comment se définit l’art dans la perspective coranique ?
Question
comment se définit l’art dans la perspective coranique ? Selon le coran qu’est ce qu’on désigne par l’art ? Quels ont les versets relatifs au développement de ce sujet ?
Résumé de la réponse
L’art est une notion qui a une définition très étendue, bien qu’il confère à l’art un certain mérite dans sa signification, on a pas encore apporté une définition complète et précise pour ce terme. Mais partant du fait que l’art est l’un des aspects de la vie matérielle de l’homme ici bas, on peut s’appuyer sur les versets coraniques qui exposent la vision de ce livre sacré ^par rapport au monde d’ici bas pour présenter la position du coran sur l’art. à partir de là, on conclue que le coran approuve le côté de l’art ayant un lien avec les actes et les comportements des hommes qui en plus du prestige et des mérites dont l’art ne peut naître sans, il existe deux autres particularités qui le caractérisent : l’art doit contribuer à la promotion des enseignements religieux et à l’éveil des consciences par rapport au jour du jugement et à la résurrection. En plus, l’artiste doit respecter les principes et les règles de la religion dans l’exercice de son talent.
Réponse détaillée
Il incombe d’évoquer 2 points avant de répondre à cette question :
- Le coran n’est pas un dictionnaire pour donner la définition de chaque mot ou apporter des explications sur chaque thème. Le coran met à la disposition des hommes les critères et les principes généraux qui gouvernent la vie. Si nous ne cernons pas le sens d’une notion à partir du coran, nous pouvons nous servir des principes généraux évoqués dans ce livre sacré pour recueillir son avis sur une question.
- Le mot art est un mot dérivé du latin et pour avoir sa définition, il faut consulter les dictionnaires qui retracent l’étymologie du mot.
Nous savons bien que l’art est une notion très large qui n’offre pas une définition moins précise. Les définitions qu’on trouve dans les dictionnaires n’évoquent que la signification générale de l’art. Ce qui fit qu’on ne peut pas se fonder dessus pour désigner les cas qui s’appliquent sur l’art.
Dans le dictionnaire Deh Khoda, l’art est ainsi définit : « ce mot en réalité fait allusion au niveau de perfection de l’homme qui traduit son intelligence, son génie et sa culture. C’est ce qui distingue l’artiste des autres personnes ».
Nous passons maintenant au développement du sujet en présentant l’art dans la perspective coranique. L’art est une notion polysémique qui peut s’appliquer même à celui qui a le plus de capacité et de compétence à accomplir un travail par rapport aux autres personnes. Peu importe si ce talent est utilisé dans un but positif, négatif ou impartial.
Nous voyons donc que si nous voulons donner des faire des définitions apportées le centre de notre sujet, on dira que beaucoup des hommes sont des artistes dans un domaine déterminé. Malgré cela, o, constate toujours que les mots « artiste » et « artisan » s’appliquent dans la société à une catégorie de personnes qui se sont impliqués dans des activités comme le cinéma, le théâtre, la sculpture, la peinture… Bien que certains individus présentent des talents dans d’autres domaines d’activité, ils ne sont pas désigner comme artistes. En guise d’exemple, un agriculteur compétent dans son secteur d’activité est rarement reconnu comme « un artiste » ! Cette remarque nous permet de comprendre qu’on peut apprécier l’art au sens général ou particulier du terme ; et chaque domaine nécessite une réponse convenable. Si vous abordez l’art au sens particulier du terme, il faut préciser chaque forme d’art avec tous ses détails avant de chercher le point de vue de l’islam sur cette forme d’expression artistique. Cette question est similaire à la question 3338 qui veut savoir la position de l’islam sur la sculpture de la peinture.
Quand à chercher à connaitre la position de l’islam sur l’art pris au sens général du terme, il faut d’abord exposer les principes généraux de l’islam sur la chose afin d’apprécier si chaque domaine de l’art en fonction de ces principes et voir si il cadre avec ou non.
Quand à la position générale du coran vis-à-vis de l’art, il faut dire ceci : bien qu’aucun verset ou sourate n’expose explicitement le terme »art » et les cas sur lesquels il s’applique, on peut partir de la réalité que l’art fait partie de la vie de l’homme ici-bas et en épluchant les versets relatifs aux choses du bas monde on peut déduire la vision que ce livre sacré a sur la question de l’art. Comme vous le savez, on peut décrire les actes de l’homme ici bas à partir des valeurs, des contre-valeurs et des futilités. Naturellement le coran approuve les actes pleins de valeurs qui peuvent apporter quelque chose à l’homme le jour du jugement ou dans ce monde, pourvu qu’ils ne soient contraires aux principes de l’islam. On peut aussi chercher dans les actes, les comportements orientés vers les contre-valeurs c contraires aux enseignements religieux. Se comporter ainsi est un signe de désobéissance à dieu et son prophète (ç). Par ailleurs, il existe aussi d’autres comportements sans objectifs ni motivation personnelle, ou en rapport quelconque avec la religion pour qu’on l’analyse dans ce sens.
