Le monothéisme du Coran
Le monothéisme signifie la croyance en l'unicité d'Allah à tous les égards. IL est Un. IL est le Seul Créateur. IL est le Seul à diriger le monde. IL est le Seul à mériter le culte et l'adoration. IL est Unique sous beaucoup d'autres aspects.
Beaucoup de versets du Coran insistent sur l'Unicité d'Allah concernant la création, le commandement (la direction du monde) et le culte. Ils attirent tout d'abord l'attention de l'homme sur le fait qu'Allah est le Seul Créateur du monde. IL est le Seul à avoir une autorité souveraine sur lui. Ils tirent en suite la conclusion qu'IL est le Seul à mériter le culte.
Il apparaît d'après le Coran que beaucoup d'arabes païens croyaient ou étaient enclins à croire à l'Unicité d'Allah concernant la création et le commandement le Saint Coran dit:
«Si tu leur avais demandé: "Qui a créé les Cieux et la Terre et qui a assujetti le Soleil et la Lune?", ils auraient sûrement répondu: "C'est Allah." Pourquoi, alors, sont-ils aussi stupides?» (Sourate al-'Ankabout, 29: 61)
Le Coran cite comme preuve de l'Unicité du Créateur du monde, le système harmonieux de ce dernier, bien bâti et unique. Il veut que nous pensions à la cohérence et au caractère universel de ce système, pour être sûrs qu'il a été conçu et qu'il est dirigé par Un Etre Suprême. C'est de cette façon que nous arrivons à l'Unicité concernant la création et le commandement. Le Coran dit: «Votre Seigneur est Un. II n'y a de Dieu que Lui, le Clément, le Miséricordieux. Dans la création des Cieux et de la Terre, dans la succession de la nuit et du jour, dans le navire qui vogue sur la mer portant ce qui est utile aux hommes, dans l'eau qu'Allah fait descendre du Ciel et qui rend la vie à la Terre après sa mort - cette terre où IL a disséminé toutes sortes d'animaux - dans les variations des vents, dans les nuages assujettis à une fonction entre le Ciel et la Terre, il y a vraiment des Signes pour un peuple qui comprend». (Sourate al-Baqarah, 2: 163-164)
Des dizaines d'autres versets coraniques attirent l'attention de l'homme de diverses façons sur les signes éloquents de l'Unicité du Créateur, implicite dans ce système.
La réfutation du polythéisme
Le Coran réfute la théorie de la pluralité de dieux de la façon suivante:
«Allah ne s'est pas donné de fies; il n'y a pas d'autre divinité à côté de Lui. Sinon chaque divinité s'attribuerait ce qu'elle aurait créé, et certaines d'entre elles seraient supérieures aux autres. Mais gloire à Allah. IL est très éloigné de ce qu'ils allèguent. IL connaît ce qui est caché et ce qui est apparent; IL est exalté au-dessus de ce qu'ils Lui associent». (Sourate al-Mu'minûn, 3: 91-92)
Si le monde avait plus d'un créateur, la relation subséquente de ces autres créateurs supposés devrait obligatoirement revêtir l'une des formes suivantes:
1. Chacun d'eux aurait une autorité souveraine sur une partie du monde, sur la partie qu'il aurait créée lui-même par exemple. Dans ce cas, les différentes parties du monde auraient des systèmes totalement différents et indépendants les uns des autres. Mais nous voyons bien que le monde entier à un système unique et cohérent.
2. L'un des créateurs, ou l'un des dieux régionaux, tiendrait une position supérieure à celle des autres, et de cette façon, il assurerait une sorte de coordination et d'harmonie générale.
Dans ce cas, celui qui exercerait l'autorité suprême, serait le vrai souverain du monde entier et tous les autres seraient ses simples subordonnés.
