Commentaire Sourate Al-Fatiha

Commentaire Sourate Al-Fatiha
Bismillah hir Rahmànir Rahim
(Grâce au nom d’Allah, Le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux)

Quand l’homme commence, fait ou met en pratique une action ou une idée, il a tendance par nature à immortaliser cette action en lui attribuant un titre ou un nom de quelqu’un d’important pour obtenir réussite et satisfaction.

Allah, Maître des Univers, rappelle à l’homme qu’aucun nom ou titre n’est meilleur que le Sien. Il enseigne à l’homme de commencer quoi que ce soit par Son Nom, ou Ses Noms, et garantit donc succès, immortalité et satisfaction dans ce travail.

Toute action, entreprise pour le plaisir autre que celui d’Allah est vouée au péril ou à l’échec. Il commence donc le Saint Coran par Son Nom pour signifier que sa parole est éternelle.

Le Saint Prophète (saw) a dit que toute action commencée sans le nom du Tout Puissant reste incomplète, qualifiée de « abtar » (sans postérité).

La formule inaugural « Bismillah hir rahmànir rahim » débute elle même par la proposition « bi » qui veut dire « avec » ou « grâce » évoquant une idée de recherche d’aide ou concours d’Allah dans le commencement d’une action. L’objectif de la Parole d’Allah, le Saint Coran étant l’enseignement et le Guide, il nous est nécessaire d’obtenir l’aide d’Allah et Sa Grâce pour assimiler Son Message, L’accepter et obtenir Sa Satisfaction (5 :16 = Par ceci (le Coran), Allah guide aux chemins du salut ceux qui cherchent Son agrément. Et Il les fait sortir des ténèbres à la lumière par Sa grâce. Et Il les guide vers un chemin droit.)

Cette formule contient d’un coup trois des Noms de Dieu : Allah , Le Clément, Le Miséricordieux. Le message de Dieu, le Saint Coran s’adresse à toutes ses créatures infidèles et fidèles pour lesquelles Il est Clément dans la vie terrestre. Mais Il est Miséricordieux pour ses créatures fidèles uniquement dans l’au-delà. Allah a définit Lui-même le Saint Coran en Sourates (10 :38 = Ou bien ils disent : “Il (Muhammad) l’a inventé ? ” Dis : “Composez donc une Sourate semblable à ceci, et appelez à votre aide n’importe qui vous pourrez, en dehors Allah, si vous êtes véridiques.), (11 :13 = Où bien ils disent : “Il l’a forgé [le Coran]” -- Dis : “Apportez donc dix Sourates semblables à ceci, forgées (par vous). Et appelez qui vous pourrez (pour vous aider), hormis Allah, si vous êtes véridiques”), (9 :86 = Et lorsqu’une Sourate est révélée : “Croyez en Allah et luttez en compagnie de Son messager”, les gens qui ont tous les moyens (de combattre) parmi eux te demandent de les dispenser (du combat), et disent : “Laisse-nous avec ceux qui restent”.), (24 :1 = Voici une Sourate que Nous avons fait descendre et que Nous avons imposée, et Nous y avons fait descendre des versets explicites afin que vous vous souveniez”), bien définies et donc au début de chaque sourate il préconise la formule inaugural « Bismillah hir rahmànir rahim ».

Cette formule adhère donc chaque sourate dont il est la partie intégrante. Grâce au Nom d’Allah le fidèle ou le lecteur cherche à assimiler l’enseignement contenu dans la sourate.

Pour obtenir succès dans chaque action que nous entreprenons, Allah nous recommande de prononcer cette formule, qui comprend trois des noms du Seigneur : Allah, Ar Rahmàn, Ar Rahîm.

L’enseignement des Ahloul Bayt (la famille du Saint Prophète) nous apprend que cette formule inaugurale placée au début de chaque sourate (sauf la 9ème sourate « at tawba ») en fait partie intégrante et adopte le même numéro que celui du premier verset. Ensuite il faudrait traduire « Bismillahir rahmànir rahim » par « Grâce au nom d’Allah, Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux » pour souligner que lorsqu’on commence une action, on cherche l’aide et la protection d’Allah dans celle-ci. En effet, le fait de traduire par « Au nom d’Allah… », une confusion permettrait de penser qu’on agit par délégation et à la place d’Allah et de ne pas l’assimiler aux formules établies telles que « Au nom de la loi » ou « au nom du roi », ou encore « au nom du Père et du fils… ». D’autre part, les deux attributs se rapportant à Allah « Tout-Miséricordieux » et « Très-Miséricordieux » ne sont ni confondus ni égaux, mais bien distincts, car le premier se rapporte en faveur de toutes les créatures d’Allah alors que le second est spécifiquement pour ses fidèles.

