L'Imam Khomeiny et le hadj

L'Imam Khomeiny et le hadj

Quand les musulmans avaient renoncé - pour différentes raisons - à leur rôle de «nation intermédiaire», de «témoins» sur la scène historique, l'esprit qui donnait efficacité à leur mouvement a disparu en eux, et s'est éteint aussi la flamme qui les poussait sur la voie de la recherche de la perfection de soi. Cette extinction et cette disparition ont touché l'ensemble des aspects de la vie islamique, lui ont donné un caractère d'inertie et l'ont dépourvue de sa vitalité et de son efficacité.

Devant ce spectacle dramatique qu'offrait la situation des musulmans, des réformistes ont apparu dans le monde musulman qui a tenté de sauver les musulmans de leur léthargie, et de faire revivre l'esprit d'initiative et de mouvement dans leur société.

Mais la plupart de ces réformistes n'ont pas été à même de concrétiser leurs objectifs, et la cause de leur échec réside dans leur faible appréhension des situations prévalant dans le monde musulman, en d'autres termes, leur échec est dû au fait que les bases de leur message et de leur lutte ne s'enracinaient pas dans l'authenticité islamique.

Certains d'entre eux ont voulu réformer leur société avec des conceptions et des structures de pensées empruntées à l'Est ou à l'Ouest. fis se sont alors engagés dans la démocratie, le nationalisme, le socialisme, le libéralisme, le communisme dans l'espoir d'y trouver le remède à l'état de leur société; ignorant que ces vues orientales et occidentales ne sont nullement compatibles avec le substrat intellectuel et culturel de notre communauté; et oubliant que notre drame est d'abord représenté, en premier lieu, par l'invasion colonialiste du monde musulman, et que ces conceptions importées tendent à consacrer cette invasion, à l'enraciner davantage, et à aggraver notre mal.

D'autres, parmi ces réformistes, soutenaient que la transformation de la société n'est possible que par la seule voie de la prédication et de l'orientation morale, s'imaginant pouvoir, par là, faire face aux moyens d'information infidèles et déviationnistes, et rendre à la Oumma sa dignité bafouée, et son existence aliénée. Ceux-là insistent sur le non recours à la violence, et refusent la confrontation avec les forces sataniques dominatrices. L'attitude de ces réformistes témoigne de leur ignorance de la réalité de la Oumma musulmane, et des plans diaboliques des «grands» de ce monde, tout comme elle témoigne d'autre part, d'une effondrement interne face aux forces tyranniques qui exercent leur hégémonie sur les potentialités musulmanes.

Face à ceux-ci et ceux-là, un groupe réformiste a vu le jour qui a compris l'Islam, et a saisi la réalité dans laquelle il vit, et a amorcé la transformation authentique et consciente de la société. Ce troisième groupe parmi les réformistes ne s'est pas laissé influencer par les suggestions de la réalité établie, et n'a pas eu une attitude craintive à l'égard des forces titanesques hégémoniques. Il a entrepris de mettre en branle l’Oumma sur une voie «islamique» «authentique». Il entama la mobilisation des énergies pour relever les défis qui se dressaient devant les musulmans.

L'Imam Khomeiny (que Dieu le garde) est à la tête de ce noble groupe grâce à l'authenticité islamique des principes qu'il défend, et grâce à la conscience aigue qu'il a des intrigues des colonialistes et de leurs plans visant à éliminer de la terre toute présence islamique.

Les caractéristiques propres qu'il a conférées à son orientation réformiste ont concouru à faire de lui le guide qualifié pour la direction (l'imamat) générale des musulmans dans le monde d'aujourd'hui.

1)- Son esprit révolutionnaire qui ne flatte jamais l'infidélité et l'athéisme, et n'accepte nulle trêve et nulle compromission avec eux.

Ces forces de l'athéisme et de l'infidélité ainsi que leurs agents ont essayé d'amener l'Imam à accepter un pacte, et de lui proposer des solutions modérées, et des solutions «progressives», mais il refusa de faire pas même une concession fut-elle d'une pouce, quant à ses positions islamiques résolues.

2)- Son appui sur le large base des masses populaires, son refus de tout esprit de division, et son refus de s'appuyer sur un groupe ou un parti particulier. Mais il a compté dès le début de la révolution, et même dans la phase qui a suivi la victoire, sur l’Oumma avec toutes ses catégories et ses groupes.

