La religion du Prophète Muhammad (pslf) vu par les Chrétiens en RDC

La religion du prophète Muhammad connue sous le nom de l’Islam est l’une des grandes religions qui existent au monde. Cette religion tire ses origines à partir de 622, année de l’hégire du prophète. Elle est souvent considérée à tort comme étant une religion ésotérique, ascétique, des ‘’initiés’’. L’Islam fut introduit en RDC à partir de l’est du pays par les Arabes commerçants d’ivoire et d’or, avec comme bastion le territoire de Kasongo au Maniema. Comment les congolais le perçoivent-ils et quelle vision les chrétiens, en particulier, ont-ils de cette religion ? C’est à cette interrogation que nous allons essayer de répondre tout au long de notre exposé. Dans un premier temps, nous allons parler de ses origines et de son expansion puis de son implantation en RDC et enfin nous parlerons de sa cohabitation avec le christianisme. En effet, malgré cette vision erronée de l’Islam par certains non avertis, l’Islam est une religion vertueuse et respectueuse des principes divins. Les musulmans ont cinq grands principes qu’ils respectent :

Prier cinq fois par jour;
Faire le pèlerinage à la Mecque au moins une fois dans sa vie;
Jeûner trente jours l’an pendant la période appelée Ramadan;
Donner l’aumône, le Zakat;
Attester l’unicité de Dieu, Allah et son prophète Muhammad.

1. Origines et expansion de l’Islam


Sous ce point, nous présentons un bref aperçu historique de l’Islam. A propos, voici ce que nous lisons dans le livre du père Léon de Saint Moulin et compagnie1 : Mahomet (Muhammad) naquit à la Mecque vers 570 de famille pauvre. Il fut berger puis devint conducteur de caravanes. Au cours de ses voyages, il rencontra des juifs et des chrétiens. Vers l’âge de 40 ans, selon la tradition, il eut des visions. Un ange lui serait apparu et lui aurait annoncé sa mission. Il médita pendant quinze ans et finalement convaincu que Dieu l’avait choisi pour cette mission, il alla annoncer aux Arabes la vraie religion. Il convertit sa famille d’abord puis conquit quelques disciples.

La Mecque refusa d’admettre sa doctrine. Ayant fait détruire les idoles, il se fit un grand nombre d’adversaires et dû prendre la fuite avec ses disciples à Yatreb le 16 juillet 622. Cette émigration est appelée Hégire. L’année 622 marqua ainsi le commencement de l’ère musulmane. L’essentiel du message de Mahomet est consigné dans le Coran. Outre l’amour du prochain, le prophète, dans son message, présente Allah (Dieu) comme une divinité possédant un pouvoir sans limites et qui régit par des règles précises, toute l’humanité. Ainsi, l’homme n’a d’autre choix que de se soumettre à cette autorité. D’où le nom « Islam » qui signifie ‘’ soumission ‘’. A Yatreb appelée depuis lors Médine ou ville du prophète, Muhammad eut beaucoup de succès. Il commença la ‘’guerre sainte’’ (le djihad). Muhammad vainqueur, fit en 629 un pèlerinage solennel à la Mecque dont il s’empara en 630. Il mourut au retour d’un pèlerinage à cette ville sainte, en 632. Voici brosser succinctement les origines de l’Islam, et nous passons maintenant à son expansion.

L’expansion musulmane fut étonnante ; elle se répandit dans toute l’Arabie et menaça le monde chrétien. Les successeurs de Muhammad fondèrent un vaste empire. En moins d’un siècle, ils occupèrent toute l’Asie jusqu’à l’indus, ils conquirent le Nord de l’Afrique, y détruisirent Carthage qu’ils remplacèrent par Tunis. Ils parvinrent en Espagne et s’emparèrent du royaume des Wisigoths. Ils passèrent les Pyrénées, mais furent vaincus à Poitiers en 732 par Charles Martel, duc des Francs, qui délivra ainsi l’empire de la domination musulmane. En Afrique, l’influence arabe se concentra spécialement sur la côte orientale. Au 10ième siècle une secte importante de l’Islam y fonda un bon nombre de comptoirs, tels que Mombasa, Zanzibar, Mozambique, etc. cette installation de comptoirs n’engendra guère de grosses difficultés. Cependant les Arabes durent faire la guerre aux populations qui s’opposaient à leur établissement. Pour protéger leurs comptoirs, ils se virent obligés de construire des fortifications dont on ne peut trouver encore actuellement de nombreux vestiges.

