Préface le fiqh de l'imam as-sadiq (a.s ) ou (La jurisprudence argumentée de l'école chiite)
le fiqh de l'imam as-sadiq (a.s )
ou (La jurisprudence argumentée de l'école chiite)
Volume numéro 1
Mohammed-Jawad MAGHNIA
Traducteur
Ibrahim TOUATI
Centre Mondial d´Ahl-ul-Bayt (a.s)
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Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux
قال الله تعالى: { إِنَّمَا يُرِيدُ اللَّهُ لِيُذْهِبَ عَنْكُمْ الرِّجْسَ أَهْلَ الْبَيْتِ وَيُطَهِّرَكُمْ تَطْهِيرًا }
Dieu a dit dans le Coran : «En vérité, Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure, ô gens de la Demeure [du Prophète], et vous purifier totalement.»
Sourate al-Ahzab (S: 33, V: 33)
Plusieurs hadiths rapportés tant par l’école sunnite que par l’école chiite disent que ce verset a été révélé à propos d’Ahl-ul-bayt, c’est- à-dire le Prophète, Ali, Fatima, al-Hacène et al-Hussein (que la paix de Dieu soit sur eux).
Pour plus de détails, le lecteur pourra consulter les ouvrages suivants : mousnad Ahmed (v:1, p:331 / v :4, p :107 / v:6, p:292 et 304); sahih Mouslim (v:7,p:130); sounan at-Tirmidhi (v:5, p :361); adh- dhourriyya at-tahira an-nabawiyya de Doulabi (p :108) ; as-sounan al-koubra de Nisa’i (v :5, p :108 et 113) ; al-moustadrak ‘ala as-sahihayn d’al-Hakem an-Neychabouri (v:2, p:416 /v:3, p:133, 146 et 147) ; al-borhan de Zarkachi (p:197) ; fath-ul-Bari fi charh sahih al-Boukhari de Ibn Hajar al-‘Asqalani (v:7, p:104) ; osol al-Kafi d’al-Kouleyni (v:1, p:287) ; al-imama wa at-tabsira de Ibn Babaweyh (p:47 , hadith :29) ; al-Khisal de cheikh as-Sadouq (p:403 et 550); al-amali de cheikh at-Tosi ( hadiths 438, 482 et 783),…
َقالَ رَسُولُ اللهِ 3: «إنِّي تَارِكٌ فِيكُمُ الثَّقَلَيْنِ: كِتَابَ اللهِ وَعِتْرَتِي أهْلَ بَيْتِي، مَا إنْ تَمَسَّكْتُمْ بِهِمَا لَنْ تَضِلُّوا بَعْدِي أبَداً، وَإنَّهُمَا لَنْ يَفْتَرِقَا حَتَّى يَرِدَا عَلَيَّ الْحَوْضَ. «
ورد هذا الحديث الشريف المتواتر بصور متعددة في الكثير من المصادر الاسلامية منها: صحيح مسلم ج7، ص122، سنن الدارمي ج2، ص432، مسند احمد، ج3، ص14، 17، 26، 59، ج4، ص366، 371، ج5، ص 182، مستدرك الحاكم، ج3، ص109، 148، 533، وغيرها من المصادر.
Le Prophète (a.s.s) a dit: «J’ai laissé parmi vous deux trésors: le Livre de Dieu (le Coran) et les membres [immaculés] de ma famille (Ahl-ul-bayt); ils ne se sépareront point jusqu’à ce qu’ils viennent me rejoindre au Bassin paradisiaque. «
Ce hadith authentique est cité dans plusieurs ouvrages islamiques, parmi lesquels on peut citer: sahih Mouslim (v: 7, p: 122), sounan ad-Darami (v: 2, p: 432), mousnad Ahmed (v:3, p:14,17,26 et 59 / v: 4, p:366 et 371 / v:5 , p:182), moustadrak al-Hakem (v: 3, p: 109, 148 et 533),…
نام كتاب: فقه الامام الصادق (ع)- جلد 1
نويسنده: محمد جواد مغنيه
مترجم: ابراهيم تواتي
زبان ترجمه: فرانسو?
Sommaire
Préface
Le patrimoine légué par Ahl-ul-bayt (le Prophète et les membres immaculés de sa famille) et conservé par leurs fidèles partisans, est à juste titre une école pluridisciplinaire. Source intarissable de savoir, cette école n’a cessé de former des savants érudits capables d’assimiler les opinions des différents courants idéologiques et de répondre aux questions soulevées, tant en terre d’Islam qu’ailleurs.
A l’instar d’Ahl-ul-bayt (a.s) et de leurs fidèles partisans qui ont su relever tous les défis, le Centre Mondial d’Ahl-ul-bayt s’est chargé d'éclairer et de défendre la vérité si longtemps occultée, tant par les maîtres des différentes écoles islamiques que par les ennemis de l’Islam.
Les ouvrages dont dispose l’école d’Ahl-ul-bayt témoignent d’une expérience tout à fait particulière dans le débat et la critique. Ils recèlent un capital de connaissances exemptes de préjugés et appuyées par des arguments logiques. Ces ouvrages adressent aux savants et intellectuels concernés des messages rationnels que les gens de bon sens admettent de bon gré.
A ce riche patrimoine, viennent s’ajouter des livres plus récents recélant de nouvelles recherches. Certains d'entre eux ont été compilés par des chercheurs issus de l’école d’Ahl-ul-bayt et d’autres par des auteurs convertis à cette noble école.
A une époque marquée par une ouverture d'esprit plus intense et un mélange croissant des populations, le Centre Mondial d’Ahl-ul-bayt s’est engagé à répandre le message d’Ahl-ul-bayt (a.s) à travers le monde en publiant tout ouvrage susceptible de guider les personnes en quête de vérité.
Nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage, et nous demandons à Dieu d’accorder sa miséricorde à Mohammed-Jawad Maghnia.
