La Société Et Ses Composants Dans Le Saint Coran (Partie II)

Au début de la Renaissance, l’homme européen moderne a élevé la liberté en idéal absolu, étant donné ses souffrances et ses privations passées, il était enchaîné dans sa vie intellectuelle et religieuse et dans la recherche de sa subsistance. Voulant briser toutes ses chaînes, se libérer de l’Eglise et de la féodalité, il a donc proclamé la liberté en idéal. Il s’agit d’une initiative correcte mais il a commis l’erreur de généraliser à l’horizontale cette valeur humaine, la liberté qui, à elle seule, n’édifie pas l’être humain. Le fait de briser les chaînes constitue seulement le cadre pour un développement correct de l’humanité, mais ce cadre a besoin de contenu, et c’est ce qui a précisément manqué à l’homme européen.


L’Européen a fait de la liberté un idéal en soi, alors qu’en réalité, il ne s’agit que d’un cadre qui exige un contenu. Sans ce dernier, c’est la ruine et la dégénérescence.


Concernant la généralisation verticale ou située dans le temps, nous remarquons qu’au fil de l’histoire, des étapes furent franchies avec succès, ce qui n’implique pas qu’elles doivent constituer des idéaux. L’étape peut être franchie dans le cadre d’un idéal sans devenir nécessairement un idéal. Le passage de la tribu au clan puis à la nation est processus juste mais il ne faudrait pas que chaque étape soit un idéal en soi car ses étapes soient justes dans le processus d’avancée et d’unification de l’humanité. La tribu ne doit pas être vue comme un idéal en soi pour lequel l’homme se mobilise, mais absolu qui doit rester un idéal et pour lequel il doit se battre demeure Allah le Tout-puissant ; l’étape est un moyen mais absolu demeure Allah, Exalté soit-Il.


L’état de cet homme qui transforme en absolu sa vision limitée du temps est semblable à celui qui, regardant l’horizon, ne peut voir qu’à une distance limitée et s’imagine que la monde s’arrête à cet horizon, que le ciel rencontre la terre à une distance assez proche de lui. Mais cette vision traduit l’incapacité de ses yeux à poursuivre la distance à longue portée de la terre. Il en est de même de celui qui, jetant un regard sur l’histoire, ne peut voir, du fait de son esprit limité, que des aspects restreins. Il lui faudrait admettre qu’il s’agit de limites et non d’absolu, comme l’horizon que nous apercevons au loin, nous savons qu’il est un horizon et non la fin de la terre.


Considérez la merveilleuse image qu’en donne le Coran :


« [Quant aux mécréants], leurs actions sont comme un mariage dans une plaine : l’homme brûlant de soif le prend pour une [étendue] d’eau, mais quand il y arrive, il s’aperçoit que ce n’était rien. Et non loin, il trouvera Dieu qui lui règlera [d’une manière exacte] son compte. Dieu est rapide dans ses comptes » (An-Nur, 39)


Le Coran parle également de tous ces idéaux fabriqués où Allah, Exalté soit-Il, est absent et les compare à la maison de l’araignée :


« Ceux qui se sont donnés des maîtres en dehors de Dieu sont comparables à l’araignée qui prend [sa toile pour] demeure. En vérité, la plus frêle de demeures est bien celle de l’araignée. Si seulement ils savaient ! » (Al-Ankabut, 41).


Si nous comparons ces deux sortes d’idéaux, celui qui est tiré de la réalité et celui tiré d’une ambition limitée, nous remarquons que le premier est souvent la dernière étape du second, c’est-à-dire que lorsque l’idéal tiré d’une ambition limitée est atteint, il devient un idéal adhérant à la réalité et répétitif.


Nous pouvons résumer les étapes successives du passage de l’un à l’autre :


La première étape est celle où l’idéal, tiré d’une ambition tournée vers l’avenir, est assez efficace pour mobiliser et renouveler les énergies.


