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Le problème de concentration dans la Prière
La Prière, ses objectifs et ses significations
Le problème de concentration dans la prière est une préoccupation universelle pour des millions de priants qui y sont confrontés quotidiennement.

Un problème, car la prière rituelle occupe une place primordiale dans le système des rites en Islam et tout Musulman est tenu obligatoirement d'accomplir cette prière cinq fois par jour, sous peine d'être fautif vis-à-vis d'Allah. En effet, selon le Hadith, la prière est le pilier de la Religion, si elle est acceptée, le reste (des actes de piété du croyant) sera accepté, et si elle est rejetée, tout le reste sera rejeté aussi. Or, pour être acceptée, la prière doit remplir un certain nombre de conditions, et entre bien d'autres, elle doit être correctement accomplie selon un ordre prescrit précis. Et on sait que la prière rituelle consiste en une suite de gestes, de mouvements et de positions corporelles pendant lesquels le priant doit prononcer des lectures prescrites. L'acceptation de la prière ou son rejet dépend en partie de l'accomplissement correct et selon l'ordre prescrit de tous les mouvements et lectures que chaque prière requiert. Il suffirait donc que le priant omet ou oublie d'accomplir une séquence de la prière, une lecture, un mouvement prescrit pour que sa prière soit invalidée ou défectueuse. Or de tels oublis sont fréquents chez un bon nombre de priants, vu nos soucis, nos préoccupations et nos stress quotidiens qui nous déconcentrent souvent, et nous font perdre le fil du déroulement de la prière. Il arrive à chacun de nous souvent pendant la prière de penser subitement à un ami qu'on a rencontré ou qu'on va rencontrer, à ce qu'on mange tout à l'heure, à une remarque désobligeante faite par un individu etc... Or ce sont ces idées qui envahissent sans cesse et l'une après l'autre notre esprit qui empêchent celui-ci de se concentrer sur le déroulement correct de la prière.

D'autre part l'esprit est le centre de la pensée et l'entité dans laquelle naissent et passent les idées. Il doit être donc forcément toujours occupé par une pensée, tout comme un corps creux dans l'air ou dans l'eau ne peut rester une seconde inoccupé par l'air ou l'eau qui l'entoure. Or, nous accomplissons très souvent nos prières, dont nous connaissons le moindre et tous les détails par coeur, machinalement et notre esprit se trouve de ce fait par moment inoccupé, ce qui permet aux idées extérieures de s'y introduire pendant ces moments d'inattention et de nous distraire ou de nous déconcentrer. De là nous perdons le fil du déroulement de la prière, et nous savons plus si nous avons déjà accompli deux ou trois rak'ah par exemple.

La preuve de l'importance de ce problème universel qu'est la concentration dans la prière est l'invention aberrante, par quelques esprits mercantiles, d'un instrument ou plutôt d'un gadget avertisseur qui rappelle au priant dans quelle rak'ah de prière il se trouve, afin qu'il ne se trompe pas dans le nombre de rak'ah qu'il a accomplies. Nous disons aberrante, car loin de résoudre le problème de la concentration, elle la supprime, et ce faisant, elle pallie un problème de forme au détriment du fond qu'elle annihile carrément, en vidant la prière de tout son contenu et en la réduisant à quelques gestes corporels creux. Car comme nous allons le voir dans les pages suivantes, la concentration est la première étape vers un état spirituel et de recueillement qui se situe au centre de tous les objectifs de cette obligation grandiose, et sans lequel l'acceptation de la prière est sujette à caution. En laissant à la boussole avertisseuse le soin de nous rappeler les étapes du déroulement de la prière, nous nous perdons même le peu d'effort de concentration que nous déployons pour suivre les différentes séquences de la prière, et par conséquent nous perdons tout espoir de parvenir un jour à cet état de recueillement total, tant souhaité par tous les croyants.

