l'islam plan de l'ensemble

l'islam plan de l'ensemble0%

l'islam plan de l'ensemble Catégorie: Les textes historiques
pages: 2

l'islam plan de l'ensemble

Catégorie:

pages: 2
visites: 1571
Télécharger: 77

illustrations:

l'islam plan de l'ensemble
  • introduction

  • histoire et géographie

  • 1 situation géographique

  • 2 avant muhammad

  • 3 petite histoire de muhammad.

  • 3.1 de la naissance au mariage.

  • 3.2 les révélations.

  • 3.3 premières prédications et hégire.

  • 3.4 débuts de l'expansion et mort de muhammad.

  • 4 la succession

  • 5 expansion de l'islam comme civilisation

  • 5.1 les omeyades d'espagne

  • 5.2 les 'abbâssides de bagdad

  • 6 la fin de l'empire islamique

  • 7 le dix-neuvième et le vingtième siècles.

  • 8 répartition des musulmans dans le monde aujourd'hui.

  • les grandes croyances de l'islam

  • 1 la foi en dieu.

  • 2 la foi aux anges.

  • 3 la foi aux prophètes.

  • 4 la foi aux livres.

  • o 4.1 les livres juifs et chrétiens.

  • 4.2 le coran

  • 4.3 les autres écrits.

  • 4.4 l'interprétation.

  • 5 la foi au jour du jugement.

  • les divisions

  • 1 le sunnisme

  • 2 le kharidjisme.

  • 3 le chiisme.

  • 4 le soufisme.

  • les pratiques

  • 1 organisation hiérarchique.

  • * 2 les cinq piliers

  • 2.1 la profession de foi (shahada).

  • 2.2 la prière (salat)

  • 2.3 le jeûne (sawm)

  • 2.4 l'aumône (zakat)

  • 2.5 le pèlerinage (hajj)

  • 3 la guerre sainte (jihad)

  • 4 autres pratiques

  • 5 l'islam comme système englobant

  • 5.1 le système d'éducation

  • 5.2 le système social et spirituel

  • 5.3 le système politique

  • 5.4 le système économique et moral

  • la femme dans l'islam

  • bibliographie

Rechercher dans le livre
  • Commencer
  • précédent
  • 2 /
  • suivant
  • Fin
  •  
  • visites: 1571 / Télécharger: 77
Taille Taille Taille
l'islam plan de l'ensemble

l'islam plan de l'ensemble

Français
introduction l'islam plan de l'ensemble

introduction
"il n'y a de dieu qu'allah et muhammad est son prophète."

présenter l'islam en quelques pages est un véritable défi. cette religion, dont la réputation en occident est entachée depuis des siècles d'une réputation tantôt de païens, tantôt de gens ne respectant pas les femmes, tantôt de meurtriers, nécessiterait beaucoup plus de nuances que celles que nous aurons le temps de faire.

nous tenterons toutefois ici d'aller à l'essentiel et de présenter, après un survol historique indispensable, les doctrines et pratiques qui font que tout humain, aux yeux de l'islam, est musulman en naissant et devrait le rester toute sa vie, impliquant que s'il ne le reste pas, il est infidèle.

l'islam est en effet bien plus qu'une religion. c'est bien sûr un ensemble de croyances et de pratiques, mais aussi une vision du monde impliquant la politique, l'économie, l'éducation etc. l'islam est un mode de vie. cependant, l'islam a tellement été adapté aux différents royaumes qui pullulent en arabie qu'il devient parfois très difficile de discerner entre les adaptations qui, la plupart du temps, nourrissent les préjugés, et la foi véritable, telle qu'enseignée par le coran

histoire et géographie
1 situation géographique
nous sommes au sixième siècle après jésus-christ. entre la mer rouge et le golfe persique, délimité au sud par l'océan indien, s'étend un plateau désertique où les conditions de vie sont très rudes. car l'arabie, essentiellement, est un désert parsemé d'oasis. d'un oasis à l'autre vivent les bédouins, pratiquant surtout l'élevage. les quelques villes se bâtissent autour de ces oasis et les plus célèbres de l'arabie de l'époque sont: yathrib, ta'if, khaybar et makka (la mecque). cette arabie du 6e siècle porte le nom de hedjaz.

2 avant muhammad
les arabes de l'époque sont divisés en tribus, elles-mêmes divisées en clans. "l'individu n'a d'existence que comme membre du clan auquel il appartient par la descendance d'un ancêtre." (grégoire, p.13) cette structure de clan et de tribus est essentiellement utilitaire car "à cause des dangers et de l'âpreté de la vie du désert, personne ne peut vivre longtemps sans la protection de son groupe d'appartenance." (grégoire, p.13)

l'ensemble de la vie est marquée essentiellement par le besoin de subsister. les gens vivent surtout d'élevage et d'agriculture. ils ne savent ni lire ni écrire. il n'y a pas non plus d'unité politique et c'est la force relative des tribus qui fait qu'une domine plutôt qu'une autre. le pouvoir change ainsi de mains au hasard de combats où les plus forts l'emportent jusqu'à ce qu'une autre tribu plus forte vienne les détrôner. et comme ces tribus sont surtout caractérisées par une grande mobilité, personne des autres grandes puissances de l'époque, perses ou byzantins, n'a jamais réussi à prendre emprise sur l'arabie qui demeure un territoire globalement libre.

un certain nombre de villes échappent à cette règle de la subsistance. c'est, entre autres, le cas de la mecque qui est au coeur du commerce international et qui est dominée essentiellement par une puissante tribu: les qoraïchites. grégoire dit justement de makka:

elle devint un centre commercial important puisque située au point de rencontre de deux routes caravanières majeures. l'une relie les ports du sud à l'égypte, la palestine et la syrie; l'autre joint les mêmes points à la mésopotamie par le désert d'arabie. les makkois deviennent riches et puissants. ils ne produisent rien mais ils assurent le transport, le financement, l'aide diplomatique et les autres activités liées au commerce. ils profitent de l'échange lucratif des biens suivants: épices, parfums, métaux précieux, ivoire, soie. cette société en transition était dirigée par une poignée de riches personnages. (grégoire, pp. 14-15)

il y a quatre personnages importants qui sont fondamentaux à cette époque. le chef de la tribu, le cheik, est élu par l'ensemble de la tribu et dirige tout. si un conflit survient, c'est un arbitre qui tranchera le débat et se prononcera en faveur de l'un ou l'autre. hormis ces deux personnages, deux autres ont un rôle de premier plan. le premier est le devin, le deuxième est le poète:

le devin, perçu comme un familier des jinns (les esprits), pouvait conseiller,aviser, prédire l'avenir. il était consulté pour toute décision importante. le poète demeure un être puissant; il peut tout aussi bien ridiculiser quelqu'un ou le louanger. considéré comme étant inspiré par quelque esprit, il chante l'amour, la haine, les combats et l'orgueil tribal. (grégoire, p. 14)

sur le plan religieux, les arabes vivent ce que l'on pourrait appeler un polythéisme agrémenté d'influences chrétiennes et juives. grégoire voit dans ces croyances du sixième siècle une "faiblesse des convictions religieuses" et une "absence de perspectives de la vie après la mort" (grégoire, p. 15)

en fait, plusieurs croyances animent les arabes. on croit par exemple que tout ce qui existe cache un esprit, que ce soient les pierres du chemin ou les arbustes du désert. on croit à certaines divinités comme ozza, l'étoile du matin, allât, la déesse du ciel, al-manat, la déesse du bonheur ou hobal, le dieu de la foudre. mais on croit surtout en un dieu supérieur à tous les autres qui n'est pas vraiment nommé puisqu'on l'appelle allah et que ce nom signifie tout simplement "dieu". c'est principalement ce dieu qui jouera un rôle important dans l'avènement de l'islam. mais il reste que globalement, aucun de ces dieux, quelque soit son importance, n'est capable de structurer chez les arabes un sens de la vie et surtout un sens de la mort.

marie-agnès malfray décrit ainsi la religion de l'époque:

culte des idoles, offrandes et sacrifices d'animaux, prières ferventes adressées à heures fixes à allah, le dieu créateur de l'univers; à allât, ozza et marât, ses filles; à hobal, le dieu de la foudre, ou à quantité d'autres statues dont les pouvoirs bénéfiques ou maléfiques sont bien connus des bédouins; la religion, sans être l'essentiel de la vie pour l'arabe de l'époque, est cependant constamment présente: les nomades croient aux esprits du désert, personnifiés, ou réifiés dans les arbres ou dans les pierres: certains de ces "djinns" lancent des sorts et des maléfices, dont la magie permet souvent de venir à bout grâce au port d'amulettes ou autres gris-gris. (malfray, p.25)

il s'ensuit que cette absence de perspective de survie après la mort et la vie rude du désert auront un impact direct sur la mentalité et le comportement des tribus. grégoire décrit ainsi ce comportement:

en raison de vues très sommaires sur la mort et l'au-delà, et du caractère éphémère d'une vie rude, les arabes tentent de tirer le maximum du présent. "mangeons, buvons, soyons heureux aujourd'hui, car demain nous mourrons", telle semble être la philosophie de vie.

l'honneur, la loyauté, la générosité, la bravoure, la virilité occupaient le sommet de l'échelle des valeurs. la moindre insulte déclenchait l'obligation de la vengeance du sang, la loyauté manifestait l'esprit du clan et la générosité théâtrale qui incluait l'hospitalité témoignait de la grandeur d'âme. (grégoire, p.16)

les arabes de l'époque sont aussi fervents des pèlerinages et la mecque jouera ici un rôle de premier plan. en effet, dans cette ville on retrouve un édifice cubique portant le nom de kaaba, construit selon la légende, par abraham et son fils ismaël et où sont situées toute une série de pierres sacrées. parmi ces pierres qui représentent les divinités des tribus, une est plus importante que les autres, c'est une pierre noire. d'ailleurs, la mecque est déjà connue dans le monde entier de l'époque sous le nom de sanctuaire de la pierre noire.

chaque année, les tribus font une trêve pendant laquelle on se retrouve à la mecque afin de pratiquer toutes sortes de rites autour de la kaaba. d'ailleurs, tous participent plus ou moins à cette fête, que ce soient les arabes ou les gens des caravanes de passage. plus tard, le fondateur de l'islam intégrera et récupérera cette pratique du pèlerinage.

