« La causerie du conformisme (al-taqlîd) » La causerie du conformisme (al-taqlid)

« La causerie du conformisme (al-taqlîd) »
Mon père a dit en commençant la causerie du conformisme (al-taqlîd) :

- Laisse moi t'expliquer, d'abord, le sens du conformisme.

Il consiste à ce que tu te réfères à un faqîh pour agir selon sa fatwa. Tu dois, donc, agir en fonction de ce qu'il a ordonné et éviter ce qu'il a proscrit sans réflexion, vérification ou sélection. En le faisant, tu mets ton acte, tel un collier, autour du cou du faqîh ayant prononcé la fatwa et tu lui fais porter la responsabilité devant Dieu.

Mais pourquoi faut-il suivre ou se conformer à l'avis d'un faqîh?

- Tu sais déjà que le Législateur Sacré t'a ordonné de faire des choses et t'a interdit de faire d'autres... Il t'a ordonné des obligations que tu dois en tout cas accomplir et t'a défendu de commettre des interdictions. Mais qu'est-ce qu'Il t'a ordonné? Et qu'est-ce qu'Il t'a défendu? Quelques-unes unes de Ses injonctions sont claires dans la loi légale (al-shar?‘a). Tu peux, grâce à ton éducation engagée, discerner quelques-uns uns de Ses injonctions et de Ses interdictions. Mais la majorité écrasante d'entre-elles restera pour toi, et pour beaucoup d'autres, inconnue ou confuse.

Mon père ajouta :

- Tu sais que la loi musulmane a traité tous les domaines de ta vie. Elle a émis pour chaque situation une règle ou un jugement. Comment peux-tu connaître la règle légale relative à telle ou telle question durant l'exercice de tes diverses activités? Comment peux-tu savoir que tel acte est licite aux yeux de Législateur Sacré et que l'autre est jugé illicite par Lui et que tu dois, par conséquent, l'éviter?

Crois-tu que tu puisses revenir pour n'importe quelle question, petite ou grande, aux preuves légales pour déduire la règle légale?

Et pourquoi pas!?

- Le temps qui sépare ton époque de celle de la législation est trop grand. A cette distance temporelle, il faut ajouter la perte de plusieurs textes légaux, les évolutions linguistiques et l'apport insidieux des inventeurs des hadiths apocryphes ce qui rend très difficile la déduction des règles légales.

La situation se complique davantage lorsqu'on évoque l'authenticité discutable de quelques rapporteurs de chroniques et de hadiths.

Mais, supposons que, d'une façon ou une autre, tu as pu authentifier la véracité, la minutie et la sincérité des rapporteurs de tel ou tel texte et aussi, à réduire la distance temporelle en comprenant avec exactitude le sens des mots, est-ce que, pour autant, tu crois pouvoir maîtriser un savoir profond, étendu, très ramifié et riche de préambules détaillés te permettant de répondre à tes nombreuses interrogations?

Que dois-je faire donc?

- Tu dois te référer aux spécialistes de cette science c'est-à-dire les fuqahâ’ pour puiser tes règles auprès d'eux et les suivre non seulement dans le domaine de la jurisprudence, mais dans toutes autres sciences. La civilisation moderne a développé la spécialisation dans toutes sciences. En effet, chaque science a ses hommes et ses spécialistes vers lesquels on se retourne pour trouver les réponses adéquates à des questions relatives à telle ou telle science.

Mon père poursuivit en disant :

- Prenons un exemple touchant à la médecine. Que ferais-tu si -que Dieu te garde en bonne santé!- tu tombes malade ?

Je consulte un médecin. Je lui expose mon état de santé afin qu'il puisse diagnostiquer la pathologie et me prescrire le médicament adéquat.

- Mais pourquoi ne ferais-tu pas le diagnostic et ne te prescris-tu pas le médicament tout seul?

Car je ne suis pas un médecin.

- C'est le cas aussi pour la jurisprudence. Tu as besoin de te référer à un faqîh spécialiste pour connaître les commandements et les interdictions de Dieu et pour lui exposer ton problème légal, de la même façon que tu consultes un médecin spécialiste pour des questions médicales ou pour savoir la nature de ta maladie.

Par conséquent, tu as besoin de te conformer à l'avis d'un faqîh dans le domaine de sa spécialité comme tu as besoin de suivre ou de te conformer à l'avis du médecin dans les questions médicales.

