INTRODUCTION LES NUITS DE PISHAWAR

LES NUITS
DE
PISHAWAR
Ahteur : sayiyd Mohammed al-Musawi (Sultan al-waa-izin)
AU NOM D'ALLAH, CELUI QUI FAIT MISERICORDE, LE MISERICORDIEUX.
LOUANGE A ALLAH, SEIGNEUR DES MONDES.
QUE LES PRIERES ET LA PAIX SOIENT SUR NOTRE MAITRE, MUHAMMAD ET SUR SA SAINTE FAMILLE PURIFIEE.
QUE LA PAIX D'ALLAH SOIT SUR VOUS
LA PREFACE DU TRADUCTEUR
Récemment, le monde non-Musulman apprenait que l'Islam est divisé en deux écoles : Chiite et Sunnite. Il y a tellement peu d'ouvrages chiites, dans les langues autres que l'arabe et le Persan, que l'issue sur la vraie compréhension est presque impossible. Ainsi, l'Occident ne connaisse l'Islam qu'à travers la communauté sunnite d'Arabie Saoudite, d'Egypte, de la Turquie, de la plupart des Musulmans indiens etc. Cet ouvrage corrige ce déséquilibre de manière significative, car la légitimité de l'Islam chiite y est débattue et soutenue entièrement à partir de sources orthodoxes sunnites. La légitimité politique, juridique et spirituelle du courant de pensée chiite y est discutée et rapportée en anglais à partir de sources largement ignorées des occidentaux.

En fait, il est démontré que la source qui fait autorité en ce qui concerne l'interprétation du message du Prophète Muhammad (que la paix et les prières soient sur lui et sur sa famille) est son cousin et beau-fils, Ali Ibn Abi Talib (que la paix soit sur lui !) et les onze autres successeurs nommés après lui constituant les douze Imams. ? diverses époques, dans l'histoire, ce fait fut plus ou moins reconnu par le monde musulman. Aussi, en 1959, par exemple, le Cheik Mahmud Shaltut, défunt recteur de l'université d'Al Azhar au Caire et grand Mufti de l'école sunnite décréta qu'en plus des quatre écoles sunnites de la loi musulmane (Hanafite, Hanbalite, Malikite et Shafi'ite), l'école de Ja'farite semblait, également, être acceptable pour la communauté musulmane. Un bref compte rendu de ce décret vit jour à l'instigation de l'Imam Muhammad Chirri, directeur du centre islamique de Detroit, au Michigan, dans son livre intitulé "les Chiites sous l'attaque".

Le présent ouvrage est constitué de la transcription d'un dialogue entre plusieurs savants sunnites et Seyyed Muhammad Al-Musawi Chirazi, savant de 31 ans vivant en Iran. Cette conférence dura dix nuits. Elle eut lieu à Peshawar, en Inde. Elle commença le 27 janvier 1927. Les échanges effectués sont un modèle de respect mutuel. Malgré le sérieux du sujet et une assistance composée de 200 personnes, il n'y eut aucune infraction au code moral. Son succès fut tellement manifeste qu'à la fin du dialogue, un savant sunnite et cinq autres dignitaires parmi l'assistance reconnurent publiquement leur conversion à l'école des Ahl-Bayt.

La seule condition préalable à ce dialogue fut que seules les sources acceptées par les deux écoles soient citées. L'entretien se tint en persan, généralement compris dans la ville de Peshawar. Il fut transcrit par quatre journalistes et édité dans un journal, puis sous la forme d'un livre, publié à Téhéran. Cet ouvrage est devenu, par la suite, une autorité classique. La traduction actuelle est basée sur la quatrième édition, celle de Téhéran en 1971, l'année où décéda Sultanul Wa'izin, à l'âge de 75 ans. (Qu'Allah illumine son visage !)

Bien que le dialogue fut impromptu, l'érudition de Sultanul Wa'izin Shirazi (dont le nom signifie " Prince des prêcheurs de Shiraz ") fut telle que la transcription des dialogues sert de référence bibliographique détaillée de centaines de traités sunnites, plus ou moins connus, dans lesquels les bases du chiisme sont reconnues. Pour cette raison, plusieurs citations se rapportent à l'école Hanafite présidée par Sulayman Balkhi Hanafi, Sibt Ibn Jawzi Shafi'i de l'école Shafi'ite et ainsi de suite.

Bien que la thèse du livre soit acceptée de régions du monde sunnite, celle-ci fut également source d'hostilité et malheureusement mal interprétée et pervertie par des maisons d'édition.
Vincent Lebas

INTRODUCTION
Dans son introduction à la quatrième édition persane, l'auteur écrit: "... il est plutôt décevant que l'égoïsme de certains savants aient atteint un seuil tel qu'ils soient dépassés eux-mêmes par leurs engagements vis-à-vis leur propre croyance au point de s'interférer aux grands travaux de leurs ancêtres, supputant qu'en altérant ou qu'en effaçant certaines études, la vérité s'éclipserait.

Mais, puisque la situation de celui auquel Dieu le Très Haut avait confié la sécurité et la conservation de la vérité (à savoir Sultanul Wa'zain qui approchait de la fin de sa vie quand il écrivait) était telle qu'elle ne lui permit pas d'écrire une introduction explicative à son traité, la preuve de cette espièglerie est donnée dans l'exemple ci-dessous.

A la page 301 du troisième volume du Commentaire, compilé par Kashshaf sous la direction de Cheik Moustafa Al-Halabi (2ème édition, 1319 de l'hégire, édités par le gouvernement de l'Egypte), il existe des vers où Jarullah Zamakhshari, interprète du Kashshaf, avoue publiquement sa croyance dans la légitimité des Chiites.

Mais, dans l'édition de Istiqamah bi'l-Qahara en 1373 de l'hégire, les vers sus-mentionnés ont disparu. Ceci n'est qu'un faible échantillon de leurs actes infâmes. Du même coup, quelques références que nous avons mentionnées dans cet ouvrage ne se trouvent plus dans les nouvelles éditions. Pour cette raison, certaines références ont été citées intégralement afin que vous puissiez les lire."