3. Chacun de ces dieux aurait une autorité sur le monde et serait libre d'agir d'une façon indépendante et de décréter des commandements à sa guise. Auquel cas, il y aurait un chaos total et une vraie confusion, et il ne resterait, aucune loi ni aucun ordre, comme nous le signale le Coran:
«Si des divinités autres qu'Allah existaient, le Ciel et la Terre seraient corrompus. Gloire à Allah, le Seigneur du Trône, très éloigné de ce qu'ils Lui imputent!» (Sourate al-Anbiyâ', 21:22)
Donc l'uniformité du système qui prévaut dans le monde entier contredit la théorie de la pluralité des dieux avec des autorités indépendantes, et sa cohérence démentit la théorie de la multiplicité des divinités avec une seule autorité.
L'hypothèse selon laquelle deux ou plusieurs dieux pourraient exercer une autorité sur l'ensemble du monde, tout en coopérant les uns avec les autres et en décrétant des commandements uniformes, est une idée fantaisiste. Leur pluralité implique automatiquement qu'ils doivent diverger, au moins, à une occasion.
Les causes et les agents:
Le Coran souligne l'Unicité d'Allah concernant la création et le commandement. II affirme que c'est Allah Seul qui a créé toutes choses et que c'est Lui Seul qui exerce l'autorité sur l'ensemble du monde. En même temps, il ne nie pas l'existence du système de causalité et son vrai rôle. Le Coran dit notamment: «Allah a fait descendre du Ciel une eau par laquelle IL fait vivre la Terre après sa mort. Il y a vraiment là un signe pour les gens qui font attention». (Sourate al-Nihal, 16:65).
Ici il mentionne l'eau comme étant un moyen de donner vie à la terre.
Ce qu'on peut déduire du Coran, concernant les causes et leur rôle, c'est que le Tout-Puissant Créateur sait tout et peut faire ce qui Lui plaît. Mais IL a créé le monde d'une manière particulière et lui a imposé un système particulier dans lequel certaines choses ont le rôle d'en produire certaines autres. Toutefois, leur rôle demeure celui d'agents obéissants à Allah, accomplissant sans hésitation le travail qui leur est imparti, et se conformant avec soumission à Ses ordres, sans jamais les enfreindre.
La formidable puissance magnétique du Soleil, bien que constituant une force gigantesque dans son propre vaste domaine, demeure assujettie au commandement d'Allah. Le champ magnétique de la Terre, constitue lui aussi une force puissante. Mais lui aussi est subordonné au Commandement d'Allah qui confère à un petit oiseau le pouvoir de lui résister et de rester dans les airs pendant des heures.
Relatant l'histoire du Prophète Ibrâhim (P), le Coran dit:
«Les idolâtres crièrent: "Brûlez-le! et secourez vos dieux, si vous en êtes capables!" Nous dîmes: "O feu! Sois, pour Ibrâhim, fraîcheur et paix!" Ils projetaient de nuire à Ibrâhim, mais Nous avons contrecarré leurs projets». (Sourate al-Anbiyâ', 2: 68-70)
Ainsi, chaque fois qu'Allah l'estime nécessaire, IL peut empêcher le feu de brûler.
Si, avec les progrès de la technologie, l'homme peut maintenant neutraliser grâce à un simple signal électronique, une mine ou une bombe incendiaire qu'il a fabriquée, pourquoi Allah ne serait-IL pas capable de prévenir l'action d'une chose qu'IL a créée?
Les miracles
Un homme réfléchi ayant un peu d'instruction peut comprendre facilement la nature de miracles s'il prend en considération la relation des causes matérielles avec Allah, Sa Volonté et son Commandement. La vision islamique du monde soutient la réalité des miracles. Elle ne voit pas de contradiction entre les miracles et la loi de causalité qui stipule qu'aucun phénomène n'apparaît sans une cause, étant donné que selon le point de vue du Coran, un miracle est un phénomène ayant une cause spéciale, en l'occurrence, la Volonté d'Allah.
