Le Pouvoir Des Mots: Discours Et Témoignages D’Ali Ibn al-Hussein (1)

Le Pouvoir Des Mots: Discours Et Témoignages D’Ali Ibn al-Hussein (1)

L’Imam Ali Ibn Al-Hussayn paix sur lui s’est efforcé de transmettre le message de Ashourã au plus grand nombre et il saisit toutes les opportunités possibles pour le faire. Malgré la tristesse et la maladie, le quatrième Imam feignait d’avoir le moral haut et prenait les allures d’une personne victorieuse.

A Kufa, l’Imam, devenu prisonnier du gouverneur de la ville Ibn Ziyad, donna un discours aux kufites en ces termes: «c’est moi le fils de celui que vous avez décapité sur le bord de l’Euphrate alors qu’aucun sang n’a été versé (sans raison) et qu’aucun droit ne s’applique à son encontre…c’est moi le fils de celui qui fut tué (à bout de patience) après qu’il perdit toute force de lutter et de résister et qu’il fut tombé impuissant alors qu’ils se précipitèrent sur lui pour l’abattre en martyr, et c’est là toute notre fierté » (cité dans Muhammad Ibrahim Ayati, Tarikh Ashoura, p.164).

Il est clair que Ali ibn al-Hussayn s’attache à attirer l’attention des kufites sur la portée réelle du martyr de son père et les motivations qui l’ont poussé à accepter ce sort. Si seul un rapport de force était en jeu dans la bataille asymétrique menée à Karbala, quel honneur y aurait-il à se faire massacrer et à voir l’ensemble de ses partisans tués sur le champs de bataille alors que la famille de Hussayn ibn Ali est faite prisonnière?

L’éloquence de l’Imam servit à susciter l’étonnement des kufites qui se demandaient désormais l’origine de la fierté que revendique l’Imam? Pourquoi l’Imam ne s’est-il pas plié à la demande de Yazid, lui prêtant serment et épargnant ainsi sa vie, celle de ses partisans et l’honneur de sa famille? Puis l’Imam paix sur lui poursuivit: «Ô les gens, savez-vous par Dieu que vous avez un jour écrit des lettres à mon père, que vous l’avez trompé, alors que vous vous êtes entêtés dans votre serment puis vous vous êtes lancés dans la guerre contre lui ! Malheur à vous pour le bagage que vous vous êtes préparés et honte à vous pour l’inacceptable calcul sur lequel vous insistiez! Le lendemain de la résurrection quand vous serez face à face avec le saint Prophète, que ferez-vous? Comment le regarderez-vous ? A ce moment il s’adressera à vous disant que vous avez tué ma descendance, vous m’avez outragé et vous n’appartenez pas à ma communauté». Ici et là, les sanglots s’élevèrent parmi la population et l’on entendait ceux qui s’insultaient les uns les autres ou ceux qui se demandaient ce qu’il fallait faire. L’Imam paix sur lui reprit: «Que Dieu pardonne les gens qui accepte notre conseil et applique notre commande concernant Dieu, son prophète et la famille prophétique car l’on se doit de suivre le prophète de Dieu ». Les sanglots redoublaient d’intensité. Nombre de kufites proposèrent alors leurs services à l’Imam pour détrôner Yazid mais leur parole ne valait guère plus que celle qu’ils avaient donnée à son père Hussayn ibn Ali paix sur lui.

* Source: Mohammad Ibrahim Ayati, Etude sur l’histoire d’Ashoura, Maison d’édition de l’Imam Asr, 2001.