Nous avons entendu que ces diffamations perdurent aujourd'hui encore avec l'apparition de nouvelles éditions d'œuvres anciennes grassement financées mais expurgées (œuvres de Bukhari, Muslim, Tirmidhi etc.) puis offertes à des bibliothèques se doutant de rien afin de remplacer des éditions certes anciennes mais complètes! C'est pour cette raison que les références bibliographiques étendues dans l'original ont été maintenues au prix de rendre le livre plus long et moins facile à lire.


[ Par exemple, voir le Tahrif! L'analyse des déformations des textes islamiques comme ceux de Sahih Al-Bukhari, de Tirmidhi et de bien d'autres ]

Ainsi, cet ouvrage trouvera sa place dans tous les départements d'études orientales ou dans toutes les écoles de religion se souciant des problèmes œcuméniques dans le monde moderne. Il sera étudié avec la plus grande attention par de sérieux étudiants en sciences politiques et histoire du monde qui tentent de cerner la présence de l'Islam qui émerge dans le monde des affaires. Et elle sera bien sûr d'un grand intérêt à tous les musulmans francophones qui souhaitent s'assurer des sources dont ils dépendent pour comprendre l'Islam.


Parmi les sujets traités en détail, on trouve les événements liés à la mort du Saint Prophète, sa tentative de rédiger son testament qui fut empêchée par Umar et l'élection d'Abu Bakr en catimini, ces derniers étant reconnus comme les deux premiers successeurs (du Saint Prophète SAW) ou "califes" chez les Sunnites. Est abordé aussi en détail l'événement de Ghadir Khum lors duquel les Shites pensent qu'Ali a été désigné explicitement comme successeur par le Prophète. Ce sont là des événements d'une importance inestimable pour la suite de l'histoire et pour l'alignement des forces aujourd'hui.


D'autres sujets abordés dans l'ouvrage portent sur la mauvaise interprétation des hadices du Prophète (SAW), cités pour prétendre que tous les compagnons du Prophète (SAW) étaient infaillibles, rendant ainsi légitime l'épouvantable oppression dont furent victimes les gens par les différentes générations de successeurs. Sont abordés aussi la prétendue présence d'Abu Bakr dans la Caverne aux côtés du Prophète (SAW) lors de son départ de la Mecque , pour lui octroyer une place d'honneur, la saisie injuste des terres de la fille du Prophète (SAW) par Abu Bakr, les erreurs et les faiblesses du Calife Umar qui reconnaissait dépendre d'Ali (AS) pour interpréter la loi Islamique (Charia) et dont le décret mettant fin au Muta' (mariage provisoire) allait à l'encontre des dires du Prophète (SAW) basés sur une bonne interprétation du Coran, la cruauté du Calife Uthman à l'égard des compagnons qui soutenaient Ali (AS), tels qu'Abu Dharr et la position paradoxale Ayesha, fille d'Abu Bakr et la plus jeune épouse du Prophète (SAW) qui mena une campagne militaire contre Imam Ali (AS), alors époux de Fatima (AS), fille du Prophète (SAW), dont elle était jalouse.


Fondamentale à tout cela, se pose la question de la transmission et de l'interprétation de la loi et de la science Islamiques qui font autorité. Celles-ci ont été énoncées chez les Sunnites par quatre principaux légalistes aux deuxième et troisième siècles A.H. Ils avaient des avis contradictoires sur des questions telles que l'autorisation de consommer du vin et la chair du chien, l'autorisation d'épouser sa propre fille. Par opposition, la transmission chez les Chiites a été constante et régulière et a même été citée par les Sunnites dans le passé - un fait jusqu'ici ignoré, oublié ou retranché.

Les caractères en gras correspondent aux versets coraniques et aux sources employées, en italique aux hadices du Saint Prophète (que la paix et les prières soient sur lui et sur sa famille !) et aux dialogues entre les savants.

8ème PARTIE
" Prédiction concernant son propre martyr et Ibn Muljim
" Le surnom de " Cité de la Connaissance " montre le droit d'Imam Ali (AS) d'être le premier calife
" Selon le Saint Prophète (SAW), Imam Ali (AS) excellait dans tous les domaines
" Description des zones d'espace en accord avec la science astronomique moderne
" Imam Ali (AS) maîtrisait toutes les sciences
" Naissance d'Imam Hussein (AS) et félicitations de la part des anges
" L'adhésion de Nawab au Chiisme

DERNIERE SESSION, la nuit du dimanche 4 Sha'ban, 1345 de l'hégire.
" Naissance d'Imam Houssein (AS)
" Interprétation des Sunnites de l'expression " et ceux qui détiennent l'autorité parmi vous " (Ulil'Amr)
" Le choix des chefs israéliens par Moïse est considéré sans valeur
" Le terme d'Ulil'Amr ne fait pas référence aux dirigeants
" L'infaillibilité des Saint Imams est généralement reconnue
" Connaissance des Ahle Bayt
" Pourquoi les noms des Imams (AS) n'apparaissent pas dans le Saint Coran ?
" Aucune mention des rakaats des prières dans le Saint Coran
" Ulil'Amr fait référence à Imam Ali (AS) et aux Imams des Ahl-Bayt (AS)
" Noms et classement des douze Imams (AS)
" Le nombre de califes après le Saint Prophète (AS) est de douze

DERNIERE SESSION, la nuit du dimanche 4 Sha'ban, 1345 de l'hégire.
Hafiz Muhammad Rachid, Cheik Abdus-Salam, Seyyed Abdul-Hayy et d'autres savants de la région participèrent à un débat en présence d'une grande assemblée. Lors de ce débat, le chiisme est représenté par le savant Shirazi (dans le texte en arabe, il est nommé Hafidh) et le sunnisme par Hafiz, Cheikh, Seyyed etc.

