Ethiopie : de la première base de l'Islam à la situation actuelle des musulmans

Par : Amir Déhi
Ethiopie : de la première base de l'Islam à la situation actuelle des musulmans
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L'Abyssinie est un nom familier pour tous les musulmans. Dans cet article nous essayons de présenter les aspects différents de l'histoire et la situation politique de l'Abyssinie et de l'Ethiopie moderne, ses particularités géographiques et climatiques.

Nous nous intéresserons également à l'entrée des religions chrétienne, catholique, orthodoxe et protestante en Ethiopie, ainsi qu'à la situation des musulmans dans ce pays. Nous insisterons ensuite sur l'histoire de l'Ethiopie au XXe siècle et sur la situation des musulmans éthiopiens à l'époque de la domination coloniale des Italiens, avant de la décrire à l'époque du régime socialiste, et enfin la croissance des activités de la communauté musulmane éthiopienne pendant ces trois dernières décennies. Dans la dernière partie de cet article, nous nous attarderons sur les relations économiques entre l'Iran et l'Ethiopie.

Mots clés :
Abyssinie, Ethiopie, Islam, Christianisme, Hégire, Confessions chrétiennes, caractéristiques géographiques, historiques et politiques, Italie, régime royal de Hailé Sélassié, relations économiques.

De l'Abyssinie à l'Ethiopie
L'Abyssinie est un nom familier pour tous les musulmans. L'Abyssinie était la première base de l'Islam et l'abri de nombreux compagnons du prophète de l'Islam, avant même que l'Islam se propage dans la péninsule arabique. En effet, avant l'hégire du prophète de l'Islam de la Mecque à Médine, des dizaines de musulmans avaient immigré de la Mecque en Abyssinie, sur ordre du messager de Dieu.

En réalité, en raison de cette hospitalité des Abyssiniens à l'égard des immigrés musulmans, plus tard les armées de l'Islam ne sont jamais entrée en Djihad contre l'Abyssinie. Négus fut le premier empereur de l'Abyssinie à se convertir à l'Islam et son tombeau est, même aujourd'hui, un lieu de pèlerinage des musulmans éthiopiens. Selon les sources et les documents historiques arabes, l'Abyssinie ancienne était un pays plus vaste et plus peuplé que l'Ethiopie contemporaine. Au début de la période islamique, L'Abyssinie s'étendait jusqu'aux côtés de la Mer Rouge. En outre, plusieurs siècles plus tard, lorsque les troupes ottomanes ont annexé une grande partie des côtes de la Mer Rouge aux territoires sous contrôle de l'Empire, elles ont créé une province abyssinienne. Du XVe au XVIIe siècles, des gouvernements autonomes ont vu le jour dans les plateaux orientaux de l'Ethiopie, cependant ces gouvernements locaux étaient en proie aux conflits ethniques, et étaient contraints les un comme les autres de se soumettre au gouvernement chrétien de l'Abyssinie pour se mettre à l'abri des dangers d'ordre sécuritaire.

Le nom de l'Ethiopie
Il existe souvent une confusion sur l'utilisation du mot "Ethiopie" surtout dans la période antique, mais également les Temps modernes. Les grecs anciens utilisaient le mot "Aithiopia" qui signifie "le pays des visages brûlés" pour désigner les peuples vivant au sud de l'Egypte antique, en particulier dans la région aujourd'hui connue sous le nom de Nubie, l'utilisation moderne en a déplacé la signification plus loin vers le sud les terres connues vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle sous le nom d'Abyssinie.

La situation géographique et climatique
Située au coeur de la Corne de l'Afrique de l'Est, l'Ethiopie est le deuxième plus grand pays africain, avec un territoire de 1.127.127 Km². L'Ethiopie est encadrée par l'Erythrée au nord, Djibouti et la Somalie à l'est, le Kenya au sud, le Soudan à l'ouest. C'est une terre de contraste où les paysages changent constamment d'une région à l'autre, créant le microcosme d'un continent entier dans un pays de la taille de la France et de l'Espagne réunies. Ce contraste est en grande partie due à l'activité volcanique qui a formé cette région, il y a environ quarante millions d'années. Des failles profondes se sont alors ouvertes dans la roche et les couches sédimentaires laissant la lave basaltique lentement recouvrir la terre. La Rift Valley fend le pays en trois régions distinctes : les hauts plateaux occidentaux, les hauts plateaux orientaux, et les pleines de la Rift Valley proprement dite.

Au centre du pays, les hauts plateaux culminent à des altitudes de 4000 mètres, avec le sommet du Ras Dashen qui s'élève à 4620 mètres dans le massif du Simien. Ces vastes plateaux basaltiques sont profondément entaillés par deux rivières qui s'écoulent en direction du Nil, l'Abbaï, issue du lac Tana et qui correspond au cours supérieur du Nil Bleu et Takazzé. Enfin, dans le sud et l'ouest des plaines de la Rift Valley, les pluies sont abondantes toute l'année et dans les provinces de Kaffa et de Sidamo, le café qui y pousse naturellement est cultivé dans de grandes plantations.