Par conséquent, l'objectif de l'Imam a toujours reposé sur le mouvement de l’Oumma, sur la présence active de celle-ci sur la scène de la lutte (du djihad).

3)- Non négligence d'un aspect de l'Islam par rapport à un autre. Dans ses propos, il prend toujours en considération l'esprit d'équilibre de l'Islam, et appelle les hommes à lutter en même temps sur le front spirituel et celui de la lutte. li s'adresse aux masses pour les inviter à être présentes aux prières du Vendredi et aux autres prières collectives, ainsi que sur le champ de la confrontation avec l'athéisme international. Il demande à l’Oumma de prendre en charge la responsabilité de sa propre transformation, en même temps que celle de tous les musulmans en tout lieu qu'ils se trouvent. Il insiste auprès des jeunes croyants retranchés dans les fronts du djihad de la reconstruction et des batailles de l'honneur pour qu'ils démolissent les idoles de leur subjectivité - et en même temps, qu'ils détruisent les idoles de l'impiété et de la corruption dans leur société.

4)- Son choix des centres et foyers islamiques comme point de départ du mouvement islamique. L'Imam n'a pas mis en mouvement l’Oumma à travers les colloques, les congrès, les cercles, et les sièges des partis, mais il l'a mise en mouvement par le moyen des institutions dont les fondements ont été posés par l'Islam. Cela équivaut à l'achèvement de l'authenticité sous la direction de l'Imam de la communauté musulmane. Il l'a mobilisée à travers le réseau des mosquées au point que certains ont appliqué à la révolution islamique de l'Iran l'appellation de «révolution des mosquées», en raison du rôle grandiose qu'ont joué les mosquées dans l'orientation, l'organisation et la coordination des masses musulmanes révolutionnaires de l'Iran. L'Imam continue d'insister et de mettre l'accent sur le rôle de barricades des mosquées pour les musulmans, incite les masses à prendre part aux prières du Vendredi et aux prières collectives, et réaffirme la nécessité pour ces centres et regroupements islamiques d'accomplir leur mission édificatrice dans la création d'une Oumma islamique, engagée, active consciente et inébranlable.

C'est dans ce contexte que nous pouvons appréhender l'importance des appels et des orientations qu'adresse l'Imam Khomeiny au sujet du Hadj et des pèlerins. Ce sont des appels et des orientations qui procèdent d’une compréhension consciente et active de l'Islam, ou si l'on veut, qui se fondent sur une vue juste (Fiqhi) et consciente des problèmes des musulmans et de l'Islam.

Attention constante portée sur la nécessité de mise à profit de la période du Hadj.

Les préoccupations de l'Imam Khomeiny au sujet du pèlerinage à la Mecque (Hadj) n'ont d'égales que ces préoccupations concernant l'amélioration de la situation des musulmans, et la transformation de leur état actuel d’inertie, de soumission, d'humiliation et d'avilissement. L'Imam a constamment réaffirmé la nécessité de mettre à profit ces occasions qui s'offrent aux musulmans de redonner vie à l'Islam, et de reconstituer une Oumma islamique efficace sur la scène historique.

Au début de son exil à Nadjaf (Irak), l'Imam déclare: «Dans les pays non­ musulmans, on dépense des millions puisés dans les richesses nationales et les budgets, pour que puissent se tenir de pareilles rassemblements. Quand elles se tiennent, elles sont en général, publicitaires, formelles, souffrant de l'absence de sincérité, de la bonne intention, de la fraternité qui prédominent chez les hommes dans les rassemblements islamiques; et ne conduisent pas par conséquent aux résultats fructueux auxquels donnent lieu nos rassemblements. L'Islam a posé des mobiles et des stimulants métaphysiques qui font du voyage au Hadj un des vœux les plus chers de la vie, et conduisent l'homme à prendre part spontanément à la prière collective, celles du vendredi et celles de l'Aid, dans la joie et la gaieté. Nous n'avons qu'à considérer ces rassemblements comme des occasions précieuses au service de notre foi et de nos principes, et pour que nous y proclamions nos croyances, nos prescriptions coraniques, et nos institutions devant chacun et devant le plus grand nombre d'hommes. Il nous appartient de faire fructifier la saison du Hadj et d'en tirer le meilleur fruit pour l'appel à l'unité et l'appel à rendre à la loi islamique sa souveraineté parmi tous les hommes. Nous devons débattre de nos problèmes et les résoudre par l'Islam. Nous devons lutter pour la libération de la Palestine et des autres terres de l'Islam.

