La Politique et l’Etat du Prophète de l’Islam (P)

Les politiques culturelles de l’Etat, fondées par le grand Prophète de l’Islam (SA), étaient élaborées de sorte qu’elles puissent appeler les gens à croire en Dieu, et à les encourager à se soumettre à la volonté divine.

 

Le Coran et les politiques du Prophète (SA) :

 

La lecture des versets coraniques est la meilleure façon de connaître les politiques du vénéré Prophète de l’Islam (SA). Il est vrai que les récits historiques que nous ont relatés les historiens musulmans, ou la Sunna et les traditions prophétiques dont nous ont parlé les oulémas et les jurisconsultes musulmans, sont de bonnes voies pour connaître les politiques du vénéré messager de Dieu, mais il n’y a nul doute que le Livre saint des musulmans, le noble Coran est l’argument la plus solide et la description la plus juste et la plus complète dont nous disposons dans ce domaine. Le noble Coran est le guide et le manifeste de l’Etat musulman. Il décrit de la meilleure façon et de la manière la plus parfaite la vision du monde et l’épistémologie de l’Etat islamique. En effet, le noble Coran définit et détermine les règles générales et les stratégies de base de l’Etat musulman.

 

Dans de nombreux cas, les versets coraniques nous présentent de différents rapports en ce qui concernait la situation de l’Etat islamique fondé par le messager de Dieu à Médine, en décrivant les difficultés et les défis auxquels étaient confrontés les musulmans. Dans les mêmes versets, le saint Coran détermine les méthodes et les mécanismes qui permettaient de relever ces défis et de résoudre ces problèmes. Par ailleurs, ces rapports coraniques ne se limitent pas à présenter une analyse des affaires politiques, mais évoquent aussi les prises de position et les politiques adoptées par le Prophète de l’Islam (SA). Après avoir décrit la situation sociale et politique, le noble Coran brosse un tableau de la situation culturelle de la société humaine. Tantôt le Livre saint propose des conseils, tantôt il donne des ordres et demandent aux fidèles de les exécuter. Ceci étant dit, le noble Coran ne se limite pas à présenter un simple rapport des événements sociaux ou politique, proposer des conseils ou décrire un phénomène que nous appelons « l’Etat islamique ». Autrement dit, le noble Coran ne se limite pas à définir et à déterminer les différentes approches philosophiques et les pensées politiques, pour déterminer les actions et les réactions de la vie politique de la société humaine.

 

En effet, le saint Coran va plus loin pour présenter une analyse profonde, enrichie par des exemples objectifs et compréhensibles, afin de montrer les mécanismes que l’Etat musulman doit entreprendre. Dans certains versets, le noble Coran procède à une véritable critique scientifique des actions et des réactions différentes du messager de Dieu vis-à-vis des événements politiques et sociaux. Dans ces cas, le Coran s’adresse au grand Prophète de l’Islam, pour lui demander, par exemple, de réviser une certaine attitude politique, en soulignant que la poursuite de cette attitude pourrait intensifier la tension, créer une crise et faire dresser de nouveaux défis ou obstacles devant l’Etat islamique. Dans ce domaine, nous pouvons évoquer des versets coraniques qui avertissent le messager de Dieu en ce qui concerne la poursuite d’une politique particulière par rapports aux activités des hypocrites et des ennemis intérieurs. Ces versets indiquent que la poursuite de ces politiques risquerait d’attiser les divergences intérieures, permettrait aux hypocrites d’en abuser et d’affaiblir la puissance et l’autorité du gouvernement islamique.

 

● La politique et l’Etat :

 

Il n’y a aucun doute qu’il existe des relations étroites et solides entre la politique et l’Etat. La politique détermine les modalités de la gestion d’un pays et d’un peuple par les Etats. L’Etat qui est composé d’un ensemble d’individus et d’institutions politiques et administratives, adopte pour une série de politiques données et les exécute. Cela crée d’abord une légitimité secondaire et une acceptation populaire pour l’Etat, ce qui renforce la position des institutions étatiques à exercer le pouvoir dans le cadre des objectifs définis dans le sens des politiques choisies. Par conséquent, nous pouvons définir la politique comme un ensemble de méthodes que l’Etat utilise pour gérer les affaires d’une société et d’un pays.

