Les secrets du pèlerinage
Comment comprendre quelle est la voie juste, celle qui nous évite les inconvénients et nous assure des profits, et distinguer l’égarement et le salut ?

Les Prophètes ont été envoyés pour attirer notre attention sur notre véritable nature, celle que Dieu a mise en nous, pour nous montrer la voie du salut et nous éloigner de la voie qui nous conduit à la perte.

La religion est une réponse à ce besoin naturel, qui dans chaque obligation, renferme des profits cachés que le Coran signale à maintes reprises, dans la présentation des devoirs religieux, spécialement lorsqu’Il dit au sujet du Pèlerinage: ليشهدوا منافع لهم(Hadj: 28) pour participer aux avantages qui leur ont été accordés.

Les pèlerins sont invités à la Mecque pour en tirer certains profits que nous tenterons de présenter dans cet article.

Avant cela, étudions les Rivayat qui nous sont parvenues sur ce sujet.

Quel est le sens du mot «منافع » utilisé dans le verset coranique ? Il semble qu’il s’agisse à la fois, de bienfaits matériels et spirituels.

Le coran au sujet des bienfaits matériels précise: «و أنزلنا الحديد فيه بأس شديد و منافع للنّاس»

Et Nous avons fait descendre le fer, dans lequel il y a une force redoutable, aussi bien que des utilités pour les gens, Il est évident que le fer est un bienfait matériel, comme le bateau dans le verset: «والفلك الّتى تجرى فى البح بما ينفع الناس.»

Dans d’autres versets, ce sont les bienfaits spirituels de la Guidée et du Salut, qui s’acquièrent par la foi et certaines vertus qui nous sont présentés: «هذا يوم ينفع الصادقين صدقهم»

«فذكّر اِنْ نفعت الذكرى». Mais il ne faut pas oublier que le but de la création et des bienfaits qui ont été donnés à l’Humanité, est de la faire parvenir à la perfection et à Dieu. Tout le reste n’est qu’un moyen pour parvenir à ce but ultime et suprême.

C’est pourquoi le Coran, au sujet des bienfaits accordés aux être humains, comme la nourriture, nous recommande de nous montrer reconnaissants, et critique vivement ceux qui n’éprouvent pas cette reconnaissance: «و لهم فيها منافع و مشارب أفلا يشكرون»

Nous pouvons donc conclure que, dans la pensée islamique, les bienfaits matériels n’ont pas de valeur en eux-mêmes, mais sont destinés à nous aider à parvenir au bienfait authentique qui est le Salut éternel. Toutes les pratiques religieuses doivent être respectées uniquement pour «la satisfaction» divine. «قل انّ صلوتى و نسكى و محياى و مماتى للَّه رب العالمين.»

Le Pèlerinage n’échappe pas à cette règle, et est aussi, dans ses différentes dimensions, un moyen pour la réalisation des buts divins. Les bienfaits matériels ne doivent jamais être pris pour un objectif, car il s’agit de profits marginaux par rapport aux profits spirituels qui sont l’objectif essentiel du Pèlerinage.

En islam, le monde présent n’est pas séparé de l’au-delà, (الدنيا مزرعة الآخرة) , c’est à dire que ce monde est le lieu où nous semons ce que nous récolterons dans l’autre. Il ne faut pas couper cette vie, avec ses aspects politiques et matériels, de l’autre vie après la mort.

Les Rivayats insistent sur ce regard divin vis-à-vis des bienfaits même matériels du Pèlerinage dont l’essence est spirituelle, comme le dit l’Emir des croyants(AS): «Dieu vous a rendu obligatoire le pèlerinage à « Sa maison» qui est la Qibla des gens, pour que vous accourriez à elle, et qu’elle soit le symbole de leur humilité vis-à-vis de Dieu, et la reconnaissance de sa Puissance. Parmi les gens il a choisi des créatures qui écoutent Son Appel, reconnaissent Ses Paroles, et en tant qu’Envoyés ou Prophètes, tournent autour de la Kaaba comme le font les anges autour du Trône, en recherchant Ses Bienfaits dans leur adoration, et qui se pressent vers le Lieu de Sa Miséricorde et de Son Pardon». (?ُحرِزون الأرباح فى متجر عبادته، و يتبادرون عند موعد مغفرته). Dieu a fait de la Kaaba, le haut lieu de l’islam et le refuge des sans refuge. «و للَّه على الناس حِجُّ البيت من استطاع اليه سبيلاً.»

L’auteur du Madjma-ol-Bayan, dans son commentaire du terme coranique «منافع», rapporte cette Revayat de l’Imam Bagher(AS): «هِىَ منافع الآخرة، العفو و المغفرة»

«Le sens de ce mot est les bienfaits de l’au-delà, c’est à dire le pardon et la miséricorde divine», comme l’ont aussi signalé Sa’id Ben Massib et Atiyeh Oufi.