3 petite histoire de muhammad.
c'est dans ce contexte polythéiste sommaire que naîtra muhammad (prononcer mohammed), celui qui changera la face de l'arabie et qui sera à la source de l'une des plus grandes religions au monde, celui que l'islam présentera comme le dernier grand prophète, le seul avant la fin des temps.

3.1 de la naissance au mariage.
c'est en 571 (ou autour de 570 du moins) que muhammad voit le jour. il fait partie par son père abd'allah d'un clan pauvre, les hâshimites, de la riche tribu des qoraïchites. placé très jeune chez une nourrice du nom de hâlima, il vit chez elle ses sept premières années de vie puis revient chez sa mère amina. une série de malheurs arrive ensuite. quelques mois après être retourné chez sa mère, amina meurt. l'enfant est alors placé chez son grand-père paternel, abd-al-muttalib qui meurt lui aussi quelques temps après. c'est alors son oncle, abou talib, qui le recueille et s'occupe de lui. c'est là qu'il sera initié à la vie du désert, aux principes moraux du temps et à la religion polythéiste caractéristique de son époque.

on ne sait absolument rien du reste de l'enfance de muhammad, sinon des légendes qui, si elles sont jolies et gentilles, ne peuvent absolument pas être assimilées à l'histoire. il faut cependant noter que ces légendes, développées bien après la mort de muhammad sont cependant caractéristiques de la vie que l'histoire lui attribue. en effet, lorsqu'un personnage important est reconnu comme tel par la postérité, ce phénomène d'embellissement de sa vie est constant. si on ne peut pas accorder de crédit historique à ces légendes, elles sont cependant un bon indicateur de la considération que les gens ont accordé à l'individu. nous citerons ici deux pages de marie-agnès malfray, exceptionnelles à cet égard.

on dit, en effet, qu'abdallah, le père, dont le hasard a voulu qu'il n'eût qu'un seul fils (le fait est très rare, car les familles sont nombreuses à ce moment-là), avait un drôle d'air le jour où il vint trouver amina sur sa couche; le voyant passer, auréolé de désir, une voisine avait bien essayé de l'attirer à elle, mais sans succès: il semblait bien pressé de satisfaire immédiatement son désir sexuel, là, tout de suite, sans tarder! sa femme, amina, l'accueillit avec tendresse et sans surprise. et lorsque tout fut consommé, il avait - dit-on - la physionomie si pleine de lumière, le visage si serein et le regard si satisfait que son attitude frappa tous les observateurs, ou plutôt... toutes les observatrices! il venait de concevoir un prophète... ! mais cela fait partie de la légende qui précise qu'amina, elle, ne s'était rendu compte de rien.

cette même légende rapporte l'anecdote suivante, survenue alors qu'il était en garde chez hâlima, la nourrice; il devait avoir cinq ans.

parti garder les moutons avec deux de ses frères de lait, mahomet vit un jour s'approcher de lui une boule de lumière dans le ciel. arrivé au sol, deux anges se présentèrent à lui, sous les yeux des autres petits garçons médusés. quand ils revinrent à la maison, mahomet était pâle comme un linge et son visage était baigné de larmes: pressé de questions, l'enfant aurait avoué que les deux anges lui avaient, l'espace d'un instant, enlevé le coeur de la poitrine; puis, l'ayant soupesé et nettoyé, ils l'avaient remis en place sans la moindre trace ni douleur autre que le saisissement, ne laissant dans son dos qu'une tache brunâtre que l'on identifiera plus tard comme le "sceau de la prophétie". là encore, il est bien normal que la fiction se mêle au réel et l'on ne saurait accorder beaucoup de crédit à des anecdotes dont l'apparition est bien compréhensive lorsqu'il s'agit de raconter la vie d'une des plus grandes figures de l'humanité. faisant suite à cette intervention angélique, voici encore l'histoire de bahîrâ, le moine-ermite, dont les arabes écoutaient avec beaucoup d'attention les oracles. un jour que son oncle l'avait emmené avec lui pour un voyage en syrie, la caravane dit halte dans l'ermitage où se trouvait bahîrâ. alors que tout le monde était occupé a se restaurer avant de repartir, bahîrâ tout à coup aperçut le jeune homme, nimbé de lumière, se détachant du milieu de la foule: aussitôt, il demanda à lui parler et à l'examiner de plus près. accompagné de son oncle, mahomet voulut bien se prêter à cette rencontre: c'est alors que le devin découvrit ce fameux "sceau de la prophétie"! effrayé et quelque peu exalté de sa découverte, l'ermite se fit un devoir de prévenir abou talib des conséquences qu'elle allait avoir pour l'enfant et son clan: "protège bien ton neveu, lui dit-il en substance, son avenir est tourmenté. ses ennemis seront nombreux et féroces, car il aura une grande mission à accomplir et tu devras l'aider. cet enfant n'est pas un enfant comme les autres." l'oncle crut-il à cette vision? c'est peu probable, mais il s'empressa sans doute de rentrer à la mecque et se mit à considérer son neveu d'un tout autre oeil... (malfray, pp. 25-27)

toujours est-il que muhammad en arriva un jour à devoir gagner sa vie. nos sources affirment qu'il était alors intelligent, diplomate et doté d'un charme exceptionnel. il cherchera du travail auprès des maîtres des caravanes. c'est ainsi qu'il rencontre, à 25 ans, une femme de 40 ans du nom de khadîjâ, riche et deux fois veuve. il travaillera d'abord pour elle puis l'épousera.

durant les 15 années qui suivent, muhammad vit heureux avec khadîjâ auprès de qui il a trouvé l'amour. il ne prendra d'ailleurs aucune autre épouse durant tout le temps que khadîjâ vivra. de ce mariage naîtront un fils et cinq filles. malheureusement, le fils et une fille mourront en bas âge, ce qui constitue une épreuve de taille dans un monde où ce ne sont que les naissances mâles qui sont valorisées.

durant ces quinze années, muhammad effectue de nombreux voyages à cause de ses fonctions de caravanier. il est alors soumis à beaucoup d'influences, notamment juives et chrétiennes. est-ce lors de ces voyages qu'il prit le goût à un peu plus que le pouvoir matériel et les plaisirs terrestres? on ne saurait dire. pourtant muhammad semble animé par une insatisfaction profonde. marie-agnès malfray le décrit ainsi:

mahomet a trente-cinq ans, et son surnom de al-amîn, "l'homme de confiance", atteste qu'il est l'un des sages de son clan: mais un peu trop idéaliste, irréaliste même. sous cette sagesse, sous cette apparente sérénité, mahomet cache un tempérament inquiet, nerveux, plein de désirs refoulés. il lui eût fallu se montrer plus retord, plus intrigant pour être à l'unisson des dirigeants mecquois, davantage avides de plaisirs et de richesse que de pensées élevées! (malfray, p.28)

toujours est-il qu'entre son travail et sa vie de famille, muhammad prend l'habitude de se retirer dans les montagnes entourant la mecque afin de méditer, réfléchir et prier. grégoire commente ainsi cette habitude:

qu'est-ce qui pouvait bien préoccuper muhammad? la faiblesse des convictions religieuses de la vie arabe, la conduite scandaleuse des riches commerçants de la makka ou la condition d'esclaves à laquelle en étaient réduits certains? l'une ou l'autre de ces constatations pouvait stimuler la réflexion de n'importe quelle intelligence sensible. a la makka, paraît-il, l'argent permettait de s'offrir tous les plaisirs et tous les abus. (grégoire, pp.20-21)

au cours de ses retraites nombreuses, muhammad trouvera un sens à son existence. un sens qui, en fait, donnera le ton à toute une civilisation et des millions d'humains.

3.2 les révélations.
au cours d'une nuit de méditation dans une grotte du mont hirâ, muhammad reçoit une révélation. malfray la raconte ainsi:

l'ange lui montre un parchemin couvert de signes et lui dit: "lis! - mais je ne sais pas lire, répond mahomet. - lis! répète la voix. - mais je ne sais pas lire, insiste le prophète. - lis!" la voix se fait de plus en plus pressante... "que dois-je lire?" cède alors mahomet, complètement bouleversé. la voix commence à lui dicter la révélation divine, paroles qui resteront sous le nom de "coran" (la récitation). enfin, avant de disparaître dans le ciel, une tradition rapporte que l'ange lui crie: "tu es l'envoyé de dieu, le messager d'allah."

cette petite phrase allait changer le destin du pieux commerçant mecquois et, avec lui, celui de millions d'hommes dans le monde.

la nuit de la révélation, appelée "nuit de la destinée", a été décrite maintes fois et de plusieurs manières. c'est la nuit du 26 au 27 du neuvième mois de l'année lunaire arabe, le mois de ramadan 612: mahomet a un peu plus de quarante ans. (malfray, p. 33)

cette première révélation ne sera pas la seule et au début, muhammad, essentiellement perturbé par ce qui lui arrive, va jusqu'à se croire fou ou possédé. cependant, appuyé par khadîjâ qui croit en l'origine divine de ces révélations, il prend de l'assurance. khadîjâ jouera d'ailleurs un rôle de premier plan dans cette révélation puisque c'est elle qui encouragera muhammad dans ses moments de découragement et qui le soutiendra tout au long de sa vie.

les révélations s'empileront pour former, au bout de vingt ans, ce que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de coran.

muhammad ne dit pas tout de suite à tout le monde qu'il est investi d'une mission divine. au début, cela se limite à quelques proches et à sa famille.

au début, seule sa femme khadîjâ, sa proche famille et quelques membres du clan ont à connaître la mission qu'allah vient de confier à mahomet et, tant que la voix ne lui en donne pas l'ordre formel, ce dernier, effrayé sans doute par l'importance du message, ne cherche pas à rendre publique son extraordinaire aventure. (malfray, p.34)

