INTRODUCTION LA PENSEE RELIGIEUSE SHI'ITE
La Pensée religieuse Shi'ite
Par Allame Sayyed Tabatabai
Bismillah Al Rahman Al Rahim
Allahuma salli 'ala Mohammad wa ali Mohammad, wa 'ajeel farajahum ya Kareem
Salam alaykoum,
Très chères soeurs, très chers frères,
Il est sans doute étrange d'entendre s'exprimer des points de vue absolument infondés et choquant sur l'Islam Shi'ite. En effet, nous constatons, que nos coreligionnaires sunnites arrivent sur ce forum avec leur lot d'à priori, le plus souvent, ils considèrent le Shi'isme comme une innovation dans l'Islam ou bien ils présente ce crédo comme une secte secondaire. Pour les plus virulents, ils qualifient le Shi'isme comme une création de la part des ennemis de l'Islam. Bien sûr, pour tout esprit éveillé, il comprendra que l'unique raison de cette cabale est d'ordre politico-social qui trouve ses racines dans le passé historique, les facteurs du colonialisme, le matérialisme ainsi que l'opposition et l'inimitié à l'égard de l'Islam. C'est pourquoi, il semble nécessaire d'exposer clairement la véritable identité du Shi'isme, à travers un texte sur le modèle de la pensée religieuse propre au Shi'isme.
LA PENSEE RELIGIEUSE SHI'ITE
INTRODUCTION
1)- La signification de la pensée religieuse
Par « pensée religieuse » nous désignons cette forme de pensée qui s'occupe de toute question religieuse se posant à l'intérieur d'une religion particulière au sens où la pensée mathématique est la forme de pensée qui traite de questions mathématiques et résout les problèmes mathématiques.
2)-La source essentielle de la pensée religieuse dans l'Islam
II va sans dire que la pensée religieuse, comme les autres formes de pensée, doit posséder des sources sûres, d'où la matière brute de sa pensée prend naissance et sur lesquelles elle s'appuie. D en Il en va de même du processus de raisonnement nécessaire à la solution de problèmes mathématiques, qui doit s'appuyer sur des séries de faits et de principes mathématiques.
La seule source sur laquelle s'appuie la religion révélée de l'Islam et sur laquelle elle est fondée, dans la mesure où elle est d'origine céleste, n'est autre que le Saint Coran. C'est le Coran qui est le testament définitif et l'universelle et toujours vivante prophétie du Prophète (sawa), et c'est le contenu du Coran qui porte la substance de l'appel islamique. Naturellement, le fait que le Coran soit à lui seul la source de la pensée religieuse musulmane n'exclut pas les autres sources d'une pensée vraie, comme il sera expliqué plus loin.
3- II y a trois méthodes de pensée religieuse dans le Coran
Le Saint Coran, dans ses enseignements, évoque trois voies conduisant à la compréhension des buts de la religion et des sciences islamiques :
1- la voie de l'aspect formel et extérieur de la religion (la shari'ah).
2- la voie de la compréhension rationnelle.
3- la voie de la compréhension spirituelle atteinte par la sincérité (ikhlas) de l'obéissance à Dieu (swt).
On constate que le Saint Coran, dans son aspect formel, s'adresse à tous, parfois sans fournir ni démonstration ni preuve. Bien plutôt, se basant sur l'unique souveraineté de Dieu (swt), il ordonne aux gens d'accepter les principes de la foi tels que l'unité divine, la prophétie, l'eschatologie; il leur donne des ordres pratiques tels que les prières quotidiennes, le jeûne, etc... et parallèlement leur interdit de commettre certaines autres actions. Certes, si le Coran n'avait pas été investi d'autorité concernant ces commandements, jamais il n'aurait attendu de l'homme qu'il les accepte et leur obéisse. On doit donc dire que de telles formulations simples du Coran sont une voie pour comprendre les fins religieuses ultimes et pour pénétrer les sciences islamiques. Ce que nous appelons l'aspect extérieur ou formel de la religion» sont des expressions verbales telles que «Croyez en Dieu et en son Prophète», ou encore «Acquittez-vous des prières».
Outre son rôle pédagogique dans l'aspect extérieur de la religion, on voit que le Saint Coran, dans plusieurs versets, encourage l’homme à une approche rationnelle (aqli) des choses. Il invite l'homme à méditer, à contempler et à discuter les signes de Dieu (swt) dans le macrocosme et dans le microcosme. Il expose nombre de vérités au moyen du libre raisonnement intellectuel. Aucun livre sacré à vrai dire ne loue ni ne recommande à l’homme la science et le savoir autant que le Coran.
Dans de nombreux versets, le Coran témoigne de la validité de la preuve intellectuelle et de la démonstration rationnelle; il n'impose pas à l'homme d'accepter d'abord la validité des enseignements islamiques, et ensuite de les justifier par des preuves intellectuelles. Bien plutôt, totalement confiant en la vérité de sa position, il proclame que l'homme doit d'abord appliquer son intelligence à découvrir la vérité des enseignements islamiques, et seulement ensuite accepter cette vérité. II doit chercher confirmation du message islamique dans la création qui est par elle-même un témoin véridique. L'homme trouvera finalement affirmation de sa foi dans les conclusions de la démonstration rationnelle; il ne doit pas d'abord croire, puis, en accord avec sa foi, chercher des preuves. La validité et l'efficacité de la pensée philosophique, se trouve par conséquent confirmées par le Saint Coran.
Par ailleurs, en plus de son rôle de guide dans les aspects extérieurs et rationnels de la religion, le Saint Coran explique en termes subtils que toute science religieuse réelle provient de l'Unicité Divine (tawhid) ainsi que de la connaissance exacte de Dieu (swt) et de ses attributs.
La connaissance de Dieu (swt) appartient en perfection à ceux qu'Il a attirés de toutes parts et qu'Il en fait siens. Ceux-là se sont oubliés eux-mêmes ainsi que toutes choses et, en raison de la sincérité de leur obéissance à Dieu (swt), se sont rendus capables de concentrer toutes leurs puissances et leur énergies sur le monde transcendant. Leurs yeux ont été illuminés par la vision de la lumière du Créateur très pur. Avec l'œil du discernement, ils ont contemplé la réalité des choses dans le royaume du Ciel et de la Terre, car par la sincérité de leur obéissance, ils ont atteint l'état de certitude (yaqin).
En conséquence cette certitude, le royaume du Ciel et de la Terre et la vie immortelle du monde éternel leur a été révélé. La réflexion sur les saints versets suivants éclaire pleinement cette affirmation : « Nous n'avons envoyé avant toi aucun messager sans lui révéler (ceci) : «Il n'y a pas de divinité excepté Moi, adorez-Moi donc » (Coran 21:25) «Gloire à Dieu,Il est au-dessus de ce qu'ils décrivent, à l'exception des sincères serviteurs de Dieu » (Coran 37:159-160); « Dis: « Je ne suis qu'un être humain comme vous. II m'est révélé que notre Dieu est un Dieu unique. Que celui qui espère rencontrer son Seigneur, fasse donc œuvre pie et qu'en adorant son Seigneur il ne Lui associe personne» (Coran 18:110); «Adore ton Seigneur jusqu'à ce que vienne à toi la certitude» (Coran 15:99). Et Dieu (swt) dit encore: «Ainsi Nous fîmes voir à Abraham le royaume des cieux et de la terre afin qu'il fût du nombre de ceux qui ont la certitude» (Coran 6:75); et: «Eh bien non!... En vérité, le livre des hommes de bien sera dans l'Illiyyin. Et qu'est-ce qui te fera connaitre ce qu'est l'Illiyyin? (C'est) un livre gravé que les rapprochés (de Dieu) verront», et: «vous saurez bientôt! Prenez garde! Si seulement vous saviez!» (Coran 2:3) «Certes vous verrez la fournaise» (Coran 83:21).
On peut donc affirmer que l'une des voies pour la compréhension des vérités et des sciences religieuses réside dans la purification de l'âme charnelle et la sincérité de l'obéissance à Dieu (swt).