 

Les programmes, les prises de décision, les méthodes administratives, les relations intérieures et extérieures, la nomination des dirigeants et des hauts fonctionnaires sont tous soumises aux objectifs définis dans les politiques générales d’un Etat. Par conséquent, les politiques intérieures et extérieures, les méthodes et les programmes du gouvernement et de l’Etat sont des facteurs déterminants et décisifs dans différents domaines.

 

Dans le discours politique, la politique extérieure d’un Etat est définie comme l’ensemble des principes, des règles et des méthodes que respecte un gouvernement ou un Etat dans ses relations avec les Etats, les gouvernements, les peuples et les citoyens étrangers. En d’autres termes, il s’agit de la position choisie par rapport aux citoyens d’autres Etats de la communauté mondiale.

 

Ceci étant dit, il existe des relations très étroites entre l’Etat et la politique, et pour mieux connaître un Etat, il faudrait connaître ses politiques. Les Etats prennent forme d’après leurs objectifs, leurs valeurs, leurs visions du monde. Par conséquent, un Etat peut se fonder uniquement sur les considérations d’ordre racial ou national, tandis que d’autres Etats peuvent se baser sur l’ensemble des valeurs nationales, religieuses ou culturelles. Les objectifs, la vision du monde et les valeurs qui donnent forme et identité à une société et à un gouvernement, jouent également un rôle décisif et déterminant dans la définition des principes fondamentaux des politiques qu’un Etat détermine et applique.

 

A titre d’exemple, un Etat qui est fondé sur les principes d’une idéologie raciste, prend position contre les citoyens qui sont classifiés en dehors du groupe racial majoritaire. Il est évident que les politiques d’un tel Etat raciste infligent la discrimination et le mépris à l’égard des individus appartenant aux groupes raciaux et ethniques minoritaires. Cet Etat raciste marginalise les minorités raciales, et tente de les transformer en une population inactive qui n’a pas le droit de participer aux différentes activités sociales, politiques et culturelles. Il est normal qu’un Etat raciste élabore aussi sa politique étrangère conformément à ses considérations raciales et régularise ses relations avec les autres Etats dans le même sens.

 

En outre, un Etat qui se fonde sur les piliers des croyances religieuses peut adopter une politique intérieure qui consisterait à marginaliser les adeptes d’autres religions. En ce qui concerne les relations extérieures et la politique étrangère, un tel Etat pourra subordonner ses relations avec d’autres Etats et d’autres nations à ses croyances et comportements religieux. Par ailleurs, une pensée universelle et universaliste, une vision du monde humaine et humanitaire, et les véritables croyances religieuses, peuvent créer une société, un Etat et un système politique spécifique qui exprimeront une ouverture d’esprit dans le domaine des relations internationales, tout en adoptant une politique intérieure qui n’inflige aucune méthode discriminatoire à ses citoyens, favorisant leur participation et leur présence sur toutes les scènes politiques et sociales.

 

En conclusion, nous pouvons dire qu’entre les gouvernements et les Etats d’une part, et les politiques qu’ils adoptent de l’autre, il existe des liens étroits dont la nature et l’orientation dépendent de la vision du monde de chaque Etat et de ses valeurs fondamentales.

 

● La définition de l’Etat :

 

Dans le lexique coranique, le mot « Etat » ( حکومت en arabe) est une dérivé du terme « Interdire » ( حکم en arabe) qui sous-entend l’interdiction d’une oppression ou l’interdiction dans l'objectif d'appliquer une correction (Dictionnaire « Mofradat de Ragheb Esfahani, p. 248, et dictionnaire « Mo'djam », vol. II, p. 91). Dans son dictionnaire de la langue arabe (vol. III, p. 270), Ibn Manzour définit le mot « gouverneur » ( حاکم en arabe) comme la personne qui interdit et empêche la corruption et l’oppression. Par conséquent, le mot « Etat » sous-entend en arabe la lutte contre la corruption et l’opposition à l’oppression. Selon la définition, l’Etat a la responsabilité d’empêcher l’oppression et la corruption d’une part, et d’œuvrer pour le bien de la société de l’autre. En d’autres termes, c’est la raison d’être de l’Etat.

