Le mot de l’Assemblée Mondiale Ahlu al-Bayt (a.s.) L’ISLAM ET L’HOMME CONTEMPORAIN

L’ISLAM ET L’HOMME CONTEMPORAI
Seyyed Mohammad Hussein Tabâtabâï
STraduit par:
V. M Vis – Dousti
Direction des affaires culturelles
Assemblée Mondiale Ahlu al-Bayt (a.s.)
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Au nom de Dieu le Clément le Miséricordieux
قال الله تعالى:

إِنَّمَا يُرِيدُ اللَّهُ لِيُذْهِبَ عَنْكُمْ الرِّجْسَ أَهْلَ الْبَيْتِ وَيُطَهِّرَكُمْ تَطْهِيرًا

Dieu a dit dans le Coran: «En vérité, Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure, ô gens de la Demeure [du Prophète], et vous purifier totalement».

Sourate al-Ahzab ( S:33, V:33)

Plusieurs hadiths rapportés tant par l’école sunnite que par l’école chiite disent que ce verset a été révélé à propos d’Ahl-ul-bayt, c’est- à-dire le Prophète, Ali, Fatima, al-Hassan et al-Hussein (que la paix de Dieu soit sur eux).

Pour plus de détails, le lecteur pourra consulter les ouvrages suivants: Mousnad Ahmad (v:1, p:331 / v:4, p:107 / v:6, p:292 et 304); Sahih Mouslim (v:7,p:130); Sounan at-Tirmidhi (v:5, p:361); adh Dhourriyya at-tahira an-nabawiyya de Doulâbî (p:108); as-Sounan al-koubra de Nisa’i (v:5, p:108 et 113); al-Mostadrak ‘ala as-sahihayn d'al-Hakim an-Neychabouri (v:2, p:416 /v:3, p:133, 146 et 147); al-Borhan de Zarkachi (p:197); Fath-ul-Bari fi charh Sahih al-Boukhari do Ibn Hajar al-‘Asqalani (v:7, p:104); Osoul al-Kâfi d'al-Kouleyni (v:1, p:287); al-Imama wa at-tabsira do Ibn Babaweyh (p:47 , hadith:29); al-Khisal de cheikh as-Sadouq (p:403 et 550); al-Amâlî de cheikh at-Tousi (hadiths 438, 482 et 783) …

قالَ رَسُولُ اللهِ 3: «إنِّي تَارِكٌ فِيكُمُ الثَّقَلَيْنِ: كِتَابَ اللهِ وَعِتْرَتِي أهْلَ بَيْتِي، مَا إنْ تَمَسَّكْتُمْ بِهِمَا لَنْ تَضِلُّوا بَعْدِي أبَداً، وَإنَّهُمَا لَنْ يَفْتَرِقَا حَتَّى يَرِدَا عَلَيَّ الْحَوْضَ. «

ورد هذا الحديث الشريف المتواتر بصور متعددة في الكثير من المصادر الاسلامية منها: صحيح مسلم ج7، ص122، سنن الدارمي ج2، ص432، مسند احمد، ج3، ص14، 17، 26، 59، ج4، ص366، 371، ج5، ص 182، مستدرك الحاكم، ج3، ص109، 148، 533، وغيرها من المصادر.

Le Prophète (a.s.s) a dit: «J’ai laissé parmi vous deux trésors: le Livre de Dieu (le Coran) et les membres [immaculés] de ma famille (Ahl-ul-bayt); ils ne se sépareront point jusqu’à ce qu’ils viennent me rejoindre au Bassin paradisiaque. «

Ce hadith authentique est cité dans plusieurs ouvrages islamiques, parmi lesquels on peut citer: Sahih Mouslim (v: 7, p: 122), Sounan ad-Darami (v:2, p: 432), Mousnad Ahmad (v:3, p:14,17,26 et 59 / v: 4, p:366 et 371 / v:5 , p:182), Mostadrak al-Hakim (v: 3, p: 109, 148 et 533),…

* نام كتاب: اسلام و انسان معاصر *

* نويسنده: سيد محمد حسين طباطباي *

تهيه كننده: اداره كل پژوهش، اداره ترجمه مجمع جهاني اهل بيت

* مترجم: مريم دوست *

* زبان ترجمه: فرانسو *

Titre: L’Islam et l’homme contemporain

Auteur: Seyyed Mohammad Hussein Tabatabai

Traduit sous la direction du: Direction ge'nerale de recherche Service de traduction, Centre mondial d’Ahl-ul-bayt (a.s)

Traduction de: V. M. Vis-Dousti

Correcteur: Kabna Anzimbo

Lecture Finale: Sumayyeh Ibrahim Khalili Tabrizi

Mise en page: Abou Haydar

Date de publication: 2011

Presse: Leyla

Tirage: 5000

Publication: Assemblée Mondiale Ahlu al-Bayt

Site internet: www.Ahlu l-Bayt.org

ISBN: 978-964-529-663-4

® Tous droits réservés pour tous pays

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Sommaire
Le mot de l’Assemblée Mondiale Ahlu al-Bayt (a.s.)
Le précieux héritage que les Gens de la Demeure Prophétique, que la paix soit sur eux, ont laissé et qui a sauvé leurs fidèles de la perdition est un exemple parfait d’un enseignement complet qui comprend les diverses branches des connaissances islamiques et qui a pu, en formant des personnes prédisposées à être abreuvées par cette source jaillissante, donner à la communauté musulmane des savants qui, en suivant les Gens de la Demeure Prophétique, que la paix soit sur eux, ont donné réponse aux provocations et aux faux problèmes venus d’écoles et de courants intellectuels intérieurs ou extérieurs à la société musulmane et, durant de longs siècles, apporter les plus solides solutions à ces faux problèmes

L’Assemblée Mondiale Ahlu l-Bayt, que la paix soit sur eux, du fait des responsabilités dont elle s’est chargée, s’attache à défendre le sanctuaire de la mission prophétique et de ses doctrines authentiques ; des vérités auxquelles les représentants des diverses sectes et écoles et les adeptes des courants opposés à l’Islam se sont sans cesse efforcés de s’opposer. Dans cette sainte voie, l’Assemblée Mondiale Ahlu l-Bayt, la paix soit sur eux, se considère comme la continuité des véritables disciples de l’école des Gens de la Demeure Prophétique, que la paix soit sur eux, ceux-là même qui étaient toujours prêts à réfuter ces continuelles accusations et qui se sont efforcés de rester en première ligne de ce combat en adéquation sur les exigences de chaque époque.