4)- La différence entre les trois méthodes mentionnées
Le Saint Coran propose donc trois méthodes pour la compréhension des vérités religieuses: la soumission aux aspects extérieurs ou formels de la religion, le raisonnement intellectuel et la sincérité dans l'obéissance, menant à l'intuition intellectuelle qui dévoile la vérité et la fait saisir au moyen d'une vision intérieure.
Pourtant, il faut comprendre que ces trois méthodes différent l'une de l'autre sous plusieurs aspects. Par exemple, du fait que les formes extérieures de la religion sont des expressions verbales dans le langage le plus simple, elles sont à la portée de tous et chacun peut en profiter selon ses capacités. Par contre, les deux autres voies, qui sont le propre d'un groupe particulier (l'élite, Khawâs) ne sont pas connues de tous. La voie des formes extérieures de la religion mène à la compréhension des principes et des obligations de l'Islam; elle débouche sur la connaissance de la substance des croyances et des pratiques de l'Islam, et des principes des sciences islamiques, de l'éthique et de la jurisprudence. Ce qui contraste avec les deux autres voies, car si la méthode intellectuelle peut découvrir les problèmes liés à la foi, à l'éthique, et les principes généraux régissant les questions pratiques, elle ne peut découvrir les commandements religieux spécifiques édictés par le Coran et la Sunnah. La voie de purification de l'âme chamelle, puisqu'elle conduit à la découverte des vérités spirituelles données par Dieu (swt), ne peut comporter aucune limite ni mesure dans ses résultats ou dans les vérités révélées par ce même don divin. Les hommes qui ont atteint cette connaissance se sont «coupés» de toute chose et ont oublié toute chose en dehors de Dieu (swt); ils dépendent de la direction et de la domination. directes de Dieu (swt) Lui-même — Puisse son nom être glorifiée. II leur est révélé ce qu'Il veut, et non pas ce qu'ils veulent.
Nous allons à présent examiner en détail ces trois méthodes de pensée religieuse en Islam.
Dernière modification de veriteamere, 11/06/2010 à 12h27
"L'homme sincère est gagnant sur trois plans: Il inspire confiance, attire l'amitié et impose son respect."
"Prenez garde aux partisans de l'hypocrisie car ils s'égarent eux-mêmes, et égarent les autres. Leurs cœurs sont atteints d'infection même si, en apparence ils vous semblent sains."
PREMIERE METHODE: L'ASPECT FORMEL DE LA RELIGION
1- Ses différentes faces
Le Saint Coran, qui est la source principale de la pensée religieuse en Islam, a investi d'une entière autorité pour ceux qui écoutent son message, le sens externe de ses paroles. Et ce même sens externe des versets coraniques considère encore les paroles du Prophète (sawa) lui-même comme complémentaires des paroles du Coran, en déclarant qu'elles jouissent de la même autorité que le Coran. En effet, déclare le Coran: «Nous t'avons révélé une écriture pour édifier les hommes sur ce qui leur a été adressé afin qu'ils réfléchissent» (Coran XVI, 44) et : «C'est Lui qui a envoyé chez les incultes un Prophète issu d'eux qui leur récite ses versets, les purifie, leur enseigne le livre et la sagesse» (Coran 62:2) ou encore: «Vous avez dans l'envoyé de Dieu un beau modèle pour vous» (Coran 33:21).
II est bien évident que de tels versets n'auraient aucun sens si les paroles et les actes du Prophète (sawa) et même son silence ou son approbation, n'avaient pour nous la même autorité que le Coran. Ainsi les paroles du Prophète (sawa) font autorité : elles doivent être acceptées par ceux qui les ont entendues ou reçues à travers une transmission digne de confiance. II se trouve que par une telle chaine de transmission entièrement authentique, on sait que le Prophète (sawa) a dit :
« Je laisse deux valeurs parmi vous; si vous vous y tenez, vous ne vous égarerez jamais : le Coran et les membres de ma famille. Ces deux ne seront jamais séparés jusqu'au jour du jugement ». Selon ce hadith et d'autres, établis avec certitude, les paroles des membres de la maison du Prophète (sawa) forment un corpus complémentaire aux hadiths prophétiques. Les membres de la famille du Prophète (as), en Islam, ont autorité en matière de connaissance et de science religieuse; ils sont infaillibles dans l'interprétation des enseignements et des commandements de l'Islam. Leurs paroles reçues oralement ou par transmission sûre font autorité.
La source traditionnelle de l'aspect formel et extérieur de la loi qui constitue en même temps le document autorisé essentiel et le fondement de la pensée religieuse en Islam, réside donc dans le Livre (le Coran) et la Sunnah. Par le livre on entend l'aspect extérieur des versets du saint Coran, et par la Sunnah, les hadiths entendus du Prophète (sawa) et de sa famille vénérée (as).
2- Traditions des compagnons
En shi'isme, les hadiths transmis par les Compagnons sont traités selon le principe suivant : s'ils concernent des paroles et des actions du Prophète (sawa) et ne contredisent pas les hadiths de la famille du Prophète (sawa), on les considère comme acceptables. S'ils contiennent seulement les vues et les opinions des Compagnons eux-mêmes et non celles du Prophète (sawa), ils ne sont pas autorisés comme source de commandements religieux. A cet égard, le jugement des Compagnons est identique à celui de n'importe quel autre musulman. D'ailleurs, les Compagnons eux-mêmes contrediraient les autres Compagnons comme n'importe quel autre croyant.
3- Le livre et la tradition
Le livre de Dieu (swt), le Saint Coran, est la source principale de toute la pensée islamique. C'est lui qui confère validité et autorité aux autres sources religieuses de l'Islam. II doit donc être compréhensible pour tous.
D'ailleurs, le Coran se décrit lui-même comme étant la Lumière qui illumine toute chose. De même, il défie les hommes et exige qu'ils réfléchissent sur ses versets et constatent qu'il n'existe entre eux aucune contradiction. Il les invite à produire, s'ils le peuvent, un travail semblable, pour tenter de le réfuter. Il est certain que si le Coran n'était pas compréhensible pour tous, de telles assertions n'auraient pas de sens.
Dire que le Coran est en lui même compréhensible pour tous ne contredit pas l'affirmation précédente selon laquelle le Prophète (sawa) et sa famille (as) sont des autorités religieuses en sciences islamiques, lesquelles sciences ne sont en réalité que le développement du contenu du Coran. Par exemple, seuls les principes généraux des Lois de la «shari'ah», sont contenus dans le Coran; leurs détails, tels que la manière d'accomplir les prières quotidiennes, de jeûner, de faire du commerce, et finalement de tout acte d'adoration (ibâdât) et de transactions (muâmalât) ne peuvent être connues qu'en se rapportant aux traditions du Saint Prophète (sawa) et de sa famille(as).
Quant aux autres parties des enseignements islamiques, traitant des doctrines et des pratiques éthiques, bien que leur contenu et leur détail puissent être saisis par tous, la pleine compréhension de leur signification dépend de l'acceptation de l'enseignement de la famille du Prophète (as). De même, chaque verset du Coran doit être expliqué et interprété par d'autres versets coraniques, et non par des vues qui ne nous sont devenues acceptables et familières que par la force de l’habitude et de la coutume.
L'Imam Ali (as) a dit : «Des parties du Coran dialoguent avec d'autres parties, nous révélant leurs significations, et certaines parties témoignent du sens d'autres parties» ; et le Prophète (sawa) a dit: «Des parties du Coran vérifient d'autres parties». , et encore: «Quiconque interprète le Coran selon sa propre opinion s'est réservé une place en enfer » .
A titre d'exemple d'un commentaire du Coran par le Coran, citons l'histoire du châtiment du peuple de Lot. Dieu (swt) dit: «Et Nous fîmes pleuvoir sur eux une mauvaise pluie» (Coran 26:127). En un autre endroit, Dieu (swt) change cette phrase en celle-ci: «Regarde! Nous avons envoyé une tempête de pierres sur eux» (Coran 15:74). En reliant le second verset au premier, il apparait clairement que la «mauvaise pluie» consistait en «pierres» tombées du Ciel. Ceux qui ont étudié attentivement les hadiths de la famille du Prophète (as) et des Compagnons les plus éminents savent que le commentaire du Coran par le Coran est la seule méthode de commentaire coranique enseignée par la famille du Prophète (as).
