Souvenirs de l’Imâm Ali du Noble Prophète(pslf)
Souvenirs de l’Imâm Ali du Noble Prophète(pslf)
Souvenirs de l’Imâm Ali, la Paix soit sur lui, à propos du Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens
Abd ol-Karîm Tabrîzî [1]
Note
une parfaite connaissance de la personnalité du Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, constitue une nécessité indéniable pour chaque musulman; car pour comprendre les sagesses de l’Islam et suivre les prescriptions vivifiantes du Noble Envoyé, Dieu le bénisse lui et les siens, une connaissance suffisante de sa dignité et de son rang peut produire un effet adéquat.
Si nous pouvions au moins acquérir, à la mesure de notre capacité, la grandeur d’âme et les traits de la personnalité incommensurable de cet Envoyé divin et guide des musulmans, en suivant l’exemple donné par ses paroles et par ses actes, nous aurions plus de réussite et notre désir [de la vérité] en serait augmenté. Afin de connaître cette époque unique ainsi que le maître des créatures du monde, le souvenir et les paroles de son plus proche ami et du plus informé de ses disciples et de ses compagnons :‘Ali, la Paix soit sur lui, constituent le moyen le plus sûr.
Introduction
‘Ali, la Paix soit sur lui, était le gardien des secrets et le pacificateur du cœur du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. Le maître des vertueux, la Paix soit sur lui, disait au sujet de sa position élevée auprès du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens:
«و قد علمتم موضعي من رسول الله بالقرابة القريبة و المنزلة الخصيصة»[2]
«Concernant ma position auprès de l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, vous savez a quel point je possédais le lien de parenté le plus proche et la place la plus intime auprès de lui.»
Et là, il ajoute:
«Le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, à l’époque de mon enfance, me faisait asseoir dans sa pièce privée, me prenait dans ses bras, et..., parfois il plaçait les bouchées de nourriture une à une dans ma bouche.
Il n’a jamais été témoin d’un mensonge dans mes paroles ni d’une faute dans mon comportement. J’accompagnais constamment le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, comme un enfant qui est continuellement auprès de sa mère. Chaque jour, il faisait apparaître pour moi une nouvelle facette de son caractère bienfaisant et m’ordonnait de suivre son exemple.
Chaque année, le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, allait pour une période dans la grotte de Hirâ’ et personne ne le voyait en dehors de moi. A ce moment, l’Islam n’avait, en dehors de la maison du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, pris le chemin de la maison d’aucun des mecquois et le nombre des musulmans était limité aux personnalités du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, de Khadija et à la mienne.
Je voyais la lumière de la Révélation et du Message, et j’humais le parfum de la Prophétie. Lorsque la Révélation est descendue sur l’Envoyé, Dieu le bénisse lui et les siens, j’ai entendu le gémissement de Chaytân, j’ai interrogé le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens:
«يا رسول الله! ما هذه الرنة؟ فقال: هذا الشيطان قد ايس من عبادته. إنّك تسمع ما أسمع، و تري ما أري، إلّا أنّك لست بنبيّ و لكنّك وزير، و إنّك لعلي خير»[3]
«Ô Envoyé de Dieu! De qui est-ce le gémissement? Il dit: «Il s’agit du son de la lamentation de Chaytân qui est désespéré au sujet de son propre culte. [Puis il dit: «Cher ‘Ali!] Ce que j’entends, tu l’entends, et ce que je vois, tu le vois; sauf que tu n’es pas prophète, mais au contraire, tu es le vizir, le successeur, et tu marches dans la voie du bien.»
Maintenant, considérant la place élevée du Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, voyons maintenant ses souvenirs et ses paroles au sujet des fonctions, de la biographie et de la tradition du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens.
L’ascétisme et la vie simple du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens
L’ascétisme et la vie simple font partie des actes louables qui sont la cause de bien des perfections spirituelles au sein de l’existence de l’homme. Parmi les qualités les plus évidentes ayant donné la réussite aux envoyés divins lors de la question de la transmission de la Religion et du Message divin en direction des oreilles des gens de ce monde, se trouvaient leur ascétisme et leur vie simple. Les envoyés divins croyaient que:
«إنّ الله عزّوجل فرض علي أئمة الحق أن يقدّروا أنفسهم بضعفة الناس؛ كيلاً يتبيغ بالفقير فقره»[4]
«Dieu le Victorieux a rendu obligatoire pour les Imâms justes le fait de se mettre à la hauteur des faibles afin que la pauvreté ne contraigne pas les nécessiteux à la révolte.»
Le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, mentionne cette spécificité dans la biographie prophétique et explique que:
«قضم الدنيا قضماً، و لم يعرها طرفاً. أهضم أهل الدنيا كشحاً، و أخمصهم من الدنيا بطناً. عرضت عليه الدنيا فأبي أن يقبلها، و علم أنّ الله أبغض شيئاً فأبعضه» [5]
«Le Prophète n’a tellement pas profité de ce monde qu’il n’a pas rempli sa bouche ni ne l’a contemplé (ce monde), ne serait-ce que du coin de l’œil. Ses deux flancs étaient plus enfoncés que ceux des gens et son ventre était celui qui était le plus vide.
Ils lui ont offert ce monde mais il n’a pas accepté, et il tenait pour ennemi tout ce sur quoi il ressentait l’inimitié divine. »
L’Imâm, dans la suite de ses sermons, a parlé de la vie simple et sans cérémonie du Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, disant:
«و لقد كان3 يأكل علي الأرض، و يجلس جلسة العبد، و يخصف بيده نعله، و يرقع بيده ثوبه، و يركب الحمار العاري، و يردف خلفه، و يكون الستر علي باب بيته فتكون فيه التصاوير فيقول: يا فلانة ـ لإحدي أزواجه ـ غيّبيه عنّي فإنّي اذا نظرت اليه ذكرت الدنيا و زخارفها» [6]
«Le Noble Envoyé de l’Islam mangeait constamment sur le sol et s’asseyait comme les serviteurs, il rapiéçait ses chaussures de sa propre main, cousait ses vêtements, montait un âne non sellé et non équipé, faisant monter quelqu’un d’autre avec lui.
[Un jour, il réalisa qu’un] tissu orné d’une représentation avait été suspendu sur le pas de la porte de sa maison. Il dit à l’une de ses épouses: «Éloigne ce tissus de ma vue car chaque fois que mon regard tombe sur lui, je tombe dans le souvenir de ce monde et de ses ornements. »
«فما أعظم منّة الله عندنا حين أنعم علينا به سلفاً نتّبعة، و قاعداً نطأ عقبه! و الله لقد رقّعت مدرعتي هذه حتّي استحييت من راقعها»[7]
«Qu’elle est grande la grâce que Dieu l’Immense nous a octroyée avec l’envoi d’un tel Prophète; un grand guide derrière lequel nous devons marcher et dont nous devons poursuivre la voie. J’en jure par Dieu! Moi aussi j’ai tellement rapiécé cette tunique de laine que j’en suis devenu honteux. »
Dans un autre sermon, l’Imâm expose ainsi la vie pieuse et sans artifices du Noble Envoyé de l’Islam:
«قد حقّر الدنيا، و صغّرها، و أهون بها، و هوّنها، و علم أنّ الله زواها عنه اختياراً، و بسطها لغيره احتقاراً، فأعرض عن الدنيا بقلبه، و أمات ذكرها عن نفسه» [8]
«[Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens] a vu ce monde petit et l’a ainsi fait apparaître aux autres, il l’a considéré comme sans valeur et a fait également comprendre aux autres son caractère vil et dénué de prix. Il savait que Dieu, par [respect, connaissance de la valeur de sa personnalité] et pour le choisir, a éloigné ce monde de lui et l’a offert aux autres, du fait de son caractère insignifiant. Pour cette raison, il a détourné son cœur et son âme de l’amour de ce monde et a purifié son existence du souvenir de ce monde. »
Le Maître des gnostiques a décrit les usages prophétiques éloignés du luxe et des cérémonies mondaines, il poursuit ainsi son discours:
«خرج من الدنيا خميصاً، و ورد الآخرة سليماً، لم يضع حجراً علي حجر حتي مضي لسبيله» [9]
«Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, a quitté ce monde avec la faim au ventre, il est entré dans l’Au-delà avec un corps sain et une âme saine. Il n’a pas bâti de palais somptueux, jusqu’à ce qu’il trépasse. »
Il est convenable de citer ici un hadith au sujet de la vie pieuse du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens:
«Zayd ibn Hârith a rapporté qu’un jour l’Envoyé de Dieu était endormi sur une natte et les marques rugueuses de la natte avaient marqué son corps béni. ‘Aïcha eu pitié et lui dit:
«Ô Envoyé de Dieu! Le Khosrow et le Qaysar (les rois d’Iran et de Rome) ont de larges pays en leur pouvoir et jouissent de toutes les façons des grâces de ce monde. Mais toi qui es l’Envoyé de Dieu et le Messager divin, tu as les mains vides de toutes choses au point que tu te reposes sur une natte et que tu portes des vêtements de peu de prix!»