3.3 premières prédications et hégire.
pourtant, tout de même assez tôt, la voix dont on dira plus tard que c'est l'ange gabriel, lui ordonne justement d'annoncer la révélation à tous. comme muhammad demeure à la mecque entre ses voyages, c'est là qu'il commencera à prêcher. il se heurte pourtant à beaucoup de résistance. la mecque est un milieu où l'argent et les plaisirs sont plus importants que tout le reste. dans ce contexte, muhammad dérange, bouleverse l'ordre établi, et comme tous ceux qui, avant lui, ont tenté d'apporter un message impliquant un changement radical de conduite, il sera très mal accueilli.

pendant près de dix ans, muhammad prêchera sans relâche à la mecque mais ne réussira qu'à gagner à sa cause des gens qui n'ont rien à y perdre: pauvres et esclaves. seuls quelques personnes importantes se joignent à lui.

aussi les persécutions ne tardent-elles pas à suivre de près les railleries et les critiques. c'est dans une sorte de quarantaine que les premiers musulmans vont vivre avec mahomet: il y a là le converti de la première heure, le fidèle compagnon du prophète, abou bakr, un riche marchand; il y a aussi quelques jeunes gens en révolte contre leur famille et qui voient là une belle occasion de devenir contestataires actifs, des membres exaltés du clan des taym ou de zohra, un esclave affranchi du nom de bilâl, et des membres du clan, dont ali, le fils adoptif d'abou talib, cousin de mahomet: en tout quarante à cinquante fidèles. quelques uns, les plus déshérités, donc les plus persécutés, seront contraints de fuir en abyssinie, dont le négus est catholique et tolérant, lorsque les tracasseries deviendront trop pesantes. (malfray, p. 35)

plus ça va et plus il devient impossible de vivre à la mecque. muhammad est poursuivi par tous, ridiculisé. les plus vulnérables de ses fidèles (ceux qui n'ont pas d'argent), les esclaves, se font assaillir. si muhammad vit quant à lui en relative sécurité, c'est uniquement parce que le clan des haschimites dont il fait partie et dont son oncle est le chef le protège des qoraïchites. il faut mentionner ici en effet que son oncle, bien que sceptique toute sa vie face à l'authenticité du message de muhammad, le protégera tout de même.

au bout de dix ans, muhammad commence à envisager la possibilité d'aller prêcher ailleurs. c'est à cette époque qu'il fera une expérience mystique qui marquera le reste de sa vie et qui fera prendre un tournant différent à la religion islamique. cette expérience est rapportée par la tradition comme le voyage nocturne ou mi'râj. cet épisode important est raconté ainsi par du pasquier:

au cours de cette expérience mystique, le prophète fut d'abord transporté de la "mosquée sacrée", qui est la kaaba de la mecque, à la "mosquée très éloignée", en arabe al-masjid al-àqçâ, qui désigne l'emplacement du temple de jérusalem. puis, à partir du rocher sacré de l'ancien sanctuaire, il fut élevé jusqu'au septième ciel, rencontrant durant son ascension les messagers que dieu avait envoyés sur terre avant lui, notamment abraham (ibrâhîm), moïse (mûsâ) et jésus (îsâ). il accomplit la prière rituelle comme imam devant tous les prophètes, puis se retrouva seul en présence de dieu. ce fut, pour le fondateur de l'islam, la confirmation que sa mission était bien dans la ligne de la grande révélation monothéiste dont elle constituait la synthèse et la conclusion. (du pasquier, p.47 َأَقْسِطُوا إِنّ اللّهَ يُحِبّ الْمُقْسِطِينَEt si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux. Si l'un d'eux se rebelle contre l'autre, combattez le groupe qui se rebelle, jusqu'à ce qu'il se conforme à l'ordre d'Allah. Puis, s'il s'y conforme, réconciliez-les avec justice et soyez équitables car Allah aime les équitables.

cet épisode de sa vie va marquer muhammad qui, semble-t-il, prend beaucoup plus d'assurance et devient absolument convaincu que non seulement il est investi d'une mission divine, mais aussi qu'il est le dernier prophète. a partir de lui, tout est accompli, aucune autre révélation ne viendra plus s'y ajouter.

de plus, comme cette révélation s'inscrit dans la lignée de la tradition monothéiste, les juifs et les chrétiens auront toujours une place à part pour l'islam et seront tolérés puisqu'ils adorent le vrai dieu.

muhammad continue ses prédications. il est très impressionné par le fait que la plupart des gens qui se convertissent en l'entendant parler ne sont pas des gens de la mecque. beaucoup, entre autres, viennent d'une ville é-loignée du nom de yathrib.

c'est précisément cette constatation, combinée au fait que malgré la puissance de son clan sa sécurité est de moins en moins assurée à la mecque, qui pousse muhammad à s'installer dans une autre ville.

en 622, année qui deviendra marquante pour les musulmans, muhammad quitte la mecque pour s'installer à yathrib où il connaîtra un tel succès que bientôt la ville même de yathrib sera appelée la "ville du prophète", la "madînat al-nabî", médine. ce voyage de la mecque à médine sera connu dans le monde musulman sous le nom de l'hégire. plus tard, on considérera que l'islam a véritablement commencé à se répandre dans le monde à partir de l'hégire, ce qui est rigoureusement exact, et on situera l'an 1 de l'année musulmane en 622, année de l'hégire.

3.4 débuts de l'expansion et mort de muhammad.
à médine, muhammad pourra continuer à recevoir ses révélations qui s'étendront encore sur à peu près dix ans, mais il pourra surtout prêcher à des gens ouverts à ce qu'il dit. muhammad aura en outre l'occasion à médine de devenir ce qu'il n'avait pas encore pu être à la mecque, un leader politique respecté.

à médine, aussi, il pourra refaire sa vie sentimentale. il prendra alors au moins neuf femmes et trois ou quatre concubines.

à médine, donc, beaucoup ne tardent pas à se convertir et la deuxième phase de la naissance de l'islam est enclenchée. haï par beaucoup dont les qoraïchites de la mecque, suscitant la méfiance des juifs, muhammad n'a pas réglé le problème de la mecque en déménageant à yathrib. il s'est seulement installé dans une ville plus accueillante. il fait de nombreux disciples mais rien n'arrange sa situation auprès de ceux qui ne l'aiment pas. en 624, muhammad décide que le temps de la jihâd ou guerre sainte est venu. il lève une armée et, plutôt d'attendre que les ennemis prennent l'initiative ou que dieu les détruisent parce qu'ils sont infidèles, muhammad devance tout le monde et à la tête d'une armée composée de presque tous les hommes de médine, commence à multiplier les batailles.

une de ces batailles est restée célèbre. malfray la raconte ainsi:

un jour, désireux sans doute d'en finir, les qoraïchites réunissent tous les hommes de la cité, engagent des mercenaires de tout bord et partent pour médine: ils sont quelque dix mille, et tous bien armés. mahomet a eu vent de l'opération et sur le conseil, dit-on, d'un émigré perse, salmân pak, a fait creuser tout autour de l'oasis un large fossé qui empêche quiconque d'entrer dans l'enceinte de celle-ci... déconcertés, les qoraïchites, sous le commandement de abou sofyân, entament le siège de médine, résistant mal aux tirs de harcèlement des musulmans. le résultat ne tarde pas à consacrer totalement la victoire du prophète, car le siège traîne en longueur et les qoraïchites sont bien obligés de se rendre à l'évidence: on ne peut "prendre" médine, comme ils l'avaient imaginé. si tel est le cas, la preuve est faite: ce mahomet doit bien être un "envoyé de dieu". aussi les mecquois s'en furent-ils comme ils étaient venus, mais profondément ébranlés. (malfray, p.38)

cette bataille, connue sous le nom de "bataille du fossé" aura de grandes conséquences sur l'expansion de l'islam. beaucoup d'indécis se rallieront à la cause de muhammad et les conversions se multiplieront. médine deviendra une ville très importante et enrichie par les prises de guerre. muhammad y régnera en chef spirituel et politique.

autour de 628, muhammad marche sur la mecque et, plutôt que d'envahir la ville, se met à négocier avec les dirigeants. il en arrive à une entente de trêve comprenant entre autres le droit de venir en pèlerinage annuel à la mecque. c'est précisément cette entente qui lui permettra, au moment d'un pèlerinage suivant, d'entrer à la mecque à la tête de dix mille hommes sans qu'aucune résistance ne lui soit opposée. nous sommes en 630. faut-il penser que la révélation qu'apporte muhammad a soudain illuminé tout le monde? malfray voit dans cette attitude plus qu'une ferveur religieuse:

les arabes sont-ils mûrs, cette fois, pour l'islam? sont-ils lassés de cette guerre fratricide? ont-ils compris le message d'allah? ou bien la conjoncture idéologique est-elle plus favorable? il est en effet probable que beaucoup ont saisi, au long de ces années, que mahomet apporte aux arabes une solution aux luttes d'influence des chrétiens et des juifs. il est certain aussi qu'au sein des "grandes puissances" de l'époque, l'arabie du hedjaz ne peut espérer un rôle très important tant que les dissensions internes ne seront pas calmées : mahomet apporte, en quelque sorte, le moyen de donner au peuple arabe une spécificité, à la fois religieuse et philosophique, mais aussi le modèle d'une organisation sociale.(malfray, p.40)

quoiqu'il en soit des raisons de la conversion de l'ensemble des mecquois, il n'en demeure pas moins que tout à coup, l'islam se développe à une vitesse accrue. il ne reste plus à muhammad qu'à organiser comme il l'entend ce qu'on pourrait appeler sa nouvelle ville où par ailleurs il ne restera pas longtemps.

après médine, la mecque devient donc presque totalement musulmane : même abou sofyân, l'un des chefs qoraïchites les plus hostiles à mahomet, se convertit dans les premiers! oh! il y a bien les quelques bavures inévitables, lors de tout changement de régime : représailles et confiscations de biens, exécutions et exils, mais, dans l'ensemble, l'armée de mahomet et la destruction des idoles d'hier à la kaaba sont accueillies avec soulagement.

mahomet ne reste cependant que quelque temps à la mecque : sa vie est à médine. avant de repartir, il se comporte comme le feraient tous les chefs d'état du monde : il reçoit les délégations étrangères, il nomme les responsables religieux et administratifs, il détermine les lieux de culte et les rites obligatoires. il consacre la kaaba comme coeur religieux de l'islam.

bilâl, l'esclave noir affranchi de la première heure, est choisi pour sa belle voix comme muezzin (celui qui fait l'appel à la prière), et l'on décide que les prières auront lieu désormais le visage tourné vers la mecque et non plus vers jérusalem. pendant un an, mahomet organise l'islam, à la mecque et dans les provinces lointaines où il envoie des émissaires chargés de propager la foi et d'effectuer les conversions. mahomet est en relation avec presque tous les chefs d'état du proche et du moyen-orient.

puis, son oeuvre accomplie, le prophète revient à médine. l'empire islamique est né.