La composition ethnique
La majorité des Ethiopiens sont de races afro-asiatiques : dans les régions du nord du pays les sémites sont majoritaires. Dans les régions orientales de l'Ethiopie, il y a une majorité ethnique des Cushtes. Les Nilo-sahariens habitent souvent dans les régions de l'est et du sud-est du pays, tandis que les Omotics vivent pour la plupart dans les régions du sud de l'Ethiopie.

Selon les dernières estimations de la Banque mondiale, en 2001 la population éthiopienne s'élevait à près de 65.891.000 personnes. 47.18% de la population sont composés par des individus âgés de moins de 15 ans, 50.3% des Ethiopiens ont de 15 à 64 ans, tandis que seuls 2.79% de la population sont composés par des gens âgés de plus de 65 ans.

Les Oromos représentent 40% de la composition ethnique de l'Ethiopie et les Amharas présentent, quant à eux, 32% de la population. Les Sidamas (9%), les Tigres (6%), les Somalis (6%), les Afars (4%), les Gurages (2%) sont les autres principaux groupes ethniques de l'Ethiopie.

Les musulmans représentent la moitié de la population nationale, tandis que les chrétiens orthodoxes constituent 32% de la population. Les animistes et les Juifs comptent les principales minorités religieuses de ce pays. Outre les dialectes locaux, la plupart des Ethiopiens parlent la langue arabe, mais l'anglais est la langue administrative de l'Ethiopie, enseignée officiellement à l'école.

L'histoire de l'Ethiopie
L'Afrique en général, et l'Ethiopie en particulier, se trouvent au cœur de l'histoire de l'humanité. Au cours de son histoire, la civilisation éthiopienne a été au carrefour des civilisations d'Afrique sub-saharienne et du Moyen-orient. A partir du XIXe siècle et tout au long de la période coloniale, l'histoire de l'Ethiopie se caractérise par l'indépendance que le pays a toujours su préserver. L'Ethiopie abrite les restes des plus anciens hominidés connus.

Les premiers enregistrements de l'activité éthiopienne viennent des commerçants égyptiens, aux environs de 3000 avant Jésus Christ qui se réfèrent aux terres du sud de la Nubie ou de Koush comme le Pays de Pount ou de Ta Néterou.

Vers 800 avant Jésus Christ, le royaume de D'mt apparaît en Ethiopie, localisé autour de Yeha au nord de l'Ethiopie. Le royaume semble avoir eu des relations très étroites avec le royaume sabéen du Yémen. En Grec antique, les Ethiopiens étaient considérés comme un peuple sacré aimé des dieux. Homère évoque dans l'Iliade les Dieux de l'Olympe partis festoyer chez les Ethiopiens sans reproche.

Le premier véritable empire de grande puissance à apparaître en Ethiopie fut celui d'Axoum au premier siècle de notre ère. Il fut parmi les nombreux royaumes à succéder à D'mt et réussit à unir les royaumes du plateau éthiopien du nord qui étaient apparus au premier siècle avant jésus Christ. Les bases du royaume furent posées sur les hauts plateaux du Nord et s'étendirent à partir de là vers le Sud. Le prophète Mani, figure religieuse Perse, citait à cette époque Axoum comme une des quatre grandes puissances de son temps avec l'empire romain, la Perse et la Chine, etc.

Ce qui caractérise incontestablement cet empire est la pratique de l'écriture. Le christianisme est introduit dans le pays vers 330. Il s'avérerait au vu des faibles indices à disposition que cette nouvelle religion disposait à ses débuts d'une influence limitée.

La fin du royaume d'Axoum est au moins aussi mystérieuse que son commencement. Par manque d'indices détaillés, la chute du royaume a été attribuée à une période de sècheresse persistante, la peste, une variation dans les routes du commerce réduisant l'importance de la Mer Rouge ou une combinaison de ces facteurs. En fait, avec l'avènement de l'Islam, Axoum perd à la fois ses possessions yéménites et son commerce extérieur. L'historien musulman Abou Jafar al-Kharazmi écrit en 833 que la capitale du royaume de Habash était alors Jarma. A moins que Jarma ne soit un autre nom d'Axoum, ceci laisserait penser que la capitale se serait alors déplacée vers un nouvel emplacement, jusqu'alors inconnu.

Les subdivisions administratives et la vie politique
Second pays d'Afrique par sa population, l'Ethiopie est l'une des plus anciennes nations au monde, et l'une des seules nations d'Afrique à avoir conservé sa souveraineté pendant le démembrement de l'Afrique au XIXe siècle. La constitution de 1994 a mis en place un système fédéral reposant sur neuf régions ethniques (Tigré, Afar, Amhara, Oromia, Somali, Gambela, Harar, Région des nations, nationalités et peuples du Sud, Benishangul-Gumaz) et deux régions autonomes (Addis-Abeba et Dire Dawa).

Chaque région est subdivisée en cantons et municipalités. Elles disposent de leur propre gouvernement et d'un droit constitutionnel à l'autodétermination et à la sécession.

A l'époque de la Guerre froide et le partage politique du monde entre les deux superpuissances américaine et soviétique, l'Ethiopie était considérée comme une région stratégique très importante étant donné sa situation géographique dans la zone de la Mer Rouge. Mais depuis la sécession entre l'Ethiopie et l'Erythrée, cette importance stratégique a été quelque peu affectée. Cependant, grâce à l'ancienneté de son histoire et de sa civilisation, l'Ethiopie n'a pas perdu de son importance politique à l'échelle internationale, de sorte que le siège permanent de l'organisation de l'Unité africaine et celui de la commission économique des Nations Unies pour l'Afrique se trouvent dans ce pays.

