Tenir sa parole
L’éducation des enfants : une responsabilité morale et religieuse des parents:
En islam, le père a la responsabilité matérielle des enfants – tout comme celle de la femme- en ce sens qu’il lui incombe de les nourrir, de les habiller et de leur fournir un toit. En plus de cela, le père doit également assumer les besoins psychologiques et spirituels de ses enfants. L’imam Ali (Psl), dit : « Il n’y a pas de meilleur don de la part d’un père envers son enfant que la bonne éducation et la politesse » (Mustadrak al-wasail, t.2, p.625).On rapporte encore de l’imam Ali (Psl): « pas d’héritage comme la politesse » (Gharar al-hikam, p.831).
L’imam al-Sajjad résume la responsabilité du père en ces termes: « le droit de ton enfant à ton égard est que tu saches que son existence t’est liée et que les bonnes et les mauvaises choses chez lui dans ce monde dépendent de toi. Saches que tu es responsable de son éducation et de son orientation vers son Seigneur, que tu dois l’assister dans l’obéissance à son Créateur et que tu dois faire attention à ton propre comportement concernant l’éducation de tes enfants. Sois un père conscient de ses responsabilités. Agis avec ton enfant de la manière de celui qui sait que tout bienfait à son égard de ta part te vaudra une récompense auprès de Dieu alors que tout méfait à son égard de ta part te vaudra une punition » (Makarim al-akhlaq, p.232).
La bonne éducation fait partie des devoirs religieux et n’est pas seulement une responsabilité nationale. L’imam al-Sadeq nous rappelle encore trois droits de l’enfant vis-à-vis de son père : « le choix de sa mère, le choix pertinent de son nom et l’effort inlassable pour sa bonne éducation » (Tuhaf al-uqul, p.322)
On peut considérer qu’un père, au lieu d’aider son enfant à acquérir les bonnes manières, et de l’orienter vers la foi en l’Unique, qui encouragerait son enfant à commettre des pêchés, est un traître envers son enfant. A ce sujet, on rapporte du prophète de Dieu: « Ô Ali, Dieu maudisse les parents qui ont porté leur enfant à sa perte ! » (Wasa’il, t.5, p.115)
Ainsi, l’on se doit par exemple de préparer le terrain propice à l’exercice de ce devoir, en opérant une sélection adéquate et opportune sur l’environnement affectif et culturel des enfants. En l’occurrence, l’apprentissage des bonnes manières, de la politesse et de la religion n’est possible que dans un environnement sain. C’est pourquoi il convient d’exercer une censure sur les influences négatives que pourraient avoir certaines productions déviantes .
Toutes les données entrant dans l’esprit de l’enfant (input) doivent être sous contrôle des parents. Il suffit qu’un discours perfide, un programme télévisé corrompu, une amitié néfaste ne touche malencontreusement l’enfant pour qu’il soit négativement affecté et que son éducation s’en trouve détériorée.
On peut donc conclure que l’éducation islamique des enfants constitue un devoir important incombant aux parents, en particulier dans l’environnement matérialiste actuel.
Tenir sa parole:
Et remplissez l"engagement, car certes on sera interrogé au sujet des engagementsSourate al-isra, verset 34
La fidélité à l’engagement est une valeur partagée par l’ensemble des nations de la Terre, au niveau individuel et collectif. Même sur la scène internationale, tenir sa parole et respecter ses engagements internationaux est un aspect fondamental et élémentaire du droit international. Alors que certaines règles et certaines lois ne concernent que les musulmans et la nation islamique, d’autres lois concernent l’ensemble des nations et font partie des droits de l’homme. Le respect des engagements fait partie de cette seconde catégorie de lois : les musulmans sont donc obligés de remplir leur engagement, qu’il ait été contracté avec un musulman ou un non musulman.
L’Imam Ali souligne d’ailleurs «qu’il n’est rien, parmi toutes les obligations divines, de plus consensuellement respecté auprès des peuples, malgré leurs différends religieux et intellectuels, que le respect de l’engagement » (La Voie de l’Eloquence)
On rapporte du Saint Prophète :
« Il y a trois choses que l’on doit absolument exécuter :- le respect de l’engagement vis-à-vis d’un tiers qu’il s’agisse d’un musulman ou d’un infidèle,
- le respect et la bonté envers ses parents, qu’ils soient musulmans ou pas,
- rendre le dépôt, que son propriétaire soit musulman ou pas »
(Recueil de Warram, t.2, p.121)
Les enseignants de la religion que furent les prophètes ainsi que les imams infaillibles ont en permanence invité les gens à respecter leur parole :
On rapporte du prophète (Psl) et sa famille: « Pas de religion à celui qui n’a pas de parole » (Bihar, t.16, p.144)
Le saint Prophète a également dit : « ceux qui sont le plus sincères dans leurs propos, qui rendent le dépôt qu’on leur a confié, qui respectent leurs engagements, qui ont la meilleure éthique et qui sont le proche des gens seront le plus proche de moi le Jour du Jugement» (Tarikh ya’qubi, t.2, p.60).