Que faire donc pour garder et développer la concentration dans la prière et éviter d'être distrait par l'intrusion incessante des pensées et des souvenirs qui vaguent dans notre esprit ? La réponse qu'on entend souvent est qu'il n'y a pas un remède miracle à ce phénomène et que chacun à sa propre recette pour essayer de maintenir cette concentration si bien souhaitée par tous et chacun. Voilà quelques propositions à cet égard :

1-Commencer la préparation de la concentration avec les préalables de la prière (le wudhû') en essayant de nous départir de toutes nos préoccupations terrestres et de chasser de notre esprit toutes les pensées ne se rapportant pas à la prière et en récitant des salawât, des tasbih, ou des versets coraniques.

2- On se met à respirer profondément, avant de commencer la prière, ce qui aide à la concentration, comme on le fait lorsqu'on se trouve devant un examinateur et que nous voulons ne rien oublier de ce que nous avons appris par coeur ou de ce que nous aurions à dire.

3-Lorsqu'on s'apprête à commencer la prière, on essaie de s'imaginer dans une situation où on se trouverait devant une personnalité importante à qui on doit exposer nos idées ou nos doléances, ce qui nécessiterait un maximum de concentration, ou devant un examinateur ou un sélectionneur devant lequel le maintien de la présence d'esprit est indispensable.

4- Lorsqu'on commence la prière, on fixe un point par terre ou devant soit et on se concentre sur ce point, pour empêcher notre esprit de se disperser ou de se distraire.

5-On chasse systématiquement toutes les pensées intruses qui pénètrent l'une après l'autre dans notre esprit, ou en d'autres termes on procède à un effort constant de vidage systématique de nos préoccupations terrestres en nous concentrant sur les séquences de la prière.

6-On se concentre sur la signification des mots que nous prononçons et les mouvements que nous effectuons, et chaque fois que nous sommes en train d'accomplir une séquence de la prière nous pensons à la séquence suivante pour ne pas laisser à une pensée intruse de se frayer un chemin vers notre esprit entre les deux séquences. Ou bien lorsque nous prononçons "qul huwa-l-lâhu ahad." par exemple, nous pensons à la suite immédiate de cette lecture, à savoir "Allâhu-ç-çamad" et ainsi de suite. Ou encore, lorsque nous sommes en train d'accomplir la première prosternation de la première rak'ah, nous pensons à la seconde prosternation, et avant la fin de celle-ci nous nous rappelons que nous allons commencer la seconde rak'ah.

En bref, l'essentiel pour le priant est de garder un état de concentration et de conscience dans la prière et chacun peut trouver le moyen le plus approprié pour lui de parvenir à cet état. Mais pour parvenir à cet état de concentration, l'effort soutenu et l'entraînement sont nécessaires.

7-- L'esprit est le centre de la pensée et les idées y naissent perpétuellement. Lorsque nous accomplissons la prière machinalement puisque nous savons par coeur toutes ses parties, notre esprit se trouve donc libre et toutes les pensées surgissent pour occuper l'espace inoccupé ou le vide créé par notre inattention. Il suffit donc que nous l'occupons avec les détails du déroulement de la prière pour faire barrage aux pensées intruses qui risquent de nous déconcentrer et nous faire oublier telle ou telle autre partie de la prière.

8- Le priant peut imaginer qu'il y a derrière lui d'autres priants qui le suivent dans l'accomplissement de la prière et il est obligé donc de garder sa vigilance et son esprit alerte pour ne pas induire en erreur ceux dont il a la responsabilité.

Si le problème de concentration se pose pendant la prière plus qu'ailleurs (lors d'un entretien avec une haute personnalité, un examinateur ou dans des cas semblables), c'est que dans le second cas, on est en présence d'un stimulus matériel ou physique qui maintient l'esprit de l'individu en état d'alerte, alors que dans la prière un tel stimulus n'existe pas, sauf bien entendu pour des adorateurs qui ont atteint un haut degré de spiritualité et qui ressentent très fortement la présence du Créateur devant eux sans Le voir physiquement.