Non seulement la réalité des miracles n'est pas, en principe, en contradiction avec la loi universelle de causalité, mais pour des raisons pratiques, elle n'est pas incompatible, non plus avec le système normal des causes et effets. En faisant l'évaluation des lois scientifiques et expérimentales, l'homme ne reste pas les bras croisés en attendant la découverte des règles absolues et sans exception. Tous ceux qui sont familiers avec les sciences expérimentales avancées savent bien que le principe de relativité est applicable à beaucoup de lois de ces sciences. Les scientifiques avisés et bien informés ne croient pas à leur véracité absolue et à cent pour cent. En tout état de cause, ils utilisent ces lois relatives dans leurs études scientifiques et les adoptent pour parvenir à des résultats scientifiques et techniques tant qu'aucun progrès scientifique subséquent ne prouve la fausseté de l'une d'elles.
Dans notre vie quotidienne aussi nous ne restons pas les bras croisés en attendant de parvenir à la véracité à cent pour cent de toute chose.
Toutes les personnel sensées du monde, voyagent en voiture, train, bateau et avion mis au point par des techniciens expérimentés et conduits par des conducteurs, navigateurs et pilotes expérimentés, bien qu'elles sachent toutes qu'aucun de ces moyens de transport ne peut être sûr à cent pour cent. Le moyen de transport le mieux équipé, entretenu et conduit par le personnel le plus expérimenté et le plus responsable, peut connaître occasionnellement un accident, ou sortir de sa route et se renverser. La raison qui amène les gens à agir ainsi est que l'homme fonde ses calculs sur les conditions normales, et non sur les circonstances exceptionnelles, surtout lorsque de telles circonstances sont tellement exceptionnelles que le risque d'accident est trop faible, un sur mille ou même moins. Les événements miraculeux se produisent dans des circonstances très exceptionnelles sur ordre d'Allah. Leur rapport aux événements ordinaires est extrêmement faible, même plus faible qu'un sur des millions. De là, il est évident que la croyance à la réalité des miracles sur ordre et par la Volonté d'Allah ne milite pas en défaveur de la valeur et de la véracité théorique et pratique du système normal des causes et effets.
Les superstitions ne doivent pas être confondues avec les causes
L'un des enseignements islamiques les plus précieux nous apprend que pour identifier les causes et connaître tous leurs effets, nous devons nous appuyer sur une connaissance et une preuve claires, au lieu de nous référer à des mythes et des superstitions sans fondement. Croire aux mythes physiques cause un retard dans la science et l'industrie et empêche l'exploitation de la nature. C'est ce qui est arrivé à la médecine pendant des siècles. De même, la superstition concernant l'influence occulte des corps célestes sur les affaires humaines et le recours à des instruments astronomiques précieux, tels que l'astrolabe, pour la divination, entravent le progrès humain de nombreuses façons.
La croyance superstitieuse en l'efficacité des facteurs métaphysiques imaginaires est encore plus nuisible, car elle distrait l'homme du principe de l'Unicité d'Allah et le jette dans le piège du polythéisme. C'est pourquoi le Coran a mis expressément en garde contre la tentation de compter sur des idées superstitieuses métaphysiques (cf. Sourate al-Najm, 28: 123). Il nous dit que nous devons toujours nous appuyer sur une connaissance bien définie (Sourate al-Baqarah, 3) et une preuve claire (Sourate Yûnis, 68; et Sourate al-An'âm, 58).
La supplication
Allah a fait de la supplication l'une des causes qui influent efficacement sur les affaires humaines. La supplication signifie qu'on est profondément attentif à Allah et qu'on implore Son Aide par une prière fervente. Cela est d'autant plus logique qu'Allah est au courant de tout: IL sait ce que nous désirons, IL connaît les secrets les plus intimes de chacun. Mais, de même que dans le cas des relations de l'homme avec la nature les efforts et le travail assidus sont essentiels, comme en témoigne la maxime: "Il n'y a pas de gain sans peine", de même, dans le cas des relations humaines avec Allah, un système a été établi. Le Coran dit: «Quand Mes serviteurs t'interrogent à Mon sujet, dis-leur que JE suis proche d'eux. JE réponds à l'appel de celui qui M'invoque quand il M'invoque. Laisse-les donc répondre à Mon appel et croire en Moi, afin qu'ils puissent être dans le Droit Chemin». (Sourate al-Baqarah, 2: 186).
