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Les maladies communes aux pouvoirs de l'intellect, de colère et de passion et leur traitement

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La quatrième section de ce livre traite des vices combinés de n'importe lesquels de deux des trois pouvoirs de l'intellect, de colère et de passion, ou de tous les trois pouvoirs, et des méthodes de leur traitement. Il y a trente et un vices dans cette catégorie. La partie qui traite d'un grand nombre de vices et vertus, et qui contribue au contenu de la plupart des livres de l'Ethique, couvre la moitié de notre ouvrage de référence : "Jâmic al-Sacâdât". Mais pour rester dans les limites appropriées de cet abrégé, nous allons nous contenter d'une brève discussion des points soulevés dans cette section du livre.

 

1- La jalousie (hasad)

 

Le hasad consiste en un désir de voir quelqu'un qui possède un avantage ou un bienfait en être séparé. Si quelqu'un aspire seulement à avoir le même avantage dont jouit quelqu'un d'autre, cela s'appelle "ghibtah" (envie), et si quelqu'un désire voir quelqu'un d'autre continuer à jouir d'un avantage ou d'un bienfait qu'il mérite, cela s'appelle "naçîhah". Parmi tous ces états, seul le hasad constitue un vice qui mérite un châtiment aussi bien dans ce monde que dans l'Autre. La personne jalouse ne connaît pas la paix, et elle brûle toujours dans le feu de la jalousie. De plus, sa jalousie efface le mérite de toutes ses bonnes actions, comme en témoigne ce hadith du Prophète (S) :

 

- "La jalousie consume les vertus tout comme le feu consume le bois."

 

Toutefois, aussi bien la ghibtah que la naçîhah sont des vertus qui doivent être nourries par le nettoyage de l'âme du vice de hasad. La maladie fatale de hasad peut émaner soit du pouvoir de passion, soit du pouvoir de colère, soit des deux à la fois, selon ce qui la motive. Donc, pour en guérir, nous devons concentrer notre attention sur ces deux pouvoirs, et ce que nous avons déjà dit à propos de ces deux pouvoirs s'applique également à la maladie de jalousie.

 

Ce qui peut le mieux aider l'individu à se guérir de cette maladie est de méditer sur les effets négatifs, psychologiques et spirituels, de la jalousie, qui nuisent au jaloux lui-même seulement. En outre, le jaloux doit essayer de créer en lui-même la vertu de la naçîhah (en souhaitant le bien-être des autres), qui est à l'opposé de la jalousie. Au début, il se peut qu'il soit nécessaire pour lui de s'imposer l'attitude nécessitée par cette vertu -malgré son inclination innée à éprouver le contraire- jusqu'à ce que la jalousie soit vaincue et que la naçîhah devienne un trait établi de son caractère.

 

2- Agresser et insulter autrui

 

Cette sorte de conduite est habituellement suscitée par la jalousie et l'inimitié, bien qu'elle puisse avoir aussi pour racine l'avidité (hirç), la convoitise (tamac), l'orgueil (takabbur), etc. Donc, elle a pour source soit le pouvoir de colère, soit le pouvoir de passion, soit les deux à la fois. En tout état de cause, agresser et insulter d'autres Musulmans est un péché majeur que le Coran et le Hadith ont condamné à diverses reprises :

 

- "Et ceux qui offensent injustement les Croyants et les Croyantes se chargent d'une infamie et d'un péché notoire." (33 : 58)

 

Et le Prophète (S) a dit :

 

- "Quiconque fait du mal à un Croyant me fait du mal aussi, et quiconque me fait du mal fait du mal à Allah aussi, et quiconque fait du mal à Allah est maudit dans la Torah, dans l'Evangile, et dans le Coran." (voir Jamic al-akhbar)

 

D'autre part, empêcher quelqu'un d'agresser et d'insulter autrui est un acte loué dans de nombreux hadiths, dont celui-ci :

 

- "Quiconque enlève un obstacle nuisible du chemin des Musulmans, Allah lui enregistre une vertu dont la récompense est le Paradis." (Ihyâc culûm al-dîn, vol. II, p. 172)

 

3- Effrayer et tourmenter les Musulmans

 

Cette sorte de conduite est une branche du vice mentionné ci-dessus, et elle est due soit à la colère, soit au mauvais caractère, soit à la convoitise. Son opposé, c'est le fait de rendre les autres heureux et d'effacer la cause de leur tristesse ou de leur angoisse. Il y a de nombreux hadiths qui font l'éloge de cette vertu, dont cette parole du Prophète :

 

- "La plus aimée des actions chez Allah Le Très Haut, c'est de rendre les Croyants heureux."