L’Envoyé, Dieu le bénisse lui et les siens, dit: «‘Aïcha! Qu’imagines-tu? Si je le veux, les montagnes se changent en or et se mettent en mouvement avec moi. Un jour, Jabra’îl est descendu vers moi et m’a remis la clef de la réserve et des trésors du monde, mais je ne l’ai pas acceptée. » [10]
«Ensuite, le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, afin de montrer ouvertement cette vérité à ‘Aïcha, lui dit: «Ô ‘Aïcha! Lève la natte!» Elle exécuta son ordre et à chacun de ses coins, elle vit tant d’or qu’un homme n’aurait pas pu le porter seul. Il dit ensuite à Aïcha:
«Regarde! Observe cet or de près, mais sache que ce monde ainsi que toutes ses beautés enchanteresses et apparentes n’ont, du point de vue de Dieu l’Immense, pas plus de valeur que l’aile d’un moustique.» Après cela, les fragments d’or furent soustraits aux regards.»
Bien entendu, il est évident que le fait de jouir de ce monde pour l’Au-delà ne constitue pas une chose abominable, c’est au contraire l’amour de ce monde s’opposant à celui de l’Au-delà et aux valeurs spirituelles qui est inacceptable.
Une droiture sans égal
Le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dans la voie de la diffusion des sagesses divines et de son Message céleste a tellement connu de tourment et de persécution, a supporté tant de problèmes et de difficultés qu’aucun des guides divins ne s’est autant que lui trouvé en butte à des obstacles à la voie de la Prophétie. C’est pour cette raison qu’il disait constamment:
«ما أوذي نبيّ مثل ما أوذيت»[11]
«Aucun prophète n’a comme moi été l’objet du tourment et de la persécution. »
Dans certains versets coraniques, les problèmes et les difficultés du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, ont été exposés. Il est dit dans la sourate «Hijr»:
«و قالوا يا أيّها الذي نزّل عليه الذكر إنّك لمجنون» [12]
Ils ont dit: «Ô toi, sur qui on a fait descendre le Rappel! Tu es sûrement un possédé!»
Or le Noble Envoyé de l’Islam, face aux problèmes et aux difficultés, s’est tenu droit comme une montagne solide, il a persisté sur ses messages divins et n’a pas courbé l’échine un seul instant.
Pour cette raison, le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, dans La voie de l’éloquence (le Nahj ol-Balâgha), à l’aide de belles expressions, fait l’éloge de sa droiture sans égal et dit:
«دعا الي طاعته، و قاهر أعدائه جهاداً عن دينه، لا يثنيه عن ذلك إجتماع علي تكذيبه، و إلتماس لإطفاء نوره»[13]
«Il a invité [les hommes] à la soumission à Dieu, a combattu les ennemis de Dieu dans la voie de la Religion, ayant été vainqueur sur tous. La propension des ennemis à l’accuser de mensonge ne l’a pas empêché d’accomplir son devoir en Dieu et l’effort des opposants en vue d’éteindre la lumière de la Prophétie n’ont pas porté leurs fruits. »
Face aux ennemis opiniâtres
‘Ali, la Paix soit sur lui, dans un de ses sermons fait référence à l’opiniâtreté des ennemis du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, et rapporte ainsi un exemple de ses paroles, de sa droiture et d’une confrontation aux ennemis entêtés et irraisonnables de l’Islam, dont il a été lui-même témoin:
«Un jour, j’étais en présence du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, auprès de qui les chefs de Qoraïch étaient venus et disaient: «Ô Mohammad! Tu as eu une prétention qu’aucuns de tes pères et ancêtres n’ont eue. Nous voulons un miracle de ta part; si tu le prends à ta charge, il apparaîtra que tu es réellement l’Envoyé de Dieu, et si tu ne le peux pas, nous comprendrons que tu es un devin et un menteur! Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dit:
«Que voulez-vous?»
Ils dirent:
«Dis à cet arbre de s’arracher du sol et de venir auprès de toi!» Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dit:
«أن الله علي كل شيء قدير؛ فان فعل الله لكم ذلك أتؤمنون و تشهدون بالحق» [14]
«Dieu est puissant sur toute chose, maintenant, si Dieu le Très-haut accomplit cet acte pour vous, allez-vous croire et témoigner à propos de la vérité? »
Ils dirent: «Oui.» Le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, désigna alors l’arbre et dit:
«يا ايّتها الشجرة! ان كنت تؤمنين بالله و اليوم الآخر و تعلمين أنّي رسول الله، فانقلعي بعروقك حتي تقفي بين يدّي بإذن الله»
«Ô arbre! Si tu as foi en Dieu et en le Jour de la Résurrection et si tu sais que je suis le Prophète de Dieu, déracine-toi et sur l’ordre de Dieu, prends place auprès de moi.»
J’en jure par Dieu, qui a missionné le Prophète! L’arbre fut coupé de ses racines et avec un grand bruit, pareil au son des battements d’aile des oiseaux, ou au bruit que font en se touchant les branches des arbres entremêlés, se tint face au Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, de sorte que certaines de ses longues branches se posent sur l’épaule du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, et que certaines prennent place sur mon épaule également, tandis que je me tenais à la droite du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens.
Lorsque les polythéistes, absolument stupéfaits, furent témoins de ce miracle céleste, ils dirent avec une incroyance, une obstination et une opiniâtreté toutes particulières:
«Ordonne à l’arbre de faire que sa moitié vienne plus avant et que son autre moitié reste à sa place!»
Sur l’ordre du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, une moitié de l’arbre, d’une manière surprenante, se sépara de son autre moitié et dans un bruit étrange, se rapprocha du Prophète, Dieu le bénisse lui et le siens, montrant qu’il voulait se tenir éloigné du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. Or les ennemis polythéistes et arrogants du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dirent:
«Dis à l’arbre de revenir à son état initial!»
Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, du fait de sa bénédiction céleste, fit revenir l’arbre à son état initial.
J’ai dis à ce moment:
«لا اله الا الله، إنّي أوّل مؤمن بك يا رسول الله، و أوّل من أقرّ بأن الشجرة فعلت ما فعلت بأمر الله تعالي؛ تصديقاً بنوّتك و إجلالاً لكلمتك» [15]
«Nul dieu hormis Dieu. Ô Envoyé de Dieu! Je suis le premier à avoir eu foi en toi ainsi que le premier à témoigner que l’arbre, avec la permission de Dieu, a accompli ce que tu lui as demandé afin de prouver ta prophétie et de montrer ta grandeur auprès de Dieu.»
Or les chefs opiniâtres des mécréants dirent:
«Il est un devin menteur disposant d’une magie étonnante, il est très habile dans ce qu’il fait.»
Et ils dirent à l’Envoyé de Dieu:
«Quelqu’un d’autre que ‘Ali croira-t-il à ta prophétie?»
