Une solidarité mutuelle

Une solidarité mutuelle
a- Une solidarité mutuelle
Tous les êtres qui font partie du monde, obéissent dans leur vie intérieure et dans leurs relations réciproques à un ordre strict. Leur composition et les rapports qu'ils entretiennent entre eux sont organisés de façon que chacun contribue au développement de l'autre, dans sa destinée finale. Ainsi chaque être poursuit son chemin vers l'objectif qui lui a été fixé, en agissant et en subissant l'influence des autres êtres dans le cadre de cet ordre.

Les sciences de la matière étudient principalement les phénomènes et le mécanisme du monde. La recherche de l'identité ou de l'essence des phénomènes n'entre pas dans l'objet de ces sciences.

Tout l'art d'un astronome est de dénombrer et inventorier les astres et les planètes, chercher si ces corps sont solidement fixés par une force interne, ou s'ils sont en état de rotation, si une force d'attraction prévient leur collision, et les maintient dans une orbite fixe; ou encore mesurer au moyen d'instruments, appropriés les distances des uns par rapport aux autres, leur masse, leur vitesse, et autres données mesurables. Mais le résultat de tous ces calculs ne dépasse pas l'aspect formel des phénomènes. L'astronome ne connaîtra jamais l'essence des forces agissantes, et pourquoi elles agissent.

Les savants peuvent expliquer le comment des choses mais en resteront toujours dans l'ignorance du pourquoi. Le naturalisme ne peut interpréter les millions de réalités qu'il y a en chaque homme et dans le monde qui l'entoure.

L'homme qui s'est frayé la voie dans le coeur de l'atome demeure stupéfait devant les mystères de la vie qui sont un défi à tous les savants d'élite.

* * *

L'une des merveilles de la création est cette collaboration mutuelle existant entre deux phénomènes pourtant non simultanés. Cette solidarité est illustrée par les moyens que prévoit un phénomène pour servir à un autre phénomène ultérieur.

Le meilleur exemple nous est offert par la relation entre la mère et l'enfant. Tant chez l'homme que chez les autres êtres vivants, les glandes productrices du lait destiné à l'embryon entrent en activité dès que le nouvel être prend sa forme dans le sein maternel.

Leur activité s'accroît, en quantité et en qualité, en fonction des besoins croissants de 1'embryon, jusqu'au terme final où l'enfant vient au monde.

La nourriture produite par la mère est totalement adaptée au système digestif délicat de l'enfant. Elle est emmagasinée dans le sein qui le libère par le tétin que suce instinctivement le nouveau - né, selon la capacité de sa bouche.

La composition du lait change en fonction du développement du bébé. Et les savants sont d'avis que le sein d'une femme dont les couches ne sont pas récentes, ne convient pas à un enfant nouvellement mis au monde par une autre femme.

Une question se pose alors: cette correspondance parfaite entre les besoins variables d'un être et la structure des organes d'un autre être pourvoyant à ces besoins, ne résulte-t-elle pas d'une volonté et d'un plan préalablement conçus?

De même, cette interdépendance étonnante, et cette minutie que l'on constate dans la création ne peut- elle être autre que l'oeuvre d'une force absolue puissante et consciente? Ne sont- ils pas une preuve suffisante de l'intervention d'une puissance infinie et d'un grand ordonnateur en vue d'assurer la continuité de la vie, son développement et sa perfection.

La précision et la minutie que nous observons dans toutes les productions industrielles sont à l'évidence le reflet et le résultat des capacités, compétences et intelligences qui ont été mises en oeuvre. Sur la base de cette observation, nous pouvons dégager cette conclusion philosophique générale que chaque fois que nous rencontrerons un ordre et une structure élaborée, nous en déduirons qu'il existe derrière eux, une intelligence et une pensée.

La même précision que nous observons dans les unités industrielles se révèle à nous de façon plus éclatante et plus merveilleuse dans les choses de la nature, bien que la puissance de l'intelligence qui régit la nature soit sans commune mesure avec les produits de la pensée humaine.

Ne devons - nous pas voir dans l'ordre perceptible dans la nature l oeuvre d'une volonté et d'un savoir infini, comme nous voyons dans l'ordre industriel le fruit de la pensée et de la volonté humaine?

b- Un phénomène médical digne d'éloge
La science médicale a accompli de nos jours des progrès tels qu'elle procède à des transplantations de reins et d'autres organes sur des sujets menacés de mort par la dégradation de leurs organes propres.

