PREFACE LA VERITE DU CHIISME

LA VERITE DU CHIISME
SABISM2
Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux
قال الله تعالى:

{ إِنَّمَا يُرِيدُ اللَّهُ لِيُذْهِبَ عَنْكُمْ الرِّجْسَ أَهْلَ الْبَيْتِ وَيُطَهِّرَكُمْ تَطْهِيرًا }

Dieu a dit dans le Coran:

«En vérité, Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure, ô gens de la Demeure [du Prophète], et vous purifier totalement.»

Sourate al-Ahzab (S: 33, V: 33)

Plusieurs hadiths rapportés tant par l’école sunnite que par l’école chiite disent que ce verset a été révélé a- propos d’Ahl-ul-bayt, c’est- a--dire le Prophète, Ali, Fatima, al-Hassan et al-Hussein (que la paix de Dieu soit sur eux).

Pour plus de détails, le lecteur pourra consulter les ouvrages suivants: mousnad Ahmad (v:1, p:331/v:4, p:107/v:6, p:292 et 304); sahîh Mouslim (v:7, p:130); sounan at-Tirmidhi (v:5, p:361) ; adh- dhourriyya at-Tâhira an-nabawiyya de ad-Doulabi (p: 108) ; as-sounan al-koubra de an-Nisa’i (v:5, p: 108 et 113) ; al-moustadrak ‘ala as-sahihayn de al-Hakem an-Neychapuri (v:2, p:416/v:3,p: 133, 146 et 147) ; al-borhân de Zarkachi (p: 197) ; fath-ul-Bâri fi charh sahîh al-Boukhari de Ibn Hajar al-‘Asqalani (v:7, p: 104) ; osol al-Kafi de al-Kouleyni (v:1,p:287) ; al-imama wat-tabsira de Ibn Babawyh (p:47,hadith 29) ; al- Khisal de cheikh as-Sadouq (p: 403 et 550); al-amâli de cheikh at-Tosi (hadiths 438, 482 et 783),…

LA VERITE DU CHIISME
قالَ رَسُولُ اللهِ 3: «إنِّي تَارِكٌ فِيكُمُ الثَّقَلَيْنِ: كِتَابَ اللهِ وَعِتْرَتِي أهْلَ بَيْتِي، مَا إنْ تَمَسَّكْتُمْ بِهِمَا لَنْ تَضِلُّوا بَعْدِي أبَداً، وَإنَّهُمَا لَنْ يَفْتَرِقَا حَتَّى يَرِدَا عَلَيَّ الْحَوْضَ. »

(ورد هذا الحديث الشريف المتراتر بصور متعددة في الكثير من المصادر الاسلامية منها: صحيح مسلم ج7، ص122، سنن الدارمي ج2، ص432، مسند احمد، ج3، ص14، 17، 26، 59، ج4، ص366، 371، ج5، ص 182، مستدرك الحاكم، ج3، ص109، 148، 533، وغيرها من المصادر).

Le Prophète (Pbsl) a dit: «J’ai laissé parmi vous deux trésors: le Livre de Dieu (le Coran) et les membres [immaculés] de ma famille (Ahl-ul-Bayt); ils ne se sépareront point jusqu’à ce qu’ils viennent me rejoindre au Bassin paradisiaque. »

Ce hadith authentique a été cité dans plusieurs ouvrages islamiques, parmi lesquels on peut citer: sahih mouslim (v: 7, p: 122), sounan ad-Darami (v: 2, p: 432), mousnad Ahmed (v:3, p:14,17,26,59 / v: 4, p:366,371, / v:5, p:182), moustadrak al-Hakem (v: 3, p: 109,148,533),…

LA VERITE DU CHIISME
Groupe d’étude et de Recherche
Traduit par:
Daoud Wamba, Issa Mbaki & Ibrahim Zengo
Centre Mondiale des Ahl-ul-Bayt(AS)
اسم كتاب: حقيقة التشيع

مؤلف: صباح علي البياتي – لجنة البحوث

مترجم: داوود وامبا و ديگران

زبان ترجمه: فرانسو

Titre de l’ouvrage: La vérité du Chiisme
Auteur: Groupe d’Etude et de Recherche
Projet supervisé par le département des affaires culturelles
Traducteur: Daoud Wamba, Issa Mbaki & Ibrahim Zengo
Correcteur : Monto Beto
Réviseuse : Margaretta Maria Devolder
Contrôle final : Sommayyeh Khalili Tabrizi
Edition: Mondiale des Ahl-ul-Bayt(AS)
Date de publication: 2012
Imprimerie: Mojab
Tirage: 5.000
Publication: Centre Mondiale des Ahl-ul- Bayt(AS)
Site internet: www.ahl-ul-bayt.org
Courriel: info@ahl-ul-bayt.org
ISBN: 978-964-529-457-9
LA VERITE DU CHIISME
Le Centre Mondial d’Ahl-ul-Bayt
Au nom de Dieu le Très Clément, le Tout Miséricordieux
LES AHL-UL-BAYT DANS LA TRADITION PROPHETIQUE
Le Messager de Dieu (Pbsl) a dit:

«J’ai laissé parmi vous, deux trésors, le Livre de Dieu et ma descendance les Ahl-ul-Bayt. Si vous les suivez, vous ne serez jamais égarés, après moi.»

Sahihs Bukhari & Muslim

PREFACE
Le patrimoine légué par Ahl-ul-bayt (le Prophète et les membres immaculés de sa famille) et conservé par leurs fidèles partisans, est à juste titre une école pluridisciplinaire. Source intarissable de savoir, cette école n’a cessé de former des savants érudits capables d’assimiler les opinions des différents courants idéologiques et de répondre aux questions soulevées, tant en terre d’Islam qu’ailleurs.

A l’instar d’Ahl-ul-bayt (a.s) et de leurs fidèles partisans qui ont su relever tous les défis, le Centre Mondial d’Ahl-ul-bayt s’est chargé d'éclairer et de défendre la vérité si longtemps occultée, tant par les maîtres des différentes écoles islamiques que par les ennemis de l’Islam.

Les ouvrages dont dispose l’école d’Ahl-ul-bayt témoignent d’une expérience tout à fait particulière dans le débat et la critique. Ils recèlent un capital de connaissances exemptes de préjugés et appuyées par des arguments logiques. Ces ouvrages adressent aux savants et intellectuels concernés des messages rationnels que les gens de bon sens admettent de bon gré.

A ce riche patrimoine, viennent s’ajouter des livres plus récents recélant de nouvelles recherches. Certains d'entre eux ont été compilés par des chercheurs issus de l’école d’Ahl-ul-bayt et d’autres par des auteurs convertis à cette noble école.