à partir de ce moment-là, il ne reste plus d'obstacle majeur à l'expansion de l'islam.

dès lors, plus rien ne l'arrête, et son rayonnement déborde rapidement les frontières; la rédaction du coran est presque achevée, la religion possède à la fois son livre saint, sa tradition et son chef; tout est en place, mahomet peut vieillir en prophète comblé.

et c'est ce qu'il fait. mais il est malade et se sent proche de la fin. en 632, il effectue le pèlerinage à la mecque avec toute sa famille et ses fidèles. lorsqu'il arrive à la kaaba, des milliers et des milliers de croyants attendent son discours. ce sera le dernier, mais aussi le plus riche; celui qui résume à la fois toutes ses directives et celles d'allah. dès lors, tout est dit. a l'âge de soixante ans environ, après une pénible mais rapide maladie, le 8 juin 632 très exactement, mahomet s'éteint auprès de son épouse préférée, aïcha.

le véritable destin de l'islam va s'accomplir.

4 la succession
dès la mort de muhammad va se poser l'épineuse question de sa succession. dans la tradition arabe, il est de mise que le pouvoir se transmette de père en fils, mais muhammad ne laisse aucun fils pour lui succéder.

c'est abû bakr qui prend en main la destinée de l'islam et devient le premier dirigeant, le premier calife. il ne survivra cependant pas longtemps au prophète puisque deux ans plus tard, il meurt. pourtant abû bakr avait pris soin avant de mourir de désigner son successeur. omar prendra donc la relève.

5 expansion de l'islam comme civilisation
omar régnera sur la communauté une dizaine d'années : c'est lui qui fit recenser le coran, qui fit débuter l'année musulmane à l'an 1 de l'hégire, qui fit adopter le calendrier lunaire et créa l'office de la poste, c'est lui enfin qui, par ses succès militaires, fut le principal artisan de l'expansion foudroyante de l'islam. les conquêtes ont d'ailleurs de quoi surprendre si l'on imagine les troupes musulmanes si mal armées et si peu organisées pour les victoires militaires, plus habituées aux razzias qu'aux combats réguliers; mais il faut se rendre à l'évidence: les combattants d'allah réussirent à s'annexer la syrie après une victoire sur les byzantins à yarmouk, en 634, puis jérusalem, la mésopotamie - terre fertile et largement irriguée, pays très important pour la richesse de l'islam - et, enfin, à vaincre l'ennemi héréditaire : la perse sassanide. ces campagnes étaient considérables dans leur ampleur et leur portée. galvanisés par leur succès, entretenus par leur foi, les musulmans envahirent aussi l'arménie et se rendirent maîtres des plateaux iraniens. (malfray pp. 44-45)

mais des jalousies et des luttes internes rendent difficile l'établissement d'une certaine unité au sein de l'islam. omar est assassiné en 644 et alors que tous pensaient qu'ali, un descendant de muhammad (à la fois son gendre et son cousin germain) du clan des haschimites prendrait la relève, les docteurs de la loi de l'époque nommèrent othman, gendre du prophète mais du clan des omeyades. dès lors, l'islam inaugurait une division interne qui allait bientôt aboutir à un grand schisme.

le califat d'othman fut d'ailleurs marqué par de fréquentes révoltes internes qui, sans empêcher la poursuite de la conquête musulmane de l'afrique et de la turquie, la freina tout de même passablement.

ses opposants, partisans d'ali, finirent par le faire assassiner une douzaine d'années plus tard. en 656, ali devenait le quatrième calife à régner sur l'islam mais son règne fut de courte durée puisqu'un schisme devait marquer à vie la destinée de l'islam. malfray raconte cela ainsi:

le califat d'ali fut le plus difficile des quatre; dès les premières années de son règne, ali se trouva en lutte avec la syrie, dont le cousin d'othman, mo'awiya, était gouverneur. or,ce dernier n'avait qu'une envie: prendre sa place et établir à la tête de l'état islamique les omaayyades au lieu des hachimites. les batailles et les complots se succédèrent donc entre les partisans de chacun, entre les syriens et les arabes d'arabie, les irakiens et les persans, jusqu'à la fameuse bataille décisive de siffîn, en 658.

les combattants étaient face à face et les hostilités commençaient lorsque les troupes de mo'awiya brandirent leurs lances: stupeur chez les adversaires! des feuillets du coran y étaient accrochés... comment combattre des frères ainsi protégés par l'écriture sacrée! c'était impossible... aussi les protagonistes lâchèrent-ils leurs armes et la bataille n'eut pas lieu; on eut recours à un arbitrage.

à la suite de longues tractations, mis en minorité, ali accepta de se soumettre et de laisser sa place de calife à mo'awiya. mais devant cet arbitrage qu'ils considéraient illégal, deux groupes de fidèles, ne pouvant accepter la défaite, firent scission : les kharidjites et les chiites. les kharidjites créaient le premier groupe dissident de l'islam, se considérant comme dépositaires de la légitimité musulmane, puisque dieu n'était pas intervenu dans le pseudo-arbitrage de siffîn. les chiites, de leur côté, regroupaient les partisans d'ali, décidés à rester dans l'opposition pour lutter contre de mo'awiya, rival détesté. ce vaste mouvement, dont le point de départ est la frustration d'ali, fera beaucoup parler de lui dans l'histoire de l'islam et se fixera principalement en iran. l'unité politique de l'islam se trouvait à jamais brisée.(malfray p. 49)

5.1 les omeyades d'espagne
de son côté, mo'awiya ne cesse ses conquêtes. à partir de damas qui a remplacé médine comme capitale de l'islam, il conquiert tout à tour l'afrique du nord, l'espagne, la sicile etc. c'est le début véritable de la dynastie omeyade, celle qui fera de l'islam un grand peuple et une grande nation.

avec les omayyades furent frappées les premières monnaies musulmanes, avec eux les campements des oasis devenaient de véritables villes construites autour des mosquées à l'architecture bien spécifique, autour des marchés et des souks, avec des écoles coraniques et des établissements de bains, avec, aussi, un palais gouvernemental dont l'édification mit en lumière le style musulman.

ce fut le début de la civilisation classique de l'islam. les sciences juridiques et religieuses se développèrent : l'on perfectionna le droit musulman en fonction des coutumes de chaque pays et la suprématie arabe se confirma. c'est sous la dynastie omayyade que l'islam conquit l'afrique du nord, la perse, le turkestan chinois et l'afghanistan, pénétra jusqu'en inde et, surtout, envahit l'europe par l'espagne, remontant - tous les écoliers français le savent - jusqu'à poitiers où, en 732, charles martel et les francs stoppèrent leur avance. mais si la chance sourit alors aux musulmans dans leur politique extérieure, elle ne les favorise guère à l'intérieur : les omayyades subissent l'opposition constante des arabes de médine et de tout le hedjaz, furieux d'avoir laissé déplacer la capitale et le pouvoir jusqu'en syrie. quant aux chiites, partisans d'ali, ils ne laissent pas un instant de répit au calife de damas. (malfray p. 50)

5.2 les 'abbâssides de bagdad
mais les terres musulmanes sont loin de damas et il n'est pas facile de diriger lorsqu'on est pratiquement absent de la vie musulmane. les révoltes se succèdent et viennent d'une part des chiites mais aussi de l'intérieur. en arabie, abou huslim se soulève et en 750 une nouvelle ère commence. les omeyades exterminés, un seul ayant réussi à s'enfuir en espagne d'où il continuera à faire fleurir un temps cette dynastie, une nouvelle dynastie arrive à la tête de l'islam: celle des abassides.

le nouveau calife de l'islam est un descendant de l'oncle du prophète, al-abbas; de lui naîtra la dynastie des abbassides qui, comme les omayyades, considèrent que le califat doit se transmettre de père en fils. cette dynastie régnera sur le monde musulman pendant près de cinq siècles. c'est l'époque des grandes organisations: le pouvoir central se consolide et se donne un appareil gouvernemental. le calife est entouré d'un vizir, son premier ministre, de secrétaires d'état, d'un chef de l'armée, de collecteurs d'impôts, de chambellans et de cadis (juges). des sultans et des émirs sont nommés pour gouverner dans les provinces lointaines, mais il doivent en principe allégeance au calife. c'est l'époque de construction des grandes mosquées de damas, de médine, de jérusalem, de kairouan, de cordoue, etc.

dès 762, le premier calife abbasside, al-saffah, transfère la capitale de damas à bagdad, en irak. le développement économique et culturel est spectaculaire. le commerce des étoffes, des soieries, des tapis, est connu dans le monde entier; l'artisanat du cuir, de l'or et du bois aussi. l'architecture musulmane voit fleurir un peu partout mosquées et palais somptueux, mausolées et coupoles, portails et fortifications donnant une unité de style aux diverses régions de l'islam. des philosophes comme al-fârâbi, "le platon de l'islam", puis, plus tard, avicenne, le plus célèbre des penseurs musulmans, verront le jour sous la dynastie abbasside. on construit des barrages et des routes, les villes s'édifient autour des points d'eau. l'habitat est essentiellement urbain, bien que subsiste une paysannerie plus longue à éduquer.