Invitation de la parenté
Le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, a exposé ses souvenirs de l’époque des premiers temps de l’Islam en des occasions appropriées. Un de ses souvenirs les plus importants concerne le jour où le Noble Envoyé de l’Islam a été missionné de la part de Dieu le Très-haut afin d’inviter ses proches parents à l’Islam. Le Commandeur des croyants rapporte ainsi l’événement de ce jour:
Lorsque le verset:
«و أنذر عشيرتك الأقربين»[16]
«Avertis tes parents les plus proches.»
est descendu sur le Prophète, il nous fit appeler et dit: «Dieu m’a ordonné d’avertir mes parents et mes proches et de leur faire craindre le châtiment de l’Enfer. Je me suis trouvé face à une difficile obligation, sachant que si je les appelais à l’Islam, je n’allais pas recevoir une réponse positive. C’est pourquoi je suis resté silencieux et ai gardé ce secret dans mon cœur, jusqu’à ce que Jabra’îl vienne et dise:
«يا محمّد! إنّك ان لم تفعل ما أمرت به عذّبك ربّك»
«Ô Mohammad! Si tu n’accomplis pas ce qui a été ordonné, Dieu te châtiera.»
Maintenant c’est à toi ‘Ali! Prépare un repas avec une mesure de blé et un gigot, et verse aussi du lait dans un récipient! Ensuite, appelle tous les enfants de ‘Abd al-Mottalib afin qu’ils viennent auprès de moi, de sorte à ce que je leur parle et leur fasse parvenir le Message divin.»
J’ai accomplis ce que le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, avait ordonné et j’ai invité les enfants de ‘Abd al-Mottalib. Ce jour-là, environ quarante personnes vinrent en présence du Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. Les oncles du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dont Abû Tâlib, Hamza, ‘Abbâs et Abû Lahab étaient visibles parmi eux. A ce moment, l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, me dit:
«Ô ‘Ali! Apporte le repas que tu as préparé!»
J’ai apporté le repas. Lorsque je l’ai posé sur le sol, le Prophète a dit: «Je vous en prie! Mangez par le nom de Dieu!» Ils mangèrent de ce repas béni jusqu’à ce qu’ils soient complètement rassasiés. Puis ils burent tous de ce lait également et partirent.
Le jour suivant également, le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, me dit: «Une fois encore, prépare le même repas qu’hier et invite les enfants de ‘Abd al-Mottalib!» J’ai agi de la sorte. Lorsque les invités furent prêts, eurent mangé comme la veille et furent complètement rassasiés, le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, leur dit:
«Ô fils de ‘Abd al-Mottalib! J’en jure par Dieu! Parmi tous les jeunes arabes, je n’en ai pas trouvé personne qui ait offert aux siens quelque chose de mieux et de meilleur que ce que je vous ai offert. Je vous ai offert le bien de ce monde et de l’Autre monde, et Dieu m’a ordonné de vous inviter à l’Islam. Maintenant, lequel d’entre vous m’aidera dans cette affaire, afin qu’il soit mon frère, mon représentant et mon lieutenant parmi vous?»
Les oncles et les cousins du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, tinrent leurs lèvres fermées et ne dirent mot. Moi qui parmi eux était le plus jeune, je dis:
«Ô Envoyé de Dieu! Je serai ton soutien.» L’Envoyé de Dieu prit alors ma main et dit:
«إنّ هذا أخي و وصيّي و وزيري و خليفتي فيكم، فأسمعوا له و أطيعوا» [17]
«Voici ‘Ali! Il sera mon frère, mon représentant et mon successeur parmi vous. Écoutez ses ordres et obéissez-lui!»
Une nuit de la destinée
Après le pacte de la seconde ‘Aqaba[18], les polythéistes de Makka (La Mecque), lors du conseil dit «Dâr al-Nadwa» [19], prirent une décision dangereuse au sujet de l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens.([20]
Alors qu’ils avaient fermé la sortie principale de Makka, la nuit convenue, ils se levèrent dans l’intention de mettre en œuvre leur sinistre plan – le meurtre du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens -. Pour cette même raison, le Noble Envoyé de l’Islam, Dieu le bénisse lui et les siens, conformément à un ordre divin, partit pour une mission, tandis que ‘Ali, la Paix soit sur lui prit sa place, et sortit de Makka. Aussi, ‘Ali, la Paix soit sur lui, obéissant à l’ordre de Dieu et du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dormit sur la couche du Prophète et en trompant Qoraïch, permit à l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, de quitter Makka à la faveur de l’obscurité de la nuit.[21]Pour les biographes, la nuit durant laquelle ‘Ali, la Paix soit sur lui, dormit sur la couche du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, avec une parfaite connaissance du danger relatif à son propre assassinat, marchant avec passion vers la couche afin de sauver la vie de son dirigeant bien aimé, a pris le nom de «nuit de al-Mabit».
‘Ali, la Paix soit sur lui, le maître des vertueux, rapporte ainsi le récit de la destinée de cette nuit:
«L’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, me fit mander cette nuit là et dit: «Cher ‘Ali! Ceux de Qoraïch ont comploté afin de me tuer et il est décidé qu’ils passent à l’acte ce soir. Dors sur ma couche afin que je sorte de Makka, ceci est un ordre divin qui m’a été transmis.»
J’ai dis sans la moindre hésitation:
«Soit! J’obéis.»
La nuit de l’événement, j’ai dormi sur la couche de l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens. Comme le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, l’avait dit, les polythéistes de Makka, la nuit venue, assiégèrent sa maison. L’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, sur l’ordre de Dieu le Très-haut, sortit de la maison dans la nuit. Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, tandis qu’il récitait ce verset:
«و جعلنا من بين ايديهم سدّاً و من خلفهم سداً فأغشيناهم فهم لا يبصرون» [22]
«Nous placerons une barrière devant eux et une barrière derrière eux. Nous les envelopperons de toutes parts pour qu’ils ne voient rien.»
passa devant eux et les assaillants ne virent rien de sa sainte existence.
C’était les prémices de l’aube lorsqu’ils envahirent la maison, et imaginant que j’étais Mohammad, Dieu le bénisse lui et les siens, ils se précipitèrent en direction de la couche. A ce moment, avec un sang-froid total, j’ai écarté la couverture et relevé la tête. En voyant cela, dans le plus grand étonnement, ils s’invectivèrent mutuellement et dirent:
«‘Ali!» Je dis: «Oui.» Ils dirent: «Mais alors, où est Mohammad?» Je dis: «Il est sorti de votre ville.» Ils demandèrent: «Il est allé de quel côté?» Je dis: «Dieu est plus savant.» Ils me laissèrent et sortirent de la maison du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens…» [23]
Conformément aux dires des rapporteurs de hadiths et des commentateurs du Coran, le verset:
«و من الناس من يشري نفسه إبتغاء مرضات الله»[24]
«Il en est un, parmi les hommes, qui s’est vendu à lui-même pour plaire à Dieu.»
est descendu au sujet du dévouement de ‘Ali, la Paix soit sur lui, lors de la «nuit de al-Mabit».[25]
Ali, la Paix soit sur lui, sur les épaules du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens
L’Imâm ‘Ali, la Paix soit sur lui, un jour où il argumentait avec les gens de Madina, les auxiliaires et les compagnons du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, et défendait sa wilaya et sa waciya, dit dans un sommet de sa plaidoirie:
«فهل فيكم أحد حمله رسول الله علي كتفه حتي كسر الأصنام التي كانت علي الكعبة غيري؟ قالوا: لا»[26]
«[Ô musulmans!] «Y a-t-il quelqu’un parmi vous à part moi que l’Envoyé de Dieu aurait hissé sur ses épaules afin de faire tomber les idoles des polythéistes du toit de la Ka‘ba?» Ils dirent: «Non.»»