A propos de la supplication, on se demande parfois si la Volonté d'Allah est sujette au changement. Pourquoi veut-IL que nous Le suppliions alors que Sa Volonté est immuable?
La réponse à cette interrogation, du point de vue islamique, est qu'Allah est Eternel et que Sa Volonté aussi est Éternelle et Invariable. Mais la même Volonté Éternelle et Immuable a décidé qu'une grande partie de l'univers, celle de la nature, doit toujours être en état d' "être" au lieu d' "avoir été". Dans celle partie, à chaque instant un nouveau phénomène apparaît, qui est causé par des facteurs antérieurs. La supplication est une sorte d'effort et de travail, et comme tels, elle a un rôle et un effet prescrits par la même volonté éternelle.
Donc Allah est Eternel. Sa Connaissance et Sa Volonté aussi sont éternelles. De nouveaux phénomènes apparaissent encore à chaque instant. Votre effort ou votre supplication joue un rôle efficace dans leur apparition.
«Tout ce qui existe dans les Cieux et sur la Terre L'implore. A chaque moment IL fait apparaître une nouvelle manifestation de Son Pouvoir». (Sourate al-Rahmân, 55: 29).
Si vous êtes confronté à une difficulté, ne perdez pas espoir. Ne renoncez pas à l'effort. Adressez des supplications dévotes à Allah, car vous ne pouvez pas prédire qu'il n'y aurait pas d'issue à votre mauvaise passe. Le Coran dit, comme nous venons de voir, que: «A chaque moment IL fait apparaître une nouvelle manifestation de Sa Pouvoir».
Alors pourquoi désespérer. Il est possible qu'une nouvelle situation se développe rapidement.
Il y a dans le Coran de nombreux exemples d'événements qui prennent subitement un tournant contraire à toute attente. C'est le cas du Prophète Moussâ (P) lorsqu'il demanda de l'Aide (cf. Sourate Tâhâ, versets 25-26), ou celui du Prophète Zakariyâ quand il pria pour avoir un enfant (Sourate Maryam, versets 1-9). L'étude de tels exemples montre d'une manière précise que du point de vue coranique la supplication est une cause aussi réelle que n'importe quelle autre. De même que le Créateur du Monde a assigné, dans le système de causalité, un rôle à la lumière, à la chaleur, à l'électricité, au magnétisme, etc... et qu'IL a fait de certaines herbes et substances chimiques un médicament pour certaines maladies, de même IL a donné à la supplication remplissant les conditions requises un rôle dans la satisfaction des besoins, qui n'est pas purement psychologique et suggestif. Il est vrai qu'elle réveille beaucoup de facultés endormies chez l'homme et pousse celui-ci à faire plus d'efforts qu'on n'en attend de lui. Mais selon le Coran, la supplication est plus efficace que cela. C'est une cause indépendante et ses effets ne se limitent pas au renforcement de la volonté ou à tout autre résultat similaire.
L'UNICITÉ CONCERNANT LE CULTE
Comme nous l'avons dit plus haut, l'Unicité du culte est la première et la plus essentielle des choses que le Coran souligne en ce qui concerne le monothéisme. Le Coran la considère comme étant le résultat logique de l'Unicité d'Allah concernant "la création et le commandement". Nous savons que c'est Allah Seul qui a créé ce monde et que c'est Lui Seul qui le dirige. Nul autre n'a de rôle indépendant à cet égard. Les autres accomplissent seulement les devoirs spécifiques qui leur sont attribués par leur Créateur. Toutes les sources du pouvoir dans le monde, tels que le Soleil, la Lune, la Terre, les djinns, les anges, etc... Lui sont subordonnées et exécutent Ses commandements. Lorsque nous savons tout cela, il est insensé de rendre un culte à n'importe lequel de Ses simples agents ou de se prosterner devant leurs statues et images. Le Coran dit: «O vous les hommes! Adorez votre Seigneur qui vous a créés, vous et ceux qui ont vécu avant vous, afin d'être pieux. C'est votre Seigneur Qui a fait de la Terre un lit pour vous, et du Ciel un dais, et Qui a fait descendre du Ciel l'eau grâce à laquelle IL fait surgir des fruits pour assurer votre subsistance. N'attribuez donc pas à Allah des rivaux, alors que vous savez». (Sourate al-Baqarah, 2: 21-22).