A une époque marquée par une ouverture d'esprit plus intense et un mélange croissant des populations, le Centre Mondial d’Ahl-ul-bayt s’est engagé à répandre le message d’Ahl-ul-bayt (AS) à travers le monde en publiant tout ouvrage susceptible de guider les personnes en quête de vérité.

Nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage, Sabah Ali Al-Bayati, auteur, et Daoud Wamba, Issa Mbaki et Ibrahim Zengo, traducteurs du livre.

En réalisant ce travail, nous espérons avoir accompli une partie de notre devoir envers Dieu «qui a envoyé son Messager avec la guidance et la religion de vérité pour la faire triompher sur toute autre religion. Dieu suffit comme témoin»[1]

Le Centre Mondial d’Ahl-ul-bayt(AS)

PREFACE DE L’EDITEUR
Les divergences d'opinion sont un des problèmes courants de la société humaine, mais Dieu veut que ces divergences se règlent dans la droiture et dans la foi. Il est nécessaire aussi d'avoir un critère pour aider les gens à les résoudre. Le Très-Haut a révélé un Livre, avec vérité, pour qu’il soit une référence et un critère de jugement, et pour trancher dans les questions divergentes.

«Les gens formaient à l'origine une seule communauté (croyante). Puis, (après leurs divergences) Allah envoya des Prophètes comme annonciateurs et avertisseurs et Il fit descendre avec eux le Livre contenant la vérité, pour régler parmi les gens, leurs divergences. Mais, ceux-là mêmes à qui il avait été apporté, se mirent à disputer, après que les preuves leur furent venues, par esprit de rivalité! Puis Allah, par Sa Grâce, guida ceux qui crurent à cette Vérité sur laquelle les autres divergeaient. Et Allah guide qui Il veut vers le chemin droit.»[2]

Si on ne se réfère pas à cette vérité unique, aucun problème ne peut être réglé dans la droiture. Le saint Coran professe l’Unicité de Dieu comme pilier principal de la foi. En plus des divergences, nous sommes également confrontés aux déviations idéologiques. Dans chaque société existent des légendes et des contes qui ne servent qu'à éloigner l’Humanité de son origine.

Il est évident que les gens ne seront pas capables de distinguer la vérité du mensonge tant qu’ils seront en divergence, occupés par les plaisirs du monde ou coupables d’injustice et de corruption morale.

Le livre saint fut révélé, sans que les gens abandonnent les plaisirs de ce monde, mais la convoitise et la peur les poussèrent à s’éloigner du jugement du livre saint et de la vérité.

L’injustice, selon le saint Coran[3], est une des causes qui poussèrent les gens à la divergence, à la division et à la désobéissance.

L’ignorance est une autre cause. Il faut comme le recommande le Saint Coran, que les gens s'instruisent auprès des savants:

«Nous n'avons envoyé avant toi que des hommes à qui Nous faisions des révélations. Demandez donc aux érudits du Livre, si vous ne savez pas».[4]

L’ignorance des gens en ce qui concerne le livre saint, est un des obstacles qui empêchent la résolution des divergences et des divisions.

L’islam est la religion éternelle de Dieu qui tire son authenticité des enseignements du saint Coran et de la Tradition du saint Prophète Muhammad (Pbsl), un Prophète qui ne parlait jamais par passion, mais dont toutes les paroles, sans exception, sont une révélation de son Seigneur.

Dieu le Très-Haut, avait informé son Messager de l'apparition des divergences dans la communauté islamique après sa mort, comme il y en avait déjà, de son vivant.

Le saint Coran a prévu pour cela une lumière, chargée d'éclairer la communauté musulmane après la disparition de l’envoyé de Dieu (paix et bénédiction sur lui et sur sa descendance), afin d’expliquer aux gens les sens ésotériques et exotériques du livre saint.

Cette lumière est la famille purifiée du saint Prophète Muhammad (paix et bénédiction sur eux). Les membres de cette famille sont purifiés de toute souillure, comme l’oubli, l’ignorance, le péché ou l’erreur.

Le saint Coran fut révélé à leur grand-père Mustapha, dont ils héritèrent la Science du Livre. Dieu leur a accordé des vertus et des bienfaits qu’il n’a jamais accordés à personne d'autre dans l'Histoire. Le Messager de Dieu (Pbsl), également, dans le "Hadith Thaqalayn" (Récit des deux trésors), les a désignés comme Références pour la communauté islamique. Ces Immaculés veillent sur la loi divine, la compréhension et l’interprétation du saint Coran et possèdent toutes les sciences cachées. Ils sont donc "la" Référence de la communauté, après le Prophète de l’islam.

Les Imams (paix sur eux) répondaient à tous avec politesse et simplicité, ils se comportaient bien avec leurs disciples et avec ceux qui leur posaient des questions ou les invitaient à discuter. Leurs sages réponses prouvaient qu’ils étaient la meilleure référence.

Le patrimoine des Ahl-ul-Bayt (paix sur eux), a été conservé et protégé jusqu’à nos jours, de la disparition et de la destruction, par leurs adeptes. Ce patrimoine renferme toutes les sciences islamiques.

Cette école a transmis ces sciences à plusieurs générations et a formé un grand nombre de savants qui suivent la voie et préservent le patrimoine des Ahl-ul-Bayt (paix sur eux) et répondent aux questions qui leur sont posées sur les différentes écoles islamiques ou d’autres problèmes contemporains.

L’assemblée Mondiale des Ahl-ul-Bayt(AS) a pris l’initiative de protéger le message divin et les sciences islamiques, préservées par les savants et les penseurs musulmans, de l'école des Ahl-ul-Bayt (paix sur eux), et de leurs adeptes qui ont toujours évité la provocation et se sont efforcés de demeurer dans cette voie.

Les théories, dans les livres des savants de l’école des Ahl-ul-Bayt, sont d’une grande valeur et incomparables à celles des autres écoles, à cause de leur caractère scientifique et de leur conformité totale à la raison, et parce qu'elles n'ont pas été rédigées dans la passion ou le fanatisme.

Leurs savants et leurs penseurs présentent des idées acceptables par l’intelligence et admises par tout esprit sain. Le projet de l’Assemblée Mondiale des Ahl-ul-Bayt(AS) est de montrer aux étudiants et aux chercheurs l'orientation générale de ces théories, grâce à des conversations, des réunions de questions et réponses, sur des problèmes soulevés au cours des siècles ou à l’heure actuelle, dans les sites Internet, les livres et les journaux. L’Assemblée Mondiale des Ahl-ul-Bayt(AS) œuvre à la préservation et la publication du patrimoine de l’E'cole des Ahl-ul-bayt (paix sur eux).

