Athéisme

Athéisme0%

Athéisme Auteur:
Catégorie: Les Religions et sectes(écoles islamiques)
pages: 3

Athéisme

Auteur: islamopedia
Catégorie:

pages: 3
visites: 1565
Télécharger: 40

illustrations:

Athéisme
  • Intro:

  • Les raisons de la mécréance et de l'athéisme

  • L'idée de Dieu profondément ancrée en l'homme

  • Le phénomène religieux et l'origine du sentiment religieux

  • La finesse des œuvres de la nature

  • Le principe de la causalité

  • Le principe premier est sans cause

  • L'être dépendant a besoin d'une cause

Rechercher dans le livre
  • Commencer
  • précédent
  • 3 /
  • suivant
  • Fin
  •  
  • visites: 1565 / Télécharger: 40
Taille Taille Taille
Athéisme

Athéisme

Auteur:
Français
Intro: Athéisme

Athéisme
Refutation de l'Athéisme
Intro:
Au nom d'Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux.
Ce qui éloigne l'homme de la Vérité, et qui le plonge dans le bourbier de la dépravation, c'est le “vide idéologique”.

Nous sommes témoins aujourd'hui, du délabrement des forces créatrices, des gens dotés d'intelligence, qui, inconsciemment, se détournent de la plus riche source culturelle qu'est la religion, pour laisser périr leur pensée dans le monde nouveau.

Des soi - disant philosophes et savants exposent, à la génération assoiffée et pleine d'enthousiasme de nos jours, leurs doctrines imparfaites, incapables de répondre aux besoins et aspirations spirituels de l'humanité.

Evidemment, nul esprit vivant et actif ne peut accepter ces doctrines.

Sans doute, l'injustice et la misère proviennent de la contradiction existant entre le monde et la vie de l'homme. Mais, nous pensons que l'Islam et le monothéisme, qui contiennent de vastes et sérieuses analyses philosophiques et scientifiques sur la vie de l'homme, sont aptes à extirper cette contradiction, et à diriger les hommes vers un avenir clair.

Cependant, tout système idéologique, voire ayant des bases éternelles, doit être réexposé, à chaque génération nouvelle, conformément aux critères de l'époque. Et cette tache incombe à tout penseur musulman engagé.

Dans l'univers aux frontières infinies, seul Dieu mérite d'être adoré et loué par l'homme. La quête de Son agrément et de Sa satisfaction doit avoir la priorité chez tout être aimant Dieu. Cette goutte qu'est l'homme ne sera à l'abri des tempêtes de la déviation et de la corruption que si elle rejoint le grand océan dans lequel elle trouvera son identité authentique, et accédera l’éternité?

Dieu sera alors pour l'homme celui qui donne un sens au monde, et par qui s'expliquent tous les évènements, et à partir de là, il comprendra d'où viennent l'ampleur et l'étroitesse des univers des hommes.

Les raisons de la mécréance et de l'athéisme
Dans les ouvrages traitant de l'histoire des religions, on étudie avec un soin particulier les facteurs et mobiles entraînant les hommes vers la religion. Mais cet effort est sans résultat, parce qu'en tenant compte de.la nature fondamentalement monothéiste de l'homme, -nature par laquelle il se distingue des autres créatures, et qui est distincte de ses autres facultés comme la pensée, la volonté et autres aptitudes-, on devrait parvenir à l'indentification des facteurs ayant conduit l'homme à fouler aux pieds, sa vraie nature et à s'éloigner de la religion.

La foi est naturelle à l'homme; c'est le matérialisme qui est contraire à l'essence humaine. Quand l'homme est inapte à connaître le dieu authentique, il se forge forcément des idoles, fussent - elles la nature ou le déterminisme historique. Petit à petit, cette fausse divinité emplit son univers mental, et devient pour lui source de droit, de justice, et d'orientation. C'est ainsi que l'homme troque son vrai Dieu contre des idoles, ce qui est essentiel contre ce qui est accidentel, et le précieux contre le vil.

Il voue ainsi un culte à des objets qui n'ont qu'une existence imaginaire et leur reconnaît les mêmes attributs que ceux du Créateur.

Quand nous aborderons la question d'une façon plus détaillée, nous verrons que l'apparition du matérialisme en Europe en tant que doctrine, la rupture des liens des hommes avec leur créateur, l'aliénation par la matière et l'émergence de la science comme religion, sont tous les causes d'une série de facteurs historiques et sociologiques, rendues par les conditions prévalant en occident.

L'un des facteurs ayant entraîné une réaction forte et étendue en Europe, et qui a été à l'origine notamment de la libre - pensée et de la littérature anti - religieuse, fut l'inquisition ordonnée par les autorités chrétiennes au début de la Renaissance, à l'encontre de certains savants dont les découvertes contredisaient les doctrines chrétiennes.

En effet, outre ses dogmes religieux, l'Eglise avait adopté une série de croyances sur l'homme et l'univers, héritées des philosophes grecs et autres, et les mettait au même plan que les autres dogmes et toute théorie qui ne concordait pas avec les Ecritures saintes et les principes reconnus par elle, était considérée comme hérétique, et son auteur était vouée à un châtiment sévère.

Un conflit ne tarda pas à être déclenché à cause des divergences manifestes entre la science et la religion. Les savants et les penseurs virent dans la religion un obstacle à la pensée, et finalement la sclérose des esprits accompagnée d'une attitude anti - rationnelle allaient créer une atmosphère d'étouffement pour l'homme moderne, et conduire les hommes de pensée à un isolement douloureux.

Enfin, les pressions successives ont entraîné des réactions violentes qui embrasèrent toute l'Europe. Et dès que le pouvoir de l'Eglise commença à décliner et que le despotisme reculait, la pensée et la raison occidentale qui après la répression, reprenaient leurs droits, réagirent avec véhémence contre les causes des limitations qui leur furent imposées. Les penseurs se dégagèrent publiquement des liens de la religion. Les extrémismes se déchaînèrent contre la religion, et ce fut le commencement d'un processus qui s'acheva dans la séparation entre la foi et la science.

Cet esprit vindicatif finit par jeter le doute sur des questions aussi fondamentales que l'existence d'un univers métaphysique et même de Dieu.

Il était vrai que certains enseignements religieux manquaient de logique, mais cela n'avait aucun lien ni fondement dans la religion authentique.

Car se venger contre l'Eglise était une chose, mais c'en était une autre que de se hâter à des jugements négatifs sur la religion en général. Ce sont les passions et les sentiments de vengeances qui ont aveuglé les savants et les ont empêchés de s'en tenir à une attitude modérée.

C'est ainsi que s'est aggravée l'indigence spirituelle à un taux inversement proportionnelle aux progrès des sciences et de la technologie. Plus l'homme faisait de conquêtes dans l'industrie, et plus il se dégradait moralement, demeurant incapable d'inverser cette tendance.

La science est elle - même indifférente aux valeurs. On ne peut déterminer les responsabilités des hommes en s'appuyant sur elle. La science peut bien progresser aussi loin qu'elle veut, elle ne saurait éclairer davantage les hommes dans le domaine des responsabilités morales.

Les connaissances humaines sont impuissantes à appréhender l'essence de l'univers, ni même sa totalité, ou encore prédire avec exactitude l'avenir de l'humanité.

Le point de vue monothéiste qui ne se confine pas au seul aspect matériel de la vie, et qui lui fixe un sens et un objectif, offre à l'homme qui y adhère, la possibilité de comprendre l'univers en tant que tout. Il y trouve réponse aux questions fondamentales qui hantent l'esprit de tout individu. C'était là le premier facteur de déviation.

Un autre groupe de gens rejette la religion pour la raison qu'à leurs yeux l'Eglise a présenté et fait siennes les conceptions tout à fait erronées, ne pouvant absolument pas persuader un esprit éveillé. L'Eglise présentait Dieu dans une forme humaine, alors que l'homme, en quête de valeurs absolues, est toujours en train de chercher à rompre les barrières matérielles.

Sans doute, toute vérité inculquée sous forme de mythe, aura des répercussions négatives quand l'esprit atteindra sa pleine maturité.

De la représentation anthropomorphique de Dieu, et avec le primat de la foi sur la raison prôné par l'Eglise, les intellectuels ont déduit qu'une vue aussi étroite contrastait avec les critères de la science. Et comme ils ne disposaient pas d'autre moyen pour la connaissance de Dieu que les Ecritures et les institutions de l'Eglise, et qu'ils ne pouvaient pas découvrir un système supérieur pouvant à la fois satisfaire les exigences de la science et celles de la foi, le choix était tout fait pour eux. L'idée matérialiste a germé naturellement dans leurs esprits, s'est développée, et a fini par la négation de toute valeur supérieure.

Et cela sans s'arrêter un instant sur ce point que si la religion n'avait pas été falsifiée, n'avait pas été déformée par les interprétations erronées, et mêlée aux superstitions et aux déviations, elle aurait pu servir à libérer les hommes des chaînes de l'ignorance et les conduire à une saisie juste et fidèle des enseignements divins qui fournissent une réponse à toutes leurs interrogations métaphysiques.

Cependant, la forme de religion prévalant alors était trop fautive et présentait trop d'incohérences pour être acceptée. Ils n'hésitèrent pas à la rejeter en bloc. Un préjugé regrettable s'ancra dans leur esprit par lequel ils condamnèrent toutes les religions. Ce qui de leur part était une injustice envers la logique et la raison.

Cette réalité est confirmée par Walter Oscar, le physiologiste et biochimiste de renommée qui dit:

“L'indifférence manifestée par certains savants dans leurs études à l'égard de la question de l'existence de Dieu a plusieurs causes. Citons - en notamment: -Premièrement, la situation politique despotique, les conditions sociales, les mesures gouvernementales, impliquent en général la négation d'un créateur.

- Deuxièmement, la pensée humaine subit l'influence même des illusions et fantasmes. Même si l'individu ne subit aucune sorte de torture physique ou morale, il n'est cependant jamais libre totalement dans son choix et ses préférences.

“La plupart des fils de familles chrétiennes croient dans leur enfance à l'existence d'un Dieu à forme humaine. Pour eux l'homme a été créé à l'image de Dieu. Quand ces personnes entrent dans un milieu scientifique et commencent à y exercer leur profession, ils s'aperçoivent de l'immense écart conceptuel entre l'idée du créateur telle qu'elle leur a été inculquée et les concepts scientifiques rigoureusement et laborieusement établis.

Impuissants à concilier ces deux notions, ils préfèrent chasser de leur esprit l'idée même du créateur.

“La raison essentielle en est que les arguments logiques et les définitions scientifiques ne sont pas à même de changer les croyances précédentes chez ces personnes. D'autre part, elles savent bien que leur notion de Dieu est fausse, ce à quoi s'ajoutent d'autres facteurs psychologiques qui font que l'on est effrayé par l'insuffisance de conceptions religieuses, et que l'on devient indifférent à la connaissance de Dieu.”[31]

Pour cette raison, les savants de cette classe travaillèrent pour trouver des solutions scientifiques tenant lieu de réponses aux questions de l'existence, et ne comportant aucune référence ni mention de Dieu et de la religion. Ils espéraient ainsi extirper à long terme l'espoir des hommes dans la religion, et ôter à celle - ci toute influence dans l'ordre naturel et social.

Chaque fois qu'ils se retrouvaient devant une impasse, ils imaginaient différentes théories pour lui donner une solution, ou encore pour reporter sa solution jusqu'à ce que de nouvelles découvertes scientifiques leur apportent un supplément d'information. Ainsi ils s'imaginaient ne pas céder à la superstition et au charlatanisme. Bien qu'ils se libèraient du polythéisme, ils n'en retombaient pas moins dans l'athéisme.

La croyance au principe premier et la connaissance de Dieu sont un besoin inné. Mais elles ne présentent pas le même caractère de nécessité que les besoins matériels de la vie, que l'homme cherche à satisfaire sans relâche. Elles sont un besoin spirituel tout à fait distinct de la vie matérielle, qui requiert une grande perspicacité, une profondeur de vue.

Il n'y a pas de similarité de nature entre ces deux sortes de besoins.

D'autre part, comme il est plus aisé de rejeter et de renier l'existence d'un créateur invisible que de le reconnaître, ceux qui n'ont pas la capacité suffisante pour sentir cet être invisible, optent pour la voie aisée du reniement et de l'athéisme.

Nous ne pouvons cependant pas perdre de vue les suggestions des faux - religieux menant les gens à la répression de leurs instincts. Ceux - ci, indissociables de la vie de l'homme, ne sont non seulement pas en trop, mais sont aussi une force déterminante et un facteur de croissance et de mouvement dirigeant l'homme vers l'objectif qui lui a été assigné dès sa création.

Pourtant, de même qu'il ne faut pas, à l'instar d'un prisonnier totalement soumis à son geôlier, se laisser aveuglément conduire par son instinct, il ne faut pas non plus se comporter en tyran à l'égard de ses forces intérieures, et tuer tout désir instinctif. Au contraire, étant donné qu'une fonction ne pourrait être fructueuse que lorsqu'elle s'exerce librement bien que de façon contrôlée, la répression totale des instincts ne causera que la destruction de la personnalité.

Au Moyen - Age, la conception du monde prévalant dans le christianisme se tournait entièrement vers l'au - delà et l'obtention des faveurs divines après la mort. Les chrétiens ne considéraient l'ici - bas que comme absurde et futile.

Quel serait alors le rôle d'une religion sacralisant la vie cloîtrée et l'isolement, dans l'édification et l'amendement de l'homme et de la société? Cette religion qui a présenté le mariage et la formation de famille -sans lesquels il n'est point de perpétuation de l'espèce- comme une souillure, et la pauvreté matérielle comme le bonheur.