Cependant le Coran qualifie ce don et ce renouvellement de hâtifs, précipités, les gains sont hâtifs et non à long terme, parce que la vie de cet idéal est court. L’idéal se transforme, en un instant, en une force de destruction de tout ce qu’il avait donné auparavant, c’est la raison pour laquelle il est hâtif. Considérez la Parole divine :


« A celui qui désire [jouir de la vie] immédiate, Nous nous hâtons d’accorder ce que Nous voulons- à qui Nous voulons. Pour plus tard, Nous lui destinons la géhenne dont il aura à subir l’ardeur, honni et exclu [de la miséricorde divine] » (Al-Isra 18-20)


Allah, Gloire à Lui, est pure bonté, pure générosité, pur don. Il accorde à la mesure de l’adoption de tout idéal mobilisateur, mais il accorde en fonction de l’aptitude de cet idéal à donner du hâtif, pas plus. Cette étape peut conduire à des gains mais des gains hâtifs qui n’échappant pas à la géhenne, dans le monde ici-bas et dans l’au-delà.


La seconde étape voit l’idéal se figer lorsqu’il perd son énergie et sa capacité à donner. Les dirigeants qui donnaient et orientaient deviennent des maîtres et la nation se transforme en une masse obéissante et régie. Le Coran a ainsi exprimé l’état de cette étape :


« Et ajouteront : Seigneur, nous avons obéi à nos chefs et à nos grands ; [ce sont eux] qui nous ont détourné du [droit] chemin » (Al-Ahzab, 67).


La troisième étape voit le pouvoir s’instaurer en dynasties familiales ou autres, occupées à régler leurs affaires frivoles :


« Il en été ainsi : Nous n’avons, avant toi, envoyé aucun avertisseur vers une cité sans une communauté religieuse et nous marchons sur leurs pas » (Az-Zukhruf, 23)


Ceux-là sont les effets de leurs pères, ils en sont le prolongement historique, ce prolongement qui passe de l’état d’idéal et de don à un état de classe opulente héritant du pouvoir.


Et lorsque la nation se désintègre et se déchire, lorsqu’elle rompt avec cet idéal répétitif, elle entame alors la quatrième phase de son évolution, la plus dangereuse, où dominent ceux que ne retiennent ni promesse ni pacte, et c’est ce qu’a exprimé le Saint Coran :


« Ainsi Nous avons donné à chaque cité comme chef, ses criminels afin qu’ils s’y livrassent à des actes perfides. Mais c’est à leur détriment qu’ils se comportent ainsi, sans s’en rendre compte » (Al-Anam, 123).


  L’Idéal de l'Unicité Divine


La troisième sorte d’idéal est véritable, c’est Allah, Exalté soit-Il. Dans cet idéal, la contradiction est résolue de la façon la plus radieuse qui soit, celle entre l’esprit limité de l’homme et entre l’idéal qui doit rester absolu.


Comment peut-on coordonner entre le limité et l’illimité sinon en fixant pour idéal Allah, Exalté soit-Il ? Car l’idéal n’est plus une production de l’homme ni de son esprit, il est situé en dehors de lui, avec une capacité absolu, une science absolue et une justice absolue. Cette existence visible est un idéal parce qu’elle est absolue, mais quand l’homme cherche à empoigner cette lumière, il ne parvient qu’à en prendre une part limitée et la distingue entre celle-ci et l’idéal, situé en dehors de sa représentation mentale. Il tient cette part de lumière tout en sachant que l’idéal demeure absolu.


C’est pourquoi l’Islam a tenu à distinguer entre la représentation mentale d’une part et Allah qu’Il soit glorifié, d’autre part, qui est l’idéal. Il distingua entre le non, et le Nommé insistant sur le fait qu’il ne faut pas adorer le non qui est une représentation mentale forcément limitée.
L’adoration ne peut être que pour le Nommer, qui est absolu.