L’expérience accumulée en ce domaine dans les livres des savants de l’école des Gens de la Demeure Prophétique, que la paix soit sur eux, est unique en son genre, car cette expérience d’une qualité scientifique reposant sur le jugement rationnel et la démonstration, loin des passions et du fanatisme aveugle, s’adresse aux spécialistes, aux savants et aux penseurs d’une manière qui entraîne l’adhésion d’une intelligence saine et d’une nature humaine pure.

L’Assemblée Mondiale Ahlu l-Bayt, que la paix soit sur eux, s’efforce de proposer aux assoiffés de la vérité une étape nouvelle de cette expérience précieuse à travers un ensemble d’études et d’ouvrages d’auteurs contemporains de l’école des Gens de la Demeure Prophétique, que la paix soit sur eux, ou de personnes qui, grâce à la guidance divine ont adhéré à cette noble école. L’Assemblée Mondiale Ahlu l-Bayt, que la paix soit sur eux, œuvre aussi à l’édition et à la diffusion des écrits bénéfiques des anciens et des éminentes personnalités du chiisme afin que ces ouvrages de référence abreuvent de leur eau limpide les assoiffés de la vérité, pour qu’en ce siècle de développement accéléré des intelligences et de rencontres sans précédent des esprits ils ouvrent leurs esprits aux vérités que les Gens de la Demeure Prophétique, que la Paix soit sur eux, ont apportées en présent à tous les habitants du monde.

Nous espérons que nos respectables lecteurs ne priveront pas l’Assemblée Mondiale Ahlu l-Bayt, que la paix soit suggestions eux, de leur point de vue, de leurs précieuses idées et propositions ainsi que de leurs critiques constructives en ce domaine. Nous invitons aussi les autres fondations, savants et traducteurs à nous aider à diffuser la culture du pur islam de Mohammad, que la paix soit sur lui et sur les siens.

Nous tenons à remercier chaleureusement son Eminence Seyyed Mohammad Hussein Tabatabai, auteur de ce livre. Nos remerciements vont également à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage. En réalisant ce travail, nous espérons avoir accompli une partie de notre devoir envers Dieu «qui a envoyé son Messager avec la guidée et la religion de vérité pour la faire triompher sur toute autre religion. Dieu suffit comme témoin»[1] ?

L’Assemblée Mondiale Ahlu l-Bayt

La Direction culturelle

Avant-propos
Louange à Dieu, Seigneur des mondes, et que Ses prières soient sur Son Prophète Mohammed et les membres immaculés de sa noble famille (a.s.).

Et cet ouvrage s’adresse à ceux qui désirent avoir une connaissance de la jurisprudence de l’école des Ahlu al-Bayt pour qui celle–ci paraît inaccessible, non pas à cause du manque d’ouvrages ou de la profondeur de leur contenu, mais plutôt à cause des difficultés qu’ils rencontrent en lisant les ouvrages disponibles. En effet, ces derniers ne sont pas adaptés au goût du lecteur contemporain car, en plus de leur forme qui n’est pas attirante, ils ont été rédigés avec un style prolixe et compliqué, et contiennent des expressions ambiguës.

Tout en implorant l’aide de Dieu, je me suis proposé d’aplanir ces difficultés afin de rendre la connaissance de la jurisprudence des Ahlu al-Bayt (a.s.) accessible à tous.

En partant du verset coranique: «Quand leur parvient une nouvelle rassurante ou alarmante, ils la diffusent. S'ils la rapportaient au Messager et aux détenteurs du commandement parmi eux, ceux d'entre eux qui cherchent a être éclairés, auraient appris la vérité de la bouche du Prophète et des détenteurs du commandement»[2] et du hadith ath-thaqalayn[3] , j’ai tenu à ce que les avis juridiques (les fatwâs) mentionnés dans le présent ouvrage soient appuyés sur le Saint Coran et les hadiths des Ahlu al-Bayt (a.s.), car ils sont la source la plus sûre permettant de connaître la loi islamique. Toutefois, lorsque les versets et les hadiths faisaient défaut, j’ai dû recourir aux règles fondamentales qui ont servi d’appui aux jurisconsultes de l’école des Ahlu al-Bayt (a.s.), et dont la déduction est basée sur le Saint Coran et les hadiths des Ahlu al-Bayt (a.s.).

Dans le présent ouvrage, j’ai évité de citer les chaînes des transmetteurs de hadiths car, à mon avis, un hadith authentique est celui sur lequel se sont appuyés les jurisconsultes pour donner une fatwâ et non pas celui qui a été rapporté par des narrateurs dignes de confiance. En effet, la jurisprudence de l’Imam as-Sadiq (a.s.) correspond en réalité à l’ensemble des règles et des principes fondamentaux auxquels les jurisconsultes se sont toujours interessé. Quant aux hadiths délaissés par ces derniers, ils ne pourront être intégrés dans cette jurisprudence sauf s’ils deviennent un jour l’objet de l’attention d’une nouvelle génération de jurisconsultes.

Dans les traités de fiqh (la jurisprudence islamique), les éminents jurisconsultes ont l’habitude de rapporter et de juger les opinions de leurs prédécesseurs. Si dans cet ouvrage j’ai opté pour une méthode différente de la méthode habituelle c’est dans le but d’attirer le plus grand nombre possible de lecteurs (notamment les étrangers) et de faciliter la propagation de l’inestimable fiqh des Ahlu al-Bayt (a.s.).