La mission de la religion, à notre sens, n'est pas de tuer l'instinct, mais de le canaliser, de lui délimiter le domaine de son libre exercice, en lui évitant les écueils de l'abus dans l'un ou l'autre sens.

En maîtrisant ses instincts, et en œuvrant sans cesse de façon à s'émanciper de ses chaînes, l'homme a pu se frayer une voie vers la réalisation de ses objectifs, volontairement et en toute liberté. Autrement, il n'aurait jamais eu la possibilité d'accéder facilement à la connaissance de son être intime, en raison des conflits engendrés en lui par les instincts non conditionnés par une éducation pluridimensionnelle.

D'une part, l'homme subit l'attraction intérieure de la religion qui lui recommande de surmonter tous ses désirs et d'orienter ses forces dans le sens du bien et d'autre part, il est toujours sous l'influence de ses instincts.

Une société ou l'on inculquerait, au nom de Dieu et de la religion, que la voie du bonheur passe par le renoncement aux biens de ce monde, susciterait forcément une réaction opposée, car l'homme ne pouvant s'imposer une privation si rigoureuse finit par céder totalement aux revendications de ses instincts et à écarter la religion.

Or, tout cela n'a rien à voir avec la logique authentique de la religion qui est de préserver l'homme de l'asservissement aux instincts et de l'aliénation par l'attachement servile aux choses matérielles. Elle veut élargir l'horizon de vue jusqu'au royaume de l'invisible, en cultivant en lui les valeurs morales et spirituelles qu'offre la foi en Dieu, tout en lui permettant de jouir largement des biens matériels.

Certains s'imaginent que le bonheur consiste dans la transgression des interdits religieux, que la religion combat toute sorte de plaisir, et que Dieu offre à l'homme le choix entre l'un ou l'autre monde: l'ici - bas ou l'au - delà. Or, cette conception de la religion est erronée et contraire à la réalité

Si la religion veut jouer un rôle dans la bonne orientation des hommes, c'est parce que la soumission aux instincts et passions et leur relâchement inconditionnée ne peuvent que faire leur malheur, et les faire chuter de leur rang élevé à un rang plus bas que celui de l'animalité. D'où les interdits promulgués par les lois célestes et d'où aussi la dépendance entre le bonheur ici - bas et celui de l'au - delà.

Il en va de même pour les devoirs et les responsabilités qu'elle édicte. Les exercices et les rites qu'elle impose visent avant tout à changer l'homme, non à réduire ses jouissances mondaines.

Les rites d'adoration sont comme une vague puissante qui soulève les eaux dormantes du cœur, pour les transformer et y insuffler la vie. Ils sont la clef de voûte de l'édifice religieux, des actes et des exercices très lourds dont l'influence va jusqu'au tréfonds de l'âme, et éradique les bases du vice et de la bassesse. Ils haussent les esprits aux sommets de la perfection. Il n'y a point de contradiction entre le spirituel et le temporel, le bonheur spirituel conditionne le bonheur matériel.

Les préceptes défectueux du christianisme ont eu une influence négative sur Russel au point de lui faire écrire:

“Les enseignements du christianisme mettent l'homme face à deux malheurs, à deux frustrations: ou bien le malheur dans ce monde et la privation de ses jouissances, ou bien le malheur de l'au - delà avec la privation de ses délices. L'Eglise considère que l'homme doit forcément supporter l'un ou l'autre des deux malheurs. Celui qui se résigne au malheur de ce monde et s'en prive, jouit en échange des délices du paradis; et celui qui désire jouir des plaisirs de ce monde, se prépare pour les frustrations de l'au - delà.”

La diffusion de ces idées qui présentent la vision religieuse comme une vision superficielle a beaucoup déterminé le sort de la religion dans notre siècle.

L'impact laissé par cette représentation fausse de la religion dans les mentalités est trop fort pour être abordé succinctement. La tendance au matérialisme est due, sciemment ou inconsciemment, à cette erreur d'appréciation du message religieux.

L'homme n'est nullement condamné à supporter l'un ou l'autre des malheurs. Il lui est même possible de réunir les deux bonheurs d'ici - bas et de l'au - delà. Pourquoi Dieu qui est si clément et si généreux, ne le voudrait - il pas à ses créatures?

Le dernier facteur à l'origine du développement de la pensée matérialiste est celui de la concupiscence, où l'on s'abandonne sans retenue à ses penchants les plus bas. Comme l'action a pour base l'intention et qu'inversement, l'intention ou la pensée donne un sens à l'acte, il va de soi qu'un homme dépravé et corrompu finit par tuer en lui - même les sens du vrai et du beau.

Il perd progressivement le sens du divin et du sublime. Comme il s'est choisi un autre critère dans la vie et ne pense qu'au monde, refusant même de comprendre qu'il a été créé pour un but déterminé, il est tout entier tourné vers les plaisirs et la débauche. Les racines qui devaient alimenter son âme pour l'élévation vers la perfection tarissent et meurent.

De même, la croyance en Dieu est comme une graine qui a besoin d'un sol et de conditions déterminées pour germer et se développer. Dans un milieu favorable, moralement sain et protégé, la foi avance plus vite et plus facilement et sans dévier de sa source. Autrement, elle est menacée d'étouffement et de stérilité.

Le tumulte de la vie, le rythme accéléré des évènements, le développement vertigineux de la technologie, l'abondance des richesses et des possibilités de jouissance, la multiplication des beautés factices et critères sans cesse changeants de la personnalité, ont créé une confusion dans l'esprit des hommes qui n'ont plus le temps ni moyen de penser à eux - mêmes. Ils résistent de toute leur force à l'idée de religion, et refusent de se soumettre à tout système incompatible avec le train de vie moderne, et surtout qui viendrait contredire ses intérêts matériels.

Par conséquent, dans un tel environnement il ne peut demeurer de la religion que le nom et les gestes

Des hommes fourvoyés par la concupiscence et le monde ne peuvent pas être en même temps en quête de Dieu. Quand l'une de ces deux tendances prévaut, l'autre lui cède le pas. L'adoration de Dieu gouvernera de nouveau les hommes quand la domination des instincts sera rompue et qu'un effort soutenu chassera de la direction des esprits le démon matérialiste, et que se réalisera le modela achevé de l'émancipation de l'homme des chaînes de la nature.

Plus l'objectif sera élevé et éloigné, plus il demandera d'effort. Si nous nous fixons Dieu pour objectif, la voie pour y arriver est droite et infinie. Mais le choix d'un tel objectif aura pour effet de trouver des réponses à bon nombre de questions et de problèmes qui encombrent l'esprit.

En acceptant Dieu comme but on surmonte la contradiction entre la perfection et la liberté. Toutes les peines et difficultés que supportent les hommes pour réaliser la perfection recevraient leur sens authentique dans la croyance en la vie éternelle. La perfection par l'adoration de Dieu n'est pas contradictoire avec la liberté, et n'est pas une source d'aliénation.

C'est en réalisant notre perfection volontairement et en connaissance de cause que l'on peut prétendre à la libération de soi et non en se laissant déterminer par la contrainte de l'Histoire ou de la nature.

L'obéissance de l'homme à la nature est en effet une aliénation, et toute perfection qui se réaliserait en se conformant obligatoirement à elle, n'est qu'obéissance aveugle.

Ainsi, nous découvrons dans l'école matérialiste qui voit la perfection et le bonheur dans la liberté, au sens de l'émancipation à l'égard de la nature, une contradiction entre la liberté et la perfection. Quelle sorte de perfection serait celle qui épuiserait toutes les énergies de l'homme sans rien lui donner en contrepartie?

L'effort -même avec des mobiles humains- n'est il pas une vanité pour celui qui ne croit pas au principe créateur, même s'il est fructueux et utile pour la société. Si mon sacrifice pour la promotion de l'espèce humaine, ne me rapporte rien, et ne me laisse rien espérer, il serait contraire à la liberté et à la raison.

Quand les chefs de file du matérialisme prétendent que la contradiction entre la perfection et la liberté est un problème perplexe, ils n'envisagent pas la perfection divine mais seulement la perfection matérielle, qui est en réalité dépourvue de but.

Notes:

[31] Livre de poche, pp 160 et 161, édition Plan.

L'idée de Dieu profondément ancrée en l'homme
Hormis cet ensemble complexe que constitue son corps physique, l'homme possède une vaste série d'activités vitales qui ne se réduisent jamais aux mécanismes organiques Pour la connaissance de ce domaine métaphysique il faut enquêter dans son fond psychologique pour entrevoir au-delà de ses activités physiologiques les larges horizons de la structure de la nature humaine, et les manifestations les plus sublimes de ses sentiments et instincts.

Il existe en l'homme certaines formes de perception spécifiques inhérentes à sa nature, qui ne dépendent d'aucun agent extérieur.

Avant que l'homme naturel n'entre sur la scène de la science et de ses débats, il pouvait en se servant de ses potentialités innées, connaître les réalités. Mais quand il foule le domaine scientifique et philosophique et que son esprit s'encombre de différentes preuves et arguments, il se peut que son pouvoir inné s'étiole et se perde dans l'oubli , ou qu'il vienne à douter de sa validité. C'est pourquoi nous voyons que les divergences surgissent entre les hommes qu'ils écartent leur nature primordiale de la connaissance de la foi.

Dans ses manifestations initiales, l'attraction pour la religion et la foi prend sa source dans les motivations instinctives et les perceptions inhérentes, puis elle croît et se développe par la raison et la pensée. Les racines des sens primordiales sont à ce point profondes et en même temps manifestes et claires que si un homme lavait son esprit et son âme de toute pensée et imagination antireligieuse et qu'il se concentrait sur soi-même et l'univers, il réaliserait parfaitement qu'il se dirige aux côtés des autres créatures, vers un même objectif.

Sans qu'il l'ait voulu ou souhaité, il a commencé à vivre. Puis encore sans le vouloir, il s'est dirigé vers une destination inconnue.

Et c'est une réalité qu'il observe, avec une méthode et un ordre précis, chez toutes les créatures.

En examinant les conditions qui l'entourent un homme clairvoyant éprouvera mieux l'existence d'une force immense régissant le monde et lui-même.

Il découvre l'existence de la science, de la force et de la volonté en lui-même qui n'est qu'un élément infiniment petit de l'univers infiniment grand. Il se demande alors: “Pourquoi l'univers ne serait-il pas doté de science, de force et de volonté, comme l'homme?”

Bref, ce qui nous oblige à croire en l'existence d'un ordonnateur de l'univers, du commandement et de la prédestination duquel dépend tout ordre, c'est cette même règle et ce mouvement continu, minutieusement prédéterminée. Car on ne peut expliquer cela autrement que par une volonté agissante.

Quand l'homme évalue sa situation dans le monde, il se rend compte qu'une force invisible et inconnaissable l'a créé, l'a doté du mouvement et le fera disparaître quand elle voudra, sans le consulter ni demander son aide.

Il s'agit là d'un jugement naturel et inné (de la Fitrat), car nulle part et jamais on n'a vu un homme conçu sans concepteur, ni agissant sans Agent.

La recherche de la relation de cause à effet est une opération d'origine intérieure. Et puisqu'on ne peut extirper de l'homme la loi de la causalité, le sens religieux et la quête du créateur sont indissociables de son âme.

Même l'enfant qui n'a encore rien vu du monde détourne son regard vers la source du bruit qu'il entend ou du mouvement qu'il perçoit.

La vie pratique et les fondements scientifiques reposent aussi sur l'acceptation d'une cause à tout effet. La règle de la causalité est à ce point général qu'elle n'admet d'exception en aucun cas.

Toutes les disciplines, la géologie, la physique, la chimie, la sociologie et l'économie, etc… consistent en l'examen des phénomènes, pour en déduire les causes et les effets et en diagnostiquer les relations. Ainsi, il est clair que la science ne consiste en rien d'autre qu'en la recherche des causes, et que l'ensemble des progrès de l'humanité est le fruit de l'effort soutenu des savants pour connaître les causes des phénomènes.

S'il nous était possible de présenter, en exemple, quelque part dans le monde, ou dans une créature quelconque, un cas de création spontanée absolue, nous serions en droit de généraliser à d'autres cas cet exemple.

Certes, il n'est pas nécessaire que la loi de causalité se présente à nos yeux dans sa forme ordinaire

Car la variété des causes est telle qu'il se peut que le chercheur n'ait pas la capacité de les discerner toutes dans le cas d'un incident donné. Mais dans aucun cas, partiel ou total, de nos jours comme dans le passé, un point fortuit ne peut être trouvé, que ce soit au plan individuel ou social.

Quand les sciences expérimentales démontrent que toutes les voies sont fermés à la génération spontanée des éléments de la nature, quand toutes nos expériences, nos sens, nos déductions parviennent à cette conclusion que rien dans la nature ne se produit sans agent et cause, et que tous les évènements reposent sur un ordre fixé et des lois déterminées, il est surprenant de voir certains tourner le dos aux lois scientifiques, aux jugements élémentaires, et aux observations étayées par la raison, et nier l'existence d'un créateur.

En d'autres termes, on peut considérer la nature primordiale (Fitrat) comme l'instinct animal qui aurait évolué et atteint la perfection, et qui se serait émancipé des limites qui le retenaient, de façon à ce qu'il puisse percer le mur du monde sensible et embrasser les secrets de l'inconnu.

Tout jugement et sentiment émanant du for intérieur des hommes, et non d'un système de croyance ou d'éducation sociale particulier, fait partie de la nature primordiale, et ne diffère pas de l'amour de soi, de la relation avec l'Existence et des autres instincts humains, quant à l'authenticité et à l'universalité.

Mais l'éducation et les facteurs du milieu environnant constituent des obstacles à la réalisation et à l'épanouissement de la nature primordiale.