Les principaux partis politiques éthiopiens sont le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), présidé par Meles Zenawi, au pouvoir depuis 1991, la Coalition pour l'unité et la démocratie (CUD), présidé par Hailu Shawel qui constitue la principale force d'opposition, les Forces démocratiques éthiopiennes unies (FDUE), présidées par Beyene Petros.

Le régime actuel tente donc de consolider son pouvoir, relativement fragile, en s'opposant sur la scène internationale à l'Erythrée, qui symbolise l'adversaire extérieur. L'Ethiopie est membres d'une multitude d'organisations internationales : l'Organisation des Nations Unies, l'Organisation de l'Union africaine, la banque du développement africaine, la Commission économique de l'Afrique, le groupe 24, le groupe des 77, l'Agence internationale de l'Energie atomique, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, le Mouvement des non-alignés, etc.

Le Christianisme en Ethiopie
1-La religion orthodoxe. Le christianisme est introduit dans le pays par Frumentius (330-360) fait premier évêque de l'Ethiopie par Saint Athanasius d'Alexandrie vers 330. Frumentius converti Ezana, qui a laissé plusieurs inscriptions détaillant son règne précédant et succédant sa conversion. Une inscription trouvée à Axoum, déclare qu'il conquit la nation du Bogos dont il est rentré victorieux, grâce au soutien de son père, le dieu mars. Des inscriptions postérieures montrent l'attachement grandissant d'Ezana pour le christianisme, confirmé par la modification des pièces de monnaie, passant des motifs du disque solaire et du croissant lunaire au signe de la croix. Les expéditions d'Ezana au royaume de Kouch à Meroe au Soudan ont pu être responsable de sa chute, bien qu'il existe des signes indiquant que le royaume suivait dès lors une période de déclin. Suite à l'agrandissement de l'empire sous Ezana, Axoum devenu chrétien partageait ses frontières avec la province romaine de l'Egypte. Ezana était alors le premier à propager la religion orthodoxe en Ethiopie, religion dépendante de l'Eglise d'Alexandrie.

2- La religion catholique. Au XVIe siècle, une armée musulmane dirigée par l'Imam Ahmed Ben Ibrahim al-Ghasi, dit Ahmed Gran, pénètre l'Ethiopie du sud au sud-est du pays. Ahmed Gran, originaire du Harar avait essentiellement réussi à unir les peuples de l'Ogaden, et c'est doté d'une cavalerie d'Afar, d'Harar et de Somali qu'il s'est lancé dans ses conquêtes. C'est dans ces conditions que Lebna-Dengel lance un appel à l'intention des Portugais. Une armée portugaise de 600 soldats débarque en Ethiopie en 1541 et rejoint les troupes chrétiennes de l'Ethiopie.

Mais à la bataille de 1542, Ahmed Gran soutenu par les Turcs, remporte la victoire. Il trouve la mort plus tard lors d'une bataille contre les Portugais. Des Jésuites arrivent en Ethiopie dès 1557. Au début du XVIIe siècle, les jésuites gagnent la confiance de la cour et du roi. Le père Paez se comportait de façon plus ou moins diplomatique, obligeant le roi, converti au catholicisme, de prendre des sanctions contre ceux qui refusaient de se soumettre au catholicisme. L'empereur s'est laissé convaincre et proclame le catholicisme religion officielle d'Ethiopie. Cette décision provoque une crise nationale grave, suivie d'une véritable insurrection populaire, même l'armée refuse de défendre le roi.

3- La religion protestante. Selon des indices qui existent, le protestantisme est entré en Ethiopie probablement après le catholicisme, c'est-à-dire à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, grâce aux activités des missionnaires suédois. Le protestantisme s'est propagé surtout dans la province de Tigré.

L'Islam en Ethiopie
L'avènement de l'Islam fut un tournant décisif non seulement de l'histoire des religions, mais aussi de l'histoire universelle. L'apparition de la religion musulmane laissa des impacts politiques, sociaux et culturels très profonds sur l'histoire des peuples du Moyen-Orient qui était le berceau de l'Islam, mais aussi des nations des régions avoisinantes. L'Ethiopie se trouve exactement dans cette sphère d'influence, en raison de son voisinage avec la péninsule arabique.

Dans le Livre saint des Musulmans, le noble Coran, il y a, à deux occasions, des allusions faites à l'Abyssinie, ce qui indique l'importance qu'occupe cette contrée dans la mémoire collective des Musulmans :

1- L'Abyssinie était à l'époque de l'avènement de l'Islam en Arabie, un pays peuplé par les monothéistes. En effet, le fait qu'un pays proche de la péninsule arabique était habité par des Chrétiens trouve toute son importance dans le soutien que le roi chrétien d'Abyssinie accordait au jeune mouvement islamique. Le roi chrétien d'Abyssinie respectait énormément le prophète de l'Islam et son appel au monothéisme dans une péninsule arabique où régnaient l'ignorance et l'idolâtrie. A cette époque-là, le prophète de l'Islam avait établi des relations fraternelles avec les Chrétiens d'Abyssinie.