Nous devons signaler que l’ensemble des recherches proposées dans ce livre, ont été conduites par un groupe de spécialistes.

Nous tenons à remercier sincèrement l’Hodjat-ol-islam cheikh Abou Fazl al Islâmi, président de ce groupe, Seyed Munzir al Hakim, cheikh Abdol Karim al Bahbahâi, Seyed Abdou Rahim, Seyed Sabah Ali al Bayâti, Seyed Moussaoui, cheikh Abd-ol-Amir al Sultâni, cheikh Muhamad al Amini, cheikh Muhamad Reza alu Ayoub, cheikh Ali Bahrâmi, cheikh Hussein Salihi et cheikh Aziz al Aqabi.

Nous remercions également les écrivains et Professeurs: cheikh Muhammad Hadi al, cheikh Youssoufi al Gharawi, cheikh Jaffar al Hadi et Sâibou Abd-ol-Hamid, pour leur contribution à ces recherches.

Nous espérons avoir fait tout ce qui était en notre pouvoir, dans la transmission du message de Dieu qui a envoyé son Prophète avec droiture et la religion parfaite, destinée à se placer au-dessus de toutes les religions.

INTRODUCTION
Louanges à Dieu, Seigneur de l’univers, que Sa paix et Sa bénédiction soient sur Son envoyé et serviteur, Muhammad, sur sa descendance purifiée et sur leurs partisans sincères.

J’avais étudié le Chiisme et ses origines avec beaucoup d’attention, dans les ouvrages des écrivains et des chercheurs anciens et contemporains, et j’en avais tiré toutes sortes d'idées sur les origines du Chiisme. Un grand nombre d'entre eux considéraient que le Chiisme était une des sectes qui étaient apparues à une époque de division entre les musulmans, qui avait fait beaucoup souffrir la communauté musulmane et qui concernait la doctrine islamique et l'interprétation des événements historiques.

A cette époque, plusieurs sectes islamiques étaient apparues et chacune prétendait détenir la vérité et être dans le droit chemin. C’est à cause de ces divergences que certaines sectes islamiques avaient commencé à se référer à leur propre théorie au lieu de recourir aux versets coraniques ou aux paroles de l’envoyé de Dieu (Pbsl). Ce problème s'aggrava lorsqu'elles introduisirent le fanatisme dans leur idéologie et commencèrent à modifier ou à supprimer certaines paroles de l’envoyé de Dieu, avec l'introduction de faux hadiths dans la Tradition prophétique, comme le hadith:

«Apparaîtra dans ma communauté, un peuple qu’on appellera les rejetés, combattez-les donc car ce sont des polythéistes».

Tous les écrivains et historiens des siècles précédents, savent que l’expression «rejetés» fut utilisée par Zaïd ibn Ali ibn Hussein (paix sur eux) pour désigner certains de ses partisans qui l’avaient abandonné dans sa lutte contre les Omeyyades.

Ce terme ou d'autres qui ont été utilisés pour désigner certaines sectes minoritaires, était inusité à l’époque du Prophète de l’islam (Pbsl).

Parmi les hadiths de l’envoyé de Dieu (Pbsl), il en est un qui a été rapporté par toutes les écoles islamiques, qui dit que la communauté musulmane se divisera en soixante-treize sectes et que toutes, sauf une, sont vouées à l'enfer. Chaque secte se défend en affirmant être celle qui est dans la voie droite et que les autres iront toutes en enfer.

Ces croyances se propagèrent rapidement jusqu’à ce que de faux hadiths furent introduits dans les récits prophétiques, dont les expressions et le vocabulaire n'avaient jamais été utilisés à l’époque du saint Prophète (Pbsl) mais apparurent à l’époque où naquirent les divergences entre les musulmans sur les fondements de leur doctrine et à l’époque où ils commencèrent à imiter la culture des étrangers, convertis à l’islam. C’est alors que chaque doctrine adopta une philosophie particulière. Certaines sectes introduisirent la pensée et la philosophie grecque, perse, romaine ou hindoue dans leur doctrine.

A l'époque de la prospérité de l'islam, les chercheurs et les penseurs musulmans se consacraient à l’étude des sciences et des arts islamiques, alors que les partisans des sectes s’occupaient des problèmes relatifs à la succession du pouvoir, après le Messager de Dieu (Pbsl). De grands écrivains comme Shahrestani et Al Baghdadi écrivirent des ouvrages sur les sectes et les doctrines islamiques dont les plus nombreuses furent appelées Ahl-ul-sunna wal jamâ'a, c'est à dire les différentes écoles sunnites.

Ces ouvrages étaient consacrés à la présentation des soixante-treize sectes musulmanes, à la seule qui détient la vérité et à l'erreur des soixante-douze autres. Ces grands écrivains cherchaient à prouver que les sectes de la communauté islamique dont les partisans étaient les plus nombreux, étaient dans le droit chemin et seraient sauvées le jour du jugement. Par contre, d’autres écoles comme le Chiisme, étaient considérées comme des groupuscules ou des innovations de certains compagnons de l’envoyé de Dieu (Pbsl).

Pour appuyer leurs arguments, ils affirmaient que le Chiisme avait été inventé par un certain Abdullah ibn Sabah, un juif qui se serait converti à l’islam et aurait créé le Chiisme en s'inspirant du Judaïsme. D’autres écrivirent que ce dernier était un Perse et qu'il aurait fondé cette secte en se référant au Zoroastrisme. Un petit nombre d'entre eux soulignèrent que cette secte était apparue suite à l’oppression subie par les descendants du saint Prophète (Pbsl), comme le martyre d’Ali Ibn Abou Talib et d’Hussein Ibn Ali (paix sur eux).

Certains historiens pensent eux, que le Chiisme naquit après l’événement regrettable de Saqifa ou à l’époque du Califat d’Osman ou après la bataille du chameau ou celle de Seffine, ou encore après le martyre d’Hussein (AS).

Ces écrivains et historiens considéraient que ces événements étaient les principales causes de l'apparition du Chiisme, comme le pensaient également les savants sunnites. Tout ceci montre que les origines du Chiisme, sont très mal connues alors que le Chiisme est une école dans la ligne de l’islam authentique, dans ses croyances et ses sciences.

Il ne s'agit pas d'une secte ou d'une innovation introduite dans l’islam, mais plutôt d'une doctrine initiale qui existait déjà à l’époque du saint Prophète Muhammad (Pbsl) et qui avait continué après lui, sous la direction des Ahl-ul-Bayt (les descendants de l’envoyé de Dieu, paix sur eux). Ces Immaculés donnaient la véritable image de l’islam et combattaient toute infiltration, tout ajout ou toute innovation religieuse qui avait pour objectif la destruction de l’islam.