Walter Oscar Lindberg, physiologiste et savant réputé dit:

Les recherches scientifiques de certains savants n'aboutissent pas à la compréhension de l'existence de Dieu à plusieurs raisons, dont l'oppression politique ou certaines situations sociales.

Par conséquent, ce qui procède d'un principe instinctuel est esthétiquement semblable aux beautés naturelles. Et ceux qui sont restés libres tout au long de l'itinéraire originel de la création; et ne sont pas devenus prisonniers de leurs habitudes, et dont la nature n'a pas été altérée par les terminologies et les concepts, perçoivent mieux l'appel intérieur.

On trouve moins d'irréligieux parmi ces derniers que parmi les autres catégories d'hommes. Si quelqu'un leur disait que ce monde n'a pas de but et qu'il est accidentel même s'il prenait soin de garnir ses paroles d'un couvert philosophique, il n'obtiendrait aucune adhésion de leur part, parce qu'ils rejettent instinctivement de telles assertions.

Quand à ceux qui sont familiers des modes de pensée scientifiques, il est possible qu'un tel discours, attirant par son étiquette conceptuelle, jette le doute et l'hésitation dans leur esprit.

Un savoir limité est trompeur, comme des verres multicolores placés devant l'esprit et la nature innée. Ceux qui possèdent un tel savoir voient le monde d'après la couleur de leur science, de leur art et de leur culture, et s'imaginent que toutes les réalités sont comme ils se les représentent à travers leurs œillères.

Evidemment, il ne s'agit pas de faire cesser tout progrès sous prétexte qu'il faudrait éviter les déviations, mais plutôt de ne pas se laisser abuser par le savoir et la technologie que l'on maîtrise.

Beaucoup, en effet ne progressent pas. Ils sont incapable de se servir de leur connaissance comme une échelle pour s'élever intellectuellement, et deviennent prisonniers du cadre étroit de leur savoir acquis et le leurs terminologies et conceptions.

La nature originelle vient aussi au secours de l'homme quand elle perçoit un danger; quand il est aux prises avec des contraintes sévères et de sérieuses difficultés, et qu'il est cerné de toutes parts par les facteurs matérielles, et qu'il n'est en mesure d'accomplir aucune action, noyé dans les tourments, devenu la proie des évènements, au point d'être à un pas de la mort, c'est alors que ce même agent intérieur le guide et le conduit vers un appui immatériel. Il entre en contact avec une puissance qui est au - dessus de toutes les puissances. Il réalise ensuite que cet Etre Clément et Tout - puissant peut lui tendre la main et venir à son secours, énergiquement; et c'est pourquoi, il l'implore pour le tirer du danger, rassuré en son cœur qu'Il a le pouvoir de le sauver.

Même les puissants tyrans matérialistes, qui ignorent la souveraineté et la puissance infinies de Dieu, oublient tout ce que leur milieu et leurs doctrines athées leur ont enseigné en matière de religion, dès qu'ils sentent l'imminence du danger et voient que l'étau se resserre autour d'eux et jurent du fond de leur cœur qu'ils acceptent un principe créateur, source de tout pouvoir.

L'histoire est riche en exemple de personnes dont le miroir de la nature primordiale a été nettoyé de ses impuretés par des épreuves dures et pénibles, et qui du fond de leur âme ont appelé le Créateur sans égal.

Diderot qui est l'un des grands philosophes matérialistes français, a écrit en conclusion d'un ouvrage consacré au principe de la matière et du matérialisme, des phrases où il invoque le Créateur et lui demande pardon, phrases qui lui ont été inspirées par une réaction de sa nature primordiale et de sa conscience:

“Mon Dieu! J'ai commencé mon propos par la nature que les croyants pensent être Ton œuvre, et je finis par Toi que les gens de la Terre appellent “Dieu”. Mon Dieu, je suppose que Tu existes, que Tu es témoin de mon état, et conscient de mon for intérieur. Si j'apprends que dans le passé j'ai agi contre Ton commandement et contre ma raison, j'en serai navré et je le regretterai. Mais je suis serein pour l'avenir, car il suffit que je reconnaisse mon péché pour que Tu le pardonnes.

Dans ce monde, je ne Te demande rien, car ce qui doit y être, y est, soit par Ton commandement soit par la loi de la nature. Mais s'il y a un autre monde, j'y attends de Toi une récompense, bien qu'ici-bas ce que j'ai fait je l'ai fait pour moi- même.”[6]

Outre les sources intérieures se trouvant en l'homme et l'aidant à bien saisir les réalités pour qu'il puisse choisir sa voie dans l'entière liberté et loin de tous les préjugés, contraintes et impositions, il doit y avoir un facteur d'orientation externe à lui, pour renforcer sa nature et son intelligence, pour maîtriser les éléments de rébellion et les extrémistes, et préserver aussi l'esprit et la nature de toute déviation, et la sauvegarder contre toute adoration et soumission aux fausses idoles.

Les prophètes ont été suscités pour orienter l'homme vers le sens subtil de sa nature primordiale, canaliser son penchant pour Dieu dans une voie juste, et promouvoir ses aspirations supérieures.

Cette orientation et cette canalisation ne visent nullement à éteindre en lui la flamme de sa volonté créatrice, ni à lui retrancher sa liberté, sa faculté de penser et son libre arbitre, mais constituent plutôt une sorte de soutien aux penchants et motivations positifs, dans la voie du développement et de la perfection, et de l'émancipation de toutes les chaînes, pour que les potentialités innées s'épanouissent et soient utilisées au mieux.

Les premiers à répondre à l'appel des prophètes étaient les hommes purs de cœur et de conscience; alors que rejoignaient les rangs de leurs opposants ceux qui s'appuyaient sur leur richesse et leur puissance éphémères, ou qui s'enorgueillissaient de leur savoir méprisable, de leur esprit impuissant et pollué par les illusions, de sorte que ce même orgueil et ces mêmes prétentions devenaient un obstacle à l'éclosion de leurs aptitudes et de leurs facultés sublimes.

“La loi de l'offre et de la demande existe aussi en matière de valeurs morales. s'il n'y avait pas de demande religieuse dans la nature des hommes, l'offre des prophètes aurait été vaine.

Et d'autre part, le fait que l'offre des prophètes a trouvé des acquéreurs, et que leurs conceptions authentiques et fructueuses aient trouvé une si large audience, prouve que la demande en religion est ancrée au fond de l'homme.”[7]

En principe, la base de la prédication des prophètes était plutôt un appel au monothéisme, qu'une démonstration de l'existence de Dieu. Ils réfutaient l'adoration des idoles, du soleil, de la lune, des étoiles etc… pour que leur soif spirituelle inhérente ne soit pas étanchée par de fausses divinités, et que les hommes cherchent plutôt à réaliser les objectifs et les valeurs dans la quête du dieu réel, loin de toute déviation, et sur la voie de la perfection infinie, qu'ils se hâtent dans leur course ininterrompue vers la source de toutes les valeurs et de toutes les vertus, pour parvenir enfin à leurs aspirations.

Par conséquent, le polythéisme et l'athéisme, sous leur forme traditionnelle d'idolâtrie, ou leur forme moderne de matérialisme, résultent tous les deux d'une déviation par rapport à la nature innée. Le progrès scientifique, en particulier au sujet de l'expérience religieuse qui connaît de nos jours un regain dans tous les coins du monde, a donné lieu à des conclusions qu'on peut d'ores et déjà exploiter dans tous les débats.

D'une part, l'histoire des religions, s'appuyant sur des documents importants réunis par les savants en sociologie, archéologie et anthropologie soumet à l'analyse le sens religieux, les structures, les tendances, les habitudes et autres facteurs constitutifs de la société, avec une méthode nouvelle totalement différente des orientations précédentes.

D'autre part, la psychologie investissant l'étude de l'inconscient, entreprise par Freud et poursuivie par Adler et Jung, est parvenue aux profondeurs de l'âme humaine, découvrant ainsi un univers nouveau des forces secrètes et des formes d'appréhension para rationnelles, et ouvrant un champ d'investigation scientifique pour les facteurs irrationnels qui échappent à la volonté, comme le “sens religieux”.

En ce moment, il existe un courant intellectuel qui persuade de plus en plus de penseurs de différentes écoles de ce que le sens religieux est l'un des éléments primordiaux naturels et immuables de l'esprit humain, et qu'il est le mode de perception innée du domaine situé au - delà de la raison.

Vers 1920, un philosophe allemand a pu démontrer que parallèlement aux éléments rationnels “moraux”, il existe aussi dans le sens religieux, des éléments innés ou irrationnels. Et tous les attributs de Dieu, comme la Toute - puissance, la sacralité et la grandeur, concourent à montrer que le concept de “sacré” ne peut être renvoyé à aucune faculté perceptive, et qu'il est autonome et ne procède d'aucun autre concept, et l'on ne peut le confondre avec aucun autre concept rationnel ou irrationnel.

Une découverte propre à notre époque est celle de la “durée”, quatrième dimension de la nature, et intimement lié au corps. Il n'existe aucun corps dans l'univers qui soit en dehors du temps, qui procède lui même du mouvement et de l'évolution.

De même, les savants contemporains ont conclu à une quatrième dimension dans l'âme humaine qui est celle du “sens religieux”, les trois autres étant:

1- Le sens de la curiosité ou la sincérité. Cette soif intérieure est ce même sens qui pousse l'esprit humain, depuis le premier jour, à s'interroger sur les mystères et la connaissance de l'univers, de l'existence et de ses phénomènes variés.

Et c'est cette soif qui a engendré les sciences et les techniques. C'est ce sens qui explique que les fondateurs des sciences, les découvreurs et les savants ont supporté tant de peines et d'épreuves pour lever le voile qui nous cache les secrets de la nature.

2- Le sens du bien, sur quoi reposent les vertus et les qualités spirituelles élevées. Tout homme éprouve en lui - même une inclination à la justice, à l'amour et au sacrifice. Cette tendance authentique crée en somme une sorte d'orientation vers les qualités pures, et de répugnance envers les bassesses.

3- Le sens esthétique qui est la cause de la manifestation des formes et des goûts artistiques et qui exerce une influence profonde dans l'apparition d'une grande partie des phénomènes sociaux.

4- Enfin, le sens religieux ou sacré, qui est la quatrième dimension est un sens primordial; car tout homme, de par sa nature, ressent une attraction pour l'univers métaphysique. Ce concept est indépendant des trois précédents. Avec sa découverte, la conception tridimensionnelle de l'esprit humain a été bouleversée. Car il est démontré que le penchant religieux a une origine propre, et qu'il s'est manifesté même aux époques primitives où les hommes vivaient en prédateurs dans les cavernes.

La prise de conscience du principe de l'existence se fait par plusieurs méthodes. Le concept de “Dieu” répond aux besoins rationnels et irrationnels, de façon que l'esprit acquière par la voie de l'ordre et des signes, une certitude définitive et claire. La nature innée établit un lien avec Dieu par la voie de l'amour et de la nécessité, au point qu'on dirait qu'elle “Le” voie directement, non pas avec l'œil, mais avec l'œil du cœur. La perception de Dieu par la voie du cœur n'a besoin d'aucune démonstration ni preuve.

Bien que la science moderne soit en quête de preuve expérimentale pour compléter sa démonstration, toute sorte de connaissance de Dieu résultant directement de la recherche et de l'argumentation, soit par des arguments rationnels et philosophiques ou des sciences expérimentales et perceptives, constitue un unitarisme démonstratif.

Des savants comme Descartes et Saints Thomas d'Aquin sont arrivés par la raison, la démonstration et la spéculation scientifique à des conclusions probantes dans la connaissance du principe ontologique. Et un mystique français, comme Pascal perçoit le Créateur à partir d'une illumination du cœur, une inspiration venue du fond de sa nature innée. Il dit à ce propos que le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît pas.[8]

De même Einstein pensait:

“Le sens le plus beau et le plus profond qui nous soit permis d'avoir est le sens mystique. C'est lui qui sème dans le cœur la graine de toutes les sciences réelles. Celui qui en est privé, celui qui a perdu la faculté d'étonnement ou de stupéfaction est comme un mort.”[9]

Schopenhauer philosophe allemand du XIXe siècle, reconnaît à la tendance religieuse des racines si profondes en l'homme, qu'il la considère comme spécifique à lui, disant:

“L'homme est un animal métaphysique.[10]

Bien que le sens de la curiosité, le sens du bien, et celui du beau soient tous les trois indépendants et jouent tous les trois un rôle essentiel et déterminant dans la découverte des sciences, de la morale et des arts, c'est le sens religieux qui aplanit le terrain à leur manifestation, et les soutient dans leur développement, et qui s'attribue la plus grande responsabilité dans la résolution des énigmes de l'univers de la création.

Du point de vue d'un croyant, l'existence a été rendue possible sur la base de lois et de plans précis et calculés d'avance. Le sens de la curiosité fonctionne précisément grâce à cette foi en un Dieu ordonnateur et sage, et se déploie et s'efforce pour découvrir les lois et les secrets de la nature construits sur la base d'une chaîne de causes et d'effets.

Will Durant dit:

“Herbert Spencer pense que les magiciens n'étaient pas seulement les premiers hommes de lettres; ils étaient aussi les premiers savants. Ils ont débuté la science dans les observatoires astronomiques, où ils cherchaient à déterminer le temps précis des cérémonies religieuses. De telles informations et données étaient conservées dans les temples, et étaient transmises de génération en génération, au titre de patrimoine religieux.”[11]

Le rôle du sens religieux dans le développement et l'élévation des qualités humaines, dans la modération des instincts, et dans la fécondation des potentialités de la morale et de la vertu, est indéniable. Les personnes qui ont conscience de leur expérience religieuse constatent que la plus importante fonction de la religion est d'aider l'homme à contrôler ses instincts et acquérir un caractère fort et digne de respect.