4- Les aspects extérieurs et intérieurs du Coran
On a dit qu'à travers ses paroles, le Saint Coran exprime des intentions religieuses et édicte des commandements pour l’humanité en matière doctrinale et pratique. Mais la signification du Coran ne se limite pas à ce niveau. En fait, derrière ces mêmes expressions et à l'intérieur même de leurs significations existent des niveaux plus profonds et plus vastes que seule peut comprendre l'élite spirituelle qui possède un cœur pur.
Le Prophète (sawa), qui est l'enseignant divinement désigné par le Coran, dit: «Le Coran possède une dimension intérieur, et cette dimension intérieure possède à son tour une dimension intérieure et ainsi jusqu'à sept dimensions intérieures». De même, dans les paroles des Imams, il y a de nombreuses références à l’aspect intérieur du Coran.
Le principal support de ces assertions est un exemple que Dieu (swt) a mentionné dans la sourate 13, verset 17 du Coran. Dans ce verset, le don divin est symbolisé par une pluie qui tombe du Ciel et de laquelle dépend la vie de la terre et de ses habitants. Avec la venue de la pluie, des torrents commencent à couler et chaque rivière reçoit l'eau, selon sa capacité. En coulant, le torrent se couvre d'écume, mais sous l'écume il y a la même eau qui donne la vie et profite à l’humanité.
Cette parabole signifie que la capacité de compréhension des sciences célestes, qui sont la source de la vie intérieure de l’homme, diffère selon les personnes. Il y a ceux pour qui il n'y a aucune réalité derrière l'existence physique et la vie matérielle de ce monde éphémère. De tels individus sont attachés aux seuls appétits matériels et aux seuls désirs physiques. Leur seule crainte est de perdre les bienfaits matériels et les plaisirs des sens. Tout au plus, en considérant les différences de degrés existant parmi eux, peuvent-ils accepter les enseignements célestes au niveau de la simple croyance et l'accomplissement purement externe des commandements pratiques de l'Islam, sans nulle compréhension. Ils adorent Dieu (swt) dans l'espoir d'une récompense ou par peur d'une punition dans l'autre monde.
Il y a aussi ceux qui, de par la pureté de leur nature, considèrent que leur bien-être ne réside pas dans rattachement aux plaisirs éphémères de ce monde. Les pertes et les gains, les expériences amères et douces de ce monde ne sont pour eux qu'une illusoire tentation. Le souvenir de ceux qui avant eux sont passés dans la caravane de l'existence, qui hier recherchaient les plaisirs et aujourd'hui ne sont plus qu'objets de faibles, constitue un avertissement toujours présent à leurs yeux. Ces hommes aux cœurs purs ont une inclination naturelle vers le monde de l'éternité. Ils voient les différents phénomènes de ce monde fugitif comme des symboles annonciateurs du monde supérieur, et non comme des réalités persistantes et indépendantes.
C'est ainsi qu'à travers les signes terrestres et célestes, à travers les signes dans le monde et dans l'âme humaine, ils contemplent, en vision spirituelle, la Lumière Infinie de la Majesté et de la Gloire de Dieu (swt). Leurs cœurs s'emplissent de l'ardent désir de comprendre les symboles secrets de la création.
Au lieu de demeurer captifs du puits étroit et sombre de la recherche des avantages personnels et de l'égoïsme, ils prennent leur envol dans l'espace illimité du monde éternel et avancent toujours plus loin vers le zénith du monde spirituel.
Quand ils entendent par la révélation que Dieu (swt) a interdit l'adoration des idoles, laquelle extérieurement consiste à s'incliner devant une idole, ils comprennent cet ordre comme une interdiction d'obéir à un autre que Dieu (swt), car obéir signifie s'incliner devant quelqu'un et le servir. Au-delà de cette signification, ils comprennent qu'ils ne doivent éprouver ni espoir ni crainte, sauf par rapport à Dieu (swt). Plus encore, ils ne doivent pas se soumettre à l'appel de leurs appétits égoïstes et finalement, ne doivent jamais détourner leur attention de Dieu (swt).
De même, quand ils entendent le Coran dire qu'ils doivent prier, le sens extérieur de cet ordre signifiant l'accomplissement des rites particuliers des prières, ils comprennent au moyen du sens intérieur qu'ils doivent adorer Dieu (swt) et Lui obéir de tout leur cœur et de toute leur âme. Au-delà de cela, ils comprennent que devant Dieu (swt), ils doivent se considérer comme néant, s'oublier et ne se souvenir que de Dieu (swt).
On peut remarquer que le sens intérieur de ces deux exemples, n'est pas lié à l'ordre et à l'interdiction exprimés dans ces versets. Pourtant la saisie de ce sens est inévitable pour quiconque commence à méditer sur un ordre plus vaste et préfère acquérir une vision de l'univers réel plutôt que de se satisfaire de son propre égo, pour quiconque choisit l'objectivité plutôt qu'un subjectivisme égocentrique.
Grâce à cette explication, on a clarifié la signification des aspects extérieurs et intérieurs du Coran. On a également rendu évident le fait que le sens intérieur du Coran n'abolit ni ne réduit son sens extérieur. Il est plutôt comme l'âme qui donne vie au corps. L'islam, religion universelle et éternelle, qui met la plus grande insistance sur la «reformation» de l’humanité, ne peut jamais se dispenser de ses lois extérieures conçues pour le bénéfice de la société, ni des doctrines élémentaires qui en sont les gardiennes.
Comment une société, qui prétendrait que la religion n'est qu'une affaire de cœur, que seulement le cœur de l’homme doit être pur et que les actions n'ont aucune valeur, pourrait-elle vivre dans le désordre et quand même atteindre le bonheur? Comment des actions et des paroles impures pourraient-elles causer un cœur pur et comment des paroles impures émaneraient-elles d'un cœur pur? Dieu (swt) dit dans son livre: «Les femmes viles sont pour les hommes vils, et les hommes vils pour les femmes viles. Les femmes bonnes sont pour les hommes bons» (Coran 24:26). II dit encore:
«Quant à la bonne terre, sa végétation pousse par la permission de son Seigneur; quant à celle qui est mauvaise, seul le mal y pousse» (Coran 7:58).
Le Saint Coran a donc un aspect extérieur et un aspect intérieur : l’aspect intérieur possède différents niveaux de signification. La littérature du hadith, qui explique le contenu du Coran, contient également ces divers aspects.
5- Les principes de l'interprétation (ta'wil) du Coran
Au début de l'Islam, certains sunnites croyaient communément que si des raisons suffisantes existaient, il était possible d'ignorer le sens apparent des versets coraniques et de leur attribuer un sens opposé ;habituellement le sens qui s'opposait au sens littéral était appelé «ta'wil»; et ce qui est nommé «ta'wil du Coran» est habituellement compris en ce sens.
Dans les livres religieux des érudits sunnites, de même que dans les controverses enregistrées entre les différentes écoles, on observe souvent que si un point de doctrine particulier, établi par consensus des Ulémas d'une école ou par d'autres méthodes, s'oppose au sens littéral d'un verset coranique, ce verset est interprété selon le «ta'wil», en un sens contraire à son sens apparent. Parfois deux groupes adverses présentent deux vues opposées en s'appuyant sur des versets coraniques pour justifier leur opposition. Chaque parti interprète les versets présentés par l'autre parti à l'aide du «ta'wil». Cette méthode s'est aussi plus ou moins infiltrée dans le shi'isme et peut être relevée dans quelques travaux théologiques shi'ites.
Pourtant une réflexion suffisante sur les versets coranique et les hadiths de la famille du Prophète (as) manifeste clairement que le Saint Coran, avec son langage plein de séduction et d'éloquence et son expression lucide, ne recourt jamais à des procédés d'exposition énigmatiques mais au contraire, expose toujours n'importe quel sujet dans un langage clair.