Il est instructif à cet égard de jeter un coup d'oeil sur ceux qui pratiquent le yoga, le zen ou la méditation pour développer leur capacité à la concentration qui se situe au coeur de ces pratiques. Pour un débutant qui veut pratiquer la méditation, laquelle consiste schématiquement à essayer de vider l'esprit ou d'en chasser toutes les pensées qui y pénètrent sauf une sur laquelle il se concentre exclusivement, on recommande au néophyte d'allumer une bougie par exemple et de concentrer toute sa pensée sur cette bougie. Une autre méthode d'entraînement à la concentration consiste à se focaliser l'attention sur une activité physiologique machinale, la respiration. Le débutant est appelé à se concentrer sur chaque inspiration et chaque aspiration ou/et à compter mentalement le nombre de secondes que dure chacune d'elles (l'inspiration et l'aspiration)…

Ceci n'est qu'un entraînent et un exercice qui vise à maîtriser la concentration. Mais lorsqu'on devient un yogi confirmé ou un maître dans le domaine de la méditation, un tel support extérieur n'a plus de raison d'être. De même, les démarches, les pratiques ou les exercices précités pour le priant sont destinés au commun des mortels d'entre eux, et servent à lui faire acquérir la capacité à la concentration, alors que les mystiques chez qui prévaut le monde spirituel n'ont pas besoin de tels accessoires pour parvenir au sommet du recueillement pendant la prière où ils se trouvent totalement et exclusivement concentrés sur leur bien-aimé Créateur.

Ceci dit, il est intéressant de voir ce que suggère à cet égard un grand savant et maître religieux, Son èminence Ayatollah Behjat.


On a demandé à son èminence :

"O votre èminence ! Malgré notre âge avancé, nous n'avons pas encore éprouvé le plaisir de l'adoration, notamment la douceur de communier avec Allah lors de la prière. ô votre avis que devrions-nous faire pour éprouver, ne serait-ce qu'un peu du plaisir que nos Imams infaillibles nous ont promis ?"


Son èminence acquiesça d'un signe de tête et dit :

"Cher fils ! Effectivement c'est un problème universel. Chacun de nous est confronté à ce mal"

Mais l'interlocuteur n'était pas satisfait de cette réponse et lui demanda de lui donner un conseil plus concret :

"Notre position diffère de celle que vous avez atteinte : vous êtes parvenu au plus haut degré de la spiritualité, alors que nous sommes de simples débutants. Que devrions-nous faire donc ?"


Son èminence dit :

"Peut-être moi aussi, souhaiterais-je avoir votre position ! "


Non satisfait de cette réponse modeste, l'interlocuteur demanda plus de clarification.

Son èminence concéda cette réponse :

"Pour avoir la concentration nécessaire dans la Prière, on doit observer

a- certains préparatifs nécessaires avant la Prière et

b- certaine discipline pendant la Prière


Explication:

a- On doit observer la taqwâ (la crainte révérencielle d'Allah) avant la Prière, c'est-à-dire que l'on doit s'abstenir de tout péché qui conduirait noircir la pureté naturelle du Coeur, car "les péchés polluent la pureté du Coeur!" et réduit par conséquence sa luminosité.


b- On doit ériger un haut fil de sécurité autour du cur de telle sorte qu'aucune pensée intruse et distractive ne puisse entrer dans son sanctuaire sacré. La pensée du priant doit être concentrée intensément sur Allah et personne d'autre qu'Allah ne doit y avoir accès.. Et si sa pensée commence à errer, il doit la ramener vers la bonne direction dès qu'il se rend compte de ce début de déviation.

Notre conscience de la Magnificence d'Allah n'est pas suffisante (pour éprouver le plaisir de la communication spirituelle) et a besoin d'être renforcée, ce qui signifie que notre imân (foi) est faible et a besoin d'être consolidé.


Quelques mesures pratiques dont :

"Lorsqu'on commence la prière on doit focaliser notre attention sur la signification de la sourate al-Hamd et de la sourate complémentaire afin de maintenir le contact avec le Créateur"


L'un des facteurs qui aide à la concentration est l'exercice du contrôle sur les organes de nos sens (les yeux, les oreilles, la langue etc) tout au long de la journée, étant donné que la concentration ne peut être obtenue qu'à travers sous des conditions préliminaires spécifiques dont la surveillance étroite de nos organes sensoriels


A la question : "Que devrions-nous faire en vue d'obtenir l'état d'obéissance totale aux Commandements d'Allah "? et surtout pour être au nombre de ceux qu'Il désigne dans les versets coraniques suivants (Sourate al-Mu'minûn : 1-2/23) : "Bienheureux sont certes les croyants, ceux qui sont humble dans leur Salât (Prière) " ? Comment un croyant peut-il atteindre cet heureux état d'humilité " ?