 

4- L'indifférence aux affaires des Musulmans

 

Etre indifférent aux affaires des Musulmans est un vice moral suscité soit par la léthargie, soit par la faiblesse spirituelle, soit par l'avarice. Ce vice est fustigé dans de nombreux hadiths, dont voici un dans lequel le Saint Prophète (S) dit :

 

- "Celui qui se réveille sans se soucier des affaires des Musulmans n'est pas Musulman ; et celui qui entend crier : "O Musulmans !" sans répondre à cet appel n'est pas Musulman."

 

Dans le cas contraire, le fait de faire face aux besoins des Musulmans et de résoudre leurs problèmes, est considéré comme l'une des formes les plus nobles de l'adoration. Le Prophète (S) a dit :

 

- "Si on marche une heure, la nuit ou le jour, pour tenter de satisfaire le besoin d'un Frère Musulman, c'est plus méritoire aux Yeux d'Allah que deux mois d'ictikâf (retraite spirituelle), peu importe qu'on réussisse ou non dans sa tentative."


 
5- Négliger d'accomplir le devoir d'al-camr bil-macrûf wal-nahy canil-monkar

 

Manquer de s'acquitter du devoir d'al-camr bil-macrûf wal-nahy canil-monkar est un péché impardonnable dû soit à la faiblesse spirituelle, soit au manque d'attention aux devoirs religieux, et conduit à la propagation de l'immoralité, de la corruption, de l'injustice, et à d'autres formes d'indécence dans la société.

 

"Ordonner aux autres de s'acquitter de leurs devoirs Divins, et les empêcher de commettre des actes illicites" est un devoir obligatoire pour tout Musulman, devoir dont les étapes et conditions sont expliquées en détail dans les livres de fiqh.

 

Et puisque ce qui nous intéresse ici, ce sont les devoirs de l'individu vis-à-vis des autres, cette brève mention de ce devoir est suffisante.

 

6- L'asociabilité

 

Ce vice est causé soit par l'hostilité, soit par la vengeance, soit par la jalousie, soit par l'avarice, et il appartient soit au pouvoir de passion, soit au pouvoir de colère. Il a été condamné dans de nombreux hadiths.

 

L'opposé de ce vice est la vertu de la sociabilité, de l'hospitalité et de l'amitié, laquelle vertu conduit à l'expansion des relations chaleureuses et fraternelles entre les membres de la Communauté. Cette vertu est hautement recommandée en Islam.

 

7- Rompre les liens avec la famille et les proches

 

Ce vice est une branche de l'asociabilité, mais il est plus détestable et plus nuisible. L'opposé de ce vice est la vertu du maintien des liens familiaux cordiaux. Un grand nombre de hadiths, qu'on peut trouver dans les livres de Traditions, traitent de ce sujet.

 

8- Etre irrespectueux envers les parents

 

C'est la pire forme du vice de rupture des liens familiaux, et selon de nombreux hadiths, elle appelle une punition sévère aussi bien dans ce monde que dans l'Autre. A l'opposé de ce vice, une conduite gentille et aimable envers la famille est considérée comme l'une des vertus les plus louables. On avait demandé à l'Imam al-Câdiq (P) :

 

- "Quelle action a le plus de mérite aux Yeux d'Allah ?"

 

Et il a répondu :

 

- "La Prière accomplie dès le début de son horaire prescrit, la bonté envers les parents, et le Jihâd dans le Chemin d'Allah."

 

La mention de "la bonté envers les parents" à côté de la Prière et du Jihâd, qui sont deux des plus importants piliers de l'Islam, est révélatrice de sa haute importance.

 

Il est nécessaire de souligner ici les devoirs envers les voisins et les droits des voisins aussi, puisque ces devoirs et droits des voisins font également partie de la catégorie des relations interpersonnelles brièvement discutées ci-dessus, et il y a de nombreux hadiths qui condamnent le fait d'agresser les voisins et de se conduire de manière incorrecte envers eux.

 

9- Chercher les fautes des autres et divulguer leurs défauts et leurs péchés

 

Ce vice est suscité par la jalousie ou l'hostilité, et il conduit à la propagation de la corruption, de l'animosité et de la destruction des bonnes relations entre les gens. L'opposé de ce vice est la vertu consistant à couvrir les défauts et les péchés des autres. Cette vertu a un immense mérite, et nous nous contenterons de citer ci-après un Verset coranique et un hadith à l'appui de notre affirmation, bien qu'il y ait un grand nombre de hadiths qui soulignent les mérites de cette vertu :

 

- "Ceux qui aiment que la turpitude se répande parmi les Croyants subiront un châtiment douloureux en ce monde et dans la Vie Future." (24 : 19)

 

Et le Prophète (S) a dit :

 

- "Quiconque couvre (les défauts d') un Musulman, Allah couvrira ses défauts dans ce monde et dans l'Autre Monde."

