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L'IMÂN

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Imân" est un mot arabe introduit dans beaucoup de pays musulmans où il est devenu couramment connu. Tous ceux dont la langue maternelle est le Persan, le Turc, le Swahili ou l'Ourdu sont plus ou moins familiarisés avec ce mot. Bien qu'en anglais ou dans les autres langues européennes en général, des mots comme foi, croyance et confiance soient employés aussi dans le même sens, aucun d'eux n'est tout à fait synonyme de Imân, lequel est utilisé couramment et compris généralement. Pour clarifier le sens de ce mot, nous recourrons aux quelques exemple suivants:

 

Lorsque nous avons une totale confiance en l'intégrité d'une personne et que nous pouvons compter sur elle sans hésitation, nous disons que nous avons imân en elle. De la même façon lorsque nous croyons totalement à la véracité d'une affirmation, nous disons que nous avons imân en elle. Si nous avons une foi bien fondée en un système intellectuel ou en une "idéologie" et si nous nous y sentons si attachés que nous en faisons spontanément, et dans une parfaite tranquillité d'esprit, la base de nos occupations et de notre vie, et que nous fondons le programme de nos activités dans la vie sur cette idéologie, nous disons alors que nous avons imân en elle.

 

Ces exemples montrent que imân signifie une foi ferme et une confiance totale en un sujet, en une idée, en une doctrine, etc...

 

Les antonymes d'imân sont: doute, réticence, indécision. Le doute peut être vis-à-vis d'une personne, d'un point ou d'une doctrine. Il peut être à cinquante pour cent de chaque. Il est possible aussi qu'il soit accompagné d'un pessimisme ou d'un optimisme de course durée. En tout état de cause, son résultat naturel est la méfiance. Même lorsque le doute est accompagné d'optimisme, il n'est pas possible de s'attacher et de croire à une personne ou à une idéologie, surtout au cas où il est nécessaire, en vertu de cet attachement, de faire face à un danger réel ou potentiel et de se montrer persévérant.

 

Maintenant; voyons minutieusement la vie d'un homme afin de découvrir quel est le rôle de l'imân dans la vie moderne, en laissant de côté les époques antérieures.

 

Mais par où devrions-nous commencer notre recherche? Devrions-nous le faire à partir des scènes émouvantes de la lutte héroïque des peuples défavorisés, mais loyaux, qui combattent pour acquérir leurs droits humains, ou à partir d'un lieu relativement tranquille, par exemple, à partir de l'atmosphère chaleureuse de la vie de famille ou de l'école? A notre avis, il vaut mieux étudier la question à travers plusieurs stades afin que nous poissions atteindre le fond du sujet.

 

Le rôle de l'imân dans la vie d'un enfant

 

L'imân est le premier facteur psychologique dans la vie d'un enfant, même à notre époque de progrès technologique et de maîtrise de l'espace. L'imân est l'axe autour duquel tourne le plus la vie de l'enfant. Il a imân (foi) en ceux qui sont associés à lui - c'est-à-dire en ses parents, ses frères, ses sœurs, ses instituteurs, etc... et dans les choses qu'il fait en les imitant ou en suivant leurs instructions, et il a imân en ses propres efforts et en son propre discernement concernant les choses qu'il fait de son propre chef. Les enfants ont en effet confiance en leurs parents, leurs frères, leurs sœurs et leurs instituteurs. Ils ont foi en la justesse de ce que leurs aînés leur apprennent et en ce qu'ils font d'une façon indépendante et de leur propre initiative.

 

Si cette confiance vitale venait à disparaître pendant quelques jours chez les enfants d'une famille - même dans l'un des pays les plus avancés technologiquement et industriellement - et qu'elle vienne à être remplacée par le doute et la suspicion, vous remarqueriez combien ces pauvres enfants seraient perdus. Aucune aide scientifique ou technique ne pourrait faire revenir leur zèle et leur confiance en eux-mêmes, à moins que, et jusqu'à ce que, l'imân soit restauré.