Hafiz : Nous sommes très heureux d'avoir l'opportunité de discuter des points basiques de divergence entre le chiisme et le sunnisme, mais nous devrions d'abord décider comment nous allons procéder.

Shirazi : Je suis prêt à entreprendre ces discussions à condition d'écarter nos idées préconçues et de débattre des choses de manière raisonnable, comme des frères.

Hafiz : Permettez-moi de poser une condition aussi : que nos arguments soient fondés sur le Saint Coran.

Shirazi : Impossible de satisfaire cette condition, car le Saint Coran est très concis et qu'il doit être interprété à la lumière d'autres faits et hadices.

Hafiz : C'est exact ! mais il est aussi nécessaire de se référer à des hadices et des faits fondés sur des preuves indiscutables. Nous devrions nous garder de nous référer à des sources douteuses.

Shirazi : D'accord ! Pour quelqu'un comme moi qui est fier de se réclamer être un descendant du Prophète Muhammad (SAW ), il n'est pas juste d'aller à l'encontre des exemples déterminés par mon ancêtre, le Prophète de l'Islam (SAW). Le Saint Coran dit à son propos : " Et tu es certes, d'une moralité imminente " (68:4) Il est également interdit d'agir contre les versets du Coran qui indique: " …Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon… " (16:125)

LIEN ENTRE SULTANUL WA'IZIN ET LE SAINT PROPHETE
Hafiz : Excusez-moi, vous vous réclamez être de la lignée du Saint Prophète (SAW). Cela est connu, mais parlez-moi de votre généalogie afin que je puisse savoir comment elle remonte au Saint Prophète (SAW).

Shirazi : Ma lignée remonte au Saint Prophète (SAW) par le biais d''Imam Musa Kazim (AS) de la sorte : Muhammad, fils d'Ali Akbar (Ashrafu'l-Wa'izin), fils d'Ismail Mujtahidal-Wa'iz, fils d'Ibrahim, fils de Salih, fils d'Abi Ali Muhammad, fils d'Ali (connu sous le nom de Mardan), fils d'Abi'l-Qasim Muhammad Taqi, fils (Maqbulu'd-din) de Husayn, fils d'Abi Ali Hasan, fils de Muhammad bin Fathullah, fils d'Ishaq, fils de Hashim, fils d'Abi Muhammad, fils d'Ibrahim, fils d'Abi'l-Fityan, fils d'Abdulhah, fils de Hasan, fils d'Ahmed (Abu Tayyib), fils d'Abi Ali Hasan, fils d'Al-Hairi d'Abu Ja'far Muhammad (Nazil-e-Kirman), fils d'Ibrahim Az-Zarir fils de l'Imam Musa Kazim, fils de l'Imam Muhammad Baqir, fils de l'Imam Ali Zainu'l-Abidin, fils de l'Imam Hussein (AS), fils du " Commandant des Croyants ", Ali ibn Abi Talib (AS).

Hafiz : Cette ligné remonte jusqu'au " Commandant des Fidèles ", Ali ibn Abi Talib (AS). Or, vous disiez qu'elle atteignait le Saint Prophète (SAW). Avec cette généalogie, vous devriez dire que vous descendez d'un proche du Saint Prophète (SAW) et non du Saint Prophète (SAW) lui-même. Un descendant est directement lié au Messager.

Shirazi : Ma lignée provient du Prophète (SAW) par Bibi Fatima Zahra (AS), la mère de l'Imam Hussein (AS). Je ne comprends pas pourquoi vous insistez tellement sur ce point.

Hafiz : Je crois que vous m'avez mal compris. Selon moi, la descendance provient que du mâle. Je cite un couplet arabe : " Mes fils, mes petits-fils et les filles sont de moi, mais les fils de ma fille ne sont pas de moi." Si vous pouviez me prouver le contraire, faites, je vous prie.

Shirazi : Il existe des preuves solides, aussi bien dans le Saint Coran que dans des hadices authentiques, pour confirmer ma position.

Hafiz : Faites-nous les savoir, s'il vous plaît, pour que l'on comprenne.

Shirazi : Tandis que vous nous parliez en ce moment, je me suis rappelé d'une discussion entre Harun Rachid, le calife Abbasside et notre Imam Musa Kazim (AS) sur ce sujet. L'Imam donna une réponse si persuasive que le calife lui-même l'accepta.

Hafiz : Je voudrais connaître cette discussion.

Shirazi : Au quatrième siècle A.H, Abu Ja'far Muhammad ibn Ali, appelé Sheik Saduq, rapporte dans 'Uyun-e-Akbar ar-Riza (sources principales) ainsi que Abu Mansur ibn Ali Tabarsi dans 'Ehtijajj (appuis), la conversation qui se tînt entre Harun Rachid et Imam Musa (AS) dans la cour du calife.

Le calife demanda à l'Imam : "Comment pouvez-vous déclarer être un descendant du Prophète ? Le Prophète Muhammad n'a eu aucun descendant. Tout le monde sait que les descendants sont du côté masculin et pas du coté féminin. Vous appartenez à la génération de sa fille. "


L'Imam récita les versets 84-85 du chapitre VI du Saint Coran : Nous lui avons donné Isaac et Jacob, nous les avons tous deux guidés, nous avons dirigé Noé et parmi ses descendants, David, Salomon, Job, Joseph, Moïse et Aaron ainsi nous récompensons ceux qui font le bien. Et Zakariyya, Jean, Jésus et Elie. Ils étaient tous au nombre des justes.

L'Imam a demandé au calife : " Qui était le père de Jésus ? "

Harun Rachid répondit que Jésus n'avait aucun père.


