Intro: Athéisme
Athéisme
Refutation de l'Athéisme
Intro:
Au nom d'Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux.
Ce qui éloigne l'homme de la Vérité, et qui le plonge dans le bourbier de la dépravation, c'est le “vide idéologique”.
Nous sommes témoins aujourd'hui, du délabrement des forces créatrices, des gens dotés d'intelligence, qui, inconsciemment, se détournent de la plus riche source culturelle qu'est la religion, pour laisser périr leur pensée dans le monde nouveau.
Des soi - disant philosophes et savants exposent, à la génération assoiffée et pleine d'enthousiasme de nos jours, leurs doctrines imparfaites, incapables de répondre aux besoins et aspirations spirituels de l'humanité.
Evidemment, nul esprit vivant et actif ne peut accepter ces doctrines.
Sans doute, l'injustice et la misère proviennent de la contradiction existant entre le monde et la vie de l'homme. Mais, nous pensons que l'Islam et le monothéisme, qui contiennent de vastes et sérieuses analyses philosophiques et scientifiques sur la vie de l'homme, sont aptes à extirper cette contradiction, et à diriger les hommes vers un avenir clair.
Cependant, tout système idéologique, voire ayant des bases éternelles, doit être réexposé, à chaque génération nouvelle, conformément aux critères de l'époque. Et cette tache incombe à tout penseur musulman engagé.
Dans l'univers aux frontières infinies, seul Dieu mérite d'être adoré et loué par l'homme. La quête de Son agrément et de Sa satisfaction doit avoir la priorité chez tout être aimant Dieu. Cette goutte qu'est l'homme ne sera à l'abri des tempêtes de la déviation et de la corruption que si elle rejoint le grand océan dans lequel elle trouvera son identité authentique, et accédera l’éternité?
Dieu sera alors pour l'homme celui qui donne un sens au monde, et par qui s'expliquent tous les évènements, et à partir de là, il comprendra d'où viennent l'ampleur et l'étroitesse des univers des hommes.
Les raisons de la mécréance et de l'athéisme
Dans les ouvrages traitant de l'histoire des religions, on étudie avec un soin particulier les facteurs et mobiles entraînant les hommes vers la religion. Mais cet effort est sans résultat, parce qu'en tenant compte de.la nature fondamentalement monothéiste de l'homme, -nature par laquelle il se distingue des autres créatures, et qui est distincte de ses autres facultés comme la pensée, la volonté et autres aptitudes-, on devrait parvenir à l'indentification des facteurs ayant conduit l'homme à fouler aux pieds, sa vraie nature et à s'éloigner de la religion.
La foi est naturelle à l'homme; c'est le matérialisme qui est contraire à l'essence humaine. Quand l'homme est inapte à connaître le dieu authentique, il se forge forcément des idoles, fussent - elles la nature ou le déterminisme historique. Petit à petit, cette fausse divinité emplit son univers mental, et devient pour lui source de droit, de justice, et d'orientation. C'est ainsi que l'homme troque son vrai Dieu contre des idoles, ce qui est essentiel contre ce qui est accidentel, et le précieux contre le vil.
Il voue ainsi un culte à des objets qui n'ont qu'une existence imaginaire et leur reconnaît les mêmes attributs que ceux du Créateur.
Quand nous aborderons la question d'une façon plus détaillée, nous verrons que l'apparition du matérialisme en Europe en tant que doctrine, la rupture des liens des hommes avec leur créateur, l'aliénation par la matière et l'émergence de la science comme religion, sont tous les causes d'une série de facteurs historiques et sociologiques, rendues par les conditions prévalant en occident.
L'un des facteurs ayant entraîné une réaction forte et étendue en Europe, et qui a été à l'origine notamment de la libre - pensée et de la littérature anti - religieuse, fut l'inquisition ordonnée par les autorités chrétiennes au début de la Renaissance, à l'encontre de certains savants dont les découvertes contredisaient les doctrines chrétiennes.
En effet, outre ses dogmes religieux, l'Eglise avait adopté une série de croyances sur l'homme et l'univers, héritées des philosophes grecs et autres, et les mettait au même plan que les autres dogmes et toute théorie qui ne concordait pas avec les Ecritures saintes et les principes reconnus par elle, était considérée comme hérétique, et son auteur était vouée à un châtiment sévère.
Un conflit ne tarda pas à être déclenché à cause des divergences manifestes entre la science et la religion. Les savants et les penseurs virent dans la religion un obstacle à la pensée, et finalement la sclérose des esprits accompagnée d'une attitude anti - rationnelle allaient créer une atmosphère d'étouffement pour l'homme moderne, et conduire les hommes de pensée à un isolement douloureux.
Enfin, les pressions successives ont entraîné des réactions violentes qui embrasèrent toute l'Europe. Et dès que le pouvoir de l'Eglise commença à décliner et que le despotisme reculait, la pensée et la raison occidentale qui après la répression, reprenaient leurs droits, réagirent avec véhémence contre les causes des limitations qui leur furent imposées. Les penseurs se dégagèrent publiquement des liens de la religion. Les extrémismes se déchaînèrent contre la religion, et ce fut le commencement d'un processus qui s'acheva dans la séparation entre la foi et la science.
Cet esprit vindicatif finit par jeter le doute sur des questions aussi fondamentales que l'existence d'un univers métaphysique et même de Dieu.
Il était vrai que certains enseignements religieux manquaient de logique, mais cela n'avait aucun lien ni fondement dans la religion authentique.
Car se venger contre l'Eglise était une chose, mais c'en était une autre que de se hâter à des jugements négatifs sur la religion en général. Ce sont les passions et les sentiments de vengeances qui ont aveuglé les savants et les ont empêchés de s'en tenir à une attitude modérée.
