Le miracle est un témoin de la prophétie

Les prophètes réclament d’être en contact avec Dieu et avec le monde voilé, d’être confiés de la mission par Dieu de recevoir ses messages pour les transmettre au peuple qu’ils essaieront d’éduquer. C’est une revendication assez grande qu’en absence des témoins et de preuves authentiques, les gens n’accepteront jamais. Il faut donc des arguments pour démontrer l’authenticité de cette revendication. La plus grande preuve pour les prophètes est le miracle. Le miracle consiste à produire un événement inhabituel dont les gens ordinaires ne sont pas capables. Les prophètes ont besoin de présenter des miracles pour certifier leur réclamation extraordinaire. Afin que la véridicité de leur cause soit prouvée et qu’il ne reste aucun moyen de sa mise en question. En absence des preuves, comment les gens peuvent-ils s’assurer de leur sincérité ? Comment peuvent-ils distinguer les prophètes authentiques des provocateurs mensongers ?

 

Du point de vue coranique, la présentation du miracle est une condition nécessaire à la prophétie. Le Coran en a parlé des dizaines de fois : sur la canne de son Eminence Moïse (salut sur lui) transformée en un serpent qui avala les cordes magiques des sorciers. Il frappa le rocher avec son bâton et l’eau jaillit du rocher. Il frappa le Nil de sa canne et ouvrit les eaux pour que les enfants d’Israël puissent y passer. Sur son Eminence Jésus (salut sur lui) qui parla dans le berceau juste après la naissance. La guérison d’un aveugle-né, d’un atteint de vitiligo, la résurrection d’un mort (Lazare) par son Eminence Jésus. Sous l’effet d’un miracle accompli par son Eminence, un oiseau fait d’argile prend vie et pour Abraham (salut sur lui), le feu de Nimrod est transformé en un bouquet de fleurs.

 

Notez les versets suivants en qualité d’exemple :

 

« Si tu es venu avec un miracle, dit (Pharaon), apporte-le donc, si tu es du nombre des véridiques. Il jeta son bâton et voilà que c’était un serpent considérable. Et il sortit sa main et voilà qu’elle était blanche (éclatante), pour ceux qui regardaient. » [1]

 

« Et Nous révélâmes à Moïse de jeter son bâton. Et le bâton se mit à engloutir ce qu’ils avaient fabriqué. » [2]

 

« Et (rappelez-vous) quand Moïse demanda de l’eau pour désaltérer son peuple, ce fut alors que Nous dîmes : frappe le rocher avec ton bâton. Et tout d’un coup, douze sources en jaillirent, et certes, chaque tribu sut où s’abreuver. Mangez et buvez de ce que Dieu vous accorde et ne semez pas de troubles sur la terre. » [3]

 

« Alors, nous révélâmes à Moïse : frappe la mer de ton bâton. Elle se fendit alors et chaque versant fut comme une énorme montagne. Nous fîmes approcher les autres (Pharaon et son peuple). Et nous sauvâmes Moïse et tous ceux qui étaient avec lui. Nous noyâmes ensuite les autres. Le voilà qui est un signe prodigieux mais la plupart d’entre eux ne croient pas. » [4]

 

« Ils dirent : brûlez-le. Secourez vos divinités si vous voulez faire quelque chose. Nous ordonnâmes au feu d’être une fraîcheur salutaire pour Abraham. »[5]

 

On comprend de ces versets et de dizaines d’autres qu’à partir du Coran, la présentation des miracles par les prophètes est une condition nécessaire et ceux pour qui le Coran est une révélation, n’ont jamais nié le principe (de l’accomplissement) des miracles. Le Coran se considéré lui-même comme un miracle, là où il dit :

 

« Dis : même si les hommes et les djinns s’unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient créer rien de pareil, même s’ils se soutenaient les uns les autres. » [6]

 

La définition du miracle

 

Le miracle est un effet extraordinaire produit à travers un moyen non-naturel et inconnu. De l’autre côté, le principe de la causalité est une disposition logique acceptée par le Coran. Par conséquent, aucun événement n’aura lieu en absence des causes. Même les miracles n’en sont pas dépourvus.

 

En générale, un effet peut se produire de deux façons : naturelle et extraordinaire (miracle). Par exemple, un bâton peut changer en serpent de deux façons :

 

Premièrement : A travers les causes naturelles. Le passage du temps et les activités naturelles font que la matière du bâton aura la capacité de se transformer en un serpent. Ensuite, le Dieu Eminent y ajoutera l’apparence du serpent. Dans ce cas, le serpent a été créé à partir d’une chaîne de causalité et aucun miracle ne s’est produit.

