LA LIBERTE ET LA LIBERTE DE PENSEE SELON LE PROFESSEUR MOTAHARI

Par le professeur Ali Bâqi Nasrâbâdi
L'une des questions les plus importantes et l'un des sujets les plus controversés aussi bien en République Islamique d'Iran que dans d'autres pays du monde sur le plan médiatique et dans le cercle des intellectuels est bien entendu la question de la " liberté ". La liberté constitue l'un des bienfaits de la part d'Allah à l'égard de ses serviteurs. Elle fait partie des thèmes qui ont toujours de l'intérêt pour les penseurs. Voilà pour elle reste toujours l'ordre du jour.

Selon Motahari, Montesquieu, aucun autre terme n'a préoccupé la pensée des gens autant que le mot " liberté ".[1]

L'auteur tente d'expliquer et d'élucider théoriquement et pratiquement la question de la liberté et de la liberté de pensée en s'appuyant sur les idées et la pensée précieuses du maître martyr Motahari.

Nous espérons que l'élite intellectuelle essayera de créer une plateforme nécessaire pour les échanges d'opinions qui constituent la clef même de l'épanouissement intellectuel en se référant à la pensée et à la vision du maître Motahari.

LE CHAMP DE LA LIBERTE
La définition de la liberté
Le professeur Motahari utilise la forme négative pour définir le concept " liberté ". Selon lui, la liberté consiste en " l'absence d'obstacle ". La liberté signifie " ne pas obstruer ni bloquer le chemin ", " ne pas placer des obstacles sur le chemin "

Il est possible qu'un être soit en sécurité et qu'il soit doté des moyens nécessaires pour l'évolution et le développement et qu'il soit cependant en même temps handicapé et affaibli par l'existence des obstacles et des embûches. Ces obstacles et embûches entraveront et freineront sa promotion ainsi que sa croissance et le priveront ainsi de la liberté.[2]

Tout être imbu de sentiment de développement et qui veut prendre le chemin de l'évolution a nécessairement besoin de la liberté, du manque d'embûches et d'obstacles. Les hommes libres sont ceux qui sont capables d'affronter les obstacles et de lutter contre les embûches et les difficultés qui se présentent sur leur chemin et qui entravent leur évolution et leur perfectionnement. Les hommes libres sont ceux qui ne se soumettent ni ne désarment pas devant les obstacles survenus sur leur parcours.

Le professeur Motahari rapporte les propos de Hegel en disant :

Selon Hegel et Marx, la liberté n'est autre que la prise de conscience de la fatalité historique. Par conséquent, la liberté signifie pour eux la même chose que le terme "fatalité ".[3]

Le professeur Motahari critique ensuite cette définition de Hegel et Marx en disant :

?tant donné que la définition de Marx et Hegel est basée sur la conception selon laquelle la société est prioritaire vis-à-vis de l'individu et que la conscience, la raison ainsi que les émotions de tout individu sont entièrement des produits des facteurs et des conditions sociaux et historiques, et plus particulièrement les facteurs économiques, il y aura-t-il encore un sens dans la notion de liberté? Est -ce quiconque est confronté à une terrible inondation et qui est parfaitement conscient que cette dernière l'entraînerait d'un moment à l'autre au fond de la mer…il est libre en se plongeant dans l'océan…[4]

La valeur de la liberté
La liberté constitue un élément indispensable pour la vie et le développement.

Le professeur Motahari considère la liberté au même titre que l'éducation et la sécurité comme un facteur contribuant dans le développent de toute l'humanité. Elle constitue la valeur naturelle la plus importante de l'homme. Similairement, le moindre aspect de l'homme suffit pour convaincre ce dernier à supporter courageusement les conditions de vie les plus difficiles en acceptant de vivre dans la misère et la famine que de se soumettre au joug ou à la servitude des autres et hypothéquer pour ainsi sa liberté.

Le malheur de la civilisation contemporaine est la création des limites sociales et plus particulièrement les limites intellectuelles. Les propagandes et les campagnes publicitaires répétitives et intempestives des médias ont corrompu la morale et l'esprit de l'homme contemporain jusqu'à le pousser à l'auto aliénation.[5]

On peut tenter à ce niveau de porter une critique à l'islam en disant que ce dernier prescrit le principe de "Taqwa" qui est apparemment contradiction avec la liberté.