Son èminence répond :

"Au début de la prière on doit demander sincèrement l'intercession de l'Imam du Temps, al-Hujjat-ibn-Hassan (l'Imam al Mahdi) (Qu'Allah hâte sa réapparition et qu'Il nous place parmi ses partisans) et accomplir la prière selon sa forme requise "

Comment obtenir la présence d'esprit pendant la prière et comment contrôler nos pensées et nos sentiments ?

Son èminence répond :

"Au Nom du Très-Haut. Du moment où votre attention est concentrée sur Allah, ne la laissez pas disparaître "


Comme on peut le remarquer dans ces échanges entre un commun des mortels et un grand Savant, ce qu'on cherche dans la prière ce n'est pas seulement comment accomplir la prière correctement pour s'acquitter d'une obligation pour être quitte devant Allah, mais aussi, et c'est la préoccupation ou le désir ardent de beaucoup de croyants, comment atteindre tous les objectifs sublimes liés à cette législation divine. Expliquons-nous, lorsqu'Allah nous ordonne de faire quelque chose, c'est sûrement parce que ce quelque chose nous est bénéfique, lors même que nous ne saurions pas quel est son intérêt ou son avantage pour nous, de même que lorsqu'Il nous interdit de faire quelque chose, c'est parce que ce quelque chose nous est nuisible, lors même que nous ignorerions quelle est sa nuisance. Nous accomplissons donc le premier et nous nous abstenons du second respectivement pour obéir à Allah et pour ne pas subir Sa colère. Mais lorsqu'Allah nous demande de lui obéir et de nous acquitter d'une obligation qu'Il nous impose, Il nous promet également une récompense spirituelle liée à cette obéissance. Donc en accomplissant la prière, non seulement nous cherchons à nous soustraire au châtiment d'Allah, mais nous aspirons aussi à obtenir la récompense spirituelle qui découle de l'acquittement de ladite obligation. Et s'il suffit un minimum - l'accomplissement correct de la prière- pour que nous puissions estimer nous être acquitté de cette obligation (la prière), l'effort pour la perfection est nécessaire pour pouvoir espérer l'obtention de la récompense spirituelle de la Prière. C'est dire que plus nous essayons d'accomplir la prière de la façon la plus parfaite possible, plus nous pourrons espérer avoir le mérite d'une grande récompense spirituelle, et tirer les plus d'avantages possibles que présente cet accomplissement. Ainsi, lorsque le hadith nous parle d'une "Prière acceptée ou agréée par Allah", il faudrait comprendre le terme "acceptation" dans un double sens, au sens propre et au sens figuré. Au sens propre, lorsqu'on accomplit la prière correctement et conformément aux règles prescrites, notre prière est valide, et nous pouvons estimer avoir obéi à Allah, nous être acquitté de notre obligation, être en règle avec Allah et rien de plus. Au sens figuré, lorsque "l'acceptation" est synonyme du mérite de la récompense spirituelle, dû aux efforts de perfectionnement dans l'accomplissement de la prière ou l'acquittement de l'obligation. Dans le premier cas, la concentration est requise pour l'accomplissement correcte de la prière, et dans le second, outre la concentration, la présence de coeur et d'esprit, le recueillement, la conscience d'être en présence d'Allah etc. sont nécessaires. En un mot, l'idéal pour tout croyant pieux est non seulement de s'acquitter correctement de son obligation, en l'occurrence, la Prière, mais aussi avec le plus grand recueillement possible pour espérer atteindre au plus grand nombre des avantages infinis de cet acte de piété sur lequel le Créateur, le Prophète (P) et les Imams ont tellement insisté.