Pour moi, l’importance d’un ouvrage ne se mesure pas par le nombre de théories et d’opinions qu’il contient, mais plutôt par le degré de sa diffusion. En effet, un livre vivant est celui qui passe de main en main, et dont le contenu est sur toutes les lèvres. Et pour avoir cette qualité, le livre doit être écrit avec un style clair et un langage accessible à tous.

Une fois, je me suis rendu à la librairie al-‘irfane, comme à l’accoutumée. En me voyant, le propriétaire de celle-ci, al-Haj Ibrahim Zein Assi a dit à un jeune homme blond et de grande taille: «C’est celui-là!» Alors, le jeune homme (un orientaliste allemand) s’est avancé vers moi avec ardeur et il m’a dit: «Nous ne savions pas que les chiites ont leur propre jurisprudence et ce jusqu'au jour où nous avons lu votre ouvrage intitulé «al-fiqh selon les cinq écoles juridiques.»» Je lui ai dit: «Ce que j’ai écrit n’est rien par rapport au fiqh de l’école d’Ahlu al-Bayt (a.s.). Nos avants ont exploré toutes les sciences islamiques, et ils sont parvenus à les comprendre d’une manière poussée. Ils ont écrit d’innombrables ouvrages de valeur. Et c’est grâce à leurs recherches approfondies que la jurisprudence islamique a eu la primauté sur toutes les autres jurisprudences. Alors il m’a dit: «Nous, nous apprenons l’arabe comme langue étrangère, et bien que les livres que nous étudions ont été écrits avec un style moderne, nous éprouvons des difficultés à les comprendre. Alors comment pourrons-nous comprendre les ouvrages écrits avec le vieux style? Toutefois, nous avons su que les chiites ont leur propre fiqh.»

Juste après notre conversation, j’ai pris la décision de composer un vaste ouvrage qui traitera de toutes les questions de la jurisprudence islamique, et cela conformément aux avis juridiques de l’Imam as-Sadiq (a.s.).

Peut-être certains pensent qu’il est aisé d’écrire des livres de jurisprudence, car la documentation dans ce domaine est à la fois riche et abondante. Certes l’école des Ahlu al-Bayt (a.s.) dispose d’un patrimoine assez riche en matière de jurisprudence, mais il n’est pas facile de l’exposer dans ses grandes lignes et avec un style attractif. A vrai dire, la jurisprudence des Ahlu al-Bayt (a.s.) est pareille aux ressources naturelles qui, bien qu’elles soient abondantes, on ne peut les exploiter que si l’on est muni des outils nécessaires.

Je prie Dieu qu’Il accorde à ce présent ouvrage le succès escompté. C’est Lui mon unique recours. Louange à Dieu dans la vie présente et dans l’au-delà, et que Ses prières soient sur Son Prophète Mohammed et les membres immaculés de sa noble famille.

Préface de l’éditeur
Selon les riches enseignements coraniques, tout être humain venant au monde possède initialement une nature innée monothéiste et croit en Dieu, le Très Haut. Il connaît par conséquent, forcément le Créateur de l 'Univers. Mais parfois, suite à divers évènements ou l’influence de différents facteurs, un voile d’insouciance et d’ignorance met en péril cette nature originellement monothéiste et la met hors du chemin de la droiture. C'est pourquoi le Tout Puissant, de part Sa Grâce, a envoyé Ses messagers et Ses Prophètes pour soulever ce voile d’inadvertance et sauver les hommes. Ceux-ci nous montrent le parcours de notre nature initiale, nous enseignent les préceptes religieux, tout en répondant à nos doutes et nos interrogations.

Le présent livre a été dédié par le grand philosophe et penseur musulman au monde de la culture. Le défunt érudit Seyyed Mohammad Hussein Tabâtabâï a écrit ce fascicule et l’a compilé en réponse aux nombreuses questions et doutes dans les domaines de la: science, philosophie, morale, religion, etc.

Après revision et correction de ses notes, nous avons décidé de publier cet ouvrage précieux, afin de le présenter aux lecteurs et aux personnes versées dans les sciences religieuses. (A présent par cette traduction, nous espérons que les réponses apportées seront utiles aux croyants et aux personnes intéressées.) [4]

En espérant que cet ouvrage soit accepté par Dieu.

L'éditeur, Téhéran, Ramadhan 1427

Première partie
Voie de la nature innée
Voie de la nature innée
Question : Peut-on être convaincu que l 'Islam est capable de diriger l’humanité, étant donné la situation actuelle du monde et ses progrès tout aussi surprenants? Est-il qualifié pour répondre aux exigences présentes ? En réalité, le moment n'est-il pas venu pour l’être humain, possédant toutes ces connaissances, voyageant dans les profondeurs de l’espace et conquérant les étoiles, de rejeter ces concepts religieux usagés et d’adopter une nouvelle ligne de conduite, pour une existence encore plus prestigieuse. N'est-il pas grand temps pour lui de focaliser toutes ses capacités intellectuelles et ses résolutions en vue de victoires dignes de ce nom?

Réponse: Avant de répondre à cette interrogation, il est nécessaire de rappeler qu'en réalité nous préférons, de façon tout à fait naturelle, la nouveauté à ce qui est ancien. Nous avons certes, une prédilection pour tout ce qui est récent par rapport au vétuste; mais cela ne signifie pas que ce soit une généralité. Cet état d'esprit peut cependant être appliqué et employé pour tout et partout. Par exemple, l’on ne peut pas dire que la règle des deux fois deux font quatre (2×2=4), usitée par l’être humain depuis plusieurs millions ou milliers d’années, est à présent dépassée et doit être rejetée! L'on ne peut pas non plus prétendre que le système de vie sociale en cours, jusqu'à présent, au sein des sociétés humaines, doit être à nouveau planifié en raison de son ancienneté afin qu'une existence purement individuelle fasse ses premiers pas. De même, on ne peut affirmer que l’assujetissement aux lois civiles qui restreignent un certain nombre de libertés individuelles, soit maintenant désuet et harasse tout le monde. A une époque où l’homme a mené à bien la conquête de l’espace et où des navettes spatiales placées sur orbite s'emploient à des prospections diverses, il est indispensable pour l’humanité d'ouvrir de nouvelles voies et de se libérer du joug de la loi, du législateur et des personnes chargées de leur exécution.