C’est ici que certaines personnes sont tombées dans l’erreur, en qualifiant le chiisme d'infiltration étrangère à l’islam. Ces gens ne se rendaient pas compte qu'il s'agissait là d'une grave accusation et d'un complot contre l’islam. Ils affirmaient même que le Chiisme était devenu un abri et un camp pour les ennemis de l’islam et des Arabes.

Ce qui est encore plus déplorable est que certains chercheurs contemporains accusèrent les chiites comme leurs prédécesseurs accusaient les Ahl-ul-Bayt(AS), sans avoir étudié la doctrine et l'Histoire du Chiisme alors qu'il existe à l’heure actuelle, de multiples possibilités d’études et de recherches pour quelqu'un qui désire vraiment connaître la vérité.

L'honnêteté scientifique et intellectuelle aidera les chercheurs à atteindre la vérité qui ne pourra jamais être distinguée dans la mauvaise foi.

Certains chercheurs, inoubliables parmi les orientalistes, qui avaient vraiment envie de comprendre la vérité, sont arrivés aux mêmes résultats que les savants chiites. Des savants et des penseurs qui avaient tenté d'ouvrir dans de leurs études une voie pour les gens qui recherchent la vérité.

Ce livre est une tentative pour mener les gens à la vérité.

PREMIER CHAPITRE
LA SOUMISSION ET LA RESIGNATION
Ibn Mansour dit: La Soumission et la Résignation signifient l'obéissance.

La Soumission à la loi islamique signifie l’obéissance à la loi divine et aux enseignements révélés à l’envoyé de Dieu (Pbsl), qui protègent la vie des croyants et interdisent tout ce qui est blâmable. Citons la belle parole de Thalâb qui dit que la Soumission est dans la parole et la foi, dans le cœur.

Abou bakr Muhammad ibn Bishâr dit à propos de l’islam, qu'il y a deux critères pour prouver que quelqu’un est musulman: Le premier est qu’un musulman est soumis aux ordres de Dieu le Très-Haut, et le second est qu'un musulman est celui qui adore Dieu avec sincérité et dévotion.[5]

A partir de ces définitions, nous pouvons montrer la différence qui existe entre la soumission aux ordres de Dieu et la dévotion et la sincérité, dans son adoration.

La première définition est souvent assimilée à la foi qui établit une communication entre le croyant et son Seigneur. La soumission aux ordres de Dieu consiste à obéir à toutes Ses recommandations et à abandonner, sans contestation ou opposition, tout ce qui est interdit par Dieu. Cette soumission consiste également à croire et à obéir à tout ce qui a été révélé au Messager de Dieu (Pbsl), parce qu'en tant qu'envoyé, il ne parle pas poussé par la passion, et que tout ce qu’il dit est une révélation venant de son Seigneur.

Cette soumission doit être respectée dans toutes les obligations religieuses, les principes de jurisprudence et le culte, et dans le rejet de tout ce qui pourrait engendrer des divergences dans la communauté, comme Dieu le recommande dans le Coran:

«…Prenez ce que le Messager vous donne; et ce qu'il vous interdit, absentez-vous en; et craignez Allah car Allah est dur en punition»[6]

«ô les croyants! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d'entre vous qui détiennent le commandement. Portez vos différends devant Dieu et devant le Prophète, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement)»[7]

«Non! Par ton Seigneur! Ils ne seront pas croyants tant qu'ils ne t'auront pas demandé de juger leurs disputes et qu'ils n'auront éprouvé nulle angoisse pour ce que tu auras décidé, et qu'ils ne se soumettront pas complètement [à ta sentence]».[8]

Il est donc clair que la soumission que Dieu le Tout Puissant exige de Ses adorateurs, concerne toutes les décisions de Son Envoyé et Serviteur (Pbsl), même si celles-ci nous déplaisent ou nous semblent inconvenantes.

Dieu le Très-Haut, recommande aux gens de se soumettre d’abord à Ses décisions, puis à celles de Son Envoyé. La vraie soumission est celle qui consiste à obéir docilement aux décisions et aux recommandations de Dieu et à celles de son Prophète (Pbsl). La soumission aux décisions et aux recommandations du saint Prophète (que la paix de Dieu soit sur lui) est une obligation, car il est l'envoyé de Dieu, et lui obéir, signifie obéir à Dieu, le Très-Haut.

La deuxième définition concerne l’adoration sincère et la dévotion, qui doivent exister aussi dans le respect des principes islamiques de la prière, du jeûne, du pèlerinage, de l’aumône et d’autres obligations religieuses. Cette seconde définition est plus importante que la première, car beaucoup des gens peuvent se soumettre aux recommandations de Dieu et de Son Prophète (Pbsl), mais avec une sincérité et une dévotion différente.

Le saint Coran a expliqué clairement cette différence lorsque Dieu avertit les Arabes qui s’étaient convertis à l’islam:

«Les Bédouins ont dit: ‹Nous avons la foi›. Dis: ‹Vous n'avez pas encore la foi. Dites plutôt: Nous nous sommes simplement soumis, car la foi n'a pas encore pénétré dans vos cœurs. Et si vous obéissez à Allah et à Son messager, Il ne vous fera rien perdre de vos œuvres›. Allah est Pardonneur et Miséricordieux» [9]

Ce verset montre que les Arabes manquaient à leurs obligations. Le saint Coran les avertit que la croyance en Dieu et en Son Prophète (paix et bénédiction sur lui et sur sa famille) ne suffit pas pour atteindre le niveau de la foi.

La bataille de Tabouk est une preuve du mauvais comportement de certains compagnons du Prophète de Dieu(Pbsl), qui s’étaient opposés aux ordres et avaient contourné les décisions de l’envoyé de Dieu, lors de cette bataille. Dieu leur reproche leur désobéissance dans le saint Coran.