Et puisque tu vas tout faire pour trouver le médecin vertueux et compétent dans son domaine surtout lorsque ta maladie est grave, tu es tenu d'agir de la même façon pour trouver un faqîh expert en sa matière pour te conformer à son avis et puiser la règle légale chaque fois que les circonstances l'imposent.

Mais comment pourrais-je savoir que tel homme est un faqîh? Et qu'il est le plus savant et le plus vertueux des fuqahâ’?

Mon père répondit en disant :

- Laisse moi te poser une question. Comment peux-tu savoir que tel médecin est vertueux et qu'il est le meilleur dans son domaine pour que tu lui confies ton corps pour le soigner?

Je lui ai répondu :

Je le saurais en interrogeant les personnes intéressées par la médecine, qui ont de la connaissance et de l'expérience en la matière ou en prenant compte de la renommée populaire et professionnelle du médecin en question.

- Exactement... Et c'est de la même façon que tu peux connaître le faqîh ou le faqîh le plus savant.

Tu poseras la question à une personne respectueuse des obligations et des interdictions, digne de confiance, jouissant de nombreuses qualités dont la capacité, le savoir, l'équité et l'expérience nécessaire pour distinguer le niveau scientifique des personnes selon leurs domaines.

Il se peut aussi que l'information concernant la connaissance et le savoir approfondi d'un faqîh en comparaison avec ses collègues soit répandue et diffusée de telle sorte que cette grande réputation te permette d'avoir la certitude que la personne en question est la plus compétente et la plus savante.

Hormis un savoir profond dans la jurisprudence, y a-t-il d'autres conditions que doit réunir la personne qu'on doit suivre après avoir atteint l'âge mûr?

- Le faqîh que tu dois suivre doit être un homme, ayant toutes ses capacités mentales, croyant, juste, vivant et non mort, de naissance saine -qui eut lieu selon les règles et les critères légaux-, qui n'est pas fréquemment sujet d'erreur, d'oubli ou d'inadvertance (al-ghafla).

Très bien! Me voici donc un homme mûr. Tu m'as appris des choses sur le conformisme (al-taqlîd). Mais que dois-je faire maintenant?

- Tu dois suivre le faqîh le plus savant de ton époque. Tu dois agir selon ses fatwas dans toutes tes actions... que ce soit pour les règles des ablutions partielles (al-wud.ü’), des grandes ablutions (ghusl), la purification avec du sable ou avec de la terre (al-tayammum), la prière, le jeûne, le pèlerinage, le quint (al-khums), l'aumône légale (al-zakât) etc... Tu dois aussi te conformer à son avis dans tes échanges... tels que dans les opérations d'achat, de vente et de transaction financières, le mariage, le labeur, la location, le gage, le testament, la donation, le legs pieux (al-waqf) etc ...

Puis, j'ai commencé à énumérer d'autres domaines avec mon père...

Le commandement du bien et l'interdiction de blâmable, la foi en Dieu, en Ses prophètes et Ses messagers, et...

- Non! La croyance en Dieu, en l'Unicité, en la prophétie de notre prophète Muhammad (pbAsl), en les douze Imâms (bs eux), et au Jour Dernier... sont des questions au sujet desquelles on ne peut se conformer à quiconque. Elles font partie des fondements (al-us.ül) de la religion et le conformisme n'est pas permis dans ce domaine. Tout musulman doit croire en cela avec une catégorique conviction, sans doute, sans confusion et sans distorsion dans l'espoir de chercher et atteindre une foi pure en Dieu. Tout musulman doit utilisé, à cet effet, toutes les capacités mentales que Dieu lui a octroyées afin d'avoir une conviction complète et inébranlable...

Bien... N'ai-je pas le droit de se conformer à l'avis d'un faqîh en dépit de l'existence d'un autre faqîh plus savant dans son domaine?

- Tu peux le faire si tu ignores qu'il y a des différences entre les fatwas de ce faqîh et celles du faqîh le plus savant concernant le sujet qui t'intéresse.

Et que faire si je suis l'avis du faqîh le plus savant qui n'a, cependant, pas émis de fatwa relative à mon interrogation ou qui en a une mais je n'arrive pas à la connaître?

- Tu dois te référer au faqîh qui se classe juste après lui dans le domaine du savoir.

Et si tous ces fuqahâ’ ont le même niveau de savoir?

- Dans ce cas, tu te réfères à celui qui est le plus dévot, c'est-à-dire celui qui est plus constant et plus vigilant dans les avis et les fatwas qu'il prononce.