 

Deuxièmement : A travers le miracle. Même dans ce cas la matière reçoit la capacité de transformation, pas suivant les effets naturels mais à travers l’âme forte et la volonté du prophète qui crée la capacité de la transformation. Ensuite, par intervention du Dieu Eminent la forme finale du serpent s’ajoute à la matière du bâton ayant déjà la capacité de transformation pour qu’il change en un vrai serpent. Nous pouvons dire que même en cas de miracle, un événement suit la chaîne de la causalité, mais celle des causes inconnues, c’est-à-dire la volonté du Dieu Eminent et les forces anormales et merveilleuses. C’est pourquoi qu’il s’appelle le miracle et peut témoigner de l’authenticité de la prophétie.

 

Qui est derrière le miracle ?

 

Est-ce que le miracle se produit directement par Dieu et le prophète ne fait rien que demander son arrivée ? Ou bien, son accomplissement appartient au prophète lui-même et ne dépend que de sa volonté personnelle ?

 

Dans certains de ses versets, le Coran attribue le miracle au prophète, par exemple :

Evoquant la parole de Son Eminence Jésus :

 

« …en vérité, je viens à vous avec un signe de la part de votre Seigneur. Pour vous je forme la glaise comme la figure d’un oiseau, puis je souffle dedans et par la volonté de Dieu, il prendra vie. Et je guéris l’aveugle-né et le lépreux et je ressuscite les morts par la permission de Dieu. Et je vous apprends ce que vous mangez et ce que vous amassez dans vos maisons. »[7]

 

Dans la sourate Al-Maede, il dit :

 

« …tu fabriquais de l’argile une forme d’oiseau par Ma permission et tu soufflais dedans. Devenait un oiseau vivant. Et tu guérissais par Ma permission l’aveugle-né et le lépreux et faisais revivre les morts… » [8]

 

Et sur son Eminence Moïse (salut sur lui) :

 

« Si tu es venu avec un miracle, dit (Pharaon), apporte-le donc, si tu es du nombre des véridiques. Il jeta son bâton et voilà que c’était un serpent considérable. Et il sortit sa main et voilà qu’elle était blanche (éclatante), pour ceux qui regardaient. » [9]

 

Certains versets attribuent le miracle à Dieu, par exemple :

« Et nous vous couvrîmes de l’ombre d’un nuage et fîmes descendre sur vous la manne et les cailles. » [10]

 

Nous pouvons conclure de l’ensemble de ces versets que le miracle est un effet produit directement par le prophète mais sa volonté n’est pas indépendante. Il agit avec la permission et l’admission de Dieu. La volonté du prophète trouve sa place dans la chaîne de causalité, mais le véritable organisateur du miracle est Dieu Eminent. Pour cette raison même la plupart des versets attribuent le miracle au prophète mais ils le conditionnent à la permission de Dieu. Le verset suivant exprime cette réalité avec une plus grande netteté :

 

« …et il n’appartient pas à un prophète d’apporter un signe (ou verset) si ce n’est avec la permission de Dieu. Lorsque la consigne de Dieu arrivera, tout sera décidé en toute justice et ceux qui profèrent des mensonges seront alors parmi les perdants. » [11]

 

Différence entre le miracle et la magie

 

La question que nous pouvons poser est de savoir : Si le prophète à travers le miracle, est capable de produire un effet extraordinaire impossible aux autres, un magicien est de même l’auteur des faits dont les autres n’ont pas les moyens ; en quoi le miracle est différent de la magie ? Et par quel moyen nous pouvons nous assurer qu’un fait extraordinaire est un miracle et pas de la magie ? Nous évoquons quelques points pour répondre à cette question :

 

Premier : Pour ce qui concerne la magie, ce n’est pas un événement réel qui se produit, mais le magicien impressionne le spectateur qui illusionné, croit voir une chose réelle. Tout comme dans l’histoire de son Eminence Moïse, les magiciens jetèrent les cordes, les bâtons et d’autres outils en présence des gens qui, sous l’influence de la magie prirent ces objets pour des serpents qui furent terrifiés alors que les serpents n’étaient point réels. Le Coran dit donc à ce propos :

 

« Jetez, dit-il. Puis lorsqu’ils eurent jeté, ils ensorcelèrent les yeux des gens et les épouvantèrent et vinrent avec une puissante magie. » [12]

Mais concernant le miracle, un fait réel aura sa genèse. Dans l’histoire de son Eminence Moïse, le bâton de son Eminence se transforma en un vrai serpent et avala actuellement la fabrication des magiciens. Dieu Eminent dit à son Eminence Moïse :

 

« Nous lui dîmes : n’aies pas peur, c’est toi qui auras le dessus. Jette ce qu’il y a dans ta main droite ; cela dévorera ce qu’ils ont fabriqué. Ce qu’ils ont fabriqué n’est qu’une ruse de magicien ; et le magicien ne réussit pas où qu’il soit. Les magiciens se jetèrent prosternés, disant : nous croyons en le Seigneur d’Aaron et de Moïse. » [13]

 

Pour cette raison même, quand les magiciens aperçurent que le serpent de son Eminence Moïse eut englouti leurs outils de magie, ils surent que son entreprise était un miracle et qu’elle était radicalement différente de ce qu’ils produisaient. C’est pourquoi ils acceptèrent immédiatement leur défaite et se convertirent à la foi de son Eminence Moïse.