Ce progrès n'est pas le résultat du travail d'un seul homme, mais de plusieurs siècles, voire de plusieurs milliers d'années de labeur assidu des savants.

Donc, la greffe est le dernier maillon de la chaîne. Ce sont les savants précédents qui ont réuni les conditions la rendant possible aujourd'hui. Aurait- elle été possible sans la science et la recherche?

Il va de soi que la réponse est non. Il fallait que les cerveaux et les esprits puissants de plusieurs générations de savants se mettent en oeuvre pour réaliser enfin la transplantation des organes humains.

Posons - nous à présent cette question: si nous remplacions une roue de voiture par une autre roue, pourrait - on dire que ce changement qui exige une certaine compétence technique, demande plus de savoir que la fabrication même de la roue?

Est - il plus important de fabriquer une roue que de la remplacer?

De même en médecine, tout importante que puisse être l'opération de la greffe, elle ne diffère pas de l'exemple de la roue. Car jugée par rapport à la fabrication de l'organe greffé qui recèle tant de secrets et de sagesse surprenante et de subtilité, la greffe elle même est sans valeur.

Aucun savant réaliste ne soutiendra aujourd'hui que la greffe d'un rein est le résultat de la science et des expériences de milliers de médecin tout au long de l'histoire, mais que la structure (et la fabrication) du rein n'est la manifestation d'aucune pensée ni intelligence, mais un simple produit de la nature, moins intelligente qu'un enfant.

N’est- il pas plus logique de se représenter l'existence d'une intelligence ordonnant la création et la nature que d'affirmer que la matière se crée spontanément, aveuglément et sans volonté?

Sans conteste, il est plus logique de croire en la sagesse du Créateur qu'en une matière dénuée d'esprit et de conscience et incapable de prédéterminations, car on ne peut pas attribuer à la matière toutes les particularités et les qualités rationnelles que nous observons dans le monde.

Dans son livre Le monde tel que je le vois, Einstein écrit:

"Un savant sérieux croit en la loi de la causalité dans le monde de la création Mais quelle est sa religion? Sa religion est un étonnement émerveillé devant l'ordre minutieux et stupéfiant de la création, qui lève le voile de temps en temps sur les mystères, et par rapport auquel tous les efforts et toutes les pensées des hommes ne sauraient être comparés."

c- La finesse des oeuvres de la nature
Considérez un anophèle; regardez- le à l'oeil nu, sans microscope, et vous constaterez combien cet être minuscule et insignifiant est en fait extraordinaire par sa structure.

Son corps est doté de tout le nécessaire d'un laboratoire; sa circulation sanguine, son appareil digestif, son réseau nerveux, et son appareil respiratoire. Il fabrique avec une précision stupéfiante les matières dont il a besoin. A présent considérez votre propre laboratoire. Quelle en est l'envergure? Quelle quantité d'énergie humaine et d'intelligence y a- t- on investi?

Puis comparez votre laboratoire avec celui de l'insecte. Le votre est beaucoup moins rapide, moins précis. Combien de temps et d'intelligence vous faudra t- il consacrer pour préparer un médicament vous prémunissant des piqûres du moustique?

Pour accomplir une tâche donnée, il vous faut tant de calculs, de pensée, de précision. Mais le spectacle de l'ordre parfait régnant dans la nature ne constitue- t il pas une preuve de la sagesse de son créateur?

Est - ce une attitude scientifique de considérer le monde avec toutes ses merveilles et ses précisions comme le produit de la matière ignorante et dépourvue de sagesse?

Les insuffisances que l'on peut parfois relever dans la nature ne traduisent pas un défaut dans l'oeuvre de la création, mais plutôt une incapacité de notre perception et de notre intelligence à comprendre les mystères et les buts ultimes de l'existence.

S'il nous arrive de ne pas comprendre la fonction d'un boulon dans une grande machine, aurions- nous le droit d'accuser le constructeur de cette machine d'ignorance et d'incompétence, ou bien ne vaut- il pas mieux reconnaître l'étroitesse de notre perspective?

Le hasard peut- il agir comme la science, c'est - à dire sans comporter la moindre incertitude et la moindre ignorance?