Et si aucun d'eux n'est plus dévot que les autres?

- Alors, tu peux agir selon la fatwa d'un d'entre eux sauf dans quelques cas particuliers où tu dois faire preuve de précaution et que je ne peux t'exposer maintenant.

Bien... Je peux, en cas de besoin, consulter un médecin pour avoir son avis sur mon état de santé, mais comment pourrais-je savoir les fatwas du faqîh que je dois suivre concernant mes questions légales (religieuses)? Comment pourrais-je les atteindre pour les mettre en pratique? Dois-je le consulter pour toute chose?

- Tu peux savoir sa fatwa en lui posant directement la question, ou en t'adressant à un homme digne de confiance et connu par son intégrité dans la transmission de ces fatwas ou en te référant à ses écrits, notamment à son épître pratique à condition d'être certain de son authenticité.

Et si je te demandais, toi l'homme de confiance et d'intégrité, de m'aider à connaître les fatwas du faqîh que je dois suivre...

- Mon père sourit, alors, avec gravité et sérénité puis se redressa. Une lueur étincelante traversa ses yeux annonçant, déjà, le rendez-vous de notre prochaine séance.

- Il répondit : Entendu. Nous commencerons par la prière.

Puis, il ajouta :

- Mais la prière exige la pureté (al-t.ahâra) de la personne de toute souillure pouvant affecter sa pureté.

Mais qui peut souiller la pureté de la personne?

- La pureté de la personne est souillée par :

1 - des choses matérielles relevant de l'action des sens telles que les impuretés (al-najâsâ).

2 - et des choses morales imperceptibles aux sens, même lorsqu'elles surviennent. Je fais allusion ici à l'impureté majeure (al-janâba), aux menstrues (al-hayd.), à la perte anormale de sang chez la femme (al-istihad.a), à l'écoulement sanguin après l'accouchement (al-nifâs), au fait de toucher un mort, au sommeil, à l'écoulement d'urine ou d'excréments, aux flatulences. Toutes ces choses imposent qu'on les enlève soit par des ablutions mineures (al-wud.ü’), soit par des ablutions majeures (al-ghusl) soit, enfin, par la purification avec du sable ou de la terre (al-tayammum).

La structure de ce travail nous amène avant de parler de la prière, à commencer, d'abord, par notre discussion sur les impuretés. On va les définir avant d'évoquer leurs «purificateurs» garantissant la pureté du corps de tout ce qui peut la souiller et l'affecter.

Nous poursuivrons en précisant ce qu'il faut faire en cas d'impureté, notamment pour savoir quand faut-il «la laver avec des ablutions partielles (al-wud.ü’)» ou «l'essuyer avec la purification sèche (al-tayammum)» et ce en fonction de la nature cette impureté : de l'urine, des excréments, des flatulences, le sommeil, une perte minime et anormale de sang chez la femme etc...

Nous continuerons notre dialogue en précisant les cas où il est obligatoire de «la laver avec des ablutions majeures (al-ghusl)», ou «l'essuyer avec la purification sèche (al-tayammum)», que cette impureté soit une impureté majeure (al-janâba), des menstrues (al-hayd.), une perte anormale de sang chez la femme (al-istihad.a), un écoulement sanguin après l'accouchement (al-nifâs) ou le fait de toucher un mort.

Lors de la causerie de la prière, nous essayerons d'écarter de notre chemin tout ce qui empêche ou gêne le rapprochement au Dieu (qu'Il soit exalté) pour jouir à la fin du plaisir de se tenir debout devant Lui pour Le glorifier, Le louer, attester de Son Unicité, se délecter de notre passion ardente pour Lui et L'implorer pour qu'Il nous compte parmi ceux qui ont le cœur profondément épris de Son amour.

Après la discussion sur la prière, nous débattrons des sujets aussi important tels que le jeûne, le pèlerinage etc...

Nous commencerons donc par les impuretés?

- Oui, nous en parlerons après demain si Dieu le veut.

Si Dieu le veut.

« La causerie de l'impureté (al-najâsâ) »
Mon père, les yeux ornés d'un éclat de détermination réfléchie, commença la discussion en disant :

Laisse-moi d'abord t'exposer une règle générale qui a une grande influence dans ta vie : « Toute chose est pure ». Toute chose... : les mers, la pluie, les rivières, les arbres, le désert, les montagnes, les rues, les immeubles, les maisons, le mobilier, les affaires, les divers vêtements, tes frères musulmans etc... etc. Toute chose est pure..