Le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, narre lui-même de cette manière cet événement:
«Une nuit, le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, m’a invité chez Khadija. Lorsque j’y suis allé, il a dit:
«Ô ‘Ali! Viens avec moi! Il sortit de la maison cette nuit-là et je l’ai suivi. Il allait ainsi dans le cœur de la nuit et je marchais derrière lui. Nous avons parcouru les ruelles de Makka jusqu’à ce que nous arrivions face à la Ka‘ba. A cette heure, par la grâce de Dieu, tout le monde dormait et il n’y avait apparemment personne d’éveillé parmi les gens de Makka. L’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, me dit: «Ô ‘Ali!» Je dis: «Me voilà ô Envoyé de Dieu!» Il dit: «Monte sur mes épaules!» Puis l’Envoyé, Dieu le bénisse lui et les siens, se courba et je suis monté sur ses épaules et atteignit le toit de la Ka‘ba. J’ai renversé toutes les idoles qui se trouvaient là puis nous nous sommes éloignés et retournèrent à la maison de Khadija. Après cet événement, le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, me dit:
« اول من كسر الاصنام جدك ابراهيم ثم انت يا علي »[27]
«Le premier à avoir détruit les idoles fut le jeune Ibrahim et après lui c’est toi ô ‘Ali!»
Moments de tristesse
Le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, rapporte des souvenirs des derniers instants de la vie fructueuse du Sceau des prophètes, Dieu le bénisse lui et les siens, qui sont amers et désagréables pour tout lecteur. Il dit:
«ولقد قبض رسول الله3 و انّ رأسه علي صدري، و لقد سألت نفسه في كفّي، فأمررتها علي وجهي، ولقد ولّيت غسله3 والملائكة أعواني
«L’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, alors qu’il avait sa tête sur ma poitrine, a rendu l’âme, et sa vie s’est écoulée dans ma paume, que j’ai passée sur son visage. J’ai été le régisseur du ghosl (le bain rituel) du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, et les anges divins m’aidaient.»
Puis il poursuit:
«Il semblait que toute la maison, à ce moment d’affliction, pleurait d’une même voix avec les djinns et les hommes et [tous] se lamentaient du fait du deuil du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. Un groupe d’anges descendait et un autre groupe remontait vers le ciel.
J’entendais clairement le murmure de la prière qu’ils récitaient sur lui. Ce jusqu’au moment où nous avons enseveli le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dans sa chambre. Qui a été plus méritant que moi au cours de la vie et au moment de la mort du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens?»[28]
Les souffrances de la séparation
Le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, fut de tous les musulmans le plus triste et le plus affligé de la séparation d’avec l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens; parce que le Prophète était pour ‘Ali, la Paix soit sur lui, le principal pilier de l’Islam et un immense appui. Pour cette raison, lors de sa mort, il versait les larmes du deuil et au moment de laver le corps sacré du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, se lamentant, il déclarait avec ces mots la grande tristesse qui emplissait son cœur et se consolait ainsi lui-même:
«بأبي انت و أمّي يا رسول الله. إنقطع بموتك ما لم ينقطع بموت غيرك من النبوّة و الأنباء و أخبار السماء»[29]
«Que mon père et ma mère soient sacrifiés pour toi ô Envoyé de Dieu! Avec ta mort une relation est coupée alors que cela n’avait pas été ainsi avec la mort des autres; avec ta mort, la suite de la Prophétie est rompue et la descente des révélations célestes est interrompue.»
«و لولا أنّك أمرت بالصبر و نهيت عن الجزع لأنفدنا عليك ماء الشؤون، و لكان الدّاء مما طلاً والكمد محالفاً، و قلّالك، و لكنّه ما لا يملك ردّه ولا يستطاع دفعه. بأبي أنت و أمّي أذكرنا عند ربّك و اجعلنا من بالك»[30]
«Si tu ne nous avais pas ordonné la patience et l’endurance et ne nous avais pas empêché de nous lamenter, nous aurions pleuré jusqu’à ce que nos larmes tarissent et cette douleur pénible aurait été perpétuellement renouvelée en nos cœurs, ma tristesse serait restée éternelle.
Bien entendu, ceci est insignifiant face à ta peine. Que puis-je faire? La vie ne peut revenir après la mort et on ne peut empêcher la mort! Que mon père et ma mère soient sacrifiés pour toi! Souviens-toi de nous en présence de Dieu et confie-nous aux souvenirs.»
‘Ali, la Paix soit sur lui, a fait ce jour-là ses adieux au Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, et l’a confié à la terre, or il n’oubliait jamais les doux souvenirs qu’il avait eu avec lui; même dans les derniers jours de sa vie bénie- le jour où il fut frappé dans la mosquée de Kûfa, lors de la quarantième année de l’Hégire -, il se rappelait le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. ‘Ali, la Paix soit sur lui, rapporte ainsi le souvenir de cette triste nuit:
«Cette nuit-là, dans le monde des visions, j’ai vu l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens. Je me suis plaint à lui, je disais:
«يا رسول الله! ماذا لقيت من أمّتك من الأود و اللّدد؟ فقال: ادع عليهم، فقلت: أبدلني الله بهم خيراً منهم، و أبدلهم بي شراً لهم منّي» [31]
««Ô Envoyé de Dieu! Sais-tu ce que j’ai enduré de la part de ta communauté, de son obstination, de ses ennemis?» Le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dit: «Maudis-les!» J’ai dis: «Que Dieu me donne mieux qu’eux et qu’à ma place, Il les soumette à un ennemi mauvais.»»
Note:
[1] - Source: Madjalleh-ye Moballeghân (Magazine des historiens), n°53.
[2] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°192.
[3] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°192.
[4] - Bihâr ol-Anwâr, Vol.67, p.178; Nahj ol-Balâgha, sermon n°209.
[5] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[6] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[7] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[8] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°109.
[9] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[10] - Hiliat al-Awliâ’, Vol.8, p.138.
[11] - Bihâr ol-Anwâr, Vol.39, p.56.
[12] - Sourate «Hijr»; 15: 6.
[13] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°109.
[14] - Sourate «Baqara»; 2: 20.
[15] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°192.
[16] - Sourate «Cho‘arâ’»; 26: 214.
[17] - Bihâr ol-Anwâr, Vol.18, p.192.
[18] - ‘Aqaba est un défilé près de Mina; le pacte de ‘Aqaba est un accord de défense que les gens de Madina (Yathrib / Médine) ont conclu avec le Prophète de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, lors de la treizième année de la mission prophétique, lors de la nuit du treize dhi al-hajja et stipulant leur engagement à défendre le Prophète et ses partisans.
Un passage du texte du pacte consistait en ceci:
«Nous avons établi le pacte avec l’Envoyé de Dieu de ne pas pratiquer l’associationnisme, de ne pas commettre le vol ni l’adultère, de ne pas tuer nos enfants, de ne pas accomplir de mauvaises actions et de ne pas désobéir en ce qui a trait aux bonnes actions.»
(Forûgh abdiyat, Vol.1, p.406)
[19] - Dâr al-Najwa était le lieu de réunion des chefs du Hijaz; lorsqu’un problème survenait et qu’ils faisaient face à un incident, ils se réunissaient à cet endroit et souscrivaient à la consultation afin de réfléchir à la résolution du problème.
[20] - Cette décision des polythéistes de Makka fut prise au mois de Rabbi al-Awwal de la treizième année de la prophétie.
[21] - Cette émigration devint ensuite le point de départ du calendrier islamique qui prit le nom de «calendrier hégirien».
[22] - Sourate «YaSin»; 36: 9.
[23] - Bihâr ol-Anwâr, Vol.19, p.73.
[24] - Sourate «Baqara»; 2: 207.
[25] - Tafsîr Qortobî, Vol.3, p.21.
[26] - Amâlî Cheikh Tûsî, p.550.
[27] - Al-Fadhâ’îl, Ibn Châdhân, p.97.
[28] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°197.
[29] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°235.
[30] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°235.
[31] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°70.