La pensée religieuse est aussi un des facteurs du développement du sens esthétique, et ce depuis le début de l'histoire, Les générations précédentes ont consacré le meilleur de leurs œuvres artistiques à louer leurs divinités; les magnifiques temples de la Chine, les grandes pyramides de l'Egypte, les statues admirables du Mexique, l'architecture fine et subtile de l'Orient islamique, procèdent tous du sens religieux.

Les psychologues sont persuadés qu'il existe un lien entre la crise de la puberté et l'euphorie soudaine des sentiments religieux. Dans cette phase de la vie, une sorte de tendance particulière se manifeste, même chez des individus qui étaient jusqu'alors indifférents aux questions religieuses.

“Pour Stanley, la limite de ces sentiments religieux se situe au x alentours de 16 ans. Cette période peut être considérée comme une image réduite de la personnalité future de l'adolescent. Ces sentiments permettent au jeune qui se trouve sous l'influence de différentes forces, d'entrevoir que la cause ultime de son existence est dans l'existence de Dieu.[12]

Il n'y a pas de toute que les appels de la nature originelle ne sont perceptibles que dans les cas où rien ne fait obstacle à leur manifestation. Un facteur comme la propagande réduit et entrave le développement des potentialités naturelles et de l'intelligence, bien que cette façon de réprimer n'arrive jamais à déraciner les tendances innées. C'est pour cela que dès que l'agent qui fait obstacle est écarté, les structures originelles reprennent leur activité, et se re-manifestent par l'effort créatif.

Nous savons que plus de soixante ans se sont écoulés depuis la Révolution Communiste en Union Soviétique. Cependant les aspirations religieuses demeurent encore vivaces dans les âmes de vastes couches de la population soviétique, et malgré tous les efforts déployés tout au long de cette période par ceux qui détiennent le pouvoir pour enrayer la religion, ils n'ont pas encore pu en venir à bout dans les cœurs des hommes.

Par conséquence l'existence d'idées matérialistes dans le monde ne constitue pas un argument contre l'innéité de la foi en Dieu. Cet éloignement et cette scission par rapport à la voie naturelle, propre à une doctrine particulière et exceptionnelle par rapport aux doctrines et aux nations différentes, ayant des croyances métaphysiques, ne peut jamais, de nos jours comme par le passé, être considérée comme une réfutation de la connaissance naturelle de Dieu, parce que de telles exceptions existent en toutes choses.

Mais ce que l'on peut déduire de l'histoire, c'est que les bases de cette école de pensées ont été jetées aux VIIe et VIe siècle d'avant l'ère chrétienne. Les partisans de l'école matérialiste étaient successivement:

- Thalès, philosophe grec né en 622 avant J - C et mort en 560 ou 567.

- Héraclite: 535- 475.

- Démocrite: 540.

- Epicure: 346.

Malgré cela, on ne peut pas attribuer la paternité du matérialisme à ces derniers, parce que certains penseurs comme “Bangoun” ne partagent pas cette opinion; ce dernier, écrit dans son ''Histoire de la Philosophie” à propos de Thalès:

“Il pensait que les transformations de la matière se font sous l'influence de facteurs spirituels.”

A propos de Démocrite, il écrit:

“Démocrite n'est pas un matérialiste, il croyait en l'existence de l'âme.”

Bien entendu, le matérialisme moderne n'a commencé à s'élaborer qu'au XVIIIe siècle. Il eut aussi ses partisans même parmi les savants physiciens, bien qu'ici aussi les jugements sont divergents. Par exemple, certains historiens classent Jean-Jacques Rousseau parmi les matérialistes, alors que d'autres le considèrent comme Croyant en Dieu. Il se peut que le matérialisme qu'on lui attribue soit dû à ce que l'on méprise son anticléricalisme.

Farid Wajdi, auteur d'une encyclopédie, cite cette parole de Rousseau à propos du principe de l'existence:

“Plus j'approfondis mon regard sur les évènements que créent la force de la nature, et ce qui survient comme conséquence de ces évènements, et plus je médite sur la qualité des influences réciproques des uns sur les autres, j'acquiers la certitude qu'il faut bien une cause première à la volonté.

Par conséquent, c'est Sa volonté à lui, Dieu, qui meut l'existence, et qui fait revivre les morts. Mais vous direz! Où est - Il? En réponse je dirai: Il existe, dans les cieux auxquels il a imprimé le mouvement, dans les étoiles qu'Il pourvoit en lumière. Il n'est pas seulement en moi, mais aussi dans le troupeau qui paît, dans l'oiseau qui vole, dans la pierre qui tombe, dans la feuille de l'arbre que le vent emporte çà et là; Il est partout. Combien donc sont loin de la raison, ces hypothèses! Ces théories qui supposent que cet ordre merveilleux est le résultat d'un mouvement aveugle de la matière.

Qu'ils fassent ce qu'ils veulent!

Je vois pour ma part un ordre continu dans la création et je ne perçois pas la sagesse qui régit cet ordre. Je ne suis pas de ceux qui pensent que la matière aveugle puisse produire des êtres vivants, que la nécessité aveugle crée des êtres conscients, et que ce qui est privé d'intelligence puisse créer des êtres sages et raisonnables.

Notes:

[6] Les idéaux humains, en persan.

[7] Citation d'un savant.

[8] Pensées.

[9] Le sens religieux (en persan).

[10] Métaphysique de Félicien Chalet.

[11] L'Histoire, Will Durant.

[12] De la série: “Que sais - je” L'adolescence.


1
Le phénomène religieux et l'origine du sentiment religieux Athéisme Le phénomène religieux et l'origine du sentiment religieux
Les études sur la religion occupent une place privilégiée dans les sciences humaines, et figurent toujours comme la question la plus essentielle, dont dépend le destin et le bonheur des hommes, et donnant lieu à des vues profondes et à un savoir sans cesse étendu.

Les savants et les chercheurs ont mis en œuvre des recherches larges et vastes dans le domaine des origines et des motivations du phénomène religieux, chacun approfondissant le sujet du point de vue de sa discipline forte propre, et prononçant du haut de sa chaire les conclusions de son enquête.

En fait la foi et la croyance des hommes ont connu un développement et un perfectionnement progressif avec le temps, à l'instar de leur savoir, et de leurs techniques. Et depuis les temps les plus reculés de la préhistoire, elles ont été une partie intégrante de la composante des sociétés.

Comme par le passé, on ne peut trouver aujourd'hui une société dans laquelle cette question n'est pas posée.

Comme les langues et les modes de vie, la pensée religieuse a subi des changements et des bouleversements, d'une étape à l'autre, réformant et élargissant ses bases intellectuelles et scientifiques. Son cadre n'est jamais resté à l'état primitif et dans une forme figée et inerte dans l'esprit des hommes.

L'examen des raisons et modalités des changements intervenant dans la vie de l'homme, son savoir et sa pensée, ainsi que les enquêtes sur les époques les plus reculées de l'histoire, nous montrent que l'humanité s'est attaché aux croyances, avant de faire l'expérience d'une connaissance parfaite des méthodes de l'argumentation rationnelle.

Par conséquent, la première période des sciences et techniques humaines n'était pas plus achevée que la première période des religions et croyances.

Et nous pouvons affirmer que l'effort de l'homme. Dans la voie de la religion et des croyances est plus long et plus pénible que son effort pour l'acquisition de la science et de la technologie. Parce que la connaissance de la Réalité Suprême, qui est la Réalité du monde et de l'Etre est plus malaisée que la connaissance de toutes les choses que la science et la technique œuvrent à réaliser, et la voie y conduisant est plus pénible.

La connaissance parfaite des grandes vérités est impossible pour les hommes d'une seule époque. La pensée collective demande plusieurs périodes de temps pour parvenir à cette élaboration, et s'en rend apte au fur et à mesure du développement et du progrès des données scientifiques.

La nature du soleil qui est la chose la plus manifeste est demeurée des siècles durant, méconnue des hommes. Différentes interprétations étaient en cours à propos de ses mouvements et effets. Bien que son existence et son rayonnement lumineux ne soient niés par personne, la pensée commune était entachée d'une ignorance profonde à son sujet.

La saisie des vérités majeures est donc impossible autrement que par la voie de l'examen logique, de la démonstration, et de l'analyse de tous les aspects.

Pour cette raison et à cause de la faiblesse de la pensée et de l'étroitesse du domaine scientifique, les superstitions et les mythes religieux parmi les peuples primitifs qui prenaient différentes formes selon les circonstances historiques, ne sont pas une preuve que la religion et son contenu sont dénués de toute vérité, mais montrent au contraire la fusion du principe religieux dans le for intérieur et le cœur des hommes.

Renan disait que “La religion est la manifestation la plus sublime de la nature humaine”[1] et l'on ne peut rien attendre de la science, quand elle étudie la protohistoire, d'autre qu'elle ne découvre en matière de religion primitive que des traces de mythes et superstitions dans les fouilles et excavations archéologiques et paléontologiques.

L'homme de cette ère, bien que constatant le perfectionnement méticuleux des systèmes attrayants et merveilleux de la nature, et bien qu'il ne lui était jamais arrivé de voir un des instruments rudimentaires de sa vie se créer spontanément, n'avait pas la pensée aussi mûre pour appréhender l'unité du système de l'existence, et la relation complète entre les formes de la nature et les différents phénomènes, et pour comprendre que tout l'ordre de l'existence est soumis à la puissance et la volonté d'un principe conscient et puissant, qui n'a aucune sorte de ressemblance avec lui-même et les autres êtres qui lui sont familiers.

Et comme pour lui l'apparition des différentes espèces existantes ne repose sur aucune appréciation ou pensée logique, il s'imagine alors que tout effet a une cause séparée, et de la pluralité des espèces, il conclut à celle des divinités.

En fin de compte, la tendance sacrée et l'inclination sublime et authentique de l'âme sont déviées de leur voie, et au lieu de rencontrer le Dieu Vrai, elles conduisent aux fausses idoles.

Il adore ces dernières, et leur voue un culte; et les qualités qu'il leur attribue sont celles-là même qu'il déduit par comparaison et analogie avec l'âme, c'est- à dire avec lui-même ou les choses entrant dans son univers psychologique, et satisfait ainsi sa conscience.

Quand les mouvements et le comportement de l'homme s'accompagnent de deux spécificités manifestes: l'une authenticité et permanence, et l'autre totalité et généralité dans les individus d'une même espèce, il semble parfaitement logique qu'on en trouve les racines dans le tréfonds de l'âme.

Tout au long de l'histoire et même dans la période préhistorique, l'existence d'un tel phénomène continu sous la forme éternelle et pérenne ne peut pas être considérée comme la cause de rites et habitudes; il est plutôt lui-même un symptôme de la soif innée et du sens de la nécessaire quête du Vrai.

Par conséquent, toutes les croyances religieuses, sous leurs différentes formes et aspects procèdent elles-mêmes d'une source abondante et bouillonnante, en l'occurrence la nature primordiale, qui n'est ni surajoutée, ni accidentelle.

Dans la constitution de l'homme, une aptitude pour l'acceptation de la croyance se crée d'abord, puis la croyance y prend forme. Et ce même penchant intérieur qui pousse la personne à enquêter et à chercher à saisir la réalité, constitue une preuve confirmant la nécessité de con naître la religion.

Mais il n'est pas obligatoire que l'aptitude saine et la condition psychique s'accompagnent nécessairement et toujours de la croyance juste. Comme le corps désire la nourriture, sans que ce désir dépende de la qualité, bonne ou mauvaise des aliments, l'âme aussi est en quête de sa nourriture propre, c'est- à dire la foi et la croyance, et persiste dans son désir de connaître Dieu, et lui adresse des suppliques, bien que cette motivation authentique soit incapable de discerner les croyances justes des croyances fausses.

Les chercheurs sont unanimes sur ce point que les croyances religieuses ont toujours été mêlées intimement à la vie des hommes. Mais leurs avis divergent dans le cas particulier des origines authentiques de la religion et des facteurs ayant joué un rôle fondamental dans leur apparition et leur croissance.

La plupart de leurs jugements ont été exprimés sur la base de recherches dans le domaine des religions mythologiques et des idées non mûries; ces échantillons entraînent naturellement dans l'analyse finale des conclusions hâtives et illogiques.

Il est vrai que dans certaines religions, à cause de l'absence de lien avec la source de la révélation, des facteurs comme les conditions du milieu et d'autres facteurs similaires ont joué un rôle dans leur apparition, leur formation et leur croissance.

Mais il n'est pas logique de considérer que le fondement de l'ensemble des religions et des tendances religieuses précède des conditions matérielles et économiques ou de la peur des éléments naturels effroyables, ou encore de l'ignorance ou des questions relatives.

Sans doute, l'un des facteurs de l'apparition des idées anti-religieuses et du courant athéiste consiste dans l'enseignement incorrect, les insuffisances et les déviations intellectuelles des partisans de certaines doctrines religieuses. Par conséquent, il faudra aussi envisager les spécificités et les différents caractères de chaque religion dans l'étude séparée des motivations des penchants pour elle.

On peut considérer la religion comme régissant tout le réseau des relations sociales, dans la plupart des évènements historiques. Si la religion n'avait pas de fondement, on aurait pu la confiner dans le cadre des motivations matérielles. Mais quel facteur a pu conférer une telle capacité de résistance et de fermeté aux personnalités religieuses dans la voie de leurs objectifs religieux?

Est-ce l'attente de quelque intérêt matériel ou une ambition privée qui leur fait supporter stoïquement l'amertume des épreuves et des malheurs?

Alors ils ont sacrifié pour leurs sentiments et idéaux religieux tous leurs moyens matériels, leurs conforts et leurs ambitions personnelles, et souvent aussi ils ont fait le sacrifice de leur vie.