On désigne cela par comportements futile et sans valeur qui à la fin prend inutilement du temps à l’homme. Et cela peut se transformer en contre-valeur si on ne fait pas attention. Les différentes formes d’art ne font pas exception et se retrouvent forcement dans l’une des trois catégories. Avant qu’une forme d’art paraisse utile, les motivations du recours à cette expression artistique sont déterminantes pour la présentation de la position du coran sur elle.
De la même manière que Dieu blâme certains artistes experts en contes à cause de leur mauvaise intention,[1] il présente la sourate Youssouf come un chef d’œuvre artistique dans le domaine de la narration.[2] Et comme le monde est décrit comme une marchandise éphémère sans valeur,[3] Dieu exhorte les hommes à plus de vigilance et de précision dans leur création artistique.[4] L’art positif aux sévices de l’homme est très apprécié par Dieu comme dans le domaine de la construction navale ;[5] L’agriculture…[6]
Il décrit cela comme l’expression de sa puissance, car l’auteur de ces œuvres d’art est une création de Dieu. L’art et la technique qui éloigne de Dieu conduisent à la perdition et en enfer.[7]
Comme vous pouvez le constater on ne peut apprécier ou réfuter ainsi l’art avec autant de subdivisions. Les motivations de l’artiste sont les seuls critères coraniques d’acceptation ou de rejet d’une forme d’art. nous allons confronter un art selon le coran.
Le saint coran n’approuve et ne rejette non plus l’architecture en soi. L’architecture est appréciée par le coran si elle cherche à faire connaitre Dieu, comme sur les mosquées[8] construites pour servir de lieu de culte, la maison comme lieu de repos et de tranquillité[9] et même un palais tapi de verre on dirait des piscines bleues.[10] Cette expression de l’art n’a rien à voir avec l’attrait au matérialisme, mais elle montre plutôt que la civilisation humaine peut aller ensemble avec la religiosité.
Si par contre les motivations de l’architecture sont anti déistes, l’architecture s’érigera en contre-valeurs. Comme le palais construit par Haman sous l’ordre du pharaon dans le but de rivaliser de puissance avec Dieu.[11] Même cela n’a rien d’anti religieux, le corn condamne toujours cette motivation architecturale caractérisée par l’inutile, le loisir ou le prestige.[12] Plus étonnant encore, le coran condamne et remet même en question une mosquée bâtie avec des motivations non religieuses.[13] Par ailleurs, Dieu a puni et anéanti les individus peu reconnaissants qui pensent que ce qu’ils construisent tiennent débout grâce à leur pouvoir.[14] Ce châtiment de Dieu vise à enlever de la tête des autres constructeurs qu’ils peuvent renforcer leurs édifices contre son pouvoir.[15]
Que peut-on retenir de tous ces versets ? L’islam est-il contre l’architecture ou non ? On répondra à ceci en disant qu’il ne faut pas s’attendre que l’islam donne un avis positif ou négatif vis-à-vis de chaque œuvres ou forme d’art. L’islam se contente de présenter un critère général d’appréciation sur lequel tout artiste doit partir pour réaliser son œuvre d’art. Une fois parvenu à cette conclusion nous évoquerons certains sujets qui peuvent intéresser les passionnés d’art :
1- les prophètes présentaient à chaque époque de miracles cadrant avec l’art en vogue à cette époque, mais sous une forme plus excellente encore. Moise avait un bâton qui se transformait en dragon, Jésus ressuscitait les morts ou concevait des oiseaux à partir de la terre puis les transformait en vrais oiseaux avec la volonté de Dieu. Le prophète (ç) de l’islam a proposé le coran à une époque de l’art de la poésie et de la littérature. Mais personne n’a réussit à produire une œuvre semblable. Tout ceci pour permettre aux prophètes de prouver qu’ils sont vraiment investis d’une mission divine. Avec ces miracles, les prophètes démontraient publiquement et techniquement que ceux qui utilisent leu art pour déformer la vérité ont tous inférieurs et ne représentent absolument rien par rapport au pouvoir de Dieu.