 

10- Divulguer le secret des gens

 

Divulguer les secrets des gens conduit à la discorde et parfois à l'animosité. C'est pourquoi cette conduite est considérée comme un vice qui a été condamné dans un grand nombre de hadiths. Ce vice peut prendre des formes diverses, dont l'une consiste à raconter à quelqu'un des remarques qu'une autre personne a faites à son sujet, provoquant ainsi une discorde et une hostilité entre les deux personnes concernées. Une autre forme de ce vice consiste à rapporter à quelqu'un qui détient un pouvoir des propos que quelqu'un d'autre aurait tenus à son égard, l'incitant ainsi à se venger de lui.

 

En général, le vice consistant à susciter des conflits et des discordes entre les gens et à provoquer l'hostilité entre eux peut revêtir des formes diverses, et divulguer les secrets d'autrui est l'une de ces formes. L'opposé de ce vice est la vertu consistant à susciter une ambiance d'entente, d'amour et d'harmonie entre les gens, vertu qui constitue une grande qualité pour l'homme. L'opposé du vice consistant à divulguer les secrets des autres est la vertu de garder leurs secrets et de les réconcilier.

 

En tout état de cause, toutes les diverses formes de l'"ifssâd bayn al-nâs" (corruption des relations entre les gens) sont considérées comme des vices et condamnées dans plusieurs Versets coraniques et hadiths.

 

11- La chamâtah

 

Ce vice consiste à attribuer les malheurs frappant quelqu'un à ses actes équivoques, se délectant de ses malheurs et le blâmant pour son infortune. Il est habituellement suscité par la jalousie ou par le pouvoir de passion.

 

La chamâtah a été sévèrement condamnée dans un grand nombre de hadiths, et il est dit que la chamâtah conduit tout d'abord celui qui la pratique à être lui-même victime des mêmes malheurs dont il se délecte lorsqu'ils frappent les autres, et qu'ensuite sa chamâtah blesse son Frère dans la Foi et appelle par conséquent la Punition d'Allah, et qu'enfin le fait qu'un malheur frappe quelqu'un ne signifie pas que celui-ci a commis forcément un acte mauvais, puisque son malheur pourrait être une épreuve Divine que subissent même ceux qui sont les plus proches d'Allah.

 

12- Les insultes et la dispute (tacn wa-mujâdalah)

 

L'insulte (tacn) signifie dire quelque chose de sarcastique à quelqu'un dans un but attentatoire, et la dispute (mujâdalah) est le fait de s'engager dans une discussion futile sans chercher vraiment à connaître la vérité. Ces deux traits sont considérés comme des vices moraux et conduisent à des malentendus et à la mésentente entre les amis. Il y a, à l'opposé de ces vices, la vertu de la parole droite, c'est-à-dire celle qui vise à découvrir la vérité à travers une discussion polie, sincère et amicale.

 

13- Se moquer des autres et les ridiculiser

 

Ce vice a les mêmes effets nuisibles que la conduite insultante et l'attitude de dispute.

 

14- La plaisanterie

 

La plaisanterie aussi doit être évitée en règle générale, car elle peut susciter mésentente et hostilité entre certaines gens. Toutefois, on doit garder présent à l'esprit que ce qui est mauvais, c'est surtout lorsqu'on pousse la plaisanterie jusqu'à l'extrême ; autrement, le type d'humour qui réjouit l'âme et éclaire l'esprit sans recourir au mensonge ni à la calomnie, et sans indisposer les autres, est permis.

 

15- La médisance (ghibah)

 

La médisance consiste à dire à propos de quelqu'un et en son absence, quelque chose qu'il n'aimerait pas. Elle est l'un des péchés majeurs, à propos duquel beaucoup de choses ont été écrites et qui a été condamné dans un grand nombre de hadiths et de Versets coraniques. Une discussion détaillée de ses limites, ses caractéristiques et ses exceptions est entreprise dans la version originelle de ce livre, mais vu la nature restreinte de notre abrégé, nous nous abstenons de reproduire cette discussion élaborée.

 

Ce qui est pire que la médisance (ghibah), c'est la calomnie (buhtân), c'est-à-dire la fausse accusation. L'opposé de la médisance est le fait de faire l'éloge des autres, et l'opposé de la calomnie -qui est la fausseté- est l'évocation honnête des vraies bonnes qualités de l'individu.