Toute chose est pure jusqu'à ce qu'elle soit touchée d'une impureté sauf...

Sauf quoi?

- Sauf ce qui est impure par sa nature, par sa structure ou par son essence.

Qu'est-ce qui est impure par sa nature et par son essence?

- Il s'agit de dix choses que je vais t'énumérer dans les points suivants :

«1, 2» : L'urine et les excréments de l'homme ainsi que ceux de tout animal dont la consommation de la viande est illicite et si cet animal à une âme coulante (nafs sâ’ila) comme le chat [et l'urine de tout animal n'ayant pas d'âme "coulante" mais qui a de la viande].

Mais que signifie âme coulante ?

- C'est une expression que tu vas entendre plusieurs fois durant cette discussion et il préférable que je t'en donne quelques éclaircissements.

On dit : Cet animal a une âme coulante... si, lors de son abattage, le sang en sort violemment signe que cet animal a des artères.

On dit aussi : Cet animal n'a pas d'âme coulante si le sang en sort faiblement et doucement lors de son abattage en raison de l'absence d'artères. C'est le cas des poissons.

«3» : La bête morte (al-m?ta) ayant une âme coulante même si elle est licite à la consommation. La règle concerne les parties vivantes qu'on en découpe.

Mais c'est quoi une bête morte (al-m?ta)?

- Toute bête qui meurt sans être égorgée selon la loi musulmane.

Par exemple?

- L'animal qui succombe suite à une maladie, à un accident ou suite à un abattage non respectueux de la loi musulmane.

Et lorsque l'être humain meurt, son corps devient-il impure?

- Oui, sauf lorsqu'il s'agit d'un martyr ou d'une personne ayant fait les ablutions majeures pour qu'on applique les peines légales ou le talion (al-qas.âs.) sur elle.

Et tous les autres demeurent impures?

- Non, le corps du mort devient pur après les trois ablutions majeures que je t'expliquerai dans une prochaine causerie.

«4» : Le sperme de l'être humain ou d'un animal ayant une âme coulante [ même si sa viande est licite à la consommation].

«5» : Le sang qui sort du corps de la personne et de tout animal ayant une âme coulante.

Et le sang de l'animal n'ayant pas d'âme coulante?

- Il est pur comme celui des poissons par exemple.

«6» : Le chien en entier, mort ou vivant.

«7» : Le porc en entier, mort ou vivant.

Et pour ce qui est du chien de mer (la loutre) et du marsouin?

- Ils sont purs.

«8» : Le vin ainsi que la bière.

«9» : Le mécréant vivant ou mort, hormis le chrétien, le juif et le mazdéen.

«10» : La transpiration de l'animal jallâl, c'est-à-dire l'animal qui a l'habitude de manger les excréments humains.

Telles sont les dix choses jugées impures par nature. Leur impureté se transmet à tout ce qui les touche ou s'y frotte avec l'existante de l'humidité.

Et en cas d'absence d'humidité entre la chose impure et celle qui la touche?

- Dans l'absence d'humidité, l'impureté ne se déplace pas car elle ne peut le faire en cas d'aridité et de manque d'humidité ou de moiteur.

L'urine et les excréments des animaux licites à la consommation tels que les bovins, les ovins, la volaille et toutes les sortes d'oiseaux sont-ils purs ou impurs?

- Ils sont purs

Et les fientes des chauves-souris?

- Elles sont pures aussi.

Et les plumes de la bête morte, les poils, la laine, les ongles, les cornes, les os, les dents, les becs et les serres...?

- Ils sont tous purs.

Et la viande qu'on achète pour la consommer et on constate qu'il y a du sang par-dessus?

- Ce sang est pur... Et tout sang qui persiste dans la bête immolée selon la loi musulmane est pur.

Et les crottes des rats et des souris...?

- Elles sont impures. Tu aurais pu répondre à cette question si tu avais réfléchi à ce que je t'ai énuméré... Oui, tu aurais pu répondre car ces animaux possèdent des veines desquelles le sang giclera en cas d'égorgement.

Les yeux de mon père retrouvèrent l'éclat réfléchi que j'ai constaté au début de notre dialogue. Il me fixa du regard et dit :

- J'ai commencé cette causerie avec toi en partant d'une règle général qui a un grand impact dans ta vie et je la conclurai avec d'autres règles générales aussi importantes.