Ces commerçants arabes achetaient surtout l’or et l’ivoire ; ils se procuraient également des peaux, des perles, de la gomme qu’ils revendaient au Moyen-Orient, en Europe et dans l’Inde. Ils se livraient en même temps aux commerces des esclaves qu’ils envoyaient au Moyen-Orient et en Asie. C’est de cette pénétration arabe que date l’origine de l’islamisation de ces régions de la côte orientale. Comme nous l’avons dit par ailleurs, l’Islam est une religion vertueuse et respectueuse des valeurs positives. Voyons ce que Sayyed Mojtaba Mussavi Lari2 dit, dans ce large extrait à propos de cette religion de son prophète et de son livre sacré : ‘’L’islam est, de par sa profondeur et son caractère universel, l’ordre incomparable, sans équivalent ; le meilleur qui ne soit parvenu jusqu’à présent à l’humanité. Il présente toutes les voies qui guident vers le bien et mènent au bonheur. Il porte remède à tous les maux de l’humanité… Les lois islamiques se rapportent à tout ce qui concerne l’homme, son esprit et sa vie.

L’islam n’a jamais été infecté par les systèmes corrompus actuels. Les mêmes systèmes qui, parfois, élèvent l’homme, jusqu’au rang de la divinité, pour qu’il ne s’appuie que sur son orgueil et son amour propre (…). L’éducation islamique a pour principes d’épurer les sentiments humains et de les faire travailler dans le bon sens. Elle veille à satisfaire la nature de l’homme avec toutes ses exigences innées et besoins fondamentaux. Elle contrôle et dompte les passions excessives et empêche les instincts d’emprisonner la raison et de prendre en main le sort de l’existence humaine.

Ainsi, il sauvegarde la dignité de l’homme, tout en réservant à chaque individu, une part raisonnable de prospérité (…). L’ensemble des enseignements et des devoirs islamiques est à la portée des capacités de tout individu. L’islam n’impose pas à l’homme une conduite qui serait en dehors de ses capacités. Tout homme peut choisir la perfection ou le défaut, en se soumettant ou non aux devoirs en charge desquels il recevra sa récompense. (…). L’objectif de l’Islam est d’établir l’ordre et la morale dans la société. Ses lois recouvrent donc les moindres sujets. Car, tout comme il y a un ordre et une harmonie entre les lois de la nature et un rapport entre les grands phénomènes de la création, l’islam veut qu’il en soit de même entre la vie matérielle et spirituelle, entre l’individu et la société. Que l’homme n’entrave point ces règlements conformes à l’ordre de la création, car toute désobéissance aboutirait au bouleversement de l’ensemble des étapes humaines. (…) Dans le monde musulman, la religion est la force évolutive et motrice qui rapproche non pas les nationalités et les territoires mais les peuples.

Le gouvernement lui-même obéit au Coran et ne laisse aucune place pour les autres législations. Pour le croyant, ce monde est un corridor qui mène au meilleur des mondes. Le Coran définit les règlements et la conduite à adopter vis-à-vis des autres et à l’égard de la société, afin d’assurer cette évolution saine qui nous mène vers l’au-delà. Bien que la conception occidentale de l’islam, soit superficielle, même parfois erronée et falsifiée, beaucoup de penseurs occidentaux sont parvenus cependant à la noblesse et à la valeur de ses instructions et ont fait l’éloge de son fondateur et ses enseignements. Le fait qu’un musulman fasse l’éloge des lois et des préceptes islamiques n’a rien de surprenant. Mais il est très important q’une grande personnalité non musulmane nous parle de la grandeur de l’Islam et de son honorable prophète en dépit de son propre fanatisme religieux. La seule raison qui a suscité ce respect immuable à l’égard de cette doctrine sacrée, ce sont les lois progressistes et l’ordre étonnant que l’honorable guide de l’islam, la plus haute personnalité de l’humanité a offert à l’homme. Certes, nous n’avons pas l’intention en citant les paroles des savants occidentaux, d’entendre les éloges de notre propre religion à travers d’autres langages. Mais notre but est de ne laisser aucun doute pour ceux qui sont à la recherche de la vérité.

Docteur Vaglieri, célèbre professeur à l’université de Naples, écrit à propos du Coran : ‘’ Nous trouvons dans ce livre des réserves de sciences qui surpasse le talent et les capacités des plus intelligents et des plus puissants politiciens ainsi que des plus grands philosophes et cela parce que le Coran ne peut pas être l’œuvre d’un homme quelle que soit l’entendue de son savoir ; et surtout pas d’un homme qui aurait vécu toute sa vie dans une société profane et loin des hommes de science et de religion. Un homme qui proclamait constamment qu’il n’est qu’un individu comme les autres. En l’occurrence, il ne pouvait réaliser des miracles sans l’aide de Tout-puissant. La source du Coran ne peut venir que de Dieu qui recouvre de sa science ce qu’il y a dans les cieux et sur la terre.’’ (…) Voltaire, qui à l’origine était ennemi de l’islam et avait plein de préjugés à l’égard de la personne du Prophète après quarante années d’études philosophiques, religieuses et historiques a annoncé fermement une fois qu’il a appris la Vérité : ‘’La religion de Mahomet était sans aucun doute supérieure au christianisme.