«Certaines gens considèrent les djinns comme associés à Allah, bien que ce soit Lui qui les ait créés, et dans leur ignorance, ils Lui attribuent des fils et des filles. Gloire à Lui! IL est très Élevé au-dessus de ce qu'ils allèguent. IL est le Créateur des Cieux et de la Terre. Comment pourrait-IL avoir un enfant alors qu'IL n'a pas de femme et qu'IL a créé Lui-Même toutes choses. Tel est Allah, votre Seigneur. Il n'y a pas de dieu en dehors de Lui, le Créateur de toutes choses. Adorez-LE donc. IL veille sur tout». (Sourate al-An'âm, 6: 100-102).
«Parmi Ses Signes sont la nuit et le jour, le Soleil et la Lune. Ne vous prosternez donc ni devant le Soleil ni devant la Lune. Prosternez-vous devant Allah Qui les a créés». (Sourate Fuççilat, 41: 37).
«Certains hommes prennent des associés en dehors d'Allah. Ils les aiment comme on aime Allah; mais ceux qui croient, aiment Allah avec plus d'ardeur». (Sourate al-Baqarah, 2: 165).
Si l'adoration et la soumission ont pour but de demander l'assistance, elles font partie du droit exclusif d'Allah, étant donné qu'IL est le seul à pouvoir satisfaire les besoins des créatures.
«Dis: "Invoquerons-nous au lieu d'Allah ce qui ne peut ni nous être utile ni nous nuire".» (Sourate al-An'âm, 6-71)
Par ailleurs, si l'adoration et la soumission d'un être imparfait sont dues au fait qu'il est irrésistiblement attiré vers la gloire et la majesté d'un être parfait, là encore, c'est Allah qui y a un droit exclusif, puisque c'est Lui Seul qui mérite un tel amour et une telle dévotion.
L'Unicité concernant la soumission et l'obéissance
Du point de vue coranique, l'obéissance est de deux sortes:
1. Une obéissance accompagnée d'une soumission totale et d'un abandon inconditionnel à ce qu'on demande à un homme de faire.
Selon la conception coranique de l'Unicité, cette sorte de soumission - qui est en réalité une "servitude" - est due uniquement à Allah, et nul autre ne la mérite.
2. Une obéissance à ceux qui exercent sur nous un contrôle légitime, parce que nos intérêts ou les intérêts publics, ou tout simplement l'instinct humain nous obligent à leur obéir. Tel est le cas de l'obéissance au Prophète, à l'Imam et à ceux qui le représentent vraiment pendant la période de son occultation. (Pour plus de détails sur ce sujet, voir: Dr Murtaza Mutahhary: "Master et Mastership", Islamic Seminary Publications, 1980). La même chose s'applique à l'obéissance aux parents, etc...
Cette sorte d'obéissance est conditionnelle. Elle est obligatoire, à condition que ceux qui sont en position de donner des ordres ne transgressent pas les limites de la Loi et de l'équité. On est obligé d'apprécier sous cet angle chaque instruction qu'on reçoit d'eux et on doit s'abstenir de les suivre s'ils sont opposés à la Loi et à la justice. On ne doit pas obéir à une instruction contraire à la Loi divine, car aucune créature ne doit être obéir lorsqu'elle contrevient aux commandements du Créateur. Bien sûr, dans le cas du Saint Prophète et des Imams, leur infaillibilité suffit à les mettre à l'abri d'une telle éventualité, car ils ne peuvent pas être soupçonnés de dire quelque chose qui soit contraire aux Commandements d'Allah.