2- La visite des prêtres abyssiniens en Arabie, à l'époque où le prophète de l'Islam n'était qu'un jeune enfant, compte aussi parmi les événements inoubliables marquant l'histoire de la religion musulmane. Lorsque les prêtres abyssiniens arrivèrent à la Mecque, le vénéré Mohammad n'avait que cinq ans et il était sous la tutelle de son grand-père. Lors d'une rencontre, les prêtres chrétiens découvrirent en cet enfant les signes de la prophétie, tels qu'ils avaient été décrits dans les Livres saints du Judaïsme et du Christianisme. Selon des récits, les prêtres chrétiens auraient même voulu emmener le jeune enfant en Abyssinie, pour que plus tard, le futur messager de Dieu déclare sa mission prophétique parmi eux, ce à quoi s'opposa évidemment le grand-père de jeune Mohammad. Cette histoire a été également relatée dans le noble Coran. "Moïse disait à son peuple : 0 mon peuple ! pourquoi m'affligez-vous ? Je suis l'Apôtre de Dieu envoyé vers vous, vous le savez bien.

Mais lorsqu'ils s'écartèrent de la route. Dieu les égara. Il ne dirige point les prévaricateurs. Je suis l'Apôtre de Dieu, disait Jésus, fils de Marie, à son peuple.
Je viens confirmer le Livre qui m'a précédé, et vous annoncer la venue du prophète qui me suivra, et dont le nom est Ahmed." (Sourate LXI, versets 5 et 6)

3- L'immigration des compagnons du prophète en Abyssinie. Les compagnons du prophète subissaient des supplices douloureux pendant les premières années de l'histoire de l'Islam, de la part des mécréants de la Mecque. Le messager de Dieu leur conseilla d'immigrer de la ville et d'aller vivre dans des régions sûres. Il conseilla alors à une partie de ses adeptes d'immigrer en Abyssinie. Les noms de trente musulmans qui ont immigrés en Abyssinie ont été mentionnés dans les récits historiques du début de l'Islam. Pendant leur séjour en Abyssinie, ces musulmans ont propagé l'Islam dans ce pays, mais la plupart d'entre eux sont rentrés à Médine avant la fin du VIIe siècle.

4- Six ans après l'Hégire du prophète de l'islam de Médine à la Mecque, le messager de Dieu a expédié huit personnes en tant que ses représentants vers les pays voisins de la péninsule arabique pour inviter les dirigeants de ces pays à embrasser l'Islam et à se convertir à la religion divine. Selon les récits historiques, le prophète de l'Islam envoya Amr Ibn Omeyyade al-Zamri en Abyssinie. Le roi chrétien d'Abyssinie se convertit à l'Islam. Quelques années plus tard, lorsque l'on apprit la nouvelle du décès du roi d'Abyssinie à Médine, le Prophète de l'Islam et ses compagnons prièrent tous pour son âme.

5- Dans la mémoire collective des musulmans, le nom de l'Abyssinie rappelle toujours celui d'un compagnon du vénéré prophète de l'Islam, Belal qui fut un esclave originaire d'Abyssinie. Belal qui devint plus tard le muezzin favori du messager de Dieu était à la Mecque un esclave d'Omeyyade Ibn Khalaf. Ce dernier fut l'un des ennemis les plus intransigeant du prophète de l'Islam. Pour se venger du prophète de l'Islam, il torturait publiquement son esclave, Belal qui s'était converti malgré la volonté de son maître à la religion du vénéré Mohammad. Mais l'esclave musulman résistait courageusement à tous les supplices et n'est revenu jamais sur sa nouvelle religion. Les compagnons du prophète réussirent avec beaucoup de difficultés de sauver Belal, en payant le prix de l'esclave à son maître. Des années plus tard, au moment de la guerre de Badr, la première guerre qui se déclencha entre les musulmans réunis autour du prophète de l'Islam et les païens de la Mecque,
Omeyyade Ibn Khalaf, ancien maître de Belal, fut capturé par les musulmans. Certains étaient contre son exécution en raison peut-être des liens de parenté qui les unissaient avec la famille d'Omeyyade. Mais Belal était parmi ceux qui insistaient sur son exécution. "Omeyyade était le leader de tous les païens et il doit être puni", disait-il. Et finalement les musulmans de Médine exécutèrent Omeyyade et son fils pour des crimes qu'ils avaient commis avant l'Hégire contre les musulmans de la Mecque.

L'Ethiopie au XXe siècle
En 1869, les Ethiopiens ont vaincu les colonialistes italiens. En 1930, Ras Tafari Makonnen est couronné empereur sous le nom de Haïlé Sélassié 1er. Son règne est interrompu lorsque les forces italiennes fascistes envahissent le pays en octobre 1935 puis l'occupent en mai 1936, après une guerre annonçant les atrocités de la Seconde Guerre mondiale. L'empereur, après une décision majoritaire du Conseil impérial, prend le chemin de l'exil vers l'Angleterre afin de sauvegarder le gouvernement national. L'appel qu'il lance à la Société des Nations, à Genève, où il défend la cause de son pays, membre à part entière de l'organisation, en juin 1936, reste vain. Mussolini déclare le roi d'Italie nouvel empereur d'Ethiopie. Dans le pays, une résistance patriotique prend forme, notamment avec le général Abebe Atagay. Cinq ans plus tard, les forces britanniques, françaises et éthiopiennes boutent les Italiens hors du pays et Haïlé Sélassié récupère son trône. Il pénètre en vainqueur à Addis-Abeba le 5 mai 1941.