L'ATTITUDE DE CERTAINS COMPAGNONS
L’Histoire de l'islam nous montre que les compagnons n’obéissaient pas tous de la même façon aux ordres et aux décisions de l’envoyé de Dieu (Pbsl). Il y en avait parmi eux qui suivaient docilement toutes ses recommandations, ses décisions ou ses interdictions, et d'autres qui pensaient qu’ils pouvaient le contredire [10] ou même contester les opinions de leur maître[11] même si elles étaient dans l'intérêt de la communauté. Plusieurs récits rapportent le comportement de certains compagnons vis-à-vis de l’envoyé de Dieu (Pbsl):

Lorsque le saint Prophète (Pbsl) sortit de Médine avec ses disciples, pour aller au devant de la caravane d’Abou Soufian, qui avait tout préparé pour combattre l’armée de l'islam, le souhait de l’envoyé de Dieu était clair et dans l’intérêt de la communauté musulmane. Les chefs des polythéistes commandés par Abou Jahl, étaient déterminés à combattre les musulmans et pensaient que cette rencontre serait une occasion favorable pour mettre un terme à la mission prophétique de Mohamad (Pbsl). Le retour du saint Prophète avec son armée, sans combat, pourrait être interprété comme une fuite qui encouragerait les polythéistes Mecquois à attaquer les musulmans chez eux. L’envoyé de Dieu savait pourquoi il avait changé de stratégie, mais des compagnons s’opposèrent à ses décisions, certains avaient même dit: "Ne nous as-tu pas informé sur la bataille et dit de nous y préparer? Nous sommes sortis pour cette caravane!" Dans un autre récit l’un d’eux dit: "Messager de Dieu! Occupe-toi de la caravane et abandonne l’ennemi". A ce moment, le Prophète de Dieu changea d’avis. Abou Ayoub a expliqué que c’était à cause de ces comportements que Dieu avait révélé le verset:

«De même, c'est au nom de la vérité que ton Seigneur t'a fait sortir de ta demeure, malgré la répulsion d'une partie des croyants».[12]

Le saint Prophète (Pbsl) sortit pour la bataille de Badr pendant le mois de Ramadan et il avait jeûné un ou deux jours, il ordonna à ses compagnons de rompre leur jeûne, mais plusieurs refusèrent. [13]

Certains compagnons avaient tenté de décourager l’envoyé de Dieu (Pbsl), qui était déterminé au combat. Le Prophète de Dieu demanda l’avis des ses compagnons sur les Quraychites, Omar ibn al Khatâb se leva et lui dit: "Messager de Dieu, par Dieu! Les Quraychites sont très puissants et ne se sont jamais soumis, ils n’ont jamais été croyants depuis qu’ils sont polythéistes. Par Dieu, ne touche jamais à leur honneur sinon ils te tueraient. Mais le saint Prophète (Pbsl) ignora les propos d’Omar" [14]

D'autres compagnons n’étaient pas de cet avis comme Miqdâd ibn Amr qui se leva et dit: "Messager de Dieu! Exécute l’ordre de ton Dieu, nous sommes avec toi. Par Dieu! Nous ne te dirons jamais ce que les enfants d’Israël ont dit à Moïse (Pbsl):

«Ils dirent: Moïse! Nous n'y entrerons jamais, aussi longtemps qu'ils y seront. Va donc, toi et ton Seigneur, et combattez tous deux. Quant à nous, nous restons ici».[15]

Par contre nous te disons: Combattez, toi et ton Seigneur, nous combattrons à vos côtés. Par celui qui t’a envoyé avec vérité! Nous te suivrons même si tu nous conduis au beau milieu d'un marécage". Le Prophète (Pbsl) répondit: "Très bien".

Après Miqdâd, Sâd ibn Maâz l’un des Ansars, se leva et s’adressa à l’envoyé de Dieu en ces termes: «…En vérité, nous avons cru en ton message, nous avons témoigné de la vérité de tout ce que tu nous as apporté, nous avons promis de t’obéir et d’écouter tes paroles et tes recommandations. Exécute donc, Messager de Dieu, l’ordre de ton Seigneur. Par celui qui t’a envoyé avec vérité! Même si tu avais élargi ce fleuve pour nous engloutir, nous nous y serions engloutis avec toi, sans qu'il ne reste un vivant parmi nous. Dirige-nous, commande-nous et prélève nos biens comme tu le veux, car ce que tu prends de nos biens a plus de valeur pour nous que ce que tu laisseras…"[16]

Ces extraits historiques montrent qu’il y avait des compagnons qui approuvaient et obéissaient, et d'autres qui n’obéissaient pas aux ordres du saint Prophète (Pbsl).

Certains compagnons essayaient d'imposer leurs idées au Prophète (Pbsl) et suivaient leur propre opinion au lieu de suivre les ordres de leur Maître. Abou Saïd al Khadri a raconté qu'un jour, Abou Bakr était venu voir le Messager de Dieu et lui avait dit: "Messager de Dieu, je suis passé à côté d’une vallée et j’y ai trouvé un homme d’une belle apparence en train de faire la prière avec beaucoup de dévotion". Le Messager de Dieu (Pbsl) lui dit: «Tue-le!».

Le rapporteur de ce récit poursuit qu'Abou Bakr arriva sur les lieux et trouva cet homme en pleine prière, il hésita à l’achever et en informa le saint Prophète (Pbsl). Cette fois-ci le Prophète chargea Omar Ibn al Khatâb de cette tâche, mais lui aussi revint en disant: "Messager de Dieu, je l’ai trouvé en train de prier avec beaucoup de dévotion et j'ai renoncé à le tuer". Le Prophète de Dieu (Pbsl) ordonna enfin à Ali ibn Abou Talib(AS) d'aller le tuer. Lorsque Ali(AS) arriva à l’endroit où cet homme avait été vu en prière, il n’y trouva personne, l’homme avait prit la fuite. Ali en informa l’envoyé de Dieu. Le Prophète leur dit:

«Celui-là et ses partisans, sont ceux qui réciteront le saint Coran à bout de souffle, mais s’éloigneront de la religion comme une flèche lancée vers un gibier, ils n’y reviendront point à moins que la flèche ne revienne en arrière. Tuez-les, car ce sont les pires des créatures». [17]

Lors du Traité de Hodeibiya, le Prophète de Dieu (Pbsl) avait répondu à toutes les exigences des Quraychites. Certains compagnons critiquèrent la décision du saint Prophète de signer ce traité, bien qu'il fût le plus sage et le plus savant de toute la communauté.

Comment imaginer que le Messager de Dieu (Pbsl) puisse souhaiter le malheur de l’islam et des musulmans? Malheureusement certains compagnons n’avaient pas compris cela et contestaient la Prophétie de leur Maître. Il est rapporté par Al Bukhari qu’Omar Ibn al Khattâb demanda un jour au Messager de Dieu (Pbsl):

«N’es-tu pas vraiment Prophète de Dieu?»

Le Prophète répondit: «Si, je le suis»

Omar continua: «Ne sommes-nous pas dans la vérité et nos ennemis dans l'erreur?»

Le Prophète lui répondit: «Oui»

Omar lui répliqua: «Alors pourquoi désobéissons-nous à notre religion?»