Donc, cette sorte d'obéissance n'est pas absolue et ne doit pas impliquer une soumission aveugle et inconditionnelle.
La soumission aux Commandements d'Allah
L'une des conséquences de l'Unicité concernant la soumission et l'obéissance est que les gens qui croient à l'Unicité d'Allah sont obligés de se soumettre totalement à Ses Commandements et Révélations dans toutes les questions religieuses. Pour sauvegarder l'Unité et la solidarité de leurs range, et se mettre à l'abri du sectarisme, il ne leur est permis d'avoir aucune préférence à cet égard. Le Coran dit: «Que les gens de l'Evangile jugent d'après ce qu'Allah y a révélé. Ceux qui ne jugent pas selon ce qu'Allah a révélé sont des pervers. Et Nous t'avons révélé le Livre avec la Vérité pour confirmer tout ce qu'il y avait d'Ecritures avant lui. Ainsi, juge entre ces gens d'après ce qu'Allah a révélé et ne te conforme pas à leurs désirs en te détournant de ce que tu as reçu de la Vérité. Nous avons donné, à chacun d'entre vous, une Loi divine. Si Allah l'avait voulu, IL aurait fait de vous une seule Ummah. Mais IL a voulu vous éprouver par les lois qu'IL vous a données. Cherchez donc à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions. Votre retour, à tous, se fera vers Allah; IL vous éclairera, alors, au sujet de vos différends. Juge entre eux, d'après ce qu'Allah a révélé et ne te conforme pas à leurs désirs; prends garde qu'ils n'essaient de t'écarter de ce qu'Allah t'a révélé. S'ils se détournent, sache qu'Allah veut les frapper pour certains de leurs péchés. Un grand nombre de gens sont pervers. Désirent-ils être jugés par la loi païenne? Qui donc est meilleur juge qu'Allah envers un peuple qui croit fermement». (Sourate al-Mâ'idah, 5: 47-50).
Ces versets offrent aux adeptes des précédents messages un moyen raisonnable et logique d'éviter les conflits internes. Chaque individu ou groupe doit déduire de la révélation le moyen de faire le bien et courir vers lui. Ce faisant, au lieu de conflits futiles entre les adeptes des religions divines, il y aurait une compétition autour des actions vertueuses. La question de savoir qui a raison doit être laissée aux textes religieux connus comme ayant une origine divine. Au cas où il y a différence d'opinion concernant l'interprétation, la question peut être laissée en instance jusqu'au jour où la vérité sera dévoilée par Allah, et alors la controverse sera définitivement close.
Tel semble être le seul moyen d'instaurer la solidarité entre les adeptes de la révélation. Autrement, non seulement les adeptes des différents prophètes, mais aussi ceux d'un même prophète et d'un même Livre, mais appartenant à différents rites et à diverges branches d'une même secte, ou partisans de différents dirigeants religieux, seraient toujours à couteaux tirés les uns envers les autres, et la lumière de "l'Ecole de la Révélation" serait ternie.
C'est pourquoi le Coran considère la croyance en l'Unicité d'Allah comme la base de tout son système et voit le conflit interne comme une déviation. Il réprouve toutes les controverses religieuses et les considère comme étant contraires à l'esprit du monothéisme, et comme un obstacle sur la voie de l'unification du système social sur la base de la révélation. Seule une discussion académique claire, et dépouillée de querelles égoïstes et partiales, est autorisée à cet égard.
DIEU: L'UNIQUE ET L'INCOMPARABLE
Le "tawhîd" est un concept révolutionnaire et il constitue L'essence des enseignements de l'Islam. Il signifie qu'il y a seulement Un Seigneur Suprême de l'univers. IL est Omnipotent, Omniscient, Omniprésent et le Sustentateur du monde. Le Coran dit: «Dis: Lui, Allah est Un! IL est. Indépendant. IL n'a pas engendré; IL n'est pas engendré. Nul n'est égal à Lui!» (Sourate al-Tawhîd, 112: 14).