Ce qui a été correctement nommé «ta'wil», ou interprétation herméneutique du Saint Coran, ne se rapporte pas simplement à la signification des mots. II concerne bien plutôt certaines vérités qui transcendent la compréhension du commun des hommes, bien que ce soient de ces vérités et de ces réalités qu'émanent les principes doctrinaux et les injonctions pratiques du Coran.
L'ensemble du Coran possède le sens du «ta'wil», de la signification ésotérique, qui ne peut être comprise directement par la seule pensée humaine. Seuls les Prophètes (as) et les purs parmi les amis de Dieu (swt), qui sont libérés de l'imperfection humaine, peuvent contempler ces significations tout en vivant dans la condition présente de l'existence. Au jour de la Résurrection le «ta'wil» du Coran sera révélé à chacun.
On peut expliquer cela par le fait que ce qui oblige l’homme à utiliser le discours, à créer des mots et à se servir du langage, n'est pas autre chose que ses besoins sociaux et matériels. Dans sa vie sociale l’homme est obligé d'essayer de communiquer ses pensées, ses intentions et ses sentiments à ses semblables. A cette fin, il utilise les sons et l'ouïe. Parfois il utilise aussi la vue et le toucher. C'est pourquoi entre le muet et l'aveugle, il ne peut jamais y avoir compréhension mutuelle, car quoi que l'aveugle dise, le sourd ne peut l'entendre et quoi que le sourd exprime par des gestes, l'aveugle ne peut le voir. La création des mots et la dénomination des objets ont été réalisées surtout dans un but matériel. Des expressions ont été créées pour désigner des objets, des états et des conditions matérielles accessibles aux sens, ou proches du monde sensible. Comme on peut le constater dans les cas où un interlocuteur est privé d'un sens physique, si l'on désire lui parler de sujets qui peuvent être appréhendés par l'intermédiaire du sens manquant, on utilisera un genre d'allégorie ou de similitude. Par exemple, si l'on désire décrire la lumière ou la couleur à un aveugle de naissance, ou les plaisirs sexuels à un enfant impubère, on cherchera à s'exprimer par la comparaison et l'allégorie, ou par des exemples appropriés.
Par conséquent, si nous acceptons l’hypothèse que dans l'échelle de l'existence universelle, il existe d'immenses niveaux de réalités indépendants du monde de la matière (ce qui est effectivement le cas) et qu'à chaque génération, il ne se trouve dans l’humanité qu'un petit nombre à posséder la capacité de comprendre et d'avoir une vision de ces réalités, alors les questions relatives à ces mondes supérieurs ne peuvent être saisies à travers les expressions verbales et les modes de pensée communs. On ne peut s'y référer que par allusion et à travers des symboles.
Dieu (swt) dit dans son livre : «Oui, Nous en avons fait un Coran en langue arabe! Peut être comprendrez-vous! II existe auprès de Nous, sublime et sage, dans la Mère du livre» (Coran 43:34). (La raison ne peut le comprendre ni le pénétrer). II dit aussi: «En vérité (le Coran) est une noble prédication, (figurant) sur un prototype céleste bien gardé, que seuls les purifiés touchent» (Coran 56:77-79). Au sujet du Prophète (sawa) et de sa famille (as), il dit : «O, gens de la famille du Prophète ! Dieu veut seulement éloigner de vous toute souillure et vous purifier pleinement» (Coran 33:33).
Comme le prouve ces versets, le Coran émane de sources se situant au-delà de la compréhension de l'homme ordinaire. Nul ne peut avoir une complète compréhension du Coran, sauf ceux des serviteurs de Dieu (swt) qu'Il a choisis de purifier. Les membres de la famille du Prophète (as) figurent parmi ces êtres purs.
En un autre endroit, Dieu (swt) dit : « Ils traitent au contraire de mensonges ce qu'ils ne comprennent pas et ce dont l'interprétation ne leur est pas encore parvenue» (Coran 10:39) (faisant allusion au Jour de la Résurrection quand la vérité des choses sera connue). II dit encore: « Le jour où ce qu'il prédit arrivera, ceux qui auront auparavant oublié le livre s'écrieront : Les messagers de notre Seigneur nous avaient bien apporté la vérité» (Coran7:53).
6-Le Hadith
Le principe selon lequel le Coran atteste la validité du hadith, n'est pas discuté parmi les shi'ites ni, en fait, parmi l'ensemble des musulmans. Mais du fait de l'incapacité des premiers chefs de l’Islam à préserver et conserver le hadith, et des excès d’un groupe de Compagnons du Prophète (sawa) dans la diffusion de la littérature du hadith, le corpus du hadith en vint à rencontrer certaines difficultés.
D'une part, les califes de l'époque empêchèrent l'enregistrement écrit du hadith et ordonnèrent que toute feuille contenant un texte de hadith soit brûlée. Parfois même tout regain d'activité dans la transmission et l'étude du hadith fut interdit. De cette manière, une certaine quantité de hadiths furent oubliés ou perdus et quelques-uns furent même transmis avec un sens différent ou déformé.
D'autre part, une autre tendance prévalut chez un groupe de Compagnons du Prophète (sawa) qui avaient eu l'honneur de vivre en sa présence et d'entendre ses paroles. Ce groupe, qui était respecté par les califes et la communauté musulmane, déploya un effort intense pour diffuser le hadith. Ils poussèrent cet effort si loin que le hadith surpassa parfois le Coran et que certains versets coraniques furent considérés comme abrogés par un hadith. Les transmetteurs de hadiths parcouraient souvent de grandes distances et supportaient toutes sortes de difficultés pour recueillir une seule parole du Prophète (sawa).
Un groupe d'étrangers qui s'étaient déguisés sous les apparences de l'Islam et aussi certains ennemis à l'intérieur des rangs de l’Islam se mirent à modifier et à déformer quelques hadiths, et diminuèrent ainsi la fiabilité et la validité du hadith qui était alors entendu et connu. Les savants musulmans se mirent en quête d'une solution à ce problème. C'est ainsi qu'ils créèrent les sciences relatives à la biographie des personnalités et des chaines de transmetteurs du hadith (Ilm ur-rijal wa darayah) afin de discerner les vrais hadiths des faux.
7- La méthode shi'ite pour authentifier un hadith
Le shi'isme, en plus de la recherche d'authenticité d'une chaine de transmetteurs, considère que la corrélation du hadith avec le Coran est une condition nécessaire de sa validité. De source shi'ite, il existe plusieurs hadiths du Prophète (sawa) et des Imams (as), pourvus d'une chaine de transmetteurs authentique, qui affirment eux-mêmes qu'un hadith contraire au Coran n'a pas de valeur. Seul, un hadith en accord avec le Coran, peut être considéré comme valide.
Se basant sur ces hadiths, le shi'isme ne tient pas compte des hadiths qui sont contraires au texte du Coran. Quand aux hadiths dont l'accord ou le désaccord ne peut être établi, selon les instructions reçues des Imams, ils sont passés sous silence, sans être acceptés ni rejetés. II va sans dire qu'on trouve aussi parmi les shi'ites des personnes qui, à l'instar de certains sunnites,agissent d'après n'importe quel hadith puisé à n'importe quelle source.
8- Les principes shi'ites concernant l'obéissance au hadith
Un hadith entendu directement de la bouche du Prophète (sawa) ou d'un des Imams (as) est accepté à l'égal du Coran. Quant aux hadiths reçus par des intermédiaires, la majorité des shi'ites s'y conforme si leurs chaines de transmetteurs sont vérifiées à chaque maillon ou s'il existe une preuve sûre de leur véracité, et au cas où ils se rapportent à des principes doctrinaux exigeant connaissance et certitude, s'ils sont conformes au texte du Coran. A part ces deux genres de hadiths, nul autre hadith n'a de valeur en ce qui concerne les principes doctrinaux; le hadith non valide étant désigné comme «tradition avec un seul transmetteur» (khabar wahid). Toutefois, en ce qui concerne les règles de la «shari'ah», pour des raisons que nous avons dites, les shi'ites se conforment aussi à des hadiths généralement acceptés comme valides. On peut donc dire que pour le shi'isme, un hadith certain et définitivement reconnu est péremptoire et doit être suivi, alors qu'un hadith qui n'est pas absolument établi comme certain mais est généralement considéré comme digne de foi, est utilisé seulement dans l'élaboration des règles de la «shari'ah».