Le Prophète(Pbsl) lui répondit: «Je suis l’envoyé de Dieu, je ne désobéirai jamais, l'islam est mon Soutien»

Omar: «Ne nous as-tu pas dit que nous entrerions dans la Maison de Dieu et tournerions autour de la Kaaba?»

Le Prophète: «Oui, mais est-ce que j'ai dit que nous y entrerions cette année?»

Omar: «Non»

Le Prophète conclu: «Certainement tu y entreras et tourneras autour de la Kaaba».

Omar se dirigea alors vers Abou Bakr et demanda:

«N’est-il pas le Prophète de Dieu?»

Abou Bakr lui répondit: «Si»

Omar: «Ne sommes-nous pas dans la vérité et nos ennemis dans l'erreur?»

Abou Bakr: «Si»

Omar: «Alors pourquoi ne respectons-nous pas notre religion?»

Abou Bakr: «Il est vraiment l’Envoyé de Dieu et ne désobéira jamais, Dieu est son Soutien. Sois-lui fidèle, par Dieu! Il est dans la vérité»

Omar: «Ne nous a-t-il pas dit que nous entrerions dans la Maison de Dieu et tournerions autour de la Kaaba?»

Abou Bakr: «Est-ce qu’il t’a dit que nous y entrerons cette année?»

Omar: «Non»

Abou Bakr: «Certainement tu vas y entrer et tourner autour de la Kaaba».

Après la signature de ce traité, le Messager de Dieu (Pbsl) avait ordonné à ses compagnons d’égorger leurs bêtes et de se raser la tête mais aucun des compagnons ne le fit. Le Prophète (Pbsl) répéta ces ordres à trois reprises, mais en vain, personne n’obéit. Voyant cette désobéissance, le saint Prophète (Pbsl) entra dans la tente d’Ummu Salama, l’une de ses épouses, et lui raconta ce qu'avaient fait les compagnons. Celle-ci lui dit: «Messager de Dieu, égorge ta bête, rase-toi la tête et ne parle à personne».

Le Prophète sortit de sa tente en silence, il égorgea sa bête et demanda qu'on lui rase la tête. Lorsque les compagnons virent cela, ils commencèrent eux aussi, à égorger leurs bêtes et à se raser la tête,…[18]

Ces événements montrent que certains compagnons désobéissaient aux ordres de l’envoyé de Dieu (Pbsl). La réponse de l’envoyé de Dieu à Omar ibn Khattâb: «Je suis l’envoyé de Dieu, je ne Lui désobéirai jamais, Il est mon Soutien» aurait dû suffire pour que Omar se soumette aux ordres de son Maître.

L’envoyé de Dieu (Pbsl) avait dit aussi à ce dernier: «Certainement tu vas y entrer et tourner autour de la Kaaba» mais ces sages réponses n'étaient pas assez pas convaincantes aux yeux d'Omar. Au lieu d’obéir au Messager de Dieu, Omar continua à discuter et à mettre en doute la prophétie de son Maître et posa les mêmes questions à Abou Bakr. La désobéissance de ces compagnons s’aggrava encore d'avantage lorsqu’ils refusèrent d’égorger leurs bêtes et de se raser la tête.

Ces oppositions s'étaient multipliées à tel point que l’envoyé de Dieu (Pbsl) commença à critiquer ouvertement le comportement des certains compagnons. Aïcha, une des épouses de l’envoyé de Dieu rapporte:

«Un jour le Messager de Dieu est entré chez moi très fâché, je lui ai demandé: Qui t’a mis ainsi en colère, Messager de Dieu? Qu’Allah le fasse entrer en enfer! Il me répondit: "J’ai ordonné aux gens de faire quelque chose mais ils hésitent. Si j’accomplis moi-même cet acte, personne ne me suit"[19]

Dans un autre récit, Aïcha rapporte:

«Le Prophète de Dieu avait enseigné une chose mais certains n'y accordaient pas d'importance. Lorsque le Prophète de Dieu (Pbsl) fut informé de l’affaire, il loua son Seigneur et dit: Qu’est-il arrivé à ces gens pour qu'ils s’éloignent de ce que j’ai enseigné? Par Dieu, je suis le plus savant et le plus pieux d’entre eux».[20]

Comment certains pouvaient- ils ignorer que le Prophète Muhammad (Pbsl) était le plus savant, le plus sage et le plus pieux de tous les hommes, ou imaginer que l’envoyé de Dieu pouvait dire une parole contraire à la volonté de Dieu, pour s’éloigner ainsi de lui ou désobéir à ses ordres?!

Certains compagnons désobéissaient ouvertement aux recommandations de l’envoyé de Dieu, comme s’ils avaient raison et que leur Maître avait tort. Jabir, l’un des compagnons du saint Prophète (Pbsl) raconte:

«Le Messager de Dieu nous avait interdit de frapper les femmes, mais nous les avons encore frappées après cela».[21]

L’AGGRAVATION DE LA DESOBEISSANCE
La désobéissance de certains compagnons s’était aggravée à tel point qu’ils n’acceptaient plus aucune parole de l’envoyé de Dieu (Pbsl) en dehors de la Révélation. Ces compagnons ne s'intéressaient qu’aux questions de culte et ignoraient tout ce qui touchait au domaine social, politique ou économique, car ils pensaient avoir le droit dans ces questions, d'agir librement et sans le consentement de l’envoyé de Dieu (Pbsl).

Comme preuve de leur entêtement, voyons les contestations qu'avait soulevées la nomination par le Prophète, d'Oussama ibn Zaïd, à la tête de l’escadron qui devait affronter l’armée romaine. Ceux qui avaient contesté la nomination d’Oussama à la tête de l’armée islamique, avaient tenu des propos insolents à l’égard du saint Prophète (Pbsl). Cet escadron était composé d’un grand nombre de Muhâjirunes (émigrés originaires de la Mecque), d'Ansars (musulmans de Médine) et des plus célèbres compagnons, Abou Bakr, Omar et Abou Obaïdah.[22]

Ces compagnons avaient tellement exagéré dans leurs propos que le Messager de Dieu, qui était très malade, se mit en colère et fut obligé de sortir de sa demeure pour blâmer ces compagnons rebelles. Le Messager de Dieu (Pbsl) était alors monté en chaire et avait prononcé ce discours:

«J’ai appris que certains parmi vous se sont opposés à mon choix d’Oussama. Vous avez contesté et injurié sa direction comme vous l’aviez déjà fait en contestant la nomination de son père. Mais je jure par Dieu qu’il était capable d’être le chef de l'armée, comme son fils en est capable».[23]

Après ce discours, le Prophète de Dieu (Pbsl) leur ordonna de se mettre en route sous le commandement d’Oussama, mais cette recommandation n’eut aucun effet jusqu’au décès de l’envoyé de Dieu. Les compagnons qui hésitaient à partir, s'installèrent à Jorf, à quelques kilomètres de Médine, au lieu de partir ou de changer de chef. [24]

Les compagnons de l’envoyé de Dieu (Pbsl) désobéissaient même avant sa mort. Les historiens et les rapporteurs de Traditions ont noté cet événement. Al Bukhari a rapporté d'Ibn Abbas ce qui suit:

«Les compagnons s’étaient regroupés dans la maison de l’envoyé de Dieu (Pbsl), trois jours avant sa mort. Le Prophète leur dit:

«Approchez-vous, je veux vous écrire un message qui vous protégera de l’égarement et des déviations».