En réalisant ce travail, nous espérons avoir accompli une partie de notre devoir envers Dieu «qui a envoyé son Messager avec la guidée et la religion de vérité pour la faire triompher sur toute autre religion. Dieu suffit comme témoin»[1]
Le Centre Mondial d’Ahl-ul-bayt
Introduction
Au nom de Dieu le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux. Louange à Dieu, Seigneur des mondes, et que Ses prières soient sur Son Prophète Mohammed et les membres immaculés de sa noble famille.
Cet ouvrage s’adresse à ceux qui désirent avoir une connaissance du fiqh de l’école d’Ahl-ul-bayt (a.s), et pour qui celle–ci paraît inaccessible, non pas à cause du manque d’ouvrages ou de la profondeur de leur contenu, mais plutôt à cause des difficultés qu’ils rencontrent en lisant les ouvrages disponibles. En effet, ces derniers ne sont pas adaptés au goût du lecteur contemporain car, en plus de leur forme qui n’est pas attirante, ils ont été rédigés avec un style prolixe et compliqué, et contiennent des expressions ambiguës.
Tout en implorant l’aide de Dieu, je me suis proposé d’aplanir ces difficultés afin de rendre la connaissance du fiqh de l'école d’Ahl-ul-bayt (a.s) accessible à tous.
En partant du verset coranique: «Quand leur parvient une nouvelle rassurante ou alarmante, ils la diffusent. S'ils la rapportaient au Messager et aux détenteurs du commandement parmi eux, ceux d'entre eux qui cherchent à être éclairés, auraient appris la vérité de la bouche du Prophète et des détenteurs du commandement»[2] et du hadith ath-thaqalayn[3] , j’ai tenu à ce que les avis juridiques (les fetwas) mentionnés dans le présent ouvrage soient appuyés sur le Coran et les hadiths d’Ahl-ul-bayt (a.s), car ils sont la source la plus sûre permettant de connaître la loi islamique. Toutefois, lorsque les versets et les hadiths faisaient défaut, j’ai dû recourir aux règles fondamentales qui ont servi d’appui aux jurisconsultes de l’école d’Ahl-ul-bayt (a.s), et dont la déduction est basée sur le Coran et les hadiths d’Ahl-ul-bayt (a.s).
Dans le présent ouvrage, j’ai évité de citer les chaînes des transmetteurs de hadiths car, à mon avis, un hadith authentique est celui sur lequel se sont appuyés les jurisconsultes pour donner une fetwa et non pas celui qui a été rapporté par des narrateurs dignes de confiance. En effet, le fiqh de l’Imam as-Sadiq (a.s) correspond en réalité à l’ensemble des règles et des principes fondamentaux auxquels les jurisconsultes ont toujours prêté de l’importance. Quant aux hadiths délaissés par ces derniers, ils ne pourront être intégrés dans cette jurisprudence sauf s’ils deviennent un jour l’objet de l’attention d’une nouvelle génération de jurisconsultes.
Dans les ouvrages spécialisés dans l’étude approfondie du fiqh, les éminents jurisconsultes ont l’habitude de rapporter et de juger les opinions de leurs prédécesseurs. Si dans cet ouvrage j’ai opté pour une méthode différente de la méthode habituelle c’est dans le but d’attirer le plus grand nombre possible de lecteurs (notamment les étrangers) et de faciliter la propagation de l’inestimable fiqh d’Ahl-ul-bayt (a.s).
Pour moi, l’importance d’un ouvrage ne se mesure pas par le nombre de théories et d’opinions qu’il contient, mais plutôt par le degré de sa diffusion. En effet, un livre vivant est celui qui passe de main en main, et dont le contenu est sur toutes les lèvres. Et pour avoir cette qualité, le livre doit être écrit avec un style clair et un langage accessible à tous.
Une fois, je me suis rendu à la librairie al-‘irfane, comme à l’accoutumée. En me voyant, le propriétaire de celle-ci, al-Haj Ibrahim Zein Assi a dit à un jeune homme blond et de grande taille: «C’est celui-là!» Alors, le jeune homme (un orientaliste allemand) s’est avancé vers moi avec ardeur et il m’a dit: «Nous ne savions pas que les chiites ont leur propre jurisprudence et ce jusqu'au jour où nous avons lu votre ouvrage intitulé «al-fiqh selon les cinq écoles juridiques.»» Je lui ai dit: «Ce que j’ai écrit n’est rien par rapport au fiqh de l’école d’Ahl-ul-bayt (a.s).
Nos avants ont exploré toutes les sciences islamiques, et ils sont parvenus à les comprendre d’une manière poussée. Ils ont écrit d’innombrables ouvrages de valeur. Et c’est grâce à leurs recherches approfondies que la jurisprudence islamique a eu la primauté sur toutes les autres jurisprudences. Alors il m’a dit: «Nous, nous apprenons l’arabe comme langue étrangère, et bien que les livres que nous étudions ont été écrits avec un style moderne, nous éprouvons des difficultés à les comprendre. Alors comment pourrons-nous comprendre les ouvrages écrits avec le vieux style? Toutefois, nous avons su que les chiites ont leur propre fiqh.»
Juste après notre conversation, j’ai pris la décision de composer un vaste ouvrage qui traitera de toutes les questions du fiqh, et cela conformément aux avis juridiques de l’Imam as-Sadiq (a.s).
Peut-être certains pensent qu’il est aisé d’écrire des livres de jurisprudence, car la documentation dans ce domaine est à la fois riche et abondante. Certes l’école d’Ahl-ul-bayt (a.s) dispose d’un patrimoine assez riche en matière de jurisprudence, mais il n’est pas facile de l’exposer dans ses grandes lignes et avec un style attractif. A vrai dire, le fiqh d’Ahl-ul-bayt (a.s) est pareil aux ressources naturelles qui, bien qu’elles soient abondantes, on ne peut les exploiter que si l’on est muni des outils nécessaires.
Je prie Dieu qu’Il accorde à ce présent ouvrage le succès escompté. C’est lui mon unique recours. Louange à Dieu dans la vie présente et dans l’au-delà, et que Ses prières soient sur Son Prophète Mohammed et les membres immaculés de sa noble famille.