 

Le développement sain et équilibré d'un enfant, ainsi que son bonheur futur, dépendent largement de l'imân de ses parents, de ses instituteurs et de tous ceux qui sont responsables le son éducation. Seuls les personnels qui ont un imân dans leur tâche vitale peuvent s'acquitter bien de cette tâche. Il n'y a pas de doute qu'une mère qui élève et éduque son enfant avec dévouement et le sens des responsabilités, et un père ou un instituteur qui assument leurs responsabilités de bon cœur, ont tous un rôle à jouer pour assurer une vie heureuse aux personnel sous leur garde.

 

Une atmosphère familiale qui manque de dévouement, de confiance mutuelle entre parents et enfants et de respect réciproque des droits respectifs des uns et des autres, est l'un des facteurs les plus importants de la misère des enfants. Dans une telle atmosphère familiale noire et insipide l'enfant n'éprouve ni paix de l'esprit ni confiance. Il perd graduellement la foi en toutes choses et même en lui-même, et il se prive des facteurs les plus précieux du progrès et de l'évolution, en l'occurrence, l'imân en lui-même et dans l'environnement de sa vie.

 

En principe, l'imân d'un enfant est en grande partie un reflet de l'amour et de la confiance que ses parents lui montrent et qu'il leur rend. De la même façon, l'imân d'un instituteur a un effet profond et constructif sur ses élèves, spécialement pendant les premières années de leur éducation.

 

Il ne fait pas de doute qu'une partie de vos meilleurs souvenirs doit concerner les jours où vous jouissiez de l'orientation d'un instituteur sincère et dévoué dans votre école.

 

Assujettissement par le doute

 

A l'approche de l'adolescence, l'imân de l'enfance est envahi par l'incrédulité et le manque d'enthousiasme. Même pendant l'enfance on rencontre parfois des événements qui ébranlent notre confiance en une personne ou en une chose. Toutefois, durant cette phase de la vie de l'individu, un autre imân occupe la place laissée vide par le premier imân (c'est-à-dire un imân allant dans une direction opposée à celle du premier), sans que l'enfant soit confronté à un doute prolongé. Mais pendant cette phase il ne souffre d'aucun sentiment d'incertitude et développe normalement en lui-même une confiance dans la direction opposée. C'est pour cette raison qu'un enfant change vite d'opinion et on remarque que des points de vue différents se succèdent rapidement chez lui. Par exemple, à un moment il ne semble pas en bons termes avec son camarade de jeu, à un autre moment il en redevient l'ami. Souvent pendant une même partie de jeu, cette scène se répète plusieurs fois.

 

Progressivement cette période prend fin et cède la place à l'adolescence, pendant laquelle ont lieu de nombreux développements physiques et mentaux.

 

L'un de ces changements est le fait que l'individu perd la foi en la justesse de beaucoup d'idées auxquelles il croyait auparavant, pendant son enfance. Il devient sujet à l'incrédulité et au manque d'enthousiasme, dont la portée varie d'une personne à l'autre. Certaines personnel percent foi presque en toutes choses et deviennent sceptiques.

 

Le doute constructif

 

L'incrédulité de l'adolescent peut être un facteur très efficace dans le développement de l'homme, à condition qu'elle soit accompagnée d'une sorte de ferveur et de confiance dans l'investigation et la recherche.

 

Seule cette sorte d'incrédulité peut être appelée "doute constructif". Bien que le fait de douter conduise à la destruction de tout ce à quoi nous croyions auparavant et que la reconstruction soit liée à la recherche et à l'investigation que nous entreprenons après cette destruction, nous considérons le doute comme une contribution à la reconstruction et l'appelons "doute constructif", étant donné que nous n'entreprenons des recherches et des investigations que lorsque les croyances instables de l'enfance auront été détruites.

