Etre juste à l’encontre des mécréants pacifiques

Louange à Dieu, le Maître des Mondes et que les bénédictions et la paix soient sur notre maître Muhammad, sur les membres purs de sa Famille, sur ses compagnons élus et sur tous les prophètes et les messagers de Dieu. Que la Paix, la miséricorde de Dieu et Ses bénédictions soient sur vous, frères croyants et sœurs croyantes !

 

Parmi les Versets coraniques révélés au sujet de la justice, il y en a un qui concerne la manière d’échanger avec les mécréants pacifiques. En fait, il existe deux catégories de mécréants : Les mécréants belliqueux qui s’attaquent aux Musulmans, qui les chassent de leurs maisons et les agressent de tous les moyens, et les mécréants pacifiques qui ne s’accordent pas avec les Musulmans sur le plan religieux, du fait qu’ils ne croient pas à l’Islam, mais qui cohabitent avec les Musulmans comme c’est le cas dans toute société hétérogène où les groupes cohabitent au niveau des échanges et des relations.

 

Pour ce qui est de ceux qui appartiennent à cette dernière catégorie, le Noble Coran nous incite à les bien traiter, à être charitables envers eux, à leur fournir tous les moyens du bien et d’échanger avec eux sous les signes de la justice dans toutes nos relations avec eux. Quant à ceux qui appartiennent à l’autre catégorie, nous devons prendre à leur encontre une attitude différente, car ils affichent leur hostilité aux Musulmans alors que le Musulman n’affiche ni ne dissimule l’hostilité aux autres. Le Musulman n’a jamais recourt à l’agression, car Dieu nous a demandé d’agir à l’encontre des autres de la manière susceptible d’en faire des amis, au lieu d’agir d’une manière qui incite nos amis, ou les autres en général, à devenir des ennemis.

 

Dieu, le Très-Haut, dit à ce propos : ((&&Dieu ne vous a pas interdit, pour ceux qui ne vous ont pas combattus pour cause de religion, et ne vous ont pas expulsés de vos maisons, de vous montrer vertueux et charitables envers eux. Dieux aime les équitables&)) (Coran LX, 8). Il existe un désaccord sur le plan religieux avec ceux qui ne sont pas Musulmans et qui ne combattent pas les Musulmans parce qu’ils sont Musulmans. Ce désaccord doit être objectivement et pacifiquement accepté par les Musulmans, d’autant plus que ces non Musulmans n’utilisent pas leur force politique ou militaire pour vous expulser de vos maisons et de vos terres. Ceux-là sont pacifiques et cohabitent avec vous, les Musulmans, dans un seul et même pays ou dans deux pays voisins, d’une manière pacifique. ((&&Dieu ne vous a pas interdit, pour ceux qui ne vous ont pas combattus pour cause de religion, et ne vous ont pas expulsés de vos maisons, de vous montrer vertueux et charitables envers eux&)) (Coran LX, 8). Etre vertueux c’est être charitable, et la charité est une notion qui s’étend dans toutes les relations humaines fondées sur la coopération, sur la communication et sur la générosité.

 

&Etre équitable, comme nous l’avons maintes fois démontré, est en rapport avec le droit dont dispose chaque être humain. Etre juste et établir la justice c’est le fait de respecter le droit de chacun et de lui rendre sa part. Pour cette raison, vous devez échanger avec les non Musulmans pacifiques sur la base de l’équité. Il faut leur rendre ce qui est de leur droit car ((&&Dieux aime les équitables&)). D’où, nous apprenons que nous devons respecter leurs droits et leurs biens. Le Musulman n’a pas le droit d’attenter aux biens d’une personne non Musulmane en prétextant que cette personne est mécréante et que nous avons le droit de nous emparer des biens des personnes mécréantes, comme le disent certaines fatwa adoptées par beaucoup de personnes qui voyagent en Occident ou en Orient, ou qui vivent même au Liban lorsque, pendant la guerre et l’anarchie, certains pillaient des banques ou des magasins en prétextant qu’ils appartiennent à des personnes mécréantes. Du moment où les mécréants sont pacifiques, nous n’avons pas le droit de toucher à leurs biens ou d’attenter à leur honneur. Nous avons prononcé et nous continuons de prononcer des fatwa qui qualifient comme illicites les agissements de ce genre d’agissements commis par certains jeunes hommes qui émigrent en Amérique, en Europe, en Australie, au Canada et ailleurs.

 

Il y a des gens qui font un contrat d’assurance pour leurs boutiques ou leurs entreprises puis ils les brûlent pour toucher des indemnisations. Il y a aussi beaucoup de gens qui exploitent certaines lois qui facilitent le fait de détourner de l’argent, comme lorsqu’ils empruntent de l’argent dans une banque avant de s’enfuir dans un autre pays, ou comme lorsqu’ils volent des marchandises dans un supermarché. Tout cela n’est pas loisible du moment où les propriétaires de ces entreprises sont pacifiques et non pas belliqueux. Dieu, le Très-Haut, nous dit : ((Dieu ne vous a pas interdit, pour ceux qui ne vous ont pas combattus)) (Coran LX, 8), mais ((Dieu vous interdit seulement, pour ceux qui vous combattent à cause de votre religion, ceux qui vous expulsent de vos maisons et ceux qui participent à votre expulsion&)) (LX, 9). Ceux-là sont ceux qui vous combattent rien que parce que vous êtes des Musulmans, ceux qui vous ont expulsés de vos maisons comme l’ont fait les Juifs à l’encontre des Palestiniens et ceux qui, comme l’ont fait certains Etats, ont aidés les Juifs.