L'Imam prononça : " il n'y avait personne, mais Allah a inclus Jésus comme Messager dans la progéniture de Marie. De même, il nous a inclus dans le progéniture du Prophète (SAW) par notre ancêtre Fatima Zahra. "

D'ailleurs, l'Imam Fakhru'd-din Razi dans son Tafsir-e-Kabir (Grand Commentaire), P. 124, dit que d'après ce verset Hassan et Hussein sont les descendants du Prophète de l'Islam (SAW). Puisque dans ce verset, Allah a placé Jésus comme descendant d'Abraham et que Jésus n'avait eu aucun père, il descend d'Abraham du côté de sa mère. De la même manière, Hassan et Hussein sont les descendants du Prophète par Fatima.

L'Imam Musa Kazim demanda à Harun Rachid si il voulait davantage de preuve.

Le calife lui demanda de continuer.

L'imam lui récita le verset 61 du chapitre III, " Al Imran, " du Coran : " A ceux qui te contredisent à son propos, maintenant que tu en es bien informé, tu n'as qu'à dire : 'Venez, appelons nos fils et les vôtres, nos femmes et les vôtres, nos propres personnes et les vôtres, puis proférons exécration réciproque en appelant la malédiction de Dieu sur les menteurs.' " (3 :61)

Il continua en disant qu'à l'occasion du défi spirituel (Mubahala) contre les Chrétiens de Najra, personne n'avait jamais relevé le fait que le Saint Prophète (SAW) s'était présenté avec Ali ibn Abu Talib, Fatima, Hassan, et Houssein. Ainsi, lorsque le Prophète parlait de " nos propres personnes " (anfusana), il désignait "Ali ibn Abu Talib, " nos femmes " (nisa'ana) désignait Fatima et " nos fils " (abna'ana) faisaient référence à Hassan et Hussein qu'Allah avait identifié comme les propres fils du Prophète.

En entendant cela, Harun Rachid s'exclama : " Bravo, O Abu'l-Hasan ! "

Ce raisonnement montre clairement que Hassan et Hussein sont les fils du Prophète (SAW). Les descendants de Fatima constituent la progéniture du Saint Prophète (SAW).

LIEN ENTRE SULTANUL WA'IZIN ET LE SAINT PROPHETE
Ibn Abi'l-Hadid Mu'tazali, l'un de vos plus grands savants, dans le Sharh-i-Nahju'l-Balagha (Commentaire sur la Voie d'Eloquence [œuvre du " Chef des Croyants ", Ali]) et Abu Bakr Razi dans son commentaire ont cité le même verset, arguant du fait que Hassan de Hussein sont les fils du Prophète du coté de leur mère de la même manière qu'Allah dans le Saint Coran a inclus le Christ dans la progéniture d'Abraham du côté de sa mère, Marie.

Mohamad ibn Yusuf Ganji Shafi'i dans son livre Kifayatu't-Talib et Ibn Hajar Makki aux pages 74 et 93 du Sawa'iq Muhariq de Tabrani et Jabir bin Abdullah Ansari, ainsi que Khatib Khawarizmi dans Manaqib d'Ibn Abbas rapportent tous les propos du Saint Prophète (SAW) : " Allah créa la progéniture de chaque prophète de leur propre génération, mais ma progéniture est établi par la descendance d'Ali. "

De plus, Khatib Khawarizmi dans Manaqib, Mir Seyyed Ali Hamadani Shafi'in Mawaddatul Qurba, Imam Ahmad ibn Hanbal dans Musnad et Sulayman Hanafi Balkhi dans Yanabiu'l-Mawadda rapportent en utilisant plus ou moins les mêmes termes, que le Saint Prophète (SAW) dit : " ceux-ci, mes deux fils sont deux fleurs de ce monde et deux Imams (guides), de manière ouverte ou assis en silence chez eux. "

Sulayman Hanafi, dans son Yanabiu'l-Mawadda, le Chapitre 57 cite des hadices sur ce sujet de ses propres sources, comme Tabrani, Hafiz Abdu'l-Aziz Ibn Abi Shaiba, Khatib-e-Baghdadi, Baihaqi, Baghawi et Tabari - tous rapportant dans des versions à peine différentes que Hassan et Houssein sont les fils du Prophète (SAW).

Vers la fin du même chapitre, Abu Salih écrit : Hafiz Abdul'Aziz ibn Al-Akhzar, Abu Nu'aim, Tabari, page 112 d'Ibn Hajar Makki de Sawa'iq Muhriqa deMuhammad ibn Yusuf Ganji Shafi'i à la fin de la Partie I, après 100 chapitres de Kifayatu't-Talib, et Tabari dans son récit sur la vie d'Imam Hassan (AS) rapportent que le deuxième calife, Umar ibn Khattab dit : " J'ai entendu du Prophète que le Jour du Jugement, chaque ascendance sera coupé de sa génération exceptée la sienne. Chaque génération est du côté du père excepté la génération de Fatima qui m'est reliée. Je suis leur père et leur ancêtre. "

Mohammad Amir Shabrawi, dans son livre Kitabu'l-Ittihafbi Hubbi'l-Ashraf a cité ce hadice de Baihaqi et d'Abdullah ibn Umar, et lui de son père, à l'occasion du mariage d'Umm Kulthum.

Toutes ces références prouvent que les descendants de Fatima (AS) sont la progéniture du Prophète (SAW). Par conséquent, le couplet que vous avez cité n'a aucun poids face à toutes ces données prouvant le contraire. Mohammad ibn Yusuf Ganji Shafi'i dans son Kifayatu't Talib, démontre que les fils de la fille du Prophète (SAW) sont les fils de ce dernier.

Ma lignée rejoint celle d'Imam Houssein (AS) ; nous sommes donc descendants du Prophète (SAW).

Hafiz : Votre argument est plus que convaincant.

(Les gens se dispersèrent pour la prière d'Icha. Pendant cette pause, Nawab Abdul-Qayum Khan, qui appartenait à une noble famille sunnite, demanda la permission de poses quelques questions à Shirazi.)