Hocham Ben Hakam rapporte de Hazrate Aba Abdelleh(l’Imam Hossein(AS), et de l’Imam Dja’far Sadegh(AS) que «Dieu a créé les humains selon Sa Propre Volonté, et leur a prescrit des règles qui défendent leurs intérêts dans la religion et dans ce monde. Certains font des bénéfices en envoyant leurs caravanes de commerce, et d’autres profitent des enseignements du Prophète(SAWA) et gardent ainsi vivants son souvenir. Si les gens ne pensaient qu’à leur ville ou leur pays, et ignoraient le sort des autres pays, les villes et les gens seraient voués à la destruction, et le commerce et les transports à leur déclin. Les événements disparaîtraient des souvenirs sans que personne ne soit informé. C’est pour tout cela que le Pèlerinage existe».

Mohamad Ban Sanan rapporte: «J’ai demandé dans une lettre à l’Imam Reza(AS), qu’il nous explique la philosophie du Pèlerinage, l’Imam a répondu: «Le Pèlerinage signifie participer à une invitation divine, demander Ses grâces, abandonner le péché, se repentir de ses fautes et choisir une voie juste pour l’avenir. Pendant ce voyage, des dépenses sont faites, des efforts sont faits et le goût des plaisirs et les tentations est annihilé. Les pèlerins cherchent à se rapprocher de Dieu et se soumettent à Lui, dans la plus grande humilité et modestie. Ils font ce trajet dans la chaleur ou le froid, en paix ou inquiets, pour ce rapprochement avec Lui.

Tous profitent des prières et des cérémonies communes, et se tournent avec à la fois, amour et crainte, vers Dieu. Le pèlerinage permet d’échapper au durcissement du cœur, à l’avarice de l’âme, à l’oubli du rappel de Dieu, au désespoir et à la corruption, et nous permet de nous attacher à l’espoir de Sa grâce. Tous, les pèlerins, les acheteurs, les marchands et les pauvres, en tirent profit ainsi que les habitants des alentours et des régions plus lointaines qui peuvent s’y rendre, pour, comme le dit Dieu dans le saint Coran: «ليشهدوا منافع لهم»

L’Allameh Tabataba’i dans son commentaire coranique “Al Mizan”, écrit: «Les intérêts sont de deux sortes, ceux de ce monde et ceux de l’au-delà. Les intérêts de ce monde concernent les intérêts sociaux et la réponse aux besoins matériels de la société qui compense les lacunes commerciales, politiques, gouvernementales, de gestion, des coutumes et de la collaboration sociale. Le rassemblement de cultures différentes avec des coutumes et des races différentes, mais qui croient à la même vérité, adorent le même Dieu et se tournent dans la même direction, pour leurs prières, permet des échanges et les appelle à une unité et à résoudre ensemble les problèmes de leur communauté. Les petites sociétés constituent alors une grande société, les groupes se rassemblent pour développer leurs possibilités et leur force, et constituer un pouvoir invincible qu’aucune puissance malfaisante n’osera affronter. Rien ne vaut mieux que l’unité pour résoudre les problèmes, et aucune idéologie ne peut remplacer l’idéologie religieuse».

«Les bienfaits dans l’au-delà sont le rapprochement de Dieu, en fonction de ce que l’être humain aura fait et dit. Les cérémonies du Pèlerinage sont une suite de rites religieux et pieux, de prières, de parcours autour de la Kaaba, de jeûne, d’aumônes et de sacrifices, dans l’attention à Dieu et l’oubli des plaisirs et des occupations de ce monde. Toutes ces cérémonies sont un rappel de l’expérience d’Abraham, dans son Monothéisme et son rejet des idoles, et de Ismail et Adjar dans leur sincérité et leur fidélité au Prophète. Les pèlerins s’accrocheront à ces acquis du pèlerinage car la nature humaine est telle qu’elle recherche les profits et les bénéfices.»

Certaines Rivayat parlent aussi de profits scientifiques et culturels, et de leur rôle dans la propagation de l’enseignement des Ahl-ul-bayt(AS):

(مع مافيه من التفقه و نقل اخبار الائمة الى كل صقع و ناحية): C’est à dire que le pèlerinage était l’occasion d’acquérir des connaissances de jurisprudence et d’avoir des informations sur les Imams(AS), qui étaient apportées dans les autres régions et contrées de l’islam.

Le pèlerinage était l’occasion de rencontrer les Imams et de recueillir directement les riches enseignements islamiques, de comprendre les erreurs et les déviations qui avaient été introduites dans la religion par les califes et les gouvernements illégitimes, et de rapporter ces informations dans la ville natale.

Cela est encore possible aujourd’hui grâce à la présence des grands religieux et des savants lors des cérémonies, et aux réunions scientifiques. Le Pèlerinage est l’occasion de visiter le berceau de l’islam et le lieu de naissance et de vie du Prophète(SAWA), pour garder vivants ces souvenirs et la spiritualité de la Mecque et de Médine, le souvenir des treize ans de combat du Prophète à la Mecque, de son émigration à Médine, de sa lutte et de ses sacrifices pour l’islam.