Les hadiçes de nos Aiymmàh (pl. de Imàm) nous enseignent qu’à chaque fois que nous prononçons cette formule, le Satan (ennemi déclaré de l’homme) s’éloigne de nous et ne peut s’associer à notre action qu’il cherche à tout prix à altérer et polluer. Ainsi, toute action inaugurée par cette formule procure l’aide et la satisfaction du Seigneur, la réussite et l’abondance. Il faut le prononcer notamment avant de manger, de boire, de conduire, de procréer, etc.. De ce fait, toutes nos actions licites deviennent des ‘Ibàdat d’Allah (swt), et notre vie entière devient vouée à l’adoration du Seigneur.

Cette habitude profonde de tout commencer par « Bismillah….. » peut nous sauver du feu de l’Enfer (Inshàllah), car comment le Seigneur pourra être satisfait d’envoyer sa créature en Enfer alors que celui-ci aura attesté tout au long de sa vie qu’Il (Allah swt) est Ar Rahmàne et Ar Rahîm !

En outre pour obtenir la réalisation des vœux licites, il est recommandé par nos Aiymmah de dire douze mille fois « Bismillahir Rahmànir Rahîme » ponctué d’un namàze (salàt) de deux rakà’ates après chaque mille « Bismillàh…. ».

La teneur de cette première sourate « al fatiha » (l’ouverture) consiste à louer Allah, Digne Maître Clément et Miséricordieux, Auquel on se soumet et qu’on adore, implorant Son aide vers le droit chemin et vers Ses bienfaits.

Dans cette sourate , le « bi » de « Bismillah » prend le sens « par la grâce de Son Nom » je me soumets à Lui. Certains ont affirmé que le « bi » prendrait le sens de « je commence au Nom d’Allah », mais ce point de vue ne paraît pas approprié au contexte de la sourate.

« al isme » est le mot qui désigne la chose ou la personne nommée. Il dérive de « as-simah » (signe, marque d’identification) ou as-soumouww » (altesse, éminence). On le traduit par le mot « nom », bien sur distinct de la personne ou chose nommée et ne dérive de l’attribut tel que « alim » (savant) car le nom peut aussi dériver des attributs de la chose nommée. Allah, le non divin vient originellement de « Al-ilah » (adoré) ou « aliha » (bien aimé). Al-ilah veut dire aussi « al ma’louh » : celui qui est adoré. Al-ilah est devenu par déformation « Allah », le nom propre du Seigneur dès le début du monde arabe, bien avant la révélation du Saint Coran. Les arabes préislamiques utilisaient ce mot pour désigner le Dieu (43 :87 = Et si tu leur demandes qui les a créés, ils diront très certainement : “Allah”. Comment se fait-il donc qu’ils se détournent), (6 :136 = Et ils assignent à Allah une part de ce qu’Il a Lui-même créé, en fait de récoltes et de bestiaux, et ils disent : “Ceci est à Allah -- selon leur prétention ! -- et ceci à nos divinités.” Mais ce qui est pour leurs divinités ne parvient pas à Allah, tandis que ce qui est pour Allah parvient à leurs divinités. Comme leur jugement est mauvais !).

D’autres noms divins sont utilisés comme attributs, sujets ou adjectifs de ce nom Allah, tel que Le Clément, Le Savant… mais le mot Allah n’est jamais utilisé comme adjectif ou attribut. Il est réservé pour Dieu et devient comme le nom propre au Seigneur.