Il nous est demandé de ne pas s’engager sur ce que l’on est incapable d’accomplir. Bien sûr, tout le monde se prévaut de respecter ses engagements mais les faits contredisent souvent cette prétention louable.
L’Imam Ali (Psl) déclare ainsi qu’« il n’y a pas de chose plus répandue que le discours sur le droit et la vérité, alors qu’il n’est pas de chose plus restreinte que l’action basée sur le droit et la vérité » (La Voie de l’Eloquence)
On observe aujourd’hui des pays puissants prétendant représenter les idées de justice, de liberté, de démocratie et de droits de l’homme, se livrer aux pires crimes contre l’humanité et utiliser leur puissance pour s’épargner de respecter leurs engagements…
Certes Dieu ne trahit pas sa parole
Sourate Le tonnerre, verset 31De l’importance du respect de l’engagement:
On rapporte cette anecdote concernant l’Imam Sajjad (Psl). Un esclave que l’Imam avait récemment affranchi s’était enrichi suite à son activité économique. L’Imam Sajjad (Psl) était alors dans le besoin. Il emprunta de son ex-esclave dix mille dirhams jusqu’à ce qu’il puisse les lui rembourser. L’esclave lui demanda alors une caution en vertu de quoi l’Imam lui donna un fil tiré de sa tunique et lui dit : « ceci est ma caution, jusqu’au remboursement de la dette ». L’ex-esclave plaça la caution dans un petit coffre. Peu de temps s’écoula que l’Imam apporta le montant du prêt à son propriétaire et lui dit : « ton argent est prêt. Donne moi la caution ». Il dit : « j’ai perdu le fil de ta tunique ». L’Imam répondit alors : « Dans ce cas, ne récupère pas ta créance car il ne faut pas prendre les engagements de personnes comme nous à la légère ». L’affranchi s’est vu contraint de chercher le petit coffre. Il le trouva, en sortit le fil et le donna à l’Imam, qui en retour lui donna l’argent, prit le fil et le jeta immédiatement.On rapporte de l’Imam Sadiq (Psl) : « s’il l’un d’entre les musulmans accorde sa protection à l’un des ennemis, ce dernier est en sécurité (auprès des musulmans)» (mustadrak al-wasail, t.2, p.250)
Dans un pays où les gens respectent leur parole, les relations économiques, sociales et politiques sont fondées sur la confiance et permet aux gens d’établir des relations humaines et nobles. Au contraire, un peuple qui ne se livrerait qu’à la trahison et à l’infidélité, dépenserait essentiellement son énergie en querelles et en conflit, et se verrait privé de toute relation de confiance au niveau familial et social.
A ce sujet, l’Imam Ali (Psl) dit dans le recueil de ses paroles intitulé La Voie de l’Eloquence: «le non respect de la parole et de l’engagement suscite la colère de Dieu et des gens»
Un environnement sain, condition d’une éducation fructueuse:
Il est clair qu’une bonne éducation requiert avant tout de placer l’enfant dans un environnement sain, dénué de mensonge, d’infidélité, de vulgarité ou de pêchés. La famille est l’environnement le plus immédiat de l’enfant, par conséquent, la responsabilité d’éduquer l’enfant revient avant tout à la famille. La famille est en quelque sorte « la première école » des enfants, qui imitent et s’inspirent pour leur comportement de celui de leurs parents et des autres membres de la famille.On rapporte du messager de Dieu (Psl) et sa famille : « aimez vos enfants et soyez indulgents et gentils avec eux, et si vous leur promettez quelque chose, exécutez vous car ils (vos enfants) vous voient comme si c’était vous qui les nourrissiez » (Wasa’il, t.2, p.126).
