INTRODUCTION LA DECOUVERTE DE L'ISLAM CHIITE
LA DECOUVERTE DE L'ISLAM CHIITE
PAR MOHAMMAD ALI SHOMALI
(Traduit par Goulamabasse. RADJAHOUSSEN - Ile de la REUNION) TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
Le présent travail est en général un condensé de la version de L'Islam Chiite : Les origines, la foi et les pratiques (2003,ICAS Press) du même auteur. Cette version plus courte vise à souligner les principaux sujets relatés en Islam en général et en Islam chiite en particulier. Ces deux travaux représentent une contribution modeste pour combler certaines carences qui existent dans le domaine des études islamiques en général, les études des chiites en particulier. Ecrit de manière simple et claire, ils sont les résultats de vingt ans d'implications dans les études islamiques, et basés sur l'étendue de deux séries de cours sur l'Islam chiite exposées aux auditeurs anglais : une première série de cinquante exposés délivrés au Jami'at Al Zahra (Le principal Séminaire Islamique pour les Femmes) à Qom, Iran en 1995 et 1996, et une deuxième série de trente exposés délivrés à l'Institut Islamique de Manchester et Le Centre Social Chiite de Manchester, en Angleterre en 1998 et 1999.
Le premier chapitre commence par expliquer la signification aussi bien littéraire que technique du terme " chi'ah ", et des références de célèbres chercheurs sont citées dans ce domaine. Puis il propose l'étude des origines de l'Islam chiite et comment il a commencé à exister.
Le deuxième chapitre étudie les sources de pensées chiites, c'est à dire, le Saint Coran, La Sounnah (tradition prophétique), la raison et le consensus. Mettant en évidence les versets du Saint Coran, le chapitre cherche à établir que les chiites comme les autres musulmans croient que le Coran qui est en vigueur de nos jours est La Parole Divine révélée au Prophète Mohammad. Le chapitre continue en expliquant la deuxième source la plus importante, c'est à dire, la Sounnah, qui inclue les paroles et les actions du Prophète Mohammad. Le Coran lui même demande aux musulmans de prendre Le Prophète comme modèle principal, de se référer à lui pour juger et régler les conflits et de parler du Prophète comme celui qui récite, enseigne et explique le Coran. Dans ce chapitre, il y a aussi une discussion sur les gens de la maison du Prophète (Ahloul beyt) et leur rôle dans la présentation de la Sounnah. Puis vient la discussion sur l'importance de la raison et son rôle dans la compréhension des croyances islamiques, de ses valeurs et des lois pratiques. Enfin il y a une discussion sur le consensus légal (Al ijmà') et comment il est vu par rapport à la Sounnah dans la perspective chiite.
Le troisième chapitre étudie les doctrines fondamentales de la foi chiite. A savoir l'Unicité de Dieu, la prophétie et la résurrection qui constitue les Principes de la Religion (Islam et autres religions divines), quelques doctrines additionnelles importantes telles que la Justice Divine, l'Imâmat y sont étudiées. Ces doctrines peuvent être partiellement partagées par d'autres musulmans, mais les chiites sont ceux qui croient à toutes d'entre elles.
Le quatrième chapitre est un bref inventaire des pratiques chiites avec de brèves références de bases objectives. Ces pratiques sont en principe partagées par tous les musulmans, bien qu'il peut y avoir quelques différences en particulier en fonction de chaque école de pensée islamique.
Le cinquième et dernier chapitre discute brièvement du monde chiite d'aujourd'hui. Ce chapitre commence par un bref inventaire des dernières statistiques sur les musulmans et la population chiite du monde. Il y a aussi des détails des affiliations religieuses de certains pays avec une longue histoire de présence chiite dans ces pays. Bien qu'il n'y ait aucune statistique réelle ou approuvée sur ces populations chiites dans le monde, des efforts ont été faits pour en collecter les plus proches.
Je dois aussi noter que l'auteur est sincèrement et profondément attaché à l'unité islamique et espère que ce travail est comme une étape modeste vers la fraternité islamique. En fait l'un des meilleurs moyens pour achever cette unité et cette fraternité est de mieux se connaître et de vaincre les préjudices historiques qui empêchent une compréhension objective entre eux. Selon les paroles d'Imam Ali : " les gens sont les ennemis de ce qu'ils ne savent pas ".