Si la nature, comme se la représentent les matérialistes, ne devait rien à une volonté, pourquoi les hommes se dépenseraient- ils tant pour faire progresser leur travail, au lieu d'imiter la nature et d'accroître leur ignorance?

La réalité qui guide et oriente les actions et réactions ordonnées de l'univers ne peut pas agir sans but ni volonté.

Après des années d'efforts ardus, les biochimistes n'ont pu accéder qu'à des matières simples et élémentaires ne comportant pas la moindre trace d'une vie complète. Cette réalisation scientifique a tout de même été accueillie avec des éloges par les milieux scientifiques.

Cependant, personne n'a prétendu que cette réalisation était due à un hasard, qu'elle avait été faite sans efforts soutenus, et sans programmation. Alors que certains savants matérialistes continuent d'attribuer tous les systèmes complexes et inextricables de la nature à des facteurs matériels aveugles. De tels jugements constituent autant d'affronts à la logique et à la raison.

Imaginez ce que serait l'épreuve imprimée, si le typographe au lieu d'aligner ces caractères selon un ordre significatif, les ramassait par poignées puis les disposaient aveuglément sur son cadre.

Plus absurde encore, serait de dire que 100 kg de caractères en plomb éjectés par une linotype pourraient, s'ils étaient dispersés par le vent, composer un livre traitant de questions scientifiques et ne comportant aucune erreur.

Une telle fantaisie pourrait- elle avoir des partisans. Que disent les matérialistes athées au sujet de l'apparition des formes diversifiées des caractères de la création et de l'univers, ainsi qu'à propos de l'écheveau des rapports infaillibles régissant les corps célestes, les êtres naturels et tous les corps matériels?

Les caractères qui forgent l'univers (l'atome et ses particules) sont- ils moindres que les caractères d'imprimerie? Et peut - on admettre que ces lettres débordantes de sens, cette disposition bien agencée, et les aspects stupéfiants du livre de la création soient l'oeuvre de l'ignorance, sans aucun but, et qu'il n'existe pas dans ce monde une force omnisciente et ordonnatrice?

Si cette force occulte qui se trouve dans les profondeurs de la matière ne procédait pas d'une intelligence supérieure, quel facteur l'aurait donc conduit et guidé vers l'ordre et l'harmonie?

Si cette force était un facteur dépourvu d'intelligence et de volonté, pourquoi n’entrerait-elle pas dans une phase de désordre, et pourquoi la constitution et la structure de la matière ne tendraient elles pas à la collusion et à l'anéantissement?

C'est ici que la foi en un créateur intervient pour donner un sens à l'existence, et un contenu au monde. Les personnes à l'esprit ouvert et conscient ressentent clairement qu'une force infinie exerce un contrôle sévère et une souveraineté absolue sur l'ordre universel.

Dans le passé, les hommes vivaient dans l'autarcie, dans un environnement restreint, et ordonnaient individuellement leurs vies. Pendant de longues époques, il était naturel de rencontrer le propriétaire terrien, le paysan, et l'artisan sur les lieux mêmes de leur travail.

Il en va autrement à notre époque. L'homme d'aujourd'hui a construit des satellites téléguidés, des machines électroniques, des avions sans pilote, et d'autres instruments et appareils automatiques. Et chacun sait qu'il est possible de fabriquer des appareils équipés pour fonctionner au moment voulu en réaction à des phénomènes déterminés, sans que l'on connaisse ou voie le constructeur.

Par conséquent, nous n'avons plus droit de nier le Créateur, sous prétexte que nous ne voyons pas sa main agir directement.

Bien que la comparaison soit défectueuse, on peut affirmer que le constructeur d'un satellite artificiel ou d'un missile, contrôle le mouvement de son vaisseau spatial à partir d'une base terrestre et d'autres moyens aériens. Mais si l'intervention de Dieu dans les affaires du monde n'est pas perceptible à l'oeil nu, -et bien que nous soyons témoins des phénomènes et des signes manifestes de la grandeur du Créateur du monde et de l'homme - peut- on ignorer carrément le concepteur absolu, le détenteur exclusif de la puissance et de la volonté, et le coordonnateur de tous les mouvements, pour la raison qu'il ne s'inscrit pas dans le cadre spatiotemporel.