Ar-Rahmàn, ar-Rahim sont deux adjectifs dérivés de « ar-rahmah » (miséricorde, bienfait), Rahmah est le bienfait qu’on souhaite pour quelqu’un dans la difficulté ou dans la maladie, pour qu’il s’en libère. C’est dans ce sens que l’attribut de Rahmàn est utilisé pour Allah. Rahim est un attribut de même ordre que Rahmàne, mais avec une idée de perpétuité. La différence entre ces deux attributs se sent dans le contexte du Saint Coran faisant ressortir qu’Allah est « Rahmàn » pour toutes Ses créatures, mais « Rahim » pour Ses serviteurs fidèles : (19 :75 = Dis : “Celui qui est dans l’égarement, que le Tout Miséricordieux prolonge sa vie pour un certain temps, jusqu’à ce qu’ils voient soit le châtiment, soit l’Heure dont ils sont menacés. Alors, ils sauront qui a la pire situation et la troupe la plus faible), (33 :43 = Il répondit : “Je vais me réfugier vers un mont qui me protégera de l’eau”. Et Noé lui dit : “Il n’y a aujourd’hui aucun protecteur contre l’ordre d’Allah. (Tous périront) sauf celui à qui Il fait miséricorde”. Et les vagues s’interposèrent entre les deux, et le fils fut alors du nombre des noyés.), (9 :117 = Allah a accueilli le repentir du Prophète, celui des Emigrés et des Auxiliaires qui l’ont suivi à un moment difficile, après que les cœurs d’un groupe d’entre eux étaient sur le point de dévier. Puis Il accueillit leur repentir car Il est Compatissant et Miséricordieux à leur égard).

Al hamdoulillah
(Toutes les louanges sont à Allah)

L’article « al » prend ici le sens de « toute et le mot « hamd » est traduit par « louanges ». Pour exprimer la louange il y a deux mots :hamd et madh . Le mot madh est utilisé lorsque l’on fait la louange de quelque chose pour son état, pas pour son action. Par exemple, on loue une perle pour sa beauté (madh). Mais hamd convient à celui qui est loué pour son action ou ses grâces. Allah étant le Créateur de toutes choses dans ses formes les plus appropriées et les plus parfaites, Lui étant Lui-même Parfait, des louanges au pluriel lui sont adressées pour cette énorme bénédiction qu’Il nous a attribuée. (40 :62 = Tel est votre Seigneur, Créateur de toute chose. Point de divinité à part Lui. Comment se fait-il que vous vous détourniez (du chemin droit) ?),(32 :7 = qui a bien fait tout ce qu’Il a créé. Et Il a commencé la création de l’homme à partir de l’argile,).

En réalité, nul autre qu’Allah, n’est digne des louanges car c’est Lui qui a crée tout chose. Dans cette sourate Allah enseigne à l’homme comment il doit louer son Seigneur, dans toute Son Hauteur et dans toute Sa Grandeur.

On trouve dans le Saint Coran que les autres prophètes ont aussi loué Allah, tel qu’Il devrait l’être. Noé (23 :28 = Et lorsque tu seras installé, toi et ceux qui sont avec toi, dans l’arche, dis : “Louange à Allah qui nous a sauvés du peuple des injustes.”), Abraham (14 :39 = Louange à Allah, qui en dépit de ma vieillesse, m’a donné Ismaël et Isaac. Certes, mon Seigneur entend bien les prières), David et Salomon (27 :93 = . Dis : “Louange à Allah ! Il vous fera voir Ses preuves, et vous les reconnaîtrez”. Ton Seigneur n’est pas inattentif à ce que vous faites.), et même les habitants du paradis (10 :10 = Là, leur invocation sera “Gloire à Toi, ô Allah”, et leur salutation : “Salam”, [Paix ! ] et la fin de leur invocation :

“Louange à Allah, Seigneur de l’Univers”.).

Les Louanges (hamd) pour Allah sont exclusivement pour les hommes (et les femmes), car pour Ses autres créatures, le Saint Coran parle de Gloire (tasbih), par exemple anges (42 :5 = Peu s’en faut que les cieux ne se fendent depuis leur faîte quand les anges glorifient leur Seigneur, célèbrent Ses louanges et implorent le pardon pour ceux qui sont sur la terre. Allah est certes le Pardonneur, le Très Miséricordieux), foudre (13 :13 = Le tonnerre Le glorifie par Sa louange, et aussi les Anges, sous l’effet de Sa crainte. Et Il lance les foudres dont Il atteint qui Il veut. Or ils disputent au sujet d’Allah alors qu’il est redoutable en Sa force), (17 :44 = . Les sept cieux et la terre et ceux qui s’y trouvent, célèbrent Sa gloire. Et il n’existe rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier. Certes c’est Lui qui est Indulgent et Pardonneur).