 

Le rôle de l'imân encore

 

Normalement, l'incrédulité de l'adolescent le pousse à s'informer et à faire des recherches. On peut dire que dans cette phase il désire se défaire de ce qu'il a appris pendant la période de la pré-adolescente et, dans ce domaine, comme dans bien d'autres, il veut être indépendant et montrer qu'il n'est plus un enfant. Ce doute est donc accompagné d'une sorte d'imân (imân en lui-même, imân en sa volonté de s'appuyer sur ses propres forces de voir ce qu'il peut comprendre lui-même). Avec l'incrédulité de l'adolescence nous nous trouvons face à face avec un monde nouveau, un monde infini de choses inconnues. En ce moment-là un désir de savoir surgit et nous nous lançons dans des recherches et nous nous livrons à des investigations avec un grand espoir, et normalement avec imân, en ceci que nous pouvons désormais acquérir des informations plus pures et plus sûres sur ces choses inconnues en comptant sur notre propre capacité de reconnaissance; d'investigation et de recherche.

 

Si l'incrédulité de l'adolescence n'est pas suivie d'un désir positif de découvrir et d'une ardeur dans la recherche d'informations elle ne peut pas être qualifiée de constructive. Dans ce cas elle ébranlera notre confiance en toutes choses et ne nous apportera qu'un manque d'enthousiasme ennuyeux. Donc l'imân a un rôle positif dans la découverte durant la merveilleuse période de l'adolescence.

 

Le progrès scientifique et industriel est normalement le résultat d'efforts soutenus de ceux qui effectuent des recherches incessantes et qui, pour faire une découverte, procèdent à des centaines d'essais et d'épreuves. Parfois, pour s'assurer de la fiabilité d'une nouvelle idée scientifique ou industrielle qui leur vient à l'esprit, ils répètent la même expérience plusieurs fois. Vous avez pu observer quelques scientifiques autour de vous, et voir avec quelque application et quel zèle ils suivent leur travail, et quel éclat d'imân dans leur travail et leurs recherches scientifiques brille sur leurs visages. Il est possible que vous ayez eu vous-même l'expérience du plaisir de ces délices, exultation et imân.

 

L'imân constructif

 

Nous parlons du rôle de cet imân qui est constructif et qui conduit effectivement à l'action, et non de celui qui fait vivre d'espoir pendant une période de détresse sans donner une direction définie à la vie.

 

Bien que cette dernière sorte d'imân ait quelque valeur dans la vie humaine, ses mauvais effets ne peuvent pas être négligés. Laissons pour une autre occasion la question du pour et du contre de cette sorte d'imân, et notons seulement que le Coran ne considère pas cet imân comme suffisant pour la prospérité de l'humanité même en ce qui concerne la foi en Allah. Dix des versets coraniques disent expressément que le salut humain dépend de l'imân accompagné d'une action appropriée et proportionnée au but.

 

Les versets 82 et 277 de la sourate al-Baqarah peuvent être cités à cet égard. Dans la Sourate Yûnis, verses 22, la Sourate Al-'Ankabout, verses 65 et la Sourate Luqmân, verses 32, le Coran condamne sévèrement ceux qui ne prêtent pas beaucoup d'attention à Allah dans leur vie ordinaire et s'accommodent de toutes sortes de perversions, mais qui Le sollicitent dès qu'ils se trouvent dans des moments de détresse et de misère. Le Coran décrit en divers endroits les actions comme étant les pierres de touche de l'imân. Faisant allusion à ceux qui vantent leur foi, mais qui aux moments critiques évitent tout sacrifice, il dit: «Les hommes pensent-ils qu'on les laissera dire: "Nous croyons!" Sans les éprouver?» (Sourate al-'Ankabout, 29: 2).

 

Une liberté débridée n'est pas compatible avec la croyance à une idéologie

 

L'imân constructif et positif crée naturellement certaines obligations et restrictions. Dans la société humaine, chaque idéologie a ses propres règles auxquelles doivent souscrire ceux qui croient en elle. Même les nihilistes, qui n'acceptent aucun système, doivent observer certaines normes et règles. Les groupes qui forment des cercles fermés par refus du mode de vie conventionnel ne permettent pas à une personne conforme aux modèles normaux de se joindre à eux, car ils pensent que cela va à l'encontre de leur système. Si même un système de "non-système" appelle certains devoirs, comment petit-on s'attendre à ce qu'une idéologie constructive puisse ne pas impliquer des obligations morales et légales? Le secteur à l'esprit libéral de notre société doit savoir que fuir ses responsabilités ne s'accorde ni avec le réalisme ni avec la vraie mentalité libérale.