POURQUOI LES CHIITES REGROUPENT-ILS LES PRIERES DE ZUHR ET ASR ET DE MAGHRIB ET ICHA
Nawab : Pourquoi les prières sont-elles combinées, le Zuhr et l'Asr puis le Maghrib et l'Icha ? Ceci est loin d'être une pratique du Saint Prophète (SAW) !

Shirazi : En premier lieu, parmi vos propres savants, les avis sont très partagés sur la question. Deuxièmement, vous dites que nous allons à l'encontre de la pratique du Prophète (SAW). Vous vous vous méprenez là : le Prophète (SAW) priait des deux manières, parfois séparément, parfois ensemble !

Nawab : (Se tournant vers l'autre savant), est-ce vrai que le Prophète (SAW) accomplissait les prières de deux manières ?

Hafiz : Certes, mais seulement lorsqu'il était en voyage ou en cas de difficulté, comme la pluie. Autrement, dans sa ville, à la maison, il a toujours accompli ses prières séparément.

Shirazi : Selon vos propres hadices, le Prophète (SAW) avait l'habitude de prier chez lui en combinant Zuhr et Asr puis Maghrib et Icha , sans qu'il y ait quelque difficulté.

Muslim ibn Hajjaj dans son Sahih, dans le chapitre intitulé " Jam'a Baina's-salatain fi'l-Hazar, " rapporte d'Ibn Abbas : " Le prophète avait l'habitude de prier conjointement les prières de Zuhr et de Asr ainsi que celles de Maghrib et de Icha en l'absence de toute contrainte alors qu'il était chez lui. "

Ibn Abbas raconte : " nous accomplissions huit rak'ats, celles de Zuhr et d'Asr et plus tard sept rak'ats : Maghrib et Icha avec le Prophète. " "

Ces mêmes hadices ont été exposés par l'Imam Ahmad ibn Hanbal dans son Musnad, partie 1, à la page 221. De même, l'Imam Muslim cite un certain nombre de hadices à ce sujet dans son Sahih . Il cite d'Abdullah ibn Shaqiqas qu'un jour, Abdullah ibn Abbas était en train de lire après la prière d'Asr. A la tombée du jour et alors que les étoiles étaient déjà visibles, il entendit les gens crier : " Prières, prières ! " mais Ibn Abbas ne leur prêta aucune attention. Puis, un des Bani Tamimi hurla :

" Prières, prières ! " Ibn Abbas leur répondit alors : " Vous voulez me rappeler la Sunna du Prophète alors que j'ai moi-même vu le Prophète réunir les prières de Zuhr et d'Asr ainsi que celles de Maghrib et d'Icha. " Abdulhah ibn Shaqiq dit qu'il n'était pas convaincu par ces propos et interrogea Abu Huraira à ce sujet.

Suite à une autre chaîne de transmission, ibn Shaqiq raconte d'Aqil l'anecdote suivante : alors qu'Abdullah ibn Abbas discourait de son pupitreà l'attention d'un public, l'obscurité s'installa. Quelqu'un se mit à crier par trois fois : " Prière, la prière, la prière ". Abdulhah ibn Abbas en fut perturbé et répondit : " Qui êtes vous ? Vous osez me rappeler la prière, alors que du temps du Prophète, nous avions l'habitude de réunir les prières de Zuhr avec celle d'Asr, et celle de Maghrib avecl' Icha. "

Zarqani dans son Sharhe Mawatta de l'Imam Malik, partie 1, dans le chapitre " Jama'a Baina's-Salatain, " p. 263, raconte : " Nisa'i rapporte de Amru ibn Haram qui rapporte d'Abi Sha'atha qu'Ibn Abbas accomplissait conjointement les prières de Zuhr et d'Asr comme celles d' Maghrib et dIcha à Bassora sans interruption, ni pause entre elles. Il disait que le Prophète (SAW) faisait de même. "

De même, Muslim dans le Sahih et Malikin Mawatta, au chapitre " Jam'a Baina's-salatain " et ImamHanbal dans Musnad citent Ibn Abbas par le biais de Sa'id ibn Jabir que le Prophète réunissait les prières de Zuhr et d'Asr à Médine sans être contraint de le faire par crainte ou par mauvais temps. Abu Zubair demanda à Abu Sa'id pourquoi le Prophète réunissait les deux prières. Sa'id dit qu'il posa la même question à Ibn Abbas qui lui répondit que l'envoyé réunissait les deux prières pour préserver ses adeptes de toute difficulté ou souffrance.

Il y a plusieurs d'autres hadices où l'on rapporte d'Ibn Abbas qu'il avait vu le Prophète de l'Islam (SAW) assembler les prières de Zuhr et d'Asr aussi bien que les prières de Maghrib et d'Icha sans être contraint de le faire. Ces hadices de vos Sahih ainsi que dans beaucoup d'autres ouvrages authentiques prouvent qu'il est permis d'associer les prières par deux, aussi bien chez soi qu'en voyage.

Hafiz : Mais, il n'y a aucun hadice de cette sorte dans le Sahih de Bukhari.

Shirazi : Puisque tous les compilateurs de Sahih, comme Muslim, Nisa'i, l'Imam Ahmad ibn Hanbal exposent avec d'autres grands savants de l'école sunnite des hadices autorisant la coordination des prières du Zuhr et d'Asr puis celles de Maghrib et d'Icha, il n'est pas besoin de plus pour prouver la légitimité de cette pratique. En fait, Bukhari aussi a retenu ces hadices dans son Sahih mais il les a placés de manière fourbe dans une autre partie que celle concernant l'association des deux prières.

Vous trouverez tous ces hadices dans les chapitres intitulés " le moment d'accomplir la prière de Zuhr lorsque le soleil commence à pencher vers l'ouest " et " le fait de retarder la prière de Zuhr jusqu'au début de celle d'Asr " et " le moment d'accomplir la prière d'Asr ".