Lors des décennies suivantes, l'empereur Haïlé Sélassié s'efforce de poursuivre la modernisation du pays. La première grande école d'études supérieures du pays est fondée en 1950. La constitution de 1931 est remplacée par un nouveau texte en 1955 qui augmente le pouvoir du parlement.

Le 17 octobre 1952, suite à la décision de l'ONU, l'Erythrée, territoire créé par les Italiens qu'ils durent abandonner avec la défaite de 1941, est placée sous souveraineté éthiopienne, dans un cadre fédéral. Elle est rattachée à l'Empire par un vote de l'Assemblée érythréenne le 14 novembre 1962, rattachement qui rend aussi à l'Ethiopie l'accès à la mer dont elle est privée depuis l'arrivée des Européens en Mer Rouge.

Le 24 mais 1993, l'Erythrée déclare son indépendance. Entre 1998 et 2000, une guerre éclate avec le nouvel Etat à cause de différends territoriaux mineurs. Celle-ci fait plus de 80.000 morts. Une Force de maintien de la paix des Nations Unies est depuis présente sur la frontière commune entre l'Ethiopie et l'Erythrée. En décembre 2006, les troupes éthiopiennes pénètrent en somalie, chassant les troupes des Tribunaux islamiques, hostiles à l'Ethiopie. La campagne est achevée en moins d'une semaine, et permet au gouvernement somalien de transition d'accéder au pouvoir.

La situation des musulmans avant et après la domination italienne
Les colonialistes italiens ont instrumentalisé la situation déplorable des musulmans éthiopiens par le système politique de l'empire éthiopien, pour assurer bien sûr leurs propres intérêts militaires et politiques dans le pays. Dans ce cadre, l'administration coloniale des Italiens a donné à la communauté musulmane éthiopienne la liberté du culte. Les religieux musulmans ont été chargés d'administrer les tribunaux éthiopiens, et la langue arabe était enseignée officiellement dans les écoles. Tous les journaux importants de l'Ethiopie étaient publiés en arabe et la radio des colonialistes italiens diffusait des émissions en arabe. Dans les nouvelles divisions et subdivisions administratives de l'Ethiopie, l'administration coloniale avait d'ailleurs respecté la situation ethnique et confessionnelles des régions à majorité musulmane. Dans ces régions, les Italiens ont restauré les anciennes mosquées et en ont construit des nouvelles. Mussolini avait donné l'ordre de la construction d'une grande mosquée à Addis-Abeba pour rendre hommage à la collaboration de la communauté musulmane dans la guerre contre le gouvernement éthiopien.

A noter que pendant plusieurs siècles, les musulmans éthiopiens avaient été isolés du reste du monde musulman, et ils étaient considérés dans leur propre pays comme des étrangers. C'est la raison pour laquelle ils ont été amenés à collaborer avec les colonialistes italiens contre le gouvernement central éthiopien dont ils étaient des victimes pendant de longs siècles.

Après la fin de l'occupation italienne en 1941 et la restauration du régime impérial de Haïlé Sélassié, un grand nombre de leader politiques et religieux de la communauté musulmane ont été poursuivi et condamnés pour trahison.

Dans le même temps, pour renforcer l'unité nationale de l'Ethiopie, le régime de restauration a décidé de donner quelques avantages à la communauté musulmane, cependant ces démarches restent plutôt superficielles.

A l'époque des Italiens, les musulmans avaient été autorisés à instaurer leurs propres tribunaux religieux ayant la compétence de se charger des procès différents portant sur le mariage, le divorce, la succession, etc. Après la restauration du régime de Haïlé Sélassié, ces tribunaux islamiques ont été autorisés à poursuivre leurs activités, cependant, le régime a décidé de supprimer les règlements spéciaux destinés aux affaires des musulmans éthiopiens, dans le code civil de 1960. Le code civil de 1960 n'a jamais reconnu le droit des musulmans à la polygamie d'autant plus que pour le mariage et toutes les questions relatives à la vie familiale et conjugale, les musulmans éthiopiens ont été contraints à se soumettre aux normes et aux traditions propres aux chrétiens. En réalité, la commission qui avait été chargée de cette affaire a consulté les autorités religieuses chrétiennes, sans jamais consulter les représentants de la communauté musulmane, avant l'élaboration du nouveau code civil de l'Ethiopie. Au départ, dans l'avant texte du code civil, un chapitre avait été consacré aux membres de la communauté musulmane, mais dans le texte final, ce passage a été totalement éliminé.

Plus tard, en 1962, dans le code juridique civil de l'Ethiopie, la poursuite des activités des tribunaux religieux des musulmans a été considérée comme illégale, sans que les autorités judiciaires de l'Ethiopie interviennent directement pour fermer les tribunaux islamiques. En réalité, elles souhaitaient que ces tribunaux soient fermés progressivement par les musulmans eux-mêmes.