Cependant aussi nombreuses, grandes et fortes louanges que l’on puisse adresser à Allah, Celui-ci reste au-dessus de toute l’imagination de l’homme, dont l’esprit est incapable de Le cerner (16 :74 = . N’attribuez donc pas à Allah des semblables. Car Allah sait, tandis que vous ne savez pas.)

Sans l’enseignement d’Allah à travers le Prophète Mouhammad (saw), l’homme n’aurait jamais su comment adresser ses louanges à Allah.

Rabbil’àlàmine , ar-Rahmànir Rahim Maliki yawmidine
(Seigneur des mondes, Le Clément, Le Miséricordieux, Maître du Jour du Jugement)

Ar-Rab (le Seigneur) connote une idée de propriété. Le Seigneur est donc Celui qui gère ses affaires de ses propriétés. Mais cette notion de Propriétaire qu’est Allah est celle du Vrai Seigneur par lequel tout existe et non celle de propriétaire, gérant qui possède par procuration, comme par exemple les membres (bras, pieds…) ou sens (vue, parole, sentiment) que nous possédons sans avoir le pouvoir de les créer ou métamorphoser.

Alamine (pluriel de Alam) est traduit par les mondes ou les univers, mais veut dire littéralement « ce dont on a connaissance. Ce qui englobe le monde minéral, végétal et animal, ainsi que le monde invisible (djinn).

Puis après avoir rappelé Ses attributs de Rahmàn et Rahim, Allah parle du jour de Jugement où chacun aura à faire le compte de ses actions.

Malik dérive du mot al-milk (possession). D’autres disent qu’al malik fait référence à la souveraineté, royauté d’Allah, dérivé de al moulk (royauté, pays). En réalité les deux attributs (Roi et Seigneur) sont acceptables dans ce contexte et reflètent la suprématie d’Allah sur toute chose (40 :16 = le jour où ils comparaîtront sans que rien en eux ne soit caché à Allah. A qui appartient la royauté, aujourd’hui ? A Allah, l’Unique, le Dominateur .).

Iyyaka na’boudou, wa iyya ka nasta’ine
(C’est Toi que nous adorons et c’est Toi dont nous implorons le secours)

Le mot « na’boudou » (adorons) vient de « al-abd » qui veut dire, à l’origine, esclave, comme un être humain qui est propriété de quelqu’un et qui doit donc servir, adorer et obéir à son maître. On le voit dans un autre verset (19 :93 = Tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre se rendront auprès du Tout Miséricordieux, [sans exceptions], en serviteurs) avec un sens abstrait appliqué aux autres êtres intellectuels. Au sens moderne on le traduit par « serviteur ». Il y a donc une notion de soumission totale.

Quand un fidèle prie devant Allah, il doit être totalement soumis, et abandonner tout sentiment de fierté et d’arrogance. Car Allah dit ceux qui me prient dans une attitude arrogante iront en Enfer (40 :60 = Et votre Seigneur dit : “Appelez-Moi, Je vous répondrai. Ceux qui, par orgueil, se refusent à M’adorer entreront bientôt dans l’Enfer, humiliés”.).

De plus cette relation de « serviteur » envers Allah doit contenir l’idée de ne se soumettre qu’à Un Seul Seigneur (18 :110 = Dis : “Je suis en fait un être humain comme vous. Il m’a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique ! Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu’il fasse de bonnes actions et qu’il n’associe dans son adoration aucun à son Seigneur”.) et n’y associer aucun autre maître. Car, après tout, un esclave peut être soumis à plus d’un maître (le roi et la reine par exemple). Comme la souveraineté d’Allah est sans limite, la soumission de Son vrai serviteur doit être exclusive pour Allah et uniquement pour Allah qui dispose de toutes Ses créatures.

Cette servitude n’est pas comparable à celle qui régit entre l’esclave et son « propriétaire » ou « souverain temporel terrestre ». En prolongeant notre réflexion, on s’aperçoit que l’existence du fidèle soumis à Allah n’aura pas de sens s’il se soumettrait à un autre qu’Allah, car par définition Allah étant son Créateur, il est Sa propriété, donc son esclave.

Pour mettre en valeur cette exclusivité d’adoration uniquement à Un Seul Allah, le verset dit que « c’est Toi que nous adorons » au lieu de par exemple « nous T’adorons », ce qui fait ressortir que l’existence du Maître prime sur celle de l’esclave, dans son âme et dans son corps.