Souvenirs de l’Imâm Ali, la Paix soit sur lui, à propos du Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens
Abd ol-Karîm Tabrîzî [1]
Note
une parfaite connaissance de la personnalité du Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, constitue une nécessité indéniable pour chaque musulman; car pour comprendre les sagesses de l’Islam et suivre les prescriptions vivifiantes du Noble Envoyé, Dieu le bénisse lui et les siens, une connaissance suffisante de sa dignité et de son rang peut produire un effet adéquat.
Si nous pouvions au moins acquérir, à la mesure de notre capacité, la grandeur d’âme et les traits de la personnalité incommensurable de cet Envoyé divin et guide des musulmans, en suivant l’exemple donné par ses paroles et par ses actes, nous aurions plus de réussite et notre désir [de la vérité] en serait augmenté. Afin de connaître cette époque unique ainsi que le maître des créatures du monde, le souvenir et les paroles de son plus proche ami et du plus informé de ses disciples et de ses compagnons :‘Ali, la Paix soit sur lui, constituent le moyen le plus sûr.
Introduction
‘Ali, la Paix soit sur lui, était le gardien des secrets et le pacificateur du cœur du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. Le maître des vertueux, la Paix soit sur lui, disait au sujet de sa position élevée auprès du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens:
«و قد علمتم موضعي من رسول الله بالقرابة القريبة و المنزلة الخصيصة»[2]
«Concernant ma position auprès de l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, vous savez a quel point je possédais le lien de parenté le plus proche et la place la plus intime auprès de lui.»
Et là, il ajoute:
«Le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, à l’époque de mon enfance, me faisait asseoir dans sa pièce privée, me prenait dans ses bras, et..., parfois il plaçait les bouchées de nourriture une à une dans ma bouche.
Il n’a jamais été témoin d’un mensonge dans mes paroles ni d’une faute dans mon comportement. J’accompagnais constamment le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, comme un enfant qui est continuellement auprès de sa mère. Chaque jour, il faisait apparaître pour moi une nouvelle facette de son caractère bienfaisant et m’ordonnait de suivre son exemple.
Chaque année, le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, allait pour une période dans la grotte de Hirâ’ et personne ne le voyait en dehors de moi. A ce moment, l’Islam n’avait, en dehors de la maison du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, pris le chemin de la maison d’aucun des mecquois et le nombre des musulmans était limité aux personnalités du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, de Khadija et à la mienne.
Je voyais la lumière de la Révélation et du Message, et j’humais le parfum de la Prophétie. Lorsque la Révélation est descendue sur l’Envoyé, Dieu le bénisse lui et les siens, j’ai entendu le gémissement de Chaytân, j’ai interrogé le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens:
«يا رسول الله! ما هذه الرنة؟ فقال: هذا الشيطان قد ايس من عبادته. إنّك تسمع ما أسمع، و تري ما أري، إلّا أنّك لست بنبيّ و لكنّك وزير، و إنّك لعلي خير»[3]
«Ô Envoyé de Dieu! De qui est-ce le gémissement? Il dit: «Il s’agit du son de la lamentation de Chaytân qui est désespéré au sujet de son propre culte. [Puis il dit: «Cher ‘Ali!] Ce que j’entends, tu l’entends, et ce que je vois, tu le vois; sauf que tu n’es pas prophète, mais au contraire, tu es le vizir, le successeur, et tu marches dans la voie du bien.»
Maintenant, considérant la place élevée du Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, voyons maintenant ses souvenirs et ses paroles au sujet des fonctions, de la biographie et de la tradition du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens.
L’ascétisme et la vie simple du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens
L’ascétisme et la vie simple font partie des actes louables qui sont la cause de bien des perfections spirituelles au sein de l’existence de l’homme. Parmi les qualités les plus évidentes ayant donné la réussite aux envoyés divins lors de la question de la transmission de la Religion et du Message divin en direction des oreilles des gens de ce monde, se trouvaient leur ascétisme et leur vie simple. Les envoyés divins croyaient que:
«إنّ الله عزّوجل فرض علي أئمة الحق أن يقدّروا أنفسهم بضعفة الناس؛ كيلاً يتبيغ بالفقير فقره»[4]
«Dieu le Victorieux a rendu obligatoire pour les Imâms justes le fait de se mettre à la hauteur des faibles afin que la pauvreté ne contraigne pas les nécessiteux à la révolte.»
Le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, mentionne cette spécificité dans la biographie prophétique et explique que:
«قضم الدنيا قضماً، و لم يعرها طرفاً. أهضم أهل الدنيا كشحاً، و أخمصهم من الدنيا بطناً. عرضت عليه الدنيا فأبي أن يقبلها، و علم أنّ الله أبغض شيئاً فأبعضه» [5]
«Le Prophète n’a tellement pas profité de ce monde qu’il n’a pas rempli sa bouche ni ne l’a contemplé (ce monde), ne serait-ce que du coin de l’œil. Ses deux flancs étaient plus enfoncés que ceux des gens et son ventre était celui qui était le plus vide.
Ils lui ont offert ce monde mais il n’a pas accepté, et il tenait pour ennemi tout ce sur quoi il ressentait l’inimitié divine. »
L’Imâm, dans la suite de ses sermons, a parlé de la vie simple et sans cérémonie du Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, disant:
«و لقد كان3 يأكل علي الأرض، و يجلس جلسة العبد، و يخصف بيده نعله، و يرقع بيده ثوبه، و يركب الحمار العاري، و يردف خلفه، و يكون الستر علي باب بيته فتكون فيه التصاوير فيقول: يا فلانة ـ لإحدي أزواجه ـ غيّبيه عنّي فإنّي اذا نظرت اليه ذكرت الدنيا و زخارفها» [6]
«Le Noble Envoyé de l’Islam mangeait constamment sur le sol et s’asseyait comme les serviteurs, il rapiéçait ses chaussures de sa propre main, cousait ses vêtements, montait un âne non sellé et non équipé, faisant monter quelqu’un d’autre avec lui.
[Un jour, il réalisa qu’un] tissu orné d’une représentation avait été suspendu sur le pas de la porte de sa maison. Il dit à l’une de ses épouses: «Éloigne ce tissus de ma vue car chaque fois que mon regard tombe sur lui, je tombe dans le souvenir de ce monde et de ses ornements. »
«فما أعظم منّة الله عندنا حين أنعم علينا به سلفاً نتّبعة، و قاعداً نطأ عقبه! و الله لقد رقّعت مدرعتي هذه حتّي استحييت من راقعها»[7]
«Qu’elle est grande la grâce que Dieu l’Immense nous a octroyée avec l’envoi d’un tel Prophète; un grand guide derrière lequel nous devons marcher et dont nous devons poursuivre la voie. J’en jure par Dieu! Moi aussi j’ai tellement rapiécé cette tunique de laine que j’en suis devenu honteux. »
Dans un autre sermon, l’Imâm expose ainsi la vie pieuse et sans artifices du Noble Envoyé de l’Islam:
«قد حقّر الدنيا، و صغّرها، و أهون بها، و هوّنها، و علم أنّ الله زواها عنه اختياراً، و بسطها لغيره احتقاراً، فأعرض عن الدنيا بقلبه، و أمات ذكرها عن نفسه» [8]
«[Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens] a vu ce monde petit et l’a ainsi fait apparaître aux autres, il l’a considéré comme sans valeur et a fait également comprendre aux autres son caractère vil et dénué de prix. Il savait que Dieu, par [respect, connaissance de la valeur de sa personnalité] et pour le choisir, a éloigné ce monde de lui et l’a offert aux autres, du fait de son caractère insignifiant. Pour cette raison, il a détourné son cœur et son âme de l’amour de ce monde et a purifié son existence du souvenir de ce monde. »
Le Maître des gnostiques a décrit les usages prophétiques éloignés du luxe et des cérémonies mondaines, il poursuit ainsi son discours:
«خرج من الدنيا خميصاً، و ورد الآخرة سليماً، لم يضع حجراً علي حجر حتي مضي لسبيله» [9]
«Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, a quitté ce monde avec la faim au ventre, il est entré dans l’Au-delà avec un corps sain et une âme saine. Il n’a pas bâti de palais somptueux, jusqu’à ce qu’il trépasse. »
Il est convenable de citer ici un hadith au sujet de la vie pieuse du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens:
«Zayd ibn Hârith a rapporté qu’un jour l’Envoyé de Dieu était endormi sur une natte et les marques rugueuses de la natte avaient marqué son corps béni. ‘Aïcha eu pitié et lui dit:
«Ô Envoyé de Dieu! Le Khosrow et le Qaysar (les rois d’Iran et de Rome) ont de larges pays en leur pouvoir et jouissent de toutes les façons des grâces de ce monde. Mais toi qui es l’Envoyé de Dieu et le Messager divin, tu as les mains vides de toutes choses au point que tu te reposes sur une natte et que tu portes des vêtements de peu de prix!»
