle, et avait donc accepté volontiers la proposition de son oncle 'Abbâs, et il ne fut pas déçu. Une autre sur de Maymûnah était mariée à Moghîrah, un chef parmi les nobles de la Mecque (mais il était un infidèle exécrable, comme y fait allusion le Coran (Sourate al-Muddathir, versets 11-26).

C'est après le mariage de sa cousine Maymûnah avec le Prophète (ç), que Khâlid fils de Walîd se repentit, la huitième année de l'Emigration, et entra dans la nouvelle religion. Ces deux hommes avaient été jusque là des opposants résolus du Prophète (ç) et de sa foi. Khâlid avait pris une part active contre le Prophète (ç) dans la bataille d'Ohod, et dirigé sans succès plusieurs tentatives pour briser la ligne de retranchement des Musulmans dans la Bataille du Fossé. 'Amr Ibn al-'آç avait souvent usé de ses talents poétiques en défaveur et au détriment du Prophète (ç). Chacun de ces deux hommes deviendra une figure de proue de l'histoire de l'Islam.

La Chaire
Jusqu'ici, le Prophète (ç) prononçait ses sermons en s'appuyant sur un tronc de palmier enfoncé dans le sol du Masjid. Au cours de la huitième année de l'Hégire, une chaire à trois marches fut préparée pour cet usage. Désormais, pour faire ses sermons, il s'asseyait sur la marche supérieure de la chaire et posait ses pieds sur la marche inférieure. Lorsqu'Abû Bakr accéda au califat, il s'assit sur la marche moyenne, plaçant ses pieds sur la première marche. Quand 'Omar lui succéda, il s'assit sur la première marche en mettant ses pieds sur le sol. Son successeur, 'Othmân suivit pendant six ans l'exemple de son prédécesseur, mais par la suite, il remonta de deux marches pour s'asseoir sur la marche supérieure que le Prophète (ç) avait l'habitude d'utiliser. Mu'âwiyeh rehaussa la chaire de trois étages supplémentaires pour en compter désormais six, et il se plaçait sur la marche supérieure.


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