Les premiers musulmans avaient coutume de tirer le meilleur parti de leurs prières collectives, de celles du vendredi et de leurs fêtes sacrées, et de leur pèlerinage».

(Extrait d'une conférence de l'Imam à Nadjaf-al-Achraf en 1389 Hégire)

Réaffirmation de l'aspect politico­-social du Hadj

L'Imam Khomeiny - Sur la base de sa compréhension consciente et juste de l'Islam - n'a pas de vision parcellaire des prescriptions islamiques (Ahkâm), mais considère ces dernières Comme un tout unique et indissociable. Les prescriptions rituelles et politiques, économiques, sociales,  pédagogiques reposent sur un seul fondement, et sont en relation étroite de façon à constituer la base de l'existence des musulmans et de leur mouvement qui aspirent à la gloire.

L'Imam dit: «De nombreuses prescriptions d'adoration (Ibadiya) donnent lieu à des considérations sociales et politiques.

Les rites (Ibâdât) de l'Islam vont souvent de pair avec sa politique et ses recommandations sociales.

La prière du vendredi, par exemple, et le regroupement de Hadj, conduisent, outre leur impact moral et affectif, à des résultats et des impacts politiques. L'Islam a conçu ses rassemblements et appelé les hommes à y prendre part. n a rendu obligatoires certains d'entre eux pour que se généralisent et se répandent les connaissances religieuses, et les sentiments fraternels, ·et que se créent les liens de l'amitié et de la connaissance mutuelle entre les hommes, que se clarifient les idées, qu'elles croissent et que les problèmes politiques et sociaux ainsi que leur solution y soient traités» .

(Extrait d'une conférence de l'Imam dans son exil à Nadjaf en 1389 Hégire).

L'Imam dit aussi: «L'Islam est une religion, dont l'adoration est la politique et dont la politique est adoration. En ce moment, où se rassemblent des musulmans de diverses contrées autour de la Kaâba des Espoirs pour le pèlerinage à la Maison de Dieu, l'acquittement de leurs obligations divines, et la tenue de ce grand congrès islamique, en ces jours bénis, il est un devoir pour les musulmans qui sont les porteurs des messages de Dieu Très-Haut de saisir le contenu politique et social du pèlerinage, en plus de son contenu rituel».

(Extrait du message de l'Imam aux pèlerins, en 1399 Hégire).

Le rôle des hommes de plumes et des orateurs dans le Hadj

Les hommes de plume et les orateurs doivent partager les souffrances de la Oumma islamique, et prendre leur responsabilité, dans la prise de conscience par les masses de leurs problèmes, et inciter ces dernières à s'engager sur la voie de leur gloire et de leur dignité.

La responsabilité de l'engagement intellectuel contraint les écrivains et les orateurs, à sortir de leur tour d'ivoire, et à cesser leurs flagorneries à l'égard des centres du pouvoir et à s'intégrer à la grande communauté islamique.

Le pèlerinage est la meilleure occasion pour ces derniers d'entrer en contact avec les musulmans de tous les pays, à s'imprégner de près de problèmes auxquels font face les musulmans, et à s'acquitter de la responsabilité de l'éveil des consciences qui s'impose à l'échelle la plus grande.

L'Imam Khomeiny - en invitant les écrivains, les penseurs, et les intellectuels à adhérer à cette ligne populaire engagée, - ne veut pas dire, bien évidemment, que ceux-ci doivent se réunir sous des galeries de marbre, dans des palais somptueux dans les territoires sacrés, mais demande à tous les écrivains et penseurs de vivre à l'écart des influences des centres du pouvoir, et des centres où se louent et se monnaient les plumes et les consciences, à s'intégrer aux milieux populaires, et à y provoquer la nécessaire prise de conscience, pour que le pèlerinage devienne un lieu de rayonnement intellectuel, et un centre de prise de conscience générales pour tous les pays musulmans.

L'Imam dit: «il est du devoir des Ulémas (musulmans) de participer à ce rassemblement d'hommes de différentes contrées, à y échanger leurs vues, et à susciter la prise de conscience parmi les musulmans réunis dans le lieu de descente de la Révélation, pour que cette prise de conscience se diffuse ensuite à tous les pays musulmans» . (Extrait du message de l'Imam aux pèlerins de l'an 1390, Hégire).