cette brillante civilisation a souvent été désignée comme l'âge d'or de l'islam.

les arabes sont célèbres dans le monde entier pour leur habileté de commerçants et le raffinement de leurs moeurs. des marchands vont même jusqu'en chine. la médecine déjà commence à se développer, ainsi que l'astronomie et la physique. c'est à bagdad que l'astronome al-khwarizmi invente l'algèbre. les relations internationales des souverains abbassides les mettent en correspondance avec charlemagne. dans le monde entier, on admire la civilisation musulmane : les européens ont, eux aussi, l'exemple du calife de cordoue (ce descendant de la branche omayyade, rescapé de la tuerie et réfugié en andalousie), qui règne sur tout le sud de l'espagne et sur une partie de l'afrique du nord, protecteur des arts et des lettres.

cependant, la période abbasside marque aussi le début des grandes scissions dans le monde musulman ainsi que les origines de la décadence qui va bientôt affecter les souverains et leur entourage. l'islam se trouve coupé en deux par l'existence de deux pôles d'attraction dont l'influence est presque égale, le califat de bagdad et celui de cordoue. deux mondes s'affrontent : l'orient et l'occident.

et ce n'est que le début des partages : dans chaque pays, les principautés veulent leur indépendance; les sultans sont de plus en plus autonomes : un autre califat s'installe au caire avec un souverain chiite, les guerres entre émirats et sultanats ne sont pas rares, les soulèvements dans les campagnes sont constants, les sectes et déviations religieuses se font jour un peu partout.

de 750 à 991, vingt-cinq califes abbassides se succéderont à bagdad. mais ils gouvernent de moins en moins, soit parce qu'ils sont trop jeunes, soit parce qu'ils sont trop occupés par leurs fêtes, leurs femmes et leur or. c'est donc le grand vizir (souvent ... d'origine iranienne) qui administre le pays à la place du calife, secondé par le responsable de l'armée et le collecteur d'impôt, figure bien impopulaire.

car ne n'est pas seulement l'âge d'or que celui de harûn al-ra-chid, par exemple, promu calife à vingt-trois ans et resté célèbre grâce aux contes des mille et une nuits: c'est aussi celui de la décadence. et c'est sans doute de cette époque que nous vient toute l'imagerie fantaisiste des plaisirs de l'arabie : femmes de harems, toutes plus belles les unes que les autres, gardées par des eunuques; danseuses lascives et charmeurs de serpents, amusant en permanence le calife et sa cour, environnés de parfums subtils; vaisselles en or, bijoux précieux, étoffes soyeuses, dolce vita avant la lettre pour les riches et les puissants! les moeurs persanes ont supplanté celles des arabes. cette vie de luxe, en contradiction avec la loi coranique et terriblement provocatrice pour le peuple asservi et pressuré, ne peut que mener les souverains abbassides à la catastrophe. comment peuvent-ils donner un exemple aussi déplorable, eux qui sont, selon la tradition, les successeurs du prophète? les chiites et les kharidjites ont beau jeu de se soulever. les pauvres et les opprimés trouvent facilement les leaders pour orchestrer leurs révoltes, toujours réprimées dans le sang grâce à l'armée de mercenaires que les califes ont levée pour protéger leur pouvoir.

cette décadence et ce déséquilibre social vont provoquer de nouvelles scissions dans le monde musulman: une révolution réussie rend autonome le bahrein; des royaumes indépendants s'installent en égypte et en syrie avec la dynastie toulounide, puis avec la dynastie bouyde qui "prend" bagdad en 945. d'origine iranienne, les bouyides seront les premiers à adopter pour les souverains le titre de "châhinchâh"; des bandes révolutionnaires harcèlent les califes en place : les karmates, par exemple, auront beaucoup de succès avant d'être finalement vaincus. les coups d'état chiites succèdent aux répressions sunnites, et les victoires aux défaites. la belle organisation unitaire voulue par les premiers califes pour remplacer les tribus et les clans est mise en échec.

la terre islamique est bien difficile à unifier, chaque ethnie, chaque royaume se réclamant d'un particularisme souvent légitime, religieux ou culturel: à la fin du xe siècle, le calife de bagdad est obligé de partager sa souveraineté avec les califes fatimides (branche chiite ismaélienne) installés en égypte et dans toute l'afrique du nord, les califes omayyades de cordoue, les émirs bouyides qui règnent sur l'iran et l'irak,les émirs hamdamides et samanides qui, dès 875, dominent la transoxiane et le khurasan, les zaydites qui gouvernent au yémen et, bientôt, les turcs saljoukides qui, au siècle suivant, étendront leur influence jusqu'à la mecque - cette dynastie saljoukide qui régnera en iran et au proche-orient jusqu'au début du xie siècle. (malfray, pp.52-54)

6 la fin de l'empire islamique
en europe, les chrétiens, scandalisés que jérusalem soit aux mains des musulmans, poussés par une ferveur populaire peu commune et encouragés par le pape et les rois, organisent les croisades. en 1099, jérusalem est entre leurs mains. (saladin la leur reprendra vers 1187)

c'en est fini de l'empire musulman, rongé de l'intérieur par les luttes incessantes des sectes et des dynasties, morcelé par les ambitions personnelles, démantelé par les conquêtes des envahisseurs. l'ère du califat de bagdad est moribonde: les mongols de gengis-khan, bandes sauvages qui traversent l'orient en détruisant tout sur leur passage, lui donneront le "coup de grâce". bien plus tard, les turcs ottomans se rendent maîtres de constantinople (en 1453), de l'égypte, d'une partie de l'afrique du nord et vont même jusqu'à envahir une partie de l'europe de l'est : ils domineront bientôt toute l'asie mineure, malgré les efforts de tamerlan pour faire l'unification de l'asie pour le compte de l'islam, tandis que les mongols imposeront en inde une civilisation musulmane bien spécifique que seuls les anglais parviendront à entamer trois siècles plus tard.

l'inde s'était trouvée islamisée dès le xie siècle avec la conquête du pendjab par la dynastie ghaznawide, les membres des castes défavorisées et les guerriers voyant dans l'islam un instrument de promotion sociale, élément déterminant de leur conversion. un phénomène semblable se produire au xiiie siècle en indonésie, où la propagation de la religion musulmane fut unanime et foudroyante; une grande partie de l'afrique noire sera également conquise à la religion du prophète.

au xvie siècle, le monde musulman est donc partagé et l'unification n'est plus qu'une utopie. trois grands états se partagent les territoires: les mongols en inde, les souverains selfevides (chiites) en iran, les ôttomans qui règnent sur tout le proche-orient après leur conquête de l'égypte sur les mamlouks.

c'est à partir du xvie siècle que l'on remarque le déclin culturel de la civilisation islamique et la revanche de l'occident, malgré une influence encore considérable. cette perte d'énergie du monde musulman coïncide, il faut bien le dire, avec le formidable effort d'expansion de l'europe.

incapable de progresser et de se structurer à cette période clé de son histoire, l'islam va de plus en plus se laisser envahir par les idées comme par les hommes venus de l'extérieur imposer une administration que les luttes intestines empêchaient de se maintenir et une culture qui allait bien souvent étouffer la spécificité musulmane.
si bien qu'au xviiie siècle, on ne peut plus guère parler de civilisation islamique, tant le destin de l'islam allait échapper à ceux qui en étaient les acteurs. (malfray pp. 54-55)

7 le dix-neuvième et le vingtième siècles.
il est impossible d'envisager l'islam de nos jours sans d'abord remonter au colonialisme du dix-neuvième siècle. a cette époque, les anglais, les français, les hollandais, les russes envahissent littéralement des pays qui, jusque-là, avait eu une autonomie politique certaine et une autonomie religieuse relative.

les français coloniseront l'algérie, la tunisie, le maroc ainsi que, pour un temps, une partie de l'inde. les anglais prendront finalement l'inde ainsi que le soudan et l'égypte. les hollandais s'installeront en indonésie pendant que les russes s'implanteront dans toute l'asie centrale. globalement à cette époque, c'est pratiquement l'ensemble de l'afrique, du moyen-orient et de l'extrême orient qui est sous la domination occidentale. à vrai dire, "seuls l'iran et la turquie gardent leur indépendance." (malfray, p. 122) or, la mentalité coloniale prend comme présupposé qu'un mode de vie différent est nécessairement mauvais. ainsi, dans leurs propres pays, les musulmans se retrouveront étrangers, ridiculisés, dépossédés non seulement de leurs biens mais aussi de leur identité.

la réaction ne se fera pas attendre.
bientôt les populations, dépossédées de leur identité nationale et du caractère politique et économique de leur foi, prennent conscience de leur force spirituelle et des contradictions de leur mode de vie avec l'évolution du monde moderne. une réaction contre l'influence occidentale va donc voir le jour, avec une série de mouvements musulmans de plus en plus solides visant à l'indépendance nationale pays par pays. et les deux guerres mondiales affaiblissent considérablement le prestige de l'occident qui multiplie, en outre, les agressions culturelles envers les pays de l'islam: les pressions économiques et politiques ne font que conforter les musulmans dans leur désir de chasser les envahisseurs, d'acquérir leur autonomie et de retrouver la pureté de leur religion. ce désir devait toutefois rencontrer l'obstacle du pétrole qui, tout en apportant la richesse et l'indépendance financière, provoquait en même temps la mainmise de l'étranger sur l'exploitation des ressources, ainsi que des conflits latents avec tous les pays industrialisés.

le pétrole avait jailli au milieu du désert! miracle de l'or noir, richesse insoupçonnable, le pétrole allait commencer à fai-re des siennes dès le xixe siècle... car il n'a pas fini de faire couler l'encre et d'a-limenter les pipe-lines! il fallait bien que les équipements viennent d'ailleurs, avec la technologie et l'organisation. flairant la bonne affaire, les anglais et les américains s'étaient, bien sûr, proposés tout de suite pour aider les pays en voie de développement à assurer leur économie. c'est que le coran et la loi divine ne disent pas grand-chose sur l'administration économique d'un pays. quant aux préceptes religieux, certains commençaient alors à penser qu'ils étaient de nature à freiner l'évolution d'une nation face au monde industrialisé.

chacun des pays de l'islam va donc, entre la fin du xviiie siècle et le milieu du xxe, réaliser son indépendance, son autonomie avec sa forme de gouvernement propre, et "son" islam national interprété selon des particularités territoriales.