Par conséquent l'interprétation matérialiste de la tendance religieuse ne se justifie pas. De tels évènements, au contraire, éclairent davantage le caractère inné du sens religieux dans le tréfonds de l'homme.

Le Comte de Noailles dit:

«Il y a eu toujours dans le monde, l'esprit religieux et la tendance à la croyance, la tendance à l'adoration et la tendance à la modestie dans l'invocation, et la tendance à la sublimation de l'âme pour se rapprocher de la perfection désirée, qui est inimaginable et irréalisable.

Cette tendance a un principe religieux car elle est universelle et est la même chez tous les hommes.”[2]

Le célèbre savant, Will Durant écrit:

”La foi est une question naturelle. Elle naît directement de nos besoins instinctifs et sensuels qui sont engendrés par la faim, la conservation de soi, la sécurité et même l'obéissance religieuse.”[3]

Les croyances illogiques n'existent pas seulement dans les questions religieuses, la plupart des sciences véhiculaient à l'origine des idées mythiques. La médecine par exemple a mis des siècles avant de se débarrasser de la magie et des superstitions.

De même la chimie a longtemps végété dans la quête illusoire de la pierre philosophale des alchimistes avant de prendre son essor à l'époque moderne. Nul ne peut prétendre que si l'humanité se trompe dans sa quête d'une chose, elle devrait toujours demeurer dans son erreur, sans même chercher à se frayer une voie vers la vérité.

Les négateurs de Dieu s'appuient sur cette question et veulent en inférer que Dieu est une invention des hommes. Par exemple Bertrand Russel, philosophe anglais, considère la peur des éléments naturels comme étant à l'origine de l'idée religieuse. Il dit: “A mon avis, la religion repose avant tout, principalement sur le fondement de la peur, la peur de l'inconnu. En outre comme je l'ai rappelé précédemment, cette croyance religieuse donne lieu à un sentiment qui fait que l'homme s'imagine avoir un soutien dans ses disputes et ses problèmes, qui le protège contre la peur de la mort, des échecs, des mystères et des choses occultes.”[4]

Cette affirmation n'est qu'une prétention dénuée de toute preuve. Samuel King dit à ce sujet:

“L'origine de la religion est un mystère et l'un des secrets de l'existence. Les savants ont à ce propos avancé des théories innombrables, certaines plus logiques que d'autres. Mais il n'en demeure pas moins que les meilleures de ces théories, au point de vue scientifique, ne sont pas exemptes d'objections, tout en restant logiques. C'est la raison pour laquelle les sociologues divergent gravement au sujet de l'origine de la religion.”[5]

Nous dirons cependant en réponse aux propos de Russel, qu'en admettant que la motivation première et initiale de l'humanité pour croire au Créateur ne soit que la peur, peut-on considérer cela comme une preuve de ce que Dieu est une illusion, et qu'Il n'existe pas?

Y a-t-il une objection à ce que la peur soit un noble pour que l'homme se mette à la recherche d'un abri pour s'en libérer, et parvienne à la réalité?

Si la peur est à l'origine d'un succès, peut-on dire que puisque la peur est la motivation de l'acte ayant conduit à ce succès, il faut nier à ces dernières toutes réalités et le considérer comme illusoire?

Est-il logique d'affirmer par exemple que la médecine n'existe pas, sous prétexte que l'homme l'a inventée à cause de la peur de la maladie et de la mort?

Le fait est que la science médicale est une réalité, que la motivation première pour sa découverte en soit la peur de la maladie et de la mort ou autre chose.

Dans tous les incidents et les évènements de la vie, la foi en un créateur omniscient et omnipotent est un appui et un refuge réel et puissant. Et cela est en soi une question. Que la motivation primordiale de la foi des hommes soit la peur des éléments, et que de ce fait ils se soient mis à la recherche d'un protecteur, cela est une autre question. Et Ces deux problèmes doivent être examinés séparément.

Il n'y a pas de doute qu'au début de son existence, l'humanité s'est trouvée confrontée aux évènements terrifiants de la nature, comme les inondations, les tremblements de terre et les épidémies. Le spectre de la peur jetait son ombre funeste sur tous les aspects de la vie et de l'esprit. L'humanité cherchait un point d'appui qui puisse lui servir d'abri en cas de panique, et de garant de la tranquillité d'âme, jusqu'à ce qu'elle puisse vaincre progressivement, par un effort continu, l'ombre de la peur et de l'humiliation, et qu'elle en triomphe.

Les recherches sur la vie des hommes primitifs, et la découverte de pièces attestant que la peur régnait sur leurs esprits, ne constituent pas un argument définitif que la peur et l'ignorance étaient le seul facteur de l'inclination vers la religion Cette façon de penser témoigne de l'étroitesse de vue de son auteur. Car on peut tirer une conclusion générale des études et recherches historiques quand on a réexaminé et profondément analysé toutes les phases de l'histoire de l'humanité, et non en considérant un seul angle de l'histoire si pleine de vicissitudes.

Il ne faut jamais prendre l'emprise de la peur sur toutes les dimensions de la vie humaine à des périodes spécifiques et déterminées, pour critère de jugement total sur toutes les périodes de l'histoire N'est-ce pas juger hâtivement que de considérer toutes les idées et sentiments religieux des hommes, et la tendance à l'adoration de Dieu à toutes les époques dont la nôtre, comme la cause de la peur et de l'effroi de la suprématie des éléments naturels, de la guerre et des épidémies?

En principe, les hommes les plus croyants ne sont pas les plus faibles. Ceux qui au cours de l'histoire ont hissé haut le drapeau de la religion figuraient parmi les hommes les plus énergiques et les plus intrépides.

Jamais la foi d'un individu ne s'accroît à mesure que s'aggrave sa faiblesse. Et le chef religieux des hommes n'en est pas le plus lâche, le plus incapable et le plus vil.

Peut-on imputer la foi des milliers de savants et de penseurs, à leur peur et leur panique devant par exemple les inondations, les tremblements de terre et les maladies?

Ou bien encore peut-on expliquer leur croyance, aboutissement de recherches logiques et scientifiques ardues, par leur ignorance et leur méconnaissance des causes naturelles des phénomènes? Comment doivent juger les hommes doués d'intelligence?

En outre, l'homme n'incline pas à la religion pour gagner la paix intérieure. Celle - ci est plutôt acquise comme un des fruits de sa foi et de sa croyance.

Selon les savants croyants, l'univers est un système de causes et d'effets déterminés. Et l'ordre précis des choses témoigne de l'existence d'un principe de Science et de Puissance.

Des dessins improvisés et disposés pèle - mêle sur une toile, ne peuvent pas refléter le talent d'un peintre; c'est plutôt un tableau longtemps mûri, et exécuté avec soin et minutie qui pourrait devenir son chef - d'œuvre, et révéler la maîtrise de son art.

D'autre part, ceux qui voient dans les croyances métaphysiques le simple reflet des conditions économiques objectives, et qui s'attachent à montrer un lien direct entre les conditions sociales existantes et la religion, affirment que celle - ci a de tout temps été au service des colonialistes et des exploiteurs.

C'est la classe dominante qui créerait l'idéologie religieuse pour pouvoir en son nom réprimer la résistance des masses populaires exploitées, et s'en servir comme un fer de lance dans l'entreprise de mystification de la classe laborieuse, et amener cette dernière à la compromission.

Sans doute, la religion comme toute autre chose dans ce monde peut faire l'objet d'un mauvais usage. Dès qu'elle sort de sa voie, elle devient un instrument entre les mains des profiteurs rapaces qui cherchent à asservir les peuples.

Mais de tels abus ne doivent pas servir de prétexte aux opportunistes pour clouer au pilon tout ce qui a pour nom religion et croyance. Enfin, il faut séparer les religions authentiques des formes religieuses perverties conçues par les colonialistes et ayant véritablement un contenu d'opium des peuples.

Il est possible que dans beaucoup de sociétés humaines, des conditions économiques défavorables, la stagnation et l'arriération soient accompagnées par une effervescence religieuse. Mais cette simultanéité des phénomènes ne laisse transparaître aucun lien de cause à effet entre eux. Parce que nous constatons aussi qu'il arrive parfois qu'une société en pleine expansion économique et sociale soit aussi le théâtre d'une intense foi religieuse, pendant qu'une autre jouissant d'un même épanouissement matériel demeure indifférente aux croyances métaphysiques. De même, en un lieu de pauvreté et de misère l'astre religieux peut se coucher, alors que dans un autre tout aussi défavorisé, le même astre rayzine dans toute sa splendeur.

Cette absence remarquable de corrélation entre les conditions économiques et l'éclosion ou le déclin de la ferveur religieuse est une preuve manifeste de ce fait que pour découvrir le lien de causalité, la synchronicité n'est pas suffisante.

Il faut aussi une autre spécificité, à savoir que l'émergence et la disparition d'un phénomène dépend de l'existence ou de la non - existence d'un autre phénomène.

Cette non-corrélation, nous pouvons l'observer dans deux sociétés qui sont sous la domination et la répression de la classe possédante. Nous y voyons l'apogée et le déclin du sentiment religieux dans les mêmes conditions sociales; dans l'une des sociétés, la religion est rejetée, et dans l'autre, elle est répandue et florissante.

Autre point, la tendance religieuse n'est pas la cause des frustrations matérielles; c'est plutôt l'abandon et l'indifférence à l'égard de la religion qui est à l'origine du penchant matérialiste et de la propension à l'accumulation.

Ceux qui s'adonnent sans retenue à la concupiscence et aux plaisirs mondains, se moquent de la religion.

Sur ce, les faits tangibles tendent à nous montrer que l'homme est enclin à la religion sous toutes les conditions. Nous devons donc avoir en vue les motivations psychologiques authentiques et les particularités personnelles des hommes, et non les conditions économiques.

En examinant les objectifs des religions célestes, nous parvenons à cette conclusion que la garantie du progrès social et de l'égalité entre les hommes, en matière économique en particulier, est l'une des causes pour lesquelles les prophètes ont été envoyés et pour lesquelles les hommes adhèrent à la religion.

Elle est l'un des intérêts que présente la religion aux hommes.

Notes:

[1] Brève histoire des grandes religions.

[2] La relation entre l'homme et l'univers.

[3] Les plaisirs de la philosophie.

[4] Pourquoi je ne suis pas chrétien, Bertrand Russel.

[5] Sociologie, Samuel King.

La finesse des œuvres de la nature
Considérez un anophèle; regardez - le à l'œil nu, sans microscope, et vous constaterez combien cet être minuscule et insignifiant est en fait extraordinaire par sa structure.

Son corps est doté de tout le nécessaire d'un laboratoire; sa circulation sanguine, son appareil digestif, son réseau nerveux, et son appareil respiratoire. Il fabrique avec une précision stupéfiante les matières dont il a besoin. A présent considérez votre propre laboratoire. Quel en est l'envergure? Quelle quantité d'énergie humaine et d'intelligence y a - t - on investi?

Puis comparez votre laboratoire avec celui de l'insecte. Le votre est beaucoup moins rapide, moins précis. Combien de temps et d'intelligence vous faudra t - il consacrer pour préparer un médicament vous prémunissant des piqûres du moustique?

Pour accomplir une tache donnée, il vous faut tant de calculs, de pensée, de précision. Mais le spectacle de l'ordre parfait régnant dans la nature ne constitue - t il pas une preuve de la sagesse de son créateur?

Est - cette une attitude scientifique de considérer le monde avec toutes ses merveilles et ses précisions comme le produit de la matière ignorante et dépourvue de sagesse?

Les insuffisances que l'on peut parfois relevé dans la nature ne traduisent pas un défaut dans l'œuvre de la création, mais plutôt une incapacité de notre perception et de notre intelligence à comprendre les mystères et les buts ultimes de l'existence

S'il nous arrive de ne pas comprendre la fonction d'un boulon dans une grande machine, aurions - nous le droit d'accuser le constructeur de cette machine d'ignorance et d'incompétence, ou bien ne vaut - il pas mieux reconnaître l'étroitesse de notre perspective?

Le hasard peut - il agir comme la science, c'est - à dire sans comporter la moindre incertitude et la moindre ignorance?

Si la nature, comme se la représentent les matérialistes, ne devait rien à une volonté, pourquoi les hommes se dépenseraient - ils tant pour faire progresser leur travail, au lieu d'imiter la nature et d'accroître leur ignorance?

La réalité qui guide et oriente les actions et réactions ordonnées de l'univers ne peut pas agir sans but ni volonté.

Aprés des années d'efforts ardus, les biochimistes n'ont pu accéder qu'à des matières simples et élémentaires ne comportant pas la moindre trace d'une vie complète. Cette réalisation scientifique a tout de même été accueillie avec des éloges par les milieux scientifiques.

Cependant, personne n'a prétendu que cette réalisation était dûe à un hasard, qu'elle avait été faite sans efforts soutenus, et sans programmation. Alors que certains savants matérialistes continuent d'attribuer tous les systèmes complexes et inextricables de la nature à des facteurs matériels aveugles. De tels jugements constituent autant d'affronts à la logique et à la raison.

Imaginez ce que serait l'épreuve imprimée, si le typographe au lieu d'aligner ces caractères selon un ordre significatif, les ramassait par poignées puis les disposaient aveuglément sur son cadre.

Plus absurde encore, serait de dire que 100 kg de caractères en plomb éjectés par une linotype pourraient, s'ils étaient dispersés par le vent, composer un livre traitant de questions scientifiques et ne comportant aucune erreur.

Une telle fantaisie pourrait - elle avoir des partisans. Que disent les matérialistes athées au sujet de l'apparition des formes diversifiées des caractères de la création et de l'univers, ainsi qu'à propos de l'écheveau des rapports infaillibles régissant les corps célestes, les êtres naturels et tous les corps matériels?