La première règle : Tout chose qui, au départ, était pure puis tu doutes si elle a été souillée ou non par la suite, doit être considérée comme pure.

Peux-tu me donner un exemple concret?

- Le drap de ton lit était, auparavant, pur. Mais, maintenant, tu doutes s'il a été au contact d'une impureté ou s'il est toujours pur? Dans ce cas, tu dois dire : le drap de mon lit est pur.

La deuxième règle : Tout chose qui, au départ, était impure puis tu doutes si elle a été purifiée ou non par la suite, doit être considérée comme impure.

Par exemple?

- Ta main était, par exemple, impure. Tu en étais certain. Mais, par la suite, tu doutes si tu l'as purifié ou non. Tu dois, donc, dire : ma main est impure.

La troisième règle : Toute chose dont tu y ignores l'état précédent, si elle était impure ou non doit être considérée comme pure.

Par exemple?

- Un liquide dans un verre dont tu y ignores l'état précédent, s'il était impur ou pur, tu dois te dire : ce liquide est pur.

La quatrième règle : Pour toute chose au sujet de laquelle tu doutes si une impureté quelconque l'avait souillée ou non, tu n'es pas obligé de vérifier et d'examiner pour savoir si la chose en question est pure ou non. Tu dois dire : elle est pure, sans vérification ou examen même si cette opération est facile à réaliser.

Par exemple?

- Ton habit était pur. Tu en étais certain. Mais, maintenant, tu doutes si de l'urine l'a touché pour le rendre impur ou non. Dans ce cas, tu n'es pas obligé de vérifier et chercher la trace de l'urine sur ton habit, même si tu peux le faire sans aucune difficulté. Tu dois dire : mon habit est pur.
« La causerie de la pureté (al-t.ahâra) »

Avant l'arrivée de mon père pour notre discussion du jour, j'étais plongé dans une réflexion profonde. J'essayais de mettre en pratique les informations théoriques que nous avons évoquées lors de « la causerie de l'impureté » dans ma vie quotidienne tout en corrigeant quelques fausses notions héréditaires. Mais, l'envie ardente de reprendre la discussion avec mon père pour savoir comment les choses retrouvent leur pureté originale et leur belle limpidité après avoir été viciées par l'impureté interrompit ma réflexion.

Aussi, dès son arrivée, j'ai interpellé mon père en disant :

Tu m'as dit hier que les choses pures perdent leur pureté en cas de contact avec l'impureté. Mais comment retrouvent-elles leur pureté initiale?

- L'élément le plus utilisé pour redonner aux choses leur pureté perdue est «l'eau». Il faut que la chose ou la personne souillée se purifie de ses impuretés par l'eau ou qu'elle soit lavée avec. Par conséquent, nous commencerons par...

Le premier purificateur : l'eau.

Mon père ajouta :

- L'eau absolue et ajoutée.

Mais, c'est quoi l'eau absolue?

- L'eau absolue est celle que nous buvons, que boivent les animaux et avec laquelle on arrose les champs. Il s'agit de l'eau des océans, des mers, des fleuves, des rivières, des puits, des canaux, de la pluie et des canalisations qui nous arrivent des châteaux construits ici et là dans les campagnes et dans les villes. L'eau continue à être pure même si de la boue ou du sable s'y mêlent comme il est le cas pour l'eau des côtes et des fleuves.

Et l'eau ajoutée..?

- L'eau ajoutée tu peux la connaître facilement lorsque tu associes au terme eau un autre mot en parlant par exemple de : eau de fleurs, eau de grenadine, eau de raisin, eau de carotte, eau de melon, eau de lessive. Tu constates que l'eau en question dans ces exemples ne concerne pas le sujet dont nous parlons puisque nous nous intéressons à l'eau que nous buvons et avec laquelle nous nous purifions.

En outre, l'eau et l'eau absolue sont de deux sortes : inviolable (mu‘tas.am) et violable (ghayr mu‘tas.am)

Eau inviolable!! Que veux-tu dire par ça?

- L'eau inviolable est celle qui ne peut devenir impure après son contact avec l'impureté sauf lorsque sa couleur, son goût ou son odeur changent. Quant à l'eau violable, elle concerne l'eau qui devient impure dès son contact avec l'impureté même une des trois caractéristiques citées (couleur, goût et odeur) n'est pas altérée.

Quelles sont les eaux inviolables?