L’Envoyé, Dieu le bénisse lui et les siens, dit: «‘Aïcha! Qu’imagines-tu? Si je le veux, les montagnes se changent en or et se mettent en mouvement avec moi. Un jour, Jabra’îl est descendu vers moi et m’a remis la clef de la réserve et des trésors du monde, mais je ne l’ai pas acceptée. » [10]
«Ensuite, le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, afin de montrer ouvertement cette vérité à ‘Aïcha, lui dit: «Ô ‘Aïcha! Lève la natte!» Elle exécuta son ordre et à chacun de ses coins, elle vit tant d’or qu’un homme n’aurait pas pu le porter seul. Il dit ensuite à Aïcha:
«Regarde! Observe cet or de près, mais sache que ce monde ainsi que toutes ses beautés enchanteresses et apparentes n’ont, du point de vue de Dieu l’Immense, pas plus de valeur que l’aile d’un moustique.» Après cela, les fragments d’or furent soustraits aux regards.»
Bien entendu, il est évident que le fait de jouir de ce monde pour l’Au-delà ne constitue pas une chose abominable, c’est au contraire l’amour de ce monde s’opposant à celui de l’Au-delà et aux valeurs spirituelles qui est inacceptable.
Une droiture sans égal
Le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dans la voie de la diffusion des sagesses divines et de son Message céleste a tellement connu de tourment et de persécution, a supporté tant de problèmes et de difficultés qu’aucun des guides divins ne s’est autant que lui trouvé en butte à des obstacles à la voie de la Prophétie. C’est pour cette raison qu’il disait constamment:
«ما أوذي نبيّ مثل ما أوذيت»[11]
«Aucun prophète n’a comme moi été l’objet du tourment et de la persécution. »
Dans certains versets coraniques, les problèmes et les difficultés du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, ont été exposés. Il est dit dans la sourate «Hijr»:
«و قالوا يا أيّها الذي نزّل عليه الذكر إنّك لمجنون» [12]
Ils ont dit: «Ô toi, sur qui on a fait descendre le Rappel! Tu es sûrement un possédé!»
Or le Noble Envoyé de l’Islam, face aux problèmes et aux difficultés, s’est tenu droit comme une montagne solide, il a persisté sur ses messages divins et n’a pas courbé l’échine un seul instant.
Pour cette raison, le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, dans La voie de l’éloquence (le Nahj ol-Balâgha), à l’aide de belles expressions, fait l’éloge de sa droiture sans égal et dit:
«دعا الي طاعته، و قاهر أعدائه جهاداً عن دينه، لا يثنيه عن ذلك إجتماع علي تكذيبه، و إلتماس لإطفاء نوره»[13]
«Il a invité [les hommes] à la soumission à Dieu, a combattu les ennemis de Dieu dans la voie de la Religion, ayant été vainqueur sur tous. La propension des ennemis à l’accuser de mensonge ne l’a pas empêché d’accomplir son devoir en Dieu et l’effort des opposants en vue d’éteindre la lumière de la Prophétie n’ont pas porté leurs fruits. »
Face aux ennemis opiniâtres
‘Ali, la Paix soit sur lui, dans un de ses sermons fait référence à l’opiniâtreté des ennemis du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, et rapporte ainsi un exemple de ses paroles, de sa droiture et d’une confrontation aux ennemis entêtés et irraisonnables de l’Islam, dont il a été lui-même témoin:
«Un jour, j’étais en présence du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, auprès de qui les chefs de Qoraïch étaient venus et disaient: «Ô Mohammad! Tu as eu une prétention qu’aucuns de tes pères et ancêtres n’ont eue. Nous voulons un miracle de ta part; si tu le prends à ta charge, il apparaîtra que tu es réellement l’Envoyé de Dieu, et si tu ne le peux pas, nous comprendrons que tu es un devin et un menteur! Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dit:
«Que voulez-vous?»
Ils dirent:
«Dis à cet arbre de s’arracher du sol et de venir auprès de toi!» Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dit:
«أن الله علي كل شيء قدير؛ فان فعل الله لكم ذلك أتؤمنون و تشهدون بالحق» [14]
«Dieu est puissant sur toute chose, maintenant, si Dieu le Très-haut accomplit cet acte pour vous, allez-vous croire et témoigner à propos de la vérité? »
Ils dirent: «Oui.» Le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, désigna alors l’arbre et dit:
«يا ايّتها الشجرة! ان كنت تؤمنين بالله و اليوم الآخر و تعلمين أنّي رسول الله، فانقلعي بعروقك حتي تقفي بين يدّي بإذن الله»
«Ô arbre! Si tu as foi en Dieu et en le Jour de la Résurrection et si tu sais que je suis le Prophète de Dieu, déracine-toi et sur l’ordre de Dieu, prends place auprès de moi.»
J’en jure par Dieu, qui a missionné le Prophète! L’arbre fut coupé de ses racines et avec un grand bruit, pareil au son des battements d’aile des oiseaux, ou au bruit que font en se touchant les branches des arbres entremêlés, se tint face au Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, de sorte que certaines de ses longues branches se posent sur l’épaule du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, et que certaines prennent place sur mon épaule également, tandis que je me tenais à la droite du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens.
Lorsque les polythéistes, absolument stupéfaits, furent témoins de ce miracle céleste, ils dirent avec une incroyance, une obstination et une opiniâtreté toutes particulières:
«Ordonne à l’arbre de faire que sa moitié vienne plus avant et que son autre moitié reste à sa place!»
Sur l’ordre du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, une moitié de l’arbre, d’une manière surprenante, se sépara de son autre moitié et dans un bruit étrange, se rapprocha du Prophète, Dieu le bénisse lui et le siens, montrant qu’il voulait se tenir éloigné du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. Or les ennemis polythéistes et arrogants du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dirent:
«Dis à l’arbre de revenir à son état initial!»
Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, du fait de sa bénédiction céleste, fit revenir l’arbre à son état initial.
J’ai dis à ce moment:
«لا اله الا الله، إنّي أوّل مؤمن بك يا رسول الله، و أوّل من أقرّ بأن الشجرة فعلت ما فعلت بأمر الله تعالي؛ تصديقاً بنوّتك و إجلالاً لكلمتك» [15]
«Nul dieu hormis Dieu. Ô Envoyé de Dieu! Je suis le premier à avoir eu foi en toi ainsi que le premier à témoigner que l’arbre, avec la permission de Dieu, a accompli ce que tu lui as demandé afin de prouver ta prophétie et de montrer ta grandeur auprès de Dieu.»
Or les chefs opiniâtres des mécréants dirent:
«Il est un devin menteur disposant d’une magie étonnante, il est très habile dans ce qu’il fait.»
Et ils dirent à l’Envoyé de Dieu:
«Quelqu’un d’autre que ‘Ali croira-t-il à ta prophétie?»