Il est certes inutile de préciser que ces propos sont sans fondement et dérisoires. En principe, la question de savoir ce qui est révolu ou actuel ne se pose qu'en cas d'évolution et pour des éléments capables de subir des transformations. Ainsi, ceux-ci sont certains jours pleins de fraîcheur et de splendeur; alors qu'à d’autres moments sous l’effet de conditions austères, ils se trouvent flétris et ternis.

Par conséquent, dans les thèmes qui portent sur l’étude des événements et les exigences naturelles s'y rapportant, les circonstances de la création et les véritables lois universelles (de l'existence) y sont analysées. Ceci concerne justement l’un de nos sujets de discussion, à savoir : est-ce que l’Islam peut gérer l’humanité tout en tenant compte de la situation existante? Pour y répondre, il ne faut guère s'attacher à ce genre de pensées idéalistes et traiter l’histoire de vieillotte ou de récente. Tout discours a un lieu bien précis et tout point de vue une place bien définie.

Mais quant à savoir si l 'Islam est apte à régir l’humanité dans les conditions actuelles, il faut tout d’abord préciser que cette question n'est pas exempte de singularité, sachant que l’Islam possède lui-même une signification tout à fait prodigieuse sur laquelle se base l’appel coranique. En effet, l 'Islam est la voie que l’ordre créateur de l’être humain et de l’univers trace pour l’humanité. L’Islam est un rite qui s'adapte à la nature innée (fitrat) et la nature constitutive (tabi’at)[5] humaines, leur étant bien particulières. Son accord parfait avec la nature profonde de l’être humain, lui a permis d’assurer les véritables besoins de l’homme –non pas ses aspirations illusoires et ses désirs affectifs ou sentimentaux-.

Il est clair que tant que l’homme reste humain, les natures constitutive et innée restent humaines et le resteront. Quel que soit le lieu, l’époque et la situation dans lesquels il vit, l’homme conserve ses natures constitutive et innée qui, étant humaines, lui ont proposé une voie à empruntrer de gré ou de force.

Par conséquent, le véritable sens de cette question est de comprendre si l’homme, en progressant dans la voie que les natures constitutive et innée lui montrent, est capable d’y trouver son bonheur naturel et d’atteindre les aspirations propres à sa nature? Par exemple, un arbre atteint-il le dessein idéal de sa nature en accomplissant le parcours naturel lui dévolu et en se servant des éléments adéquats mis à sa disposition ? Bien sûr que les interrogations de ce genre ne sont qu'une éventualité ainsi que de l’hésitation face à une certitude.

L’Islam, en tant que voie des natures constitutive et innée, n'est rien d’autre que le véritable cheminement de l’existence humaine. Il n'admet aucune variation en fonction de telles ou telles conditions existantes. Les aspirations rélevant des natures constitutive et innée, non pas leurs désirs affectifs et émotionnels ou vœux superstitieux, sont leurs réelles exigences. Puisque l’objectif des natures innée et constitutive ne sont autre qu'une destinée pleine de félicité et de bonheur. Dieu dans Ses "Paroles " (le Saint Coran), affirme:

"Dirige ton visage vers la religion exclusivement (pour Dieu), telle est la nature innée que Dieu a originellement donnée aux hommes –pas de changement à la création de Dieu-. Voilà la religion de droiture…"[6]

En résumé, ce verset peut-être ainsi commenté: Comme cela est évident et perceptible pour nous, toutes les variétés existantes au sein de l’univers de la création ont une existence bien particulière. Elles ont, durant leur vie, une ligne de conduite précise et leur propre parcours, qui leur permet de poursuivre leur existence dans un dessein bien déterminé. Elles sont satisfaites de pouvoir atteindre leur objectif, sans avoir à rencontrer au cours de leur existence d’obstacles nuisibles.

En d’autres termes, nous pouvons affirmer que le parcours de l’existence (et de la survie) est approprié aux moyens qu'il possède en lui-même et qui lui permettent de le couvrir sans problème et de le mener à bonne fin.

Une graine de blé en tant que céréale possède sa propre destinée, de sorte qu’il renferme en lui tous les codes génétiques. Les substances élémentaires, quant à elles, sont absorbées en quantités bien déterminées, car elles sont nécessaires à la croissance ainsi qu’au développement de la tige de blé. Puis elles sont consommées d’une manière appropriée, da manière à permettre au blé d’atteindre le but qui lui a été fixé.

La méthode spécifique adoptée par la gerbe de blé, pour se développer en fonction des facteurs aussi bien internes qu’externes, ne variera jamais.

On ne verra jamais par exemple qu'une tige de blé, après avoir accompli une partie de sa croissance, choisisse à devenir un pommier et développe un tronc et des branches et commence à sortir des feuilles et à bourgeonner; ou qu’elle cherche à devenir un moineau, en développant un bec et des ailes et se mette à voler. La création entière, dont l’homme fait partie, est régie par ce principe.

L'humanité possède donc elle aussi durant son existence un cheminement naturel et inné et un objectif final qui n'est autre que sa propre perfection, sa félicité. Sa constitution physique est organisée de façon à lui montrer la voie naturelle innée et constitutive qui lui est destinée et de la guider en direction de ses véritables intérêts.