Le terme "Taqwa" désigne "l'abstinence", "la maîtrise de soi" ou la création d'une restriction afin de se libérer du carcan des mondanités et de se débarrasser l'animalité. Cette prescription religieuse est une ibâdat, un acte d'adoration et constitue en soi une forme de la limitation de la liberté de l'homme en même temps qu'une chaîne attachée à son pied.

Le professeur Motahari réplique à cette critique de la manière suivante :

"Le Taqwa n'est pas du tout une limitation mais plutôt une préservation, une protection. Car on ne peut évoquer le concept de limitation et de privation que lorsque le sujet, c'est-à-dire l'homme, est privé du bienfait et du bonheur. Quant à ce qui préserve et protège l'homme en écartant de lui tout danger, c'est plutôt de la protection et non de la limitation ou de la privation.

En réalité, le Taqwa octroie à l'homme de la liberté spirituelle en le libérant du joug [6]du délice et du plaisir.

Le fondement de la liberté
La plupart des philosophes occidentaux considèrent le délice, le désir ainsi que la volonté de l'individu comme étant la base et le fondement de la volonté. Cependant le professeur Motahari, en tant qu'intellectuel religieux, croit que se sont plutôt la prédisposition ainsi que l'aptitude au développement et au perfectionnement que l'homme a hérité de par sa nature qui constitue à la base et le fondement de la liberté.

Et contrairement à ce que pensent les philosophes occidentaux ce n'est pas du tout l'envie ni le désir et nullement la volonté de l'individu qui constitue la base et le fondement du droit liberté tout cela ne constitue pas non plus la base du besoin de jouissance et de respect de la liberté. C'est plutôt la prédisposition dont il a bénéficiée de sa création et sa nature pour pouvoir parcourir les différentes étapes du perfectionnement et de l'évolution.[7] Voilà pourquoi les désirs et la volonté de l'homme ne peuvent être louables que lorsqu'ils sont en conformité et en harmonie avec les saintes et sublimes prédispositions de l'homme et qu'ils contribuent largement dans sa perfection ainsi que dans son évolution. De ce fait, il est absolument impossible de prétendre reconnaître le fondement de et la base de la liberté avant de pouvoir connaître ce que c'est la nature même de l'homme. Ce qui explique la déclaration universelle des droits de l'homme a également reconnu " l'inhérente dignité de l'homme " comme étant la base de la liberté en occident quoique cela soit totalement erroné. Cette défaillance dans la connaissance de la dignité de l'homme a fait que la philosophie occidentale soit incapable de comprendre correctement la philosophie et la source de la liberté.

Le professeur Motahari dit à ce propos :

" Nous sommes d'avis que la philosophie européenne a échoué et est restée sans succès dans sa description de la philosophie et de la source de la liberté autant qu'elle a échoué dans l'identification des raisons du respect de la liberté. Et cela du fait qu'elle est incapable de définir l'inhérente dignité de l'homme."[8]

Les principes de base de la liberté
La liberté est basée sur deux principes. Il y a d'un côté la désobéissance et la révolte et de l'autre la soumission et une obéissance docile. Le manque de désobéissance et de révolte engendre la torpeur et la captivité tout comme l'absence de soumission et d'obéissance mène à l'anarchie et au chao.

Ces deux principes consistent évidemment en l'aspect interne et humain de la liberté. Autrement dit, un esprit libre mais aussi l'esprit d'un homme libre doivent nécessairement être dotés de ces deux principes. Cette bonne parole "Il n'y a pas d'autre dieu en dehors d'Allah" contient ce deux principes, car l'inexistence d'obstacles à elle seule sans l'existence de l'enthousiasme et de la ferveur ne suffit pas pour stimuler l'homme. Tout comme on ne doit pas du tout considérer la liberté comme un acquis qui existe déjà mais plutôt comme une chose à être accomplie. Pour tout homme responsable et loyal, la liberté signifie la révolte d'une part et la soumission et la discipline de l'autre part. La révolte et la soumission constituent les deux faces d'une même pièce.[9]

La philosophie et la source de la liberté
Selon le professeur Motahari, les prédispositions de l'homme constituent la principale source de nobles et véritables libertés de l'homme. Il dit à ce propos :

" L'homme a des prédispositions et des tendances supérieures à celles de l'animal. Ces tendances se présentent soit sous forme d'un mélange de sentiments, d'affections et de prédispositions ou alors sous forme de perception, de réflexion et de compréhension. Et dans les deux cas, ce sont ces hautes prédispositions qui constituent la source de véritables libertés de l'homme.[10]

Quant à la vision de l'Europe sur ce plan, elle est tout à fait différente :

L'occident considère les désirs et les délices de l'homme comme étant à la source de la liberté. Et quand les occidentaux parlent de la volonté de l'homme, ils ne font aucunement la différence entre le désir et la volonté réelle.