L'Imam dit: «fi incombe aux musulmans engagés qui se rassemblent une fois par an sur le territoire des lieux saints, et accomplissent leurs obligations islamiques dans ce regroupement général et ce rassemblement divin, sans distinction aucune, revêtus d'une même tenue et sans considération de leurs compte, leurs différences de race, de langue, de pays ou de contrées, dans la plus simple apparence matérielle, et avec un élan vers la spiritualité, ... il leur incombe de ne pas perdre de vue les aspects politiques et sociaux de cette cérémonie religieuse (Ibâdat).

Il incombe aux éminents Uléma, et aux orateurs d'attirer l'attention des musulmans sur leurs problèmes politiques et leurs graves responsabilités. Ces devoirs, si les musulmans les accomplissaient et se préoccupaient d'eux, ils reprendraient la puissance que Dieu a voulu pour les croyants, ils atteindraient leurs titres de gloire islamiques et divins qui sont un droit des musulmans, et conquerraient leur indépendance authentique, leur liberté réelle sous l'égide du cher Islam, sous le flambeau de l'unicité; et la bannière de «lâ ilâha illa llah» (il n 'y a de dieu qu'Allah), et auraient pu couper les mains des «grands» et de leurs agents dans les pays musulmans, et rétabli la gloire de l'Islam et sa grandeur» .

(Extrait du message de l'Imam aux pèlerins, an 1401 Hégire).

La Kaaba, point de départ du réveil et du mouvement

Le mouvement est une des propriétés d'un corps vivant. La cessation du mouvement dans un corps vivant signifie sa paralysie, c'est-à-dire que ce corps est exposé à la destruction.

Le Hadj est un mouvement continu, un «mouvement vers Dieu»,c'est-à-dire vers la perfection individuelle et sociale. L'une des conditions du mouvement est l'élimination des obstacles qui se dressent, une tension de toutes les énergies pour atteindre tous les objectifs. L'Imam Khomeiny enseigne cette vue authentique envers le Hadj, et pense que la Kaâba doit être le point de départ du mouvement de la Oumma vers l'élimination de ses aspects négatifs, et l'élimination de ceux qui l'oppriment et l'humilient, et de ceux qui freinent sa résurrection» .

L'Imam Khomeiny dit: «0 musulmans! vous savez que les grandes puissances de l'Est et de l'Ouest pillent aujourd 'hui toutes nos richesses matérielles et morales, pour qu'elles nous laissent dans un état de pauvreté et de dépendance dans tous les domaines, y compris le politique, l'économique, l'intellectuel. Revenez à vous­ mêmes, et recouvrer votre personnalité islamique! ne vous soumettez pas à l'injustice, et dénoncez - de toutes vos forces - les complots des envahisseurs internationaux à la tête desquels se trouve l'Amérique!

La première qibla (Jérusalem) des musulmans, est aujourd'hui sous l'emprise d'Israël, cette tumeur cancéreuse qui s'est installée dans le cœur du monde musulman! Nos chers frères en Palestine et au Liban, sont aujourd'hui soumis à l'extermination et au meurtre par la main d'Israël. Israël, s'efforce, par tous les moyens diaboliques à sa disposition, de créer la division parmi nous. Tout musulman a le devoir de se préparer à l'affrontement avec Israël. Les pays africains musulmans gémissent aujourd'hui sous le poids de l'Amérique, des autres étrangers et des agents.

L'Afrique musulmane élève aujour­d'hui sa voix et appelle les musulmans à son secours. Et le pèlerinage a été prescrit pour que soit donnée réponse aux opprimés et qu'un secours leur soit apporté» .

(Extrait du message de l'Imam aux pèlerins, an 1399 Hégire).

Il dit aussi: «Le verset coranique: "Dieu fit de la Kaâba une maison sacrée destinée à être une station pour les hommes" (Coran V, 97) explique le secret du Hadj, ainsi que sa raison d'être. Le pèlerinage a pour but le réveil des musulmans et leur soulèvement dans la voie des intérêts des hommes et des masses opprimées du monde».

(Appel de l'Imam aux pèlerins, an 1401 H.)

Le pèlerinage, point de départ de l'Unité des musulmans

Si le mouvement était un phénomène nécessaire dans la vie de la communauté musulmane, l'unification de ses parties est un phénomène encore plus nécessaire pour la vie.