Dieu le Très Haut décrit cette guidance spirituelle (hidâyat) générale au sein de la création toute entière, de la façon suivante:

"… (Dieu est) Celui qui a donné à chaque chose sa propre création puis l'a dirigée"[7].

Concernant la direction spirituelle particulière à l’être humain, Il déclare cette fois:

"Et par l'âme et Celui qui l'a harmonieusement façonnée; et lui a alors inspiré son infidélité, de même que sa piété! A réussi, certes, celui qui la purifie. Et est frustré, certes, celui qui la corrompt"[8].

D'après ce qui vient d’être énoncé, il devient évident que le véritable parcours de l’existence humaine – embrassant son vrai bonheur – est la voie vers laquelle le guident les natures constitutive et innée. Cette dernière est basée sur les intérêts authentiques de l’être humain, conformément aux exigences de la création de l’homme et de l’univers, que ceux-ci soient en accord avec les désirs affectifs et sentimentaux de ce dernier ou non. Dans leurs sollicitations, les sensations doivent, certes, suivre en toute soumission les directives des natures constitutive et innée et non le contraire. Il n'appartient absolument pas aux natures constitutive et innée de s'en remettre aux envies corrompues des sens et des émotions. La société humaine doit fonder de toute évidence, sa destinée sur des principes réalistes et non sur des bases instables; des idées reçues superstitieuses et des émotions entièrement illusoires. Voilà justement la grande différence entre les lois islamiques et les autres lois civiles; les lois sociales ordinaires obéissent à la volonté de la majorité des membres de la société (soit la moitié + 1). Alors que les lois islamiques, quantâ elles, sont en harmonie avec la direction spirituelle des natures constitutive et innée. Ces dernières sont en fait, un signe de la Volonté divine et c'est pourquoi le Saint Coran considère le commandement et la législation comme étant exclusifs au domaine de la Grandeur divine:

"… L'autorité n'appartient qu'à Dieu…"[9].

"… Qui est meilleur à Dieu, en jugement pour des gens qui croient fermement?[10]

De même, dans la plupart des nations, ce sont les aspirations de la majorité ou les décisions d’un dictateur qui prédominent habituellement, et peu importe qu’elles fussent en accord avec le droit et la vérité ou assurassent ou non le véritable intérêt de cette société. Par contre dans un état réellement islamique, le pouvoir fait partie à part entière du droit et de la vérité; l’ambition des personnes devant s'y soumettre et y obéir. Cela permet de dissiper aussi un autre malentendu, à savoir que l 'Islam n'apprécie guère toute convenance de la société humaine et qu'il ne les adapte pas aux communautés humaines qui, de nos jours, jouissent d’une liberté outre mesure et bénéficient de toutes sortes de jouissances, ne seront jamais prêtes à se soumettre à toutes les restrictions qu’impose la religion musulmane.

Bien entendu, si l’on prend en considération la situation actuelle de l’humanité, on observe qu'une dégénérescence atteint tous les aspects de son existence, et toutes sortes de dépravations et d’oppressions ne cessent de la souiller, on peut supposer qu'elle risque de s’anéantir à tout moment.

Si on la compare avec l 'Islam, il est sûr qu'on ne trouvera aucun point commun entre cette religion claire et précise et cette humanité si profondément assombrie. Il ne faut pas non plus s'attendre à ce que le maintien de la situation actuelle du courant islamique – c'est-à-dire l'énoncé d’un certain nombre de règles de jurisprudence – assure la félicité absolue de l’être humain. Cela équivaudrait à attendre d’un régime despotique et dictatoral qui ne possède de la démocratie que le nom, d’avoir les effets et les bienfaits d’une véritable démocratie. Ou encore qu'une personne malade attende sans rien faire, une amélioration de son état du moment que son ordonnance a été préscrite.

Mais si nous évaluons les natures constitutive et innée – dons de Dieu – à l’Islam, religion même des natures constitutive et innée, nous constaterons qu'ils sont en parfaite harmonie. Comment peut-on d’ailleurs concevoir que la voie que les natures innée et constitutive se sont choisie puisse ne pas leur être compatible, puisque ce sont elles qui l’amènent dans cette direction et qu'elles ne connaissent de toute façon pas d’autre voie?

Bien sûr, les natures constitutive et innée sont elles aussi devenues victimes de déviations et d’erreurs de compréhension, dues à la corruption de nos semblables. D'une certaine mesure, cette relation entre la nature constitutive et la nature innée d’une part et la voie et la méthode qu'elles ont montrées elles-mêmes a été interrompue. Dans des conditions aussi défavorables, il est certes raisonnable de lutter contre cet état de fait, afin de rendre le terrain plus propice, et non pas de tracer une ligne d’invalidation autour des natures constitutive et innée corrompues, et de fermer les yeux sur cet être humain totalement désespéré de ne pouvoir atteindre une quelconque sérénité. Selon le témoignage de l’histoire, tout nouveau système a toujours rencontré, à ses débuts, une forte résistance de la part des méthodes et conditions antérieures. Puis, suite à de nombreux conflits, souvent sanguinaires, elles réussissent toujours à se faire une place dans la société et même à effacer des mémoires, le nom de leur ancien opposant.

Le régime démocratique qui, selon ses sympathisants, est le système le plus approprié à la volonté populaire, a, pour être instaurée en France, provoqué la sanglante révolution. Bien d’autres événements sont également survenus dans certains pays, et ce n'est par la suite qu'ils ont pu se stabiliser. C’est aussi le cas du régime communiste qui, d’après ses ténants, est la synthèse de tous les mouvements progressistes humains et le meilleur cadeau de l'histoire! Lors de ses premières manifestations en Union Soviétique puis en Asie, en Europe et en Amérique latine, c’est le sang des dizaines de millions de gens qui fut versé pour qu’il puisse enfin acquérir la stabilité.