Selon les philosophes occidentaux, l'homme est un être ayant une série de désir et de penchants particuliers qui décideraient sur sa façon de vivre et qui seraient selon la source de la liberté d'action.[11]

Ce dernier point de vue est catégoriquement réfuté en islam étant donné le caractère bipolaire de l'homme.

La sphère et le domaine de liberté
Faut-il respecter absolument la liberté sans limite ni condition, un pur libertinage? Ou il lui faut à tout prix des garde-fous ?

Le professeur Motahari fait partie des intellectuels qui sont d'avais que la liberté de tout individu est restreinte et qu'elle se limite là où commence la liberté de l'autre malgré qu'il croit que ce n'est pas seulement cette restriction qui définit les véritables limites de la liberté. Elles signifient encore mieux qu'une simple restriction.

Il ajoute en disant :

Il est évident que la liberté absolue est carrément impossible dans la société. La liberté de l'individu dans la société se limite naturellement là où commence la liberté de l'autre. Les dons de la société doivent être équitablement partagés entre tous les sujets. Le système social ne doit peser sur les sujets ni les freiner en entravant leur parcours vers le perfectionnement. Les membres d'une société doivent être capables d'atteindre la plus haute perfection potentiellement possible.[12] Ainsi, la liberté absolue est aussi bien introuvable qu'indésirable. Seule une liberté limité et conditionnée est respectable. Le principe de la limitation de la liberté est inhérent et indispensable. Car :

"?tant donnée la bipolarité de l'homme - c'est-à-dire que c'est une créature antithétique et, selon le Saint Coran, doté à la fois de la raison et de l'esprit divin d'origine céleste d'un côté et d'un corps matériel d'origine terrestre de l'autre.- il lui est absolument impossible de jouir de la liberté totale dans chacune des deux dimensions. " [13]

Le professeur martyr Motahari dit encore à propos de cette dichotomie entre la liberté et les autres valeurs de l'homme :

" La liberté et l'égalité sont deux valeurs humaines totalement contradictoires entre elles. Si les individus veulent être absolument libres, la notion de l'égalité disparaîtra automatiquement parmi eux. Mêmement, s'ils optent pour l'égalité, il leur faudra alors carrément limiter leur liberté. La liberté appartient à l'individu pendant que l'égalité concerne toute la société. " [14]

En général, la valeur et l'importance de la liberté se justifient tant qu'elle maintient l'homme sur le chemin de l'humanité. Il faut à tout prix laisser libre l'homme sur le chemin de l'humanité et non sur le chemin de tout désire même si le chemin choisi est contraire à l'humanisme.[15]

La plupart des gens veulent fuir leurs responsabilités ainsi que leurs devoirs sous prétextes de la liberté. Il est vrai que l'homme puisse vivre librement et qu'il absolument vivre librement. Toutefois il en est ainsi à condition qu'il garde son humanité. Quiconque veut se sentir absolument quitte de tout devoir et de toute obligation doit nécessairement commencer par mettre une croix sur sa propre humanité.[16]

La volonté de l'homme est louable et respectable tant qu'elle sera en parfaite harmonie avec toutes les prédispositions de la nature et tant qu'elle stimulera l'ascension de l'homme vers la haute perfection, le haut degré de l'humanité. Cependant si cette même volonté devient un handicape contribuant à la détérioration de l'espèce humaine ou à l'annihilation ses nobles potentialités, elle ne méritera plus aucun respect.[17]

Selon la pensée occidentale, l'unique facteur qui limiterait la liberté de l'individu est la liberté des désirs des autres membres de cette société, aucun autre facteur ne peut limiter sa liberté. [18]

Selon le maître Motahari, l'unique limiterait la liberté est bien-être de l'homme.[19] Parce que le bien-être de l'homme dérive de la réalité. Et ce bien-être qui constitue le bien-être idéal - et non ce l'homme suppose comme étant le bien-être - et la réalité sont frères inséparables.[20]

Les différents types de libertés
Plusieurs types de liberté ont été évoqués dans les œuvres du maître Motahari. Parmi les plus importants nous avons :

1. La liberté de pensée
La liberté de pensée est le facteur à la base du progrès et du développement de l'islam. De même que son absence ou sa limitation causerait fatalement l'échec et le déclin de l'islam et de la révolution islamique.