Ibn Sokeit demande à l’imam Reza (as) la raison pour laquelle les miracles des prophètes sont différents ? L’imam Reza (as) répond avec le raisonnement qui vient de suivre.[16]
2- dans plusieurs hadiths, le fait que le coran demeure toujours d’actualité après des siècles et que les gens s’intéressent davantage à a lecture est une preuve de la diversité de l’art humain et du miracle céleste de ce livre.[17] Le coran déclare d’ailleurs qu’aucun livre semblable ne sera produit jusqu’au jour du jugement.[18] Peut-on dire qu’un livre qui est en soi l’expression vivant de l’art et contre l’art, Bien évidemment l’art qui ne cherche pas défier Dieu et le enseignement des messagers.
3- Le coran n’interdit pas l’usage de l’esthétique et de conceptions artistiques, [19] il le recommande même parfois.[20] Le coran blâme ceux qui exagèrent dans leur œuvre d’art et bien d’autres merveilles qui les poussent à oublier Dieu.[21]D’autres comme Creus ont fini dans la tourmente et la spirale infernale.[22]
4- L’islam et le coran considèrent beaucoup plus le croyants et ne le voient pas digne de ce livrer à des loisirs sans but précis. Dieu présente le désintéressement face aux œuvres inutiles comme l’une des qualités des croyants.[23]
Ainsi, l’islam peut approuver l’art positif et non l’art destiné au divertissement, au loisir ou même « l’art pour l’art ».
5- Il ne faut pas considérer ou se lancer dans l’apprentissage de quelque chose juste parce qu’on dit que c’est une œuvre d’art. Très souvent on donne le nom de l’art à certaines œuvres indélicates contraires aux enseignements de la religion. L’une des choses que l’imam Khomeiny reprochait au Shah est la fameuse « fête de l’art » de Shiraz sur laquelle le régime Pahlavide s’appuyait pour combattre les valeurs religieuses sous couvert de l’art.[24] Il s’exprimait ainsi sur la question à travers les déclarations : « le contenu de tout avait changé dans le régime d’avant, plus particulièrement l’art et la culture »[25] Il faut donc retenir qu’il est nécessaire d’observer les normes religieuses dans l’expression artistique ; l’art qui cherche à promouvoir la religion.
Mais qui ne respecte pas les normes islamiques n’est pas reconnu, combien de fois l’art qui cherche à anéantir les fondements de la religion.
On peut dire pour conclure que le coran a une vision générale sur l’art et n’approuve que les œuvres d’art conçues dans les normes islamiques, réalisées pour promouvoir les valeurs et les idéaux divins concordants avec la nature humaine pure. Tout œuvre d’art qui n’est pas directement contre la religion n’est pas reconnu par l’islam et le coran.[26]
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[1]- Sourate loqman; “31: 6”
[2]- Sourate Youssouf “12:3”
[3]- Sourate Aali Imran: “3: 185”, Sourate Hadid: 20 Sourate Ghafir: 39…
[4]- Sourate Loqman: 20, Sourate Shou’arâ: 7, Sourate Sadjda: 27, Sourate Ghashiya: 17-20…
[5]- Sourate Loqman: 31
[6]- Sourate An’am: 141; Sourate Nahl: 11…
[7]- Sourate Taha: 69; Sourate Anbiya: 98
[8]- Sourate Baqarah; 127, Sourate Aali Imran: 96, Sourate Tawbah: 18, Sourate Kahf: 21
[9]- Sourate Nahl: 80 «16: 80 »
[10]- Sourate Naml: 44 « 27: 44 »
[11]- Sourate Qasas: 38; Sourate Ghafir: 36 « 40: 36 »
[12]- Sourate Shou’arâ: 128-130 « 26: 128-130 »
[13]- Sourate Tawba: 107 « 9: 107 »
[14]- Sourate Fajr: 5-9, Sourate A’râf: 74
[15]- Sourate Foussilat: 15
[16]- Kafi, Koleiny, vol 1, page 24, Daroul Koutoub islamiya, Teheran 1365
[17]- Behar ul anour, Allamah Majelisi, vol 89, page 14, hadith 6 et page 15, hadith 8, Mo’assassa al wafâ Beyrouth, 1404 hégire lunaire
[18]- Id, page 16, hadith 15, se référant à la Sourate Israa: 88
[19]- Sourate A’râf : 32, « 7 : 32 »
[20] - Sourate A’râf: 31 « 7 : 31 »
[21]- sourate Roum : «30 : 7 »
[22]- Sourate Qasas : «76-83 »
[23]- sourate Mouminoun : 3 « 23 :3 »
[24]- Sahifa imam, vol 3, page 229
[25]- id, vol 18, page 215
[26]- i, vol 21, page 145