Allah qu’Il soit glorifié, a dit :


« Ô homme, toi qui t’efforces de rencontrer ton Seigneur, tu le rencontreras, alors » (Al-inshiqaq, 6)


Dans ce verset, Allah le Très-Haut est le but suprême de l’homme ou de l’humanité toute entière qui œuvre en direction de Lui, en passant les épreuves, en faisant des efforts car ce chemin n’est pas ordinaire, il est une montée, une ascension.


Ceux qui escaladent les montages pour parvenir aux sommets peinent pour y parvenir et y consacrent leurs efforts. Ainsi, lorsque l’humanité peine pour parvenir jusqu’à Allah, qu’il soit glorifié, elle escalade en permanence les sommets de la perfection, de la complétude et développement vers le meilleur.


Cette avancée qui exige un effort continu suppose un chemin séparant le marcheur de but. C’est ce chemin dont parlent des saints versets à plusieurs endroits de Coran sous les termes « sabilu-llah » et ce verset (Al-inshiqaq, 6) indique une vérité établie, un fait objectif et fixe, il ne convie pas à emprunter le chemin de Dieu, il ne réclame pas disant : suivez le chemin de Dieu, mais dans « Ô homme, toi qui t’efforces de rencontrer to Seigneur, tu le rencontreras, alors ». Le ton est celui de la description d’un fait établi.


Toutes avancée de l’homme, sur la route de son histoire étendue est une avancée vers Allah, Glorifié soit-il-Il. Même ces groupes qui se sont fixés des idéaux médiocres et des dieux fabriqués, même ceux que le Coran nomme associateurs, ils se dirigent vers Allah, la différence résidant dans le comportement responsable ou non. Lorsque l’humanité se dirige consciente, vers cet idéal, l’avancée est responsable, il s’agit d’une adoration, selon les termes de la jurisprudence, d’une sorte d’adoration rattachée à la longue voie et à l’univers, mais lorsque l’avancée ne prend pas conscience de son idéal, lorsqu’elle en est coupée, il s’agit quand même d’une avancée, mais irresponsable.


Donc, toute avancée est une avancée vers Dieu, y compris celle qui court après un mirage, comme en parle le Coran. Ceux qui courent après un mirage social, après un idéal médiocre, lorsqu’ils arrivent à leur but, ne trouvent rien, mais trouvent Allah, Exalté soit-Il, qui leur remet la rétribution qu’ils ont méritée.


Allah, Gloire à Lui, représente la fin de ce chemin, mais ce n’est pas une fin géographique ou spatiale. La ville de Karbala, par exemple, est la fin d’une route qui s’étend d’An-Najaf à Karbala. Elle est au bout du chemin mais pas tout au long du chemin. Si l’individu se dirige vers la ville et s’arrête au milieu, il n’obtient rien de Karbala. Allah le Tout Puissant n’est pas au bout d’un chemin spatial, il est l’absolu, l’Idéal et de ce fait, Il se trouve tout au long du chemin. Celui qui s’arrête en plein milieu du chemin pour découvrir son mirage, voit Allah qui le rétribue en fonction de chemin qu’il a parcouru.


Etant donné que Allah , Exalté soit-Il, est l’Absolu, le chemin est alors illimité, le chemin de l’homme en direction de Dieu est un rapprochement permanent, dépendant de l’avancée réelle ; cependant, ce rapprochement est relatif, ce ne sont que des pas sur la voie, sans possibilité d’arriver, car le limité ne pas atteindre l’Absolu, l’être fini ne peut atteindre l’Etre infini ; la distance séparent l’homme de son idéal est ici infinie, elle permet la créativité, le développement vers la perfection illimitée. Lorsque l’humanité adopte le chemin de cet idéal et qu’elle rend sa conscience en harmonie avec l’étendue de l’univers, puisqu’elle se dirige en direction de l’Absolu, un changement qualitatif et quantitatif interviendra dans son cours.