[...]

ce n'est donc plus la loi universelle du prophète qu'il convient de considérer, mais bien plutôt son interprétation dans ces pays qui, selon les cas, s'intitulent république islamique, émirat, sultanat, empire, royauté ou république démocratique, avec toujours, pour religion officielle, l'islam, et pour dénominateur commun la "profession de foi" inscrite en article 1 des constitutions. (malfray, pp. 122-123)

8 répartition des musulmans dans le monde aujourd'hui.
* afrique
* nord 85%
* centre 40%
* sud 3%
* moyen-orient sans péninsule arabique 85%
* péninsule arabique 85%
* extrême-orient 10 à 40%
* océanie 3%
* europe 3 à 10%
* amérique du sud 3%
* amérique du nord 0,8%

1
les grandes croyances de l'islam l'islam plan de l'ensemble les grandes croyances de l'islam
1 la foi en dieu.
la foi en dieu est le coeur des croyances musulmanes.

ce dieu est le créateur de toutes choses, celui qui est seigneur de l'univers et qui le soutient. il est omniscient (sait tout) et omnipotent (peut tout). il est partout, toujours présent, arbitre par excellence du bien et du mal. par conséquent, dieu est vu en islam comme absolument transcendant mais aussi totalement immanent puisqu'il est près du fidèle, "plus près de l'être humain que la veine de son cou". (grégoire, p. 31). pour le musulman, dieu est donc l'ami fidèle, continuellement auprès de lui, mais aussi le juge de tous.

ce dieu est un (religion monothéiste) et par conséquent le seul à qui l'on doit l'adoration et même s'il a plus qu'un nom (99 noms sont organisés en litanies et servent aux prières), un seul de ces noms résume tous les autres: allah, qui signifie justement "celui-là seul à qui l'on doit adoration" (grégoire, p. 31). le début de la profession de foi musulmane indique bien cela:

la ilaha illallah: il n'y a pas d'autre dieu qu'allah.

déjà, pour les musulmans, le christianisme commet une erreur en divisant dieu en quelque sorte dans une trinité qui, pour eux, frôle l'idolâtrie. l'unité de dieu doit demeurer absolue.

en premier lieu, la reconnaissance de son unité implique la croyance aux attributs de dieu: créateur, tout-puissant, omniscient, absolument transcendant, à qui rien ne saurait être associé ni comparé, il possède toutes les qualités qu'expriment symboliquement les noms par lesquels il est désigné dans la révélation et qui sont contenus dans le premier et le plus essentiel, allâh. (du pasquier, découverte... p.88)

d'ailleurs, la faute la plus grave pour un musulman se situe dans la ligne de ce monothéisme absolu. grégoire explique cela ainsi:

la faute la plus grave pour un musulman est d'associer un partenaire à dieu. pour être certains qu'il n'y aura pas de désir d'adorer d'autre dieu qu'allah, les musulmans s'abstiennent de décorer leurs endroits de culte de tableaux d'humains ou d'animaux. s'ils prient dans un site en plein air, ils placent des objets inanimés ou des pierres devant eux comme des paravents afin qu'aucune créature vivante ne puisse entrer dans l'endroit de prosternation. (grégoire, pp. 31-32)

ajoutons enfin que la profession de foi musulmane n'est pas qu'une adhésion intellectuelle à l'idée de l'unicité de dieu. elle est d'abord et surtout une attitude: celle de celui qui reconnaît qu'il n'y a qu'un dieu et s'en remet totalement à lui.

2 la foi aux anges.
si dieu règne sur la terre, il est aussi vrai qu'il règne dans les cieux. pour les musulmans, il existe véritablement un monde invisible. celui-ci est constitué d'un ciel à sept niveaux et d'un enfer à sept niveaux également.

dans le ciel, dieu règne sur un trône au milieu des anges.

les anges sont des êtres faits de lumière, sans sexe et immortels. ils ont été créés après l'humain, la terre, le ciel et l'enfer. il existe de nombreux anges qui ont diverses fonctions. les principaux sont cités par malfray (p.77).

il y a là, essentiellement, jibril, le messager d'allah; mikaël, celui qui veille sur la nature; izraïl, l'ange de la mort, et israfil, celui qui sera chargé de claironner l'heure du jugement dernier. il y a d'autres anges aux fonctions diverses, dont les deux anges gardiens qu'allah attribue à l'homme de sa naissance à sa mort et qui sont les garants de ses bonnes et mauvaises actions. au jour du jugement ce sont ces deux anges, comptables des bons et mauvais actes, qui se repésenteront avec leurs livres en compagnie du fidèle, candidat au paradis éternel. quant à satan, qui porte le nom de iblis, il est devenu l'ange déchu à la suite de son refus de se prosterner devant le premier homme; allah l'ayant maudit, il fut condamné à errer éternellement et réussit à se concilier les grâces d'une foule de petits démons de toutes sortes, qui rappellent les "djinns" des arabes anciens et entretiennent pratiquement les mêmes superstitions qu'avant la révélation.

3 la foi aux prophètes.
pour les musulmans, il est nécessaire d'avoir des institutions pour guider les humains dans le droit chemin. laissé à lui-même, l'humain est incapable de trouver seul les réponses aux questions essentielles: qu'est-ce qu'il faut être et faire pour avoir une bonne vie sur la terre et vivre ensuite dans le bonheur et la paix pour l'éternité.

puisque l'humain est incapable de connaître cela par lui-même, c'est à dieu de le lui révéler. pour ce faire, dieu suscite des prophètes.

les prophètes sont des gens que dieu a choisi et avec qui il communique. le contenu de cette communication est la révélation.

pour l'islam, adam, abraham, noé, moïse, david et jésus sont de ces prophètes. ils ont donc été choisis par dieu et ce qu'ils ont dit était la révélation. cependant et comme nous le verrons dans la prochaine partie (4: la foi aux livres), il est difficile de savoir exactement ce qu'ils ont dit puisque cela peut avoir été altéré avec les années.

muhammad est aussi un prophète. il a également été choisi par dieu. cependant, il existe des différences importantes entre les autres prophètes et muhammad. cela est très bien exprimé par grégoire dans le texte suivant:

muhammad n'a rien de fondamentalement différent des autres prophètes. il est envoyé par dieu pour faire revivre la même vérité communiquée aux autres prophètes qui le précèdent. il n'y a pas de changement quant à ce qui lui est révélé. ce qui différencie muhammad des autres prophètes, c'est qu'il est comme le "sceau" de la prophétie. il en est le sceau dans le sens qu'il confirme l'authenticité des messages donnés par les prophètes antérieurs et également parce qu'il clot l'ère des prophéties. il n'y aura plus de prophètes après lui. dieu a exprimé à la perfection tous ses désirs et tout ce dont on a besoin jusqu'à la fin du monde dans le message révélé à muhammad. il se présente à une société humaine hautement développée de sorte que le message donné à l'humanité de ce temps-là doit combler les besoins futurs de l'humanité. toutefois, muhammad est important non seulement parce qu'il est le messager de dieu mais aussi parce qu'il se conforme aux idéaux contenus dans ce message: donc, pour les croyants, la vie de muhammad est comme un modèle à suivre. (grégoire, p. 33)

4 la foi aux livres.
4.1 les livres juifs et chrétiens.
pour les musulmans, dieu a vraiment donné des révélations avant muhammad. ces révélations ont été écrites dans des livres qui, dans leur version originale, étaient donc des livres venant directement de dieu.

ainsi, les musulmans reconnaissent que la torah du judaïsme a été dictée à moïse, que les psaumes ont été donnés à david et que les évangiles du christianisme sont une authentique révélation.

cependant, la forme originale a, selon eux, été perdue, et les versions dont on dispose actuellement sont des versions déformées des livres sacrés. par exemple, les musulmans croient que jésus avait une mission divine et qu'il est né d'une vierge. il n'est pas pour autant l'incarnation de dieu ni le fils de dieu.

les juifs et les chrétiens seront appelés "peuple du livre" et auront une considération particulière par rapport à tous les adeptes d'autres religions considérés comme des idolâtres.

4.2 le coran
dieu a donc recommencé la révélation avec muhammad en lui dictant le coran (qur'an).

rédigé en arabe, il comprend 6200 versets réunis en 114 sourates (chapitres). il est considéré comme la parole incréée de dieu, un miracle littéraire qui ne peut être imité. dicté par l'ange gabriel, il constitue l'autorité infaillible en matière de doctrines, de pratiques et de loi en général.

le coran doit donc être vénéré. on doit lui donner une place de choix dans la maison et éviter de le souiller. par exemple, lorsqu'il se trouve parmi d'autres livres, il doit être le premier sur la pile; on ne doit pas le mettre par terre ni à côté d'objets malpropres.

de plus, le mot coran signifie récitation. il est donc considéré comme un acte méritoire de l'apprendre par coeur, de le réciter, de le lire ou de le copier.

parmi les points importants du coran, mentionnons les suivants:
o la spiritualité est indispensable à l'homme
o la religion révélée à mahomet est une religion définitive
o allah appelle à la charité et à la justice
o la soumission à dieu implique la droiture et la grandeur de l'âme
o tout est possible au nom d'allah.

4.3 les autres écrits.
d'autres écrits sont aussi considérés par les musulmans comme des écrits sacrés bien qu'ils ne soient pas la parole de dieu. il en est ainsi des recueils de hadîth, qui sont les paroles du prophète transmises par une suite ininterrompue de bons musulmans connus. il s'agit de textes juridiques dont 6 recueils sont officiels.

beaucoup de ces hadith se retrouvent dans un livre nommé sunna .

la sunna regroupe et raconte en effet tous les actes, les paroles, tous les faits et gestes du prophète érigés, le plus souvent, en articles de loi (les hadith)...(malfray, p. 62)

c'est à cette source que beaucoup de musulmans puisent les normes de conduite.

il existe pourtant deux autres sources de loi tout aussi importantes: l'unanimité des docteurs de la loi (ijma) et la jurisprudence (ijtihad).