Une étude soigneuse de toutes les écoles de pensées islamiques montre qu'elles ont plus de choses qui les rapprochent que celles qui les séparent. Tous les musulmans croient en un même Dieu, le même Prophète, et au même Coran. Ils croient tous au Jour de la Résurrection et aux récompenses ou punitions Divines. Ils accomplissent tous leurs prières quotidiennes vers la même direction qui est la Mecque. Ils jeûnent tous durant tout le mois de Ramadan. Ils accomplissent tous le pèlerinage de Hajj à la Mecque en même temps. Ils croient tous à la distribution de l'aumône, à encourager le bien et interdire le mal. Ils doivent tous être amis des croyants et s'éloigner des ennemis de Dieu. Ils adhèrent tous aux mêmes vertus et aux mêmes valeurs. Selon le Coran, tous les croyants sont " frères ". Indépendamment de leurs couleurs, races, genres et dénominations, ils se doivent certaines obligations entre frères et sœurs de religion. Un jour Mou'alla b. Khounays a demandé à l'Imam Sadiq sur les devoirs d'un Musulman envers un autre. L'Imam a répondu : " Il y a sept devoirs à accomplir. S'il en néglige un seul d'entre eux, il ne peut être ami ou serviteur de Dieu, et c'est comme s'il n'aurait rien fait pour le plaisir de Dieu. Puis Imam a mentionné comme suit :
a- Souhaitez pour votre frère ce que vous souhaitez pour vous même. Et ne souhaitez pas pour votre frère ce que vous détestez pour vous même.
b- Ne rendez pas votre frère fâché, mais cherchez à le faire plaisir et respectez ses souhaits.
c- Aidez le par votre âme, votre langue, vos mains et vos pieds.
d- Soyez ses yeux, son guide et son miroir.
e- Ne mangez pas à plein ventre quand il a faim, ne buvez pas quand il a soif et n'ayez pas de vêtement extravagant alors qu'il est nu.
f- S'il n'a pas de serviteur et que vous en avez, il vous appartient de lui envoyer votre serviteur pour laver ses linges, préparer sa nourriture et refaire son lit.
g- Acceptez sa promesse, son invitation ; visitez le quand il est malade et participez à ses funérailles, et veillez à ses besoins avant qu'il en fasse la demande, en vous pressant de les accomplir si vous pouvez. (Mouzaffar pp. 76&77).
Malheureusement, il y a toujours eu des gens irréfléchis dans chaque groupe ou secte qui ont essayé d'amplifier les différences et appeler à la séparation au lieu de s'unifier et à se fraterniser. Ils se sont empressés de trouver des excuses pour appeler ceux qui ne sont pas de leurs avis, des Kafirs (mécréants) ou Moushrik (polythéistes) et certains actes qui ne leur plaisent pas des bid'ah (hérésie). Bien sûr qu'il y des mécréants et des hérétiques, mais on devrait être très prudent à utiliser ces termes. Les grands leaders et les érudits islamiques, qu'ils soient Sunni ou Chi'ah, n'ont jamais collé de telles étiquettes sur les uns aux autres. De ce fait, ils ont reproduit dans leurs " fatwas ", dires et actions, l'esprit réel de l'islam, ce message harmonieux et universel de paix, de justice, d'unité et de clémence.
L'Islam apporte l'unité et la solidarité à ceux qui ont souffert beaucoup d'inimitié et d'hostilité. (3 :103). Cette action d'unifier les gens est hautement estimée comme un acte Divin (8 :63). A l'inverse, c'est l'œuvre des gens comme Pharaon de diviser les gens (28 :4). Le Coran met en garde les croyants que s'ils commencent à entrer en conflit entre eux, ils se fragiliseront et ils seront en conséquent défaits (8 :46). En fait, l'appel à l'unité n'est pas limité aux Musulmans. Le Coran invite tous les gens de foi tels que les Chrétiens et le Juifs à unifier leurs efforts et de se concentrer sur leur terrain d'entente. (3 :64). Prions et espérons que de jour en jour ce sens d'unité et de solidarité devienne plus fort et s'intensifie.
En dernier lieu, je profite de cette opportunité pour remercier tous les individus et toutes les organisations qui m'on encouragé spécialement Ayatoullah Mouhshin Araki, l'Université islamique des Etudes Avancées et l'Assemblée Ahloul Bayt du Royaume Uni et La république d'Ireland à Londres. Dernier mais certainement pas des moindres, j'adresse mes plus profonds sentiments de gratitude à Dieu pour tous Ses bienfaits et faveurs qu'Il nous a accordés dans le passé et à présent.