Motahari dit :

" Le sondage de l'histoire nous apprend que lorsqu'une société jouit de la liberté de pensée, quelle soit la mauvaise intention cela ne nuira nullement à l'islam Cela profitera plutôt à l'islam qui aurait également eu l'opportunité pour s'exprimer. Si notre société crée un environnement propice pour le choc d'idées, un environnement dans lequel les gens de différentes tendances peuvent librement exprimer leurs idées et dévoiler leurs fois et que nous soyons à notre tour à mesure de répondre en exprimant librement nos propres idées et pensées, l'islam progressera sûrement encore mieux. "[21]

Il ajoute encore :

" Si nous essayons de bloquer le chemin de la liberté de pensée, nous aurions alors carrément gâté l'islam ainsi que la révolution islamique. "[22]

?videmment, les débats intellectuels et scientifiques doivent être clairs et logiques et vides de toute malice de toute hypocrisie. Cela doit être interdit à ceux qui tentent de corrompre l'esprit des naïfs qui manquent le minimum d'informations nécessaires et de les séduire des campagnes inadmissibles.[23]

Selon le professeur Motahari, une liberté de pensée absolue sans condition ni limite est valable et constitue un moyen de développement. Car :

1. La liberté de pensée dérive de la nature même de l'homme et le progrès ainsi que le développement de ce dernier en dépend largement. De ce fait, cette capacité de l'homme doit être nécessairement libre pour pouvoir se développer et mener ainsi l'homme à sa plus haute perfection.[24]

2. La science évolue et se développe en fonction de la logique. Ainsi, l'homme doit être libre pour pouvoir développer la science.[25]

3. La réflexion est une faculté qui émane de l'intellect. ?tant donné que l'homme est un être doté de la raison, il est par conséquent une entité complète. Il est ainsi capable de réfléchir et, par conséquent, capable de découvrir de nouvelles réalités dans la mesure de ses capacités. La tendance à la découverte de nouvelles réalités est une raison de plus pour jouir d'une liberté de pensée totale.[26]

2. La liberté d'expression
Concevoir une liberté de pensée sans liberté d'expression est totalement insensé et complètement futile. En réalité, la liberté d'expression constitue en même la liberté sociale et la liberté politique, et cela est en vigueur en islam. La liberté d'expression est positivement considérée en islam et est considérée comme un élément essentiel et indispensable tant qu'elle ne porte pas atteinte à ses dogmes et valeurs.

Après avoir expliciter la liberté de pensée, le professeur Motahari parle de la liberté d'expression et de la liberté de la presse. Dans la description des limites de la liberté d'expression et de la liberté de la presse il dit :

" La question de la liberté de pensée conduit nécessairement à la liberté d'expression. Pour la continuité de la révolution islamique, il est vraiment nécessaire d'instaurer la liberté de pensée, la liberté d'expression ainsi que la liberté de la plume. "[27]

3. La liberté de religion
Une autre forme de liberté qui est devenu un sujet de vifs débats et de divergences d'opinions entre les penseurs et les intellectuels consiste bien sûr en la liberté de religion, la liberté de conviction. Ce sujet engendre beaucoup de questions parmi lesquelles :

Faut-il nécessairement libéraliser les convictions religieuses ou plutôt les limiter ?

Sur base de quel critère doit-on choisir une religion ?

Le professeur Motahari répond à cette série de question en déclarant que la croyance ne doit pas être totalement libéralisée. La limitation de la liberté de religion est plutôt cruciale et indispensable. Car :

1. L'adoption de la religion par l'homme ne résulte pas toujours d'une profonde réflexion, d'une minutieuse étude. Plusieurs personnes sont pour la plupart des cas naïvement influencées par le choix des ancêtres, celui des parents voire celui de leur entourage, leur environnement.