En fin de compte, la résistance ou le mécontentement initial d’une communauté ne signifie pas du tout l’inconvénance, l’anéantissement ou l’illégitimité de ce système. L’Islam est certes bien vivant et capable de se mettre en valeur au sein de la société.

Permettez donc que nous développions et analysions plus amplement ce sujet dans les discussions à venir.

L’Islam et les véritables exigences propres à chaque époque
L 'importance de toute question scientifique, posée en tant que sujet de discussion ou par simple curiosité – affirmée ou infirmée –, dépend naturellement de la valeur et de la portée de la réalité qu'elle renferme. Elle est également liée aux actes ainsi qu’aux résultats qui en y découlant ont pu être appliqués dans les différentes péripéties de l’existence.

Une faculté tout aussi primaire que d’apprendre à boire et manger, équivaut en fait à une vie humaine. Elle vaut ce que vaut l’existence, qui est pour l’homme le bien le plus inestimable. Cette capacité en apparence très succincte – qui inculque à l’esprit humain la nécessité d’une existence sociale et collective – est semblable à la valeur de l’univers de l’humanité. En effet, il existe en son sein des millions d'actes, faits et gestes qui relient constamment entre eux les êtres humains et font naître chaque jour des réalisations bonnes ou mauvaises, harmonieuses ou disparates aux conséquences positives ou négatives.

Bien entendu, il ne faut jamais nier l’importance primordiale qu'un rite pur – tel le rite musulman – réponde aux inévitables questions que se posent les hommes dans toutes les époques. Ainsi il égale, par la même occasion, l’éminence de l’existence humaine; or, nous savons que l’on ne peut imaginer de bien plus précieux pour l’être humain.

Tout musulman ayant bien assimilé le rite musulman dans son ensemble en lui étant attaché, a sans aucun doute enregistré dans sa mémoire de tels propos concernant l’Islam.

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ces pensées sont identiques à tout autre sujet de réflexion suscité par l’Islam. Or, il ya fort longtemps que cette question est complètement sortie de notre esprit les pratiquants musulmans, elle fait désormais partie de la tradition orale où elle poursuit silencieusement le cours de son existence. C’est le cas de tous les autres éléments sacrés d’une religion qui ne font l’objet d’aucune discussion ni curiosité, car ils finissent par mourir au tréfonds des cœurs sans jamais être utilisés.

Nous sommes orientaux, jusqu'où remonte notre mémoire sur l’histoire de nos aïeux, peut-être des milliers d’années ? Les systèmes sociaux qui nous ont gouvernés jadis ne nous ont jamais laissés libres de penser sur les problèmes scientifiques relatifs à la société. Même la petite lucarne qui nous avait été ouverte par le Saint Prophète au tout début de l 'Islam – pendant une très courte période – était semblable à l’aube annonçant la promesse d’un jour plein de clarté. Malheureusement, sous l’effet de tourmentes et de conjectures soit naturelles ou provoquées par des personnes ne recherchant que leur seul profit, elle s'est aussitôt retrouvée derrière un écran de fumée. Encore une fois, nous sommes restés, avec pour seul compagnon la détention et la servitude. Nous sommes demeurés, ainsi que le fouet, le fil de l’épée, la potence, le coin obscur de la cellule de prison, les tortures insoutenables et les milieux néfastes. Nous avons certes persisté en même temps dans cette ancienne habitude de dire :" Oui, oui" et " à votre service"!

Le plus habile d’entre nous a pu, de justesse, conserver tels quels les acquis religieux qu'il considérait comme sacrés. Puisque fortuitement, les pouvoirs en place à l’époque ainsi que les responsables sociaux n'étaient pas désintéressés de contrecarrer ce genre de libre-discussion.

Ils appréciaient tout à fait que les gens vaquassent à leurs occupations et ne se mêlassent pas d’autres choses. Eh oui, il fallait qu'ils s'intéressassent à leur propre travail, leurs propres affaires, et non des affaires publiques qui étaient du ressort de l'Etat et relevaient de la compétence des hauts responsables.

Ces derniers ne s'inquiétaient nullement que la population fût encore attachée à la plupart des fondements religieux et ne soupçonnaient point en celle-ci le moindre préjudice. Ils désiraient seulement que les gens ne se consacrassent pas à des discussions libres ou ne fissent preuve de curiosité critique, afin qu'ils devinssent, eux, le noyau intellectuel du peuple. Ils avaient, en effet, bien compris que la force la plus efficace résidait dans la volonté populaire. Si la détermination de la population se soumettait sans aucune condition à leurs dirigeants, tout en s'accaparant eux-mêmes le cerveau des intellectuels, ils pouvaient alors, s'emparer de leur capacité de décision. Ils n'avaient donc pas d’autre dessein que d’assujettir l’opinion publique et, comme il est dit couramment, de former eux-mêmes le noyau intellectuel populaire.

Ces éléments constituent une série de réalités que toute personne se penchant attentivement sur le passé de nos aïeux, peut facilement comprendre sans émettre le moindre du doute.

Plus récemment c'est la liberté à l’occidentale qui, avec toutes ses prétentions, est venue nous aborder nous les Orientaux, après avoir bien abreuvé notre continent. Ayant cherché d’abord à s'établir en Orient en tant qu'invitée très respectable, elle devint ensuite un hôte très autoritaire. Elle supprima l’interdiction de penser et brandit l’arme de la liberté qui, certes, était pour nous, le meilleur moyen et l’occasion la plus appropriée nous permettant de récupérer, aussi vite qu’on pouvait, les richesses que nous avions perdues égarées, ainsi qu’à réinstaller les fondements d’une existence rayonnante de connaissances et d’activités. Malheureusement, cette liberté que nous avaient offerte les colonisateurs européens, prit leur place et s'imposa à son tour en tant que base de notre formation intellectuelle!