Invitation de la parenté
Le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, a exposé ses souvenirs de l’époque des premiers temps de l’Islam en des occasions appropriées. Un de ses souvenirs les plus importants concerne le jour où le Noble Envoyé de l’Islam a été missionné de la part de Dieu le Très-haut afin d’inviter ses proches parents à l’Islam. Le Commandeur des croyants rapporte ainsi l’événement de ce jour:
Lorsque le verset:
«و أنذر عشيرتك الأقربين»[16]
«Avertis tes parents les plus proches.»
est descendu sur le Prophète, il nous fit appeler et dit: «Dieu m’a ordonné d’avertir mes parents et mes proches et de leur faire craindre le châtiment de l’Enfer. Je me suis trouvé face à une difficile obligation, sachant que si je les appelais à l’Islam, je n’allais pas recevoir une réponse positive. C’est pourquoi je suis resté silencieux et ai gardé ce secret dans mon cœur, jusqu’à ce que Jabra’îl vienne et dise:
«يا محمّد! إنّك ان لم تفعل ما أمرت به عذّبك ربّك»
«Ô Mohammad! Si tu n’accomplis pas ce qui a été ordonné, Dieu te châtiera.»
Maintenant c’est à toi ‘Ali! Prépare un repas avec une mesure de blé et un gigot, et verse aussi du lait dans un récipient! Ensuite, appelle tous les enfants de ‘Abd al-Mottalib afin qu’ils viennent auprès de moi, de sorte à ce que je leur parle et leur fasse parvenir le Message divin.»
J’ai accomplis ce que le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, avait ordonné et j’ai invité les enfants de ‘Abd al-Mottalib. Ce jour-là, environ quarante personnes vinrent en présence du Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. Les oncles du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dont Abû Tâlib, Hamza, ‘Abbâs et Abû Lahab étaient visibles parmi eux. A ce moment, l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, me dit:
«Ô ‘Ali! Apporte le repas que tu as préparé!»
J’ai apporté le repas. Lorsque je l’ai posé sur le sol, le Prophète a dit: «Je vous en prie! Mangez par le nom de Dieu!» Ils mangèrent de ce repas béni jusqu’à ce qu’ils soient complètement rassasiés. Puis ils burent tous de ce lait également et partirent.
Le jour suivant également, le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, me dit: «Une fois encore, prépare le même repas qu’hier et invite les enfants de ‘Abd al-Mottalib!» J’ai agi de la sorte. Lorsque les invités furent prêts, eurent mangé comme la veille et furent complètement rassasiés, le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, leur dit:
«Ô fils de ‘Abd al-Mottalib! J’en jure par Dieu! Parmi tous les jeunes arabes, je n’en ai pas trouvé personne qui ait offert aux siens quelque chose de mieux et de meilleur que ce que je vous ai offert. Je vous ai offert le bien de ce monde et de l’Autre monde, et Dieu m’a ordonné de vous inviter à l’Islam. Maintenant, lequel d’entre vous m’aidera dans cette affaire, afin qu’il soit mon frère, mon représentant et mon lieutenant parmi vous?»
Les oncles et les cousins du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, tinrent leurs lèvres fermées et ne dirent mot. Moi qui parmi eux était le plus jeune, je dis:
«Ô Envoyé de Dieu! Je serai ton soutien.» L’Envoyé de Dieu prit alors ma main et dit:
«إنّ هذا أخي و وصيّي و وزيري و خليفتي فيكم، فأسمعوا له و أطيعوا» [17]
«Voici ‘Ali! Il sera mon frère, mon représentant et mon successeur parmi vous. Écoutez ses ordres et obéissez-lui!»
Une nuit de la destinée
Après le pacte de la seconde ‘Aqaba[18], les polythéistes de Makka (La Mecque), lors du conseil dit «Dâr al-Nadwa» [19], prirent une décision dangereuse au sujet de l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens.([20]
Alors qu’ils avaient fermé la sortie principale de Makka, la nuit convenue, ils se levèrent dans l’intention de mettre en œuvre leur sinistre plan – le meurtre du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens -. Pour cette même raison, le Noble Envoyé de l’Islam, Dieu le bénisse lui et les siens, conformément à un ordre divin, partit pour une mission, tandis que ‘Ali, la Paix soit sur lui prit sa place, et sortit de Makka. Aussi, ‘Ali, la Paix soit sur lui, obéissant à l’ordre de Dieu et du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dormit sur la couche du Prophète et en trompant Qoraïch, permit à l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, de quitter Makka à la faveur de l’obscurité de la nuit.[21]Pour les biographes, la nuit durant laquelle ‘Ali, la Paix soit sur lui, dormit sur la couche du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, avec une parfaite connaissance du danger relatif à son propre assassinat, marchant avec passion vers la couche afin de sauver la vie de son dirigeant bien aimé, a pris le nom de «nuit de al-Mabit».
‘Ali, la Paix soit sur lui, le maître des vertueux, rapporte ainsi le récit de la destinée de cette nuit:
«L’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, me fit mander cette nuit là et dit: «Cher ‘Ali! Ceux de Qoraïch ont comploté afin de me tuer et il est décidé qu’ils passent à l’acte ce soir. Dors sur ma couche afin que je sorte de Makka, ceci est un ordre divin qui m’a été transmis.»
J’ai dis sans la moindre hésitation:
«Soit! J’obéis.»
La nuit de l’événement, j’ai dormi sur la couche de l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens. Comme le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, l’avait dit, les polythéistes de Makka, la nuit venue, assiégèrent sa maison. L’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, sur l’ordre de Dieu le Très-haut, sortit de la maison dans la nuit. Le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, tandis qu’il récitait ce verset:
«و جعلنا من بين ايديهم سدّاً و من خلفهم سداً فأغشيناهم فهم لا يبصرون» [22]
«Nous placerons une barrière devant eux et une barrière derrière eux. Nous les envelopperons de toutes parts pour qu’ils ne voient rien.»
passa devant eux et les assaillants ne virent rien de sa sainte existence.
C’était les prémices de l’aube lorsqu’ils envahirent la maison, et imaginant que j’étais Mohammad, Dieu le bénisse lui et les siens, ils se précipitèrent en direction de la couche. A ce moment, avec un sang-froid total, j’ai écarté la couverture et relevé la tête. En voyant cela, dans le plus grand étonnement, ils s’invectivèrent mutuellement et dirent:
«‘Ali!» Je dis: «Oui.» Ils dirent: «Mais alors, où est Mohammad?» Je dis: «Il est sorti de votre ville.» Ils demandèrent: «Il est allé de quel côté?» Je dis: «Dieu est plus savant.» Ils me laissèrent et sortirent de la maison du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens…» [23]
Conformément aux dires des rapporteurs de hadiths et des commentateurs du Coran, le verset:
«و من الناس من يشري نفسه إبتغاء مرضات الله»[24]
«Il en est un, parmi les hommes, qui s’est vendu à lui-même pour plaire à Dieu.»
est descendu au sujet du dévouement de ‘Ali, la Paix soit sur lui, lors de la «nuit de al-Mabit».[25]
Ali, la Paix soit sur lui, sur les épaules du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens
L’Imâm ‘Ali, la Paix soit sur lui, un jour où il argumentait avec les gens de Madina, les auxiliaires et les compagnons du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, et défendait sa wilaya et sa waciya, dit dans un sommet de sa plaidoirie:
«فهل فيكم أحد حمله رسول الله علي كتفه حتي كسر الأصنام التي كانت علي الكعبة غيري؟ قالوا: لا»[26]
«[Ô musulmans!] «Y a-t-il quelqu’un parmi vous à part moi que l’Envoyé de Dieu aurait hissé sur ses épaules afin de faire tomber les idoles des polythéistes du toit de la Ka‘ba?» Ils dirent: «Non.»»