 

Dans les sciences politiques modernes, l’Etat comprend l’ensemble des processus, des actions, des politiques et des décisions qui sont appliqués par les autorités officielles d’un système politique.

 

Certains théoriciens qualifient l’Etat comme l’ensemble des autorités officielles responsables qui se chargent de la prise des décisions politiques, de la planification et de l’exécution de ces politiques. Par ailleurs, il est à noter que l’Etat est par définition considéré souvent comme une autorité et un pouvoir monopolisés, de sorte que les décisions prises par le groupe d’autorités officielles et les politiques qu’ils adoptent deviennent exécutoires et applicables (L’Encyclopédie comparative des sciences sociales, vol. I, p. 232).

 

En tout état de cause, tant dans sa définition comme le processus de la prise de décision, que dans sa conception en tant que le groupe des responsables politiques décideurs, l’Etat établit des relations significatives et étroites avec la politique. En d’autres termes, ce sont les autorités officielles et leurs pensées et croyances qui déterminent l’orientation de la politique.

 

● Quelques exemples coraniques de l’Etat fondé par le Prophète (SA) :

 

Dans la vision coranique, l’Etat n’est pas considéré comme une valeur en soi.

 

- L’acquisition et l’exercice du pouvoir ne sont pas décrits, dans le noble Coran comme une valeur importante (« Joseph », versets 56 et 57).

 

- Ceux qui prennent le pouvoir et dirigent l’Etat doivent savoir qu’ils s’exposent à une épreuve difficile et périlleuse. Ceux qui sortent victorieux de cette épreuve sont peu nombreux, d’après le saint Coran (« Al-A’râf », verset 128 et 129).

 

- Par ailleurs, le noble Coran nous apprend que l’Etat est un phénomène historique qui connaît les phases de naissance, de croissance, de maturité et de décadence (« La lumière », verset 55 ; et « Al-A’râf », verset 128).

 

Cependant, le noble Coran confirme que la formation de l’Etat est nécessaire pour faire l’arbitrage des différends et pour gérer les affaires sociales. En effet, le noble Coran va plus loin en affirmant que l’un des objectifs de la révélation des prophètes par le Seigneur était la formation de l’Etat par les élus de Dieu (« La Vache », verset 213).

 

Le noble Coran dit qu’à des périodes historiques différentes, les prophètes avaient été chargés par Dieu de corriger le pouvoir politique, le comportement des dirigeants et de régulariser l’exercice du pouvoir. Dans ce cadre, les prophètes avaient recours aux mécanismes qui leur permettaient de diriger les populations et de corriger les règles sociales. Le noble Coran en donne plusieurs exemples :

 

- L’attitude du vénéré Moïse face au pharaon (« Al-A’râf », verset 103 ; « Les Croyants », versets 45 et 46 ; « Le récit », verset 32).

 

- Les politiques du vénéré Joseph à l’époque de son règne (« Joseph »).

 

Le saint Coran énumère les caractéristiques de bons gouverneurs. Dans ce cadre, les allusions faites à l’Etat islamique fondée par le Prophète de l’Islam (SA) à Médine sont les meilleurs exemples que le noble Coran donne pour la communauté des croyants. C’est exactement dans ce sens, que nous avons essayé, dans le présent article, de montrer que la lecture et la relecture du noble Coran seront les meilleures voies permettant de connaître les politiques du vénéré Prophète de l’Islam et les caractéristiques de l’Etat islamique, qu’il avait fondé à Médine.

 

Parmi les conditions requises pour les bons gouverneurs, et les caractéristiques auxquelles ils doivent correspondre, il faut surtout insister sur la nécessité du rejet du despotisme et de l’autoritarisme. En effet, c’est le verset 159 de la sourate « La famille d’Emran » qui nous le détaille. Pour expliquer les moyens permettant au gouverneur de rejeter le despotisme, le saint Coran indique que le bon gouverneur doit être indulgent et bienveillant envers le peuple (« Joseph », versets 78 et 79).