2. La conviction et la croyance en quelque inhibent la pensée ainsi que la liberté de pensée. La conviction religieuse rend l'homme sourd et muet tout en annihilant l'intelligence.[28]

3. Les fausses croyances engendrent la dépravation de l'homme en le déviant du véritable chemin de la liberté. Ainsi, la libération de l'homme de ce carcan, de cette captivité s'avère nécessaire pour la cause de l'humanité et du droit de l'homme.[29]

4. ?tant donné que la dignité de l'homme implique la nécessité de sa guidance sur le chemin du perfectionnement et de l'évolution, il faut à tout prix barrer la route à toute convictions s qui nuirait à cette guidance.[30]

La liberté de pensée et de religion en occident résulte des facteurs sociaux et intellectuels.

Le facteur religieux est la mauvaise conduite de l'église pendant le moyen âge pendant que le facteur est les défaillances dans la foi chrétienne.

4. La liberté des partis politiques
Selon le professeur Motahari, les partis politiques doivent être libres dans les ?tats Islamiques sauf s'ils conspirent pour le gouvernement. Il dit à ce propos :

" Les partis politiques sont libres dans l'?tat Islamique même ceux qui n'ont pas l'idéologie islamique. Cependant nous n'allons pas tolérer la conspiration ni la trahison. Ils sont libres dans le sens qu'ils peuvent librement exprimer leurs pensées et nous combattre logiquement et loyalement. Cependant s'ils veulent tenter de propager leurs idéologies en se servant abusivement de l'islam, nous avons alors entièrement le droit de défendre notre islam et de les empêcher de mener leurs activités. Nous avons le droit de leur dire de ne pas se servir de l'islam. "[31]

Le professeur Motahari explique que l'attitude de l'Imam Ali Bin Abi Tâlib (Que la paix soit sur lui) vis-à-vis des Kharidjites constitue l'exemple de la liberté des partis politiques en Islam. Le Commandeur des croyants (Que la paix soit sur lui) avait traité les Kharijites de la manière la plus démocratique, la plus libérale pendant qu'il était le Khalife, la plus haute autorité de la communauté Islamique, et eux ses simples sujets. Il disposait de tout le pouvoir et ils étaient totalement à sa merci, cependant il ne les avait pas emprisonnés ni punis tout comme il ne leur avait pas non plus privé de jouir de leur part du trésor publique (Bayt ul Mâl). Il les avait au contraire traités avec équité. Bien sûr, ceci ne constitue pas quelque chose d'inhabituelle pour lui, cependant ce type de politique est vraiment rare dans l'histoire.[32]

LE CHAMP D'APPLICATION DE LA LIBERTE DE PENSEE.
La liberté de pensée du professeur Motahari constitue sans aucun doute l'un des plus importants facteurs qui auraient contribué à son succès aussi bien dans le domaine des recherches que dans tous les autres domaines. C'est également ce même facteur qui aurait contribué à sa réussite dans la présentation logique et rationnelle de l'islam ainsi que dans l'entretien de bonnes relations avec la jeunesse.

Cette qualité a fait de lui un chercheur exceptionnel dans les sciences islamiques. Doté d'un esprit totalement ouvert, il ne se limitait pas du tout aux idées ni à la pensée des autres. Il avait appris à travailler étant donné qu'il analysait toujours les idées et les pensées des autres avec un esprit critique. De ce fait, ses œuvres n'étaient jamais de simples plagiats, mais plutôt des originales car étant le résultat de sa propre créativité. Il répugnait expliquer et reproduire les pensées d'autrui, ce qui ait que ses idées étaient toujours fraîches et nouvelles.

En tant que grand penseur, le maître martyr Motahari avait totalement donné libre cours à sa pensée dans le domaine de recherches pour pouvoir ainsi analyser et corriger la pensée des autres. La largesse de son esprit constituait la raison pour laquelle il ne se contentait jamais de suivre tout bonnement les chemins tracés en avance par les autres. Il préférait plutôt se tailler de nouveaux chemins. Ce qui était encore plus difficile et demandait évidemment beaucoup plus d'effort. Le professeur Motahari avait une autre qualité en plus unique dans son genre. Il admettait les doutes et les équivoques que les différents groupes et individus pouvaient soulever à l'égard des sciences islamiques. Les critiques visant l'islam étaient les bienvenues et cela constituait selon lui des facteurs contribuant à l'éclatement de la vérité et au développement de la science.