- Les eaux inviolables sont :

1 - L'eau abondante, autrement dit lorsque sa quantité dépasse al-kur ou 36 empans cubes. C'est le cas de l'eau des robinets des maisons reliés aux divers châteaux et stations de pompage. C'est le cas, aussi, de l'eau des réservoirs d'eau construits sur les maisons si leur capacité dépasse al-kur ou s'ils sont reliés à un robinet branché à un réseau de distribution ininterrompue.

2 - L'eau du puits

3 - L'eau courante telle que celle des fleuves, des affluents, des canaux et des sources.

4 - L'eau de la pluie lors de sa chute.

Telles sont les eaux inviolables.

Et quelles sont les eaux violables?

- Il s'agit des eaux des petits bassins, des récipients, des bouteilles, des verres et autres eaux stagnantes sauf celle du puits et dont la quantité ne dépasse pas al-kur. Cette eau est appelée, également, l'eau infime. Et tu sais bien qu'elle devient impure dès son contact avec l'impureté.

Et en ce qui concerne l'eau ajoutée?

- Sa règle est la même que celle de l'eau infime. Elle devient impure dès son contact avec l'impureté peu importe que sa quantité soit grande ou petite, comme le thé par exemple. Tu peux intégrer sous l'appellation "eau ajoutée", le lait, le pétrole, les liquides médicamenteux, etc qui deviennent impurs dès leur contact avec l'impureté.

Mon père dit tout cela avant de poursuivre :

Toute eau infime qui rejoint l'eau abondante devient inviolable tant que le lien reste établi. Ainsi, si on branche un petit réservoir à un robinet, l'eau du réservoir devient inviolable. L'eau d'une marmite posée dans un évier sur laquelle on fait couler l'eau du robinet relié à al-kur, devient inviolable tant que la liaison est continue. Etc...

Bien... Quel est le jugement si des gouttes de sang tombent dans un réservoir d'une capacité supérieure à al-kur..?

- Le réservoir ne devient impur que si les gouttes sont tellement nombreuses que l'eau est devenue jaune à cause du sang.

Et si ces gouttes tombent dans un petit récipient?

- Le récipient devient impur.

?Et si on ouvre l'eau du robinet sur le récipient jusqu'à ce que l'eau qu'il contient retrouve son état original?

- L'eau devient pure [mais redevient impure une seconde fois dès que l'eau du robinet s'arrête. En outre, le récipient en question ne devient pur qu'après l'avoir lavé trois fois].

Si on verse l'eau de la cruche sur une chose impure. Est-ce que l'eau de la cruche devient impure?

- Pas du tout, car l'impureté ne remonte pas à travers le jet d'eau qui sort de la cruche. Aussi, ni ce jet ni l'eau qui reste dans la cruche deviennent impurs.

?Comment l'eau de la pluie purifie-t-elle les choses?

- Si elle tombe par-dessus. Ces choses impures concernent, par exemple, le sol, un habit, des couvertures ; dont l'eau doit couler par la suite ; un récipient etc... à condition, toutefois, qu'il s'agissait, selon la conformité coutumière (al-s.idq al-‘urf?), de pluie et non de quelques gouttes qui ne peuvent être appelées comme tel.

Est-ce que la chute de la pluie une seule fois sur ces choses suffit pour qu'elles deviennent pures?

- Oui, sauf pour le corps et l'habit souillés par l'urine qui exigent de nombreuses fois [et aussi pour un récipient].

Est-ce que l'eau de la pluie purifie l'eau impure?

- Oui, si elle s'y mélange.

Et comment purifier les choses impures avec une petite ou une grande quantité d'eau?

- Tout chose impure se purifie en la lavant avec de l'eau que ce soit en petite ou en grande quantité. Mais, le lavage avec peu d'eau exige que l'eau du lavage soit complètement extraite de la chose impure.

Est-ce que toutes les choses impures doivent se purifier ainsi?

- Oui, à l'exception de ce qui suit :

(1) - Les ustensiles souillés par le vin tels que les bouteilles, les verres et autres doivent être lavés trois fois.

(2) - Les ustensiles dans lesquels un rat est mort ou un porc a lapé doivent être lavés sept fois.

(3) - Les affaires devenues impures par l'urine d'un nourrisson qui ne se nourrit qu'avec le lait, se purifient en versant, tout simplement, une quantité d'eau nécessaire pour couvrir la partie souillée. En effet, il n'est pas nécessaire de procéder à un essorage si la chose souillée est un tissu par exemple.