Le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, narre lui-même de cette manière cet événement:
«Une nuit, le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, m’a invité chez Khadija. Lorsque j’y suis allé, il a dit:
«Ô ‘Ali! Viens avec moi! Il sortit de la maison cette nuit-là et je l’ai suivi. Il allait ainsi dans le cœur de la nuit et je marchais derrière lui. Nous avons parcouru les ruelles de Makka jusqu’à ce que nous arrivions face à la Ka‘ba. A cette heure, par la grâce de Dieu, tout le monde dormait et il n’y avait apparemment personne d’éveillé parmi les gens de Makka. L’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, me dit: «Ô ‘Ali!» Je dis: «Me voilà ô Envoyé de Dieu!» Il dit: «Monte sur mes épaules!» Puis l’Envoyé, Dieu le bénisse lui et les siens, se courba et je suis monté sur ses épaules et atteignit le toit de la Ka‘ba. J’ai renversé toutes les idoles qui se trouvaient là puis nous nous sommes éloignés et retournèrent à la maison de Khadija. Après cet événement, le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, me dit:
« اول من كسر الاصنام جدك ابراهيم ثم انت يا علي »[27]
«Le premier à avoir détruit les idoles fut le jeune Ibrahim et après lui c’est toi ô ‘Ali!»
Moments de tristesse
Le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, rapporte des souvenirs des derniers instants de la vie fructueuse du Sceau des prophètes, Dieu le bénisse lui et les siens, qui sont amers et désagréables pour tout lecteur. Il dit:
«ولقد قبض رسول الله3 و انّ رأسه علي صدري، و لقد سألت نفسه في كفّي، فأمررتها علي وجهي، ولقد ولّيت غسله3 والملائكة أعواني
«L’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, alors qu’il avait sa tête sur ma poitrine, a rendu l’âme, et sa vie s’est écoulée dans ma paume, que j’ai passée sur son visage. J’ai été le régisseur du ghosl (le bain rituel) du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, et les anges divins m’aidaient.»
Puis il poursuit:
«Il semblait que toute la maison, à ce moment d’affliction, pleurait d’une même voix avec les djinns et les hommes et [tous] se lamentaient du fait du deuil du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. Un groupe d’anges descendait et un autre groupe remontait vers le ciel.
J’entendais clairement le murmure de la prière qu’ils récitaient sur lui. Ce jusqu’au moment où nous avons enseveli le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dans sa chambre. Qui a été plus méritant que moi au cours de la vie et au moment de la mort du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens?»[28]
Les souffrances de la séparation
Le Commandeur des croyants, ‘Ali, la Paix soit sur lui, fut de tous les musulmans le plus triste et le plus affligé de la séparation d’avec l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens; parce que le Prophète était pour ‘Ali, la Paix soit sur lui, le principal pilier de l’Islam et un immense appui. Pour cette raison, lors de sa mort, il versait les larmes du deuil et au moment de laver le corps sacré du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, se lamentant, il déclarait avec ces mots la grande tristesse qui emplissait son cœur et se consolait ainsi lui-même:
«بأبي انت و أمّي يا رسول الله. إنقطع بموتك ما لم ينقطع بموت غيرك من النبوّة و الأنباء و أخبار السماء»[29]
«Que mon père et ma mère soient sacrifiés pour toi ô Envoyé de Dieu! Avec ta mort une relation est coupée alors que cela n’avait pas été ainsi avec la mort des autres; avec ta mort, la suite de la Prophétie est rompue et la descente des révélations célestes est interrompue.»
«و لولا أنّك أمرت بالصبر و نهيت عن الجزع لأنفدنا عليك ماء الشؤون، و لكان الدّاء مما طلاً والكمد محالفاً، و قلّالك، و لكنّه ما لا يملك ردّه ولا يستطاع دفعه. بأبي أنت و أمّي أذكرنا عند ربّك و اجعلنا من بالك»[30]
«Si tu ne nous avais pas ordonné la patience et l’endurance et ne nous avais pas empêché de nous lamenter, nous aurions pleuré jusqu’à ce que nos larmes tarissent et cette douleur pénible aurait été perpétuellement renouvelée en nos cœurs, ma tristesse serait restée éternelle.
Bien entendu, ceci est insignifiant face à ta peine. Que puis-je faire? La vie ne peut revenir après la mort et on ne peut empêcher la mort! Que mon père et ma mère soient sacrifiés pour toi! Souviens-toi de nous en présence de Dieu et confie-nous aux souvenirs.»
‘Ali, la Paix soit sur lui, a fait ce jour-là ses adieux au Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, et l’a confié à la terre, or il n’oubliait jamais les doux souvenirs qu’il avait eu avec lui; même dans les derniers jours de sa vie bénie- le jour où il fut frappé dans la mosquée de Kûfa, lors de la quarantième année de l’Hégire -, il se rappelait le Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens. ‘Ali, la Paix soit sur lui, rapporte ainsi le souvenir de cette triste nuit:
«Cette nuit-là, dans le monde des visions, j’ai vu l’Envoyé de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens. Je me suis plaint à lui, je disais:
«يا رسول الله! ماذا لقيت من أمّتك من الأود و اللّدد؟ فقال: ادع عليهم، فقلت: أبدلني الله بهم خيراً منهم، و أبدلهم بي شراً لهم منّي» [31]
««Ô Envoyé de Dieu! Sais-tu ce que j’ai enduré de la part de ta communauté, de son obstination, de ses ennemis?» Le Noble Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, dit: «Maudis-les!» J’ai dis: «Que Dieu me donne mieux qu’eux et qu’à ma place, Il les soumette à un ennemi mauvais.»»
Note:
[1] - Source: Madjalleh-ye Moballeghân (Magazine des historiens), n°53.
[2] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°192.
[3] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°192.
[4] - Bihâr ol-Anwâr, Vol.67, p.178; Nahj ol-Balâgha, sermon n°209.
[5] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[6] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[7] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[8] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°109.
[9] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°160.
[10] - Hiliat al-Awliâ’, Vol.8, p.138.
[11] - Bihâr ol-Anwâr, Vol.39, p.56.
[12] - Sourate «Hijr»; 15: 6.
[13] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°109.
[14] - Sourate «Baqara»; 2: 20.
[15] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°192.
[16] - Sourate «Cho‘arâ’»; 26: 214.
[17] - Bihâr ol-Anwâr, Vol.18, p.192.
[18] - ‘Aqaba est un défilé près de Mina; le pacte de ‘Aqaba est un accord de défense que les gens de Madina (Yathrib / Médine) ont conclu avec le Prophète de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, lors de la treizième année de la mission prophétique, lors de la nuit du treize dhi al-hajja et stipulant leur engagement à défendre le Prophète et ses partisans.
Un passage du texte du pacte consistait en ceci:
«Nous avons établi le pacte avec l’Envoyé de Dieu de ne pas pratiquer l’associationnisme, de ne pas commettre le vol ni l’adultère, de ne pas tuer nos enfants, de ne pas accomplir de mauvaises actions et de ne pas désobéir en ce qui a trait aux bonnes actions.»
(Forûgh abdiyat, Vol.1, p.406)
[19] - Dâr al-Najwa était le lieu de réunion des chefs du Hijaz; lorsqu’un problème survenait et qu’ils faisaient face à un incident, ils se réunissaient à cet endroit et souscrivaient à la consultation afin de réfléchir à la résolution du problème.
[20] - Cette décision des polythéistes de Makka fut prise au mois de Rabbi al-Awwal de la treizième année de la prophétie.
[21] - Cette émigration devint ensuite le point de départ du calendrier islamique qui prit le nom de «calendrier hégirien».
[22] - Sourate «YaSin»; 36: 9.
[23] - Bihâr ol-Anwâr, Vol.19, p.73.
[24] - Sourate «Baqara»; 2: 207.
[25] - Tafsîr Qortobî, Vol.3, p.21.
[26] - Amâlî Cheikh Tûsî, p.550.
[27] - Al-Fadhâ’îl, Ibn Châdhân, p.97.
[28] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°197.
[29] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°235.
[30] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°235.
[31] - Nahj ol-Balâgha, sermon n°70.