Dans ses discours officiels, Haïlé Sélassié prétendait toujours qu'il y a dans son pays une liberté du culte totale et que tous les citoyens éthiopiens jouissaient de ce droit, cependant, sur le plan pratique, l'Etat soutenait et propageait le christianisme, en défaveur de l'Islam qui était considéré en quelque sorte comme une antithèse au nationalisme éthiopien. Le gouvernement de Haïlé Sélassié essayait toujours de minimiser l'importance démographique de la communauté musulmane, en propageant l'idée selon laquelle l'Islam appartient au passé, et l'Ethiopie constitue l'île de la stabilité des Chrétiens au sein du monde musulman.

Certains courants nationalistes éthiopiens prétendent que pendant cette période qui a duré plusieurs décennies, l'Etat n'a appliqué aucune politique officielle de discrimination ou de répression à l'encontre des musulmans éthiopiens, cependant ils ne cachent pas que pendant cette période, les musulmans éthiopiens ont été de plus en plus isolés de la scène politique, sociale et culturelle de leur pays.

Markakis explique comment les musulmans éthiopiens ont perdu toute motivation pour une participation active à ce qui se passaient autour d'eux, en raison de la négligence qu'affichait l'Etat à leur égard. Parmi les facteurs négatifs qui ont entraîné la faible participation des membres de la communauté musulmane, Markakis a énuméré : les vagues successives de la propagande religieuse de la part des Chrétiens, l'interdiction de l'enseignement de la langue arabe dans les écoles et les établissements scolaires, l'indifférence affichée par l'Etat envers les fêtes et les cérémonies religieuses des musulmans, l'instrumentalisation du nationalisme éthiopien pour porter atteinte aux facteurs de l'identité religieuse des musulmans éthiopiens. Dans le même temps, alors que les institutions religieuses des musulmans ne bénéficiaient d'aucune aide ou assistance de l'Etat, le gouvernement éthiopien soutenait financièrement, de façons directes ou indirectes, les églises, les écoles et toutes les autres institutions religieuses des chrétiens.

De 1960 à 1970, avec les évolutions survenues progressivement dans l'ensemble des pays africains et dans le monde musulman, la situation des musulmans éthiopiens a connu des changements plus ou moins positifs.

La situation des musulmans à l'époque de la dictature stalinienne
Après une période de troubles qui commence en février 1974, un conseil administratif de soldats, connu sous le nom de Derg destitue Haïlé Sélassié, prend le pouvoir et installe un gouvernement socialiste qui se révèle rapidement autoritaire. Le Derg exécute sommairement 59 membres de la famille royale ainsi que des généraux et ministres du gouvernement de l'empereur.

A partir de 1975, les terres sont nationalisées et un an plus tard, une délégation éthiopienne se rend à Moscou et signe un accord d'assistance militaire avec l'Union soviétique. En juillet 1977, la Somalie de Syas Barré attaque l'Ethiopie pour soutenir les indépendantistes de la province d'Ogaden, mais le conflit voit la défaite de la Somalie en mars 1978.

Le lieutenant colonel Mengistu Haïlé Mariam assume le pouvoir à la tête de l'Etat et du Derg en tant que président. Les années sous Mengistu sont marquées par un gouvernement totalitaire et la militarisation du pays financée par l'Union soviétique et Cuba. Après la chute de l'Union soviétique au début des années 1990,
l'Ethiopie ne reçoit plus d'aide du camp communiste, ce qui affaiblit le pays. en 1991, Mengistu annonce la fin de l'économie marxiste.

La communauté musulmane de l'Ethiopie a joué pourtant un rôle important dans les protestations populaires de 1974, car les musulmans avaient été pratiquement privés de leurs droits de citoyens pendant les années 1960 et 1970 par le régime de Haïlé Sélassié. Le 9 avril 1974, le Premier ministre de l'époque, Endalkachaw Makonnen a rencontré les représentants de la communauté musulmane. Ces derniers lui ont remis, dans une lettre, leurs demandes concernant les droits des membres de la minorité musulmane : 1) la constitution doit être amendée pour que le gouvernement soutienne officiellement la communauté des musulmans éthiopiens, 2) le gouvernement doit autoriser les musulmans à créer en toute liberté leurs institutions religieuses, 3) les tribunaux islamiques doivent bénéficier d'un budget bien déterminé et ils
doivent jouir de l'autonomie selon la constitution éthiopienne, 4) l'Etat doit respecter le calendrier religieux des musulmans surtout leurs fêtes, 5) L'Etat doit reconnaître la création des associations des femmes et des jeunes musulmans, 6) les musulmans doivent avoir le droit à la propriété des terres, 7) Les musulmans
éthiopiens sont privés du droit à la propriété des terres et ce malgré les déclarations officielles du roi qui accorde les droits légaux à tous les citoyens du pays, 8) les musulmans éthiopiens doivent avoir le droit de travailler aux services administratifs, judiciaires, défensifs, politiques, etc. 9) le gouvernement doit
permettre aux religieux musulmans de propager librement l'Islam et financer leurs activités, en permettant également aux missionnaires musulmans étrangers d'être actifs en Ethiopie, 10) les médias audiovisuels doivent consacrer certaines émissions à la propagation de l'Islam en Ethiopie, 11) au lieu de l'expression de
"musulmans résidants en Ethiopie", l'Etat doit utiliser l'expression de "musulmans éthiopiens", 12) la religion musulmane doit être enseignée dans les écoles, 13) le gouvernement éthiopien doit autoriser les musulmans à construire des mosquées et à jouir des facilités douanières pour l'importation des matériels nécessaires pour la construction de leur mosquées.