4.4 l'interprétation.
plusieurs sources peuvent se contredire. il faut donc se demander de quelle manière un musulman se retrouve dans tout ça et comment se fait l'interprétation de la volonté réelle de dieu. c'est ce que arnaldez nomme le problème de la concordance des textes.

une méthode pour retrouver la cohérence de la loi... distingue plusieurs cas. dans le premier, un texte a une signification plus restreinte que l'autre. la solution est alors très simple: on excepte ce qui a la portée la plus étendue de ce qui a la portée la plus vaste. quand une interdiction se heurte à une permission ou vice cersa, si l'interdiction est plus étendue, on en excepte la permission, et inversement. c'est la solution par l'exception. le second cas est celui où l'un des deux textes rend obligatoire ou interdit une partie de ce que l'autre rend obligatoire ou interdit. il n'y a pas alors d'opposition. ainsi, l'ordre de payer la zakât pour les animaux qui sont au pâturage, ne préjuge en rien de la règle qui concerne les autres qui sont nourris à l'étable. aussi quand un précepte identique rend la zakât obligatoire pour l'ensemble du bétail, ces deux préceptes s'ordonnent immédiatement comme le particulier au général. le troisième cas est le plus compliqué: un texte apporte un ordre déterminé; un autre apporte une défense déterminée; et une partie de chacun peut être exceptée de l'autre. par exemple, selon un hadîth, il n'est pas permis à une femme croyante de voyager si elle n'est pas accompagnée de son mari ou d'un parent à un degré prohibé (qu'elle ne peut épouser). mais le coran enseigne que le pèlerinage est obligatoire pour tous ceux qui ont les moyens de le faire. ce verset parle de la généralité des hommes et de l'obligation pour eux de faire un voyage en un lieu particulier. le hadîth parle d'une partie du genre humain, les femmes, et leur interdit les voyages en général. il y a deux solutions possibles: ou bien excepter les femmes sans maris et sans proches de la généralité des hommes et les dispenser de l'obligation du pèlerinage, ou bien excepter des voyages en général le voyage du pèlerinage à la mecque, et les femmes sans mari et sans proches parents seront autorisées à l'entreprendre. on ne peut choisir si on ne trouve pas un autre texte qui, dans sa généralité, emporte le choix. on le trouve, en l'occurence, dans cette parole du prophète: "n'interdisez pas les mosquées aux servantes de dieu". dans le quatrième cas, un texte permet ce que l'autre interdit sans exception. il n'y a pas d'accord possible. on fait alors usage de l'abrogation. il faut savoir avec certitude que l'un des textes est abrogeant et l'autre abrogé. si on peut les dater, le plus récent est l'abrogeant. sinon, on considère que celui qui exige davantage ou qui interdit davantage est l'abrogeant. l'abrogation est l'objet de désaccords... (arnaldez, pp.40-41)

5 la foi au jour du jugement.
pour les musulmans, le monde va finir un jour. cela se produira lorsque l'humanité aura atteint le plus haut niveau de dégradation, d'immoralité et d'idolâtrie. précédés par des événements funestes et effrayants, quand il n'y aura plus personne pour adorer dieu et que le monde sera au plus bas, alors israfil sonnera de la trompette et la terre explosera littéralement.

c'est alors que dieu ressuscitera les humains et qu'il procèdera à la pesée des actions. ceux qui auront été droits auront le ciel en récompense. les autres encourront le châtiment du feu de l'enfer.

il est toutefois important de mentionner ici que, pour les croyants, l'enfer ne sera pas éternel et qu'une fois purgé leur peine, ils accéderont au ciel. cependant, ceux qui n'auront pas voulu reconnaître l'unité divine y demeureront pour l'éternité.

il convient ici de décrire un peu la conception du ciel musulman. il s'agit d'un lieu où dieu accorde pour toujours toutes les joies possibles.

quant au paradis des fidèles, les descriptions les plus idylliques abondent à son sujet, car là est la récompense surpême du contrat temporel qu'allah a passé avec le croyant, humble et soumis: au paradis, plus de privations: le vin coule à flots, le miel est doux, les fleurs sont écarlates, la musique est sublime et les femmes sont belles: une sorte d'oasis dans le désert, telle que peut la décrire notre imagination poétique. les élus pourront jouir éternellement de tous leurs sens, sans la moindre retenue. toutes les descriptions ne sont d'ailleurs que métaphores, le paradis étant, lui-même, inexprimable. (malfray, p.79)

les divisions
1 le sunnisme
branche la plus nombreuse de l'islam. ce sont les musulmans orthodoxes. ils appliquent le coran et la sunna et admettent l'histoire telle qu'elle s'est déroulée après la mort du prophète. les sunnites ont toujours dirigé l'islam "dans la voie droite": ils sont les garants de sa légitimité. il y a plus de six cents millions de sunnites dans le monde. (malfray, l'islam)

chez les sunnites, on retrouve quatre écoles de pensées différentes. pourtant à travers ces écoles, il n'y a pas de différence dans les doctrines. les quelques différences portent sur l'interprétation des lois. pour chacune de ces écoles, il n'y a pas de clergé ou de hiérarchie.

2 le kharidjisme.
les kharidjites sont des descendants de ceux qui refusèrent l'arbitrage de la bataille de siffîn. ce sont des extrémistes purs, souvent terroristes et considérés comme dangereux.

3 le chiisme.
le chiisme est, après le sunnisme, la branche la plus importante de l'islam. malfray en parle ainsi:

représentant environ le cinquième de la communauté musulmane dans le monde, les chiites constituent l'une des deux grandes familles de pensée islamiques. au départ, les partisans d'ali, rejetant l'autorité des autres califes, ont fondé leur mouvement, qui repose sur l'imamat, c'est-à-dire la toute puissance de l'imam, infaillible et impeccable, à qui l'on doit obéissance et dévotion. les chiites se divisent en duodécimains (que l'on appelle aussi les imâmites), qui reconnaissent l'existence de onze imams après ali le douzième, qui a disparu, est l'"imam caché", le messie qui reviendra à la fin des temps faire régner la justice et la paix; et en ismaéliens (ou septimains) qui s'arrêtent au septième imam, ismaël, qu'ils tiennent pour leur "imam caché". les chiites pratiquent la religion musulmane avec beaucoup de rigueur et d'intransigeance; ils sont géographiquement situés essentiellement en iran, en irak et dans le sud liban. (malfray, l'islam)

ainsi, les chiites ne reconnaissent même pas les trois premiers califes, prétendant qu'ali devait nécessairement être successeur du prophète.

alors que chez les sunnites, il n'y a ni hiérarchie ni clergé, les chiites donnent une place de choix à des chefs religieux qu'on considère désignés par dieu et investis de la science divine et de la connaissance. les imâm sont donc obéis et respectés, considérés infaillibles et tout-puissants.

soulignons enfin qu'en iran, ces chefs religieux portent le nom persan d'ayatollah.

4 le soufisme.
peu connu en occident et peu nombreux dans l'islam, le souffisme est un mouvement mystique mettant l'accent sur l'ascèse et la méditation. les adeptes de ce mouvement sont appelés "pauvres" et ont la réputation de connaître des choses que la plupart des gens ignorent. le mot pauvre en arabe se dit "faqir" et c'est à travers certaines étrangetés comme les charmeurs de serpents ou les matelas de clous que l'on a connu ce mouvement en occident. la profondeur de leur pensée dépasse évidemment ces curiosités touristiques.

les pratiques
1 organisation hiérarchique.
nous ne répéterons pas ici ce que nous avons déjà vu sur les sunnites et les chiites. rappelons cependant que l'islam n'est pas une réalité monolithique et que bien des tendances existent.

c'est un fait cependant que pour la majorité des musulmans, l'islam n'est pas structuré en hiérarchie... mais ce n'est que parce que la majorité est sunnite.

2 les cinq piliers
les plus connues et les plus importantes pratiques musulmanes sont résumées dans ce que l'on nomme les cinq piliers de l'islam. ce sont là les pratiques essentielles et, "en principe", tout bon musulman devrait s'y conformer.

2.1 la profession de foi (shahada).
la profession de foi est très simple:

la ilaha illallah muhammad rasulullah

il n'y a de dieu qu'allah et muhammad est son prophète.

en principe, il suffit de prononcer ces mots pour devenir musulman.

cette profession de foi implique cependant que l'on rejette les idoles, que l'on s'engage à adorer le vrai dieu, que l'on reconnaît l'autorité des écrits de muhammad et qu'on accepte l'autorité de dieu en s'y soumettant.

cette profession de foi doit être récitée plusieurs fois par jour.

2.2 la prière (salat)
prier en islam, c'est louer dieu et implorer son aide. il y a trois types de prières différentes: les prières quotidiennes, hebdomadaires et annuelles.

les prières quotidiennes doivent être faites cinq fois par jour, n'importe où, seul ou en groupe (en groupe, c'est plus méritoire). là où c'est possible, l'appel à la prière se fait par un muezzin. on doit alors idéalement procéder à la purification de certaines parties du corps avec de l'eau, du sable ou de la terre.
elles sont faites en arabe, intégrant plusieurs postures toutes tournées vers la mecque. seuls femmes menstruées, celles qui viennent d'accoucher jusqu'à 40 jours après leur accouchement et les enfants sont exemptés de la prière quotidienne.

les prières hebdomadaires se font en assemblée le vendredi après-midi, à la mosquée. l'assemblée est dirigée par un imam et comprend un sermon et une discussion. à défaut d'imam, n'importe qui peut diriger l'assemblée le temps de la prière.

il y a deux grandes prières annuelles. une première a lieu à la fin du ramadan et l'autre deux mois et neuf jours plus tard.