 

En outre, le livre saint des musulmans souligne que le bon gouverneur est celui qui s’occupe de l’établissement de la justice, qui s’abstient de se soumettre à ses désirs matériels, et qui résiste aux tendances charnelles (« S’ad », verset 26). Parmi les caractéristiques d’un bon gouverneur, le noble Coran nous apprend que le gouverneur doit se servir, dans le processus de la prise des décisions, du conseil et des consultations des gouvernés, et utiliser leurs idées et leurs opinions dans la gestion des affaires de la communauté des croyants (« La famille d’Amram », verset 159). Dans le même sens, le Coran conseille au bon gouverneur de consulter les élites, les savants et les experts de différentes disciplines (« Les Fourmis », verset 32). Dans le même temps, il faut que le bon gouverneur soit ferme dans ses décisions et dans l’application de ses projets et de ses politiques. En d’autres termes, le noble Coran le met en garde contre l’inaction et la négligence des décisions qui ont été prises correctement (« La famille d’Amram », verset 159).

 

Au-delà des caractéristiques comportementales auxquelles nous avons fait allusion plus haut, le livre saint des musulmans énumère les traits de caractère individuels du gouverneur :

 

- Il doit croire en Dieu, à la vie dans l’au-delà et la résurrection et le jugement dernier (« Les Femmes », versets 141 et 144 ; « Le plateau servi », verset 55 ; « Joseph », versets 56 et 57).

 

- Le gouverneur doit faire preuve de la piété dans tous les domaines et dans toutes ses actions (« Al-A’râf, verset 128 ; « Joseph », versets 56 et 57).

 

- Le gouverneur doit être doté des compétences scientifiques dont il a besoin dans l’exercice de ses fonctions (« La Vache », versets 246 et 247 ; « Joseph », verset 55).

 

- Il doit être en bonne santé et se trouver dans de bonnes conditions physiologiques (« La Vache », versets 246 et 247).

 

- Le bon gouverneur doit pratiquer les œuvres bonnes, et il doit respecter à la foi les principes de la raison et de la charia (« La Lumière », verset 55).

 

Dans l’optique du noble Coran, le gouverneur qui répond aux caractéristiques dont nous venons de citer sera capable d’appliquer les politiques qui assureront le bien de la communauté des croyants et le bien-être des individus, sans qu’il y ait le risque de corruption et d’oppression.

 

● Les politiques économiques et financières de l’Etat islamique :

 

D’après les descriptions présentées dans le saint Coran, les politiques économiques et financières du vénéré Prophète de l’Islam visaient essentiellement la collecte des fonds pour les consacrer ensuite aux projets publics et à la lutte contre la pauvreté (« Le Repentir », verset 60 et 103).

 

Le messager de Dieu avait à sa disposition plusieurs sources de revenus pour l’Etat islamique, à savoir la zakat, les dons de charité, les revenus publics, etc. (« La mobilisation », verset 7). Les politiques du Prophète de l’Islam étaient orientées vers la justice et l’équité en ce qui concernait une correcte redistribution des richesses et des moyens de la production parmi les individus, de sorte que ces moyens ne soient pas monopolisés entre les mains d’un groupe réduit d’hommes riches et puissants. En réalité, les principales politiques financières de l’Etat que le vénéré Prophète de l’Islam (SA) avait fondée à Médine étaient essentiellement basée sur la circulation libre du capital parmi les citoyens, de sorte que les riches ne puissent pas bloquer cette circulation, afin de contrôler de façon monopolisée les richesses et les sources de revenu (« La mobilisation », verset 7).