En rapportant ces hadices sous le titre " Permission et Autorisation de rassembler les deux prières " prouve qu'il s'agit d'un fait reconnu par les deux écoles. L'authenticité de ces hadices a déjà été admise dans les ouvrages de Sahih. En conséquence, Allama Nuri dans Sharhe Sahih Muslim, Asqalani, Qastalani, Zakariyya-e-Razi, dans leur analyse de Sahih Bukhari, Zarqani dans son analyse de Mawatta de l'Imam Malik et d'autres ont rapporté ces hadices. Après avoir cité le hadice d'Ibn Abbas, ils ont reconnu leur authenticité ainsi que le fait que ces hadices prouvent qu'il est permis de combiner les prières.

Nawab : Comment est-ce possible que les érudits aient adopté une autre voie alors que ces hadices étaient déjà en pratique depuis l'époque du Prophète (SAW) ?

Shirazi : Le choix d'une voie différente ne se confine pas qu'à ce sujet. Vous verrez beaucoup plus d'exemples similaires plus tard. A ce sujet, les savants sunnites en jurisprudence, manquant apparement de sérieux ou pour d'autres raisons que je ne comprends pas, ont fourni des explications incompréhensibles contredisant ces hadices. Par exemple, ils disent que ces hadices se réfèrent peut-être à des situations impliquant la crainte, le danger, la pluie ou le vent. Certains de vos savants plus anciens, comme l'Imam Malik, l'Imam Shafi'i et d'autres juristes de Médine ont donné la même explication - ceci, malgré le fait que les hadices d'ibn Abbas indiquent clairement que le Prophète (SAW) réunissait les prières de Zuhr et d'Asr, et celles de Maghrib et d'Icha sans qu'il y ait de contrainte, ni par crainte, ni dans l'éventualité qu'il pleuve.

D'autres ont imaginé que le ciel était sans doute couvert, c'est pourquoi ils ne pouvaient pas évaluer le temps. Peut-être qu'en ayant fini leur prière de Zuhr , les nuages s'étaient dispersés et ils avaient réalisé alors que c'était le moment de faire la prière d'Asr. Ainsi ils ont dû enchaîner la prière de Zuhr avec celle d'Asr. Je ne peux pas m'imaginer une explication plus improbable. Ces interprètes ne se sont sans doute pas interrogés sur le fait que ces prières étaient accomplies par le Saint Prophète de l'Islam (SAW) . Les nuages n'ont pas la même signification pour lui que pour les autres. Il comprenait tous les causes et effets. Outre que cette explication n'est pas convaincante, elle est tout simplement irrecevable quant à la raison pour laquelle les prières du soir étaient reliées, elles, puisque la question des nuagesne se posent pas la nuit.

Comme nous l'avons dit : Le hadice d'Ibn Abbas raconte clairement que son discours dura si longtemps que son auditoire se mit à crier sans cesse : " prière, prière ! " Il lui rappela en fait qu'on apercevait les étoiles et qu'il était l'heure de prier. Mais il retarda délibérément la prière de Maghrib pour pouvoir l'accomplir avec celle d'Icha. Abu Huraira avait également certifié que le Prophète (SAW) faisait de même.De telles explications fallacieuses censées vous guider sont regrettables. Votre propres érudits les rejettent.

Sheikhu'l-Islam Ansari dans son Tuhfatu'l-Bari fiShahre Sahibul -Bukhari dans le chapitre " Salatu'z-zuhr ma'l-Asrwa'l-Maghrib ma'al Icha ", à la page 292, partie II et pareillement Allama Qastalani, à la page 293, partie II d'Irshadu's-Sari fi Sharhe Sahihu'l-Bukhari, ainsi que d'autres interprètes de Sahih Bukhari admettent que ce genre d'explications va à l'encontre du sens évident des hadices et qu'insister sur le fait que chaque prière doit être faite séparément est une exigence sans fondement.

Nawab : Comment cette controverse a t-il affecté les deux écoles (sunnite et chiite) au point de se condamner mutuellement en versant le sang des uns des autres ?

Shirazi : Vous dites qu'il existe une hostilité réciproque entre les deux écoles musulmanes, mais je ne suis pas d'accord. Nous, les chiites regardons avec respect nos frères sunnites. Nous regrettons la propagande des Kharidjites, des Nasibites et des Umayyades qui ont affecté la vie de certains. Malheureusement, certains Sunnites considèrent leurs les frères Chiites comme des Rafizis (dissidents), des idolêtres et des infidèles alors que tout comme eux, nous prions vers le même Qibla (Ka'ba), lisons le même livre, le Saint (Coran) et croyons au même Prophète (que la paix et les prières soient sur lui et sur sa famille). Quant à votre question concernant l'origine de cette différence, peut-être en discuterons-nous lors de futures réunions. En ce qui concerne les prières faites séparément ou combinées, des érudits sunnites ont retenu les hadices permettant de rassembler la prière de Zuhr avec celle d'Asr et celle de Maghrib avec celle d'Icha pour plus de facilité, de confort et de sécurité. Je ne sais pas pourquoi certains considèrent cela interdit en absence de contrainte. Certaines autorités comme l'Imam Abu Hanifa et ses adhérents l'interdisent en toutes circonstances, qu'il y ait une contrainte ou pas, que les prières soient accomplies en voyage ou chez soi.

Les Shafi'ites, les Malikites et les Hanbalites, avec toutes les différences de principe qui les séparent, autorisent la réunion de prières lors d'un voyage de nécessité.

Les ulémas chiites, conformément au Saint Imam et sa progéniture (SAW) ont permis de les accomplir ensemble sans aucune réserve.
Bien sûr, il est préférable d'accomplir chacune de ses prières séparément, ainsi qu'il est clairement précisé dans les ouvrages écrits par les ulémas chiites. Mais, puisque les gens sont souvent occupés à leurs propres affaires, qu'ils ont des problèmes de santé, ils craignent de manquer leurs prières. Par conséquent, pour leur propre confort et pour éviter toute difficulté et souffrance, les chiites réunissent les deux prières dans un intervalle de temps regroupant les horaires des deux prières. Maintenant je pense que ceci est suffisant pour éclairer nos frères sunnites qui nous regardent avec indignation.