 

Il y a une différence entre l’Etat et le peuple. L’administration américaine soutient Israël et occupe l’Iraq et l’Afghanistan. Mais le peuple américain n’est pas, dans sa totalité, d’accord avec la politique de son Etat, même si un grand nombre d’américains approuvent cette politique. ((&&Dieu vous interdit seulement, pour ceux qui vous combattent à cause de votre religion, ceux qui vous expulsent de vos maisons et ceux qui participent à votre expulsion, de les prendre pour des patrons ou pour des alliés. Ceux qui les prennent pour des patrons ou pour des alliés, voilà ceux qui sont injustes&)) (LX, 9). Ceux-là sont injustes envers eux-mêmes, envers leurs peuples et envers les leurs. Ces deux Versets nous apprennent donc qu’il ne nous est pas loisible de nous attaquer aux mécréants pacifiques, abstraction faite de la religion à laquelle ils appartiennent.

 

Dieu, le Très-Haut, a blâmé les Juifs qui trouvent bon de s’emparer des biens des autres. Il dit à ce propos : ((&&Certains, parmi les Gens du Livre, te rendent le qintard que tu leur as confié. D’autres ne te rendent le dinar que tu leur as confié que si tu les harcèles. Il en est ainsi, parce qu’ils disent : « Les illettrés n’ont aucun moyen de nous contraindre &»&)) (Coran III, 75). Selon la conception des Juifs, les illettrés sont les non Juifs, surtout les Arabes, car ils étaient analphabètes en général, et comme la lecture et la culture manquaient à cette époque, les Juifs se considéraient comme irresponsables à leur égard et que, par conséquent, ils avaient le droit de s’emparer de leurs biens.

 

La personne qui, parmi nos frères qui vivent en Occident, porte une telle mentalité, donne aux autres l’impression que les Musulmans trouvent licite de s’emparer des biens des autres. Ainsi, le Musulman perd la confiance des autres en lui, et personne n’est alors prêt à nouer avec lui un partenariat, un prêt ou à coopérer avec lui. Ils prennent ainsi la même attitude que nous aurions prise, nous-mêmes, à l’encontre d’une personne que nous savons prête à nous frustrer de nos biens et que, de ce faite, nous refusons d’échanger avec elle.

 

De telles choses sont nuisibles pour nous. Elles déforment l’image de l’Islam et des Musulmans. Nous devons traiter les autres de la manière avec laquelle nous aimons qu’ils nous traitent. Si nous aimons que les autres nous traitent avec fidélité et sincérité, nous devons nous-mêmes les traiter avec fidélité et sincérité pour pouvoir cohabiter avec eux.

 

&Les autres ont besoin de nous et nous avons besoin d’eux, surtout parce que nous vivons avec eux dans un même pays. Si la confiance manquait à l’intérieure d’une telle société et si la cohabitation devenait impossible, cela signifie l’impossibilité de construire une patrie, l’impossibilité de réaliser aucun progrès ni aucune évolution, que ce soit sur le plan économique ou sur le plan sécuritaire.

 

Nous devons être conscients de cette question pour pouvoir donner une image rayonnante de l’Islam, car l’islam est la religion de la justice. Il est juste à l’égard du mécréant et du croyant, avec l’ennemi et l’ami et avec le proche et le lointain. Nous avons toujours dit que la justice n’a pas de religion. La justice est une condition humaine et cela impose à l’homme d’être juste à l’égard de tous les hommes. L’injustice, quant à elle, n’a pas de religion et l’homme ne doit pas être injuste à l’égard de personne. Une Tradition prophétique dit à ce propos : « Dieu a dépêché l’un de Ses prophètes vivant dans le royaume d’un tyran en lui disant : ‘Va retrouver ce tyran et dis-lui que Je lui ai donné le pouvoir non pas pour répandre le sang et amasser des fortunes, mais pour empêcher les voix des opprimés de me parvenir. Je ne négligerai pas l’injustice commise à leur encontre même s’ils sont des mécréants’ ».

 

Tout cela nous conduit à conclure qu’il n’est pas loisible de traiter injustement les mécréants, et cela donne à l’Islam son image rayonnante. Il y a une autre chose que nous devons comprendre, nous, les Chiites duodécimains : Nous attendons l’Imâm al-Mahdî (h) dont le message et le programme sont l’établissement de la justice. «&&Il fera remplir la terre de justice et d’équité après avoir été remplie d’injustice et d’iniquité &». Son massage est donc celui de la justice universelle, c’est-à-dire la justice qui englobe tout l’univers. Pourrions-nous ainsi être des partisans de l’Imâm al-Mahdî (h) si, nous-mêmes, ne sommes pas justes ? Il y a des hommes qui traitent injustement leurs femmes, leurs pères, leurs mères et leurs voisins et prétendent qu’ils seront demain parmi les partisans de l’imâm al-Mahdî (h). Ils ne savent pas qu’en étant injustes, ils ne font que prendre place dans le camp adverse.

 

Pour toutes ces raisons, nous devons être la Nation de la justice car notre religion est la religion de la justice. Notre religion ordonne la justice et la charité dont les répercussions touchent la vie dans ce monde-ci et dans l’Autre monde. Nous devons vivre cela dans nos âmes et nous ouvrir, à travers cela, vis-à-vis de la réalité toute entière, que ce soit au niveau de la question politique, sociale, économique, sécuritaire ou familiale. La tradition nous apprend : « Sois une balance entre toi et les autres : Aime pour les autres ce que tu aimes pour toi-même, et déteste pour les autres ce que tu détestes pour toi-même ».

 

Cours de commentaire du Coran donné par son Eminence,L’Autorité religieuse, Muhammad Hussein Fadlallah, le 17-8-2004