LA PURETE'
Les eaux
L’eau
Dieu a dit dans le Coran: «Nous fîmes descendre du ciel une eau pure et purifiante»[4].
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Toute eau est pure, à moins que tu ne saches qu’elle est impure»[5]. Il a dit également: «En voyant l’eau, le commandeur des croyants (l’Imam Ali (a.s)) disait: Louange à Dieu qui a fait de l’eau une matière purifiante et n’en a pas fait une matière souillante.»[6]
Par le mot «eau», les jurisconsultes désignent les différentes sortes d’eau qu’on retrouve dans la nature, comme l’eau de pluie, l’eau de source, l’eau minérale, l’eau de mer, etc. Ils désignent aussi par ce même mot, l’eau boueuse des rivières en crue ainsi que l’eau des bassins ou des étangs qui a subi un changement dû à sa stagnation ou à autre chose, comme la poussée des algues, la présence des poissons ou des feuilles d’arbre, etc.
L’eau est pure et purifiante
Dieu a dit dans le Coran: «Du ciel il fit descendre sur vous de l’eau pour vous purifier.»[7]
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Le Prophète (a.s.s) a dit: l’eau purifie et ne peut être purifiée.»[8]
L’eau enlève la souillure matérielle (comme le sang, l’urine, etc.) et la souillure immatérielle (c’est-à-dire on peut l’utiliser dans les différents types d’ablution); et c’est ça le sens de l’expression des jurisconsultes: «l’eau est elle-même pure, et elle purifie tout ce qui est souillé par al-khabath et al-hadath.»
Avec les mots al-khabath et al-hadath, les jurisconsultes désignent respectivement la souillure matérielle et la souillure immatérielle.
Il y a une différence entre al-khabath et al-hadath. Par exemple, si l’eau en petite quantité entre en contact avec al-khabath (comme le sang, l’urine…) elle deviendra impure. Par contre, si elle est touchée par une personne qui est en état d’al-hadath al-asghar (l’impureté mineure qui correspond à l’état d’une personne après l’excrétion de l’urine, ou après avoir lâché des vents,…) ou en état d’al-hadath al-akbar (l’impureté majeure qui correspond à l’état d’une personne après avoir eu des rapports sexuels, ou à l’état d’une femme qui a eu ses règles,…), elle restera pure. Et si, par exemple, on veut enlever al-khabath (tel que le lavage d’un vêtement souillé) on n’aura pas besoin de le faire dans l’intention de se rapprocher de Dieu, alors que si on veut faire ses ablutions pour enlever al-hadath, cette intention sera indispensable.[9]
L’eau mélangée
Quelqu’un a demandé à l’Imam as-Sadiq (a.s) s’il est permis de faire ses ablutions avec du lait, et l’Imam (a.s) lui a répondu: «Non, c’est uniquement avec de l’eau ou de la terre.»[10]
Avec l’expression «l’eau mélangée», les jurisconsultes désignent tout liquide autre que l’eau. Cette expression s’applique donc à l’eau mélangée avec autre chose, et à tous les jus.
L’eau mélangée est pure, mais pas purifiante
On peut utiliser l’eau mélangée comme boisson ou comme autre chose, mais on ne peut pas s’en servir pour faire ses ablutions ou pour purifier un objet souillé. C’est ça le sens de l’expression des jurisconsultes: «l’eau mélangée est elle-même pure, mais elle ne peut enlever ni al-khabath, ni al-hadath.»
A ce propos, l’auteur de l’ouvrage intitulé al-madarik a dit: «La preuve est le verset coranique: «Si vous êtes malades ou en voyage, si l’un de vous vient de satisfaire ses besoins naturels, ou si vous avez eu des rapports intimes avec les femmes et que vous ne trouviez pas d’eau, recourez à l’ablution avec la terre (at-tayammoum)»[11] qui exige le recours au tayammoum (l’ablution avec la terre) lorsque l’eau fait défaut. Car s’il était permis d’utiliser l’eau mélangée dans les ablutions, at-tayammoum ne serait pas obligatoire lorsque l’eau fait défaut. L’autre preuve est la suivante: tout ce qui est considéré comme impur par un texte islamique (un verset coranique ou un hadith) doit être considéré comme tel même après l’enlèvement de sa souillure par un moyen quelconque, sauf s’il y a un texte qui considère ce moyen-là comme purifiant. Mais puisque dans les textes islamiques il n’y a que l’eau qui est considérée comme un purifiant, donc tout objet souillé (et qui n’a pas été purifié avec de l’eau) restera impur même après son lavage avec l’eau mélangée.»[12]
Comment savoir si l’eau est mélangée ou pas?
Question: Si on voit de l’eau et on ne sait pas si elle est mélangée ou pas (c’est-à-dire on ne sait pas si on peut l’utiliser pour enlever al-khabath ou al-hadath), pourra-t-on la considérer comme étant une eau pure?
Réponse: - Si on sait qu’au début cette eau-là n’était pas mélangée et que, par la suite, elle avait subi un léger changement dû à son contact avec une autre chose (comme le savon, l’encre, la pâte, etc.), alors on devra la considérer comme elle était au départ (c’est-à-dire de l’eau tout court), car, de nature, lorsque l’homme est sûr d’une chose, il ne tient pas compte des doutes, et sa certitude demeurera inébranlable jusqu’à preuve du contraire. Et c’est de là qu’est venu le principe selon lequel la certitude ne peut être enlevée que par une autre certitude.
Les jurisconsultes tiennent compte de ce principe et le considèrent comme étant l’une des règles fondamentales du fiqh qui permet de déduire des avis juridiques dans toutes les branches de celle-ci. Ce principe appelé al-istishab est approuvé par l’Imam as-Sadiq (a.s). En effet, l’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «On n’enlève pas la certitude par le doute, mais on l’enlève par une autre certitude.»[13]
- Si on sait qu’au début cette eau-là était mélangée et que, par la suit, elle avait subi un changement qui pousse à croire qu’elle est devenue de l’eau, alors, conformément à la règle al-istishab, on devra tenir compte de la première certitude, c’est-à-dire on devra considérer cette eau-là comme une eau mélangée.