9 - Apprendre et enseigner en Islam
Acquérir la connaissance est un devoir religieux en Islam. Le Prophète (sawa) a dit: «Rechercher la connaissance incombe à chaque musulman». Selon des hadiths parfaitement garantis explicitant le sens de cette parole, la connaissance, ici, signifie les trois principes de l'Islam: l'Unicité ou tawhid, la prophétie ou nubuwat, et l'eschatologie ou Maâd.
En plus de ces principes, les musulmans sont supposés acquérir la connaissance des branches subsidiaires et le détail des lois de l'Islam selon leurs besoins personnels et les circonstances dans lesquelles ils se trouvent.
Acquérir la connaissance des principes de la religion, ne serait-ce que d'une manière sommaire, est possible, jusqu'à un certain point, pour chacun. Mais acquérir une connaissance détaillée des commandements de la religion en utilisant les documents de base du Livre et de la Sunnah et le raisonnement technique s'appuyant sur ces sources (c'est-à-dire la jurisprudence démonstrative - figh-i-istidlâli), n'est pas à la portée de chacun. Seules quelques personnes sont capables de pratiquer la jurisprudence démonstrative; aussi l'acquisition d'une telle connaissance détaillée n'est pas requise de chacun, car il n'existe aucun commandement en Islam exigeant que quelqu'un accomplisse ce qui dépasse ses capacités.
Par conséquent, l'étude des commandements et des lois islamiques par le raisonnement a été limitée, par le principe de la «nécessité suffisante» (wajib kafâi) à ceux qui ont la compétence requise et qui sont dignes d'une telle étude.
Les autres hommes, selon le principe général qui veut que l'ignorant apprenne du savant, doivent s'adresser aux hommes de science capables et dignes, appelés «mudjtahid» et «faqih». L'action qui consiste à suivre les mujtahids se nomme imitation ou taqlid.
Naturellement, cette imitation diffère de l’imitation des principes de la connaissance religieuse, laquelle est interdite selon le texte même du Coran «(Oh homme) ne suis pas ce dont tu n'as pas connaissance» (Coran 17:36). Précisons que le shi'isme ne permet pas l'imitation d'un «mudjtahid» décédé. C'est-à-dire qu'un individu qui ne connait pas la réponse à un problème par «ijtihad», doit imiter un «mujtahid» vivant et ne peut se référer au point de vue d'un «mujtahid», décédé, à moins d'avoir reçu cette indication du vivant du «mujtahid». Cette pratique est l'un des facteurs qui ont contribué à garder vivante la jurisprudence shi'ite à travers les âges. II existe toujours des personnes qui poursuivent continuellement la voie du jugement indépendant, l'ijtihad, et s'occupent d'une génération à l'autre de problèmes de jurisprudence.
En sunnisme, à la suite d'un consensus d'opinion (ijma') qui eut lieu au 4ème/10ème siècle, on décida que la soumission à l'une des quatre écoles (celle de Abou Hanifa, Ibn Mâlik, al Shâfii et Ahmad Ibn Hanbal) serait obligatoire. Le libre «ijtihad» ou l'imitation d'une école autre que ces quatre dernières (une ou deux écoles mineures qui s'éteignirent par la suite) fut interdite. II en est résulté que la jurisprudence sunnite s'est figée dans les conditions où elle se trouvait il y a environ 1100 ans. Récemment, certains sunnites se sont désolidarisés de ce consensus et se sont mis à exercer le libre «ijtihad».
10- Le shi'isme et les sciences traditionnelles
Les sciences islamiques, dont l'existence est due aux «ulamâ» qui les organisèrent et les formulèrent, sont divisées en deux catégories: les sciences rationnelles ('aqli) et les sciences traditionnelles (naqli). Les sciences rationnelles comprennent des sciences telles que la philosophie et les mathématiques. Les sciences traditionnelles sont celles qui dépendent de la transmission d'une donnée à partir d'une source, telles que les sciences du langage, du hadith, de l'histoire. Sans aucun doute, la cause essentielle de l'apparition des sciences traditionnelles en Islam réside dans le Coran. A l'exception de quelques disciplines comme l"histoire, la généalogie et la prosodie, les autres sciences traditionnelles sont toutes venues à l'existence sous l'influence du Livre Sacré. Guidés par la recherche et les discussions religieuses, les musulmans commencèrent à cultiver ces sciences, dont les plus importantes sont la littérature arabe (grammaire, rhétorique, sciences des métaphores) et les sciences faisant partie de la forme extérieure de la religion (récitation du Coran, commentaire coranique (tafsir), hadith, biographie des savants, chaines de transmetteurs des hadiths et principes de jurisprudence).
Les shi'ites jouèrent un rôle essentiel dans la fondation et l'établissement de ces sciences. En fait, les fondateurs et créateur de plusieurs de ces sciences étaient shi'ites. La grammaire arabe fut systématisée par Abu-l-Aswad al Duali, l'un des Compagnons du Prophète (sawa), et par Ali (as). Ali (as) dicta un plan d'organisation de la grammaire arabe. L'un des fondateurs de la rhétorique fut Sahib Ibn Abbad, un shi'ite, qui fut vizir des Buyides. Le premier dictionnaire arabe est le Kitab al Ayn, composé par le célèbre savant, Khalil Ibn Ahmad al Basri, le shi'ite qui fonda la science de la prosodie. Le grand maitre de grammaire, Sibuwayh, fut son élève.
La récitation coranique de Asim remonte à Ali (as) par Abdallah Ibn Abbass, qui fut le meilleur d'entre les Compagnons en ce qui concerne le hadith, et est un élève d'Ali (as). La contribution de la famille du Prophète (sawa) et de leurs associés dans le domaine du hadith et de la jurisprudence est bien connue. Les fondateurs des quatre écoles juridiques sunnites sont connus pour avoir eu des relations avec les cinquième et sixième Imams shi'ites (as). Les remarquables progrès accomplis dans les principes de la jurisprudence par le savant shi'ite Wahid Bihbahâni et suivis par Cheik Murtaza Ansari n'ont de toute évidence, jamais été égalés en jurisprudence sunnite.
"L'homme sincère est gagnant sur trois plans: Il inspire confiance, attire l'amitié et impose son respect."
"Prenez garde aux partisans de l'hypocrisie car ils s'égarent eux-mêmes, et égarent les autres. Leurs cœurs sont atteints d'infection même si, en apparence ils vous semblent sains."
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SECONDE ME'THODE : LE RAISONNEMENT INTELLECTUEL LA PENSEE RELIGIEUSE SHI'ITE SECONDE ME'THODE : LE RAISONNEMENT INTELLECTUEL
1— La pensée philosophique et théologique dans le shi'isme
On a déjà dit que le Coran tient pour légitime et approuve la pensée rationnelle, qu'il considère comme une partie de la pensée religieuse. La pensée rationnelle, dans son acception islamique, après avoir confirmé la prophétie de Mohammad (sawa) fournit des démonstrations intellectuelles de la validité de l'aspect extérieur du Coran, comme de la validité des paroles du Prophète (sawa) et de sa noble famille (as).
Les preuves intellectuelles qui aident l’homme à trouver des solutions à ses problèmes à travers la nature que Dieu (swt) lui a donnée, sont de deux sortes : démonstratives (burhan) et dialectiques (djadal). La démonstration est une preuve dont les prémisses sont vraies (en accord avec la réalité), même si elles ne sont pas observables ou évidentes. En d'autres termes, c'est une proposition que l'homme comprend et confirme nécessairement par l'intelligence que Dieu (swt) lui a donné, comme par exemple lorsqu'il sait que « le chiffre trois est inférieur au chiffre quatre ». Ce type de pensée est appelé pensée rationnelle; et lorsqu'elle se préoccupe des problèmes universels de l'existence, tels que l'origine et la fin du monde et de l’homme, on la nomme pensée philosophique.