Les caractères qui forgent l'univers (l'atome et ses particules) sont - ils moindres que les caractères d'imprimerie? Et peut - on admettre que ces lettres débordantes de sens, cette disposition bien agencée, et les aspects stupéfiants du livre de la création soient l'œuvre de l'ignorance, sans aucun but, et qu'il n'existe pas dans ce monde une force omnisciente et ordonnatrice?

Si cette force occulte qui se trouve dans les profondeurs de la matière ne procédait pas d'une intelligence supérieure, quel facteur l'aurait donc conduit et guidé vers l'ordre et l'harmonie?

Si cette force était un facteur dépourvu d'intelligence et de volonté, pourquoi n'entrerait -elle pas dans une phase de désordre, et pourquoi la constitution et la structure de la matière ne tendraient elles pas à la collusion et à l'anéantissement?

C'est ici que la foi en un créateur intervient pour donner un sens à l'existence, et un contenu au monde. Les personnes à l'esprit ouvert et conscient ressentent clairement qu'une force infinie exerce un contrôle sévère et une souveraineté absolue sur l'ordre universel.

Dans le passé, les hommes vivaient dans l'autarcie, dans un environnement restreint, et ordonnaient individuellement leurs vies. Pendant de longues époques, il était naturel de rencontrer le propriétaire terrien, le paysan, et l'artisan sur les lieux mêmes de leur travail.

Il en va autrement à notre époque. L'homme d'aujourd'hui a construit des satellites téléguidés, des machines électroniques, des avions sans pilote, et d'autres instruments et appareils automatiques. Et chacun sait qu'il est possible de fabriquer des appareils équipés pour fonctionner au moment voulu en réaction à des phénomènes déterminés, sans que l'on connaisse ou voie le constructeur.

Par conséquent, nous n'avons plus droit de nier le Créateur, sous prétexte que nous ne voyons pas sa main agir directement.

Bien que la comparaison soit défectueuse, on peut affirmer que le constructeur d'un satellite artificiel ou d'un missile, contrôle le mouvement de son vaisseau spatial à partir d'une base terrestre et d'autres moyens aériens. Mais si l'intervention de Dieu dans les affaires du monde n'est pas perceptible à l'œil nu, -et bien que nous soyons témoins des phénomènes et des signes manifestes de la grandeur du Créateur du monde et de l'homme - peut - on ignorer carrément le concepteur absolu, le détenteur exclusif de la puissance et de la volonté, et le coordonnateur de tous les mouvements, pour la raison qu'il ne s'inscrit pas dans le cadre spatio-temporel.

Bien que pour la connaissance d'un être qui ne présente pas d'équivalent dans le domaine des sens et de la conscience et que la langue des hommes est impuissante à définir de façon précise, nos moyens sont forts limités, et l'éclairage de notre intelligence est trop insuffisant, et bien que nos rapports ne se font dans ce monde qu'avec les phénomènes, il n'existe pas d'obstacles à une connaissance objective de cet Etre.

Cependant, certains sceptiques à l'esprit défaillant, et dont le regard est porté exclusivement sur les phénomènes naturels, attendent à chaque instant qu'un miracle se produise à l'encontre de l'ordre naturel, pour qu'enfin ils puissent croire en Dieu, et reconnaissent son existence.

Mais ils sont inattentifs au fait que tout phénomène nouveau ne joue le rôle de preuve de l'existence de Dieu que provisoirement. Avec le temps, sa fonction de motivation finit par s'estomper, il devient habituel et cesse d'attirer l'attention

Car tous les phénomènes ont été à leur début exceptionnel, mais ont fini par faire partie du paysage ordinaire de l'existence.

Mais un être non sensible, en particulier un être plein de majesté, de grandeur et de sacralité, fait que les âmes sont constamment sous son influence, il attire vers lui toute l'attention et l'homme a sans cesse le regard tourné vers lui, plaçant en lui tous ses espoirs.

La persistance de l'esprit d'entêtement et d'absence de logique enserrent l'homme dans un cadre étroit, autrement tout serait clair pour tous les hommes.

“En tant que chimiste, je crois que Dieu veille sur le monde et que la permanence et la stabilité des lois naturelles procèdent de cette surveillance. Au moment où j'entre dans mon laboratoire, je sais, sans le moindre doute, que les lois qui étaient justes hier, seront justes aussi demain, après demain et même jusqu'au Jugement dernier. Autrement, ma vie en laboratoire ne serait rien d'autre que perplexité, doute, et tourment, et l'activité scientifique n'aboutirait à aucun résultat.

Par exemple, si dans mon laboratoire je plaçais sur le feu un récipient d'eau distillé, je sais qu'au moment de l'ébullition, la température de l'eau sera de 100 degrés centigrade, et pour le savoir je n'ai pas besoin d'un thermomètre. Parce que je sais que tant que la pression atmosphérique sera de 76 cm de mercure, l'eau pure entrera en ébullition à 100'. Si la pression est inférieure à 76 cm, moins de chaleur sera nécessaire pour que les molécules d'eau s'évaporent, et par conséquent le point d'ébullition sera inférieur à 100'. Par contre, si la pression atmosphérique est supérieure à 76 cm de mercure, la température d'ébullition sera aussi au - dessus des 100 degrés.

Je peux refaire cette expérience autant de fois que je désire. Quand les chimistes appliquent même dans leur travail quotidien ce rapport entre la pression atmosphérique et la chaleur, ils sont encore plus stupéfaits.

Il en va de même au sujet de toutes les lois régissant l'ordre naturel. Une logique simple commande que c'est un être qui conçoit, réalise et maintient ses lois, et à mon avis, ce concepteur ou cet être n'est autre que Dieu. La foi en l'existence d'un créateur est une réponse satisfaisante au problème de la création du monde et de son ordre stable.”[23]

Notes:

[23] Retraduit du persan in: Pourquoi je ne suis pas chrétien.

Le principe de la causalité
Le principe de la causalité est une loi générale et universel, et aussi le soubassement de tous les efforts pratiques ou scientifiques. Le souci des savants de découvrir la cause de tout évènement naturel ou social s'explique par le fait qu'ils n'acceptent et n'accepteront jamais que quelque chose se produise sans facteur préalable.

Les investigations des savants et des penseurs, partout dans le monde, leur ont permis de connaître davantage l'ordre complexe qui régit la nature. Plus ils ont progressé dans leur savoir, et plus ils se sont persuadés du principe de la causalité. Le lien de cause à effet, et ce fait qu'aucun phénomène ne survient sans un agent est l'un des arguments rationnels les plus puissants, et l'idée la plus impérieuse de l'humanité. C'est aussi une chose tout à fait naturelle, innée, régissant automatiquement au niveau du cerveau, nos actions et réactions.

Même les peuples non - civilisés ont tendance à chercher les causes des phénomènes. Mais comme ils sont privés des moyens d'investigation scientifique, ils justifient les phénomènes en les imputant aux actions des esprits et génies, bénéfiques ou maléfiques.

Même les philosophes voient dans le principe de la causalité une idée découlant directement de la structure mentale innée de l'homme.

Dans cet univers matériel où se déroule notre vie, il ne nous arrive jamais de rencontrer un incident tout à fait forfait, et rien de hasardeux ne s'est jamais produit tout au long de l'histoire, pour que nous puissions au moins reconnaître aux choses un caractère accidentel.

La précision, le calcul et la mesure naissent de la pensée, de la volonté, de la force et de la capacité constructive et efficace, qui agissent sur la base d'un projet ou d'une intention. Alors que ce qui procède d'un facteur dépourvu d'intelligence révèle dans tous ses aspects le désordre et la confusion. Comment peut - on imputer au hasard cet ordre et cette merveille qui gouverne la nature depuis l'aube de l'existence à nos jours?

Cet ordre peut - il être le résultat d'un coup de dés? Quelle science de la nature ou quelle science humaine ou encore quel homme peuvent - ils affirmer qu'un moindre évènement s'est produit sans cause ni raison?

La chaîne des causes et des effets remonte à l'infini; et l'incapacité de discerner la cause première ne doit pas servir de prétexte pour la nier, ni pour décider qu'une telle cause est le premier chaînon.

Si le monde n'était pas le produit d'un esprit sage, profond et puissant, d'une volonté consciente, et s'il n'avait été conçu par un ordonnancement ingénieux qui le préserve de tout écart et de toute déviation aux normes de la création et des lois qui le régissent, il serait à tout instant, et dès son apparition, exposé au danger d'anéantissement. Parce que si un phénomène se produisait incidemment dans une des phases de la constitution de l'être, il contribuerait beaucoup à l'anéantissement de l'univers. Car le moindre désordre dans l'équilibre des éléments, et la disharmonie la plus simple qui s'y ferait jour dans le rayonnement solaire ou dans les lois universelles suffiraient pour causer un télescopage des galaxies, une explosion suivie d'un anéantissement.

Si l'apparition du monde résultait d'un hasard, pourquoi alors l'explication matérialiste reposerait -elle aussi sur la base d'un ordre, d'une prédétermination, et de l'absence du hasard?

Si tout l'univers n'était dû qu'au hasard, quelle chose est survenue qui ne lui devrait pas son existence

Si une chose survenait autrement que par le hasard, quelles en seraient ses propriétés et ses spécificités pour les confronter avec les divers phénomènes du monde?

Alors que dans l'existence, on ne rencontre rien qui soit né spontanément. Et dans l'atelier de la création, rien ne se voit qui ne témoigne de la raison, de la minutie de son auteur. Et d'autre part ce sont les particularités de l'effet qui nous orientent toujours vers les particularités de l'agent de cet effet.

Si c'est le hasard qui est à l'origine de l'ordre et de l'harmonie, toute chose planifiée à l'avance devrait être confuse et décousue, parce que les concepts d'ordre, de plan et de calcul s'opposent au hasard.

Par conséquent l'hypothèse du hasard, comme fondement et mobile de l'ordre universel n'est compatible avec aucune preuve ni argument scientifique, et ne peut aucunement être acceptée comme solution définitive du problème de la structure de l'être.

L'usage fréquent à propos de certaines questions du vocable de hasard est tout à fait provisoire, car il traduit une me connaissance de la cause et non un jugement définitif. On continue de s'en servir jusqu'à ce que la cause se révèle au savant; après quoi, il est abandonné.

Francis Bacon, grande figure du mouvement scientifique européen dit:

“Il se peut que je croie en toutes les légendes, mais je ne saurais accepter que la base de cet univers a été construite sans conscience et sans science.

Seule une philosophie superficielle pourrait entraîner l'humanité à l'athéisme. Une philosophie profonde serait celle qui dirigerait l'homme vers la religion.

Car celui qui a vu les causes proches et ne pousse pas plus loin, il se peut qu'il ne professe aucune foi en Dieu. Mais s'il considère la chaîne des causes et des effets dans son ensemble il ajoutera finalement foi à la volonté divine, éternelle et unique.”[20]

Il convient ici d'évoquer les propos échangés un jour entre Newton et un de ses amis matérialistes. Il avait commandé à un mécanicien habile et de talent de fabriquer une maquette du système solaire.

Les planètes en étaient représentées par des boules qui se mouvaient toutes en même temps grâce à une courroie, autour d'un noyau représentant le soleil.

Un jour donc Newton reçut la visite d'un ami professant des idées matérialistes. Dès que celui - ci entra, son regard fut attiré par la maquette qui l'éblouissait par la perfection qui s'en dégageait. Quand il en déclencha le mouvement, il vit les petites planètes entamer leur mouvement autour du soleil. Il ne put contenir son admiration:

“Quel travail parfait, qui est - ce qui l'a fabriqué?:

Newton répondit: “Personne! Il est venu par hasard”. Le savant matérialiste dit: “Mr. Newton, je crois que je ne me suis pas fait comprendre. Je vous ai demandé quel mécanicien est l'auteur de cette maquette, et qui en a fourni les plans?” Newton répondit: “J'ai parfaitement entendu votre question, et c'est en réponse que j'ai dit que personne n'en était l'auteur et que cette maquette s'est trouvée ici d'elle - même.

Ses atomes et ses molécules se sont rassemblés ici, et ont pris par hasard la forme qui est en ce moment devant vous.” L'autre avala sa salive et dit: “Mr. Newton, vous vous imaginez peut - être que je suis assez sot pour que j'attribue au hasard la fabrication d'une œuvre qui ne peut être conçue que par un maître?”

Newton s'approcha alors de son ami, le prit par les épaules et lui dit: “Cher ami, ce que vous voyez et dont vous cherchez à connaître le fabricant n'est rien d'autre qu'une maquette. Une maquette qui est l'imitation d'un système réel énorme le système solaire. Cependant, vous n'êtes pas prêt à admettre que cette maquette ne doit son existence qu'à elle - même; qu'elle ne la doit pas à un artisan habile, savant, et qui est conscient de ses gestes. Pourquoi alors persistez - vous à croire que le système solaire, avec toute sa complexité, son énormité et son étendue n'a pas de créateur puissant et savant? “Le matérialiste demeura confus et silencieux.

Notes:

[20] Cité in: les univers lointains, du savant allemand Burgel.

Le principe premier est sans cause
Les partisans du matérialisme sont très pointilleux sur la question de l'argument de l'absence de cause pour l'existence de Dieu qu'invoquent les croyants. Ils disent que si l'on accepte le créateur et qu'on voit en lui la source de toute l'existence, pourquoi le Créateur ne serait - Il pas Lui aussi sous la loi de la causalité.