 

Dans la vision du noble Coran, la pauvreté, notamment la pauvreté culturelle, est la source de l’inégalité et de l’injustice, favorisant le terrain à l’apparition des gouvernements despotiques et tyranniques (« L’ornement », verset 54). Pour augmenter le niveau des connaissances des croyants, le noble Coran détermine les principes des politiques culturelles de la société musulmane, de sorte que tous les individus connaissent parfaitement les lois divines (« Le Livre », selon l’expression coranique). Dans le même temps, le Livre saint exige que les musulmans profitent de l’enseignement des sciences et de la purification spirituelle (« éducation publique», dans le sens moderne du terme). Ceci étant dit, le noble Coran favorise une société composée d’individus avertis et cultivés qui ne se réduiraient pas à coopérer avec un gouvernement despotique et des dirigeants tyrannique et oppresseurs. Par contre, le Coran appelle les croyants à se soulever contre eux (« Le vendredi », verset 2).

 

Dans l’optique du Livre saint des musulmans, l’apparition des systèmes politiques despotiques et autoritaires puise ses sources dans le rejet de la supériorité de Dieu et de la mission du Prophète (« Houd, verset 53 à 59). Par contre, le Coran nous apprend que l’acceptation de la supériorité de Dieu et du fait que le vrai gouverneur est le Créateur de l’univers empêche l’apparition et la formation des gouvernements despotiques et autoritaires. C’est la raison pour laquelle, les politiques culturelles de l’Etat fondées par le grand prophète de l’Islam (SA) étaient essentiellement orientées vers la propagation de la foi afin que les gens croient en Dieu en tant que le gouverneur suprême et qu'ils se soumettent entièrement à Dieu et à la volonté divine. Selon le noble Coran, cette soumission émancipe les humains de la soumission à tout autre pouvoir.

 

● La politique anti-despotique du Prophète de l’islam (SA) :

 

L’Etat islamique que le messager de Dieu avait fondé à Médine se donnait pour mission de lutter contre le despotisme que le Coran définit comme un signe de la mécréance. A ce propos, le saint Coran donne l’exemple de Dhoul-Carnaïn (« La grotte », versets 83 à 88).

 

Dans sa politique intérieure et les relations extérieures, le vénéré messager de Dieu adoptait toujours des politiques dont l’objectif était de soutenir les opprimés et les déshérités (mêmes versets). Dans ce domaine, le vénéré messager de Dieu avait procédé à divers mécanismes : d’une part, le contrôle des frontières pour défendre les territoires islamiques, empêcher les agressions étrangères et contrôler et régulariser les relations avec les régions avoisinantes ; et de l’autre assurer la sécurité des citoyens et des frontières (mêmes versets).

 

Pour assurer la sécurité des frontières de l’Etat musulman et pour repousser les agressions des ennemis extérieurs, le vénéré messager de Dieu suivait la politique de vigilance militaire permanente, et cela conformément à l’ordre divin formulé dans le noble Coran : « Combattez les ennemis par tous vos moyens et toutes vos forces ». Le Livre saint nous apprend que cette attitude n’était pas seulement celui du prophète de l’Islam, mais aussi celle d’autres prophètes d’antan qui avaient formé des Etats.

 

Le vénéré Prophète de l’Islam (SA) avait fourni tous les moyens et tous les instruments nécessaires pour défendre militairement l’Etat islamique. Il avait procédé aussi à la formation des hommes pour produire des armes défensives et les utiliser au moment de la guerre. C’est exactement la politique qu’avait mis à exécution le vénéré Salomon. La défense et le pouvoir militaire faisaient partie des composantes permanentes de la politique de l’Etat islamique fondée par le vénéré messager de Dieu. A titre d’exemple, nous pouvons évoquer ici que pour augmenter leur puissance défensive et militaire, les musulmans se sont inspirés de l’armée de l’empire perse pour apprendre la technique de construire et d’utiliser des catapultes qu’ils ont employées lors de la guerre de Taef.

 

● Les objectifs de l’Etat islamique fondé par le Prophète (SA) :

 

L’établissement de l’Etat islamique par le vénéré messager de Dieu avait pour but d’assurer plusieurs objectifs dont nous avons évoqué quelques-uns en citant les versets coraniques qui y correspondaient. Parmi les objectifs les plus importants de l’établissement de l’Etat musulmans, il faut rappeler que l’Etat musulman est fondé pour instaurer le règne de la religion, des ordres et des enseignements divins dans la société humaine (« La Lumière », verset 55). Parmi les autres objectifs de l’Etat islamique, nous pouvons mentionner les suivants :

 

- L’établissement de la sécurité sociale (même verset).