- Si on n’a aucune idée sur son état précédent (c’est-à-dire on ne sait pas si elle était mélangée ou pas), alors on ne devra la considérer ni comme une eau mélangée, ni comme de l’eau tout court, car il n’y a aucun texte islamique qui peut servir de règle dans un cas pareil.
L’eau jaillissante et l’eau stagnante
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Il n’y a pas de mal à ce que l’homme urine dans l’eau courante, mais il est détestable d’uriner dans l’eau stagnante.»[14]
Les linguistes désignent par l’expression «eau courante» toute eau qui coule, et par l’expression «eau stagnante» l’eau qui ne s’écoule pas (comme l’eau du puits, l’eau du bassin et celle de l’étang).
L’auteur d’al-madarik a dit: «Par l’expression «eau courante», on désigne exclusivement l’eau jaillissante, car l’eau courante qui ne jaillit pas d’une source fait partie des eaux stagnantes. En cela, les jurisconsultes sont tous du même avis.»[15]
Cela veut dire que les jurisconsultes ont leur propre définition de l’eau courante et de l’eau stagnante. En effet, chez eux l’eau jaillissante est une eau courante même si réellement elle n’est pas courante, car elle est susceptible de continuer à couler; et l’eau stagnante est celle qui n’est pas jaillissante même si réellement elle est courante, car elle n’est pas susceptible de couler continuellement.
Le contact de l’eau avec la souillure
Dans un hadith authentique, le Prophète (a.s.s) a dit: «Dieu a crée l’eau et en a fait une matière pure et purifiante; rien ne peut la souiller, sinon ce qui est susceptible de changer soit son goût, soit sa couleur, ou bien son odeur.»[16]
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Si l’eau a changé d’odeur ou de goût, alors ne la bois pas et ne l’utilise pas dans les ablutions; et si son odeur et son goût n’ont pas changé, alors tu pourras la boire et l’utiliser dans les ablutions.»[17]
L’Imam ar-Rédha (a.s) a dit: «L’eau du puits est abondante; rien ne peut l’altérer, sauf si elle change d’odeur ou de goût. Dans ce cas, l’eau du puits doit être évacuée, jusqu’à ce que celle-ci devienne douce et que l’odeur disparaisse; car elle a une source.»[18]
Il y a trois cas possibles pour le contact de l’eau avec la souillure:
1- La souillure tombe dans l’eau jaillissante sans provoquer un changement ni dans la couleur de l’eau, ni dans son goût et pas même dans son odeur. Dans ce cas, l’eau restera pure, même si elle est en petite quantité. La preuve est que dans l’un des hadiths précédents, l’Imam ar-Rédha (a.s) a dit: «Car elle a une source.», ce qui veut dire que la présence d’une source empêche tout ce qui est impur de souiller l’eau (qu’elle soit en petite ou en grande quantité), sauf si elle a subi un changement dû à la présence de la souillure.
2- La souillure tombe dans l’eau et provoque un changement soit dans le goût de celle-ci, soit dans sa couleur, ou bien dans son odeur. Dans ce cas, l’eau (qu’elle soit en petit ou en grande quantité, jaillissante ou pas) deviendra impure. La preuve est le hadith précédent et al-ijma‘ (la conformité des avis de tous les jurisconsultes). Toutefois, ces derniers ont posé trois conditions:
a- Le changement doit être provoqué par le contact de l’eau avec la souillure. Ainsi, si un animal meurt près de l’eau et que celle-ci subit un changement sans avoir eu de contact avec l’animal, elle restera pure.
b- Le changement doit être provoqué par la souillure elle-même et non pas par l’objet souillé. Donc, si, par exemple, à la suite d’un contact avec du miel souillé, l’eau devient rouge ou jaune, celle-ci restera pure.
c- Le changement doit être sensible et non hypothétique.
Supposons qu’une souillure incolore entre en contact avec de l’eau sans provoquer aucun changement dans celle-ci alors que si elle avait une couleur, elle aurait changé celle de l’eau. Dans ce cas, l’eau restera pure, car le changement doit être sensible et non hypothétique.
3- La souillure tombe dans une eau en petit quantité et non jaillissante. Dans ce cas l’eau deviendra impure, même si elle n’a pas changé. La preuve pour cela est al-ijma‘ et les hadiths (environ 300 hadiths), par contre, si l’eau non jaillissante est d’une quantité supérieure ou égale à al-kor, alors rien ne pourra la souiller. La preuve pour cela est le hadith authentique de l’Imam as-Sadiq (a.s): «Si une eau est d’une quantité égale à al-kor, alors rien ne pourra la souiller.»[19]
L’eau en petite quantité (jaillissante ou non jaillissante)
Nous avons dit qu’au contact de la souillure, l’eau en petite quantité non jaillissante devient impure, même si elle n’a pas changé. Nous avons dit aussi que si la souillure entre en contact avec l’eau en petit quantité jaillissante, celle-ci restera pure, sauf si elle a subi un changement. Maintenant, si on sait que la souillure est entrée en contact avec l’eau en petite quantité mais on ne sait pas si celle-ci est jaillissante ou pas, comment devra-t-on la considérer?
Réponse: Pour qu’une eau pure soit souillée, il faut que deux conditions soient réunies: Il faut que la souillure entre en contact avec l’eau en petite quantité, et que celle-ci ne soit pas jaillissante. Dans notre cas, nous avons supposé que le contact a eu lieu. Il reste donc à savoir si cette eau-là est jaillissante ou pas. A l’aide de la règle al-istishab, on peut prouver qu’elle n’est pas jaillissante. En effet, on sait avec certitude qu’avant qu’il y ait de l’eau dans l’endroit où on a vu l’eau en question, il n’y avait aucune source, et maintenant on doute de l’existence de celle-ci. Dans ce cas, on ne doit pas tenir compte de ce doute, c’est-à-dire on doit considérer l’eau en question comme étant non jaillissante. Et puisque les deux conditions sont réunies, donc cette eau-là doit être considérée comme étant impure.[20] L’eau de pluie
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Tout ce qui est atteint par la pluie est pur.»[21]
Les jurisconsultes sont unanimes à dire qu’au moment où la pluie tombe, celle-ci doit être considérée comme une eau jaillissante, c’est-à-dire qu’elle reste pure au contact de la souillure, que ce soit elle qui tombe sur la souillure, ou bien c’est la souillure qui tombe sur l’eau de pluie.