2.3 le jeûne (sawm)
un mois par année, au mois lunaire du ramadan (qui peut tomber à toutes les saisons), les musulmans jeûnent. durant ce mois, pendant tout le jour et sans pour autant cesser leurs occupations ou leur travail, ils n'absorberont rien pas même de l'eau, s'abstiendront de rapports sexuels, de fumer ou de respirer des parfums. seuls 2 repas seront permis la nuit, la durée de cette nuit étant déterminée soit par la nuit réelle soit par l'heure du 45e parallèle pour ceux qui habitent au nord de celui-ci lorsque la nuit y est plus courte.

un certain nombre de personnes sont exemptées de ce jeûne: il s'agit des enfants, des vieillards, des voyageurs, des malades et des femmes menstruées, enceintes ou qui viennent d'accoucher jusqu'à quarante jours après leur accouchement.

2.4 l'aumône (zakat)
tout musulman doit faire l'aumône. deux sortes d'aumônes existent: une, volontaire (sadaqa) n'est pas quantifiée par la loi; l'autre, obligatoire, consiste à donner deux et demi pourcent de son revenu et dix pourcent des produits de la terre et des bestiaux à toute cause utile de son choix. ainsi, on peut choisir de donner à des membres plus pauvres de la famille comme pour une cause humanitaire ou pour la construction d'une mosquée, d'une école etc.

l'aumône est à la fois l'expression de la solidarité et un moyen de purification. d'ailleurs, le sens premier du mot zakat est "purification". du pasquier (découverte...,p.95) en dit ceci:

on se purifie en donnant de son bien et cela équivaut aussi à un sacrifice qui enlève l'aspect maléfique de ce qui est trop quantitatif dans les possessions terrestres de l'homme, les faisant participer au sacré éminemment qualitatif que l'islam confère à toute la vie.

2.5 le pèlerinage (hajj)
le pèlerinage est obligatoire pour tout musulman qui en a les moyens une fois dans sa vie. il se fait à la mecque le dernier mois de l'année et est interdit aux non musulmans. on considère ce pèlerinage comme une activité très méritoire et plus il y a de souffrances en chemin, plus cela devient méritoire.

une fois arrivé à la mecque, une série d'activités rituelles sont accomplies. beaucoup de ces activités tournent autour de la kaaba et du chiffre sept. la kaaba est le symbole de la maison de dieu et centre du monde (le pèlerinage, c'est se rapprocher de dieu) et symbole de l'unité de l'islam (en approchant la kaaba, il n'y a plus qu'un seul peuple). le chiffre sept est le chiffre de la perfection.

parmi ces activités rituelles, grégoire (p. 46) mentionne les suivantes:

* revêtir l'habit de pèlerin en arrivant à la makka,
* faire sept fois le tour de la ka'ba et embrasser la "pierre noire",
* boire de l'eau du puits aemzem,
* faire sept fois le trajet entre les collines de safa et de marwa,
* au mont arafat, se tenir debout et prier de midi au coucher du soleil,
* à mina, lapider satan, c'est-à-dire lancer sept cailloux sur une des trois stèles qui représentent le démon,
* sacrifier un animal à l'occasion de la fête en souvenir du sacrifice d'abraham.

grégoire complète cette description du pèlerinage par un texte éloquent sur le retour des pèlerins (p. 47)

le retour des pèlerins est un événement important. ils ont connu l'expérience suprême de leur vie, une rencontre intense de foi et de communication humaine, ce qui leur donne un grand prestige et leur confère un statut spécial dans la société. ils seront des sages qu'on pourra consulter.

3 la guerre sainte (jihad)
le terme jihad a souvent été mal compris en occident qui assimilait ce terme à certaines tueries.

le mot jihad singifie "lutte contre". certains vont le traduire par effort collectif.

contrairement à ce que certains en pensent, le jihad n'est pas un sixième pilier de l'islam. les piliers en effet sont des prescriptions individuelles et s'appliquent à tous les fidèles individuellement. le jihad est une prescription communautaire. ainsi, il n'est pas nécessaire que tous se préoccupent du jihad pour que la prescription soit remplie. il suffit que certains membres de la communauté islamique s'en préoccupent pour que les autres en soient exemptés.

le jihad est un combat, une lutte pour préserver la religion et la faire progresser. cette lutte n'est pas nécessairement armée et pas nécessairement dirigée vers l'extérieur bien que cela soit possible.

le petit jihad est effectivement dirigé contre des ennemis de l'extérieur. cela, surtout chez les extrémistes peut alors effectivement prendre l'allure d'une véritable guerre sainte où l'on veut même convertir de force ceux qui s'obstinent dans l'idolâtrie. cela peut aussi vouloir dire s'en prendre aux juifs à qui l'on reproche de se croire le peuple élu et de refuser de reconnaître que le message de muhammad confirme celui de la torah ou aux chrétiens à qui l'on reproche de se croire les seuls à être sauvés, d'avoir altéré l'évangile et ajouté certaines idées comme les idées de trinité, d'incarnation et de rédemption.

certains musulmans diront cependant que le jihad le plus important est au contraire le grand jihad où la lutte se fait de l'intérieur. il s'agit alors d'une lutte contre soi-même et ses tendances mauvaises.

4 autres pratiques
ajoutons à ces pratiques quelques autres points inégalement respectés par les musulmans mais tout de même présents:

* ne pas manger de porc,
* ne pas boire d'alcool,
* ne pas jouer à des jeux de hasard,
* ne pas pratiquer l'esclavage,
* ne pas prêter à intérêt.

5 l'islam comme système englobant
selon les musulmans, l'islam n'est pas une religion déconnectée du monde et de la vie, quelque chose qui se vivrait à côté de la vie réelle. c'est plutôt une conception de la vie et du monde qui peut avoir quelque chose à dire sur l'ensemble des activités et de l'organisation humaines. c'est un système englobant qui comprend une vision de société.

pour beaucoup, d'ailleurs, cela a débouché sur des rêves d'états islamiques et donné lieu dans certaines régions à des tyrannies plus ou moins justifiables, même aux yeux de d'autres musulmans.

5.1 le système d'éducation
l'islam a quelque chose à dire sur l'éducation puisque la base de celle-ci doit être l'apprentissage du coran et une éducation à la vie selon les principes de l'islam.

5.2 le système social et spirituel
avec ou sans état islamique, les musulmans forment une communauté soumise à dieu et sont par conséquent membres d'une certaine forme de système spirituel. dans certains endroits, il pourrait être envisageable que ce système spirituel soit assimilé à un système social. cependant, l'application de cela reste à démontrer.

5.3 le système politique
pour les musulmans, tout doit être soumis à la volonté de dieu. en partant de cela, on peut comprendre pourquoi certains ont rêvé de régimes politiques entièrement islamiques.

5.4 le système économique et moral
l'islam contient un certain nombre de préceptes économiques (par exemple le prêt sans intérêt). le musulman peut donc trouver dans l'islam des conduites économiques et morales qui lui permettent de vivre dans le monde selon la volonté de dieu.

la femme dans l'islam
on a beaucoup parlé de la place des femmes dans le système musulman. pour les occidentaux, il est inconcevable que les femmes soient "victimes" de polygamie, n'aient pas leur mot à dire dans certains dossiers réservés aux hommes ou doivent être totalement soumises à leur mari.

le film "jamais sans ma fille" a scandalisé l'occident en entier.

il faut sans doute relativiser la place de la femme dans le système musulman en affirmant d'une part que tous les hommes ne sont pas polygammes et qu'il peut arriver parfois que la polygamie soit "avantageuse" pour la femme dépourvue de certains droits fondamentaux dans certains pays.

il est clair cependant qu'il reste beaucoup à faire et que la femme musulmane est loin d'être aussi "libérée" que la femme occidentale. il faut pourtant se méfier également d'ériger nos systèmes et nos luttes comme des absolus que chaque société doit obligatoirement atteindre pour être évoluée.

bibliographie
arkoun, mohammed, l'islam, religion et société. cerf, paris 1982, 167 pages

arnaldez, roger l'islam, coll. l'horizon du croyant #4, desclée - novalis,ottawa 1988, 206 pages.

arnaldez, roger mahomet ou la prédication prophétique, coll. philosophes de tous les temps, seghers, paris 1970, 187 pages.

balta, paul l'islam dans le monde, la découverte, paris 1986, 379 pages.

collaboration, l'état des religions dans le monde,la découverte, le cerf, boréal, montréal 1987, 640 pages

collaboration, guide des religions, dauphin, paris 1981, 304 pages.

du pasquier, roger découverte de l'islam, coll. point sagesses # sa36, éditions des trois continents, 1984, 177 pages.

du pasquier, roger le réveil de l'islam, coll. bref #5, cerf - fides, 1988, 124 pages.

gardet, louis l'islam, religion et communauté, desclée de brouwer, paris 1967, 496 pages.

gardet, louis connaître l'islam, fayard, coll. je sais - je crois, 1958, 159 pages.

goursaud, nadine et julien, fabienne les grandes religions aujourd'hui monde en poche, nathan, paris 1989, 70 pages

grégoire, maurice l'islam, collection les grandes religions, guérin, montréal 1987, 63 pages.

laroui, abdalah, islam et modernité, la découverte, paris 1987, 188 pages.

malfray, marie-agnès l'islam, hachette, 1980, 187 pages.

milot, jean-rené l'islam et les musulmans, coll. regards scientifiques sur les religions, 1, fides, montréal 1975, 190 pages.

monteil, vincent l'islâm, coll. religions du monde, bloud & gay, paris 1963, 131 pages.

moubarac, y l'islam, casterman, 1962, 213 pages

rodinson, maxime mahomet, seuil, paris 1961, 383 pages

santoni, éric les religions, flash marabout 1989, 93 pages

williams, john alden, l'islamisme, coll. les grandes religions du monde, garnier frères, paris, 329 pages.

zaehner, r. c. inde, israël, islam, religions mystiques et révélations prophétiques, desclée de brouwer, 1965, 333 pages.

2