Pouvons-nous retourner à nos discussions au sujet des principes fondamentaux, après quoi, les questions au sujet de la pratique seront résolues.

2ème PARTIE
COMMENT A-T-ON DECOUVERT LA TOMBE DU CHEF DES CROYANTS A IMAM ALI (AS) ?
Hafiz : Dans quel état était la tombe du " Commandant des Croyants ", Imam Ali (AS), découvert 150 ans après sa mort ?

Shirazi : L'oppression des Umayyades était si intense à l'époque d'Imam Ali (AS) que celui-ci indiqua, dans son testament, sa volonté d'être inhumé la nuit, à l'insu de tous et sans laisser aucune trace quant au lieu d'inhumation. Seuls quelques uns de ses compagnons les plus proches et ses fils assistèrent à l'enterrement. Le matin du 2l de Ramadan, lors de son enterrement, deux convois étaient préparés, un en direction de la Mecque et l'autre de Médine. C'est pourquoi l'emplacement de sa tombe demeura inconnue de tous pendant de longues années, à l'exception de ses quelques compagnons et de ses propres fils.

Hafiz : Pourquoi l'emplacement de sa tombe était-il gardé secret?

Shirazi : Probablement, par crainte des Umayyades sans foi. Ils étaient particulièrement hostiles aux membres de la progéniture du Prophète (SAW). Ils auraient put détruire la tombe.

Hafiz : Mais est-il possible qu'un Musulman, bien qu'ennemi, puisse profaner la tombe d'un frère musulman ?

Shirazi : Avez-vous étudié l'histoire des Umayyades ? Dès lors que cette misérable dynastie vint au pouvoir, la porte de l'oppression des Musulmans fut ouverte. Mon Dieu ! Quelles atrocités n'ont-ils pas commises !! Combien de sang n'ont-ils pas fait couler !! Combien d'honneurs arrâchées !! C'est avec une profonde honte que vos éminents savants ont rapporté leurs crimes. Allama Maqrizi Abu'l-Abbas Ahmad bin Ali Shafi'i a relaté ces atrocités écoeurantes dans son ouvrage intitulé Annaza' Wa't-takhasum fima baina Bani Hashim wa Bani Umayya.

LA PROFANATION DES TOMBES PAR LES BANI UMAYYADES
Pour illustrer ce dont ils étaient capables, je ne citerai que deux événements:


le martyr de Zaid ibn Ali ibn Husayn surnommé Zaid Shahid (le Martyr) et celui de son fils, Yahya ibn Zaid.


Les historiens chiites comme sunnites ont rapporté que lorsque Hisham ibn Abdu'l-Malik devint calife, il commit nombre d'atrocités. Il était particulièrement cruel à l'égard des Bani Hashim. Enfin, Ali ibn Zaid, le fils d''Imam Zainu'l-Abidin et connu comme étant un grand érudit et un théologien pieux, se rendit chez le calife pour demander réparation des dommages perpétrés à l'encontre des Bani Hashim. Mais à peine Zaid arrivé, le calife, au lieu de le saluer avec les honneurs dûes à un descendant direct du Saint Prophète (SAW), l'insulta en tenant des propos si abominables que je ne puis les répéter ici. Traité de manière si humiliante, Zaid décida de quitter la Syrie pour Kufa où il leva une armée contre les bani Umayyade. Le gouverneur de Kufa, Yusuf ibn Umar Thaqafi vint à son encontre accompagné d'une immense armée. Zaid récita les vers suivants : " une vie humiliante et une mort honorable sont toutes deux âcres morsures ; mais si l'une d'elle devait être choisie, j'opterais pour la une la mort honorable. "


Bien qu'il ait combattu avec bravoure, Zaid fut tué dans la bataille. Son fils, Yahya porta sa dépouille hors de la ville pour l'enterrer au bord d'une rivière, permettant à l'eau de couler sur elle. Cependant, on retrouva la tombe et, sous les ordres de Yusuf, son corps fut exhumé, sa tête tranchée et expédiée à Hisham en Syrie.


Au mois de Safar, 121 A.h., Hisham exhiba le corps sacré de ce descendant du Prophète (SAW) sur une potence, entièrement nu. Pendant quatre années, le corps sacré y demeura. Ensuite, quand Walid ibn Yazid ibn Abdul'Malik ibn Marwan devint calife en 126 A.H., il ordonna que le squelette soit enlevé puis brûlé et que ses cendres soient dispersées au vent.


Ce maudit homme fit subir mêmes atrocités au corps de Yahya ibn Zaid de Gurgan. Cet homme noble s'opposa également aux bani Umayya. Il fut martyrisé aussi sur un champ de bataille, sa tête tranchée fut envoyée en Syrie et, comme son vénérable père, son corps fut suspendu à une potence pendant six années. Ses amis comme ses ennemis pleurèrent à la vue de son corps. Waliud-din Abu Muslim Khorasani qui s'était soulevé contre les Bani Ummayades au nom des Bani Abbas décrocha le corps qu'il enterra à Gurgan qui est à présent un lieu de pèlerinage.

En raison des méfaits de cette maudite dynastie, le corps du " Commandant des Croyants " fut enterré la nuit et aucune trace de sa tombe ne fut laissée. La tombe demeura invisible jusqu'à l'époque du calife Haroun ar-Rashid.

