Enterre moi de nuit!

FATIMA, opprimée après moi!


Lorsque vint le moment de la mort de l’Envoyé (s), il pleura tellement que ses larmes s’écoulaient sur sa barbe bénie. Ils lui demandèrent :  Ô Envoyé de Dieu, pourquoi pleures-tu ?


Il dit :  Je pleure à cause de mes enfants et de ce que ma communauté leur fera après moi. Je vois Fatima, ma fille, que l’on opprimera après moi, je la vois crier : « Ô père ! » sans qu’un seul parmi ma communauté ne lui vienne en aide.  rapporté par Ibn Abbas

 

Pendant la maladie du noble Prophète Mohamad (P), Sayyda Fatima Zahraa (P) était affligée. Un jour, son Père l'appela et lui parla secrètement: Fatima pleura. Ensuite, Il lui dit autre chose, cette fois, son Excellence Zahrâa (P) sourit. On l’interrogea: Quelles sont les paroles qui t’ont faite pleurer et qui t’ont faite rire ?  

Elle dit : Mon père m’a annoncé qu’il allait quitter ce monde. j’ai pleuré ... puis il m’a dit : ‘Mais tu vas me rejoindre rapidement.’ J’ai souri pour cette raison.  

 

Dernières paroles:


La maladie de Sayyda Zahraa s’aggrava, elle confie alors les tourments de son coeur à son cher époux :


-     Mon cher cousin, je sens arriver la proximité de l’instant de mon Retour vers mon Créateur et de l’instant qui va me joindre à nouveau à mon père, et je voudrais te faire quelques confidences.


-  Recommande et confie-moi tout ce que ton cœur nécessite, ô fille du Messager de Dieu, exalté soit-Il  (…) La peine de ton absence m’attriste déjà… Par Dieu ! Je revis la même douleur continuelle qu’a créée en moi l’absence à nos côtés du Messager de Dieu…

 

Elle lui demanda alors ceci :


Enterre-moi de nuit, dissimule le lieu de ma tombe, qu’aucun de ceux qui m’ont opprimée et maltraitée n’assiste à mes funérailles (…)


Ô ! Mon cousin ! Si tu épouses une autre femme après moi, je te demande de cohabiter une journée et une nuit avec elle, et de consacrer la journée et la nuit suivantes à mes enfants ; de ne pas élever la voix sur eux, Ô père de Al-Hassan, Aba al-Hassan, car ils sont  dans la tristesse des orphelins, de ceux qui deviendront des étrangers dans ce monde, de ceux qui sont affligés et abattus. Hier, ils ont assisté au Sublime Retour de leur bien-aimé Grand-père, et aujourd’hui est arrivé l’instant du Retour de leur mère.


 Malheur à une communauté qui les tourmente, qui les déteste et qui les assassine. »

 

Le martyr...


Asmaa bent Omays, la servante de Sayyda Fatima (P),  rapporte :


« Lorsque la mort de Fâtima (as) fut proche, elle me dit : Apporte-moi de l’eau afin que je fasse mon wudhû.


Elle fit alors son wudhû – le ghosl selon un hadith, le meilleur des ghosl. Elle demanda du parfum et se parfuma. Elle demanda une tunique neuve et s’en habilla.Puis elle dit :  Ô Asmaa, Jabra’ïl a apporté un morceau de camphre du paradis lors de la mort de mon père (P). Mon père l'a réparti en trois. Il a pris une partie, et il a laissé une partie pour moi et une partie pour Ali (P). Maintenant, apporte-moi mon morceau afin que l’on embaume mon corps.


Lorsque je le lui ai apporté, elle me dit :  Pose-le auprès de ma tête.

 

Ensuite, elle étendit les pieds vers la qibla et s’allongea. Elle tira son vêtement sur elle et dit :  Ô Asmaa, attends une heure. Ensuite appelle-moi. Si je ne réponds pas, demande Ali, car j’aurais rejoint mon père.


 moi, Asmaa, j’ai attendu une heure. Puis j’ai appelé son Excellence. Je n’ai rien entendu.
Alors un soupir vint du plus profond de moi, disant :


Ô fille d'Al Mostafa ! Ô fille du meilleur des fils d’Adam ! Ô fille de la meilleure personne ayant marché sur la terre ! Ô fille de celui qui le soir du voyage nocturne atteignit le degré de proximité vis-à-vis de Dieu « inférieur à la portée de deux arcs » !

 

N’obtenant pas de réponse, j’ai retiré le vêtement qui recouvrait son visage béni et vu que son âme, mue par la peine, avait pris son envol.