La dialectique est une preuve dont les prémisses sont basées, en totalité ou en partie, sur des données observables: par exemple, le cas des fidèles d'une religion dont l'attitude consiste communément à prouver leurs vues religieuses à l'intérieur de cette religion en avançant les principes certains et évidents de cette dernière.
Le Coran a utilisé les deux méthodes, et plusieurs versets du Livre Sacré relèvent de ces deux sortes de preuve. Premièrement,le Coran ordonne la recherche libre et la méditation sur les principes généraux de l'ordre cosmique, ainsi que sur des ordres particuliers tels que les cieux, les étoiles, le jour et la nuit, la terre, les plantes, les animaux, les hommes, etc... II loue, dans un langage des plus éloquents, l'investigation rationnelle de ces sujets. Deuxièmement, il invite l’homme à mettre en œuvre la pensée dialectique qui habituellement est appelée discussion théologique (Kalâmi), pourvu qu'elle soit menée de la meilleure manière possible, c'est-à-dire dans le but de manifester la vérité sans querelle, et par des hommes qui possèdent les vertus morales nécessaires. II est dit dans le Coran: «Appelle (les hommes) dans le chemin de ton Seigneur par la sagesse et une belle exhortation. Discute avec eux de la meilleure manière» (Coran 16:125).
2- L 'initiative shi'ite dans la philosophie et le kalam en Islam
Quand à la théologie, Kalâm, il est clair que dès le début, quand les shi'ites se séparèrent de la majorité sunnite, ils se mirent à débattre avec leurs opposants au sujet de leur point de vue particulier. II est vrai qu'un débat a deux côtés et que les deux partis y prennent part.
Toutefois, les shi'ites prenant l'initiative, passèrent continuellement à l'offensive, alors que l'autre parti se tint sur la défensive. Dans le développement graduel du «Kalâm»,qui atteignit son apogée au 2ème/8ème siècle, avec l'expansion de l'école mu'tazilite, des savants shi'ites et des hommes de science, disciples de l'école de la famille du Prophète (sawa) furent au nombre des maitres les plus célèbres du Kalâm . Qui plus est, la chaine des théologiens du monde sunnite, qu'ils soient Asharites, Mu'tazilites, ou autres, remonte au premier Imam des shi'ites, Ali (as).
Quant à la philosophie , ceux qui connaissent les dits et les œuvres des Compagnons du Prophète (sawa) (parmi lesquels 12.000 furent enregistrés) savent qu'on n'y trouve pratiquement aucune discussion sérieuse de questions philosophiques. Seules les admirables paroles métaphysiques d'Ali (as) contiennent la pensée philosophique la plus profonde.
Les Compagnons et les savants qui les suivirent, et en fait les Arabes de cette époque en général, n'étaient pas habitués à la libre discussion philosophique. Il n'y a aucun exemple de pensée philosophique dans les œuvres des savants des deux premiers siècles. Seules les paroles profondes des Imams shi'ites, du premier et du huitième en particulier, contiennent un trésor inépuisable de méditations philosophiques. Ce sont eux qui familiarisèrent quelques-uns de leurs élèves avec cette forme de pensée.
Les Arabes ignoraient la pensée philosophique, jusqu'à ce qu'ils en connurent des exemples au 2ème/8ème siècle, par la traduction de certaines œuvres philosophiques en Arabe. Plus tard, pendant le 3ème/9ème siècle, de nombreux écrits philosophiques furent traduits en Arabe à partir du grec, du syriaque et d'autres langues et à travers ces écrits, la pensée philosophique atteignit un vaste public. Pourtant, la plupart des juristes et des théologiens ne considérèrent pas la philosophie et les autres sciences intellectuelles nouvelles venues favorablement. Au début, grâce à l'intérêt que les autorités portaient aux sciences, leur opposition n'eut pas d'effet considérable. Mais les conditions se modifièrent rapidement et des ordres très stricts conduisirent à la destruction de nombreuses œuvres philosophiques. Les E'pîtres des (Frères de la Pureté», œuvre d'un groupe d'auteurs inconnus, constituent un rappel de ces jours et attestent des conditions défavorables de cette époque. Après cet période difficile, la philosophie fut revivifiée au début du 4ème/10ème siècle par le célèbre philosophe, Abu Nasr al Farabi. Au 5ème/11ème siècle grâce à l'œuvre du très célèbre philosophe Ibn Sina (Avicenne), la philosophie péripatéticienne atteignait son plein épanouissement. Au 6ème/12ème siècle le cheikh Shihab al Din Sohrawardi systématisa la philosophie de l'Illumination (Hikmat ul ishiaq), ce qui lui valut d'être exécuté sur l'ordre de Salah-el Din Ayyubi. Par la suite, la philosophie cessa d'exister dans la majorité musulmane sunnite. II n'y eut plus de philosophe de marque, sauf en Andalousie, aux confins du monde islamique où, à la fin du 6ème/12ème siècle, Ibn Rushd (Averroês) chercha à faire revivre l'étude de la philosophie.
3- Les contributions shi'ites à la philosophie et aux sciences rationnelles
De même qu'il joua dès le début un rôle effectif dans la formation de la pensée philosophique islamique, de même le shi'isme fut un facteur essentiel dans le développement ultérieur et la diffusion de la philosophie et des sciences islamiques. Si la philosophie s'éteignit dans le monde sunnite, après Ibn Rushd, par contre elle survécut dans le shi'isme. A la suite d'Ibn Rushd, apparurent de brillants philosophes tels Khadjah Nasir al Din Tussi, Mir Damad et Sadr al Din Shirazi, qui étudièrent, développèrent et exposèrent la pensée philosophique.
De même, dans les autres sciences rationnelles apparurent plusieurs figures remarquables dont Nasir al Din Tussi (qui fut à la fois philosophe et mathématicien) et Birdjandi qui fut également un mathématicien hors pair.
Toutes les sciences et en particulier la métaphysique ou théosophie (falsafah-ya ilahi ou hikmate-ilahi) firent des progrès notables grâce aux efforts infatigables des savants shi'ites. On le constate en comparant les œuvre de Nasir al Din Tussi, Shams al Din Turkah, Mir Damad et Sadr al Din Shirazi aux écrits de leurs prédécesseurs.
4 -Pourquoi la philosophie continua-t-elle à vivre dans le shi'isme
On sait que le facteur décisif dans l'apparition de la pensée philosophique et métaphysique au sein du shi'isme, et à travers le shi'isme, dans d'autres milieux islamiques, fut l'héritage de connaissances laissées par les Imams (as). La persistance et la continuité de la pensée philosophique est due à la révérance et au respect des shi'ites pour l'héritage des Imams (as). Pour attester cela, il suffit de confronter le trésor de connaissance laissée par la famille du Prophète (as) avec les œuvres philosophiques écrites au cours des siècles. Dans cette comparaison. on constate clairement que la philosophie islamique n'a cessé de se rapprocher toujours plus, au fil des années, de cette source de connaissance jusqu'à ce qu'au 11ème/17ème siècle la philosophie islamique et l’héritage des Imams (as) convergèrent plus ou moins parfaitement. Ils ne se distinguèrent plus que par certaines différences d'interprétation relatives à quelques principes de philosophie.
5- Certaines figures intellectuelles remarquables du shi'isme
Thiqat al islam Mohammad ibn Yaqub Kulayni (m. 329/940) est la première personne au sein du shi'isme, à avoir séparé les hadiths shi'ites des livres appelés «Principes» (Usul) et à les avoir classés et organisés selon les chapitres de la jurisprudence et les articles de foi (chacun des savants shi'ites du hadith avait rassemblé les paroles qu'il avait recueillies des Imams en un livre appelé Asl ou «principe»). Le livre de Kulayni, connu sous le titre de «Kafi», se divise en trois parties: Principes, Branches et articles divers, et contient 16.199 hadiths. II constitue le livre de hadiths le plus célèbre et le plus digne de fois connu dans le monde shi'ite.