Bertrand Russel a déclaré lors d'une conférence tenue à la société nationale laïque à Londres:

“Un jour que je lisais à l'âge de 18 ans l'auto biographie de Stuart Mill, mon attention fut attirée par une de ses citations:

“Lorsque j'ai demandé à mon père:” “Qui est notre créateur”, il ne m'a donné aucune réponse, parce qu'immédiatement la question allait se poser:

“Qui a créé Dieu?”! Russel poursuit: Aujourd'hui aussi, quand je pense à cette phrase banale, je m'aperçois qu'elle exprime un sophisme au sujet de la cause première, parce que comme toute chose doit avoir une raison ou une cause, l'existence de Dieu devrait aussi avoir une cause. Et si quelque chose devait exister sans cause ni raison, cette chose pourrait être Dieu ou l'univers. Par conséquent la discussion est sans intérêt.”[24]

Malheureusement certains philosophes théistes de l'occident ont été eux aussi incapables de résoudre cette question. Herbert Spencer, philosophe anglais, écrit à ce propos:

“Le problème consiste en ce que d'une part la raison humaine cherche pour toute chose une cause, et que d'autre part, elle se refuse au cercle vicieux et à la chaîne ininterrompue de la causalité. Elle ne trouve pas la cause, et ne la comprend pas. Comme au prêtre qui dit à un enfant: “C'est Dieu qui a créé le monde”, l'enfant demande: “Qui a créé Dieu?”

Ailleurs, il écrit:

“Le matérialiste s'efforce de croire que le monde a une existence intrinsèque, sans cause, et éternelle. Mais nous ne pouvons croire en quelque chose qui n'a pas de commencement, et de cause.

Le croyant, fait à ce sujet un pas en arrière et dit: “C'est Dieu qui a créé l'univers”, et l'enfant soulève une autre question qui demeure sans réponse: “Qui a créé Dieu?”

Nous renvoyons cette objection aux matérialistes mêmes. Nous leur demandons: si nous suivions la chaîne de la causalité, nous arriverions à la première cause; disons qu'elle n'est pas Dieu, mais la matière. Mais alors dites - nous qui a créé la materia prima, la matière originelle?

Toute chose est l'effet de la matière, dites - vous. De quelle chose la matière est - elle l'effet?

Vous affirmez que tout évènement procède de la matière - énergie; quelle est alors la cause de la matière - énergie.

Tenant compte de ce que la chaîne des causes et des effets ne peut pas être infinie, il ne peut y avoir d'autre réponse, que de dire que la matière est un être infini et éternel qui n'a pas besoin de cause; et auquel on ne peut déterminer un commencement. La matière aurait aussi existé depuis toujours, et ne connaît ni fin ni commencement et son existence émane d'elle - même et de sa propre nature.

Nous vous rétorquerons alors qu'ainsi vous admettez le principe du non - commencement et de la prééternité, et vous soutenez que toutes les choses procèdent de la matière éternelle, que l'existence aussi a surgi d'elle, sans qu'elle - même ait eu besoin d'un producteur.

Au cours de la même conférence, Russel évoque ce point et dit:

“Il n'y a pas non plus de preuve que le monde ait eu un commencement. Penser que les choses doivent avoir un commencement naît en fait de la pauvreté de notre représentation.”[25]

Tout comme M. Russel considère la matière comme éternelle; les croyants attribuent cette même qualité d'éternité à Dieu.

Par conséquent la croyance en l'existence d'un être éternel est commune aux philosophes matérialistes et théistes. De même, les deux groupes acceptent l'idée d'une cause première. Leur divergence consiste en ce que pour les théistes, la cause première est douée d'intelligence et de volonté, alors que pour les matérialistes, la cause première n'a rien de tout cela.

Donc, la négation de Dieu ne résout pas le problème de l'éternité.

Outre cela, la matière est sujette au changement et au mouvement. Son mouvement est intrinsèque et dynamique. Or l'éternité ne s'accorde pas avec le mouvement intrinsèque. La matérialité et l'immutabilité sont deux propositions contradictoires, et ne peuvent coexister dans une même chose. L'essence est toute entière immuable. Il est impossible qu'elle soit affectée par le mouvement.

Comment alors les partisans du marxisme qui reconnaissent que la matière est accompagnée de son anti - thèse peuvent - ils justifier aussi son éternité?

Eternité signifie immuabilité intrinsèque et non anéantissement alors que la matière est de par sa nature un ensemble de forces et d'aptitudes, la relativité même, un cycle de vies et de morts.

L'éternité ne s'accorde aucunement avec le mode d'existence de la matière et de tout ce qui participe à sa nature. Quand les croyants acceptent un principe absolu et immuable, ils ne le font qu'au sujet d'un être ayant les qualités d'absoluité et de permanence. Or la matière, a entre autres particularités, celle de refuser la permanence et l'éternité, et d'être en mouvement constant et relatif, ce qui est en opposition totale avec la perfection et l'absolu.

Notes:

[24] Pourquoi je ne suis pas chrétien.

[25] Deux mille savants à la recherche de Dieu (en persan).

L'être dépendant a besoin d'une cause
Quand nous disons que l'existence d'un être est impossible sans une cause, cela s'entend pour un être imparfait, qui dépend à tout point de vue de sa cause, et dont l'existence n'est stable que tant que le sera sa cause, et non de tout être, même ne présentant aucun aspect d'insuffisance et de limite.

La cause première est ainsi dite en ce qu'elle est dotée d'une existence parfaite et infinie, en ce qu'elle ne subit la loi d'aucun facteur. Elle est inconditionnée, non - limitée par aucune contrainte, et ne présente jamais les signes de changement et de transformation.

Le sens de la cause première, et l'indépendance de Dieu à l'égard de la causalité ne doit pas être compris dans ce sens que Dieu fait exception à la règle de la causalité, parce que Dieu n'est pas un effet pour qu'il ait besoin de cause, ni un phénomène de l'existence émanant de cette source éternelle. Par conséquent, la loi de la causalité ne s'applique que pour les êtres qui sont issus du néant.

De même la cause première ne signifie pas qu'elle s'est instaurée elle - même, qu'elle est sa propre cause. Par conséquent, la raison pour laquelle l'effet a besoin de la cause, dans le genre et le mode d'existence, réside en ce que l'existant a besoin de la cause non en tant qu'il existe, mais en tant que son type d'existence est dépendant et relatif.

Autrement, tout existant dont la nature est inconditionnée et ne présente aucun signe de dépendance et de relation avec un autre existant, ferait exception à la règle de la causalité.

Donc, si un être, de par sa perfection intrinsèque et de par son caractère nécessaire, n'a pas besoin de cause, il ne peut plus subir l'action d'aucune cause quelconque.

L'existence de la cause première se confond totalement avec son essence. Son caractère même de cause première fait aussi partie de son essence. Ces deux particularités n'ont pas besoin de cause, contrairement aux choses qui ont reçu l'existence comme un emprunt, parce que ce sont le changement, la transformation, l'émergence à partir du néant, et l'entrée dans la scène de l'existence qui créent le besoin de la cause.

Comment peut - on s'imaginer que la croyance en l'existence de Dieu revient à tomber dans la contradiction, mais que considérer la matière comme dénuée de cause originelle n'est pas contradictoire?

Nous vivons dans un monde où tout tend à la transformation, au changement et à la mort. A tout point de vue, ce monde présente des signes évidents de périssement, de dépendance, de fragilité.

Le besoin et la nécessité sont enracinées chez nous autres humains et chez tous les êtres de la nature jusqu'au tréfonds de l'âme, parce que notre existence, n'est par éternelle.

Notre existence n'a pris forme et vie que par la volonté de l'Etre.

Par contre, ce qui est éternel et permanent, qui puise son existence de soi - même et non d'autrui et dont le moment d'apparition ne se situe pas dans le temps, est évidemment indépendant de toute cause.

En philosophie, le terme de cause est employé pour désigner ce qui suscite quelque chose appelé effet, à partir du néant, et le revêt de la forme existentielle. Les causes d'ordre matériel n'ont pas le pouvoir de “créer.” Tout ce dont la matière est capable, c'est de prendre une nouvelle forme, lorsqu'elle a perdu la précédente.

Il est vraie que l'être matériel change d'identité à chaque instant, mais ce mouvement de son essence montre seulement que la matière a un besoin permanent d'une aide extérieure pour la faire mouvoir, et cette aide ne provient que de la force qui conduit et guide toutes les choses dans ce monde.


2
La chaîne de causalité... à l'infini Athéisme La chaîne de causalité... à l'infini
Si les matérialistes, persévérant dans leur erreur, usaient de subterfuge en soutenant cette fois -ci que pour eux la chaîne des causes et des effets s'étend à l'infini, qu'elle ne connaît pas de commencement, il faudrait leur répondre: qu'envisager ainsi les choses revient à considérer la série de causes et d'effets: chaque cause étant elle - même causée n'a pas d'existence intrinsèque, et sans la cause qui la précède aucune cause n'a d'existence propre.

Par conséquent, la question se pose de savoir comment chaque chaînon de cette série régie par la nécessité et la dépendance pourrait venir à l'existence à partir du néant? D'où vient l'existence de ces choses qui sont toutes des accidents et des manifestations de la précarité? Comment l'existence en général qui est le plus grand phénomène de la nature pourrait - elle être composée d'une infinité de néants? Se peut - il que la vie naisse de l'association d'innombrables agents de la mort?

Aussi loin qu'on puisse la faire remonter, cette chaîne de causalité, par le fait même qu'elle est toute entière causée, présentera des caractères d'accident et de dépendance. Et cette chaîne n'aura d'existence réelle que si elle acquerrait le caractère d'autosuffisance et d'absolu, ce qui caractérise l'existence divine qui est, si l'on ose le dire, la cause sans cause. Et tout le système de la création ne pourrait être expliqué qu'en reconnaissant l'existence d'un être inconditionné qui est la cause de toutes les choses, et qui est le fondement de toute l'existence.

Supposez que dans une bataille l'ordre soit donné à la première ligne des combattants de donner l'assaut contre l'ennemi, et qu'elle refuse d'obéir en exigeant que la deuxième ligne attaque d'abord, et que cette deuxième ligne refuse à son tour de se conformer à l'ordre en demandant que la troisième ligne attaque avant elle, et ainsi de suite, aucune n'acceptant de combattre sans condition. Evidemment la bataille n'aura pas lieu. Car une série d'assauts conditionnés ne peuvent se réaliser sans leur condition.

Si nous suivons jusqu'à l'infini la chaîne de causalité, aucune entité conditionnée n'aura d'existence, car chacune étant conditionnée par l'existence de la précédente, et celle - ci à son tour par celle qui l'a causée, à aucun moment nous ne rencontrerons la source même de l'existence.

Quand nous voyons ce monde foisonnant de créatures et d'une infinité d'autres phénomènes, nous ne pouvons que nous persuader de l'existence nécessaire d'une cause qui ne soit pas elle - même un effet et qui ne soit pas’ non plus dépendante.

Cette cause première est auto - suffisante, indépendante de toute la création, et capable de créer les phénomènes les plus merveilleux. Elle conçoit et réalise, et tout ce qu'elle crée; elle lui prescrit un cycle dans le temps. C'est par elle que se maintient l'univers, et c'est elle qui veille à ce que chaque chose se réalise suivant un objectif.

Les partisans du matérialisme, pour ne pas reconnaître la nécessité du créateur, soutiennent que l'univers existe de toute éternité. Mais cette réponse n'est pas satisfaisante.

Ils s'imaginent que le monde n'a besoin d'une cause première qu'au moment où il est créé, et qu'une fois cette condition accomplie, le monde et Dieu sont à jamais séparés l'un de l'autre. Ils nient également l'instant premier de l'apparition du monde, et en la réfutant, ils se sont imaginé avoir résolu le problème de Dieu et de la création, et que le monde n'a plus besoin du créateur. Cette conception procède de ce qu'ils méconnaissent ce besoin intrinsèque et inhérent de l'univers, car le monde n'est rien d'autre qu'un mouvement, et le mouvement lui - même est dépendant.

Chaque instant est le début d'une création, et le monde s'innove atome par atome à chaque instant, et quand il en est ainsi de chaque particule, l'ensemble aussi n'est qu'un accident, une chose non - suffisante pour elle - même, et dépourvue d'identité propre.

Par conséquent, tout comme à son début le monde a eu besoin d'un créateur, il continue encore de dépendre de sa cause première, et le considérer éternel lui - même, ne lui en conférera aucune autonomie ontologique.

Primauté de la vie
La science affirme que c'est la vie qui engendre la vie. La vie des êtres animés n'est possible que par la voie de la reproduction sexuelle. La matière inanimée n'a jusqu'à présent jamais donné naissance à la moindre cellule, cela est vrai. Même parmi les êtres vivants élémentaires (les protozoaires), comme certains parasites et champignons.

Au témoignage de la science, la terre fut pendant une longue période, dépourvue de vie en raison de la chaleur excessive qui y régnait. Pendant des millions d'années, aucune verdure, aucune rivière et aucune source n'existait.

Le seul paysage qu'elle offrait était celui de la matière minérale le recouvrant et des volcans qui étaient alors beaucoup plus nombreux. Même après le refroidissement de son écorce elle est restée pendant des millions d'années sans êtres animés. Même après d'autres transformations de sa matière, la terre ne révélait encore aucun indice de vie.

Comment alors a jailli la vie?

Il n'y a pas de doute que la vie est apparue quelque temps après l'apparition de la terre dont l'âge atteint aux dires des savants les trois milliards d'années. Depuis combien de temps et comment elle a existé, c'est une question sans réponse. Depuis des siècles, les savants enfermés dans leurs cabinets de travail ou leurs laboratoires tentent de résoudre cette énigme.

“La vie! Quelle parole envoutante! L'existence a-t-elle commencé avec le néant? La matière inerte peut - elle créer la matière animée, ou bien faut-il qu'intervienne la main puissante du Créateur? On dit parfois que la vie est venue sur notre planète à partir des autres corps célestes puisque les formes les plus élémentaires de la vie comme certains microbes flottant dans l'atmosphère d'un corps céleste, peuvent s'élever à des altitudes très élevées, et être entraînés sous la pression du rayonnement solaire vers une autre planète, pour finalement atterrir sur un autre corps céleste où ils se développeront, se reproduiront et s'acclimateront.