Ajoutons les intérêts politiques que représente le Pèlerinage qui, à une époque précise et dans un lieu précis, permet aux musulmans d’échanger chaque année, leurs points de vue et leurs solutions pour la résolution des problèmes de la communauté, de travailler à une paix durable dans un monde où les forces de l’arrogance et de l’athéisme affronte l’islam révolutionnaire selon un programme déterminé qu’il n’est possible d’affronter que dans l’unité.

Le Pèlerinage offre aussi un marché du travail pour des milliers de familles dans le besoin, sans que pour cela le Pèlerinage ne devienne «une affaire économique» sans aucune dimension spirituelle, ni que cet aspect commercial et matériel du Pèlerinage ne jette une ombre sur l’esprit du Pèlerinage et ses dimensions spirituelles. Le Pèlerinage est donc en quelques sortes, la meilleure pratique religieuse et ses bénéfices individuels et collectifs, sont immenses tant au niveau spirituel qu’au niveau politique, économique et social.

Bien entendu les principaux objectifs du pèlerinage sont l’initiation individuelle, la purification de l’âme et le renforcement des liens de la communauté, comme l’a dit Hazrate Zahra(SA) dans son discours historique: «و الحج تشييداً للدين»

Si les chercheurs ont effectué de nombreux travaux dans ce domaine, il reste encore des sujets à découvrir et à exploiter. Nous vous invitons maintenant à lire la traduction de l’article de Monsieur Vahbe Al Zahili sur l’expression coranique «ليشهدوا منافع لهم».

«Les règles et les prescriptions islamiques sont un bienfait divin pour le monde, et profitables à l’être humain. Celui qui les applique sera guidé et heureux, et connaîtra le salut contrairement à ceux qui les rejettent et qui connaîtront les déviations et leur perte.»

Tout dans le pèlerinage, s’inspire du Monothéisme pur et ses cérémonies permettent une purification des cœurs et donnent à l’individu et à la société, une direction idéologique sure et réformatrice. Ses échanges se fondent sur une vérité et une idéologie solide, et sa morale sur une patience qui contribue à la réforme de l’âme. Les passions sont contrôlées et rendues contrôlables, la bonté se développe dans l’être humain, avec un calme et une sécurité intérieurs, et permettent la réalisation des grands idéaux humains. Le Pèlerinage est une expérience unique pour les croyants, les religieux et les gouvernements. Le Coran fait allusion à ces objectifs qui se réalisent dans la prière, le jeûne et l’aumône. Au sujet de la prière il dit: «ان الصلوة تنهى عنى الفحشاء و المنكر»

La prière éloigne du mal et des turpitudes, et encourage la purification de l’âme. «خذ من أموالهم صدقة تطَهَّرُهم و تزكّيهم بها»

Il aborde aussi les maladies de l’âme comme l’avarice et la cupidité, et explique que la généralisation de l’aumône et des actions caritatives, a des effets sociaux positifs, et permet une lutte contre la pauvreté dans toute la société.

Au sujet du jeûne du mois de Ramadan le Coran dit: «يا ايها الذين آمنوا كتب عليكم الصيام كما كتب على الذين من قبلكم لعلكم تتقون». Le jeûne permet d’accéder à une vertu libérée des passions de l’âme, des plaisirs licites et illicites, et à une soumission aux ordres divins dans le respect des obligations religieuses et le rejet des actes interdits. Ces objectifs qui sont des objectifs élevés au niveau de l’éducation, ne sont accessibles que par l’expérience et la pratique continue des actes religieux, comme le Pèlerinage qui exige de quitter son pays pour les cérémonies grandioses à la Mecque. Ce voyage est un voyage initiatique qui invite les pèlerins au respect de la morale et de la politesse, et à une expérience spirituelle unique en son genre qui fait reculer les frontières de notre pensée et nous fait comprendre la grandeur divine.

«و اَذِّنْ فى الناس بالحج يأتوك رجالاً وَ عَلى كُلّ ضامرٍ يأتينَ مِن كل فَجٍّ عميق. ليشهدوا منافع لهم و يذكروا اسم اللَّه فى ايام معلومات على ما رزقهم من بهيمة الأنعام، فكلوا منها و أطعموا البائس الفقير»: Ces deux versets sont un ordre divin pour les croyants de participer aux cérémonies du pèlerinage qui est un congrès international qui rassemble tous les musulmans du monde, où ils peuvent expliquer la situation de leur pays et proposer des solutions et des critiques constructives. Ils peuvent se consulter sur les problèmes de la communauté, et rentrer dans leur pays avec des solutions pratiques et une énergie renouvelée qui permettra une meilleure coopération des musulmans et une lutte plus ardente contre les complots des ennemis de l’islam.

Tout cela est dans l’intérêt des peuples musulmans, de leur grandeur, du règlement des problèmes économiques et de la défense de leurs droits, dans les situations de paix ou de guerre, dans les conflits et les combats contre l’ennemi.

Oui tout cela est présent et actif dans les cérémonies du Pèlerinage, et nous fait comprendre la grandeur et la bonté divine, et notre insignifiance, et nous permet de goûter à la saveur de cette relation avec notre Seigneur, dans la recherche de Sa satisfaction dans un repentir sincère et des larmes versées pour le rapprochement avec notre Créateur.