Durant l’adoration d’Allah, aucun autre intérêt ne doit donc être associé à sa soumission. Allah aime une prière ou une adoration pure et sincère (39:2 = Nous t’avons fait descendre le Livre en toute vérité. Adore donc Allah en Lui vouant un culte exclusif.), dénué de tout intérêt autre qu’une intention pure car le serviteur doit arriver à un stade où il comprend qu’Allah est digne d’adoration. Autrement, cette adoration sera entaché de polythéisme, car toute arrogance, fierté ou recherche d’intérêt est diamétralement opposé à une soumission pure et sincère.

La suite de la phrase (du verset) bâtie sous la même forme « et c’est Toi dont nous implorons le secours » confirme cette suprématie d’Allah face à Ses créatures qui ne pourront survivre sans l’aide de leur Seigneur. Cette invocation d’aide doit donc être pure en intention et sincère car Allah est Le Seul à pouvoir nous aider pour atteindre le bonheur éternel.

Ce verset en forme de 2ème personne du singulier (Toi) et (nous) en 3ème personne du pluriel stipule une totale allégeance au Seigneur des mondes.

Ihdina siratoul moustakim siratal lazina ann-amta alayhim wa dhâline.
(Guides nous sur le droit chemin. Le chemin de ceux que Tu a comblés de bienfaits, non pas de ceux qui ont encouru colère, ni de ceux qui s’égarent.)

« ihdina » dérive de « al hydayyat » qui veut dire enseigner, montrer, guider. On comprend aisément le choix de ce mot utilisé par Allah quand on comprend la différence entre les synonymes « as-siràt », « at-tariq », et « as-sabil ». En effet, comme nous le verrons plus loin, la notion de « as-sirat » est plus forte que celle de « at-tariq » ou de « as-sabil » qui désigne tous les trois le chemin. Mais « as-sirat » al moustakim » est le droit chemin le plus parfait et le plus élevé qu’Allah agrée pour ses fidèles sincères.

Dans ce verset Allah montre bien qu’il y a un choix de 2 chemins pour l’homme : le droit chemin et le chemin de l’égarement. Ailleurs Allah a mis en garde le fils d’Adam de ne pas adorer le Satan (30 :60-61 = Ne vous ai-Je pas engagés, enfants d’Adam, à ne pas adorer le Diable ? Car il est vraiment pour vous un ennemi déclaré, et [ne vous ai-Je pas engagés] à M’adorer ? Voilà un chemin bien droit) qui a juré de conduire l’homme à sa perte.

Il y aura ceux qui feront confiance à Allah en l’invoquant et en l’adorant en totale soumission avec une intention pure et sincère, sans fierté ni arrogance. Ceux-là trouveront le droit chemin, le chemin agrée par le Seigneur et puis ceux qui tomberont dans le piège de Satan, pourtant leur ennemi déclaré. Allah avertit que le droit chemin est plein d’embûches, de difficultés et d’épreuves. Il promet de répondre à l’appel de ceux qui l’invoqueront (2 :186 = Et quand Mes serviteurs t’interrogent sur Moi. alors Je suis tout proche : Je réponds à l’appel de celui qui Me prie quand il Me prie. Qu’ils répondent à Mon appel, et qu’ils croient en Moi, afin qu’ils soient bien guidés)

Pour chercher le plaisir de Dieu et se diriger vers le droit chemin, Allah a instauré un certain nombre d’obligations et d’interdits à respecter parmi lesquels la prière et l’invocation de Dieu, en toute humilité. Les arrogants, les rebelles et les amis de Satan périront sans aucun doute (20 :81 = “Mangez des bonnes choses que Nous vous avons attribuées et ne vous montrez pas ingrats, sinon Ma colère s’abattra sur vous : et celui sur qui Ma colère s’abat, va sûrement vers l’abîme).

Il faut noter que l’ascension vers la soumission à Allah et l’humilité n’est pas à sens unique. Celui qui est arrivé à un niveau élevé dans le plaisir d’Allah se doit de s’y maintenir avec constance. Car un homme pieux est susceptible de s’enfler d’orgueil et retourner plus bas !

