Apparition des réalités cachées dans les âmes humaines à la Résurrection
Au Jour de la résurrection, tout ce qui dans ce monde est occulté, secret, dissimulé ou caché, sera manifesté. Les bénédictions et les punitions qui sont les conséquences et les résultats des âmes humaines feront leur apparition concrète.
« … Ô homme ! Toi qui t’efforces vers ton Seigneur sans relâche, alors tu Le rencontreras. » (sourate Al-Inshiqâq (La déchirure) ; 84 : 6).
Tous les efforts que nous déployons, quel que soit leur sens, nous rapprochent inéluctablement de la rencontre avec notre Seigneur. Ce verset ne concerne pas les croyants exclusivement : la rencontre avec Dieu, mentionnée dans plusieurs versets coraniques, concerne tous les hommes, quels qu’ils soient, croyants, incrédules, hypocrites, justes ou corrompus, pécheurs et repentis, faibles ou forts, etc. Tous doivent faire mouvement vers Dieu et aller à Sa rencontre.
La lumière de Dieu rayonne du Seuil du monde de Son unicité et éclaire l’intérieur de toute chose, et c’est alors que tous les effets des bienfaits divins comme le paradis, les belles aux yeux noirs, « les paradis sous lesquels coulent les rivières ... », les vents doux qui caressent les cœurs, les parfums vivifiants, « ... et un agrément de Dieu est encore plus grand » (sourate Al-Tawba (Le repentir) ; 9 : 72) et tant de bénédictions qui ont été promises au Jour de la résurrection se manifesteront toutes d’un seul coup par l’effet de la lumière de l’unité divine, et seront dévolues aux hommes sous les plus belles formes.
« … il s’y trouve de quoi satisfaire l’appétit des âmes et la volupté des regards. » (sourate Al-Zukhruf (L'ornement) ; 43 : 71).
Ces délices et ces voluptés étaient enfouies dans le fonds des âmes et dans la réalité même du croyant, mais Dieu seul, exalté soit-Il, pouvait les sortir de cet état et les restituer à ceux et celles qui les méritent. Ce sera fait au Jour de la résurrection.
« … Lui seul, le moment venu, la fera éclater … » (sourate Al-A‘râf ; 7 : 187).
Et c’est alors que ce que possèdent les âmes, ainsi que les lieux où se trouvent les promesses, seront éclairés et révélés au grand jour.
« Et la terre resplendira de la lumière de son Seigneur… » (sourate Al-Zumar (Les groupes) ; 39 : 69).
Il en va de même pour les ceux qui ont désobéi et les pécheurs. Ils ont constamment alimenté le feu qu’ils ont allumé eux-mêmes. Mais ils ne se rendaient pas compte que ce feu, Dieu nous en préserve, étaient en eux, invisible. Ils étaient enivrés par le monde, par la colère, par l’indifférence et la négligence et ne comprenaient pas. Le sens qui se trouve dans leur être et qui devait leur permettre de percevoir ce feu s’est lui aussi fané, atrophié. Comme un organe qui n’est jamais utilisé, il a fini par mourir, et ne plus répondre aux sollicitations. Ce sens qui est de nature spirituelle, qui est immatériel, ce sens que nous appelons encore ainsi, faute d’autre terme, n’est plus que l’ombre de lui-même, abandonné et mis au rebut, enfermé comme un prisonnier.
Lorsque se manifestera la lumière de Dieu et qu’elle se projettera sur ces sens endormis, atrophiés, victime de l’indifférence des hommes, et qu’elle leur rendra la vie, les réveillera et les rendra conscients, on saura alors ce qui s’est passé. Ce sera exactement comme si les hommes se trouvaient dans un grand espace désert, dans un coin duquel il y aura des tas d’immondices et de pourritures, et dans un autre coin duquel on aura disposé des fleurs comme le jasmin et préparé des parfums comme celui du basilic. Comme il fait encore nuit et que règne un froid glacial, que le soleil ne s’est pas encore levé, qu’il n’y a pas de source de lumière et de chaleur, les odeurs nauséabondes des pourritures ne parviennent pas aux narines des hommes, ni les parfums des fleurs odorantes. Mais quand poindra l’aube à l’horizon et que le soleil éclairera ce désert sec, froid et ténébreux, tous les êtres inertes ou vivants qui s’y trouvent se mettront en branle et manifesteront leur présence, leur nature cachée, leur message insoupçonné. D’un côté, les effluves nauséabonds étouffants, de l’autre les parfums vivifiants de la rose et du basilic.
La manifestation de ce qui était caché, et l’occultation de ce qui était apparent, ont pour corrélat et concomitant la manifestation des réalités, et l’écartement des voiles couvrant les quiddités et des identités, et que toute chose parvienne « à la fin des fins, à la destination de toutes les destinations, qui n’est autre que le commencement des commencements, et qui est Dieu, exalté soit-Il ». Tous les êtres parviendront à la station ultime de leur voyage. Comme le rappellent plusieurs versets coraniques :
« A Lui vous serez ramenés … » (sourate Al-‘Ankabût (L’araignée) ; 29 : 21).
C'est-à-dire que tous vos actes, toutes vos qualités, seront retournés de façon à laisser voir leur revers. Elles apparaîtront sous leur vrai jour, complètement autres. Elles prendront une forme que l’esprit humain actuel ne peut même pas imaginer car elles sont bien au-dessus de ses capacités intellectuelles et imaginatives. Elles seront disposées là et placées devant ses yeux émerveillés ou épouvantés des hommes rassemblés pour rendre compte et recevoir leurs récompenses et leurs punitions.
« Il est la destination de tout.. » (sourate Al-Mâ’ida (La table servie) ; 5 : 18).
« C’est à Lui que vous retournerez. » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 245), c'est-à-dire que toutes les étapes de notre évolution nous ramènent à lui, finalement. Car :
« N’est-ce pas que Dieu est la destination de toute chose ? » (sourate Al-Shûrâ (La consultation) ; 42 : 53).
Et, « Nous appartenons à Dieu, nous retournerons à Lui. » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 156).
Heureux soient ceux et celles qui ont marché dans la bonne direction avec la bonne résolution. Et heureux soient ceux et celles qui ont volontairement entamé leur voyage, sous les orientations et les augures du Noble Coran, et qui ont suivi sincèrement les enseignements et recommandations des maîtres de la Voie de Dieu que sont les Imâms Purs de la Famille du Prophète (as), et qui ne se sont pas laissé distancer par la caravane. Quiconque est parvenu à un degré du bonheur, le doit au fait qu’il s’est conformé à eux, qu’il n’a pas quitté des yeux la tête de la caravane. Et celui que son chemin a fait aboutir au châtiment, ce sera par l’effet et la conséquence du fait qu’il se sera éloigné d’eux. On sait que plus on se rapproche d’eux, plus on se rapproche du sens réel et de la vraie vie, et quiconque s’éloigne d’eux délibérément se met en retrait de la réalité et sombre dans l’illusion. Le critère du jugement est la conscience même de l’homme. Toute action authentique que l’homme accomplira pourra se conformer et se confondre avec les actes des Imâms (as), et toute mauvaise action sera aussi jaugée selon le même critère, et fera apparaitre sa laideur.
La justice divine s’exercera ainsi comme un bilan établi par la somme algébrique même des actes de l’homme. Il n’y aura aucun tort. Dieu juge avec équité, et Il accorde aux bonnes actions un poids bien différent de celui des mauvaises. Car Il juge avec amour, bonté et magnanimité, effaçant des fautes et fermant les yeux sur d’autres.