Mohammad A. Shomali
Ramadan 1423, Novembre 2002
Chapitre 1
L'ORIGINE DE L'ISLAM CHIITE
La signification du terme Chiite.
En Arabe, le terme chiite désigne à l'origine un, deux ou un groupe de partisans. Dans le Glorieux Coran, ce terme est utilisé plusieurs fois dans ce sens. Par exemple, dans le verset (28 :15) Allah parle d'un des partisans de Moise comme un de ses chiites.
Dans un autre endroit, Abraham est introduit comme un chiite de Noé (37:83). Au commencement de l'histoire islamique, le terme " chiite " fut utilisé dans son sens originel ou littéral pour désigner des partisans de différente personne. Par exemple, des hadiths (traditions) parlent de chiites d'Ali b. Abi Talib et d'autres de chiites de Moawiyah b. Abi Soufyan. Cependant, le terme a acquis graduellement le sens secondaire ou technique de partisans d'Ali, ceux qui croient en son Imamat (Direction par Désignation Divine).
Shahrestani (mort en 548 A.H.) dans son Al Milal wa al Nihal, une source remarquable sur les différentes sectes en Islam, écrit :
" Les chiites sont ceux qui suivent Ali en particulier et qui croient en son Imamat et Khalifat selon les directives explicites et les volontés du Prophète Mohammad "[1]. C'est une définition très précise, étant donné que les chiites eux-mêmes croient que la raison de suivre Ali est motivée par l'exigence du Prophète et ce ne fut par leur décision personnelle de choisir qui suivre, contrairement aux non-chiites qui, après le décès du Prophète Mohammad, ont suivi celui qui était choisi au Saqifah et ont cru que le Prophète avait laissé aux gens décider qui suivre. Bien sûr, Abou Bakr b. Abi Qouhafah, le premier Khalife, qui lui-même fut choisi de cette manière, a cru qu'il se devait de désigner son successeur. Et le deuxième Khalife, Oumar b. Khattab, lui à son tour a désigné, un conseil de six personnes pour choisir parmi eux selon une procédure très stricte, qu'il a mise au point. Il est intéressant de noter que ce fut Ali, le quatrième Khalife, qui était choisi et vraiment forcé par presque tous les musulmans après le meurtre du troisième Khalife, Outhman b. Affan, pour occuper la position du Khalifat.
Dans son Firaq Al Shi'ah, Al Hassan b. Moussa al Nawbakhti (mort en 313 A.H.) un célèbre chercheur chiite écrit : " Les chiites sont les partisans de Ali b. Abi Talib. Ils sont appelés 'Les chiites d'Ali' durant et après la vie du Prophète et sont connus comme les partisans d'Ali et croient en son Imamat "[2]. Sheikh Moufid (mort en 413 A.H.) un des premiers et très remarquable érudit chiite, définit les chiites comme étant ceux qui suivent Ali et croient en sa succession immédiate après le Prophète[3]. En expliquant pourquoi les chiites sont aussi appelés " Imàmîyah ", il dit : " C'est un titre pour ceux qui croient dans la nécessité de l'Imamat et de sa continuité en tout age, et que chaque Imam doit être explicitement désigné, et doit aussi être infaillible et parfait "[4].
Ainsi, on peut dire que les musulmans chiites sont ceux qui ont les croyances suivantes sur la succession du Prophète Mohammad :
a. Le succession au Prophète est une désignation Divine
b. Comme le Prophète a été choisi par Dieu, son successeur ou Imam doit aussi être choisi par Dieu et puis inspiré au Prophète.
c. Le successeur immédiat du Prophète Mohammad est Ali.
Quand le Chiisme a-t-il commencé ?
Naturellement, la question de savoir quand le chiisme a commencé se pose. Il y a beaucoup de hadiths relatés par aussi bien les chiites que les non-chiites concernant la question d'Imamat qui seront étudiés plus tard au moment de la discussion des doctrines chiites. Dans ce qui suit cependant, nous allons étudier quelques hadiths dans lesquels Le Prophète Mohammad parle d'un groupe comme " Chiite " (partisans) d'Ali, et nous nous parlerons ensuite d'autres raisons à partir des hadiths et l'histoire de l'Islam. Tous les hadiths cités ci-dessous proviennent de sources respectables Sunnites. Il n'y a que quelques unes des plus importantes narrations, et il y a beaucoup d'autres à trouver dans les sources mentionnées ici, ainsi que d'autres sources.