L'Unicité intrinsèque
Les penseurs éminents du monde musulman soutiennent que "personne n'est pareil à Allah" signifie Son Unicité intrinsèque, comme le proposent les philosophes et les mystiques.
Le moyen le plus simple de la décrire est la suivante: Lorsque nous disons qu'Allah est sans pareil, cela signifie qu'en principe il ne peut pas y avoir un partenaire avec Lui. On ne peut même pas supposer qu'il puisse y avoir plus d'un Dieu. L'Unicité est Son attribut absolument essentiel et indispensable.
De là, pour pouvoir saisir l'idée de Son Unicité, il suffit d'avoir présent à l'esprit la conception correcte de Lui. Si nous connaissons bien la vraie signification de ce mot, nous parviendrons automatiquement à la conclusion qu'Allah est Un. IL ne peut pas être plus qu'un, car la pluralité est incompatible avec Son Existence.
Supposons qu'une ligne s'étende indéfiniment des deux côtés. Supposons aussi qu'il y ait une autre ligne à un mètre de distance de la première et parallèle à elle, s'étendant elle aussi indéfiniment dans les deux directions. Il n'y a aucun problème à supposer l'existence de deux telles lignes. C'est la raison pour laquelle on dit que deux lignes parallèles sont celles qui se trouvent équidistantes l'une de l'autre dans toute leur longueur et qu'elles ne se rencontrent jamais même si elles se prolongent indéfiniment.
Indépendamment de la controverse à propos de la justesse ou l'erreur de la définition des lignes parallèles, et de son caractère absolu ou relatif, il est clair qu'il est possible de supposer l'existence de deux telles lignes.
Maintenant, supposons l'existence d'un corps qui se développe indéfiniment, et qui grandirait de plus en plus dans toutes ses dimensions: en longueur, en largeur et en hauteur. Ceci dit, pouvons-nous supposer là encore l'existence d'un autre corps - à côté du premier - qui se développerait lui aussi indéfiniment? Non, nous ne le pouvons pas, parce que le premier corps devrait remplir tout l'espace et il n'y aurait plus de place, limitée ou illimitée - pour le second, à moins que celui-ci ne pénètre dans le premier. Mais est-il possible pour un corps de pénétrer dans un autre corps lui-même et non dans l'espace qui se trouve entre ses molécules? Bien sûr que non. De là, il n'est pas possible de supposer l'existence simultanée de deux corps illimités dans toutes les directions et dans toutes leurs dimensions.
Nous avons parlé jusqu'ici de corps illimité. La supposition de l'existence d'un tel corps exclut l'existence d'un autre. Mais elle n'exclut pas l'existence d'une chose non corporelle. Elle ne s'oppose pas, par l'exemple, à l'existence d'une âme illimitée qui aurait pénétré un corps illimité.
Maintenant, considérons un être infini à tous les égards de l'existence. Est-il possible de supposer l'existence de deux ou trois êtres de telle nature? Non, ce n'est pas possible, car à supposer l'existence de deux tels êtres, l'existence de chacun d'eux serait au moins limitée par celle de l'autre. Cela étant, aucun d'eux ne sera infini.
De là, Allah n'a pas de pareil ou d'égal. En principe, il ne peut pas y avoir deux dieux ou plus.
Nous avons été, jusqu'ici, en mesure de savoir qu'il y a un Créateur qui est la Source de l'Existence et qui n'a pas de semblable. Mais est-ce là la limite finale de la connaissance humaine sur Lui? Ne pouvons-nous pas avancer et avoir un peu plus de connaissances sur cette source de l'Existence?
Certains savants ont tendance à croire que l'homme peut avoir seulement une "connaissance", à savoir qu'il peut savoir qu'il y a une source d'existence, et que davantage de science ou de connaissance n'est pas à sa portée.