C'est ainsi que s'est aggravée l'indigence spirituelle à un taux inversement proportionnelle aux progrès des sciences et de la technologie. Plus l'homme faisait de conquêtes dans l'industrie, et plus il se dégradait moralement, demeurant incapable d'inverser cette tendance.
La science est elle - même indifférente aux valeurs. On ne peut déterminer les responsabilités des hommes en s'appuyant sur elle. La science peut bien progresser aussi loin qu'elle veut, elle ne saurait éclairer davantage les hommes dans le domaine des responsabilités morales.
Les connaissances humaines sont impuissantes à appréhender l'essence de l'univers, ni même sa totalité, ou encore prédire avec exactitude l'avenir de l'humanité.
Le point de vue monothéiste qui ne se confine pas au seul aspect matériel de la vie, et qui lui fixe un sens et un objectif, offre à l'homme qui y adhère, la possibilité de comprendre l'univers en tant que tout. Il y trouve réponse aux questions fondamentales qui hantent l'esprit de tout individu. C'était là le premier facteur de déviation.
Un autre groupe de gens rejette la religion pour la raison qu'à leurs yeux l'Eglise a présenté et fait siennes les conceptions tout à fait erronées, ne pouvant absolument pas persuader un esprit éveillé. L'Eglise présentait Dieu dans une forme humaine, alors que l'homme, en quête de valeurs absolues, est toujours en train de chercher à rompre les barrières matérielles.
Sans doute, toute vérité inculquée sous forme de mythe, aura des répercussions négatives quand l'esprit atteindra sa pleine maturité.
De la représentation anthropomorphique de Dieu, et avec le primat de la foi sur la raison prôné par l'Eglise, les intellectuels ont déduit qu'une vue aussi étroite contrastait avec les critères de la science. Et comme ils ne disposaient pas d'autre moyen pour la connaissance de Dieu que les Ecritures et les institutions de l'Eglise, et qu'ils ne pouvaient pas découvrir un système supérieur pouvant à la fois satisfaire les exigences de la science et celles de la foi, le choix était tout fait pour eux. L'idée matérialiste a germé naturellement dans leurs esprits, s'est développée, et a fini par la négation de toute valeur supérieure.
Et cela sans s'arrêter un instant sur ce point que si la religion n'avait pas été falsifiée, n'avait pas été déformée par les interprétations erronées, et mêlée aux superstitions et aux déviations, elle aurait pu servir à libérer les hommes des chaînes de l'ignorance et les conduire à une saisie juste et fidèle des enseignements divins qui fournissent une réponse à toutes leurs interrogations métaphysiques.
Cependant, la forme de religion prévalant alors était trop fautive et présentait trop d'incohérences pour être acceptée. Ils n'hésitèrent pas à la rejeter en bloc. Un préjugé regrettable s'ancra dans leur esprit par lequel ils condamnèrent toutes les religions. Ce qui de leur part était une injustice envers la logique et la raison.
Cette réalité est confirmée par Walter Oscar, le physiologiste et biochimiste de renommée qui dit:
“L'indifférence manifestée par certains savants dans leurs études à l'égard de la question de l'existence de Dieu a plusieurs causes. Citons - en notamment: -Premièrement, la situation politique despotique, les conditions sociales, les mesures gouvernementales, impliquent en général la négation d'un créateur.
- Deuxièmement, la pensée humaine subit l'influence même des illusions et fantasmes. Même si l'individu ne subit aucune sorte de torture physique ou morale, il n'est cependant jamais libre totalement dans son choix et ses préférences.
“La plupart des fils de familles chrétiennes croient dans leur enfance à l'existence d'un Dieu à forme humaine. Pour eux l'homme a été créé à l'image de Dieu. Quand ces personnes entrent dans un milieu scientifique et commencent à y exercer leur profession, ils s'aperçoivent de l'immense écart conceptuel entre l'idée du créateur telle qu'elle leur a été inculquée et les concepts scientifiques rigoureusement et laborieusement établis.
Impuissants à concilier ces deux notions, ils préfèrent chasser de leur esprit l'idée même du créateur.
“La raison essentielle en est que les arguments logiques et les définitions scientifiques ne sont pas à même de changer les croyances précédentes chez ces personnes. D'autre part, elles savent bien que leur notion de Dieu est fausse, ce à quoi s'ajoutent d'autres facteurs psychologiques qui font que l'on est effrayé par l'insuffisance de conceptions religieuses, et que l'on devient indifférent à la connaissance de Dieu.”[31]
Pour cette raison, les savants de cette classe travaillèrent pour trouver des solutions scientifiques tenant lieu de réponses aux questions de l'existence, et ne comportant aucune référence ni mention de Dieu et de la religion. Ils espéraient ainsi extirper à long terme l'espoir des hommes dans la religion, et ôter à celle - ci toute influence dans l'ordre naturel et social.
Chaque fois qu'ils se retrouvaient devant une impasse, ils imaginaient différentes théories pour lui donner une solution, ou encore pour reporter sa solution jusqu'à ce que de nouvelles découvertes scientifiques leur apportent un supplément d'information. Ainsi ils s'imaginaient ne pas céder à la superstition et au charlatanisme. Bien qu'ils se libèraient du polythéisme, ils n'en retombaient pas moins dans l'athéisme.
La croyance au principe premier et la connaissance de Dieu sont un besoin inné. Mais elles ne présentent pas le même caractère de nécessité que les besoins matériels de la vie, que l'homme cherche à satisfaire sans relâche. Elles sont un besoin spirituel tout à fait distinct de la vie matérielle, qui requiert une grande perspicacité, une profondeur de vue.
Il n'y a pas de similarité de nature entre ces deux sortes de besoins.
D'autre part, comme il est plus aisé de rejeter et de renier l'existence d'un créateur invisible que de le reconnaître, ceux qui n'ont pas la capacité suffisante pour sentir cet être invisible, optent pour la voie aisée du reniement et de l'athéisme.