Le contact de l’eau mélangée avec la souillure
Quelqu’un a demandé à l’Imam al-Baqir (a.s) son avis à propos d’une souris qui a trouvé la mort dans la graisse, et l’Imam (a.s) lui a dit: «Si la graisse n’est pas fondue, alors jette la souris et la graisse qui est autour d’elle, et puis tu pourras manger le reste. Et si la graisse est fondue, alors ne la mange pas et utilise-la pour l’éclairage. Et c’est pareil pour l’huile.»[22]
Les jurisconsultes ont dit: dès que la souillure entre en contact avec l’eau mélangée, celle-ci devient impure. Ils ont déduit cette fetwa du hadith précédent, bien qu’il se rapporte à deux choses (la graisse fondue et l’huile) qui n’ont réellement rien à voir avec l’eau mélangée. Pour justifier leur recours à ce hadith, ils ont dit que l’huile et la graisse fondue ont une caractéristique commune avec l’eau mélangée, à savoir: la façon dont la souillure se propage en elles. Donc, si ce hadith peut servir de preuve dans le cas de la graisse fondue et de l’huile, alors il pourra à plus forte raison servir de preuve dans le cas de l’eau mélangée, car la graisse fondue et l’huile sont moins fluides que l’eau mélangée.
D’après la fetwa qu’il a mentionnée dans son ouvrage intitulé al-moustamsak[23], il semble que as-Sayyid al-Hakim fait une distinction entre l’eau mélangée en grande quantité et celle qui est en petite quantité, c’est-à-dire: au contact de la souillure, la première reste pure et la deuxième devient impure, car la souillure peut se répandre dans toute l’eau mélangée lorsque celle-ci est en petite quantité, ce qui n’est pas le cas lorsqu’elle en grande quantité. En partant de ce principe, as-Sayyid al-Hakim a dit que les puits de pétrole ne peuvent pas être souillés. En cela, son avis est pertinent, car il y a vraiment une différence entre le pétrole et l’eau mélangée.
La purification de l’eau souillée
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Tout ce qui est atteint par la pluie est pur.»[24] Et il a dit aussi: «l’eau de la rivière se purifie par elle-même.»[25]
Il y a trois cas pour la purification de l’eau souillée
1-L’eau souillée est jaillissante, mais elle a subi un changement dans son goût, dans sa couleur, ou dans son odeur.
Pour que cette eau devienne pure, il suffit que l’effet de la souillure (c’est-à-dire le changement qu’elle a provoqué dans l’eau) disparaisse, que ce soit de lui-même ou par un moyen quelconque. En cela, il n’y a aucune distinction entre l’eau en petite quantité et l’eau en grande quantité. La preuve pour cela est le hadith que nous avons cité dans le paragraphe intitulé «le contact de l’eau avec la souillure», et où l’Imam ar-Rédha (a.s) a dit: «Car elle a une source.»
2-L’eau est en petite quantité et elle n’est pas jaillissante.
Dans ce cas, si cette eau n’a pas subi un changement dû à la souillure, alors il suffit de l’une des choses suivantes pour qu’elle devienne pure: soit que la pluie l’atteigne, soit qu’elle entre en contact avec une eau jaillissante ou une eau d’une quantité égale à al-kor, mais à condition qu’elles forment ensemble une seule eau. Et si cette eau a subi un changement dû à la souillure, alors il y a deux possibilités pour qu’elle devienne pure. La première est ce que nous venons de citer, mais dans ce cas, il faut d’abord que l’effet de la souillure disparaisse. La deuxième possibilité consiste à jeter cette eau-là dans une eau en grande quantité d’une façon à ce qu’il ne reste plus de trace de la souillure.
3- L’eau est en grande quantité, mais elle n’est pas jaillissante.
Il est indubitable qu’au contact de la souillure cette eau reste pure, à moins qu’elle ne subisse un changement dans sa couleur, dans son goût, ou dans son odeur. Dans ce cas, il faut d’abord que l’effet de la souillure disparaisse, ensuite l’eau peut-être purifiée soit en recevant de la pluie, soit en entrant en contact avec une eau jaillissante ou une eau d’une quantité égale à al-kor, mais à condition qu’elles forment ensemble une seule eau.
Les jurisconsultes n’exigent pas que les deux eaux soient complètement mélangées, ni même qu’elles soient au même niveau. Donc l’eau purifiante peut-être au-dessus de l’eau souillée. Toutefois, l’eau souillée ne doit pas être au-dessus de l’eau pure. Les jurisconsultes n’exigent pas aussi que la disparition de l’effet de la souillure précède le mélange des deux eaux. Il suffit donc qu’ils se produisent simultanément pour que l’eau souillée devienne pure.
L’eau dont la pureté est douteuse
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Toute eau est pure, à moins que tu ne saches qu’elle est impure.»[26]
Si on voit de l’eau et on ne sait pas si elle est pure ou pas, alors on devra la considérer comme une eau pure, surtout si on sait avec certitude qu’elle était pure auparavant. La preuve pour cela est le hadith précédent, ainsi que le hadith qui concerne toutes choses dont la pureté est douteuse, à savoir: «Tout chose est pure, à moins que tu ne saches qu’elle est impure.»
Et si on a la certitude qu’elle était impure et, malgré cela, on hésite à croire à son impureté (car, on pense qu’elle est peut-être purifiée), alors, selon la règle al-istishab, on devra la considérer comme impure.