Il disait :

" ?a ne me gène pas du tout que des gens tiennent des discours ou écrivent des articles contre l'islam. Dans un certain sens cela me réjouit plutôt car je suis certain que la présence de tel type de gens contribue encore plus à l'éblouissement du visage de l'islam. La présence de ces gens deviendra effectivement dangereuse et nuisible lorsque les partisans de l'islam seront vraiment morts, c'est à dire incapables de réagir contre leurs attaques. Autrement dit, lorsque les partisans de l'islam ne seront pus à mesure d'apporter des parades.[33]

L'une de véritables particularités de Motahari est que malgré qu'il fût un grand défenseur des dogmes islamiques et un fervent croyant, il était vraiment tolérant du fait qu'il se confrontait aux idées opposées avec le maximum de loyauté et n'accusait jamais personne d'hérésie.

Au contraire, il soutenait fermement que plus particulièrement après la victoire de la révolution islamique les Uléma devait nécessairement s'armer d'une forte logique pour pouvoir s'hasarder sur le champ de bataille des pensées et prétendre se conforter au choc d'idées. Car, la révolution islamique a instauré la liberté et que le choc des idées et les pensées contradictoires doivent automatiquement profiter de cette occasion pour se manifester également.

Il dit à ce propos :

" Il est clair et évident que la révolution islamique implique la liberté et que cette dernière amène également avec elle le choc des idées, la contradiction, la divergence d'opinion et de croyances en plus des débats philosophiques et théologiques. Ca sera alors un champ de bataille qui n'aura rien à faire avec l'épée. Ce sont les cours, le livre et le stylo qui conviendront comme armes lors des telles batailles. "[34]

Voila pourquoi le Maître Chahîd Motahhary ne considérait que le bannissement de la liberté constitue le meilleur traitement que l'on puisse réserver à la divergence d'idéologies. Il demandait plutôt de se préparer sérieusement pour les débats scientifiques et constructifs en disant :

" Un aussi terrible champ de bataille d'idées doit être prévisible pour l'avenir de notre révolution. Voila pourquoi le Clergé doit être encore des dizaines de fois plus forts qu'auparavant.[35]

Le maître Motahari avait donné ce même conseil aux jeunes passionnés pendant les moments forts de la révolution. Il avait dit :

"J'avertis les jeunes ainsi que les partisans de l'islam qu'empêcher les autres d'exprimer librement leurs idées me doit pas être considéré comme une défense de l'islam. Il faudra qu'il sache que c'est seulement la science qui constitue l'unique moyen de protéger et de sécuriser l'islam ainsi que le choc d'idées exprimées d'une manière claire et explicite.[36]

. Montesquieu, L'esprit des lois (Traduit par Ali Akbar Muhyadi), page. 292[1]

. Motahhari Mortaza , Propos immatériels[2]

. Motahhari Mortaza , Société et histoire, page. 84[3]

. Idem, page. 864[4]

. Motahhari Mortaza, L'évolution sociale de l'homme, page. 15[5]

. Motahhari Mortaza, Aperçu sur la voie de l'éloquence, pages. 206 et 207[6]

. Motahhari Mortaza, La morale sexuelle en islam et en occident, page. 39[7]

. Motahhari Mortaza, Les rites, Tome. 1, pages. 74 et 75[8]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 7 [9]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 7 [10]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 100; Motahhari Mortaza, La morale sexuelle en islam et en occident, page. 39[11]

[12]. Motahhari Mortaza, La philosophie de l'histoire, Tome. 1, page. 259

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 101[13]

. Motahhari Mortaza, La philosophie de la morale, pages. 266 et 267[14]

. Motahhari Mortaza, Initiation au Saint Coran, Tome. 3, page. 224[15]

. Motahhari Mortaza, Les sagesses et les conseils, page. 106[16]

. Motahhari Mortaza, La morale sexuelle en islam et en occident, page. 39[17]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 100[18]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 155[19]

. Motahhari Mortaza, La philosophie de la morale, page. 84[20]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 63[21]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 64[22]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 64[23]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, pages. 91 et 97[24]

. Motahhari Mortaza, Initiation au Saint Coran, Tome. 3, page. 224[25]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, pages. 92 - 93 et page. 100[26]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 50[27]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, pages. 97 et 98[28]

. Motahhari Mortaza, Initiation au Coran, Tome. 8, pages. 97 et 98[29]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 100[30]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 17[31]

. Motahhari Mortaza, Attraction et répulsion de Hazrat Ali (Que la Paix soit sur lui), page. 139[32]

. Motahhari Mortaza, Les droits de la femme en islam , page. 55[33]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 183[34]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 83[35]

. Motahhari Mortaza, A propos de la révolution islamique, page. 19[36]

Source: magazine d'alrashad