La Prière, La Conscience Et La Quiétude

La Prière représente chez le Musulman le degré le plus élevé de conscience et de réflexion sur la Vérité. Sans cette conscience, on ne doit pas s'attendre à ce que la Prière produise l'effet escompté.

Le Noble Prophète (Que la Bénédiction d'Allah soit sur lui et sur sa Sainte Famille) ne dit-il pas à Abû Tharr: «Ô Abû Tharr! Deux rak'ah de Prière accomplies dans la sérénité valent mieux que l'accomplissement des Prières toute la nuit avec un coeur distrait».1

Donc ce qui importe dans la pratique de l'adoration c'est la sérénité contemplative, la conscience de l'acte dans un climat de tranquillité de l'esprit, et non la quantité non accompagnée d'une élévation qualitative, car négliger celle-ci pourrait conduire à la non-acceptation de la Prière, cette négligence étant assimilée à une attitude de mépris envers elle.

Le Saint Prophète (Que la Bénédiction d'Allah soit sur lui et sur sa Sainte Famille) a dit, en effet: «Quiconque accomplit sa prière à la légère n'est pas de moi, Par Dieu, il ne me rencontrera pas auprès du Bassin (au Paradis)».

Selon l'Imam al-Sâdiq (Que la Paix d'Allah soit sur lui): «Par Allah, il arrive qu'un individu fasse la prière pendant cinquante ans sans qu'Allah accepte une seule de ses prières. Par Allah, si vous faisiez la prière pour un voisin ou un ami, il n'accepterait pas votre prière, si elle est faite à la légère. Or Allah Qui n'accepte que ce qui est Beau, comment pourrait-IL accepter un acte accompli avec dédain?!»2

Selon l'Imam al-Bâqer (Que la Paix d'Allah soit sur lui): «Un jour, alors que le Prophète (Que la Bénédiction d'Allah soit sur lui et sur sa Sainte Famille) était assis dans la mosquée, un homme entra et se mit à prier, mais sans terminer complètement l'acte d'Agenouillement (rukû') et l'acte de Prosternation (sujûd). Le Prophète dit alors: C'est comme le becquetage du corbeau! Si cet homme meurt avec cette façon de prier, il mourra dans une religion autre que la mienne».

Selon le Prophète (Que la Bénédiction d'Allah soit sur lui et sur sa Sainte Famille): «La Prière est comme la balance: qui donne le plein poids, aura le plein poids».

Selon l'Imam al-Sâdiq (Que la Paix d'Allah soit sur lui): «Lorsque vous accomplissez une Prière obligatoire, accomplissez-la à l'heure prescrite, et comme quelqu'un qui fait ses adieux, craignant qu'il ne revienne jamais. Puis, concentrez votre regard sur l'emplacement où vous posez votre front pendant la prosternation. Car si vous saviez qui se trouve à votre gauche et à votre droite, vous accompliriez bien mieux votre Prière. Et sachez que vous êtes entre les mains de Celui Qui vous voit et Que vous ne voyez pas».

L'Imam al-Bâqer (Que la Paix d'Allah soit sur lui) dit: «La moitié, le tiers, le quart ou le cinquième de la Prière, selon le cas, est accepté. N'est acceptée de sa Prière que la partie accomplie de tout son coeur».3

De là on comprend pourquoi l'interdiction de l'alcool en Islam a débuté par l'interdiction faite aux ivrognes d'accomplir la prière en état d'ivresse, car il leur manque l'état de conscience requis lors de l'accomplissement de la prière.

C'est aussi pour la même raison que l'Islam fustige ceux qui font montre de paresse lorsqu'ils s'apprêtent à accomplir la prière, car l'état de paresse ne concorde pas avec l'état de conscience et de sérénité requis.

C'est pourquoi enfin la tranquillité de l'esprit a été posée comme la condition préalable à l'accomplissement de la Prière, comme en témoigne le verset coranique:

﴾Acquittez-vous de la Prière quand vous êtes dans la tranquillité﴿ Sourate Les Femmes [4:103].

Donc la conscience dans un climat de tranquillité est très nécessaire pour que la Prière produise l'effet escompté. C'est pourquoi, beaucoup de hadith affirment qu'une heure de réflexion d'un savant conscient vaut mieux que des années d'adoration d'un adorateur inconscient.

En posant la condition de la conscience, de la compréhension et de la réflexion dans la prière, l'Islam veut l'enraciner chez le Musulman afin qu'il soit toujours alerte, actif, se maintenant toujours sur le Droit Chemin, évitant de trébucher sur l'ignorance, et d'oublier la promesse qu'il a faite à Allah.

Donc la répétition de la Prière (cinq fois par jour tout au long de l'année) ne fait que confirmer la continuité de la conscience, et refixer les concepts qu'elle exprime. De là, la Prière est le meilleur rappel, fait à l'homme pour qu'il demeure conscient et applique ou observe la signification de ses actes de Prière:

﴾Acquitte-toi de la Prière: la Prière éloigne l'homme de la turpitude et des actions blâmables. L'invocation du Nom de Dieu est ce qu'il y a de plus grand. Dieu sait parfaitement ce que vous faites﴿ Sourate L’araignée[29:45].

Et selon les Imâms d'Ahl-ul-Bayt, parlant de l'utilité de la Prière:

«La raison de la Prière! Elle est la reconnaissance de la Seigneurie d'Allah (IL est Très-Haut et Exalté) et la continuation de Son évocation jour et nuit, afin que le serviteur n'oublie pas son Maître, son Régulateur et son Créateur, pour devenir insolent et tyran. Donc le fait d'invoquer son Seigneur et de se mettre débout devant Lui pour accomplir l'Office, servirait de barrage devant les péchés et d'empêcheur de toutes sortes de perversion».4

Et:

«Allah aime que les serviteurs commencent toute action tout d'abord par Lui obéir et L'adorer, car ce faisant, ils ne L'oublieront pas ni ne L'ignoreront, ce qui leur évite d'avoir les coeurs endurcis».5

* SADER, Sayed Mohammad Baqer, Le système des rites en Islam, Publication de La Cité du Savoir, Traduit de l'anglais et édité par AL-BOSTANI, Abbas, Canada.

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1- Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, p. 54
2- Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, pp. 15-16
3- Al-Wasâ'il al-Chî'ah, tome III, p. 52
4- Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, p. 4
5- 'Uyûn akhbâr al-Redhâ, tome. X, p. 108