Avec cette hypothèse, aucun pas n'a été franchi dans la voie de la résolution du grand problème, car on ne sait toujours pas comment est apparue la vie dans une des planètes du système solaire ou d'un autre système.

Entasser des ressorts, des cliquets, des roues dentées et des leviers ne suffit pas pour faire une montre. Ici aussi, en raison de l'absence du cœur, c'est - à dire du moteur de la vie et de l'appel à la vie, il est impossible de donner vie![21]

Nous savons tout simplement que la matière est en soi inerte et dépourvue de vie, et que celle - ci ne peut être conçue comme un simple agencement de molécules. Car la question se pose de savoir pourquoi la matière vivante ne se répète que par la voie de la reproduction sexuée?

Les actions et réactions chimiques ne cessent jamais dans les corps inertes, et pourtant la moindre trace de vie ne s'y manifeste pas. Et dire que la matière à tendance à être complexe et que la vie est apparue comme une phase du développement et de la perfection de la matière, n'est qu'une description des phénomènes vivants que nous percevons, non une explication de l'apparition de la vie.

En outre, puisque la matière est une, pourquoi certains de ses éléments se sont rassemblés, d'autres non; certains sont vivants et d'autres ne le sont pas?

D'où vient cette différence?

La seule chose qui résulte de la combinaison de deux ou plusieurs éléments est que chaque élément confère de ce qui lui est propre aux autres éléments, mais comment peut - il donner ce qu'il n'a pas?

Oui, les éléments acquièrent en s'assemblant, une particularité générale qui existe déjà en chacun d'eux. Mais les propriétés exclusives de la vie ne présentent aucune ressemblance avec celles de la matière, car la vie a des manifestations inconnues de la matière, et est supérieure en beaucoup de points à la matière. Bien que dans la forme, elle en procède, cependant dès que les rayons de la vie tombent sur la matière, elle manifeste le mouvement, l'action, la volonté et en fin de compte la perception et la connaissance. On ne peut donc pas expliquer la vie par des réactions chimiques.

“La vie n'est pas un système inerte et sans vie comme une usine. Elle est un système ayant la capacité de se renouveler et de se reproduire, de se maîtriser et de surpasser. Elle est douée naturellement du pouvoir de s'orienter, et ce don est pétri en elle de façon innée et lui permet de remplacer toujours ce qui en elle est flétri ou perdu.”[22]

Quel est donc ce facteur qui fabrique des cellules si différentes et aux programmes si variés, destinées chacune à une fonction précise dans le corps. Et qui prépare une cellule sexuelle transmettant aux enfants les caractères et les particularités des parents, et cela sans que la moindre erreur ne survienne?

Nous voyons que les cellules de l'organisme présentent des particularités dans leur structure, notamment le pouvoir de régénération, de préservation de l'espèce et la capacité de variation.

Dans le corps humain, chaque cellule accomplit sa fonction au moment voulu. Leur répartition des taches et des fonctions est surprenante; et se fait selon les besoins requis pour la constitution du corps.

Chaque cellule prend sa place dans le cerveau, les poumons, le foie, le cœur et les reins. A aucun moment on n'assiste à une défaillance des fonctions vitales. Les cellules éliminent les surplus inutiles, et veillent à ce que le volume de chaque organe demeure normal.

Attribuer cette répartition surprenante des fonctions cellulaires dont le but est la formation des organes nécessaires au corps des êtres vivants, à des facteurs mécaniques non - doués d'intelligence et de conscience, serait une interprétation hâtive et naïve. Quel homme pensant librement serait prêt à accepter cette logique?

Par conséquent, la vie est une lumière qui brille d'un horizon supérieur sur la matière ayant la capacité d'être animée; elle lui imprime le mouvement et lui insuffle la pensée.

C'est la volonté orientatrice, la puissance de perfection et de transformation, et la sagesse supérieure du Créateur qui déverse sur la matière inerte le miracle de la vie avec toutes ses propriétés.

L'homme réaliste et conscient entrevoit au milieu du tumulte de la matière, une essence stable dans la vie, et contemple Dieu dans sa créativité permanente.

Notes:

[21] Citation.

[22] Démonstration de l'existence de Dieu Citation d'un chimiste Almoroud.

La mystification par la science
Les matérialistes prétendent que le développement de leur doctrine aux XVIIIème et au XIXème siècle, à un lien direct avec les progrès scientifiques, et que la dialectique est un fruit de cet essor scientifique.

Ils considèrent toute philosophie, autre que le matérialisme, comme utopique et idéaliste, et contraire à la méthode scientifique.

Leur position doctrinale est une position scientifique et progressiste. Pour eux, le réalisme consiste à se détourner de la quête métaphysique, et toute conception d u monde doit se fonder sur la logique des sens et l'expérimentation, et s'appuyer sur la philosophie matérialiste.

Cependant de telles assertions ne sont que des supputations de fanatiques reposant sur des théories injustifiées et in démontrées.

De telles conceptions résultent directement d'un système de pensée dont le matérialisme est le pivot, et où tout s'explique par référence à lui.

Sans doute, la croyance en l'existence d'un être digne d'adoration est l'une des composantes principales de la culture humaine, et la thèse de l'existence de Dieu comme conception juste, a été à l'origine de transformations profondes dans les fondements sociaux, et de changements radicaux dans la pensée humaine tout au long de l'histoire. Et à notre époque de science et de technologie, et de conquête de l'espace, la plupart des penseurs ont adopté une conception théiste, aprés avoir découvert Dieu par le coeur et la conscience, ainsi que par la logique et la démonstration.

Si la thèse matérialiste était juste et réaliste, et ne découlait pas de la méconnaissance de l'histoire, un lien particulier devrait s'établir entre la science et la tendance au matérialisme, en ce sens que seules les doctrines matérialistes devraient prévaloir en milieu scientifique.

Tous les philosophes et savants de toutes les époques n'étaient pas hérétiques, et ne faisaient pas partie d'une société de matérialistes.

Si l'on étudiait scrupuleusement les œuvres et les biographies des penseurs, on se rendrait compte que le camp de la religion compte de nombreux savants. Beaucoup de penseurs et les grandes figures de la science sont en fait les porte - flambeaux du monothéisme.

En outre, les idées athéistes n'ont pas vu le jour à l'ère des progrès scientifiques et technologiques. Elles ont existé depuis la plus haute antiquité aux côtés des idées religieuses.

De nos jours, la marchandise scientifique est devenue dans le marxisme populaire, plus que partout ailleurs, un moyen de tromperie.

Au lieu de se tracer la voie avec la lumière du savoir, et de poursuivre leur recherche loin de tout parti - pris et de tout préjugé, certains matérialistes sont sous l'emprise de leur fanatisme idéologique, et nient avec mépris toutes les valeurs supérieures à la raison.

L'affirmation qu'avec l'avènement de la science la question de Dieu est devenue désuète, est plus proche de la vanité que de la logique, parce que des milliers d'expériences scientifiques ne suffiraient pas à démontrer qu'il n'existe aucune entité autre que matérielle.

Le matérialisme philosophique est une métaphysique qui se démontre ou se réfute par la spéculation philosophique. Pour cela même on ne pourra pas réfuter la métaphysique quand on a accepté le matérialisme.

En dernière analyse, la doctrine matérialiste ne repose sur aucun postulat scientifiquement établi. Lui coller l'étiquette scientifique est une trahison à l'esprit.

Il est vrai que l'humanité n'a pris connaissance des causes et des effets des phénomènes naturelles que récemment et qu'elle en ignorait les secrets; mais sa croyance en Dieu ne procédait pas de cette sorte d'ignorance. S'il en allait autrement, les nombreuses découvertes scientifiques, auraient dû faire s'écrouler l'édifice de la religion et de la foi. Or nous sommes témoins de cette vérité qu'en même temps que se révèlent les secrets de la nature, la croyance en Dieu connaît aussi un renouveau.

La science n'a éclairé qu'un espace limité pour l'homme. Sa vue sur le monde et l'univers n'a été que partielle; elle n'a jamais été en mesure de donner une connaissance parfaite du monde. Pourtant avec le développement de la science, la théologie a revêtu un aspect scientifique, les hommes prennent davantage conscience des causes et des effets, et ne perdent pas de vue l'importance et le rôle de la cause première.

Ou encore comme dit le professeur Ravaillet: “Pour la première fois, le savoir humain proclame, non par impuissance ou faiblesse mais sur la base de sa méthode habituelle, d'investigation ou d'expérience, que sa fonction ne consiste en rien d'autre qu'à connaître l'essence du créateur et ses manifestations dans l'existence. Tous ses efforts doivent avoir pour but la promotion d'une foi conforme à la science et à la connaissance juste du grand architecte. Il n'est pas juste de parler de la comptabilité ou de l'incompatibilité de la science et de la foi, parce que tous les livres religieux, tous les penseurs théistes considèrent l'intelligence comme le premier et le plus éminent don fait à l'homme, et ils ont appelé toute l'humanité à en tirer le meilleur parti.

C'est l'ignorance de la majorité qui a empêché tout au long des siècles cet appel de parvenir à son but. A présent que l'homme est entré dans l'ère glorieuse de la science et de l'intelligence, et que ses moyens et possibilités s'accroissent de jour en jour, il devra s'attacher assidûment au développement des cerveaux.”[29]

Jusqu'à un passé récent, l'homme n'avait conscience de son existence que par son corps équilibré et adéquat, mais ignorait les mécanismes mystérieux qui réglaient sa création.

Aujourd'hui, l'homme possède des informations surprenantes et détaillées sur l'intérieur de son propre corps, et il a appris que dix millions de milliards de cellules rentrent dans la composition de ses différents membres et organes.

Il va sans dire que la majesté et la grandeur du créateur, sont encore rendues ainsi incomparablement plus perceptibles que par le passé.

Est - il logique de soutenir que la croyance en Dieu est propre aux personnes n'ayant pas connaissance de la modalité de la création, et qu'un savant qui est au fait de la causalité naturelle de la création et de l'évolution vers la perfection, et qui sait qu'une loi minutieuse régit toutes les étapes de l'existence, doit au contraire croire que la source des lois naturelles n'est autre que la matière inanimée?

Les découvertes et les conclusions scientifiques l’auraient- elles conduit à penser qu'il est possible d'attribuer tous les pouvoirs de son créateur à la matière ignorante et inconsciente?

Dans la culture matérialiste qui ne voit qu'un seul aspect du monde, beaucoup de questions demeurent sans réponse.

Les savants théistes ont montré, au point de vue métaphysique, que le domaine de l'existence débordait le cadre de la matière, et que l'univers non - matériel était beaucoup plus peuplé et plus riche que celui des entités visibles. Bien qu'ils acceptent les systèmes prévalant dans la nature, ils ont la certitude qu'il y a une forme d'existence immatérielle, dont la connaissance ne se prête au champ habituel de l'expérience, mais dont les phénomènes et énergies naturels se font les reflets de l'essence.

En quoi cette façon de concevoir les choses serait elle moins scientifique ou pas du tout scientifique?

La science n'a pas de réponse à donner à des questions comme les suivantes: l'univers se divise - t il en deux domaines, matériel et spirituel? Ou encore: l'univers a- t- il un but? … Parce que ces questions ne sont pas de nature scientifique. En outre, notre connaissance scientifique porte sur des objets concrets, et est impuissante à nous indiquer la voie à choisir dans notre vie.

Bertrand Russel dit:

“Si l'on admettait que la civilisation scientifique est une civilisation utile, il faudrait forcément constater un accroissement de l'intelligence parallèlement à l'accroissement de la science. Par intelligence, l'entends la perception juste des objectifs de la vie. Or, c'est là un résultat que la civilisation n'entraîne pas par elle même. Par conséquent, bien que l'accroissement de la science soit un élément nécessaire au progrès humain, il ne garantit en lui - même aucun progrès véritable.”[30]

Donc, une conception scientifique ne peut pas servir d'appui à une idéologie. Parce que la connaissance scientifique a surtout une valeur pratique, et confère à l'homme le pouvoir de maîtriser la nature, alors que la foi a besoin d'une valeur réaliste, et pas uniquement scientifique.

D'autre part, la science repose sur l'expérimentation; or les lois déduites de l'expérience sont très souvent sujettes à révision, alors que la foi exige un appui stable et éternel, pour pouvoir apporter une réponse aux questions spécifiques relatives à la nature et à la forme générale de l'univers, et satisfaire ainsi les besoins des hommes en connaissances métaphysiques.

La perfection demande un équilibre intellectuel et spirituel. Sans but, l'homme ne peut qu'aboutir à l'impasse et à l'anéantissement. S'il ne trouve pas sa voie dans la religion, il la cherchera ailleurs. Ce qui constitue une sorte d'insoumission à la loi naturelle, et conduit à la sclérose des esprits.

Les découvertes scientifiques de l'époque moderne ont donné à l'homme la foi dans les institutions et lois publiques, au point de reconnaître la primauté au facteur matériel, devenu éternel. L'homme a divisé la nature et l'histoire et leur a reconnu la souveraineté. Il a renoncé à son libre- arbitre et s'est livré pieds et poings liés à la loi de la dialectique.

Avec le progrès continu des sciences, on se rend compte petit à petit que les phénomènes qui apparaissaient totalement distincts, sont en réalité liés par des forces insoupçonnées jusqu'alors. La conception scientifique tend vers une connaissance unifiante, et recherche de plus en plus, les liens unissant les différents phénomènes. Une fois que leur source est identifiée, ils sont tous expliqués par rapport à elle.

Notes:

[29] Conception scientifique du monde.

[30] Démonstration de l'existence de Dieu, (en persan)


3