Nous ne pouvons cependant pas perdre de vue les suggestions des faux - religieux menant les gens à la répression de leurs instincts. Ceux - ci, indissociables de la vie de l'homme, ne sont non seulement pas en trop, mais sont aussi une force déterminante et un facteur de croissance et de mouvement dirigeant l'homme vers l'objectif qui lui a été assigné dès sa création.
Pourtant, de même qu'il ne faut pas, à l'instar d'un prisonnier totalement soumis à son geôlier, se laisser aveuglément conduire par son instinct, il ne faut pas non plus se comporter en tyran à l'égard de ses forces intérieures, et tuer tout désir instinctif. Au contraire, étant donné qu'une fonction ne pourrait être fructueuse que lorsqu'elle s'exerce librement bien que de façon contrôlée, la répression totale des instincts ne causera que la destruction de la personnalité.
Au Moyen - Age, la conception du monde prévalant dans le christianisme se tournait entièrement vers l'au - delà et l'obtention des faveurs divines après la mort. Les chrétiens ne considéraient l'ici - bas que comme absurde et futile.
Quel serait alors le rôle d'une religion sacralisant la vie cloîtrée et l'isolement, dans l'édification et l'amendement de l'homme et de la société? Cette religion qui a présenté le mariage et la formation de famille -sans lesquels il n'est point de perpétuation de l'espèce- comme une souillure, et la pauvreté matérielle comme le bonheur.
La mission de la religion, à notre sens, n'est pas de tuer l'instinct, mais de le canaliser, de lui délimiter le domaine de son libre exercice, en lui évitant les écueils de l'abus dans l'un ou l'autre sens.
En maîtrisant ses instincts, et en œuvrant sans cesse de façon à s'émanciper de ses chaînes, l'homme a pu se frayer une voie vers la réalisation de ses objectifs, volontairement et en toute liberté. Autrement, il n'aurait jamais eu la possibilité d'accéder facilement à la connaissance de son être intime, en raison des conflits engendrés en lui par les instincts non conditionnés par une éducation pluridimensionnelle.
D'une part, l'homme subit l'attraction intérieure de la religion qui lui recommande de surmonter tous ses désirs et d'orienter ses forces dans le sens du bien et d'autre part, il est toujours sous l'influence de ses instincts.
Une société ou l'on inculquerait, au nom de Dieu et de la religion, que la voie du bonheur passe par le renoncement aux biens de ce monde, susciterait forcément une réaction opposée, car l'homme ne pouvant s'imposer une privation si rigoureuse finit par céder totalement aux revendications de ses instincts et à écarter la religion.
Or, tout cela n'a rien à voir avec la logique authentique de la religion qui est de préserver l'homme de l'asservissement aux instincts et de l'aliénation par l'attachement servile aux choses matérielles. Elle veut élargir l'horizon de vue jusqu'au royaume de l'invisible, en cultivant en lui les valeurs morales et spirituelles qu'offre la foi en Dieu, tout en lui permettant de jouir largement des biens matériels.
Certains s'imaginent que le bonheur consiste dans la transgression des interdits religieux, que la religion combat toute sorte de plaisir, et que Dieu offre à l'homme le choix entre l'un ou l'autre monde: l'ici - bas ou l'au - delà. Or, cette conception de la religion est erronée et contraire à la réalité
Si la religion veut jouer un rôle dans la bonne orientation des hommes, c'est parce que la soumission aux instincts et passions et leur relâchement inconditionnée ne peuvent que faire leur malheur, et les faire chuter de leur rang élevé à un rang plus bas que celui de l'animalité. D'où les interdits promulgués par les lois célestes et d'où aussi la dépendance entre le bonheur ici - bas et celui de l'au - delà.
Il en va de même pour les devoirs et les responsabilités qu'elle édicte. Les exercices et les rites qu'elle impose visent avant tout à changer l'homme, non à réduire ses jouissances mondaines.
Les rites d'adoration sont comme une vague puissante qui soulève les eaux dormantes du cœur, pour les transformer et y insuffler la vie. Ils sont la clef de voûte de l'édifice religieux, des actes et des exercices très lourds dont l'influence va jusqu'au tréfonds de l'âme, et éradique les bases du vice et de la bassesse. Ils haussent les esprits aux sommets de la perfection. Il n'y a point de contradiction entre le spirituel et le temporel, le bonheur spirituel conditionne le bonheur matériel.
Les préceptes défectueux du christianisme ont eu une influence négative sur Russel au point de lui faire écrire:
“Les enseignements du christianisme mettent l'homme face à deux malheurs, à deux frustrations: ou bien le malheur dans ce monde et la privation de ses jouissances, ou bien le malheur de l'au - delà avec la privation de ses délices. L'Eglise considère que l'homme doit forcément supporter l'un ou l'autre des deux malheurs. Celui qui se résigne au malheur de ce monde et s'en prive, jouit en échange des délices du paradis; et celui qui désire jouir des plaisirs de ce monde, se prépare pour les frustrations de l'au - delà.”
La diffusion de ces idées qui présentent la vision religieuse comme une vision superficielle a beaucoup déterminé le sort de la religion dans notre siècle.
L'impact laissé par cette représentation fausse de la religion dans les mentalités est trop fort pour être abordé succinctement. La tendance au matérialisme est due, sciemment ou inconsciemment, à cette erreur d'appréciation du message religieux.
L'homme n'est nullement condamné à supporter l'un ou l'autre des malheurs. Il lui est même possible de réunir les deux bonheurs d'ici - bas et de l'au - delà. Pourquoi Dieu qui est si clément et si généreux, ne le voudrait - il pas à ses créatures?
Le dernier facteur à l'origine du développement de la pensée matérialiste est celui de la concupiscence, où l'on s'abandonne sans retenue à ses penchants les plus bas. Comme l'action a pour base l'intention et qu'inversement, l'intention ou la pensée donne un sens à l'acte, il va de soi qu'un homme dépravé et corrompu finit par tuer en lui - même les sens du vrai et du beau.