Trois autres œuvres complètent al Kafï. Ce sont le livre du juriste cheikh Saduq Mohammad Ibn Babeviyh Qommi,(m. 381/991) et les livres «Kitab el Tahdhib» et «Kitab al Istibsar», tous deux du cheikh Mohammad Tussi (m. 460/1068).
Abul qasim Jafar Ibn Hassan Ibn Yahya Hilli (m. 676/1277), connu comme le Mohaqqiq, fut un génie remarquable en jurisprudence. II est considéré comme le plus éminent juriste shi'ite. Parmi ses chefs-d'œuvre, il y a le «Kitab-i-mukhtasar-i-nafi» et le «Kitab Sharayi» qui depuis sept cents ans n'ont cessé d'être considérés avec grand intérêt et émerveillement par les juristes shi'ites.
A la suite de Mohaqqiq, nous devons mentionner Shahid-i-Awwal Shams al Din Mohammed Ibn Makki, qui fut tué à Damas en 786/1384, après avoir été accusé de professer le shi'isme. Parmi ses chefs-d'œuvre juridiques figure le Lumah-i-Dimashqiyah qu'il écrivit en prison en sept jours. Nous devons également mentionner le cheikh jafar Kashif al Ghita Nadjafi (m. 1227/1809) auteur, parmi d'autres ouvrages juridiques remarquables, du «Kitab Kachf al Ghita».
Le Cheikh Mortada Ansari Shushtari (m. 1281/1864) réorganisa la science des principes de jurisprudence sur de nouveaux fondements et formula les principes pratiques de cette science. Pendant plus d'un siècle, son école a été suivie diligemment par les savants shi'ites.
Khadjah Nasir al Din Tussi (m. 672/1274) est le premier à avoir fait du Kalam une science complète et précise. Parmi ses chefs-d'œuvre dans ce domaine, figure le Tadjrid al Kalâm qui a conservé son autorité parmi les maitres de cette discipline pendant plus de sept siècles. De nombreux commentaires en ont été écrits aussi bien par les shi'ites que par les sunnites.
Outre son génie dans la science du Kalâm, il fut une des figures les plus remarquables de son époque en philosophie et en mathématiques, comme en témoigne son apport précieux aux sciences intellectuelles. De plus, l'observatoire de Maragheh lui doit son existence.
Sadr al Din Mohammad Shirazi (m. 1050/1640) connu sous le nom de Molla Sadra ou encore Sadr al Motaallihin, fut le philosophe qui, pour la première fois, après des siècles de développement philosophique en Islam, introduisit un ordre rigoureux et une complète harmonie dans la discussion des problèmes philosophiques. II organisa et systématisa ces derniers à la manière de problèmes mathématiques, en même temps qu'il concilia philosophie et gnose, provoquant ainsi plusieurs développements importants. II donna à la philosophie de nouvelles méthodes pour aborder et répondre à beaucoup de problèmes qui ne pouvaient être résolus par la philosophie péripatéticienne. Il rendit possibles l'analyse et la solution de certains problèmes relatifs à la mystique considérée jusqu'alors comme ressortant d'un domaine supérieur à celui de la raison, dépassant la compréhension de la pensée rationnelle. II clarifia et élucida le sens de beaucoup de trésors de sagesse contenus dans les sources exotériques de la religion et dans les profondes expressions métaphysiques des Imams de la famille du Prophète (as), qui durant des siècles avaient été considérés comme des énigmes insolubles et couramment prises pour des allégories ou même pour des expressions symboliques. De cette manière, la gnose, la philosophie et l'aspect exotérique de la religion furent parfaitement harmonisés...
En suivant les méthodes qu'il avait instaurées, Molla Sadra réussit à prouver «un mouvement transsubstantiel» et à découvrir parmi d'autres principes remarquables la relation ultime du temps avec les trois dimensions spatiales, d'une manière proche du sens donné en physique moderne à la «quatrième dimension», et qui ressemble aux principes généraux de la théorie de la relativité (relativité dans le monde corporel), bien sûr, hors de l'esprit «zihn», et non dans la pensée «fikr»). II écrivit près de cinquante livres et traités . Parmi ses grands chefs-d'œuvres il y a les quatre volumes de l'Asfar.
II faut noter qu'avant Molla Sadra certains penseurs comme Sohrawardi, le philosophe du 6/12ème siècle, auteur de la «hikmat-al ishraq», et Shams al Din Turkah, un philosophe du 8ème/14ème siècle, s'étaient efforcés d'harmoniser, gnose, philosophie et religion exotérique; mais c'est à Molla Sadra que l'on doit le parfait succès de cette entreprise.
"L'homme sincère est gagnant sur trois plans: Il inspire confiance, attire l'amitié et impose son respect."
"Prenez garde aux partisans de l'hypocrisie car ils s'égarent eux-mêmes, et égarent les autres. Leurs cœurs sont atteints d'infection même si, en apparence ils vous semblent sains."
LA TROISIEME METHODE : L'INTUITION INTELLECTUELLE OU LE DE'VOILEMENT MYSTIQUE
1 - L 'Homme et la connaissance gnostique
Bien que la plupart des hommes ne se préoccupent que de gagner leur vie et de satisfaire leurs besoins quotidiens, dans un oubli total des choses spirituelles, il reste cependant dans le fond de la nature humaine un besoin inné de recherche de la Réalité ultime. Chez certains, cette force, qui habituellement sommeille, se réveille et se manifeste ouvertement, sous la forme de perceptions spirituelles.
Tout homme croit en une réalité permanente, en dépit des prétentions des sophistes et des sceptiques qui donnent à toute vérité et à toute réalité, le nom d'illusion et de superstition. Parfois lorsqu'avec une âme et un esprit purs, l’homme perçoit la réalité permanente imprégnant l'univers et l'ordre créé, et simultanément, perçoit l‘impermanence et le caractère éphémère des diverses parties et éléments du monde, il se rend apte à contempler le monde et ses phénomènes comme des miroirs qui reflètent la beauté d'une réalité permanente. La joie de saisir cette réalité efface toute autre joie aux yeux de celui qui l'éprouve et fait apparaitre toutes les autres choses comme insignifiantes.
Cette vision est d'attirance divine» (djadhibeh) de la gnose, qui attire l'attention de l'homme centré sur Dieu (swt), vers le monde transcendant et éveille l'amour de Dieu (swt) en son cœur. Par cette attraction, il oublie toutes les autres choses. Ses multiples désirs et souhaits sont effacés de son esprit. Cette attirance conduit l’homme à l'adoration et à la louange de la divinité invisible, qui en réalité est plus évidente et plus manifeste que tout le visible et l'audible. En fait, c'est la même attraction intérieure qui a amené à l'existence les différentes religions du monde, fondées sur l'adoration de Dieu (swt). Le gnostique (Arif) est celui qui adore Dieu (swt) par amour pour Lui, et non pas dans l'espoir d'une récompense ni par peur d'une punition.
De ce qui précède, il ressort clairement que nous ne devons pas considérer la gnose comme une religion parmi d'autres. La gnose est une des voies de l'adoration, une voie fondée sur la connaissance mêlée d'amour, plutôt que sur l'espérance et la peur. C'est la voie qui permet de réaliser la vérité intérieure de la religion plutôt que de se contenter de sa forme extérieure et de la pensée rationnelle. Toute religion révélée et même celles qui apparaissent sous la forme d'une adoration d'idoles, comptent des croyants qui empruntent le sentier de la gnose. Les religions polythéistes, ainsi que le judaïsme, le christianisme, le mazdéisme et l’islam, toutes comptent des croyants qui sont des gnostiques.