Lorsqu’on ignore laquelle des deux eaux est impure
Quelqu’un a demandé à l’Imam as-Sadiq (a.s) ce que doit faire un homme qui a deux pots d’eau, l’un d’eux est souillé, mais il ne sait pas lequel; En sachant qu’il ne peut pas avoir une autre eau. L’Imam as-Sadiq (a.s) lui a dit: «Il doit verser les deux pots et faire at-tayammoum.»[27]
Si on a deux pots d’eau l’un est pur et l’autre est souillé, et on ignore lequel des deux est pur et lequel est souillé, que devra-t-on faire?
Dans ce cas, on devra éviter les deux pots, afin d’être sûr de n’avoir pas utilisé l’eau souillée. Et si on ne peut pas avoir une autre eau, alors on sera obligé de recourir au tayammoum pour pourvoir faire la prière.
L’accroissement de la quantité d’eau
Si une eau est à la fois en petite quantité et souillée, et par la suite une autre eau s’est ajoutée à elle, deviendra-t-elle pure si l’ensemble des deux eaux a atteint al-kor?
Réponse: Elle restera impur, car l’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Si une eau est d’une quantité égale à al-kor, alors rien ne pourra la souiller.»[28] C’est-à-dire, il faut d’abord que l’eau pure atteigne al-kor, ensuite si elle entre en contact avec la souillure, elle restera pure. Donc, si la deuxième eau est impure, alors l’eau obtenue par le mélange des deux eaux sera impure. Et si elle est pure, alors elle sera souillée par la première eau.
L’eau utilisée dans les ablutions
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Lorsque le Prophète (a.s.s) faisait ses ablutions, les croyants prenaient l’eau qui tombait de son corps pour s’en servir dans leur ablutions.»[29] Il a dit aussi: «Quant à l’eau utilisée par un homme dans les ablutions, il n’y a pas de mal à ce qu’un autre l’utilise pour faire ses ablutions.»[30]
Quelqu’un a demandé à l’Imam as-Sadiq (a.s) si on peut utiliser l’eau du bain public (le hammam) dans les ablutions majeures, sachant qu’une autre personne en état de pollution (al-janaba) a déjà utilisé cette même eau pour le même but. L’Imam (a.s) lui a dit: «Il n’y a aucun mal à se servir d’une eau utilisée dans les ablutions majeures. J’en avais moi-même utilisé dans les ablutions majeures.»[31]
La conclusion qu’on peut tirer de ce hadith est que l’eau touchée par une personne en état de pollution, non seulement elle ne devient pas impure, mais elle reste aussi purifiante. Et c’est pour cela que les jurisconsultes sont unanimes à dire que l’eau utilisée dans les ablutions (al-woudho’) ou dans les ablutions majeures recommandées (telle que les ablutions du vendredi), peut être utilisés pour enlever al-khabath ou al-hadath; c’est-à-dire elle peut être utilisée pour enlever la souillure matérielle. Quant à l’eau utilisée dans les ablutions majeures obligatoires, les jurisconsultes sont unanimes à dire qu’elle peut enlever seulement al-khabath, et la plupart d’entre eux disent qu’elle peut même enlever al-hadath. L'eau d'une quantité égale à al-kor
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Si une eau est d’une quantité égale à al-kor, alors rien ne pourra la souiller.»[32]
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit aussi: «Si [un bassin d’eau] mesure trois empans et demi de chaque côté et trois empans et demi de profondeur, alors cette eau-là est d’une quantité égale à al-kor.»[33]
Dans un autre hadith, il a dit: «Rien ne peut souiller al-kor, c’est-à-dire [une quantité d’eau pesant] mille deux cents livres.»[34]
Le premier hadith a un sens littéral (al-mantouq) et un sens sous-entendu (al-mafhoum). Littéralement, ce hadith veut dire que l’eau d’une quantité égale à al-kor ne peut pas être souillée. Mais le sens sous-entendu de ce hadith est le suivant: si l’eau est d’une quantité inférieure à al-kor, alors elle pourra être souillée par un objet impur.
Al-mafhoum est toujours l’inverse d’al-mantouq, mais pas à tous égards. En effet, si dans al-mantouq l’expression est: «rien ne pourra la souiller», cela ne veut pas dire que dans al-mafhoum elle deviendra: «tout pourra la souiller.» Ainsi, al-mafhoum du hadith précédent ne peut pas être ceci: «Si l’eau est d’une quantité inférieur à al-kor, alors tout pourra la souiller.»[35]
La conclusion que nous pouvons tirer de ce qui précède, est que l’eau d’une quantité égale à al-kor ne peut pas être souillée, à moins qu’elle ne subisse un changement dans sa couleur, dans son odeur, ou dans son goût. Quant à l’eau d’une quantité inférieure à al-kor, elle devient impure au contact de la souillure même si elle n’a pas subi un changement.
L’Imam as-Sadiq (a.s) a déterminé al-kor de deux façons différentes. Dans le premier hadith il l’a déterminé par son volume, et dans le deuxième hadith il l’a déterminé par son poids. Toutefois, il est préférable de le déterminer par son volume, et cela pour trois raisons:
1-On ne sait pas exactement à quoi correspond la livre utilisée à l’époque de l’Imam as-Sadiq (a.s).
2-Certaines eaux sont plus lourdes que les autres.
3-Pour peser l’eau, on a besoin d’un appareil de pesage, et celui-ci n’est pas disponible partout. Par contre, il est toujours facile de faire une estimation approximative du volume d’une eau.
Lorsque la quantité d’eau est douteuse
Si on voit une eau, et on ne sait pas si elle est d’une quantité inférieure ou égale à al-kor, comment devra-t-on la considérer?
Il y a trois cas:
1-On sait qu’elle était d’une quantité égale à al-kor, mais maintenant on hésite à croire qu’elle a toujours le même volume, car on pense qu’elle a peut-être diminué.
Selon la règle al-istishab, ont devra la considérer comme une eau d’une quantité égale à al-kor. C’est-à-dire, si un objet impur est lavé dans cette eau-là, il deviendra pur; et si cette eau-là entre en contact avec une souillure, elle restera pure.