Il perd progressivement le sens du divin et du sublime. Comme il s'est choisi un autre critère dans la vie et ne pense qu'au monde, refusant même de comprendre qu'il a été créé pour un but déterminé, il est tout entier tourné vers les plaisirs et la débauche. Les racines qui devaient alimenter son âme pour l'élévation vers la perfection tarissent et meurent.
De même, la croyance en Dieu est comme une graine qui a besoin d'un sol et de conditions déterminées pour germer et se développer. Dans un milieu favorable, moralement sain et protégé, la foi avance plus vite et plus facilement et sans dévier de sa source. Autrement, elle est menacée d'étouffement et de stérilité.
Le tumulte de la vie, le rythme accéléré des évènements, le développement vertigineux de la technologie, l'abondance des richesses et des possibilités de jouissance, la multiplication des beautés factices et critères sans cesse changeants de la personnalité, ont créé une confusion dans l'esprit des hommes qui n'ont plus le temps ni moyen de penser à eux - mêmes. Ils résistent de toute leur force à l'idée de religion, et refusent de se soumettre à tout système incompatible avec le train de vie moderne, et surtout qui viendrait contredire ses intérêts matériels.
Par conséquent, dans un tel environnement il ne peut demeurer de la religion que le nom et les gestes
Des hommes fourvoyés par la concupiscence et le monde ne peuvent pas être en même temps en quête de Dieu. Quand l'une de ces deux tendances prévaut, l'autre lui cède le pas. L'adoration de Dieu gouvernera de nouveau les hommes quand la domination des instincts sera rompue et qu'un effort soutenu chassera de la direction des esprits le démon matérialiste, et que se réalisera le modela achevé de l'émancipation de l'homme des chaînes de la nature.
Plus l'objectif sera élevé et éloigné, plus il demandera d'effort. Si nous nous fixons Dieu pour objectif, la voie pour y arriver est droite et infinie. Mais le choix d'un tel objectif aura pour effet de trouver des réponses à bon nombre de questions et de problèmes qui encombrent l'esprit.
En acceptant Dieu comme but on surmonte la contradiction entre la perfection et la liberté. Toutes les peines et difficultés que supportent les hommes pour réaliser la perfection recevraient leur sens authentique dans la croyance en la vie éternelle. La perfection par l'adoration de Dieu n'est pas contradictoire avec la liberté, et n'est pas une source d'aliénation.
C'est en réalisant notre perfection volontairement et en connaissance de cause que l'on peut prétendre à la libération de soi et non en se laissant déterminer par la contrainte de l'Histoire ou de la nature.
L'obéissance de l'homme à la nature est en effet une aliénation, et toute perfection qui se réaliserait en se conformant obligatoirement à elle, n'est qu'obéissance aveugle.
Ainsi, nous découvrons dans l'école matérialiste qui voit la perfection et le bonheur dans la liberté, au sens de l'émancipation à l'égard de la nature, une contradiction entre la liberté et la perfection. Quelle sorte de perfection serait celle qui épuiserait toutes les énergies de l'homme sans rien lui donner en contrepartie?
L'effort -même avec des mobiles humains- n'est il pas une vanité pour celui qui ne croit pas au principe créateur, même s'il est fructueux et utile pour la société. Si mon sacrifice pour la promotion de l'espèce humaine, ne me rapporte rien, et ne me laisse rien espérer, il serait contraire à la liberté et à la raison.
Quand les chefs de file du matérialisme prétendent que la contradiction entre la perfection et la liberté est un problème perplexe, ils n'envisagent pas la perfection divine mais seulement la perfection matérielle, qui est en réalité dépourvue de but.
Notes:
[31] Livre de poche, pp 160 et 161, édition Plan.
L'idée de Dieu profondément ancrée en l'homme
Hormis cet ensemble complexe que constitue son corps physique, l'homme possède une vaste série d'activités vitales qui ne se réduisent jamais aux mécanismes organiques Pour la connaissance de ce domaine métaphysique il faut enquêter dans son fond psychologique pour entrevoir au-delà de ses activités physiologiques les larges horizons de la structure de la nature humaine, et les manifestations les plus sublimes de ses sentiments et instincts.
Il existe en l'homme certaines formes de perception spécifiques inhérentes à sa nature, qui ne dépendent d'aucun agent extérieur.
Avant que l'homme naturel n'entre sur la scène de la science et de ses débats, il pouvait en se servant de ses potentialités innées, connaître les réalités. Mais quand il foule le domaine scientifique et philosophique et que son esprit s'encombre de différentes preuves et arguments, il se peut que son pouvoir inné s'étiole et se perde dans l'oubli , ou qu'il vienne à douter de sa validité. C'est pourquoi nous voyons que les divergences surgissent entre les hommes qu'ils écartent leur nature primordiale de la connaissance de la foi.
Dans ses manifestations initiales, l'attraction pour la religion et la foi prend sa source dans les motivations instinctives et les perceptions inhérentes, puis elle croît et se développe par la raison et la pensée. Les racines des sens primordiales sont à ce point profondes et en même temps manifestes et claires que si un homme lavait son esprit et son âme de toute pensée et imagination antireligieuse et qu'il se concentrait sur soi-même et l'univers, il réaliserait parfaitement qu'il se dirige aux côtés des autres créatures, vers un même objectif.
Sans qu'il l'ait voulu ou souhaité, il a commencé à vivre. Puis encore sans le vouloir, il s'est dirigé vers une destination inconnue.
Et c'est une réalité qu'il observe, avec une méthode et un ordre précis, chez toutes les créatures.
En examinant les conditions qui l'entourent un homme clairvoyant éprouvera mieux l'existence d'une force immense régissant le monde et lui-même.