 

16- Le mensonge

 

Mentir est un vice honteux et un grand péché qui conduit à la corruption individuelle et sociale. Il y a un grand nombre de hadiths et de Versets coraniques qui traitent du mal du mensonge et qui le condamnent. L'opposé de ce vice est la vertu de la véracité (çidq). La véracité est l'une des plus méritoires des vertus de l'être humain, et le mot "çidq" revient dans un grand nombre de Versets coraniques.

 

17- La simulation (riyâ')

 

La simulation signifie ici faire une bonne action beaucoup plus dans un but ostentatoire que pour l'amour d'Allah. Elle constitue un grand péché et peut conduire à la dégradation spirituelle et à la mort. Le Coran dit à ce propos :

 

- "Malheur à ceux qui prient tout en étant négligents dans leurs Prières, et ceux qui voudraient être vus (en acte de Piété) tout en refusant de faire la Charité." (107 : 4-7)

 

Dans un autre Verset, nous lisons ceci :

 

- "Lorsqu'ils se lèvent pour la Prière, ils se lèvent insouciants, pour être vus des hommes, et ils ne pensent guère à Allah." (4 : 142)

 

Voici maintenant un hadith du Prophète (S) sur le vice de riyâ' :

- "Le Prophète ayant dit un jour à ses adeptes :

- "La chose que je crains le plus pour vous, c'est l'idolâtrie mineure (al-chirk al-açghar)"

- "Qu'est-ce que "l'idolâtrie mineure" ?" lui demandèrent les adeptes.

 

- "La simulation ! Le Jour du Jugement, lorsqu'Allah, Le Très Haut, examinera les actes passés de Ses créatures, IL dira aux simulateurs : "Allez demander votre récompense à ceux devant lesquels vous faisiez vos simulations, et vous verrez s'ils ont une récompense à vous attribuer !"

 

Il y a différentes sortes de riyâ' : riyâ' dans l'adoration, sous quelque forme que ce soit ; riyâ' dans d'autres domaines, lesquels sont parfois répréhensibles, et parfois permis (mubâh) ou même désirables. Par exemple, si quelqu'un se montre ouvertement très généreux dans l'intention d'inciter les autres à le devenir eux aussi, son action n'est pas seulement dénuée de reproches, mais même plutôt vivement recommandée. La signification de la simulation, dans chaque cas, dépend de l'intention de son auteur.

 

L'opposé du riyâ' est l'ikhlâç (la sincérité), qui consiste à faire tout uniquement par amour pour Allah, et sans attendre aucune récompense de personne pour la bonne action accomplie. La position de l'ikhlâç est l'une des plus hautes positions auxquelles un Croyant puisse atteindre, et elle peut être atteinte grâce à la persévérance et à l'exercice.

 

18- L'hypocrisie (nifâq)

 

L'hypocrisie, c'est-à-dire le fait de feindre d'être ce qu'on n'est pas, ou de croire à ce qu'on ne croit pas, dans le domaine des relations sociales ou de la Religion, est l'un des vices les plus destructifs. Dans le Coran, les hypocrites sont condamnés dans des termes très vifs. De même, beaucoup de hadiths condamnent ce vice.

 

L'opposé de l'hypocrisie consiste à être le même intérieurement et extérieurement, ou mieux, être meilleur à l'intérieur qu'on ne l'est selon les apparences. Ce dernier trait est un trait caractéristique des Mu'minûn (les Croyants) et de ceux qui sont proches d'Allah (awliyâ' Allah).

 

19- L'orgueil (ghurûr)

 

L'orgueil consiste en une vanité fondée sur des désirs et des caprices égoïstes, et il peut concerner aussi bien les affaires de ce monde que celles de l'Autre Monde. On peut devenir fier de ses actes d'adoration, de ses enfants, de sa richesse, de sa position et de son pouvoir, ou de toute autre chose. Tout ceci peut donc conduire à l'orgueil et, par conséquent, à la chute spirituelle et morale de l'homme. C'est pourquoi nous voyons que le Saint Coran met en garde contre toute forme d'orgueil, lequel n'est, en fait, qu'illusion et auto-duperie :

 

- "Que la vie de ce monde ne vous enjôle pas, et que celui qui se trouve dans l'erreur ne vous trompe pas au sujet d'Allah." (31 : 33)

 

Les gens de toutes positions sociales peuvent tomber en proie au vice de l'orgueil. Ils peuvent être Croyants ou incroyants, savants, pieux, mystiques, etc. et chacun d'eux peut être fier de quelque chose en particulier. Ainsi, nous constatons que l'orgueil peut prendre de nombreuses formes. L'orgueil peut découler du pouvoir de l'intellect, du pouvoir de passion, du pouvoir de colère, ou de tous les trois à la fois.