Car la désintégration des parties signifie la perte de l'unicité du corps, et la communauté se doit d'être comme un corps unique ... «Si l'un de ses membres est atteint par la douleur, tout le corps s'en ressent et réagit par la fièvre ... »

L'unité est aussi une nécessité impérieuse pour relever les différents types de défis auxquels font face les musulmans.

L'importance de l'unité des musulmans se révèle dans l'insistance de l'Islam sur les regroupements islamiques dans les prières collectives, celles du vendredi et celles de l'Aïd, et son insistance pour la constitution d'un corps unique, et d'un édifice renforcé. Elle se manifeste -aussi dans les vastes complots méticuleusement préparés par les ennemis de l'Islam pour la division des rangs musulmans.

L'Imam Khomeiny a réaffirmé à maintes occasions l'importance de la consolidation des rangs de la communauté, et a mis la communauté en garde contre le danger de la division et de la désunion. Il enseigne que la période du pèlerinage est la meilleure occasion pour le renforcement des liens d'unité, de compréhension, de solidarité, de coopération entre les musulmans.

Il dit: «pourquoi les musulmans et leurs gouvernements ne s'en tiennent-­ils pas aux Traditions nobles du Prophète qui rapportent notamment: les musulmans constituent une seule main par rapport aux non-musulmans!»

Pourquoi n'y a-t-il entre eux que différend permanent? De nos jours, le problème des musulmans, est représenté par les nombreuses dissensions qui surgissent parmi eux; les colonialistes ont mis en œuvre, après la deuxième guerre mondiale un plan de création de discorde entre les musulmans quand ils ont affronté la force de l'Islam. Ils ont séparé les gouvernements musulmans les uns des autres; et ont introduit les désaccords entre les musulmans, et ont rendu les gouvernements musulmans ennemis les uns des autres.

Ce problème doit être traité le jour de l'Aïd, et la journée de Arafa à la Maison de Dieu (Mecque) où les dirigeants devraient se réunir en réponse au commandement de Dieu ­qu'il soit exalté -, poser les problèmes auxquels ils sont confrontés, et fixer des plans pour surmonter ces difficultés.

Si une telle tâche était accomplie, aucune puissance ne pourra plus vous défier» .

(Discours de l'Imam à l'occasion de l'Aïd al Adhha 1400 H.).

L'Imam dit aussi: «il est du devoir des musulmans dans le rassemblement grandiose du Hadj, de lancer un appel aux peuples et communautés islamiques pour l'unité de parole, et le rejet des différends entre les musulmans.

Les hommes de plumes et les orateurs doivent déployer leurs efforts en ce sens, et pour la constitution d'un «Front des opprimés», et doivent se libérer eux-mêmes par l'unité de parole et sous le slogan « il n'y a de Dieu qu'Allah» des chaines des puissances sataniques et des bottes étrangères, des colonialistes et des exploiteurs».

(Appel de l'Imam aux Pèlerins, 1399 H.)

L'intérêt accordé aux significations du Hadj

Les lieux sacrés et les cérémonies rituelles qui s'y déroulent sont des symboles qui permettent à l'homme de prendre conscience de l'un des sens nécessaires pour rattacher l'être humain aux valeurs supérieures authentiques, et l'engager dans la voie de la perfection divine.

Ces rites représentent l'aspect sensible de ce lien avec Dieu, et exprime le besoin de 1'homme de se servir de certains symboles pour entrer en contact avec l'invisible.

Le pèlerinage est celui qui parmi les cérémonies et les rites d'adoration, fait le plus appel aux symboles matériels pour raffermir le lien de l'individu avec son créateur. La pratique de ces rites présente un danger si elle s'éloigne de la conscience et de la compréhension adéquate de ces symboles. Car ces moyens et symboles, en pareils cas, deviennent des finalités en soi, ce qui pourrait conduire au polythéisme ou à l'idolâtrie, comme cela s'est passé dans l'histoire des religions célestes précédentes.

C'est la raison pour laquelle, l'Islam a mis l'accent sur la nécessité pour le musulman de se pencher sur les significations des rites comme les tournées autour du temple de la Kaâba, la course entre Safa et Marwa, la station à Arafat, la lapidation de Satan à Mina, le sacrifice, et des autres rites du Hadj.