De nombreuses personnalités étaient membres de la commission de l'élaboration du texte constitutionnel de 1975, cependant un seul représentant de la communauté musulmane été invité à y participer. Cependant, l'église orthodoxe a vivement protesté contre la présence d'un musulman dans la commission constitutionnelle. Pour l'église orthodoxe, la langue Amhara devait rester la seule langue officielle de l'Ethiopie et la religion orthodoxe doit être la religion d'Etat.
Après les protestations des pays arabes contre les démarches de l'église orthodoxe éthiopienne, cette dernière a démenti son opposition à l'interdiction du voyage des non chrétiens en Ethiopie, ainsi que son hostilité pourtant manifeste aux adeptes des autres religions en Ethiopie.

Le développement de la communauté musulmane
Le 15 septembre 1975, une délégation des représentants des musulmans de diverses régions éthiopiennes, présidée par Hadj Mohammad Thani Habib, imam de la mosquée Anwar a rencontré le chef de Derg et le ministre de la Défense. Lors de cette rencontre, l'imam de la mosquée Anwar a annoncé officiellement le soutien de la communauté musulmane au programme de réformes générales.

Le 22 septembre 1975, le nouveau gouvernement a annoncé qu'il respectera le calendrier religieux des musulmans et pour la première fois la fête du sacrifice a été annoncée comme un jour férié en Ethiopie.

Le gouvernement a décidé également d'annoncer un jour férié pour le jour anniversaire de la naissance du prophète de l'Islam (Que la paix divine soit sur lui et sur ses descendants). Dans le premier numéro du quotidien Addis Zemen qui a paru après la révolution, un musulman éthiopien Abdullah Teyeb a écrit un article intitulé "l'Islam et le socialisme". Dans son article, il a indiqué que l'Islam possède un ensemble complet de règlements juridiques et judiciaires, expliquant clairement le point de vue de l'islam sur la propriété de la terre.

La déclaration des réformes agraires a été publiée par le nouveau gouvernement en mars 1975. Les paysans musulmans ont accueilli favorablement le projet des réformes agraires car son application pourrait mettre fin à l'oppression qu'ils subissaient de la part des membres de la tribu Amhara, dans les régions du sud de l'Ethiopie.
Cependant, le gouvernement marxiste a décidé plus tard d'appliquer un projet de propriété collective des terres, ce qui a dévié le plan des réformes agraires.
L'application de ce nouveau projet était un désastre pour les paysans musulmans, surtout dans les régions du nord de l'Ethiopie, les ouvriers agricoles musulmans ont perdu leur travail et deux mois après l'application du projet, le gouvernement a été obligé de créer des camps pour des musulmans poussé à quitter leurs terres.

En effet, après la nationalisation des terrains urbains et du logement en juillet 1975, un grand nombre de personnes, surtout des hommes d'affaires et des constructeurs qui y avaient énormément investi ont perdu leurs moyens de subsister.

En décembre 1974, le gouvernement a demandé aux musulmans de remettre la peau des bestiaux abattus pour la fête du sacrifice à un comité d'Etat. En janvier 1975, les musulmans éthiopiens ont du verser des sommes importantes aux sinistrés par la famine, à la demande de l'imam de la mosquée Anwar. A partir de 1979, le gouvernement éthiopien n'a plus accordé d'importance aux affaires religieuses des musulmans éthiopiens, cependant les autorités officielles choisissaient avec beaucoup de soin les dignitaires religieux des musulmans comme elles nommaient les diplomates, les fonctionnaires ou les officiers de l'armée.

Selon Clapham, à l'époque du régime impérial, il n'y avait même pas un ministre musulman dans le cabinet du gouvernement. Des 138 postes de haut rang, seuls six postes avaient été confiés aux personnalités musulmanes. Ceci montre à quel point les musulmans étaient absents dans les postes clés du gouvernement. Cependant, au début du régime des militaires, Mohammad Abdelrahman a été nommé ministre du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme. Le capitaine Hassan Saïd a été nommé au poste de directeur de la compagnie de navigation éthiopienne, Youssef Ahmed a été nommé ministre du Transport, et Hussein Ismaïl au poste de ministre de l'Education. Par ailleurs, il y avait parmi les membres du comité central du Parti des Travailleurs d'Ethiopie, quatre personnalités musulmanes dont Abdelhafez Youssef, doyen de la faculté des sciences politiques en février 1976, Ali Moussa, député de la région Gamo Gofa, Youssef Ahmed ministre du Transport, Hussein Ismaïl, responsable de la commission des affaires idéologiques dans la région de Kafa en 1980, Ali Moussa seul membre musulmans de Dreg et enfin, Hussein Ismaïl membre du comité central du Parti des Travailleurs d'Ethiopie.