En fait dans ce verset 7 (Guides nous vers le droit chemin…) Allah partage les gens en trois catégories : ceux qui progressent vers le droit chemin et bénéficient des bienfaits d’Allah. Ceux qui ont encouru Sa colère, ceux sont ceux qui se sont déviés du droit chemin, après l’avoir adopté. Ceux qui sont totalement égarés et donc complètement perdus.

Il faut savoir qu’en arabe pour désigner la notion de chemin il y a le mot « sirat » et le mot « sabil ». Allah n’utilise pas le mot « sabil » dans ce verset car Il y a une notion de fermeté, de détermination dans la recherche du plaisir d’Allah.

Dans la progression de l’homme vers le droit chemin, il y a plusieurs étapes. Il s’agit de faire un effort particulier et constant pour acquérir la capacité de comprendre d’abord l’essence d’Allah, puis la capacité d’agir avec humilité et piété, avec une intention pure et sans intérêt ni arrière pensée pour chercher le plaisir d’Allah. Devant la recherche du plaisir d’Allah, toutes les pulsions humaines doivent être totalement maîtrisées.

Aucun intérêt personnel, familial, communautaire ou même étatique ne doivent primer sur le commandement et le plaisir d’Allah. Il n’est pas à la portée de tout le monde d’atteindre ce haut niveau de détermination et de fermeté dans sa croyance et l’adoration d’Allah avec humilité et piété.

L’on voit qu’il n’est pas aisé d’obtenir le plaisir et la satisfaction d’Allah.

Le droit chemin « siratoul moustakim » est celui que peu de gens ont pu atteindre, ce sont ceux qui ont cru en Allah dans toute Sa hauteur et Sa grandeur, qui ont suivi le Saint Prophète (saw) sans en « contester », ni une parole ni aucun fait et geste et qui se sont adhérés aux successeurs du Saint Prophète. Alors seulement, les bienfaits d’Allah leur ont été accordés (57 :19 = Ceux qui ont cru en Allah et en Ses messagers ceux-là sont les grands véridiques et les témoins auprès d’Allah. Ils auront leur récompense et leur lumière, tandis que ceux qui ont mécru et traité de mensonges Nos signes, ceux-là seront les gens de la Fournaise), (58 :11 = ô vous qui avez cru ! Quand on vous dit : “Faites place [aux autres] dans les assemblées”, alors faites place. Allah vous ménagera une place (au Paradis) Et quand on vous dit de vous lever, levez-vous. Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir. Allah est parfaitement Connaisseur de ce que vous faites).

Pour d’autres de Ses fidèles, Allah a utilisé le mot « sabil » (nous traduirons la voie d’Allah) en plusieurs endroits dans le Saint Coran (29 :69 = Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers, Allah est en vérité avec les bienfaisants),(12 :108 = Dis : “Voici ma voie, j’appelle les gens [à la religion] d’Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une preuve évidente. Gloire à Allah ! Et je ne suis point du nombre des associateurs),(31 :15 = Et si tous deux te forcent a M’associer ce dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable. Et suis le sentier de celui qui se tourne vers Moi. Vers Moi, ensuite, est votre retour, et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez).

La voie d’Allah est accessible à un plus grand nombre de personnes, mais celles-ci restent moins élevées que celles qui sont sur le droit chemin. Dans certains cas on peut dire que certains qui sont sur la voie d’Allah pratiquent parfois le « polythéisme » quand, de temps en temps, ils se penchent pour leurs commodités en négligeant leur fermeté dans les commandements stricts d’Allah.

« as-sirat » veut dire le droit chemin, un chemin clair et sans encombre .Il dérive de « saratou sartan » (« je l’ai complètement absorbé »).En d’autres termes ceux qui sont sur le sir’at sont totalement absorbés dan leur ferme allégeance à Allah.

« al moustaqim » veut littéralement dire celui qui est debout, droit, fixe, de marbre sur ses jambes. Celui qui est sur le siratoul moustaqim est donc intraitable et infaillible dan sa décision. Allah parle d’eu dans les versets (4 :175 = Alors ceux qui croient en Allah et qui s’attachent à Lui, Il les fera entrer dans une miséricorde venue de Lui, et dans une grâce aussi. Et Il les guidera vers Lui dans un chemin droit),(6 :125-126 = Et puis, quiconque Allah veut guider, Il lui ouvre la poitrine à l’Islam . Et quiconque Il veut égarer, Il rend sa poitrine étroite et gênée, comme s’il s’efforçait de monter au ciel. Ainsi Allah inflige Sa punition à ceux qui ne croient pas. Telle est la voie de ton Seigneur dans toute sa rectitude. Nous avons [effectivement] bien détaillé les signes (ou versets) à des gens qui se rappellent.),(15 :41-42 = à l’exception, parmi eux, de Tes serviteurs élus.”. “[Allah] dit : voici une voie droite [qui mène] vers Moi.).