 

- La circulation et la redistribution juste et équitable des richesses et des moyens de la production par l’usage de divers instruments dont la zakat (« Le Hadj », verset 41).

 

- La création d’une situation favorable au développement et progrès matériels, ainsi que l’élévation spirituelle de tous les individus en recommandant le bien et en interdisant le mal (« Le Hadj », verset 41).

 

- La participation des croyants au pouvoir politique et la tenue libre et collective des cultes et des cérémonies religieuses (même verset), la lutte contre la mécréance et l’associationnisme sous toutes leurs formes (« La Lumière », verset 55).

 

- Le bien-être et le niveau décent des conditions de vie pour tous les individus, la protection des activités agricoles, le soutien à la perpétuité du genre humain (« La Vache, verset 205).

 

● Les devoirs de l’Etat islamique fondé par le Prophète (SA) :

 

L’Etat fondé par le vénéré Prophète de l’Islam s’était fixé plusieurs devoirs :

 

- L’esprit de la responsabilité par rapport aux gouvernés et les inférieurs (« Taha », versets 43 à 47).

 

- La surveillance des activités des fonctionnaires de l’Etat de façon permanente (« Les fourmis », verset 20).

 

- L’accès facile et permanent de tous les citoyens aux informations liées aux événements et aux évolutions sociales et politiques, tout en luttant contre la circulation des rumeurs et des mensonges (« Les Femmes », verset 83).

 

- L’établissement de la sécurité, la défense de la vie, des biens et de l’honneur des citoyens (« La Vache », versets 246 à 251 ; « Joseph », versets 99 à 101).

 

- Le développement des routes et des voies commerciales, la sécurité des routes et des caravanes commerciales afin d’augmenter le niveau des activités commerciales et d'améliorer le niveau de vie des citoyens (« Joseph », versets 72 et 73).

 

- La gestion des affaires économiques (« Les Femmes », verset 53).

 

- L’élaboration des programmes et des prévisions économiques afin de pouvoir affronter convenablement les crises éventuelles (« Joseph », versets 47 et 48).

 

- Le contrôle des activités de production économiques, la distribution équitable et juste des provisions pendant les crises éventuelles (mêmes versets).

 

- Le travail perpétuel pour améliorer la situation économique des citoyens, en effectuant un contrôle constant pour empêcher la paupérisation de la population (« Les Femmes », verset 53).

 

- Le soutien nécessaire aux forces humaines pour augmenter le dynamisme social et pour éduquer les générations futures (« La Vache », verset 205).

 

- La récolte et la redistribution des richesses et des fonds (« Le Repentir », verset 60).

 

- Le respect des droits des fonctionnaires de l’Etat (même verset).

 

- Le respect des droits des citoyens dans les affaires administratives et judiciaires (« S’ad », verset 26).

 

- L’attention toute particulière à empêcher la punition gratuite des innocents (« Joseph », versets 78 et 79).

 

- La lutte contre la tyrannie et l’oppression, la lutte contre l’infraction des lois et des règles sociales, civiles et des mœurs («  La grotte », versets 87 et 88).

 

- Le soutien aux opprimés et aux déshérités, dans le cadre de la politique étrangère et des relations avec les autres Etats ( « Les Femmes », verset 75).

 

Il est à noter que le noble Coran détermine les autres devoirs de l’Etat islamique dans des domaines aussi variés que l’éducation, les affaires judicaires, la politique étrangère, les droits civiques, les droits sociaux et les droits de l’homme.