Ces savants professent que tout nom ou attribut qu'on peut utiliser pour nommer la Source de l'Existence, en ayant l'intention d'ajouter par ce moyen quelque chose à la connaissance qu'on a de Lui, est probablement sans aucun rapport avec Lui et ne ferait qu'augmenter notre ignorance et notre malentendu.
Selon ce point de vue le plus haut niveau de connaissance que l'homme peut atteindre sur le Créateur est seulement qu'IL existe et qu'IL est au-dessus de tout ce que l'homme peut concevoir ou imaginer. La connaissance de la source de l'existence suit seulement une direction, à savoir que la source doit être au-dessus de tout ce que l'esprit humain peut concevoir.
L'appréciation d'une opinion excessive
L'idée vers laquelle tendent ces savants est très attrayante et d'autant plus appréciable qu'elle rejette toutes conceptions déraisonnables et mythiques sur Allah. Mais si nous l'apprécions d'un point de vue réaliste, nous la trouverons un peu excessive. En effet, si la connaissance humaine sur Allah est impossible, en dehors du mot "IL", qui est absolument vague, alors, comment pouvons-nous apprendre qu'IL est réellement?
Il apparaît que les grands savants qui tendaient vers cette idée ont pris la connaissance totale et complète pour celle relative. Une chose peut avoir des dizaines de caractéristiques qui la distinguent des autres choses. En connaissant l'une de ces caractéristiques, nous pouvons l'identifier sans avoir besoin d'une connaissance complète de tous ses traits distinctifs. C'est le cas, non seulement pour Allah, mais le même principe s'applique à tout ce qui existe. Par exemple, si vous avez deux enfants, vous pouvez facilement reconnaître chacun d'eux. Mais êtes-vous au courant de toutes leurs caractéristiques morales et physiques?
De là, s'il est question d'une connaissance complète d'Allah, nous devons admettre que cela est humainement impossible.
Mais s'il est question de la connaissance de certains de Ses Attributs, et que cette connaissance relative peut le distinguer de tous les autres, alors là, l'homme doit bien sûr avoir une telle connaissance afin d'être au courant de Son Existence. En réalité sans une telle connaissance, il est difficile de parler d'Allah.
De là, notre incapacité d'avoir une connaissance totale et complète de la réalité ne doit pas signifier que nous soyons incapables d'avoir aucune sorte de connaissance à son sujet.
Il y a un stade moyen; bien mieux, il y a plusieurs stades intermédiaires entre une connaissance absolue et complète et une ignorance totale, à savoir "une connaissance relative d'une ou de plusieurs directions".
Une étude attentive de la connaissance, de sa valeur et de ses limites montre que l'information humaine sur ce monde est le plus souvent relative. Pour cette raison, la science moderne s'intéresse fondamentalement à la connaissance des traits caractéristiques des choses et non à leur "essence". La connaissance de la Source de l'Existence aussi à des restrictions similaires. Lorsqu'une personne intelligente et bien informée pense à Allah, elle s'exclame du fond du coeur: "Je ne sais pas ce que Tu es; Tu es ce que Tu es".
Toutefois, lorsque cette même personne regarde Ses Signes et une partie de Ses Marques distinctives, elle fait un peu connaissance avec Lui. Bien que cette connaissance soit de loin inférieure à la connaissance absolue, lorsqu'on la possède, on peut parler de "Lui" avec certitude. (Voir: Ayatollâh Bâqir al-Sadr: "He, His Messenger and His Message", ISP, 1980)(1)
On peut dire que toute personne qui croît en Allah, L'identifie, au moins, à l'un de Ses Attributs, attribut par lequel elle Le reconnaît. La reconnaissance d'Allah est accompagnée d'au moins quelques attributs, tels le Créateur, le Sustentateur, l'Origine, l'Auto-Existant, etc...
Note :
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Ou en français: "Le Révélateur, le Messager, le Message", Traduit par Abbas Ahmad al-Bostani, 1983.