Il y a donc plusieurs niveaux de croyance et d’assimilation du message d’Allah selon la capacité de l’homme et l’effort qu’il fournit pour progresser dans cette voie, pour éventuellement atteindre le droit chemin. Allah promet qu’Il aidera celui qui cherche à trouver le droit chemin (39 :23 = Allah a fait descendre le plus beau des récits, un Livre dont [certains versets] se ressemblent et se répètent. Les peaux de ceux qui redoutent leur Seigneur frissonnent (à l’entendre); puis leurs peaux et leurs cœurs s’apaisent au rappel d’Allah. Voilà le [Livre] guide d’Allah par lequel Il guide qui Il veut. Mais quiconque Allah égare n’a point de guide),(29 :69 = Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers, Allah est en vérité avec les bienfaisants).

Soulignons a ce sujet que la connaissance ou l’acquisition de la connaissance (ilm) est évidemment nécessaire pour atteindre le droit chemin car seule, elle, permettra de « mesurer » le degré de Grandeur d’Allah et donc de Lui adresser une adoration digne de Lui.

Traditions (hadiçes)
Ibn Abbas rapport qu’Imam ‘Ali (as) a dit : « Tous les savoirs du monde sont concentrés dans le Saint Coran, le Saint Coran est concentré la Sourate Al Fatihà, la sourate Al Fatihà est concentrée dans la formule « Bismillàhir Rahmànir Rahîm », la formule « Bismillàh… » est concentré dans le ² (B arabe) du « Bismillàh…, le ² est concentré dans le point de cette lettre, et je suis le point de cette lettre ! »

Imam Jaffar as Sadiq (as) a dit concernant l’adoration d’Allah qu’elle est de trois types :

1-l’adoration d’esclave, par peur de sa punition

2-l’adoration du commerçant par envie de récompense

3-l’adoration du noble, par amour pour Allah

La troisième est la meilleure adoration (al kafi).

Un hadiçe similaire est trouvé de la part d’imam Ali (as) (Nahjoul Balagha)

L’adoration des nobles est la meilleure car elle trouve tout son sens dans le verset « C’est Toi que nous adorons… ».Ce sont ceux qui adorent Allah car ils ont acquis un stade de compréhension très élevé de l’essence d’Allah.

Celui qui prie ou offre son adoration d’Allah alors qu’il est étourdi ou distrait est comme celui qui parle à un absent, car dans son esprit le Seigneur est absent. Une telle adoration nullifie le monothéisme car l’essence d’Allah n’est pas comprise par une telle personne.

Imam Jaffar as Sadiq (as) a expliqué le verset « Guides nous sur le droit chemin qui nous conduit à Ton amour et nous amène à Ton jardin (Janat) le chemin qui nous empêche de suivre nos désirs ( qui peuvent nous ruiner) et de nos opinions (qui peuvent nous détruire)- Ma’anil akhbar).

Concernant le même verset Imam Ali (as) a dit : « continue pour nous Ton aide avec laquelle nous T’avons obéi dans la passé pour que nous continuions à T’obéir dans le futur ».

Ces deux hadiçes nous permettent de confirmer qu’il y a une idée d’amélioration permanente pour atteindre le droit chemin.

Imam Ali (as) a dit aussi que « le droit chemin » dans ce monde est celui qui nous éloigne des excès et nous endurcit devant les épreuves et dans l’au delà c’est le chemin des croyants qui les conduira au Paradis.