 

L'opposé de l'orgueil -lequel est, comme nous l'avons noté, une sorte d'auto-duperie- c'est le Savoir, la Sagesse, la conscience et le zohd ; car plus un homme est conscient de la réalité, moins il est exposé à être en proie à l'orgueil. Le hadith suivant de l'Imam al-Câdiq (P) nous suggère le vrai remède au vice de l'orgueil :

 

- "Sache que tu ne peux sortir des ténèbres de l'orgueil et du désir qu'en retournant sincèrement vers Allah en toute humilité et en toute pénitence, qu'en étant conscient de tes fautes et défauts -c'est-à-dire de tout ce qui ne se conforme pas à la raison et à l'intelligence et qui n'a pas l'appui de la Religion, de la Loi Divine et des Traditions des Dirigeants de la Guidance. Et si tu es satisfait de la condition dans laquelle tu te trouves, soit certain que personne ne pâtira autant que toi des retombées de tes actes, et personne n'aura souffert autant que toi du gaspillage de ta vie, et ton attitude te lèguera le soupir amer du Jour du Jugement." (Miçbâh al-Charîcah, chap. 36)

 

20- Avoir des espérances et des désirs démesurés

 

Ce vice est suscité par le pouvoir de l'intellect et le pouvoir de passion, et il est enraciné dans l'ignorance et l'amour de ce monde. Il nuit à l'homme en le faisant s'occuper des affaires de ce monde et en retardant son développement spirituel.

 

Pour guérir de cette maladie, on doit penser constamment à la mort et à la Vie Future, tout en gardant présent à l'esprit le fait que notre existence actuelle est éphémère et que tout ce que nous y acquérons, nous sommes obligés de le laisser derrière nous après la mort. On doit être conscient que la seule chose que l'on peut emporter avec soi à travers le gouffre de la mort consiste en ses bonnes actions.

 

21- La rébellion (ciçyân)

 

Rébellion signifie ici désobéir aux Commandements d'Allah. Ce vice appartient aux pouvoirs de colère et de passion, et son opposé est l'obéissance et la Piété (taqwâ).

 

22- L'effronterie

 

Appartenant aux pouvoirs de colère et de passion, ce vice consiste en impudence et absence de honte lorsqu'on commet des actes interdits. Son opposé est la modestie ou la pudeur (hayâ'), laquelle fait partie de la Foi. L'Imam al-Câdiq (P) a dit :

 

- "La modestie appartient à la Foi, et la Foi est au Paradis."

 

23- La persistance dans le péché (al-içrâr calal-macçiyah)

 

C'est un vilain état dont l'opposé est la repentance (tawbah). Répéter les péchés, c'est les faire sembler ordinaires et insignifiants dans la vie quotidienne. C'est pourquoi, avant que cet état de choses n'arrive à quelqu'un, il est nécessaire pour lui de méditer sur les conséquences de la perpétration de péchés et d'examiner leur nuisance aussi bien dans ce monde que dans l'Autre.

 

Une telle méditation conduit l'homme à se repentir de ses péchés et à en être si désolé et honteux qu'il ne les commettra plus jamais. D'autre part, la tawbah, ou la repentance, est le retour de l'état de péché. Un état de repentance encore plus haut est l'inâbah, qui est le renoncement même aux choses permises (mubâh). Dans ce plus haut degré de la repentance, on cherche, par action et par parole, seulement à satisfaire Allah et à se rappeler Allah continuellement. Un auxiliaire nécessaire à la tawbah est la muhâsabah et la murâqabah, qui signifient qu'une personne sincèrement repentante se rend compte de ses actes et pense à la qualité morale de son action. Un hadith dit :

 

- "Demandez-vous des comptes à vous-mêmes avant que l'on ne vous les demande."

 

24- La négligence (ghaflah)

 

La ghaflah signifie indifférence et manque d'attention ; son opposé, c'est être attentif et résolu. Si ce que nous négligeons, c'est notre ultime félicité et notre bien-être, cette négligence équivaut à un vice. Toutefois, si la négligence ou l'indifférence concerne la méchanceté et la bassesse, elle équivaut à une vertu. C'est dire que le soin et l'attention accordés aux choses basses et vilaines sont assimilés à un vice, alors que lorsqu'ils sont accordés aux choses ayant trait à notre bien-être et notre félicité, ils sont assimilés à une vertu.

 

A la fois la négligence et la détermination ou le soin sont dérivés soit du pouvoir de passion, soit du pouvoir de colère. Par exemple, si quelqu'un a l'intention de se marier, sa motivation pour cette résolution est enracinée dans le pouvoir de passion et elle est une vertu. Si l'on décide de se défendre contre un ennemi, notre décision ou résolution est enracinée dans le pouvoir de colère, et elle est une vertu.