2- Apparition de la gnose en Islam
Parmi les Compagnons du Prophète, (les livres de Ridjâl en ont mentionné environ 12.000), Ali (as) est tout particulièrement connu pour son éloquence dans l'exposition des vérités gnostiques et des étapes de la vie spirituelle. Ses paroles, recèlent un inépuisable trésor de sagesse. Parmi les œuvres qui nous sont parvenues d'autres Compagnons, on a trouvé peu de choses en rapport avec ces questions. Parmi les proches et les disciples d'Ali (as). Salman al Farsi, Oways Qarani, Kuinayl Ibn Ziyad, Rashid Hadjari, Maytham Tammâr, sont cités par tous les gnostiques, après Ali (as).
Après ce groupe, d'autres apparurent, tels que Tâwus Yamani, Malik Ibn Dinar, Ibrahim Adham et Shaqiq Balkhi, considérés par le peuple comme des saints et des hommes de Dieu (swt). Ces hommes, sans parler explicitement de la gnose et du soufisme, se présentèrent cependant comme des ascètes et ne dissimulèrent pas qu'ils avaient été initiés par le groupe précédent et qu'ils avaient suivi une discipline spirituelle sous sa conduite.
Après eux, apparurent à la fin du 2ème/8ème siècle et au début du 3ème/ 9ème siècle, des hommes tels que Bâyazid Bastâmi, Marûf Karkhi, Djunayd Baghdâdi et d'autres qui suivirent la voie gnostique et déclarèrent ouvertement leurs liens avec la gnose et le soufisme. Ils divulguèrent certains enseignements ésotériques fondés sur la vision spirituelle, lesquels, à cause de leur forme extérieure étrange, appelèrent sur eux la condamnation de quelques juristes et théologiens. Certains d'entre eux furent emprisonnés, torturés et même parfois tués et pendus. Malgré cela, et en dépit de ses adversaires, ce groupe se maintint et poursuivit ses activités. La «voie» (tariqah) continua à se propager jusqu'aux 7ème/13ème et 8ème/14ème siècles où elle atteignit l'apogée de son expansion et de sa puissance. Depuis lors, plus ou moins forte selon les moments, elle a poursuivi son existence dans le monde islamique jusqu'à nos jours.
Il semble que les cheikhs de la gnose, tels que nous les connaissons aujourd'hui, soient d'abord apparus dans le monde sunnite et ensuite parmi les shi'ites. Il faut remarquer que même dans les traités sunnites classiques, on dit parfois que la méthode spirituelle de la «voie» ou que les «techniques» par lesquelles l'on parvient à se connaitre et se réaliser, ne peuvent être expliquées au moyen des formes extérieures et des enseignements de la shari'ah. Ces sources affirment plutôt que certains musulmans ont eux-mêmes découvert plusieurs de ces méthodes et de ces pratiques, lesquelles ont ensuite été acceptées par Dieu (swt), exactement comme c'est le fait dans le monarchisme chrétien.
Par conséquent, chaque maitre a établi certaines pratiques qu'il a jugées nécessaires à la voie spirituelle, comme par exemple la forme particulière de célébrer la cérémonie d'initiation, les détails de la manière selon laquelle une appellation est donnée au nouvel adepte en même temps qu'une robe, l'utilisation de la musique, du chant et d'autres méthodes pour provoquer l'extase pendant l'invocation du Nom divin. Dans certains cas, les pratiques de la Tariqah diffèrent de celles de la shari'ah. Mais, si l'on considère les principes du shi'isme et les sources fondamentales de l'Islam, c'est-à-dire le Coran et la sunnah, on réalise rapidement qu'il est impossible de dire que l'Islam négligerait certains aspects de l'éducation de l'homme ou qu'il exempterait certains de la pratique des obligations et lèverait les interdits pour quelques uns.
3- Instructions du Coran et de la Sunnah concernant la connaissance gnostique
Le Dieu (swt), à plusieurs endroits dans le Coran a ordonné à l'homme de réfléchir sur le Livre Sacré et de persévérer dans cet effort sans se contenter d'une compréhension superficielle et élémentaire du Livre. Dans plusieurs versets, le monde de la création et tout ce qui s'y trouve, sans nulle exception, est nommé signes (Ayât) et symboles du Divin. Un certain degré de réflexion sur le sens de ces signes et de ces merveilles et l'intelligence de leur signification réelle feront comprendre qu'ils sont le signe de quelque chose d'autre qu'eux-même. Par exemple, la vue du feu rouge placé en signe de danger rappelle l'idée du danger de sorte que si l'on commence à penser à la forme et à la qualité ou à la couleur du feu rouge, il n'y aura dans l'esprit que la forme de la lampe, du miroir ou de la couleur, et non le concept de danger. De même si le monde et ses phénomènes sont tous et sous tous les rapports des signes et des merveilles de Dieu (swt), Créateur de l'Univers, ils ne possèdent aucune indépendance ontologique par eux-mêmes. De quelque manière que nous les regardions, ils ne manifestent rien d'autre que Dieu (swt). Celui qui, grâce à l'enseignement et la direction du Coran, se rend capable de voir le monde et ses habitants avec de tels yeux, ne verra nul autre que Dieu (swt).
Au lieu de voir seulement cette beauté empruntée que les autres voient dans l'apparence attrayante du monde, il verra une Beauté Infinie.
C'est au moment de la réalisation de cette vérité que l’homme est purifié de son existence séparée et que d'un unique élan il place son cœur entre les mains de l'Amour Divin. Il est clair que cette réalisation ne s'accomplit pas à l'aide de l'œil , de l'oreille ou d'un autre sens externe, ni par la puissance de l'imagination ou de la raison, car tous ces instruments sont eux-mêmes des signes et ils sont de peu de signification en ce qui concerne la voie spirituelle ici recherchée .
Celui qui a atteint la vision de Dieu (swt) et qui n'a d'autre intention que de se souvenir de Dieu (swt) et d'oublier tout le reste, lorsqu'il entend Dieu (swt) dire dans le Coran: «0 vous qui croyez ! Vous avez la charge de vos propres âmes; celui qui s'égare ne saurait vous nuire si vous restez dans le bon chemin...»(Coran 5:105), comprend que le seul chemin royal qui le guidera parfaitement et complètement est le chemin de la «réalisation de soi». Son véritable guide, qui est Dieu (swt) Lui-même, lui enjoint de se connaitre, d'oublier toutes les autres voies et de ne rechercher que la voie de la connaissance de soi, de voir Dieu (swt) par la fenêtre de son âme, pour atteindre ainsi l'objet réel de sa recherche.
Voilà pourquoi le Prophète (sawa) a dit: «Celui qui se connait vraiment connait son Seigneur» et il a dit aussi: «Ceux qui parmi vous se connaissent le mieux possèdent la meilleure connaissance de Dieu (swt).
Quant à la méthode pour suivre cette voie, il y a plusieurs versets du Coran qui commandent à l’homme de se rappeler de Dieu (swt), comme par exemple quand il dit: «Souvenez-vous de Moi, Je Me souviendrai de vous!» (Coran 11,152).
II est également ordonné à l’homme d'accomplir des actions justes, décrites en détail dans le Coran et les hadiths. En conclusion de cette description des actions justes, Dieu (swt) dit: «Vous avez dans l'envoyé de Dieu un beau modèle pour vous» (Coran 33:21)
Comment imaginer que l'lslam puisse révéler que la meilleure voie est la voie qui mène à Dieu (swt), sans recommander cette voie à tout le monde ? Ou comment pourrait-il faire savoir qu'une telle voie existe sans expliquer la méthode pour la suivre ? Dieu (swt) dit dans le Coran : «Nous t'avons révélé le Coran comme une explication claire de toute chose» (Coran 16:89).
Allame Sayyed Mohammad Hussein Tabatabai
Salam alaykoum
"L'homme sincère est gagnant sur trois plans: Il inspire confiance, attire l'amitié et impose son respect."
"Prenez garde aux partisans de l'hypocrisie car ils s'égarent eux-mêmes, et égarent les autres. Leurs cœurs sont atteints d'infection même si, en apparence ils vous semblent sains."
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