(1) Ibn 'Asakir (mort en 571 A.H.) rapporte de Jabir b. 'Abdoullah al-Ansari qui a dit :
Un jour nous étions avec Le Prophète Mohammad, quand Ali est arrivé, dont Le Prophète a dit " Je jure par Celui qui a ma vie dans Ses Mains que cet homme et ses " chiites " seront sûrement heureux le Jour de la Résurrection ". Puis le verset " En réalité ceux qui croient et font œuvres bonnes sont les meilleures de création " (98 :7) fut révélé. Par la suite chaque fois que les compagnons du Prophète voyaient Ali venir, ils disaient " La meilleure de la création est venue " (Ibn 'Asakir, Vol 2, p.442 & Al-Souyouti, Vol 6, p. 5890)
(2) Ibn Hajar (mort en 974) rapporte de Abbas que lorsque le verset (98 :7) fut révélé, le Prophète dit à Ali :
" Ceci vous concerne vous et vos " chiites ". Le Jour de la Résurrection vous serez heureux et plaisants (à Dieu), et vos ennemis viendront en colère et attachés par le cou " (Ibn Hajar, Section 11, Chapitre 1, verset 11).[5]
(3) Ibn al-Athir (mort en 606) rapporte qu'en s'adressant à Ali, Le Prophète a dit :
" O, Ali, Toi et tes chiites atteindront Dieu étant satisfaits et Le satisfaisant, et tes ennemis L'atteindront en état de colère et attachés par le cou ". Puis Le Prophète a montré l'image en mettant sa main sur son cou - (Ibn Al-Athir, l'Entrée " qa-ma-ha ").
Il y a d'autres hadiths dans lesquels le Prophète s'adressant à Ali a utilisé " nos chiites ". Cela est conforme à ce qui a été dit plus haut que les chiites sont ceux qui suivent Ali, en accord avec les enseignements du Prophète et non par leur décision personnelle. Par exemple, Ibn 'Asakir rapporte que le Prophète a dit :
" En réalité, il y a une source au Paradis plus douce que le nectar, plus lisse que le beurre et plus fraîche que la glace, et plus parfumée que le musc. De cette source provient l'argile (tinah) dont nous (moi et les gens de ma maison) avons été crées et nos chiites ont été crées de la même argile ". (Ibn 'Asakir, Vol A, p. 129, N° 180).
Il y a encore d'autres hadiths dans lesquels Le Prophète, s'adressant à Ali, a utilisé l'expression " chiites de nos descendants ". Cela confirme ce qui a été suggéré plus haut, que les chiites sont ceux qui suivent Ali parce qu'ils croient dans l'institution d'Imamat. Comme nous le verrons en détail, les chiites croient que Ali était le premier Imam et qu'après lui l'institution de l'Imamat a continué par ceux de la descendance de Ali et Fatimah qui étaient choisis par Dieu et annoncés et présentés par le Prophète. Par exemple, Zamakhshari (mort en 528 A.H.) dans son Rabi 'al-Abràr rapporte que le Prophète a dit : " O, Ali ! le Jour du Jugement je dépendrai d'Allah (pour le Salut), tu dépendras de moi, tes descendants dépendront de toi et leurs chiites dépendront d'eux. Puis tu verras où nous serons amenés ".[6]
Il faut noter que selon le Coran, la prophétie a aussi été héritée. Le Coran dit " En vérité nous avons envoyé Noé et Abraham, et nous avons attribué la prophétie et Le Livre dans leur descendance (57:26). Ce qui veut dire que ceux qui étaient qualifiés pour être choisis comme prophètes par Dieu étaient inclus dans leur descendance.