2-On sait qu’elle était d’un volume inférieur à al-kor, et maintenant on hésite à croire qu’elle a toujours le même volume, car on pense qu’une autre eau s’est peut-être ajoutée à elle.
Toujours selon la règle al-istishab, on devra la considérer comme une eau d’une quantité inférieure à al-kor. C’est-à-dire, si un objet impur est lavé dans cette eau-là, il restera impur; et si cette eau-là entre en contact avec une souillure, alors elle deviendra impure.
3-Si on n’a aucune idée sur son état précédent, alors on ne pourra la considérer ni comme une eau d’un volume inférieur à al-kor, ni comme celle d’un volume égale à al-kor. Dans ce cas, si on lave un objet souillé dans cette eau-là, elle restera pure tant qu’elle n’aura pas subi un changement, car il est probable que l’eau en question soit d’un volume égal à al-kor, c’est-à-dire il est probable que cette eau-là soit pure; et selon la règle at-tahara (la règle de la pureté), cette même probabilité est suffisante pour considérer cette eau-là comme une eau pure. De même, la règle al-istishab exige que l’on considère tout objet souillé qui sera lavé dans cette eau-là comme un objet impure. Il n’y a aucune contradiction entre la pureté de l’eau et l’impureté de l’objet lavé, car dans le cas présent, l’objet de la règle at-tahara est l’eau, tandis que l’objet du la règle al-istishab est l’objet souillé.
Les impuretés
Dieu a dit dans le Coran: «Et tes vêtements, purifie-les.»[36], Et Il a dit aussi: «Dieu aime ceux qui se repentent et Il aime ceux qui se purifient.»[37]
En arabe, le mot an-najasa (l’impureté) signifie le manque de sincérité ou la laideur de l’action. Les jurisconsultes désignent par ce même mot, la souillure matérielle qu’on doit enlever pour pouvoir faire la prière ou faire le tour obligatoire de la Kaâba.
Les impuretés sont en nombre de onze:
1-L’urine
Quelqu’un a dit à l’Imam as-Sadiq (a.s): «Que devrai-je faire si l’urine souille mon vêtement ou mon corps?» Et l’Imam (a.s) lui a dit: «Lave-le deux fois.»[38]
2-Les matières fécales
Quelqu’un a demandé à l’Imam as-Sadiq (a.s) si on peut consommer une farine dans laquelle on a trouvé les excréments d’une souris, et l’Imam (a.s) a répondu: «S’il en reste, il n’y a pas de mal à la consommer, mais il faut enlever la partie supérieure.»[39]
Les jurisconsultes sont unanimes à considérer l’urine et les matières fécales comme des impuretés. Toutefois, cet avis ne concerne pas toutes sortes d’urine et de matières fécales; il concerne seulement celles de l’homme et celles des animaux dont la chair a été interdite par la loi islamique et dont le sang jaillit lorsqu’on les égorge. L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Si ton vêtement est atteint par l’urine d’un animal dont la chair est interdite, lave-le.» [40] Et il a dit aussi: «Si ton vêtement est atteint par l’urine d’un animal dont il est permis de manger la chair, ne le lave pas.»[41]
Dans son ouvrage intitulé misbah al-faqih, cheikh al-Hamedani a dit:
«L’impureté de l’urine de l’homme et celle de certains animaux comme le chat et le chien, et l’impureté de leurs matières fécales sont presque aussi évidentes que la pureté de l’eau. Donc, on ne doit pas s’étendre là-dessus en citant tous les hadiths qui peuvent servir de preuve.»[42]
Les excréments des oiseaux sont-ils purs?
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Il n’y a pas de mal [à ce que l’on soit atteint par] l’excrément ou l’urine de tout ce qui vole.»[43] C’est-à-dire que l’excrément et l’urine de n’importe quel oiseau (même l’oiseau dont la chair est interdite) sont purs.
Certains diront peut-être que ce hadith est en contradiction avec le hadith précédent selon lequel les excréments et l’urine de tous les animaux dont la chair est interdite sont impurs.
Réponse: Nous devons choisir le hadith dans lequel l’Imam (a.s) a dit que les excréments et l’urine de tous les oiseaux sont purs, car le hadith précédent (le hadith selon lequel les excréments et l’urine de tous les animaux dont la chair est interdite sont impurs) sous-entend les animaux autres que les oiseaux. Donc, il n’y a aucune contradiction entre les deux hadiths. Et même s’il y a une contradiction entre eux, on choisira le dernier hadith (le hadith selon lequel les excréments et l’urine des oiseaux sont purs), car les transmetteurs de ce hadith sont plus fiables que ceux de l’autre hadith. Et si on suppose que les deux hadiths sont équivalents du point de vue de la fiabilité des transmetteurs, alors on optera pour la pureté des excréments et de l’urine de tous les oiseaux, car dans un cas pareil, il y a une seule alternative: soit on est libre de choisir le hadith qu’on veut, soit on rejette les deux hadiths, et dans ce dernier cas on pourra recourir au hadith qui dit: «Toute chose est pure, à moins que tu ne saches qu’elle est impure.»
L’animal avec qui l’homme a eu des rapports sexuels et celui qui s’est nourri d’excréments
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Ne mangez pas la chair des animaux qui se sont nourris d’excréments, et si vous êtes atteints par leur sueur, lavez-vous.»[44]
Il a dit aussi: «Quelqu’un a interrogé le commandeur des croyants (l’Imam Ali (a.s)) à propos d’un animal avec qui l’homme a eu des rapports sexuels, et [l’Imam] lui a dit: sa chair est interdite, et il est de même pour son lait.»[45]
Il existe deux catégories d’animaux dont il est permis de consommer la chair: les animaux dont la chair a toujours été consommée par l’homme (comme le bœuf, le mouton,…), et ceux qui ont toujours été utilisés comme moyen de transport (comme le cheval, l’âne,…) et dont on a toujours évité de consommer la chair afin de ne pas provoquer leur pénurie.