En raison de l'importance de la question, l'Imam réaffirme la nécessité de compréhension véritable des rites du pèlerinage. L'Imam dit à ce sujet: «Les tournées autour de la Kaâba nous enseignent que nous ne devons tourner devant le temple d'aucune autre divinité qu'Allah; la lapidation de Satan symbolise celle de tous les Satans des hommes et des djinns. Quand donc vous lapidez Satan, prêtez serment à votre Seigneur d'expulser tous les Satans des hommes et des djinns hors de vos chers pays musulmans.

(Appel de l'Imam aux Pèlerins, 1399 H.)

Saluant les pèlerins, l'Imam dit: «Que la paix soit sur ceux qui abandonnent toutes les formes de polythéisme (Shirk) et se sont dirigés au centre du monothéisme (Tawhid), se sont libérés des liens de l'attachement et de l'obéissance à toutes les idoles du monde, et des centres de la domination, et de la colonisation et des forces sataniques, et se sont appuyés sur la puissance divine absolue et son lien indéfectible».

(Message de l'Imam aux Pèlerins à la Mecque 1400 H.).

S'adressant aux chefs des groupes de pèlerins en partance pour la Mecque, il dit: «Le voyage du pèlerinage n'est pas un voyage pour l'acquisition de biens matériels; et il est un voyage pour Dieu. Vous partez à la Maison de Dieu. Que tous vos actes soient pour Dieu! Prenez exemple sur la morale des Prophètes et des hommes de bonne volonté dont la vie fut toute entière un voyage vers Dieu, et ne soyez pas en retard d'un seul pas sur cette voie. Que votre départ soit pour Dieu!

Comprenez le sens de l'expression «Lebbeik!» (Je te réponds 0 Seigneur!) et prenez garde que la réponse de Dieu ne soit: «Je ne vous réponds pas, je ne rependrai point mes bénédictions sur vous!» Votre voyage-ci est un voyage vers Dieu. Ne le souillez pas avec vos mondanités, Vous partez pour lapider Satan. Prenez garde de vous lapider vous-mêmes - Qu'à Dieu ne plaise ­vous devez être les partisans du Clément pour que votre geste soit un symbole de la mission des soldats du Clément (Dieu) de lapider satan.

Prenez garde de ne pas souiller vos actes par des péchés et des désobéissances au Seigneur.

(Extrait du Discours de l'Imam aux chefs des pèlerins, 1394 H.).

La situation actuelle du pèlerinage

La situation actuelle du pèlerinage

Aucun musulman, ayant un minimum de connaissances islamiques, ne doute de l'éloignement de la situation actuelle du pèlerinage de ce que Dieu a voulu. Cela n'est pas étonnant, car le pèlerinage ne fait pas exception aux autres pratiques des musulmans. La déviation de la communauté islamique de la voie islamique de perfection, et de son rôle de guide a touché tous les aspects de la vie islamique, y compris les aspects rituels.

Peut-être le Hadj est-il la meilleure illustration de ce que connaissent aujourd'hui les musulmans comme superficialité, déchéance, inertie, et division. Aucune trace des avantages que mentionne Dieu dans le verset coranique: «Annonce aux peuples le pèlerinage, qu'il y arrivent à pied ou montés sur des chameaux prompts à la course, venant des contrées éloignées. Afin qu'ils soient eux-mêmes témoins des avantages ... » (Coran XXII, 27-28).

Il n'y a aucun avantage au plan de la conscientisation, ni au plan politique, ni économique, si ce n'est ce que récolte le camp de l'infidélité comme bénéfices économiques durant" la période du Hadj grâce au déversement de sa camelote dans les marchés de la Mecque, de Médine, et de Djeddah.

La plupart des pèlerins à la Maison de Dieu perdent leur temps, dans l'accomplissement dénué de conscience, sclérosé, des rites religieux, et dans les flâneries dans les souks et les marchandages pour l'achat de biens étrangers... C'est ce que l'Imam désigne par le terme d'inattention, de négligence, quand il dit: «Les musulmans ne peuvent avoir une vie honorable que pat l'Islam. Ils ont perdu leur Islam. Nous sommes retournés à un état d'ignorance de l'Islam, à cause des insinuations, des suggestions et des falsifications de l'Occident. C'est pour cette raison que les musulmans se réunissent chaque année à la Mecque dont Dieu a fait un lieu de rencontre pour les musulmans, mais ne savent pas ce qu'ils y accomplissent. Ils ne tirent pas profit de cette réunion, islamique ment. Ils ont fait d'un tel foyer de politique un centre de négligence et d'inattention à l'égard de toutes les questions des musulmans. Si les musulmans faisaient fructifier la dimension politique du Hadj, cela aurait pu garantir leur indépendance. Mais malheureusement, nous avons égaré l'Islam. Ils ont éloigné l'Islam de la politique, ils ont coupé sa tête, et nous ont menés à la situation que nous vivons aujourd'hui, et les musulmans sont toujours dans cet état, et n'ont pas retrouvé leur gloire».