Il découvre l'existence de la science, de la force et de la volonté en lui-même qui n'est qu'un élément infiniment petit de l'univers infiniment grand. Il se demande alors: “Pourquoi l'univers ne serait-il pas doté de science, de force et de volonté, comme l'homme?”
Bref, ce qui nous oblige à croire en l'existence d'un ordonnateur de l'univers, du commandement et de la prédestination duquel dépend tout ordre, c'est cette même règle et ce mouvement continu, minutieusement prédéterminée. Car on ne peut expliquer cela autrement que par une volonté agissante.
Quand l'homme évalue sa situation dans le monde, il se rend compte qu'une force invisible et inconnaissable l'a créé, l'a doté du mouvement et le fera disparaître quand elle voudra, sans le consulter ni demander son aide.
Il s'agit là d'un jugement naturel et inné (de la Fitrat), car nulle part et jamais on n'a vu un homme conçu sans concepteur, ni agissant sans Agent.
La recherche de la relation de cause à effet est une opération d'origine intérieure. Et puisqu'on ne peut extirper de l'homme la loi de la causalité, le sens religieux et la quête du créateur sont indissociables de son âme.
Même l'enfant qui n'a encore rien vu du monde détourne son regard vers la source du bruit qu'il entend ou du mouvement qu'il perçoit.
La vie pratique et les fondements scientifiques reposent aussi sur l'acceptation d'une cause à tout effet. La règle de la causalité est à ce point général qu'elle n'admet d'exception en aucun cas.
Toutes les disciplines, la géologie, la physique, la chimie, la sociologie et l'économie, etc… consistent en l'examen des phénomènes, pour en déduire les causes et les effets et en diagnostiquer les relations. Ainsi, il est clair que la science ne consiste en rien d'autre qu'en la recherche des causes, et que l'ensemble des progrès de l'humanité est le fruit de l'effort soutenu des savants pour connaître les causes des phénomènes.
S'il nous était possible de présenter, en exemple, quelque part dans le monde, ou dans une créature quelconque, un cas de création spontanée absolue, nous serions en droit de généraliser à d'autres cas cet exemple.
Certes, il n'est pas nécessaire que la loi de causalité se présente à nos yeux dans sa forme ordinaire
Car la variété des causes est telle qu'il se peut que le chercheur n'ait pas la capacité de les discerner toutes dans le cas d'un incident donné. Mais dans aucun cas, partiel ou total, de nos jours comme dans le passé, un point fortuit ne peut être trouvé, que ce soit au plan individuel ou social.
Quand les sciences expérimentales démontrent que toutes les voies sont fermés à la génération spontanée des éléments de la nature, quand toutes nos expériences, nos sens, nos déductions parviennent à cette conclusion que rien dans la nature ne se produit sans agent et cause, et que tous les évènements reposent sur un ordre fixé et des lois déterminées, il est surprenant de voir certains tourner le dos aux lois scientifiques, aux jugements élémentaires, et aux observations étayées par la raison, et nier l'existence d'un créateur.
En d'autres termes, on peut considérer la nature primordiale (Fitrat) comme l'instinct animal qui aurait évolué et atteint la perfection, et qui se serait émancipé des limites qui le retenaient, de façon à ce qu'il puisse percer le mur du monde sensible et embrasser les secrets de l'inconnu.
Tout jugement et sentiment émanant du for intérieur des hommes, et non d'un système de croyance ou d'éducation sociale particulier, fait partie de la nature primordiale, et ne diffère pas de l'amour de soi, de la relation avec l'Existence et des autres instincts humains, quant à l'authenticité et à l'universalité.
Mais l'éducation et les facteurs du milieu environnant constituent des obstacles à la réalisation et à l'épanouissement de la nature primordiale.
Walter Oscar Lindberg, physiologiste et savant réputé dit:
Les recherches scientifiques de certains savants n'aboutissent pas à la compréhension de l'existence de Dieu à plusieurs raisons, dont l'oppression politique ou certaines situations sociales.
Par conséquent, ce qui procède d'un principe instinctuel est esthétiquement semblable aux beautés naturelles. Et ceux qui sont restés libres tout au long de l'itinéraire originel de la création; et ne sont pas devenus prisonniers de leurs habitudes, et dont la nature n'a pas été altérée par les terminologies et les concepts, perçoivent mieux l'appel intérieur.
On trouve moins d'irréligieux parmi ces derniers que parmi les autres catégories d'hommes. Si quelqu'un leur disait que ce monde n'a pas de but et qu'il est accidentel même s'il prenait soin de garnir ses paroles d'un couvert philosophique, il n'obtiendrait aucune adhésion de leur part, parce qu'ils rejettent instinctivement de telles assertions.
Quand à ceux qui sont familiers des modes de pensée scientifiques, il est possible qu'un tel discours, attirant par son étiquette conceptuelle, jette le doute et l'hésitation dans leur esprit.
Un savoir limité est trompeur, comme des verres multicolores placés devant l'esprit et la nature innée. Ceux qui possèdent un tel savoir voient le monde d'après la couleur de leur science, de leur art et de leur culture, et s'imaginent que toutes les réalités sont comme ils se les représentent à travers leurs œillères.
Evidemment, il ne s'agit pas de faire cesser tout progrès sous prétexte qu'il faudrait éviter les déviations, mais plutôt de ne pas se laisser abuser par le savoir et la technologie que l'on maîtrise.
Beaucoup, en effet ne progressent pas. Ils sont incapable de se servir de leur connaissance comme une échelle pour s'élever intellectuellement, et deviennent prisonniers du cadre étroit de leur savoir acquis et le leurs terminologies et conceptions.