Il a dit également : « Guide-nous dans le chemin de ceux qui ont reçu Tes bienfaits sous forme de fermeté dans Ta religion et Ton obéissance et non des bienfaits sous forme de richesse et santé car de Tes bienfaits sont parfois donnés aux mécréants et aux pécheurs ! » Puis Imam Ali (as) dit : « Et ceux qui on reçu les bienfaits divins sont ceux dont Allah a dit : (4 :69 Quiconque obéit à Allah et au Messager… ceux-là seront avec ceux qu’Allah a comblés de Ses bienfaits : les prophètes, les véridiques, les martyrs, et les vertueux. Et quels excellents compagnons que ceux-là !) »

Imam Ali ar Riza (as) rapporte de ses grands-pères, arrière grands-père que Imam Ali a dit : « J’ai entendu le Prophète dire : « Allah Le Tout –Puissant et Elevé a dit : « J’ai divisé l’ouverture du Livre (Sourate al Fatiha) entre Moi-même et Mes serviteurs, tel que la moitié soit pour Moi alors que l’autre moitié soit pour Mes serviteurs. Et Mes serviteurs obtiendront ce qu’ils demanderont ».

Quand le serviteur dit : « Grâce au Nom d’Allah, Le Clément, Le Miséricordieux », Allah qu’Il soit loué dit : « Mon serviteur a commencé par Mon Nom, il M’est obligatoire que Je complète son action pour lui et que Je le bénisse dans son travail ».

Quand il dit : « Toute Louange est à Allah, Seigneur des Mondes », Allah, Le Tout Puissant dit : « Mon serviteur M’a loué et il sait que les bénédictions qu’il a sont de Moi et que les malheurs dont il a été épargné sont par Ma grâce ; Oh Mes anges, Je vous prends à témoin que J’ajouterai pour les faveurs de l’au delà à ceux de ce monde et Je l’épargnerai des calamités de l’au delà comme Je l’ai épargné des calamités de ce monde.

Et quand il dit : « Le Clément, Le Miséricordieux » ; Allah qu’Il soit loué, dit : « Je vous prends à témoin que je vais sûrement augmenter sa part de miséricorde et sa part de bénédiction.

Et quand il dit : « Le Maître du Jour du Jugement ». Allah Le Très Haut dit : « Je vous prends à témoin que comme il Me reconnaît comme le Maître du Jour du Jugement, Je vais très certainement rendre plus facile pour lui ce Jour du Jugement et accepter très certainement ses bonnes actions et effacer ses péchés.

Quand il dit : « C’est Toi que nous adorons ». Allah, Le Très Elevé dit : « Mon serviteur dit la vérité, il n’adore que Moi, sois témoin que je vais très certainement le récompenser de ses prières de telle manière que ceux qui s’opposaient à ses prières l’envieront ».

Et quand il dit : « et c’est de Toi que nous implorons le secours », Allah Le Tout Puisant dit : « De Moi, Mon serviteur a demandé de l’aide et en Moi il recherche refuge. Sois témoin que Je vais très certainement l’aide dans ses affaires et dans ses difficultés et lui tenir la main dans ses calamités ».

Et quand il dit : « Guide- nous sur le droit chemin ». Allah, Le Très Haut dit : « Cette partie est pour Mon serviteur, et Mon serviteur aura ce qu’il Me demande et Je répondrai aux prières de Mon serviteur et lui donner ce qu’il espère et le protéger de ce dont il a peur.

Sheikh as soudouq rapporte qu’une tradition de notre 8ème Imam (as) explique la sourate al Fatiha dans le cadre des prières quotidiennes. Elle confirme la tradition précédente et dit que cette sourate a pour rôle d’enseigner aux fidèles la manière d’adorer Allah, de Le louer, et de Lui déclarer son allégeance. C’est une sourate dont le but est la prière et aucune autre sourate n’est meilleure qu’elle pour les prières.

Par exemple :

1- La sourate entière est un discours divin révélé à l’intention de son serviteur pour qu’il le récite dans ses prières.

2- Il est divisé en deux parties : une pour Allah et l’autre pour Son serviteur

3- Elle contient en dépit de sa brièveté, toute la sagesse du Saint Coran

Dans une autre tradition, Imam Jaffar as Sadiq (as) a dit que : « Le droit chemin est « Amiroul Mouminine (as) » ». Il a dit : « « le droit chemin » est le chemin qui mène vers la connaissance d’Allah. Et il y deux chemins, l’un dans ce monde et l’autre dans l’au delà. Concernant le chemin dans ce monde, il s’agit de l’Imam dont l ‘obédience est obligatoire. Celui qui le connaît dans ce monde est suit son enseignement pourra passer dans l’au delà sur le pont suspendu au dessus de l’Enfer (pool-é-sirat).