Omar ibn al Khattâb s'écria: "En vérité, le Prophète divague, nous avons le saint Coran, le livre de Dieu nous suffit".

Les compagnons commencèrent alors à se quereller. Les uns disaient: "Approchez pour qu’il vous dicte un message qui vous protégera de l’égarement", d'autres soutenaient Omar. La querelle prit de si grandes proportions que l’envoyé de Dieu (Pbsl) leur ordonna de sortir de chez lui. Ibn Abbas avait rapporté cet événement, en pleurant et avait déclaré: "Certes la plus grande calamité et le plus grand malheur se sont produits ce jour-là, car on a empêché le Messager de Dieu d’écrire ce qu’il voulait"».[25]

Al Bukhari a rapporté aussi de Saïd ibn al Musayb qui avait rapporté d'Ibn Abbas ce qui suit:

«La journée du jeudi! Quel triste jeudi! Le Messager de Dieu était très souffrant, il avait dit: "Apportez-moi de l’encre et une plume, je veux vous écrire un message qui vous protégera de l’égarement et de la dérive". Une querelle survint entre les compagnons. Certains compagnons se demandaient de quel message il s'agissait. Ils s’approchèrent pour le supplier de leur dire ce message, mais l’envoyé de Dieu (Pbsl) répondit: "Laissez-moi tranquille! Ce que je sais est meilleur que ce que vous savez".

Ensuite le Prophète leur recommanda trois choses:

«Chassez les polythéistes de toute la péninsule arabe, récompensez les mandataires correctement comme je le faisais» mais il n’a pas révélé la troisième ou je l’ai oubliée." [26]

Je ne sais pas quel intérêt avaient ces compagnons, à empêcher le Messager de Dieu (Pbsl) d’écrire un message qui devait protéger la communauté de l’égarement et pourquoi Ibn Abbas avait pleuré et qualifié cet événement de "calamité".

Peut-être que le contenu de ce message n’était pas en faveur de certains d’entre eux, comme nous allons le découvrir par la suite.

DEUXIEME CHAPITRE
L’AUTORITE RELIGIEUSE
L’autorité religieuse était depuis les siècles, sous la responsabilité des prêtres et le pouvoir politique était séparé de l’autorité religieuse. Les Pharaons d’E'gypte qui se proclamaient dieux, se donnaient ces titres pour se glorifier et n’avaient aucune autorité religieuse. Depuis longtemps les rois et les empereurs n’exerçaient plus cette autorité, détenue par les prêtres qui étaient une référence pour le peuple en matière de religion. Les Pharaons d’E'gypte s’occupaient de l’administration et des affaires de l’E'tat, et les prêtres se consacraient aux problèmes du culte.

Dans les religions révélées, l’autorité religieuse était la responsabilité des rabbins pour les juifs, et des papes, pour les chrétiens. Le pouvoir politique était géré par des laïcs qui respectaient les prêtres et les aidaient parfois dans leur tâche.

Après son émigration à Yatrib qui est l'ancien nom de la Médine, le Prophète Muhammad (Pbsl) y fonda un état islamique. Pour diriger cet E'tat, il avait associé l’autorité religieuse et l’autorité politique. Il dirigeait lui-même et enseignait tout ce qui était relatif à la religion. Il disait aux musulmans: "Priez comme je prie", car il était vraiment un modèle à suivre. En même temps il s’occupait des affaires religieuses et administrait les activités politiques, économiques et sécuritaires de l’E'tat. Il était le Commandant suprême de l’armée islamique qu'il avait commandée dans plusieurs grandes batailles, et à lui seul, il gérait toutes les affaires de l’E'tat et de la religion.

Tous les musulmans avaient comprit que cette façon de gouverner devait continuer même après la mort de l’envoyé de Dieu (Pbsl), qui était le fondateur de l’E'tat islamique, et que son successeur devrait suivre cette voie et être le garant de la nation, de la religion de Dieu et de la Tradition du saint Prophète. Il devait avoir les compétences nécessaires pour diriger les affaires politiques, économiques et militaires de l’E'tat islamique. Le successeur de L’envoyé de Dieu (Pbsl) devait associer la religion et la politique, qui sont deux choses inséparables en islam. Comme tout le monde n'avait pas ces qualités, il fallait donc choisir, parmi les compagnons, celui qui rassemblait toutes ces compétences, et était à la fois, infaillible, savant et capable de diriger l’E'tat islamique, d'être le gardien de la religion de Dieu et le garant de l’intégrité de l’E'tat.

Si certaines circonstances permettent au dirigeant d'autres modèles de gouvernement, d’apporter ou d’imposer leur jugement personnel pour résoudre un problème, cela n’est pas le cas dans la loi de Dieu. Si un dirigeant commence à imposer son jugement personnel dans les affaires religieuses, petit à petit, cela risque de modifier ou d'annuler la loi divine. Celui qui doit être "la référence" pour toute la communauté, doit posséder l’autorité religieuse et politique, sans être suspecté de vouloir modifier ou abolir la loi divine. D’où l’importance que l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait accordée à sa succession en désignant une ou plusieurs personnes, capables de guider la communauté et de préserver la religion de Dieu, exalté soit-Il.

LES COMPETENCES DU GUIDE
Après avoir compris l’importance de l'autorité religieuse dans la préservation de la loi divine, il est nécessaire de connaître les compétences de celui qui deviendra le guide de la communauté musulmane après l’envoyé de Dieu (Pbsl) et les modalités de sa nomination afin qu’il n’y ait pas de divergences ou de discussions entre les gens et que le problème de la succession ne devienne pas une question personnelle, chose que la loi islamique défend impérativement.

LE PLUS COMPETENT DES COMPAGNONS
Dans l’Histoire de l'islam, nous trouvons plusieurs récits où le prophète a désigné la personne la plus compétente pour lui succéder.