Alors je suis tombée sur elle, l’embrassant et disant :  Maintenant que tu te trouves auprès de l’Envoyé, transmets-lui le salam de Asmaa bent Omays.

 

Les adieux


Les deux fils de Sayyda Fatima Al-Hasan et Al-Hussein (P) arrivèrent. Al-Hasan se jeta sur son Excellence. Il embrassait son visage lumineux et dit :


  Mère ! Dis-moi quelque chose sinon mon âme va se séparer de mon corps.


L’Imam Hussein tomba sur ses pieds, il les embrassait et disait :


 Mère ! C’est moi, ton fils, Hussein. Dis-moi quelque chose, sinon mon cœur va se fendre.
Asmaa leur demanda d'aller avertir leur père. Lorsqu’ils arrivèrent à la mosquée, ils se mirent à crier en pleurant.


Les compagnons coururent les accueillir :  Pourquoi pleurez-vous fils de l’Envoyé ? Que Dieu ne laisse jamais vos yeux en pleurs.


 « Notre mère ! Notre mère a quitté ce monde ! »


Lorsque l’Emir des croyants entendit cela, il dit : Après toi, à qui vais-je faire mes condoléances ?

 

Les femmes et les hommes accoururent à la maison de son Excellence. Le bruit de leurs lamentations était près de faire trembler la Médine. Les gens venaient en multitude présenter leurs condoléances à l’Emir des croyants. Son Excellence, Ali (P) était assis, les deux Hasan étaient assis auprès de lui et pleuraient. Les gens pleuraient de les voir pleurer. Omm Kolthûm alla auprès de la tombe de l’Envoyé et se mit à crier :  Ô Envoyé de Dieu ! Aujourd’hui, ton deuil ne fait que commencer. C’est aujourd’hui que tu as quitté ce monde ! Tu as emporté ta fille avec toi !


Les gens s’étaient réunis, ils pleuraient et attendaient que l’on sorte le cercueil de la maison.


Alors Abû Dharr sortit de la maison pour dire :  La sortie du cercueil est différée. Aussi les gens se dispersèrent.

 

L'enterrement  secret


Ce n’est que lorsqu’une partie de la nuit s’était écoulée, et que les regards s’étaient absorbés dans le sommeil, qu’ils sortirent le cercueil.


L’Emir des croyants (P), Al-Hasan, Al-Hussein, Ammar, Miqdad, Aqil, Zobayr, Abu Dharr, Salman, Borayda et quelques-uns parmi les Banî Hâshem et les familiers de son Excellence accomplirent la prière sur Fatima, que le salâm de Dieu soit sur Elle. Ils l’ensevelirent de nuit.


Lorsque l’Emir des croyants (as) recouvrit la tombe de sa femme de ses propres mains, il laissa libre cours à sa peine et à son affliction. Les larmes se mirent à couler de ses yeux bénis sur son visage lumineux. Il regarda vers la tombe de son Excellence l’Envoyé et gémit :

 

 Le salâm soit sur toi ô Envoyé de Dieu ! Que mon salâm soit sur toi ! Voici que ma patience a diminué, et que ma force s’est affaiblie du fait de la perte de la meilleure des femmes. Dans mon cœur se trouve une blessure qui l’encrasse, et dans ma poitrine une peine affligeante. Nous fûmes séparés si vite. Je me plains envers Dieu de mon état. Ta bien-aimée te donnera des nouvelles du fait que ta communauté a usurpé mon droit et l’a elle-même opprimée. Demande-lui comment elle va. Tant de chagrin s’était amassé dans sa poitrine qu’elle ne pouvait même pas l’exprimer à qui que ce soit. Dieu jugera à son sujet, elle qui est la meilleure des personnes à propos desquelles Il peut juger.


Que le salâm soit sur toi, ô Envoyé de Dieu. Si la nation qui nous a envahis n’avait pas été victorieuse, j’aurais considéré comme nécessaire le fait d’élire domicile auprès de ta tombe, je me serais retiré auprès de ta tombe et j’y aurais crié des lamentations sur ce malheur, des cris tels que ceux que poussent une femme ayant perdu son enfant.

 

Le lendemain, les gens de La Médine apprennent le décès de la fille du Messager de Dieu. Ils accourront chez l'imam Ali pour accomplir la prière du défunt et participer à ses funérailles, mais tout avait déjà été réalisé. Ils en furent bouleversés, profondément attristés lorsqu’ils apprirent la recommandation de la fille du Prophète qui avait exigé d’être inhumée dans un absolu secret, dans l’obscurité de la nuit !