Bien que pour la connaissance d'un être qui ne présente pas d'équivalent dans le domaine des sens et de la conscience et que la langue des hommes est impuissante à définir de façon précise, nos moyens sont forts limités, et l'éclairage de notre intelligence est trop insuffisant, et bien que nos rapports ne se font dans ce monde qu'avec les phénomènes, il n'existe pas d'obstacles à une connaissance objective de cet Etre.

Cependant, certains sceptiques à l'esprit défaillant, et dont le regard est porté exclusivement sur les phénomènes naturels, attendent à chaque instant qu'un miracle se produise à l'encontre de l'ordre naturel, pour qu'enfin ils puissent croire en Dieu, et reconnaissent son existence.

Mais ils sont inattentifs au fait que tout phénomène nouveau ne joue le rôle de preuve de l'existence de Dieu que provisoirement. Avec le temps, sa fonction de motivation finit par s'estomper, il devient habituel et cesse d'attirer l'attention.

Car tous les phénomènes ont été à leur début exceptionnels, mais ont fini par faire partie du paysage ordinaire de l'existence.

Mais un être non sensible, en particulier un être plein de majesté, de grandeur et de sacralité, fait que les âmes sont constamment sous son influence, il attire vers lui toute l'attention et l'homme a sans cesse le regard tourné vers lui, plaçant en lui tous ses espoirs.

La persistance de l'esprit d'entêtement et d'absence de logique enserrent l'homme dans un cadre étroit, autrement tout serait clair pour tous les hommes.

"En tant que chimiste, je crois que Dieu veille sur le monde et que la permanence et la stabilité des lois naturelles procèdent de cette surveillance. Au moment où j'entre dans mon laboratoire, je sais, sans le moindre doute, que les lois qui étaient justes hier, seront justes aussi demain, après demain et même jusqu'au Jugement dernier. Autrement, ma vie en laboratoire ne serait rien d'autre que perplexité, doute, et tourment, et l'activité scientifique n'aboutirait à aucun résultat.

Par exemple, si dans mon laboratoire je plaçais sur le feu un récipient d'eau distillé, je sais qu'au moment de l'ébullition, la température de l'eau sera de 100 degrés centigrade, et pour le savoir je n'ai pas besoin d'un thermomètre. Parce que je sais que tant que la pression atmosphérique sera de 76 cm de mercure, l'eau pure entrera en ébullition à 100'. Si la pression est inférieure à 76 cm, moins de chaleur sera nécessaire pour que les molécules d'eau s'évaporent, et par conséquent le point d'ébullition sera inférieur à 100'. Par contre, si la pression atmosphérique est supérieure à 76 cm de mercure, la température d'ébullition sera aussi au - dessus des 100 degrés.

Je peux refaire cette expérience autant de fois que je désire. Quand les chimistes appliquent même dans leur travail quotidien ce rapport entre la pression atmosphérique et la chaleur, ils sont encore plus stupéfaits.

Il en va de même au sujet de toutes les lois régissant l'ordre naturel. Une logique simple commande que c'est un être qui conçoit, réalise et maintient ses lois, et à mon avis, ce concepteur ou cet être n'est autre que Dieu. La foi en l'existence d'un créateur est une réponse satisfaisante au problème de la création du monde et de son ordre stable."23

d- Le principe premier est sans cause
Les partisans du matérialisme sont très pointilleux sur la question de l'argument de l'absence de cause pour l'existence de Dieu qu'invoquent les croyants. Ils disent que si l'on accepte le créateur et qu'on voit en lui la source de toute l'existence, pourquoi le Créateur ne serait- Il pas Lui aussi sous la loi de la causalité.

Bertrand Russel a déclaré lors d'une conférence tenue à la société nationale laïque à Londres:

"Un jour que je lisais à l'âge de 18 ans l'auto biographie de Stuart Mill, mon attention fut attirée par une de ses citations:

"Lorsque j'ai demandé à mon père:" "qui est notre créateur", il ne m'a donné aucune réponse, parce qu'immédiatement la question allait se poser:

"Qui a créé Dieu?"! Russel poursuit: Aujourd'hui aussi, quand je pense à cette phrase banale, je m'aperçois qu'elle exprime un sophisme au sujet de la cause première, parce que comme toute chose doit avoir une raison ou une cause, l'existence de Dieu devrait aussi avoir une cause. Et si quelque chose devait exister sans cause ni raison, cette chose pourrait être Dieu ou l'univers. Par conséquent la discussion est sans intérêt."24