Les historiens ont rapporté qu'après avoir accompli le pèlerinage d’adieux, le Prophète de Dieu s’est arrêté, sur le chemin du retour à Médine, dans une vallée appelée Ghadir Khum pour y faire un discours. Les grandes caravanes de pèlerins, venues de toutes les régions islamiques, se sont arrêtées à ce carrefour de plusieurs routes, pour écouter le sermon de leur guide.

Après avoir loué Dieu, l’envoyé de Dieu dit: «O gens! Bientôt arrivera le moment où je serai appelé et je répondrai. Je serai certainement interrogé, et vous serez également interrogés… J’ai laissé parmi vous deux charges, l’une est plus lourde que l’autre: le Livre de Dieu et ma descendance les Ahl-ul-Bayt. Ils ne sépareront point jusqu’à ce qu’ils me rejoignent au paradis».

Certains Narrateurs ont dit que le Prophète de Dieu avait ajouté: «Si vous les suivez, vous ne vous égarerez jamais après moi». [27]

Ibn Hadjar al Haytham a dit à propos du hadith des deux charges (Hadith Thaqalayn), qu'il avait été rapporté par une vingtaine de compagnons. Certains avaient dit que l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait fait cette recommandation lors de son pèlerinage d’adieu, d'autres ont affirmé que cela s’était passé à Médine, à Ghadir Khum, au mont d'Arafat ou après son retour de Ta’if. Cela n'entraîne aucune contradiction, car il est possible que le saint Prophète ait répété cela à plusieurs reprises. [28]

Nous pouvons résumer le commentaire de cette recommandation et les paroles d'Ibn Hadjar de cette façon: le Prophète Muhammad (Pbsl) avait désigné clairement une Autorité religieuse pour guider la communauté islamique après sa disparition. Il avait recommandé pour cela de se référer au livre saint, protégé de toute déviation ou de toute modification, et à ses descendants, les Membres de la famille purifiée (paix sur eux). Le saint Coran serait la charge la plus lourde et la source de la législation islamique, et la famille purifiée de l’envoyé de Dieu, serait la deuxième source.

La répétition de cette recommandation à plusieurs occasions, montre son importance et donnait aussi l’occasion, à ceux qui n’avaient pas vu et entendu, d'entendre et de voir.

Outre cette recommandation, l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait fait aussi, comme il est rapporté dans les textes de Traditions, d’autres recommandations du même genre. On rapporte que Abou Zhar al Ghafâri (que la miséricorde de Dieu soit sur lui) disait chaque fois à la porte de la Kaaba: "Celui qui me connaît, sait qui je suis, pour celui qui ne me connaît pas, je suis Abou Zhar. J’ai entendu l’envoyé de Dieu dire:

«Ma famille ressemble à l’arche de Noé, celui qui y monte sera sauvé mais celui qui s’en éloigne, sera noyé».[29]

Un autre récit rapporte qu'Ibn Abbas et d'autres compagnons ont rapporté ces paroles du Messager de Dieu (Pbsl):

«Les étoiles protègent les habitants de la terre de l’obscurité, et ma famille est une protection pour ma communauté contre toute divergence. Si l’une des tribus arabes s’éloigne d’elle, elle sera du parti de Satan».[30]

Il a aussi été rapporté que l’envoyé de Die (Pbsl) a dit, à propos de la Tradition des deux charges:

«Ne les devancez donc pas, sinon vous serez égarés ; ne restez pas non plus derrière, sinon vous serez perdus et ne leur enseignez rien, car ils sont plus savants que vous».[31]

L’E'mir des croyants, Ali ibn Abou Talib (AS) avait aussi confirmé cela dans l’une des ses allocutions:

«Observez les Membres de la famille de votre Prophète, suivez leur trace et leur manière d’agir, car ils ne vous éloigneront point du droit chemin, et ils ne vous conduiront jamais vers la mort. S’ils s’asseyent (dans un endroit), asseyez-vous et s’ils se lèvent, levez-vous aussi. Ne les devancez pas sinon vous serez égarés et ne restez pas non plus derrière eux, car vous serez perdus».[32]

On rapporte que l’Imam Ali ibn Hussein Zain-ol-Abedine (paix sur eux) a déclaré:

«Les sources les plus sûres de la sagesse, sont le Livre de Dieu et la descendance de l’envoyé de Dieu (paix et bénédiction sur eux) que Dieu a choisie pour guider Ses adorateurs. Ils n’appellent pas les gens sans argument, vous les reconnaîtrez à leur arbre généalogique, ils sont les descendants de ceux que le Très-Haut a purifiés complètement de toute souillure et dont Il a recommandé l'amour dans le livre saint».[33]

Il est donc clair, d'après ces recommandations, que l’envoyé de Dieu (Pbsl) avait désigné son successeur avant de quitter le monde et avait beaucoup insisté sur l’attachement au livre saint et à sa famille. Il avait aussi averti toute la communauté musulmane de ne pas s’éloigner ou s’opposer à ces deux charges, le saint Coran et les Ahl-ul-Bayt. Le Prophète avait bien averti que l'oubli de ces deux charges, conduirait à la perdition.

Qu’est-ce qui a poussé le Messager de Dieu à remettre l’autorité religieuse et sa succession à sa famille?

Si on accepte que le Prophète de Dieu (Pbsl) ne disait rien de lui-même, cette nomination ne pouvait pas être l'émanation de sa propre volonté, mais un ordre venant de son Seigneur. Dieu avait préparé cette famille depuis longtemps à cette responsabilité, comme il est mentionné dans le livre saint:

«…Allah ne veut que vous débarrasser de toute souillure, gens de la maison [du prophète], et vous purifier pleinement».[34]

Dieu avait purifié cette famille de toute souillure, et c'est cette pureté qui faisait leur sainteté, ils étaient protégés de l'erreur ou du péché, du mensonge et de toute parole futile.

D’autre part, le Messager de Dieu (Pbsl) les avait présentés comme les plus savants de la communauté. Ceci montre qu’ils méritaient l’autorité religieuse et la gestion de la communauté musulmane, pour laquelle ils étaient une référence. L’insistance de l’envoyé de Dieu (Pbsl) pour que la communauté suive ses descendants purifiés et s’instruise auprès d’eux, signifie qu’ils étaient les plus compétents pour prendre la direction de l’état et de la communauté islamique, après sa mort. On ne peut pas dire que le Prophète Muhammad (Pbsl) avait par-là, cherché à privilégier sa famille, car si c’était le cas il aurait dû privilégier aussi son oncle, Abou Lahab.