Le pire est que nous n'avions même pas compris ce qui nous arrivait ! Lorsque nous avons ouvert les yeux, nous nous sommes retrouvés dans une époque où dire "nous vous avons ordonnés" était complètement dépassé, et où il ne fallait plus écouter les paroles des maîtres ainsi que les ordres des puissances antérieures. Il fallait suivre à la lettre ce que faisaient les européens et prendre le chemin qu'ils empruntaient!

Cela fait donc plus d’un millénaire que l 'Iran possédait en son sein la dépouille d'Avicenne, dont les traités de philosophie et de médecine étaient conservés dans nos bibliothèques, et dont les doctrines théories scientifiques étaient notre ritournelle; mais c'est tout ce que nous avions sans pouvoir rien innover.

Il y a sept siècles que nous possédons les traités de mathématiques de "Khadjé Nassir-od-din Toussi" ainsi que son apport culturel sans que nous ayons rien innové. Pourtant, sur le conseil des amateurs de commémorations, comme font les Européens à l’égard de leurs chercheurs, nous aussi avons célébré le millénaire et les sept cent ans des ces deux érudits!

Pendant ce temps, les étrangers profitent et se servent depuis plus de trois cent ans de la pensée philosophique et des théories de Mollâ Sadrâ. Mais, l’université de Téhéran, dont la fondation remonte à plusieurs années, enseignait uniquement la philosophie classique. Et pourtant quelques années plus tôt avant la Révolution islamique, un orientaliste provoqua un sacandale sans précédent lors d’une conférence à l’université, pour avoir rendu hommage à Mollâ Sadra et exprimé son admiration pour la pensée philosophique de celui-ci. Il y eut par la suite de nombreuses réactions et opinions émises à la fois sur cette personnalité et sa méthode philosophique.

Cette anecdote et bien d’autres nous éclairent parfaitement, aussi bien sur la situation sociale mondiale que sur l’identité de l’élite intellectuelle de notre pays (avant la Révolution). Elles démontrent que cette élite dépendait entièrement de l'étranger, et que les restes de notre richesse intellectuelle dérobée par l’un ou l’autre, étaient désormais bons pour le diseur de bonne aventure.

La majorité des personnes instruites ainsi qu’un nombre infime de celles qui, n’ayant pas abandonné à la merci des pilleurs la totalité du patrimoine intellectuel suite à une certaine indépendante qu’ils avaient conservé dans ce domaine, furent malgré tout et le plus souvent victimes d’un dédoublement de personnalité. Ils furent tiraillés entre la pensée occidentale et la pensée orientale dont ils étaient les dépositaires. Parfois même, ils se donnèrent beaucoup de peine pour mener à bonne fin leur projet de concilier entre ces deux attitudes opposées, par une sorte de "mariage".

Un de nos écrivains a ainsi adapté, sous le titre "démocratie islamique", la ligne de conduite islamique à celle de la démocratie. Un autre a, pour sa part et sous le titre de "communisme islamique"et "propagation islamique", extrait des règles religieuses la méthode communiste et soustrait les différences de classes sociales.

Quelle étrange Histoire! Si, en réalité, l’exceptionnalité et le réalisme de l 'Islam se résument au fait qu'il est un modèle vivant démocratique ou communiste. Et sachant que ces deux idéologies ont atteint cette renommée par leurs propres moyens, en ayant suivi nos traces d’une manière aussi resplendissante. Quel besoin avons-nous donc d’y adapter cette poignée de données (soi-disant) dépassées et datant de plus de 14 siècles, élaborées dans la peine et la douleur et de les serrer ensuite bien précieusement contre notre poitrine?

Si cette religion contient effectivement une autre réalité tout à fait indépendante, vivante et inestimable, quel besoin avons-nous donc de recouvrir son charme naturel (don de Dieu) d’un maquillage artificiel et de la présenter sous une apparence factice à ses solliciteurs!?

Des dizaines d’années plus tard à l’issu de la deuxième guerre mondiale, les penseurs occidentaux ont décidé, après avoir beaucoup discuté et fait preuve d’une vive curiosité vis-à-vis des religions et des différents cultes, décidèrent de publier régulièrement le résultat de leurs travaux. Nous aussi, bien évidemment, avons plus ou moins progressé dans cette direction, pour le même motif – par esprit d’imitation et de dépendance, comme nous l’avons précisé antérieurement. Et nous nous sommes donc mis à discuter sur toute une série de questions concernant la religion musulmane.

A savoir, est-ce que toutes les religions et les rites existants sont justes? Est-ce que les religions célestes ne sont autres qu'une chaîne de réformes sociales? La religion, hormis la purification spirituelle, apporte-t-elle une amélioration morale et possède-t-elle d’autres objectifs et idéaux? Est-ce que les rites religieux continueront-ils à exister dans leurs formes actuelles ? Est-ce que la religion vise autre chose que la pratique du culte ? L 'Islam répond-il aux besoins de telle ou telle autre époque? Cependant, lorsqu'un chercheur assoiffé de connaissance s'engage sur un sujet, il le commente au tout premier abord en fonction des principes scientifiques indubitables qu’il connaît. Puis il commence à discuter de ses aberrations ou véracités pour se former une opinion réelle la concernant.

Les experts occidentaux reconnaissent la religion comme étant un phénomène social qui comme la société, est la conséquence d’une série d’éléments naturels.

Selon eux, toutes les religions, y compris l 'Islam – s’ils ont un regard positif sur la religion – est l’œuvre rationnelle d’un certain nombre de personnes exceptionnelles. Ils pensent que, grâce à leur pureté d’âme, leur intelligence débordante ainsi que leur volonté infaillible ont pu élaborer des règles pour réformer les mœurs de leur société, guidant ainsi les gens sur la grand-route de la félicité existentielle. Ces règles auraient ensuite évolué de façon simultanée avec les sociétés humaines en s’adaptant auxdits changements.