Le changement quantitatif concerne les possibilités offertes à la créativité et au développement car elles sont permanentes. Lorsque cet idéal est adopté, il permet d’effacer et de bousculer toutes les fausses divinités, toutes les statues fabriquées qui barraient la route à l’homme et l’empêchaient d’avancer jusqu’à Dieu.


C’est en cela que la religion de l’Unicité est un combat permanent contre toutes les formes de divinités et d’idéaux médiocres et répétitif qui limitent et arrêtent le mouvement. Ces divinités veulent que l’homme s’arrête au milieu du chemin et la religion de l’Unicité leur mène un combat permanent. Cet idéal provoque donc un changement quantitatif puisqu’il libère le mouvement et lui permet de franchir les limites fixées par les fausses divinités.


Quant au changement qualitatif introduit par cet idéal, il concerne l’unique réponse objective fournie à l’homme qui vit la contradiction : le sentiment de responsabilité. En croyant à cet idéal, en étant conscient de ses propres limites objectives, l’homme ressentira profondément, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, une responsabilité envers cet idéal.


Pourquoi ? Car cet idéal est une réalité visible, détachée de l’homme, remplissant ainsi la première condition de la responsabilité, elle relie deux parties, le responsable et Celui devant qui il est responsable. S’il n’y avait pas eu un Etre supérieur à cet homme responsable et si ce dernier ne croyait pas qu’il se trouvait entre les mains d’un Etre supérieur, il ne pourrait sentir, de manière objective et réelle, sa propre responsabilité.


Prenons pour exemples ces idéaux médiocre, ces divinités qui ne sont en réalité que des produits humains, ils font partie de l’homme qui ne peut donc ressentir une responsabilité réelle envers ce qu’il produit. Ces idéaux ne peuvent susciter un sentiment de responsabilité, ils engendrent plutôt des lois, des coutumes et des codes moraux. Ce ne sont, en fait, qu’une couverture externe et chaque fois que l’homme voudront échapper à ces coutumes, lois codes, il le fera.


Par contre, l’idéal représenté par la religion de l’Unité qui n’est pas un produit humain permettra à l’homme d’éprouver une responsabilité.


Pourquoi, sinon, les prophètes furent-ils, tout au long de l’histoire, les révolutionnaires les plus fermes ? Les plus purs ? Pourquoi refusaient-ils toute concession, toute hésitation ? Pourquoi, sinon, de nombreux révolutionnaire se sont-ils démoralisés mais qu’aucun prophète n’accepta une quelconque déviation du message qu’il portait et du Livre qu’il transmettait ? Car l’idéal, détaché de lui, se tue au-dessus de lui, il lui avait accordé le sentiment de responsabilité qui s’était matérialisé dans tout son être, ses sentiments, ses idées et son affection.


C’est pour cela que tout au long de l’histoire, le prophète fut infaillible.


Le sentiment de responsabilité qu’accorde cet idéal n’est pas une chose secondaire dans le coure de l’avancée humaine, il s’agit plutôt d’une condition essentielle à la réussite de cette avancée et à la résolution de la contradiction vécue par l’homme étant conçu à la fois d’une poignée de la terre et d’une poignée de l’âme divine. Les saints versets ont bien affirmé que l’homme fut créé de terre et qu’il lui fut insufflé un peu de Son âme, qu’il soit Exalté.


Il est donc composé de deux éléments contradictoires, la terre qui l’attire vers la terre, vers les instincts, vers tout ce que la terre représente comme chute et déchéance, et d’autres part, l’âme de Dieu qui lui fut insufflée qui l’attire vers le haut où son humanité s’élève jusqu’aux attributs divins, en direction de savoir illimité et de Puissance infinie, en direction de la justice illimitée, où se situent la Générosité, la Miséricorde et la Revanche, là où s’étendent les qualités divines. L’homme se trouve pris dans cette contradiction, du fait même de sa composition, cette polémique par l’histoire d’Adam, ne peuvent être résolues que par le sentiment de responsabilité. Mais ce dernier n’émane pas de la polémique elle-même car dans ce cas, il ne résout absolument rien. Il est plutôt garanti par l’idéal qui se situe au-dessus de l’homme et dans le cadre duquel l’homme sentira qu’il se trouve entre les mains d’un Maître Puissant, Entendant, Voyant, qui comptabilise et rétribue.
Le sentiment objectif de la responsabilité constitue le changement qualitatif du processus de l’avancée humaine.


