Le mausolée de l’Imâm al-Reda à Mashhad, héritage spirituel et architectural de l’histoire iranienne

En raison de sa riche histoire, l’Iran abonde de lieux de pèlerinage, non seulement musulmans, mais également chrétiens, juifs, zoroastriens ou autres.

Mais le lieu le plus important de « visite pieuse » (ziyârat), tel qu’on l’appelle dans la tradition chiite, demeure le mausolée de l’Imâm Rezâ, huitième des Imâms chiites, dont le martyre à Mashhad en 818 donna son nom au petit bourg où il fut enterré.

Selon les estimations, chaque année, entre 12 et 20 millions de personnes entrent dans la ville de Mashhad, essentiellement pour le pèlerinage et la visite à l’Imâm. C’est pourquoi le mausolée est aujourd’hui inclus dans une enceinte immense comprenant de nombreuses cours intérieures capables de contenir simultanément des dizaines de milliers de personnes.

La fondation qui administre le mausolée se nomme l’Astân-e Ghods Razavi. Cette fondation est la plus ancienne fondation de charité en Iran, avec plus de douze siècles d’histoire. L’Astân-e Ghods est chargée de l’administration des biens dédiés à l’Imâm Rezâ, les vaghfs, et de la gestion du mausolée.

Divisée en six sections administratives, cette fondation comprend également de très riches musées et bibliothèques, – dont la plus ancienne existe depuis 983. En particulier depuis la seconde moitié du XXe siècle, les activités économiques de l’Astân-e Ghods ont pris de l’ampleur, tant et si bien qu’elle est aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes sociétés iraniennes.

Elle possède notamment une soixantaine de holdings financés par les dons et dont les revenus reviennent également à cette institution. Plusieurs écoles, universités et centres hospitaliers sont également affiliés à cette fondation. Selon les chiffres, en 2010, un million de personnes ont bénéficié de soins médicaux dans le cadre des projets de santé de la fondation.

L’Astân-e Ghods Razavi est la forme moderne de l’institution du towliat¸c’est-à-dire les comités chargés de la gestion des pèlerinages en lieux saints. Elle existe ainsi depuis douze siècles, date à laquelle l’Imâm Rezâ fut assassiné par le calife abbasside Ma’moun.


Le mausolée de l’Imâm al-Reda


Sheikh Sadough, dans son Oyoun Akhbâr al-Rezâ rapporte de Bajestâni qu’après une visite pieuse de l’Imâm Rezâ sur la tombe du Prophète à Médine, ce dernier, en sortant du lieu, ne cessait de se retourner et de pleurer. Je me suis approché de lui […] [avant son départ pour lui souhaiter bon voyage] et il me dit : « […] Je m’éloigne de mon ancêtre Mohammad et je mourrai loin d’ici.«

En l’an 808, le calife abbasside Hâroun al-Rashid lança une grande opération militaire en Transoxiane à partir du Khorâssân iranien. Mais il tomba malade et mourut en route, puis fut enterré dans ce qu’on estime avoir été un ancien temple zoroastrien, dans une petite bourgade du nom de Sanâbâd, dans la région de Nowghân.

Deux ans plus tard, son fils Ma’moun, devenu calife, vint visiter la tombe de son père et le huitième Imâm des chiites, Ali Ibn Moussâ, l’accompagnait. Ma’moun assassina ce dernier, dont il avait fait de force son dauphin, et ordonna qu’on l’enterre près de son père, le précédent calife Hâroun al-Rashid. Il fit ensuite construire un mausolée.

On ignore la date exacte de la construction du bâtiment qui devint plus tard le tombeau d’Hâroun al-Rashid et de l’Imâm Rezâ. Certains disent qu’il fut construit par les Séleucides, d’autres par les Sassanides et pour d’autres historiens, sa construction a été initiée par le calife Ma’moun pour servir de tombeau à son père, l’ex-calife Hâroun al-Rashid. Aujourd’hui, le parc où était situé le tombeau est situé dans l’enceinte du mausolée, près du péristyle Dâr-ol-Zekr.

Selon cette information, nous pouvons dire que la première partie du complexe de Astân Ghods était le tombeau de Hâroun al-Rashid qui fut bâti par son fils le calife Ma’moun.

Ce premier mausolée était autrefois un temple du feu qui, après l’enterrement de Hâroun, fut détruit sur ordre de Ma’moun et remplacé par un tombeau doté du style architectural classique du Khorâssân de l’époque.

Ce tombeau premier était simplement doté de quatre murs relativement bas qui soutenaient une coupole également de très petite taille. Aujourd’hui encore, 2 mètres du bas du mur intérieur du tombeau lui-même sont d’époque et le reste du tombeau est bâti sur ces fondations anciennes.

Depuis cette époque jusqu’à la dynastie deylamite, aucune modification ou rénovation ne furent apportées à ce tombeau.



*source: la revue de Téhéran