Malheureusement certains philosophes théistes de l'occident ont été eux aussi incapables de résoudre cette question. Herbert Spencer, philosophe anglais, écrit à ce propos:

"Le problème consiste en ce que d'une part la raison humaine cherche pour toute chose une cause, et que d'autre part, elle se refuse au cercle vicieux et à la chaîne ininterrompue de la causalité. Elle ne trouve pas la cause, et ne la comprend pas. Comme au prêtre qui dit à un enfant: "C'est Dieu qui a créé le monde", l'enfant demande: "Qui a créé Dieu?"

Ailleurs, il écrit:

"Le matérialiste s'efforce de croire que le monde a une existence intrinsèque, sans cause, et éternelle. Mais nous ne pouvons croire en quelque chose qui n'a pas de commencement, et de cause.

Le croyant, fait à ce sujet un pas en arrière et dit: "C'est Dieu qui a créé l'univers", et l'enfant soulève une autre question qui demeure sans réponse: "Qui a créé Dieu?"

Nous renvoyons cette objection aux matérialistes mêmes. Nous leur demandons: si nous suivions la chaîne de la causalité, nous arriverions à la première cause; disons qu'elle n'est pas Dieu, mais la matière. Mais alors dites- nous qui a créé la « materia prima. », la matière originelle? Toute chose est l'effet de la matière, dites- vous. De quelle chose la matière est- elle l'effet?

Vous affirmez que tout évènement procède de la matière - énergie; quelle est alors la cause de la matière - énergie.

Tenant compte de ce que la chaîne des causes et des effets ne peut pas être infinie, il ne peut y avoir d'autre réponse, que de dire que la matière est un être infini et éternel qui n'a pas besoin de cause; et auquel on ne peut déterminer un commencement. La matière aurait aussi existé depuis toujours, et ne connaît ni fin ni commencement et son existence émane d'elle - même et de sa propre nature.

Nous vous rétorquerons alors qu'ainsi vous admettez le principe du non - commencement et de la pré éternité, et vous soutenez que toutes les choses procèdent de la matière éternelle, que l'existence aussi a surgi d'elle, sans qu'elle - même ait eu besoin d'un producteur.

Au cours de la même conférence, Russel évoque ce point et dit:

"Il n'y a pas non plus de preuve que le monde ait eu un commencement. Penser que les choses doivent avoir un commencement naît en fait de la pauvreté de notre représentation."25

Tout comme M. Russel considère la matière comme éternelle; les croyants attribuent cette même qualité d'éternité à Dieu.

Par conséquent la croyance en l'existence d'un être éternel est commune aux philosophes matérialistes et théistes. De même, les deux groupes acceptent l'idée d'une cause première. Leur divergence consiste en ce que pour les théistes, la cause première est douée d'intelligence et de volonté, alors que pour les matérialistes, la cause première n'a rien de tout cela.

Donc, la négation de Dieu ne résout pas le problème de l'éternité.

Outre cela, la matière est sujette au changement et au mouvement. Son mouvement est intrinsèque et dynamique. Or l'éternité ne s'accorde pas avec le mouvement intrinsèque. La matérialité et l'immutabilité sont deux propositions contradictoires, et ne peuvent coexister dans une même chose. L'essence est toute entière immuable. Il est impossible qu'elle soit affectée par le mouvement.

Comment alors les partisans du marxisme qui reconnaissent que la matière est accompagnée de son antithèse peuvent- ils justifier aussi son éternité?

Eternité signifie immuabilité intrinsèque et non anéantissement alors que la matière est de par sa nature un essemble de forces et d'aptitudes, la relativité même, un cycle de vies et de morts.

L'éternité ne s'accorde aucunement avec le mode d'existence de la matière et de tout ce qui participe à sa nature. Quand les croyants acceptent un principe absolu et immuable, ils ne le font qu'au sujet d'un être ayant les qualités d'absoluité et de permanence. Or la matière, a entre autres particularités, celle de refuser la permanence et l'éternité, et d'être en mouvement constant et relatif, ce qui est en opposition totale avec la perfection et l'absolu.

Source: Dieu et Ses Attributs

Seyyed Mojtaba Moussavi Lari