On rapporte encore d'Abu al-Hassan (Psl) : « si vous donnez votre parole à vos enfants, tenez parole car ils pensent que c’est vous qui les nourrissez. Et Dieu n’exècre rien de plus que l’injustice envers les femmes et les enfants ». (Usul al-Kafi, t.6, p.50)
Alors que l’attention suffisante aux sentiments innés de l’être humain, tel l’amour de soi ou le besoin sexuel, est un pilier de son épanouissement, le respect de la parole fait partie des fondements sans lesquels l’adulte en puissance qu’est l’enfant ne pourra que s’orienter vers des comportement nuisibles et dommageables, à la fois pour lui-même, pour les autres et pour la société dans son ensemble.
C’est pourquoi les parents doivent absolument tenir la parole qu’ils donnent à leurs enfants et doivent éviter de les flouer en leur donnant de fausses promesses. Par exemple, certains pourraient être tentés de promettre à leur enfant, devenu turbulent, d’aller ensemble au parc d’attractions afin de le calmer, tout en sachant qu’ils ne pourront pas remplir leur engagement. La leçon qu’en tirerait inéluctablement l’enfant est que l’on peut arriver à ses fins à disant des mensonges et en trompant la confiance des autres. Le cerveau de l’enfant enregistre tout ce qu’il voit et entend, tel une caméra, et utilisera ces données pour sa vie future. Bien souvent, l’enfant n’oubliera jamais ce dont il a été témoin d’actions viles et détestables, qui auraient été commis par ses parents ou ses maîtres d’école, comme le mensonge ou la tricherie.
Une seule phrase pour une révolution culturelle!
Il existe des exemples historiques illustrant tristement cette réalité. Afin de conquérir le califat, Mu’awiya ibn Sufiyan, maudit soit-il, s’est livré à la calomnie envers l’Imam des musulmans, le 4ème calife, Ali ibn Abi Talib (Psl). En tant que gouverneur du pays de Sham (Syrie, Liban, Palestine), Mu’awiya ordonna aux orateurs (khutaba) des mosquées, aux maîtres d’école et à tous les leaders d’opinion de la société de cette province du territoire islamique, de se livrer à la calomnie du calife légitime en l’accusant de ne pas faire sa prière et de s’être dévier de la voie droite.Cette calomnie devint une tradition sous le califat de Mu’awiya maudit soit-il, tant et si bien que cette habitude désolante était considérée par les habitants de cette province comme un devoir religieux dont ils s’acquittaient à chaque prière. Lorsqu’ Omar ibn Abd al-Aziz, qui bien que membre de la famille ommayade connaissait la vérité de la Famille prophétique, arriva au pouvoir, il s’évertua à déraciner de l’esprit des gens l’habitude qu’ils avaient pris de maudire l’Imam Ali ibn Abi Talib (Psl). Sagement, il ramena d’abord à sa cause les ministres ainsi que les généraux d’armée, puis ordonna à l’ensemble des hauts fonctionnaires du califat islamique d’interdire la malédiction et toute calomnie sur Ali ibn Abi Talib (Psl) et de punir tout contrevenant. De cette façon, ses multiples efforts donnèrent leur fruit : en défendant Ali et en écartant le dangereux complot initié par Mu’awiya maudit soit il à l’encontre de la légitimité du califat islamique, il réussit à conquérir les coeurs et acquit pour cela une réputation et une affection sincère auprès de son peuple.
Or la décision de ‘Omar ibn Abd el Aziz résulte d’une phrase qu’il entendit de son maître lorsqu’il étudiait, encore enfant, à la Médine. Comme le reste des ommayades, ‘Omar blasphémait sur Ali lors de la prière collective. Il raconte lui-même : « Je me rendis auprès de lui (son tuteur ‘Ubeyd Allah ibn Abd Allah) un jour et il prolongea sa prière. J’attendais debout qu’il la finisse. Quand sa prière fut terminée, il me regarda et me dit : « quand as-tu appris que Dieu était en colère contre les gens de Badr et de l’allégeance de Rizwan1 après qu’il en fut satisfait?» Je répondis que je n’avais jamais entendu cela. Il dit: « qu’en est-il alors de ce que l’on me rapporte de ton comportement vis-à-vis de Ali?» Je fis alors mes excuses auprès de Dieu, de mon tuteur et j’abandonnais définitivement cette pratique (Kamil ibn Athir, t.5, p.17).
Voilà en somme le dialogue à l’origine de la révolution culturelle que ‘Omar ibn Abd al Aziz lança dans les pays islamiques lors de son califat, visant à réformer l’image déformée que l’opinion publique avait progressivement acquise de l’Imam Ali ibn Abi Talib (Psl).