(Extrait du discours de l'Imam aux étudiants saoudiens résidant en Iran, 24 Dhul-hidja 1400).

Encore que la question ne se limite pas à cette négligence. II y a pire que celle-ci: Ce sont ces mains que se livrent à des machinations, durant la période du Hadj, pour aggraver le retard des musulmans, leurs divisions, leur éloignement les uns à l'égard des autres.

Ces mains invisibles qui ont été démasquées après la victoire de la Révolution islamique en Iran tentent de compliquer davantage la situation des musulmans, par la diffusion d'ouvrages qui sèment le germe des dissensions entre les différentes sectes et les nationalismes, et ce pour élargir la brèche par laquelle les ennemis de l'Islam pénètrent dans les territoires musulmans.

L'Imam dit: «Les musulmans doivent tirer avantage pour eux-mêmes .de cette grande concentration de musulmans, mais - malheureusement - ce qui se produit est le contraire. Les plumes vénales et empoisonnées qui cherchent à briser les rangs des musulmans visent à nous frustrer des objectifs divins, et propagent sur le lieu même de la descente de la Révélation, les tracts destinés à susciter la division de nos rangs, comme "al khoutout al 'aridha" regorgeant de mensonges et de calomnies.

(Message de l'Imam aux pèlerins 1390 H.).

L'Imam dit: «Les penseurs et écrivains; les intellectuels, les Ulémas, les responsables du pèlerinage doivent se réunir pour étudier les problèmes politiques et sociaux de l'Islam à l'échelle mondiale. Mais - malheureusement - cela n'a pas encore lieu. Au lieu de cela, les énergies tendent au contraire à aggraver les problèmes» . (Extrait du message de l'Imam an 1400H.).

II n'y a rien d'étonnant à constater que le pèlerinage est loin d'être une période dans laquelle on se préoccupe des questions politiques. Car les musulmans sont exclus de la scène politique, et celle-ci est devenue un privilège pour les seigneurs étrangers et leurs valets, le musulman n'a pas même le droit d'ouvrir la bouche pour s'exprimer sur les questions de son destin!

II n'y a, non plus, rien d'étonnant à entendre au pèlerinage, des voix appelant à séparer les cérémonies rituelles du Hadj des questions politiques. Car les colonialistes ont pour but de transformer l'Islam dans l'esprit des musulmans, en un ensemble de rites et de cérémonies éloignées de la vie. Leurs agents ont joué un rôle actif dans la séparation de la religion et de la politique sous le slogan de laïcité.

Les tentatives séparation de la religion et de la politique se sont multipliées après la victoire de la Révolution islamique, car cette révolution a annihilé le plan de laïcité en Iran, et a démontré la capacité de l'Islam à guider la communauté, à créer une communauté humaine efficace dans l'histoire, et à la destruction des trônes des tyrans, des oppresseurs, et des «grands». Les efforts de l'oppression internationale et de ses agents se sont portés, par conséquent, sur l'endignement de la Révolution islamique et pour l'isoler des masses musulmans, par différents moyens, notamment l'encerclement des pèlerins de la République islamique par les forces de l'ordre qui les empêchent de se mêler à la foule des autres pèlerins, et la répression de tout mouvement, de toute activité consciente durant la période de Hadj.

Certains ont même eu l'impudence de déclarer de façon claire que les iraniens veulent même la politique à la période du Hadj, révélant au grand jour leur laïcisme athée. L'Imam Khomeiny a répondu avec véhémence à ce stratagème dans la lettre qu'il a adressée en réponse au roi Khaled d'Arabie, en disant: «Pourquoi les Etats islamiques doivent-ils être désunis alors qu'ils comprennent une population forte de près d'un milliard d'âmes, qu'ils possèdent d'immenses ressources souterraines, notamment des gisements de pétrole qui sont le nerf des superpuissances? Pourquoi ce désaccord alors que l'enseignement du Coran et les préceptes du Prophète (Que la paix soit sur lui ainsi que sur sa Famille) invitent les musulmans à s'attacher au pacte de Dieu et à s'éloigner de la division, et à chercher le salut dans les deux villes saintes de l'Islam (la Mecque et Médine) qui furent des centres de culte et de politique islamiques, où étaient mis au point les plans des victoires et de la politique musulmanes. Même après le décès de l'Envoyé de Dieu, elles sont restées longtemps comme telles.