La nature originelle vient aussi au secours de l'homme quand elle perçoit un danger; quand il est aux prises avec des contraintes sévères et de sérieuses difficultés, et qu'il est cerné de toutes parts par les facteurs matérielles, et qu'il n'est en mesure d'accomplir aucune action, noyé dans les tourments, devenu la proie des évènements, au point d'être à un pas de la mort, c'est alors que ce même agent intérieur le guide et le conduit vers un appui immatériel. Il entre en contact avec une puissance qui est au - dessus de toutes les puissances. Il réalise ensuite que cet Etre Clément et Tout - puissant peut lui tendre la main et venir à son secours, énergiquement; et c'est pourquoi, il l'implore pour le tirer du danger, rassuré en son cœur qu'Il a le pouvoir de le sauver.
Même les puissants tyrans matérialistes, qui ignorent la souveraineté et la puissance infinies de Dieu, oublient tout ce que leur milieu et leurs doctrines athées leur ont enseigné en matière de religion, dès qu'ils sentent l'imminence du danger et voient que l'étau se resserre autour d'eux et jurent du fond de leur cœur qu'ils acceptent un principe créateur, source de tout pouvoir.
L'histoire est riche en exemple de personnes dont le miroir de la nature primordiale a été nettoyé de ses impuretés par des épreuves dures et pénibles, et qui du fond de leur âme ont appelé le Créateur sans égal.
Diderot qui est l'un des grands philosophes matérialistes français, a écrit en conclusion d'un ouvrage consacré au principe de la matière et du matérialisme, des phrases où il invoque le Créateur et lui demande pardon, phrases qui lui ont été inspirées par une réaction de sa nature primordiale et de sa conscience:
“Mon Dieu! J'ai commencé mon propos par la nature que les croyants pensent être Ton œuvre, et je finis par Toi que les gens de la Terre appellent “Dieu”. Mon Dieu, je suppose que Tu existes, que Tu es témoin de mon état, et conscient de mon for intérieur. Si j'apprends que dans le passé j'ai agi contre Ton commandement et contre ma raison, j'en serai navré et je le regretterai. Mais je suis serein pour l'avenir, car il suffit que je reconnaisse mon péché pour que Tu le pardonnes.
Dans ce monde, je ne Te demande rien, car ce qui doit y être, y est, soit par Ton commandement soit par la loi de la nature. Mais s'il y a un autre monde, j'y attends de Toi une récompense, bien qu'ici-bas ce que j'ai fait je l'ai fait pour moi- même.”[6]
Outre les sources intérieures se trouvant en l'homme et l'aidant à bien saisir les réalités pour qu'il puisse choisir sa voie dans l'entière liberté et loin de tous les préjugés, contraintes et impositions, il doit y avoir un facteur d'orientation externe à lui, pour renforcer sa nature et son intelligence, pour maîtriser les éléments de rébellion et les extrémistes, et préserver aussi l'esprit et la nature de toute déviation, et la sauvegarder contre toute adoration et soumission aux fausses idoles.
Les prophètes ont été suscités pour orienter l'homme vers le sens subtil de sa nature primordiale, canaliser son penchant pour Dieu dans une voie juste, et promouvoir ses aspirations supérieures.
Cette orientation et cette canalisation ne visent nullement à éteindre en lui la flamme de sa volonté créatrice, ni à lui retrancher sa liberté, sa faculté de penser et son libre arbitre, mais constituent plutôt une sorte de soutien aux penchants et motivations positifs, dans la voie du développement et de la perfection, et de l'émancipation de toutes les chaînes, pour que les potentialités innées s'épanouissent et soient utilisées au mieux.
Les premiers à répondre à l'appel des prophètes étaient les hommes purs de cœur et de conscience; alors que rejoignaient les rangs de leurs opposants ceux qui s'appuyaient sur leur richesse et leur puissance éphémères, ou qui s'enorgueillissaient de leur savoir méprisable, de leur esprit impuissant et pollué par les illusions, de sorte que ce même orgueil et ces mêmes prétentions devenaient un obstacle à l'éclosion de leurs aptitudes et de leurs facultés sublimes.
“La loi de l'offre et de la demande existe aussi en matière de valeurs morales. s'il n'y avait pas de demande religieuse dans la nature des hommes, l'offre des prophètes aurait été vaine.
Et d'autre part, le fait que l'offre des prophètes a trouvé des acquéreurs, et que leurs conceptions authentiques et fructueuses aient trouvé une si large audience, prouve que la demande en religion est ancrée au fond de l'homme.”[7]
En principe, la base de la prédication des prophètes était plutôt un appel au monothéisme, qu'une démonstration de l'existence de Dieu. Ils réfutaient l'adoration des idoles, du soleil, de la lune, des étoiles etc… pour que leur soif spirituelle inhérente ne soit pas étanchée par de fausses divinités, et que les hommes cherchent plutôt à réaliser les objectifs et les valeurs dans la quête du dieu réel, loin de toute déviation, et sur la voie de la perfection infinie, qu'ils se hâtent dans leur course ininterrompue vers la source de toutes les valeurs et de toutes les vertus, pour parvenir enfin à leurs aspirations.
Par conséquent, le polythéisme et l'athéisme, sous leur forme traditionnelle d'idolâtrie, ou leur forme moderne de matérialisme, résultent tous les deux d'une déviation par rapport à la nature innée. Le progrès scientifique, en particulier au sujet de l'expérience religieuse qui connaît de nos jours un regain dans tous les coins du monde, a donné lieu à des conclusions qu'on peut d'ores et déjà exploiter dans tous les débats.
D'une part, l'histoire des religions, s'appuyant sur des documents importants réunis par les savants en sociologie, archéologie et anthropologie soumet à l'analyse le sens religieux, les structures, les tendances, les habitudes et autres facteurs constitutifs de la société, avec une méthode nouvelle totalement différente des orientations précédentes.