Dans sa doctrine, personne n’a jamais tourné, comme dans celle des chrétiens. Personne n’a considéré un Dieu en trois et trois en un. La croyance en Dieu unique fut le seul principe de sa religion ; religion qui doit son existence aux succès et aux courages de son fondateur alors que les chrétiens imposent leur doctrine par la force. Seigneur ! Si seulement tous les peuples européens pouvaient suivre l’exemple des musulmans.’’

Tolstoï, le célèbre philosophe Russe déclare pour sa part : ‘’ Cette gloire suffit à Mahomet d’avoir libéré un peuple vil et sanglant du joug des diables des mauvaises habitudes et de lui avoir ouvert les portes du progrès. La voie de Mahomet, de par son accord avec la raison et la sagesse, envahira le monde.’

2. Implantation de l’Islam en RDC


Comme dit ci haut, l’islam est entré et s’est implanté en RDC par les régions de l’Est. ‘’L’Est de la RDC est le théâtre d’une rivalité qui, depuis le 12ième siècle, dresse l’une contre l’autre deux cultures étrangères : l’occidentale et l’arabe. Les Européens et les Arabes qui les y étaient importées avaient pour but d’exploiter ses ressources et pour faire le commerce. Les explorateurs occidentaux de l’Afrique centrale, David Livingstone, V.L. Cameron, H.M. Stanley,… sont bien connus à tel point que tous les livres d’histoire du Congo leur réservent une place privilégiée.

Par contre sont moins bien connus les figures d’Arabes et d’Arabisés qui ont reconnu très tôt les régions de l’Afrique centrale. De la côte jusqu’à Nyanguwe d’une part et dans le Kazembe d’autre part, en passant par les Grands Lacs, les Arabes ont précédé les Européens. En aval de Nyangwe, ils ont voyagé en leur compagnie.’’3 Ils auraient été élevés au rang d’explorateurs, s’ils avaient noté les coordonnées géographiques des régions visitées et s’ils avaient fait publier les données de leurs découvertes. Ils auraient été ainsi mieux connus. Parmi les commerçants arabes qui ont introduit l’Islam en RDC, le plus connu et le plus célèbre fut TIPPO TIP. Ce dernier a effectué plusieurs voyages de Zanzibar en passant par Kazembe, Pweto, Nyangwe jusqu’à Kasongo. A son arrivée à Nyangwe le 17 août 1847, l’accueil fut plus que fraternel. Il y rencontra Cameron. Quand il décida de l’accompagner dans le Lomami, les gens de Nyangwe le prièrent de rester avec eux et de ne pas laisser ses affaires ‘’pour cet Européen’’.

Il refusa. A son retour, trois mois plus tard, ils lui demandèrent de se fixer à Nyangwe et de rester avec eux. Ce à quoi il répondit : ‘’Je m’en vais à Kasongo (…) ils insistèrent, mais il persista dans son refus’’ 4 Soulignons par ailleurs que toutes ces expéditions rencontraient une résistance farouche des autochtones, comme le montre bien cet extrait de la Maïsha de W.H Whiteley5 ; La Maïsha nous enseigne également que les populations de certaines autres contrées avaient un esprit belliqueux : ‘’Nous dûmes nous battre chaque jour (…), leurs flèches étaient petites, mais empoisonnées ; même si elles ne vous blessaient que légèrement, vous n’en réchappiez pas’’. L’état d’esprit des populations est aussi mis en évidence (…) :’’ Lorsque les Wamanyema apprirent que Sef ben Juma (…) avait été tué (…), ils devinrent furieux comme savent l’être les Wamanyema et ils massacrèrent cet Européens.’’ Selon la tradition orale de Kasongo, avant l’arrivée des Arabes, la ville était une agglomération comptant environ 5000 hommes non compris les femmes et les enfants6 Les Arabes, n’étaient pas encore aussi nombreux quand, en 1874, Tippo Tip se rendit de Lomami à Kasongo en passant par Nyangwe. A Kasongo les autochtones devaient adopter certaines coutumes arabes telles que l’habillement, l’alimentation et la religion qui n’était autre que l’Islam. La langue et les manières de vivre arabes conjointement avec l’autorité politique, opéraient le brassage des peuples.