A présent, à cause de l'incompréhension, de la malveillance et de la vaste propagande des superpuissances, on veut faire croire qu'il est interdit aux musulmans d'intervenir dans les affaires politiques et sociales, à la Mecque et à Médine, alors que cette intervention est nécessaire et importante pour les musulmans. La police saoudienne a assailli, avec violence, coups de bottes et fusils, les fidèles qui étaient dans cette mosquée où; chacun qui s'y réfugie même les apostats, doivent être en sécurité, par ordre de Dieu, et selon les termes du Coran. Elle les a criblés de coups, arrêtés puis jetés en prison. Les musulmans qui ont crié des slogans contre les Etats-Unis et Israël, ces ennemis de Dieu et de son Envoyé ont-ils commis un crime?

(Extrait de la lettre de l'Imam au roi Khaled, Dhulhidja 1401).

Ce qui est étrange, c'est que les «prédicateurs royalistes» eux aussi ont eu l'effronterie de condamner les musulmans iraniens pour avoir élevé leurs voix contre le grand Satan américain et le sionisme.

Faisant allusion à l'inconscience des faux religieux, l'Imam Khomeiny ajoute dans la lettre sus-mentionnée: «li est malheureux de constater que l'indifférence est répandue chez tous les gouvernements des musulmans, ce qui a aidé les superpuissances criminelles à exclure les musulmans de la scène politique, à les désintéresser des affaires des musulmans, au point que les «prédicateurs» des rois proclament des condamnations de musulmans, se trouvant au foyer même de la politique islamique, parce qu'ils ont élevé leurs voix pour dénoncer les ennemis du noble Coran, du Cher Islam, et ont subi la torture et la prison». S'étonnant de l'attitude de certains chefs religieux de la Mecque et Médine, l'Imam Khomeiny proclame que la période du pèlerinage peut - si elle est sciemment mise à profit - devenir une force croissante, bien plus forte que celle des AWACS, et celles des grandes puissances! il dit aussi, dans la lettre mentionnée: «Qu'ont compris les chefs religieux de la Mecque et de Médine au sens du pèlerinage, pour qu'ils interdisent aux pèlerins - au nom de l'Islam ­de se mêler de politique et même de crier des slogans contre Israël et l'Amérique. Cette interdiction est contraire à la pratique du grand Prophète (que la paix soit sur lui et sa Famille) et celle des premiers musulmans. Elle prépare consciemment ou inconsciemment, ou .par inadvertance, le chemin à la domination des étrangers sur les pays musulmans, y compris les deux villes saintes, lieu de descente de la Révélation et des Anges du Clément.

Si le gouvernement du Hidjaz avait conscience du devoir du pèlerinage, et en saisissait les dimensions cultuelles et politiques, et le poids des millions de musulmans qui chaque année y participent, il n'aurait pas eu besoin de l'Amérique, ni des avions AWACS, ni de toutes les autres grandes puissances, en même temps qu'aurait été rendu possible le règlement de tous les problèmes des musulmans».

(Extrait de la lettre de l'Imam Khomeiny au Roi Khaled, Dhulhidja 1401).

Ceci est un aperçu des idées de l'Imam sur le pèlerinage; idées qui se fondent sur une compréhension' authentique, consciente et active de l'Islam. Elles visent à transformer l'état d'humiliation des musulmans en une grandeur, leur inertie en mouvement, leur résignation en soulèvement, leur division en une unité, leur déviation en regroupement.

L'Imam Khomeiny a conduit avec cette conception authentique et avertie, la marche de la Oumma en Iran vers sa victoire éclatante, grâce-à Dieu, et a posé - avec l'aide de Dieu - les fondements de l'existence islamique que nous espérons être l'amorce d'un retour de la communauté musulmane à l'exercice de son rôle de guide sur la 1 terre. Cela n'est pas chose difficile pour Dieu.