L’UNIVERS DES GEANTS

L’UNIVERS DES GEANTS
INTRODUCTION
Après quelques siècles de stagnation et de léthargie, la renaissance de l’art et de la science déclencha en occident un essor économique et l’établissement d’une nouvelle civilisation grâce à la révolution industrielle. Cette opportunité offrit à l’occident, non seulement l’occasion de compenser les erreurs du passé mais aussi celle de rattraper son retard.

Toutefois, à peine la nouvelle ère avait-elle commencé que l’occident accusa le poids de son retard qui s’ajoutait à un besoin croissant en matières premières d’une part et du manque de marchés permettant d’écouler les produits finis d’autre part. Cette situation fut à la base de la cupidité de l’occident qui se mit alors à convoiter les ressources de ses voisins, héritiers d’une brillante civilisation, dont les territoires regorgeaient de richesses naturelles ainsi que de larges ressources humaines.

Or à cette même époque, l’orient qui avait jusque là largement occupé le trône du monde grâce à une très grande richesse spirituelle, culturelle et intellectuelle provenant de l’Islam, était plongé dans un profond sommeil. Ce sommeil avait été provoqué par des maux multiples qui affectaient la communauté musulmane alors qu’elle constituait la majorité de la région. Ces maux sont : une certaine distance vis à vis des connaissances authentiques et des vrais savants, une interprétation erronée et incorrecte des enseignements religieux, l’influence de la superstition, de mauvaises formes de gouvernement, de mauvais animateurs de la société ainsi que des conflits.

Advenu durant les premières décennies qui ont suivi la mort du Saint Prophète, cet état de choses avait engendré des tendances différentes au sein de la communauté - des tendances pourtant issues d’un seul Islam - avec une certaine convergence existant à propos des principes religieux fondamentaux, les divergences s’appliquant plutôt à des notions moins centrales. La communauté avait reçu un coup terrible qui l’avait conduite à la catastrophe.

Cette situation déplorable facilita malheureusement l’invasion et la pénétration de l’occident dans le monde musulman au sein duquel il s’érigea en explorateur, en colonisateur et en dominateur. Il s’ingénia d’ailleurs à diviser plus encore la communauté en la fractionnant : « DIVISER POUR MIEUX REGNER ».

La situation alla de mal en pis. Ce qui occasionna la perte de l’identité religieuse et sociale, l’expropriation des richesses, le manque de confiance en soi et pire encore, des divergences et des dissensions au sein de la communauté islamique.

Toutefois, cette situation interpella la conscience de certains musulmans qui ayant ressenti une douleur profonde ainsi que l’intensité du danger, prirent l’initiative de rechercher des voies et des moyens afin de trouver les remèdes qui permettraient de guérir cette société si mal en point.

Ces braves gens, nonobstant toutes les divergences quant à la manière de reformer la société, s’accordèrent toutefois sur un point capital, à savoir : la lutte contre l’envahisseur occidental, qui constituait en même temps une nécessité et une priorité, ainsi que le besoin d’aplanir les différences de visions, afin de garantir l’unité et le salut de la communauté islamique.

L’unité des musulmans se présentait comme l’unique voie permettant d’éviter la décadence et d’accéder au bien-être.

Cette unité ne visait pas nécessairement l’unification religieuse, chose qui semblait tout à fait impossible… Il s’agissait plutôt d’une unité politique minimum ainsi que de la formation d’un front commun afin de faire face à l’exploiteur qui menaçait grandement la culture, la civilisation, voire le fondement même de l’Islam. Songer à l’unification de la communauté était une nécessité et plus encore : une obligation religieuse selon les prescriptions coraniques. D’ailleurs, en parcourant le saint Coran, ne trouvons-nous pas des versets sur l’unité ? Des versets tels que :

« Attachez-vous tous, fortement, au pacte de Dieu ; ne vous divisez pas ; souvenez-vous des bienfaits de Dieu : Dieu a établi la concorde en vos cœurs ; vous êtes, par Sa grâce, devenus frères alors que vous étiez des ennemis les uns pour les autres… »

La famille de ‘Imran (3) : 103

Ou :

« Cette communauté qui est la vôtre est vraiment une communauté unique. Je suis votre Seigneur ! Craignez-Moi donc ! »

Les croyants (23) : 52

Voire :

« Cette communauté qui est la vôtre est une communauté unique. »
Les prophètes (21) : 92

Lorsque l’on parle de religion céleste et du fait que tous les prophètes ont prêché la même religion qui est l’Islam ; l’humanité devrait former une seule et unique communauté.

Le premier verset cité, dit « VERSET DE L’UNITE », se situe dans le Coran directement après l’évocation de l’histoire des prophètes Abraham, Loth, Isaac, Jacob, David, Salomon, Job, Jonas, Zacharie ainsi que Jean le Baptiste. Il est fait ensuite allusion à Marie et à son fils Jésus, puis à quelques autres histoires provenant d’autres prophètes, avant d’évoquer ce verset.

Ces passages coraniques confirment clairement la nécessité de l’unité en même temps que la possibilité d’oublier toute contention, tout conflit entre les vrais fidèles des diverses religions célestes. Par surcroît, cette importance et cette nécessité se font sentir au sujet des tendances au sein de l’Islam, qui incarne l’authenticité de la religion céleste, la religion divine.

L’histoire garde en mémoire des hommes et des femmes parmi ceux et celles qui ont tenu un rôle particulièrement remarquable dans la constitution du patrimoine culturel et scientifique de l’Islam. Des personnages clairvoyants, aussi instruits que pieux, mus par le sens des responsabilités vis à vis de l’humanité en général ainsi que de l’Islam en particulier. Ils furent présents dans pratiquement toutes les époques. Ces illustres personnages sont reconnus soit comme réformateurs, soit comme savants voire comme réconciliateurs et parfois même ils incarnaient tout cela à la fois.

Les termes « réforme » et « réformateur » employés dans cette revue ne signifient nullement « changements superficiels » ou toute autre révision quelconque : par manque d’équivalents exacts dans la langue française ils correspondent aux termes coraniques «is?lah » et « mus?lih », tel que nous les trouvons dans les passages coraniques comme :

(هود، 88 / إن أريد إلا الإصلاح ما استطعت) Dans la terminologie coranique, le terme « s?oulh », qui constitue le radical des deux termes cités, signifie être meilleur ou s’améliorer. Pris dans ce sens, le terme traduit par réformateur signifie : « celui qui opte pour la meilleure solution ».

Les exploits de ces illustres personnages, de ces géants, ont pu raffermir la position de l’Islam et provoquer son éveil. Un réveil qui est semblable à un arbre solidement enraciné dans le sol et dont les racines se seraient déjà propagées et ramifiées, en dépit des vaines tentatives de division venant de la part des ennemis au sein de la communauté musulmane. Qu’ils aient disparu ou qu’ils soient encore de ce monde, l’ombre et la pensée de ces géants persistent toujours et ne cessent de réaliser de nouveaux exploits.

L’étude détaillée de leurs vies, de leurs pensées ainsi que de leurs activités s’avère indispensable tant pour l’intellectuel musulman que non musulman, afin de connaître leur univers et d’avoir la possibilité de les prendre comme modèles. C’est dans cette optique que nous nous proposons de présenter au fur et à mesure la biographie, la pensée ainsi que les œuvres de ces illustres personnages, dans cette rubrique intitulée :

L’UNIVERS DES GEANTS.