Si un animal appartenant à l’une des catégories précédentes s’est nourri d’excréments pendant une longue durée, alors sa chair sera interdite jusqu'à ce qu’il soit purifié, et cela en abandonnant les excréments et en se nourrissant d’une alimentation propre pendant une durée considérable.
Il est également interdit de consommer la chair de tout animal avec qui l’homme a eu des rapports sexuels. Et si la chair d’un animal devient interdite pour l’une des raisons que nous venons de citer, alors ses excréments et son urine deviendront impurs, et son lait sera interdit.
3- Le sperme
Quelqu’un a demandé à l’Imam as-Sadiq (a.s) ce qu’on doit faire lorsque le vêtement est atteint par le sperme, et l’Imam (a.s) lui a dit: «Si tu arrives à repérer la partie qui a été atteinte par le sperme, lave uniquement cette partie-là, sinon lave tout le vêtement.»[46]
Les jurisconsultes sont unanimes à dire que le sperme de tout animal dont le sang jaillit lorsqu’on l’égorge est impur, et cela sans distinction entre l’animal dont il est permis de consommer la chair et celui dont il est interdit de consommer la chair. Quant aux autres animaux, leur sang et leur sperme sont purs.
Al-madhiyy et al-wadiyy sont-ils purs?
Quelqu’un a dit à l’Imam as-Sadiq: «Que devrai-je faire si al-madhiyy atteint mon vêtement?» Et l’Imam (a.s) a dit: «Il n’y a pas de mal à cela.»[47]
Al-madhiyy et al-wadiyy sont purs. Al-madhiyy est la sécrétion libérée avant l’éjaculation du sperme ou lorsqu’on pense aux rapports sexuels.
Al-madhiyy peut-être libéré inconsciemment. Quant à al-wadiyy, il vient toujours après l’urine.
4-Le sang
L’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Si, sans se rendre compte, quelqu’un fait la prière avec un vêtement taché par du sang, alors il n’aura pas besoin de refaire sa prière; et s’il était au courant [de la présence de la tache de sang], mais à cause de l’oubli il a prié avec le même vêtement, alors il devra refaire la prière.»[48]
Quelqu’un a interrogé l’Imam as-Sadiq à propos du sang des puces, et l’Imam (a.s) lui a dit: «Il n’y a pas de mal à cela.» Puis la même personne lui a dit: «Et s’il est en abondance?» L’Imam (a.s) lui a dit: «Même s’il est en abondance.» [49]
Le sang (quelle que soit sa quantité) provenant d’un animal dont le sang jaillit lorsqu’on l’égorge est impur, que cet animal soit un animal dont il est permis de consommer la chair ou pas.
Y a-t-il une règle générale permettant de dire que tout sang est impur, sauf quelques exceptions (comme le sang qui reste dans le corps d’une bête égorgée ou celui d’un animal dont le sang ne jaillit pas lorsqu’on l’égorge)?
La plupart des jurisconsultes nient l’existence d’une telle règle. Ceux qui disent qu’une telle règle existe s’appuient sur le hadith où l’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Tout eau dont les oiseaux boivent peut être utilisée dans les ablutions, sauf si on voit du sang dans le bec d’un oiseau.»[50] C’est-à-dire ce sang-là doit être considéré comme impur même si on ignore son origine.
Ceux qui n’admettent pas cet avis disent que ce hadith ne veut pas dire qu’un tel sang doit être considéré comme impur, mais il veut simplement dire que si on sait que ce sang-là est impur, alors tout ce qui entrera en contact avec lui deviendra impur.
A propos de la bête égorgée
La plupart des jurisconsultes disent que le sang qui reste dans le corps d’une bête égorgée après la sortie de la quantité habituelle est pur. Leur preuve est le principe selon lequel la loi islamique ne prescrit jamais ce qui est embarrassant.
5- Le cadavre
A propos d’un puits où l’on trouve un cadavre, l’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Si le puits a une odeur qui se répand, alors il faudra évacuer vingt seaux [de son eau].»[51]
Quelqu’un a interrogé l’Imam as-Sadiq (a.s) à propos des insectes (comme la mouche, la fourmi,…) qui meurent dans un puits ou dans la graisse, et l’Imam (a.s) lui a répondu: «Il n’y a pas de mal à tout ce qui n’a pas de sang.»[52] Il a dit dans un autre hadith: «Rien ne peut altérer l’eau, sauf [un animal] qui a un sang coulant.»[53]
Les jurisconsultes sont unanimes à dire que le cadavre de tout animal ayant un sang coulant est impur, que ce soit un être humain (même un fœtus avorté), ou bien une bête. Toutefois après les ablutions du mort, le corps de l’homme devient pur. Quant à l’animal n’ayant pas de sang coulant (comme le serpent, la sauterelle,…), il reste pur même après la mort.
Les jurisconsultes sont aussi unanimes à dire que les parties du cadavre qui n’ont pas de sang (comme les ongles, les cornes, la laine,…) sont pures, sauf celles des animaux impurs, comme le chien et le cochon. A ce propos, l’Imam as-Sadiq (a.s) a dit: «Il n’y a pas de mal à faire la prière avec un vêtement fait de laine de cadavre, car la laine n’a pas d’âme.»[54]
L’expression «Car la laine n’a pas d’âme» est la preuve que toutes les parties n’ayant pas de sang son pures.
Question: Si une partie d’un animal vivant est retranchée de celui-ci, sera-t-elle impure?
Réponse: Certains jurisconsultes disent qu’elle restera pure, d’autres disent qu’elle deviendra impure. Les premiers s’appuient sur la règle at-tahara, et les derniers s’appuient sur le principe d’al-ihtiyat (la précaution). Mais il va sans dire que la précaution ne peut jamais servir de preuve. Et c’est pour cette raison que l’auteur de l’ouvrage intitulé al-madarik a dit:
«La conclusion qu’on pourra tirer de ces hadiths est que les cadavres sont impurs. Et cela ne s’applique sûrement pas aux parties séparée d’un corps vivant.»[55]