D'autre part, la psychologie investissant l'étude de l'inconscient, entreprise par Freud et poursuivie par Adler et Jung, est parvenue aux profondeurs de l'âme humaine, découvrant ainsi un univers nouveau des forces secrètes et des formes d'appréhension para rationnelles, et ouvrant un champ d'investigation scientifique pour les facteurs irrationnels qui échappent à la volonté, comme le “sens religieux”.
En ce moment, il existe un courant intellectuel qui persuade de plus en plus de penseurs de différentes écoles de ce que le sens religieux est l'un des éléments primordiaux naturels et immuables de l'esprit humain, et qu'il est le mode de perception innée du domaine situé au - delà de la raison.
Vers 1920, un philosophe allemand a pu démontrer que parallèlement aux éléments rationnels “moraux”, il existe aussi dans le sens religieux, des éléments innés ou irrationnels. Et tous les attributs de Dieu, comme la Toute - puissance, la sacralité et la grandeur, concourent à montrer que le concept de “sacré” ne peut être renvoyé à aucune faculté perceptive, et qu'il est autonome et ne procède d'aucun autre concept, et l'on ne peut le confondre avec aucun autre concept rationnel ou irrationnel.
Une découverte propre à notre époque est celle de la “durée”, quatrième dimension de la nature, et intimement lié au corps. Il n'existe aucun corps dans l'univers qui soit en dehors du temps, qui procède lui même du mouvement et de l'évolution.
De même, les savants contemporains ont conclu à une quatrième dimension dans l'âme humaine qui est celle du “sens religieux”, les trois autres étant:
1- Le sens de la curiosité ou la sincérité. Cette soif intérieure est ce même sens qui pousse l'esprit humain, depuis le premier jour, à s'interroger sur les mystères et la connaissance de l'univers, de l'existence et de ses phénomènes variés.
Et c'est cette soif qui a engendré les sciences et les techniques. C'est ce sens qui explique que les fondateurs des sciences, les découvreurs et les savants ont supporté tant de peines et d'épreuves pour lever le voile qui nous cache les secrets de la nature.
2- Le sens du bien, sur quoi reposent les vertus et les qualités spirituelles élevées. Tout homme éprouve en lui - même une inclination à la justice, à l'amour et au sacrifice. Cette tendance authentique crée en somme une sorte d'orientation vers les qualités pures, et de répugnance envers les bassesses.
3- Le sens esthétique qui est la cause de la manifestation des formes et des goûts artistiques et qui exerce une influence profonde dans l'apparition d'une grande partie des phénomènes sociaux.
4- Enfin, le sens religieux ou sacré, qui est la quatrième dimension est un sens primordial; car tout homme, de par sa nature, ressent une attraction pour l'univers métaphysique. Ce concept est indépendant des trois précédents. Avec sa découverte, la conception tridimensionnelle de l'esprit humain a été bouleversée. Car il est démontré que le penchant religieux a une origine propre, et qu'il s'est manifesté même aux époques primitives où les hommes vivaient en prédateurs dans les cavernes.
La prise de conscience du principe de l'existence se fait par plusieurs méthodes. Le concept de “Dieu” répond aux besoins rationnels et irrationnels, de façon que l'esprit acquière par la voie de l'ordre et des signes, une certitude définitive et claire. La nature innée établit un lien avec Dieu par la voie de l'amour et de la nécessité, au point qu'on dirait qu'elle “Le” voie directement, non pas avec l'œil, mais avec l'œil du cœur. La perception de Dieu par la voie du cœur n'a besoin d'aucune démonstration ni preuve.
Bien que la science moderne soit en quête de preuve expérimentale pour compléter sa démonstration, toute sorte de connaissance de Dieu résultant directement de la recherche et de l'argumentation, soit par des arguments rationnels et philosophiques ou des sciences expérimentales et perceptives, constitue un unitarisme démonstratif.
Des savants comme Descartes et Saints Thomas d'Aquin sont arrivés par la raison, la démonstration et la spéculation scientifique à des conclusions probantes dans la connaissance du principe ontologique. Et un mystique français, comme Pascal perçoit le Créateur à partir d'une illumination du cœur, une inspiration venue du fond de sa nature innée. Il dit à ce propos que le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît pas.[8]
De même Einstein pensait:
“Le sens le plus beau et le plus profond qui nous soit permis d'avoir est le sens mystique. C'est lui qui sème dans le cœur la graine de toutes les sciences réelles. Celui qui en est privé, celui qui a perdu la faculté d'étonnement ou de stupéfaction est comme un mort.”[9]
Schopenhauer philosophe allemand du XIXe siècle, reconnaît à la tendance religieuse des racines si profondes en l'homme, qu'il la considère comme spécifique à lui, disant:
“L'homme est un animal métaphysique.[10]
Bien que le sens de la curiosité, le sens du bien, et celui du beau soient tous les trois indépendants et jouent tous les trois un rôle essentiel et déterminant dans la découverte des sciences, de la morale et des arts, c'est le sens religieux qui aplanit le terrain à leur manifestation, et les soutient dans leur développement, et qui s'attribue la plus grande responsabilité dans la résolution des énigmes de l'univers de la création.
Du point de vue d'un croyant, l'existence a été rendue possible sur la base de lois et de plans précis et calculés d'avance. Le sens de la curiosité fonctionne précisément grâce à cette foi en un Dieu ordonnateur et sage, et se déploie et s'efforce pour découvrir les lois et les secrets de la nature construits sur la base d'une chaîne de causes et d'effets.
Will Durant dit:
“Herbert Spencer pense que les magiciens n'étaient pas seulement les premiers hommes de lettres; ils étaient aussi les premiers savants. Ils ont débuté la science dans les observatoires astronomiques, où ils cherchaient à déterminer le temps précis des cérémonies religieuses. De telles informations et données étaient conservées dans les temples, et étaient transmises de génération en génération, au titre de patrimoine religieux.”[11]
Le rôle du sens religieux dans le développement et l'élévation des qualités humaines, dans la modération des instincts, et dans la fécondation des potentialités de la morale et de la vertu, est indéniable. Les personnes qui ont conscience de leur expérience religieuse constatent que la plus importante fonction de la religion est d'aider l'homme à contrôler ses instincts et acquérir un caractère fort et digne de respect.