 

Nous venons de faire une description générale de la négligence et du soin ou de la détermination. Toutefois, si l'on s'en tient au terme utilisé dans les Versets coraniques et les Traditions, la négligence se réfère généralement à l'indifférence aux buts réels de l'existence de l'homme et aux facteurs du bien-être et du bonheur dans ce monde et dans l'Autre, et son opposé, la détermination, est interprétée aussi comme clarté de la volonté et du but dans le même sens. C'est pourquoi, dans ce sens, la négligence est toujours mauvaise et la détermination est toujours bonne. Le Coran fait les remarques suivantes à propos de l'homme négligent :

 

- "Nous avons destiné à la Géhenne un grand nombre de djinns et d'hommes. Ils ont des cœurs avec lesquels ils ne comprennent rien ; ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas ; ils ont des oreilles avec lesquelles ils n'entendent pas. Voilà ceux qui sont semblables aux bestiaux, ou plus égarés encore. Voilà ceux qui sont insouciants." (7 : 179)

 

25- L'aversion (karâhah)

 

L'aversion se rapporte à un état d'horreur de toute chose comportant difficulté et labeur. Sa forme extrême est le "maqt" (haine).

 

- Le hubb

 

L'opposé de la karâhah est le hubb (inclination). Le hubb consiste en l'amour qu'éprouve l'homme pour les choses plaisantes et bénéfiques. La forme extrême du hubb est le cichq (amour).

 

Ce qu'il convient de noter ici, c'est que le hubb doit être essentiellement orienté vers Allah et vers tout ce qui se rattache à LUI. Ceci est le plus haut degré du hubb. Il faut garder présent à l'esprit que Le Vrai Bien-Aimé est Allah, et que c'est seulement lorsque l'homme perd son Vrai Bien-Aimé qu'il choisit d'autres objets à son amour, tels que la femme, les enfants, la richesse, le statut social et toute autre chose mondaine. Si l'homme parvenait à retrouver son Vrai Bien-Aimé, il se libérerait aussi de ses errances sans but et sans finalité. Pour trouver Le Vrai Bien-Aimé, nous devons en premier lieu connaître toutes les formes de hubb. Le hubb peut être dirigé essentiellement vers neuf choses différentes :

 

1- Le hubb de l'homme pour lui-même ; c'est la forme la plus forte du hubb.

 

2- Le hubb de l'homme pour des choses extérieures à lui, dont il veut tirer un plaisir physique. L'exemple en est le hubb des différentes sortes de nourriture, de vêtements et autres choses qui servent à satisfaire ses besoins et désirs physiques.

 

3- Le hubb de l'homme pour un autre homme, en raison de sa bonté ou du service qu'il lui a rendu.

 

4- Le hubb de l'homme pour quelque chose en raison d'une bonne qualité inhérente à cette chose, comme la beauté ou la droiture.

 

5- Le hubb de l'homme pour un autre homme sans aucune raison particulière, c'est-à-dire non pour sa beauté, sa richesse, son pouvoir, ni pour tout autre aspect avantageux, mais tout simplement à cause de l'existence d'un lien spirituel invisible entre eux.

 

6- Le hubb de l'homme pour son semblable venu de très loin, ou rencontré au cours d'un long voyage.

 

7- Le hubb de l'homme pour ses collègues ou confrères, tel que l'amour d'un savant pour un autre savant, d'un commerçant pour un autre, etc.

 

8- Le hubb (affinité) de l'effet pour sa cause, et vice-versa.

 

9- Le hubb des effets communs d'une même cause les uns pour les autres ; par exemple, l'amour des membres d'une même famille les uns pour les autres.

 

Si nous réfléchissons un peu à ce sujet, nous parviendrons à la conclusion que puisqu'Allah est L'Existence Absolue, et que toutes les autres choses dépendent de LUI, toute autre chose que l'homme pourrait aimer manque d'existence indépendante. En d'autres termes, puisqu'Allah est La Réalité Suprême, IL est en fait L'Ultime Objet du Véritable Amour, et toutes les autres formes d'amour dirigées vers les autres choses sont figuratives et imaginaires. Donc, pour cette raison, l'homme doit sublimer son amour et découvrir son Véritable Objet, et cela n'est possible que s'il se trouve dans les conditions suivantes :

 

1- Il doit avoir un fervent désir de rencontrer Allah (liqâ' Allah) ; en d'autres termes, il ne doit pas avoir peur de mourir. Ses actes doivent être tels qu'ils reflètent son assurance de rencontrer Allah après la mort.

 

2- Il doit faire passer le Désir d'Allah avant ses propres désirs, puisque telle est l'une des exigences de l'amour.