Le rôle de la religion de l’Unicité est alors de rendre le chemin praticable, d’enlever les embûches, en développant le mouvement, en luttant contre les idéaux fabriqués, médiocre et répétitifs qui cherchent à geler le mouvement, à lui ôter le sentiment de responsabilité. C’est ce qui explique le combat permanent des prophètes avec les fausses divinités.


Tout idéal qui se transforme en statue, dans le cadre de son évolution, verra des gens le défendre car leurs intérêts, leur mode de vie et leur confort restent rattachés à son existence. Ceux-là se tiendront toujours, du fait de leurs intérêts, contre les prophètes.


Le Saint Coran a mis en évidence une loi historique stipulant que les prophètes furent toujours confrontés aux opulents des sociétés en question qui s’opposaient aux prophètes et défendaient les statues érigées parce qu’en fait, ils profitaient de cet établi :


« Nous n’avons envoyé aucun avertisseur dans une cité sans que ses riches se soient écriés : Nous ne croyons pas [au message] que vous nous apportez » (Saba, 34)


« J’écarterai de Mes signes ceux qui, sans raison, se comportent orgueilleusement sur terre. Quelque signe qu’ils voient, ils n’y croient pas. Voient-ils le droit chemin ? Ils ne le prennent point. Mais s’ils voient le chemin de l’égarement, ils s’y engagent, il en est ainsi parce qu’ils ont traité Nos signes de mensonges et affichent à leur égard une attitude insouciante » (al-Araf, 146)


C’est la religion de l’Unicité qui extirpe donc les intérêts de ces opulents en anéantissant leurs divinités, en brisant les liens tissés entre l’humanité et ces médiocres idéaux. Elle ne le fait pas pour la rabaisser, pour la rendre sans ambition aucune, sans visées vers le haut comme l’envisagent les matérialistes qui, en s’appuyant sur leur conception matérialiste de l’histoire, luttent contre les fausses divinités, les nommant opium du peuple. Nous combattons aussi ces fausses divinités, non pour faire de l’homme un animal, non pour couper son lien avec ses ambitions élevées mais nous coupons les liens noués avec les idéaux médiocres pour les rattacher à l’idéal élevé, à Allah, Exalté soit-Il.


Les Principes de la foi


L’adoration de cette voie, de cet idéal juste et vrai, dépend de plusieurs éléments :


1) une représentation claire, tant au niveau mental qu’idéologique, de cet idéal. Elle est fournie par la doctrine de l’Unicité qui comporte la croyance en Allah le Très-Haut, qui rassemble tous les idéaux, tous les buts, toutes les ambitions, toutes les visées humaines, qui les unifie tous dans cet idéal qui est Toute Puissance, Toute Juste, Toute Miséricorde, et Toute Revanche contre les puissants. La doctrine de l’Unicité assure une représentation claire de cet idéal et nous apprend comment nous comporter avec les attributs divins, non en tant que réalités visibles détachées de nous, comme l’envisage les philosophe grecs, mais comme guides et buts de notre avancée, en tant que signes sur le long chemin de l’homme vers Allah, Exalté soit-Il.


La doctrine de l’Unicité assure cette première condition, une représentation claire de l’idéal.