Un jour, Harun chassait dans la localité de Nadjaf, où les cerfs vivaient en grand nombre. Quand la meute de chiens se mirent à la traquer les cerfs, ceux-ci se réfugièrent sur le monticule de Nadjaf, une petite colline que les chiens ne pouvaient grimper. A plusieurs reprises, lorsque les chiens battaient en retraite, les cerfs descendaient. Dès que la traque recommençait, les cerfs se réfugiaient sur le monticule. Harun, ayant compris qu'il devait y avoir une raison pour laquelle les chiens ne montaient pas le monticule, demanda à ses hommes de s'informer auprès des habitants de Najaf. Ils ramenèrent un vieil homme et le calife l'interrogea sur le secret que recelait le monticule.

Le vieil homme admit qu'il connaissait le secret mais craignait de le divulguer. Le calife lui garantit la sûreté et le vieil homme dit alors: " Un jour, je suis venu ici avec mon père qui est sur le monticule pour y prier. Lorsque je lui ai demandé ce qui il y avait là haut, il m'a répondu qu'ils étaient venus ici avec Imam Ja'far Sadiq (AS) pour une visite (Ziarat). L'Imam avait déclaré que c'était la tombe sacrée de son vénérable grand-père, l'Imam Ali (AS), le " Commandant des Croyants " et que les gens le sauront bientôt. Sous l'ordre du calife, on creusa le monticule, et les traces de la tombe apparurent, accompagnées d'une tablette portant l'inscription suivante en syriaque : " Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux. Cette tombe a été creusée par le Prophète Nouh pour Imam Ali (AS), le succcesseurde Muhammad (SAW), 700 ans avant le Déluge. "

Le calife Harun respecta le lieu et ordonne qu'on le restaure. Il accomplit ensuite une prière de deux rakaats. Il pleura beaucoup avant de s'allonger sur la tombe. Ensuite, sous ses ordres, toute l'affaire fut révélée à Imam Musa Kazim (AS), à Médine qui confirma l'emplacement de la tombe du " Commandant des Croyants ". Harun décréta alors qu'un bâtiment en pierre soit érigé au-dessus de la tombe sacrée appelé depuis Hajar Haruni, " la structure en pierre établie par Harun " En temps voulu, la nouvelle se propagea et les Musulmans se mirent à visiter le lieu sacré.

DIFFERENDS A PROPOS DU LIEU DE L'INHUMATION DU CHEF DES CROYANTS
Hafiz : En dépit de ces remarques concluantes, je pense que la tombe d'Imam Ali (AS) n'est pas située à Nadjaf. Les savants diffèrent sur ce point. Certains disent qu'elle se trouve dans la chambre d'état de Kufa, d'autres pensent qu'elle est dans la Qibla de la Mosquée centrale de Kufa, d'autres encore prétendent qu'elle est située dans le portail connu sous le nom de Bab-e-Kinda à la Mosquée de Kufa ; certains soutiennent qu'elle est dans Rahba à Kufa, puis d'autres disent qu'elle est près de la tombe de Fatima (AS) dans Baqi. En Afghanistan, aussi, il y a un endroit près de Kaboul connu sous le nom de mausolée de l'Imam Ali. Selon un récit, le corps sacré d'Ali a été placé dans un caisson et envoyé à Médine à dos de chameau. Des brigands se saisirent de ce caisson, croyant qu'il contenait des objets de valeur. En l'ouvrant, ils virent le corps sacré, l'emmenèrent à Kaboul où ils l'enterrèrent. C'est pourquoi, des personnes vénèrent ce lieu.

Shirazi : Ces différences ont surgi en raison de sa volonté d'être enterré de manière à brouiller les pistes. On rapporte de l'Imam Ja'far Sadiq (AS), qu'au moment de trépasser, Imam Ali (AS) dit à son fils, Imam Hussein (AS), de préparer quatre tombes pour lui en quatre lieux différents, après l'avoir enterré à Nadjaf. Ces quatre lieux sont : la Mosquée de Kufa, à Rahba, dans la maison de Ju'da Hira et à Ghira. Les chiites s'accordent à dire que sa tombe sacrée est à Nadjaf. Les récits des Ahl Bait sont plus authentiques. Les gens de la maison du Prophète (SAW) savent mieux où est située sa tombe.

Je me demande vraiment pourquoi vos savants ont négligé les dires de la progéniture du Saint Prophète (SAW). Ils ne se sont pas enquis de l'emplacement de la tombe d'Imam Ali (SAW) par le biais de ses propres fils afin d'apprendre la vérité. Il est certain que les enfants savent mieux que quiconque au sujet de la tombe de leur père. Si l'une de vos théories était vrai, les Saint Imams en auraient informé à leurs adeptes. Or, ils ont confirmé la présence de la tombe à Nadjaf en la visitant eux-mêmes et ont recommandé instamment leurs partisans de s'y receuillir.

Sibt Ibn Jauzi, dans son Tadhkira a mentionné ces différences : " Le sixième point de vue est qu'elle se trouve à Nadjaf , lieu grandement visité. Apparemment, ce point de vue est correct. "

De même, vos autres savants comme Khatib-e Khawarizmi dans Manaqib, Muhammad Shafi'i dans Matalibu's-Su'ul, Ibn Abi'l-Hadid dans Sharhe Nahju'l-Balagha, Firuzabadi dans son glossaire, Qamus, sous le mot Nadjaf, et d'autres, ont soutenu que la tombe du " Commandant des Fidèles " est située à Nadjaf.

DEUXIEME SESSION (la nuit du vendredi 20 Rajab 1345 A.H.)
Hafiz : J'étais très impressionné par votre explication instructive au sujet de votre lignée héréditaire. J'admets que vous êtes un descendant du Saint Prophète (SAW). Mais je me demande comment un homme de votre rang peut être sous l'influence dégradante des ennemis. Après avoir renoncé aux exemples que furent vos illustres ancêtres, vous avez adopté les manières des mécréants d'Iran. Ce que je veux dire par les manières idiotes des ennemis sont ces innovations qui se sont immiscées dans l'Islam par le biais des Israélites.

Shirazi : Pourriez-vous expliquer ce que vous voulez dire.