 

● Le mécanisme de la prise des décisions dans l’Etat fondé par le Prophète (SA) :

 

Dans ses prises de décision en tant que le chef de l’Etat musulman, le grand prophète de l’Islam (SA) prenait en compte tous les aspects différents du sujet, et prenait sa décision de manière à ce que les intérêts de l’Islam et des musulmans soient assurés de la meilleure manière. Le vénéré messager de Dieu n’a jamais voulu assurer ses intérêts personnels par ses prises de décision. En outre, il n’a jamais pris aucune décision qui viserait à augmenter sa popularité parmi les gens. Par exemple, nous pouvons mentionner ici une anecdote de la vie du vénéré messager de Dieu. En l’an 10 de l’hégire, le fils du Prophète, Ibrahim est décédé. Le même jour, il y a eu une éclipse solaire. Certains fidèles ont dit que cet événement est un signe du deuil du ciel pour la mort du fils du Prophète de l’Islam (SA). Mais le vénéré messager de Dieu n’a pas voulu profiter de cet événement dans le sens de son intérêt personnel. Il a donc dit aux gens que le soleil et la lune étaient deux signes de la grandeur du Seigneur, et que les éclipses lunaires ou solaires n’ont jamais eu lieu en raison de la naissance ou de la mort d’un être humain.

 

En outre, dans ses prises de décision, le vénéré Prophète de l’Islam agissait toujours de sorte que les valeurs islamiques soient respectées de la meilleure façon, valeurs qu’il apprenait via le Livre saint, le Coran. Par exemple, étant donné l’importance que le Livre saint des musulmans accorde aux sciences et à l’acquisition des sciences par les musulmans, après la guerre de Badr et la victoire des musulmans, le vénéré messager de Dieu (SA) a dit aux prisonniers qu’ils seraient libérés s’ils apprenaient à un musulman à lire et à écrire. Ceci étant dit, nous apprenons que le Prophète de l’Islam accordait une si grande importance à l’apprentissage qu’il était prêt à libérer les ennemis des musulmans, à condition qu’ils apprennent aux musulmans à lire et à écrire (alors qu’il aurait pu fixer d’autres conditions politiques, militaires, financières … pour la libération des prisonniers).

 

En outre, il faut souligner ici que le vénéré Prophète de l’Islam (SA) était ferme et résolu dans ses affaires, et il accordait toujours beaucoup d’importance aux activités culturelles. A titre d’exemple, nous pouvons évoquer ici l’histoire de deux serments d’allégeance entre les habitants de Médine et le messager de Dieu, avant l’hégire de ce dernier vers Médine. La première allégeance d’Aqabah (ayant un aspect culturel) et la seconde allégeance (ayant un aspect politique) nous apprennent deux choses importantes :

 

1- Pour le messager de Dieu, l’activité culturelle prime l’action politique.

 

2- Le messager de Dieu était un homme résolu et ferme dans ses activités politiques. C’est la raison pour laquelle, au moment de conclure le serment d’allégeance avec les musulmans de Médine (« les auxiliaires », انصار en arabe), le Prophète de l’Islam leur dit : Vous devez me soutenir et me protéger aussi fidèlement que vous soutenez et protégez vos femmes et vos enfants.

 

Un autre exemple que nous pouvons présenter ici pour la sagesse des politiques du Prophète de l’Islam surtout en ce qui concernait la prise des décisions politiques, c'est l’histoire de la distribution des butins après la guerre de Honeïn en l’an 8 de l’hégire. Le vénéré messager de Dieu avait décidé de donner la part la plus importante des butins de guerre aux nouveaux convertis afin de les encourager. Les « Auxiliaires » étaient vexés de voir le Prophète distribuer les butins, parmi les nouveaux convertis. Alors, le Prophète a dit aux « Auxiliaires » : « Je vous ai sauvé de la pauvreté et de l’égarement, et j’ai instauré la paix parmi vous. Qu’en dites-vous ? » Les musulmans de Médine ont répondu : « Vous nous avez fait un grand honneur. » Alors le messager de Dieu leur a dit : « Vous aussi, vous pouvez dire que vous m’avais sauvé, vous m’avez prêté refuge et vous m’avez aidé. J’ai donné aux autres des butins et des biens de ce monde. Mais à vous, je vous ai donné moi-même. » Ensuite, il a prié pour les « Auxiliaires » qui s’étaient réunis autour de lui et qui avaient des larmes aux yeux.