2) Une énergie spirituelle tirée de cet idéal est essentielle pour assurer le bon fonctionnement de la volonté. Cette énergie spirituelle est représentée par la doctrine du jour du jugement, du jour Dernier, du Rassemblement. Elle enseigne à l’homme que l‘étroite scène historique sur laquelle il joue est fondamentalement, rattachée à d’autres scènes du monde du Barzakh et du Rassemblement, et que le destin de l’homme, sur ces scènes immenses et merveilleuses est relié à cette scène historique. Cette doctrine accorde l’énergie spirituelle, ce tison ardent divin qui vivifie la volonté humaine et lui permet renouvellement et continuation.


3) Nous avons précédemment avancé que cet idéal se distingue des autres par le fait qu’il n’est pas une production humaine. Il est, en réalité, séparé de l’homme. Cette séparation suppose un lien objectif entre l’homme et cet idéal.


Ce lien se matérialise dans le prophète assumant le rôle de la prophétie. Le prophète est cet homme qui relie par ordre d’Allah, la représentation claire de l’idéal à l’énergie spirituelle tirée de la croyance dans le jour du Jugement, pour ensuite matérialiser, par son rôle, la relation entre l’idéal et l’humanité, guidant et orientant son chemin.


4) Après que l’humanité soit entrée dans la phase de la dissension, la venue de l’annonciateur et guide n’est plus suffisante car il s’agit d’une phase dont les idéaux sont médiocres et répétitifs, remplie de ces fausses divinités. L’humanité devra nécessairement mener une lutte contre les Taghut qui s’érigent en valeurs et qui empêchent la poursuite du chemin. La lutte devient nécessaire, celle-ci exige une direction, l’Imamat est mêlé à celui de la prophétie au temps de la prophétie, comme ce fut au temps de Noé, mais il s’étend après que le prophète ait quitté la scène, car la lutte se poursuit et le message a toujours besoin d’être afin de lutter contre les fausses divinités.


Nous avons alors une représentation claire de ce que nous appelons les cinq fondements de la religion : l’Unicité, qui donne une juste représentation mentale et idéologique, qui rassemble et mobilise toutes les ambitions et tous les buts dans un seul idéal qui est Allah le Très-Haut.


La justice, qui est un aspect de l’Unicité, un attribut divin mais qui se distingue des autres par son caractère social, son exemplarité, car la justice est un attribut qui ajoute, enrichit l’avancée sociale. La justice est le second fondement de la religion à cause de son rôle éducateur et directeur. Nous avons déjà mentionné que l’Islam nous demande de nous comporter avec les attributs divins comme des signes et des lueurs sur le chemin à parcourir et non en tant qu’entités métaphysiques. C’est à cause de son rôle d’orientation que l’attribut de la justice est détaché alors qu’en réalité, il fait partie du cadre de l’Unicité.

 

 Le troisième fondement est la prophétie qui assure la liaison objective entre l’homme et l’idéal.


L’Imamat est, en fait, la direction qui se mêle au rôle du prophète, le prophète est également Imam mais l’Imamat ne s’arrête pas avec la prophétie. Si le combat se poursuit et que le message a besoin d’un dirigeant pour poursuivre la lutte, cet aspect du rôle du prophète se poursuit à travers l’Imamat.

 

 L’Imamat est le quatrième fondement de la religion.


Le cinquième fondement est la croyance dans le jour de la Résurrection, il procure l’énergie spirituelle, le tison ardent divin qui renouvelle constamment la volonté et la capacité humaines, il permet de sentir la responsabilité.


Par conséquent, les fondements de la religion participent ensemble à édifier cet idéal et à donner à la relation sociale sa forme coranique quadripartie que nous avons analysée plus haut.


Toute notre réflexion nous permet d’affirmer que le rôle de l’homme dans le processus historique est fondamental, l’homme est le centre de gravité de ce processus, non pas en tant que poids physique mais en tant que contenu interne, ce contenu dont l’essentiel est formé par l’idéal qu’il adopte.


En conclusion, l’établissement et l’adoption d’un idéal sont en réalité l’essentiel du contenu interne de l’homme, et c’est ce qui a permis l’apparition du rôle de la quatrième dimension.