 

3- Il ne doit pas oublier Allah même pendant un seul instant, de la même façon que l'amoureux n'oublie pas son bien-aimé même une seconde.

 

4- Il ne doit pas être heureux en gagnant quelque chose, ni triste en perdant quelque chose puisque, si toute son attention est concentrée sur Allah, toute autre chose sera sans importance pour lui.

 

5- Il doit être bon et aimable envers les créatures d'Allah, puisque quiconque aime Allah aimera certainement Ses créatures aussi.

 

6- Il doit craindre Allah en même temps qu'il L'aime, puisque ces deux sentiments ne sont pas contradictoires.

 

7- Il doit garder comme un secret son amour pour Allah.

 

Dans de telles conditions, Allah aussi aimera Son serviteur et tiendra Sa Promesse :

 

- "Dis (ô Muhammad) ! Si vous aimez Allah, suivez-moi ; Allah vous aimera et vous pardonnera vos péchés..." (3 : 31)


 
 26- Le sakhat

 

Le sakhat, c'est être affligé par l'adversité et les malheurs qui peuvent frapper quelqu'un, à tel point que l'on s'en plaint. L'opposé de ce vice est la vertu du ridhâ, qui consiste à être satisfait et content de tout ce qu'Allah veut. Le sakhat est une sorte de karâhah, et le ridhâ est une sorte de hubb.

 

Il y a beaucoup de hadiths qui condamnent le sakhat et qui exhortent à être patient devant l'adversité et les malheurs, puisque ceux-ci sont des épreuves décidées par le Ciel. Nous devons réaliser fondamentalement que la vie dans ce monde est faite de souffrances, de difficultés, de maladie et de mort, et que tous les hommes sans exception doivent passer par ces épreuves. Ainsi, nous devons apprendre à supporter ces sortes de souffrances. Une telle préparation s'appelle ridhâ, et son plus haut stade est le contentement complet de la Volonté Divine. Voici comment le Coran décrit les gens qui jouissent de cette qualité :

 

- "Allah est satisfait d'eux ; ils sont satisfaits de LUI : voilà le grand triomphe !" (5 : 119)

 

Et voilà comment il décrit ceux à qui manque cette qualité :

 

- "Et ceux qui sont satisfaits de la vie de ce monde et qui y trouvent la sécurité..." (10 : 7)

 

Il est à noter que dans les livres d'Ethique, "taslîm" (résignation) et "ridhâ" (contentement) sont normalement employés comme synonymes, et cela en raison de leurs significations très proches, car celui qui est content de tout ce qu'Allah veut pour lui est également totalement résigné à la Volonté d'Allah dans tous les aspects de sa vie.

 

27- Le huzn

 

Huzn signifie affliction et remords qu'on éprouve lorsqu'on perd quelque chose de chéri, ou lorsqu'on manque de l'avoir. Le huzn, tout comme le sakhat, résulte de la karâhah.

 

28- L'absence de confiance en Allah

 

Ce vice consiste à faire confiance à des moyens intermédiaires, et non à Allah, pour résoudre nos problèmes. Il a pour origine l'insuffisance de la Foi, et émane des pouvoirs de l'intellect et de passion. La confiance en des moyens intermédiaires est une forme de polythéisme.

 

L'opposé de ce vice est le tawakkul (confiance) en Allah dans tous les aspects de notre vie, accompagné de la croyance qu'Allah est La Seule Force Effective de l'univers. Tel est le sens de la fameuse affirmation :

 

- "Il n'y a pas de pouvoir ni de puissance en dehors d'Allah."

Et le Coran confirme explicitement :

- "Quiconque place sa confiance en Allah, IL lui suffit." (65 : 3)

Et le Prophète (S) a dit, dans le même sens :

- "Quiconque ne compte que sur Allah, IL prend soin de ses moyens de subsistance."

 

Il est à noter que la notion de tawakkul n'est pas en contradiction avec l'idée selon laquelle l'homme doit faire des efforts pour bénéficier des Bienfaits d'Allah. C'est pourquoi l'Islam considère qu'il est obligatoire, pour l'homme, de lutter pour faire vivre sa famille, se défendre et défendre ses droits. Ce qui importe, c'est de considérer tous ces moyens intermédiaires comme soumis à l'Autorité et au Pouvoir d'Allah, et sans aucun rôle indépendant qui leur soit propre.

 

29- L'ingratitude (kufrân)

 

C'est le vice d'être ingrat envers les Bénédictions d'Allah, et son opposé est le chukr (la gratitude).

 

- Le chukr

 

La vertu de chukr consiste dans les éléments suivants :

 

1- Reconnaître les Bénédictions et leur Origine, Laquelle est la Bienfaisance Divine.