Sous le régime militaires, les représentants de la communauté musulmane n'ont pas réussi à faire reconnaître officiellement la création d'une association générale des affaires des musulmans et ce particulièrement en raison du manque d'expérience et de gestion, les rivalités personnelles parmi les personnalités musulmanes, etc.
En septembre 1991, l'Association des musulmans éthiopiens a mis en application un projet de réformes internes. Six mois après le décès de son fondateur Hadj Habib Thani, des élections ont eu lieu en octobre 1990 pour élire le président de cette association. Omar Hussein Abdelwahid, président des tribunaux islamiques, avait été élu provisoirement à la présidence de l'association des musulmans éthiopiens.

La situation actuelle des musulmans éthiopiens
Durant de longs siècles et pendant de longues décennies au XXe siècle, les musulmans éthiopiens vivaient en général dans de mauvaises conditions et étaient souvent privés de leurs droits sociaux, politiques, culturels et économiques. Cependant, l'occupation par les Italiens de l'Ethiopie, aux XIXe et XXe siècles, la situation de la minorité musulmane a été quelque peu améliorée et les musulmans ont bénéficié de plus de liberté. Selon le célèbre historien italien Alberto Sbacchi, l'objectif des italiens qui soutenaient les musulmans éthiopiens consistait à assurer leurs propres intérêts militaires, économiques et politiques en Ethiopie.

Sous le régime militaire de Haïlé Mariam, des évolutions importantes ont eu lieu dans l'église orthodoxe éthiopienne mais aussi dans la situation des représentations des autres religions en Ethiopie. Mengistu a aboli la supériorité d'une religion sur les autres, cependant, malgré ces changements, les démarches prises par le gouvernement central ont fini par approfondir les écarts parmi les musulmans et les chrétiens en Ethiopie.

Avec la montée au pouvoir du Parti populaire révolutionnaire démocratique éthiopien en 1991, tout le monde s'attendait à une amélioration des conditions de vie et des libertés des musulmans éthiopiens. Au premier pas, par exemple, le gouvernement a autorisé les musulmans éthiopiens à participer au pèlerinage annuel de hadj à la Mecque. Par ailleurs, dans le cadre des politiques de libéralisation et d'ouverture, le régime actuel a mis fin à la censure en levant l'interdiction de l'importation des exemplaires du Coran et des livres religieux musulmans. Les musulmans ont désormais le droit de célébrer publiquement leurs fêtes religieuses et construire de nouvelles mosquées. A noter que la nouvelle constitution éthiopienne insiste sur la séparation entre la religion et la politique. L'Association islamique d'Ethiopie et l'Association islamique d'Addis-Abeba créées toutes les deux an 1995 constituent les organisations les plus importantes des musulmans éthiopiens. Le gouvernement actuel de l'Ethiopie compte trois ministres musulmans, ceux de l'Emploi, des Finances, et de l'Energie et des Mines.

Les relations économiques entre l'Iran et l'Ethiopie
Les relations officielles entre l'Iran et l'Ethiopie dans les domaines politiques, diplomatiques et économiques remontent à plusieurs décennies avant la victoire de la révolution islamique d'Iran en 1979. Après la révolution iranienne, l'Ethiopie était l'un des premiers Etats africains à reconnaître la république islamique d'Iran. Pendant les huit années de la guerre imposée par le régime déchu de l'ex-dictateur de Bagdad, Saddam Hussein, à la République islamique d'Iran, l'Ethiopie avait condamné à plusieurs reprises les positions belliqueuses du régime de Saddam Hussein, et défendu le droit du peuple iranien à se défendre face à l'agresseur.

Avec l'ouverture de l'ambassade de la République islamique d'Iran à Addis-Abeba, les autorités politiques et économiques iraniennes et éthiopiennes se sont rencontrées régulièrement, et l'ancien Premier ministre éthiopien Tamirat Laynea a visité officiellement Téhéran, à l'époque de la présidence de l'Ayatollah Ali Khaménéi. Au cours de cette visite, les deux pays ont signé pour la première fois des accords économiques et commerciaux dans les domaines du pétrole, de l'acier et des matériels de construction. Après la destitution du gouvernement du colonel Mengistu Haïlé Mariam, et la montée au pouvoir en Ethiopie Meles Zenawi, les deux pays ont donné une impulsion à leurs relations politiques, économiques et commerciales. La première commission mixte économique irano-éthiopienne a eu lieu en 1999 à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie.

Les participants à cette commission mixtes se sont mis d'accord sur le développement des relations économiques et commerciales entre les deux pays. Suite à cette réunion, les présidents des chambres du commerce iranienne et éthiopienne se sont rencontrés, et la banque centrale éthiopienne a approuvé l'importation des matières chimiques, du textile et des machines industrielles depuis l'Iran.

La deuxième réunion de la commission économique mixte irano-éthiopienne a eu lieu en hiver 2001 à Téhéran, lors de laquelle les deux pays ont signé des notes d'entente de coopération scientifique, technique et technologique. L'Iran et l'Ethiopie se sont engagés également à développer leur coopération dans les domaines de l'agriculture, la médecine vétérinaires, la santé, l'audiovisuel, le tourisme, les interactions bancaires, etc. L'Iran et l'Ethiopie tentent également de promouvoir le niveau des activités communes dans les secteurs privés.