3. La cohabitation entre chrétiens et musulmans en RDC


La RDC est un pays laïc.7Il n’existe pas de religion d’Etat comme dans certains pays africains comme la Mauritanie, l’Algérie,…Les musulmans ne connaissent pas de problème. Autant l’Islam s’est implanté dans notre pays autant il est accepté. Par ailleurs, les chrétiens considèrent l’Islam comme une religion des intégristes. Mais cet intégrisme est dû à certaines situations causées par l’Occident qui cherche par tous les moyens à dominer le monde, la culture et la religion musulmane. Ces objectifs des occidentaux ne correspondant pas aux aspirations générales du monde arabe, et ce dernier n’ayant pas une structure capable de faire aboutir leurs revendications se jette dans une spirale de violence aveugle et dont les effets sont déplorés tous les jours. Mais cette situation n’est pas observée dans notre pays compte tenu de la cohabitation qui existe entre les musulmans et les chrétiens.

Les chrétiens et les musulmans cohabitent sans difficultés sur tous les plans de la vie communautaire :

a) Sur le plan politique : Les musulmans font la politique comme tous les autres fidèles ou adeptes des autres religions sans discrimination. La constitution de la RDC reconnaît à tous les congolais le droit d’exercer toute activité politique sans distinction de sexe de religion, de race, etc. beaucoup de déclarations politiques sont faites de façon collégiale entre les chrétiens et les musulmans.

b) Sur le plan culturel et social En tant que congolais, nous avons tous un patrimoine culturel commun, qu’on soit chrétien, musulman ou autre. Les ministères qui s’occupent de l’enseignement tant primaire, secondaire que supérieur & universitaire agréent les établissements de la communauté islamique comme ils le font pour d’autres confessions religieuses. Dans la société, les musulmans vivent avec les gens d’autres communautés sans problèmes. Leurs mosquées sont construites à côté des temples et églises des chrétiens. Leur habitat n’est pas différent de celui des chrétiens. Les enfants musulmans étudient dans des écoles officielles ou chrétiennes avec d’autres enfants, il n’y a pas non plus de discrimination 8 Le port du voile n’est pas interdit, ils peuvent le porter quand ils veulent. L’œcuménisme est aussi accepté et toléré. Combien de fois n’avons-nous pas vu les chrétiens et les musulmans célébrer des cultes ensemble. Le dernier en date est celui célébré le jour de la promulgation officielle de la constitution de la République Démocratique du Congo, constitution adoptée par le peuple au référendum du 18 et 19 décembre 2005.

c) Sur le plan philosophique. Comme les chrétiens, les musulmans ont un respect profond de l’homme et des valeurs positives. L’islam comme le christianisme enseigne la perfection. Ils considèrent Dieu comme unique et le seul créateur de l’univers et de l’homme. Ils rendent un culte louable à ce Dieu qu’ils appellent Allah, dans la langue du prophète et langue dans laquelle leur livre saint, le Coran est écrit. Mais la diffusion de l’Islam dont les préceptes constituent désormais le fondement de leur civilisation a été en général la toile de fond de l’action de ces commerçants arabes qui se sont installés à l’est de notre pays. Le Coran fut à la base essentielle de l’instruction et de l’éducation des petits musulmans. Les enfants apprenaient d’abord à lire et à écrire. Ils devaient ensuite apprendre le Coran par cœur puis le réciter suivant des règles bien définies.

Apprendre le Coran par cœur était non seulement une œuvre pieuse mais un indice de culture, qui faisait d’un homme ordinaire un savant. Ceci rime avec le fait que les congolais devaient adopter les habitudes, les modes de vie et la religion des Arabes. En égard à ce qui précède, nous pouvons conclure en disant qu’en RDC les musulmans sont considérés au même titre que les chrétiens, sur tous les plans comme nous venons de le voir. Il existe une cohabitation pacifique entre les chrétiens et les musulmans. Leurs relations sont empreintes de convivialité, de paix et de respect mutuel. Etant donné qu’ils ont tous le même substrat culturel, il n’existe pas des velléités bellicistes ni de conflit.

Notes de la fin

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1 Léon de Saint Moulin & cie, Regard sur l’histoire, CPR, Kinshasa, p. 9
2 Sayyed Mojtaba Moussavi Lâri, L’Islam et la civilisation occidentale, p 99
3 KIMENA KEKWAKWA KINENGE, TIPPO TIP, traitant et sultan du Maniema, CPR, Kinshasa, p. 9
4 Idem p. 37
5 WHITELEY, W.H, cité par KIMENA K.K. op.cit, p. 12
6 De la Salette, M, Kasongo, Série trait d’union, n° 5-6, Anvers, 1948
7 Constitution de la Rép. Dé. Congo. Art. 1 alinéa 1.
8 Idem, art. 13

Source: magazine congocom union