 

Second : Le magicien a besoin des préparations pour réussir ; il récite des formules et des incantations, il dessine et écrit des choses. Pour accomplir un miracle, on n’a pas besoin de ces choses. Il faut seulement la volonté du prophète affirmée par Dieu, pour que le miracle ait lieu.

 

Troisième : Le miracle ne sera jamais vaincu. Quand un prophète veut l’arrivée d’une chose, elle arrivera immanquablement et aucune force humaine n’est capable d’en empêcher la production ou l’abolir après son arrivée, car son origine est la force divine. Ce n’est pas vrai pour la magie qui peut être vaincue par un magicien supérieur, ou bien par un prophète tout comme dans l’histoire de son Eminence Moïse (salut sur lui).

 

Quatrième : La magie vient parmi les sciences et les professions, contrairement au miracle qui n’est pas à apprendre. Au terme d’une durée d’enseignement et d’exercice, tout homme ordinaire peut devenir magicien, sans avoir besoin de la foi, d’être en rapport avec Dieu ou de son affirmation. Alors que la capacité de produire des miracles est un don céleste qui ne s’obtient point à travers l’éducation et le détenteur du miracle est d’une foi excellente et entretient des rapports profonds avec Dieu Eminent.

 

Les moyens de connaître (l’authenticité de la mission de) le prophète

 

Afin de connaître le prophète et approuver sa cause, on peut recourir à certains procédés :

 

1.      Le miracle : demander des miracles est les meilleurs moyens pour s’assurer de son authenticité. Si le prétendant peut présenter des miracles qui peuvent être prouvés ou réfutés par les critères incontestables comme l’observation ou un témoignage, l’authenticité de sa mission sera ainsi prouvée.

 

2.      Etre prévu par les prophètes précédents : si un prophète dont l’authenticité de la mission a été approuvée rend compte d’un prophète suivant, exprimant ses caractéristiques de manière exhaustive, la mission de ce dernier sera affirmée aussi. Ainsi, pour ce qui concerne le Prophète de l’Islam, les prophètes précédents annoncèrent sa venue et dont l’annonce a été enregistrée dans leur livre. Le Coran cite son Eminence Jésus (salut sur lui) :

 

« Et quand Jésus fils de Marie dit : O enfants d’Israël, je suis vraiment le messager de Dieu (envoyé) à vous, confirmateur de ce qui est dans la Tora, est antérieur à moi ; et annonciateur d’un Messager à venir après moi dont le nom sera Ahmad. » [14]

 

3.      L’étude des lois et les projets de la mission prophétique : si un scientifique considère d’un œil de chercheur impartial et débarrassé des préjugés l’ensemble des savoirs, des lois et des projets de la religion, il pourra se rendre compte de la valeur et de l’universalité. Si les lois ont été créées d’après les critères de la logique, capables de subvenir aux besoins, de défendre les droits individuels et sociaux de chacun, la justice sociale et de garantir le bonheur terrestre et céleste des humains, de conseiller la bonne conduite et désapprouver les mauvais comportements ; un tel chercheur s’aperçoit que la religion est authentique et approuve son prophète.

 

Il convient de faire deux remarques : d’abord ; un nombre restreint des gens ont la capacité de faire une investigation de ce genre et tout le monde n’en est pas disposé. En deuxième lieu, ces critères peuvent servir des témoins mais ils ne peuvent pas passer pour un raisonnement à part entier et nous aurons toujours besoin des preuves pour la prophétie.

 

4.      L’étude de la vie et de la conduite de celui qui réclame être un prophète : si le prétendant est un homme dont l’honnêteté, la vertu et la loyauté sont confirmées par tous, s’il n’a aucune faiblesse extérieure (sa conduite) et intérieure (ses intentions) ; s’il accomplit en pratique les devoirs qu’il exige des autres, il sera cru par les autres comme prophète. Pourtant, ce ne seraient que des témoignages qui ne sauraient jamais enlever le besoin des preuves authentiques.

 

Notes :

_________________________

1-Al-Araf (7): 106-108.
2- Al-Araf (7): 117.
3- Al-Baqara (2): 60.
4- Al-Shoara'(26): 63-67.
5- Al-Anbiya'(21): 68, 69.
6- Al-Isra (17): 87.
7- Al-Imran (3): 49.
8- Al-Maede (5): 110.
9- Al-Araf (7): 106-108.
10- Al-Baqara (2): 57.
11- Al-Ghafer (40): 78.
12- Al-Araf (7): 116.
13- Ta-Ha (20): 68-70.

14- Al-Saff (61): 6.