La pensée religieuse est aussi un des facteurs du développement du sens esthétique, et ce depuis le début de l'histoire, Les générations précédentes ont consacré le meilleur de leurs œuvres artistiques à louer leurs divinités; les magnifiques temples de la Chine, les grandes pyramides de l'Egypte, les statues admirables du Mexique, l'architecture fine et subtile de l'Orient islamique, procèdent tous du sens religieux.
Les psychologues sont persuadés qu'il existe un lien entre la crise de la puberté et l'euphorie soudaine des sentiments religieux. Dans cette phase de la vie, une sorte de tendance particulière se manifeste, même chez des individus qui étaient jusqu'alors indifférents aux questions religieuses.
“Pour Stanley, la limite de ces sentiments religieux se situe au x alentours de 16 ans. Cette période peut être considérée comme une image réduite de la personnalité future de l'adolescent. Ces sentiments permettent au jeune qui se trouve sous l'influence de différentes forces, d'entrevoir que la cause ultime de son existence est dans l'existence de Dieu.[12]
Il n'y a pas de toute que les appels de la nature originelle ne sont perceptibles que dans les cas où rien ne fait obstacle à leur manifestation. Un facteur comme la propagande réduit et entrave le développement des potentialités naturelles et de l'intelligence, bien que cette façon de réprimer n'arrive jamais à déraciner les tendances innées. C'est pour cela que dès que l'agent qui fait obstacle est écarté, les structures originelles reprennent leur activité, et se re-manifestent par l'effort créatif.
Nous savons que plus de soixante ans se sont écoulés depuis la Révolution Communiste en Union Soviétique. Cependant les aspirations religieuses demeurent encore vivaces dans les âmes de vastes couches de la population soviétique, et malgré tous les efforts déployés tout au long de cette période par ceux qui détiennent le pouvoir pour enrayer la religion, ils n'ont pas encore pu en venir à bout dans les cœurs des hommes.
Par conséquence l'existence d'idées matérialistes dans le monde ne constitue pas un argument contre l'innéité de la foi en Dieu. Cet éloignement et cette scission par rapport à la voie naturelle, propre à une doctrine particulière et exceptionnelle par rapport aux doctrines et aux nations différentes, ayant des croyances métaphysiques, ne peut jamais, de nos jours comme par le passé, être considérée comme une réfutation de la connaissance naturelle de Dieu, parce que de telles exceptions existent en toutes choses.
Mais ce que l'on peut déduire de l'histoire, c'est que les bases de cette école de pensées ont été jetées aux VIIe et VIe siècle d'avant l'ère chrétienne. Les partisans de l'école matérialiste étaient successivement:
- Thalès, philosophe grec né en 622 avant J - C et mort en 560 ou 567.
- Héraclite: 535- 475.
- Démocrite: 540.
- Epicure: 346.
Malgré cela, on ne peut pas attribuer la paternité du matérialisme à ces derniers, parce que certains penseurs comme “Bangoun” ne partagent pas cette opinion; ce dernier, écrit dans son ''Histoire de la Philosophie” à propos de Thalès:
“Il pensait que les transformations de la matière se font sous l'influence de facteurs spirituels.”
A propos de Démocrite, il écrit:
“Démocrite n'est pas un matérialiste, il croyait en l'existence de l'âme.”
Bien entendu, le matérialisme moderne n'a commencé à s'élaborer qu'au XVIIIe siècle. Il eut aussi ses partisans même parmi les savants physiciens, bien qu'ici aussi les jugements sont divergents. Par exemple, certains historiens classent Jean-Jacques Rousseau parmi les matérialistes, alors que d'autres le considèrent comme Croyant en Dieu. Il se peut que le matérialisme qu'on lui attribue soit dû à ce que l'on méprise son anticléricalisme.
Farid Wajdi, auteur d'une encyclopédie, cite cette parole de Rousseau à propos du principe de l'existence:
“Plus j'approfondis mon regard sur les évènements que créent la force de la nature, et ce qui survient comme conséquence de ces évènements, et plus je médite sur la qualité des influences réciproques des uns sur les autres, j'acquiers la certitude qu'il faut bien une cause première à la volonté.
Par conséquent, c'est Sa volonté à lui, Dieu, qui meut l'existence, et qui fait revivre les morts. Mais vous direz! Où est - Il? En réponse je dirai: Il existe, dans les cieux auxquels il a imprimé le mouvement, dans les étoiles qu'Il pourvoit en lumière. Il n'est pas seulement en moi, mais aussi dans le troupeau qui paît, dans l'oiseau qui vole, dans la pierre qui tombe, dans la feuille de l'arbre que le vent emporte çà et là; Il est partout. Combien donc sont loin de la raison, ces hypothèses! Ces théories qui supposent que cet ordre merveilleux est le résultat d'un mouvement aveugle de la matière.
Qu'ils fassent ce qu'ils veulent!
Je vois pour ma part un ordre continu dans la création et je ne perçois pas la sagesse qui régit cet ordre. Je ne suis pas de ceux qui pensent que la matière aveugle puisse produire des êtres vivants, que la nécessité aveugle crée des êtres conscients, et que ce qui est privé d'intelligence puisse créer des êtres sages et raisonnables.
Notes:
[6] Les idéaux humains, en persan.
[7] Citation d'un savant.
[8] Pensées.
[9] Le sens religieux (en persan).
[10] Métaphysique de Félicien Chalet.
[11] L'Histoire, Will Durant.
[12] De la série: “Que sais - je” L'adolescence.