(4) - Les ustensiles léchés par un chien ou dans lesquels il a lapé doivent, d'abord, être essuyé par la terre puis lavés deux fois à l'eau. Et si le chien fait tomber sa salive dans un ustensile ou l'a touché avec tous ses membres, [il faut essuyer l'ustensile, en question, avec de la terre puis le laver trois fois à l'eau].

C'est quoi le lapement du chien?

- C'est lorsqu'il boit à coups de langue ce qu'il y a dans un récipient.

(5) - Les vêtements souillés par l'urine doivent être lavés une fois par l'eau courante, ou deux fois par l'eau d'al-kur et des robinets ou enfin deux fois par une petite quantité d'eau suivies d'un essorage. Quant aux vêtements souillés par autre chose que l'urine, tu dois les laver une fois avec une petite quantité d'eau avant de les essorer ou une fois sans essorage lorsqu'il s'agit d'eau abondante.

(6) - Le corps souillé par l'urine se purifie comme il est indiqué dans le paragraphe précédent. Et si le lavage s'effectue avec une petite quantité d'eau, il est indispensable de séparer l'eau de purification du corps selon la façon habituelle.

(7) - Le fond d'un récipient souillé par autre chose que le vin, le lapement, le léchage, la salive d'un chien, un rat mort ou le lapement d'un porc, doit être purifié trois fois par l'eau en petite quantité ou par l'eau abondante, courante ou de pluie [trois fois aussi].

Et pour ce qui est de l'extérieur d'un récipient?

- Il se purifie en le lavant une seule fois même avec une petite quantité d'eau.

Comment pourrais-je purifier ma main impure alors que je n'ai que peu d'eau?

- Si elle n'est pas souillée par l'urine, tu verses par-dessus l'eau une seule fois. Et si l'eau du lavage se sépare de ta main, celle-ci redevient pure.

Le deuxième purificateur : le soleil.

Que purifie le soleil?

- Le soleil purifie le sol et tout ce qu'il englobe tels que les constructions, les murs, les nattes et al-bawâr? (papyrus) à l'exception de ce qu'elles englobent comme fils, [mais on ne peut y adjoindre les portes, les boiseries, les pieux (piquets), les arbres et leurs feuilles, les plantes, les fruits avant leur cueillette et toute autre chose fixe sur la terre]

Comment le soleil purifie-t-il le sol et les constructions?

- Grâce à ses rayons qui assèchent les endroits impurs, à condition toutefois que le corps concret de l'impureté disparaisse.

Et si le sol était sec et que nous voulons le purifier avec le soleil?

- Dans ce cas, il faut verser de l'eau par-dessus et une fois que le soleil l'aurait asséché, il devient pur.

Et si le sol fut souillé par l'urine puis le soleil la assécher?

- Le sol devient pur à condition que le corps concret de l'urine disparaisse.

Qu'en est-il pour les cailloux, la terre, la boue et les roches accrochées à la terre souillée par l'urine avant que le soleil l'assèche?

- Ils deviennent purs aussi.

Et le clou planté dans le sol ou sur une construction..?

- [Sa règle n'est pas celle qui s'applique au sol, il ne peut donc être purifié par le soleil].

Le troisième purificateur : la disparition du corps concret de l'impureté de l'intérieur de la personne non sujette aux menstrues et du corps de l'animal.

Peux-tu me donner un exemple dans ce sens?

- La disparition du sang de l'intérieur de la bouche, ou des narines ou de l'intérieur de l'oreille implique la disparition du corps concret de l'impureté.

Aussi, dès que le sang disparaît, la bouche, le nez, l'oreille ou l'œil deviennent purs et il n'y a pas besoin de les laver à l'eau.

Et pour ce qui est du corps de l'animal?

- Exactement la même chose. Ainsi, dès que le sang disparaît du bec de la poule, celui-ci devient pur. On peut dire la même chose du sang qui disparaît de la bouche du chat, etc...

Est-ce que la seringue qui rentre en contact avec le sang d'un être humain ou d'un animal devient impure?

- Pas du tout, si la seringue en sort sans qu'elle soit altérée de sang. Le contact avec l'impureté à l'intérieur du corps n'implique pas une impureté.

Le quatrième purificateur : Le sol... ou tout ce qu'on peut appeler un sol pur tels que les cailloux, le sable, la poussière, la dalle, le ciment non mélangé à du goudron etc... Toutefois, il est obligatoire que le sol soit [sec] et pur.