En plus des hadiths mentionnés ci-dessus et ceux qui s'y apparentent et ceux sur l'Imamat qui seront mentionnés plus tard, il y a beaucoup d'autres raisons qui font que l'émergence d'un groupe de gens tels que les chiites durant la vie même du Prophète est un phénomène très naturel et même nécessaire. Par exemple, au début de l'Islam, quand Dieu a demandé au Prophète de commencer l'invitation au public vers l'Islam en commençant par sa famille et parents les plus proches, il les appela à un repas. Après le repas, le Prophète déclara sa mission et les invita à l'Islam et établit que quiconque parmi eux croit en l'Islam et l'assiste dans cette mission sera son successeur. Tout le monde est resté silencieux. Le seul qui a accepté l'invitation à l'assister fut Ali, adolescent à l'époque. Le Prophète lui dit de s'asseoir et répéta son invitation une deuxième, puis une troisième fois. Mais à chaque fois, ce fut Ali, seul, qui a exprimé son empressement à supporter le Prophète. Celui-ci accepta la soumission de Ali par la volonté de Dieu et établit cette volonté divine en le désignant comme son successeur. Cet événement est relaté dans plusieurs sources.[7]
Dans une déclaration très importante, le Prophète a clairement affirmé que Ali était honnête et dénué de fausses croyances et de mauvaises actions, que cela soit dans sa conduite personnelle ou dans ses paroles ou jugements et a signifié implicitement aux musulmans de le suivre. Umm Salamah a rapporté du Prophète ayant dit : " Ali est toujours avec la vérité (al Haqq) et la vérité est toujours avec lui, jusqu'au Jour du Jugement ils ne se sépareront pas ". Ce hadith précisément est raconté par Ibn Abbas, Abou Bakr, 'Aishah, Abou Sa'id al Khuddari, Abou Layla, et Abou Ayyoub al Ansàri.[8]
On a aussi cité le Prophète comme ayant dit " Que Dieu bénisse Ali. Mon Seigneur, fais que la vérité soit toujours avec lui ".[9]
Le Prophète a aussi affirmé dans plusieurs occasions que Ali était le plus savant parmi les gens en matière de sciences. Par exemple, le Prophète a dit : " Le sagesse a été divisée en 10 parties : neuf parties ont été attribuées à Ali et une partie a été distribuée au reste de gens ".[10]. Plus tard le deuxième Khalife a réaffirmé les paroles du Prophète quand il a dit : " Que Dieu ne m'accable pas d'une tâche difficile quand Ali n'est pas présent ".[11]
On doit aussi prendre en compte les services valeureux et vitaux et les sacrifices d'Ali pour être en mesure d'assumer sa responsabilité parmi les musulmans. Par exemple, quand les infidèles de la Mecque on comploté de tuer le Prophète, et que Dieu l'a informé de ce complot, le Prophète a demandé à Ali s'il voudrait volontairement dormir à sa place pour que les païens pensent qu'il (le Prophète) était encore à la maison, et ainsi pour qu'il puisse quitter la Mecque en toute sûreté. Ali a accepté cette tâche, et à cette occasion le verset suivant est révélé " Et parmi les gens, il y a ceux qui vendent leurs âmes pour acquérir le plaisir divin ". L'émigration du Prophète de la Mecque à Madina marque le début du calendrier musulman. Ali a servi la cause de l'Islam en combattant dans les guerres de Badr, Ohod, Khaybar, Khandaq et Honayn, dans chacune d'elles, il a joué un rôle crucial.
Ces faits sont tous enregistrés dans les nombreux travaux et collections de hadiths par les chercheurs non chiites. Comme déjà mentionné, les hadiths prophétiques sur la question de l'Imamat en général et en particulier sur Ali seront étudiés plus tard.
Cependant, je voudrais conclure cette discussion en relatant le hadith bien connu du Ghadir Khoum. Au retour de son dernier pèlerinage de la Mecque, le Prophète a demandé à des milliers de Musulmans qui l'accompagnaient de s'arrêter en route. Il se dressa sur une estrade ou chaire préparée pour lui à l'aide de palanquins et dit " Celui qui me considère comme maître (mawlà), qu'il considère maintenant Ali comme maître ". Puis ceux qui étaient présents, y compris ceux qui sont ensuite devenus le premier et le deuxième Khalif, ont témoigné allégeance (accepté le leadership) à Ali et l'ont félicité. Ce hadith est transmis par plus de cent sources. Pour avoir la liste complète des sources non chiites de ce hadith, voyez 'Abaqat al Anwar par Mir Hamid Housein al Hindi (mort en 1306 A.H.) et Al Ghadir par 'Abd al Housein al Amini (mort en 1309 A.H.). Après avoir affirmé la véracité de ce hadith, certains écrivains Sounni ont interprété le terme mawlà utilisé dans ce hadith dans le sens de l'amitié. Que l'on accepte ou pas cela, il n'y a aucun doute que cet événement et cette tradition a donné à Ali une position unique et centrale parmi les Compagnons du Prophète.