L'instinct, l’expérience et l’histoire elle-même prouvent que la société humaine se dirige peu à peu vers la perfection et que l’humanité progresse de jour en jour en direction de la civilisation idéale. En se référant aux conclusions de ces débats psychologiques, légaux, sociaux et philosophiques au sein du "matérialisme dialectique" en particulier, il est acquis que les sociétés ne se maintiennent pas dans un seul état; et que leurs règles pratiques ne sont pas non plus statiques.

Les principes qui pouvaient assurer le bonheur des premiers êtres humains, qui se nourrissaient de baies sauvages et se reposaient dans les failles rocheuses, ne suffiront jamais au mode de vie actuelle si sophistiquée.

Les décrets datant de l’époque des combats au corps à corps, où l’on se battait à coup de gourdins ou d'hallebardes, n'ont plus aucun intérêt à l’heure des bombes atomiques et des bombes à hydrogène.

Comment des décisions prises à l’époque des déplacements à cheval ou à dos d'âne peuvent-elles remédier aux maux d’une société au sein de laquelle, l’emploi des jets et des sous-marins atomiques est devenu familier?

En conclusion, l’on peut dire que le monde contemporain n'accepte pas du tout – et on doit bien s'y attendre – les règlements provenant de ses prédécesseurs. Les principes devant être appliqués au sein des sociétés humaines, sont par conséquent condamnés à changer perpétuellement, en fonction des diverses évolutions de l’humanité. Suite à ces transformations pratiques, la morale elle aussi pourra être modifiée, puisqu'elle est en fait la nature de l’âme invariable et provient de la répétition de certains actes.

Il ya plus de deux ou trois milles ans, le mode de vie très primaire ne nécessitait guère la politique contemporaine, due à une existence si complexe. Les femmes contemporaines peuvent-elles encore se contenter de la probité des femmes cloitrées derrière les rideaux, comme il y a deux mille ans?

Les travailleurs, les cultivateurs et les autres classes ouvrières, à notre époque, n'ont plus l’endurance des couches opprimées de l’antiquité. Les esprits révolutionnaires et enthousiastes vivant au siècle de la "conquête spatiale" ne sont plus effrayés par les éclipses solaires et lunaires ou autres. Ils ne peuvent se borner à se résigner et se satisfaire silencieusement de leur sort.

En résumé, les communautés humaines de tous temps, requièrent des mœurs et une morale convenant à la disposition naturelle et particulière à cette période.

En guise d’exhortation, l 'Islam a, quant à lui, envisagé une méthode ainsi qu’une série de règles pouvant garantir, le mieux possible, la félicité de la société humaine. Il en assure également les besoins puisqu'Il (l 'Islam) est en fait le nom d’une ligne de conduite très limpide et de règlements authentiques.

Il ne va pas sans dire qu'une telle méthode et de tels règlements se présentent à chaque époque, sous une forme bien particulière. Tels le comportement même du Prophète de l 'Islam et les préceptes qu'il appliquait à cette époque. Les emblèmes de l 'Islam, quelque soit l’époque, seront toujours les prescriptions les plus authentiques et les mieux adaptées à garantir la félicité sociale humaine dans ce laps de temps.

Certes, les solutions apportées par un expert occidental qui, dans ses discussions, s’appuie sur des références scientifiques sûres seront sans aucun doute positives.

Mais selon les commentaires exposés précédemment, l’Islam est un rite divin et éternel qui met en relief tous les instants. Il garantit, sous forme des décrets, la félicité sociale propre à chaque époque.

Il ne reste à présent qu'une seule question à poser : Le Saint Coran, Livre céleste de l’Islam et le meilleur interprète des objectifs de ce rite inaltéré; désigne-t-il la prophétie comme le propose l’exposé précèdent? Commente t-il cette religion divine comme il l’a été indiqué, c'est-à-dire qu'elle s'appuie sur des bases sociales, psychologiques et philosophiques matérielles? Ces fondements s'adaptent en effet, à leur situation temporelle, grâce à une série de prescriptions appropriées. Si jamais il n'en était pas le cas et établissait un certain nombre de croyances, de mœurs et de préceptes fixes, qui ne peuvent être modifiés en les imposant à l’humanité, comment pourrait-il les reconnaître capables de s'adapter aux besoins des différentes conditions humaines?

Désire t-il maintenir la communauté humaine dans le même état, en refermant pour toujours les portes du progrès de la civilisation ainsi qu’en scellant les activités humaines en pleine croissance? Comment en est-il parvenu au point de lutter avec la nature existante et l’ordre naturel, alors que celui-ci ne sort guère du pouvoir et du domaine de la nature humaine?

Il est bien évident que le Saint Coran expose essentiellement cette religion céleste, qui prend sa source dans un univers invisible tout en étant en relation à la fois avec l’ordre de la création et le monde visible. Il explique les éléments religieux variables, perpétuels et fixes, la grandeur de la morale ainsi que le réel bonheur et malheur humain. Il s'exprime également au sujet de la société humaine d’une manière bien différente qu'un chercheur occidental; puisque la projection que possède le Saint Coran à ce sujet est tout autre qu'une vision purement matérialiste.

Le Saint Coran reconnait les règles du rite islamique comme étant une trame de questions et de lois de jurisprudence guidant le système de la création, et tout particulièrement la création de l’homme, grâce à sa nature évolutive et perfectionniste. Celle-ci fait partie du monde de la nature et subit à tout instant des mutations, puisque tout se dirige vers Lui.

L’Islam est pour le Saint Coran, une série de principes requis par le système de la création, auquel il se conforme sans aucune variation, à l’instar de son essence originelle. Il ne dépend pas non plus des désirs d’une personne. Ces règles incarnent en fait la Vérité et ne changent pas, telles les instructions émises par des pouvoirs despotiques qui suivent les lubies et les aspirations d’un souverain despote; ou les lois de pays socialistes qui sont soumises à la volonté de la majorité. En réalité, sa législation se trouve entre les mains de l'ordre de la création et, autrement dit, soumise à la Volonté du Dieu Universel.