 

2- Etre ravi des Bénédictions -non pour leur valeur mondaine, ni pour le fait de les avoir obtenues, mais pour leur valeur d'agents nous rapprochant d'Allah.

 

3- Donner suite à ce ravissement en entreprenant de satisfaire le but du Donateur, en actes et en paroles.

 

4- Dire les Louanges de L'Auteur de ces Bénédictions.

 

5- Utiliser le Bienfait qui nous a été donné de telle sorte que son utilisation LUI plaise.

 

Par Bénédictions, nous entendons tout ce qui apporte plaisir, bénéfice et félicité, que ce soit dans ce monde-ci ou dans la Vie Future.

 

Le Saint Coran dit à ce propos :

 

- "Si vous êtes reconnaissants, JE multiplierai pour vous Mes Bienfaits ; mais si vous êtes ingrats, Mon Châtiment sera terrible." (14 : 7)

 

Explicitant l'avertissement contenu dans la seconde partie du Verset précité, le Coran dit :

 

- "Allah a cité un exemple : une ville qui était paisible et tranquille, et dont l'approvisionnement lui venait en abondance de partout, mais qui a méconnu les Bienfaits d'Allah. Allah a fait alors goûter à ses habitants le vêtement de la faim et de la peur en punition de leurs méfaits." (16 : 112)

 

30- L'impatience devant l'adversité (jazac)

 

Le jazac peut conduire celui qui l'éprouve à crier, à se frapper le visage, à déchirer ses vêtements et à pousser des clameurs, lorsqu'il est frappé par un malheur ou une calamité. Le jazac est un vice du pouvoir de colère. Son opposé est le çabr (patience), qui est l'une des vertus les plus nobles. En tout état de cause, le jazac est l'un des vices qui conduisent à la chute de l'homme, puisqu'il est essentiellement une plainte contre Allah et un rejet de Ses Décrets.

 

- Le çabr

 

A l'opposé, le çabr consiste à garder son calme en toutes circonstances et à accomplir son devoir dans toutes les conditions. Le çabr a une fonction qui diffère selon les différentes situations. Par exemple, le çabr sur le champ de bataille réside dans la persévérance dans l'accomplissement du devoir ; en d'autres termes, il est une forme de courage. Le çabr, lorsqu'on est en état de colère, est un auto-contrôle et le synonyme du hilm (endurance). Le çabr devant les désirs et la luxure est ciffah (chasteté). Le çabr par rapport à une vie luxueuse et opulente est zohd (abstinence). En un mot, le çabr est une vertu qui se rapporte à tous les quatre pouvoirs.

 

Le çabr a été souvent loué dans les hadiths, et le Saint Coran exalte cette vertu ainsi que ses mérites et ses récompenses en soixante-dix endroits. En voici un exemple :

 

- "Annonce la bonne nouvelle à ceux qui sont patients, à ceux qui disent, lorsqu'un malheur les atteint : "Nous sommes à Allah et nous retournerons à LUI." Voilà ceux sur lesquels descendent des Bénédictions et une Miséricorde de leur Seigneur. Ils sont bien dirigés." (2 : 155-157)

 

Et voici un exemple de l'exaltation par le Prophète (S) de cette vertu :

 

- "Le çabr est à la Foi ('imân) ce que la tête est au corps. De même que le corps ne peut vivre sans la tête, de même la Foi ne saurait survivre à l'absence du çabr."

 

Il y a cinq sortes de çabr par rapport à la Charicah (Loi) islamique : wâjib (obligatoire) ; harâm (interdit) ; mustahab (désirable) ; makrûh (détestable) ; mubâh (permis). L'exemple du "çabr interdit" est la patience face à une injustice telle que la cruauté ou l'oppression. Le "çabr désirable", c'est la persévérance dans l'accomplissement des choses désirables, alors que le "çabr détestable", c'est la tolérance des situations répréhensibles. Et enfin, le "çabr mubâh", ou "çabr permis", se rapporte aux choses permises.

 

Il s'ensuit donc que le çabr n'est pas toujours un trait méritoire ; son mérite ou l'absence de ce mérite, dépend de l'objet du çabr en question. En général, le critère selon lequel on juge les différentes sortes de çabr est le même que celui selon lequel on juge tous les autres actes, à savoir que tous les actes qui contribuent au développement spirituel de l'homme sont considérés comme méritoires et louables, alors que tous les autres actes sont considérés comme mauvais et nuisibles.

 

31- Le fisq

 

Fisq est un terme qui signifie "désobéir aux Commandements obligatoires de la Charicah, ou commettre des actions interdites par elle". Son opposé est l'itâcah (obéissance) aux Commandements d'Allah Le Suprême.

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