Ainsi, il semble que les différentes séries de hadiths accompagnées de l'évidence historique ci-dessus mentionnée ne laissent aucun doute que durant la vie du Prophète beaucoup de musulmans ont eu un sentiment de profond attachement à Ali et cherchaient sa compagnie et étaient déterminés à le suivre après le Prophète. Ces gens ont été fréquemment et significativement appelés comme chiites d'Ali et graduellement le terme de chiite est devenu synonyme de chiites (partisans) d'Ali. Et le fait encore plus important est que l'idée d'Imamat d'Ali a certainement commencé durant la vie du Prophète Mohammad. La disparition du Prophète amena naturellement la question au devant de la scène et a distingué ceux qui croyaient dans la nécessité de suivre Ali au lieu d'autres Musulmans, qui plus tôt ou tard sont arrivés à croire à l'institution du Khalifat comme la succession du Prophète pour diriger la société Islamique, et non comme une position divinement désignée. Décrivant les événements après le décès du Prophète, Al Mas'oud (mort en 345 A.H.), un grand historien Sunnite, écrit : " En vérité Imam Ali et ses chiites qui étaient avec lui restèrent à sa maison au moment où l'allégeance à Abou Bakr a été faite ".[12]
Plus tard, certains événements, tels que des guerres durant le Khalifat de Ali et les événements de Karbalà où Houssein, le troisième Imam des chiites et soixante douze de sa famille et compagnons furent tués, définirent l'identité chiite de manière plus prononcée. Par exemple, nous trouvons dans l'un des tous premiers écrits que Ali, condamnant Talha et Zoubayr, dit : " En vérité, les partisans de Talha et Zoubayr à Basra ont tué mes chiites et mes agents ". [[ Waq'at Seffin par Nasr b. Muzahim (mort en 212 A.H.) ]]. Abou Mikhnaf (mort en 158 A.H.) rapporte qu'après la mort de Mou'awiyah, les chiites se rassemblèrent à la maison de Souleyman b. Sourad et il leur dit : " Mou'awiyah est mort et Houssein a refusé de faire allégeance aux Omeyyades et est parti vers la Mecque et vous êtes ses chiites et les chiites de son père ".[13]
Les Premiers Chiites
L'islam chiite a commencé naturellement à Hijaz parmi les compagnons du Prophète. Les références aux travaux historiques et biographiques de l'Islam montre que la liste des chiites parmi les compagnons du Prophète inclut les célèbres bani Hashim (descendants de Hashim, l'arrière grand père du Prophète Mohammad) suivants : 'Abdullah b. al-'Abbas, al-Fadl b. al-'Abbas, 'Ubaydillah b. al-'Abbas, Qiththam b. al-'Abbas, 'Abd al-Rahman b. al-'Abbas, Tamam b. al-'Abbas, Aqil b. Abi Talib, Abu Sufyan b.
al-Harth b. 'Abd al-Mutallib, Naufil b. al-Harth, 'Abdullah b. Ja'far b. Abi Talib, 'Awn b. Ja'far, Muhammad b. Ja'far, Rabi'at b. al-Harth b. 'Abd al-Mutallib, al-Tufayl b. al-Harth, al-Mughayrat b. Nawfil b. al-Harith, 'Abdullah b. al-Harth b. Nawfil, 'Abdullah b. Abi Sufyan b. al-Harth, al-'Abbas b. Rabi'at b. al-Harth, al-'Abbas b. 'Utbah b. Abi Lahab, 'Abd al-Mutallib b.
Rabi'at b. al-Harth, Ja'far b. Abi Sufyan b. al-Harth. La liste des chiites parmi les compagnons du Prophète qui n'étaient pas les bani Hashim inclut : Salman, Miqdad, Abu Dharr, 'Ammar b. Yasir, Hudhayfah b. al-Yaman, Khuzaymah b. Thabit, Abu Ayyub al-Ansari, Abu al-Haytham Malik b. al-Tihan, Ubayy b. Ka'b, Qays b. Sa'd b. 'Ubadah, 'Adiy b. Hatam, 'Ubadah b. al-Samit, Bilal al-Habashi, Abu Rafi', Hashim b. 'Utbah, 'Uthman b. Hunayf, Sahl b. Hunayf, Hakim b. Jibillah al-'Abdi, Khalid b. Sa'id b.
al-'Aas, Ibn Husayb al-Aslami, Hind b. Abi Halah al-Tamimi, Ju'dah b. Hubayrah, Hujr b. 'Adiy al-Kindi, 'Amr b. al-Hamq al-Khuza'i, Jabir b. 'Abdullah al-Ansari, Muhammad b. Abi Bakr (le fils du premier Khalif), Aban b. Sa'id b. al-'Asi, and Zayd b.
Sauhan.[14]