Comment pourrais-je savoir s'il est pur?

- Le sol est pur tant que tu ignores qu'il est altéré par une impureté.

Que purifie le sol?

- Il purifie la plante des pieds, les chaussures avec lesquelles on a marché ou qu'on a essuyé à condition que l'impureté accrochée au pied ou à la chaussure disparaisse suite à la marche ou à l'essuyage et qu'elle soit due à un sol impur qu'on a foulé. [Mais si l'impureté est due à une autre cause, le sol ne peut purifier ni le pied ni la chaussure].

Le cinquième purificateur : la subordination (al-taba‘iyya).
Peux-tu me donner un exemple relatif à la subordination ?

- Le mécréant jugé impur devient pure s'il se convertit à l'Islam. Son enfant qui était auparavant impur le devient par «subordination». Le grand-père, la grand-mère et la mère deviennent purs s'ils se convertissent à l'Islam et, «par subordination», leur jeune enfant qui était impur. Tout ceci, si le jeune enfant était sous la responsabilité et la charge de l'adulte converti et qu'il n'y a pas un mécréant plus proche à cet adulte.

Le vin transformé en vinaigre, devient pur et, «par subordination», le récipient qui le contenait.

Le mort ayant subi trois ablutions majeures devient pur et «par subordination», la main de la personne qui a effectué la toilette mortuaire, le brancard sur lequel le mort fut lavé ainsi que les vêtements qu'il portait durant cette opération.

Le tissu impur si tu le laves, par exemple, avec une petite de quantité d'eau, devient pur et, «par subordination», la main qui l'a lavé.

Le sixième purificateur : l'Islam.

Comment l'Islam peut-il être purificateur? Et que purifie-t-il?

- L'Islam purifie le mécréant impur dès sa conversion et toutes les parties de son corps le deviennent aussi.

Le septième purificateur : L'absence du musulman majeur ou de l'enfant raisonnable.

Que signifie l'absence du musulman?

- C'est-à-dire que tes yeux ne peuvent le voir.

Et s'il s'éloigne?

- Il devient pur ainsi que ses affaires personnelles tels que les vêtements, le lit et les ustensiles de cuisine, si tu supposes qu'il les a purifiés.

Peux-tu me donner un exemple à ce sujet?

- Le vêtement de ton frère était impur et peu importe s'il le savait ou non. Par contre, toi tu savais que ton frère observait les règles légales ou non. Ton frère s'absente puis revient et si tu supposes qu'il a purifié son vêtement, tu dois, donc, dire : le vêtement de mon frère est pur.

Tu dois dire cela sans lui poser la question.

Le huitième purificateur : la transmission (al-intiqâl)

Par exemple?

- Supposons que le sang d'une personne fut sucé par une punaise, une puce ou un pou, des insectes qui n'ont pas de sang selon la coutume. Si tu tues un de ses insectes et que ce sang colore ton corps ou tes vêtements, ce sang est pur.

Le neuvième purificateur : la transformation (al-istihâla)

La transformation signifie la transformation d'une chose en une autre chose. Une transformation qui ne se limite pas au changement du nom de la chose, de sa caractéristique ou à la désagrégation de ses composants.

Peux-tu me donner un exemple?

- Le bois impur s'il se consume et devient de la cendre, celle-ci est pure. Et si les crottes des animaux ont été utilisées comme combustible, la cendre qu'elles laissent dans le foyer est pure, ainsi de suite...

Le dixième purificateur : Après écoulement normal du sang d'un animal égorgé selon la loi musulmane, le sang qui reste dans le corps de cet animal est pur.

Le onzième purificateur : La transformation du vin en vinaigre car, lors de sa formation, le vinaigre passe, quelques fois, par le stade du vin puis se transforme en vinaigre et devient, par conséquent pur.

Le douzième purificateur : la privation imposée à l'animal jallâl (qui mange les excréments humains)

- Si un animal dont la viande est licite à la consommation est habitué à manger les excréments humains, sa viande et son lait deviennent illicites et son urine, ses fèces et sa transpiration deviennent impures.

Comment se déroule la privation imposée à l'animal jallâl?

- Ceci s'effectue en l'empêchant de manger les impuretés pendant un certain temps, après quoi, il n'est plus un animal jallâl mais un animal normal.

Et dans ce cas?

- Dans ce cas, on juge que sa viande et son lait son pure comme nous l'avons dit.