 

L'imân de l'enfance, malgré sa pureté et sa sérénité, est incomplet, parce qu'il ne procède pas d'une conscience accompagnée d'analyse. Il est, le plus souvent, une réponse involontaire à l'environnement dont il est une sorte d'écho. C'est pourquoi il ne peut pas fixer sa base en face des doutes de l'adolescence, et comme nous l'avons dit précédemment, il est ébranlé par l'assaut de la puberté.

 

Le fait est que pendant cette période de l'enfance, on ne peut s'attendre à rien de plus qu'un tel imân simple et superficiel. Mais pendant l'adolescence et la période qui la suit, nous pouvons avoir un imân conscient, un imân qui résulte de calcul, d'étude et d'analyse profonde. La somme de succès dans l'obtention d'un imân conscient, varie d'un individu à l'autre. Pour beaucoup de gens, le doute de l'adolescence est très simple et d'un effet limité. Il affecte un peu la plupart des questions auxquelles ils ont cru depuis leur enfance.

 

L'imân de telles gens, même pendant leur âge mûr, est plus ou moins la suite de ce qu'ils ont connu pendant leur enfance. Il devient seulement plus profond avec le temps. En tout état de cause, il ne peut pas être appelé "imân conscient". De telles gens, on les trouve couramment même parmi les classes qui ont reçu une haute éducation. Beaucoup de savants éminents, bien que brillants dans leurs domaines propres, ont suivi, sans un examen critique digne de leur position d'hommes instruits, la même doctrine ou la même tendance politique ou sociale que leur avait offerte leur environnement. L'Islam n'approuve guère une telle attitude. La plus haute source de l'autorité islamique, en l'occurrence le Coran, nous exhorte sans cesse à la délibération et à l'analyse logique. Il désapprouve l'attitude de ceux qui suivent aveuglément un système: «Ils disent: "Nous avons trouvé nos pères suivant tous la même voie, et nous sommes guidés d'après leurs traces." Ainsi, nous n'avons envoyé avant toi (O. Muhammad!) aucun avertisseur à une cité sans que ceux qui y vivaient dans l'aisance ne disent: "Nous avons trouvé nos pères suivant tous la même voie et nous marchons sur leurs traces"». (Sourate al-Zukhruf, 43: 22-23).

 

Le Coran dit aussi: «Lorsqu'on leur dit: "Venez à ce qu'Allah a révélé au Messager", ils répondent: "L'exemple que nous trouvons chez nos pères nous suffit". Et si leurs pères ne savaient rien? Et s'ils n'étaient pas bien dirigés?» (Sourate al-Mâ'idah, 5: 104).

 

Concernant la question de l'adoption d'une doctrine, le Coran insiste sur le fait que l'imân doit être fondé sur le savoir et sur une étude satisfaisante. S'il n'est pas fondé sur la connaissance, il est sans valeur, et on doit continuer de chercher la vérité.

 

Après avoir invoqué certains arguments logiques contre l'idolâtrie, le Coran dit: «La plupart des incrédules se contentent de conjectures en matière d'idolâtrie. Or la conjecture ne saurait prévaloir contre la Vérité. Allah sait parfaitement ce que vous faîtes». (Sourate Yûnis, 10: 36)

Du point de vue coranique, il est du devoir de l'homme qu'indépendamment des idées que lui ont inculquées ses parents ou qu'il a reçues de son environnement pendant son enfance, il exerce ses facultés de connaître et d'apprendre pour regarder attentivement lui-même et le monde qui l'entoure, et il doit continuer à contempler tranquillement jusqu'à ce qu'il parvienne à une conclusion bien déterminée qui poisse former la base de sa croyance et de sa conduite personnelle et sociale dans la vie.

 

La vision du monde

 

L'adoption d'un tel but et d'une telle direction de vie par quelqu'un a un lien direct avec sa vision du monde et du rôle que l'homme y joue. Comme cette vision est la seule sanction et infrastructure de toute idéologie, on doit être attentif en la choisissant et éviter d'être trop confiant ou superficiel à cet égard.

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