èvidemment ce haut degré de détachement des préoccupations terrestres et la concentration totale sur la présence d'Allah devant le priant est souvent le propre des Prophètes, des Imams et des adorateurs vertueux; mais ce degré de spiritualité est ardemment désiré et prisé par tous les croyants, car après tout la raison d'être de la Prière et son objectif final est justement d'amener le croyant à ce stade, étant donné que le but de la création de l'homme est de lui permettre d'oeuvrer en vue d'atteindre à la perfection.

Ce bref exposé sur le double sens de l'acceptation de la prière devrait nous permettre de mieux comprendre les différents versets coraniques ou hadiths du Prophète et des Imams, ainsi que des ulémas qui évoquent souvent les conditions requises d'une prière agréée, ou la signification profonde de cette obligation centrale en Islam, comme on le constatera dans les pages suivantes qui montrent que "la Prière représente chez le Musulman le degré le plus élevé de conscience et de réflexion sur la Vérité et sans cette conscience, on ne doit pas s'attendre à ce qu'elle (la Prière) produise l'effet escompté.(1) :

La Prière, sa signification et les exigences de son accomplissement
1-La Prière, la Conscience et la Quiétude
Le Noble Prophète (P) au Compagnon auguste, Abû Tharr al-Ghifârî :

"ô Abû Tharr! Deux rak'ah de Prière accomplies dans la sérénité valent mieux que l'accomplissement des Prières toute la nuit avec un coeur distrait".(2)

Ici nous comprenons que ce qui importe dans la pratique de l'adoration c'est la sérénité contemplative, la conscience de l'acte dans un climat de tranquillité de l'esprit, et non la quantité non accompagnée d'une élévation qualitative, car négliger celle-ci pourrait conduire à la non-acceptation de la Prière, cette négligence étant assimilée à une attitude de mépris envers elle.

Le Saint Prophète (P) a dit, en effet:

"Quiconque accomplit sa prière à la légère n'est pas de moi, Par Dieu, il ne me rencontrera pas auprès du Bassin (au Paradis)".

Selon l'Imam al-Sâdiq (p):

"Par Allah, il arrive qu'un individu fasse la prière pendant cinquante ans sans qu'Allah accepte une seule de ses prières. Par Allah, si vous faisiez la prière pour un voisin ou un ami, il n'accepterait pas votre prière, si elle est faite à la légère. Or Allah Qui n'accepte que ce qui est Beau, comment pourrait-IL accepter un acte accompli avec dédain?!"(3)


Selon l'Imam al-Bâqer (p):

"Un jour, alors que le Prophète (P) était assis dans la mosquée, un homme entra et se mit à prier, mais sans terminer complètement l'acte d'Agenouillement (rukû') et l'acte de Prosternation (sujûd). Le Prophète dit alors: C'est comme le becquetage du corbeau! Si cet homme meurt avec cette façon de prier, il mourra dans une religion autre que la mienne".


Selon le Prophète (P):

"La Prière est comme la balance: qui donne le plein poids, aura le plein poids".

Selon l'Imam al-Sâdiq (p):

"Lorsque vous accomplissez une Prière obligatoire, accomplissez-la à l'heure prescrite, et comme quelqu'un qui fait ses adieux, craignant qu'il ne revienne jamais. Puis, concentrez votre regard sur l'emplacement où vous posez votre front pendant la prosternation. Car si vous saviez qui se trouve à votre gauche et à votre droite, vous accompliriez bien mieux votre Prière. Et sachez que vous êtes entre les mains de Celui Qui vous voit et Que vous ne voyez pas".

L'Imam al-Bâqer (p) dit:

"La moitié, le tiers, le quart ou le cinquième de la Prière, selon le cas, est accepté. N'est acceptée de sa Prière que la partie accomplie de tout son coeur".(4)

De là on comprend pourquoi l'interdiction de l'alcool en Islam a débuté par l'interdiction faite aux ivrognes d'accomplir la prière en état d'ivresse, car il leur manque l'état de conscience requis lors de l'accomplissement de la prière.

C'est aussi pour la même raison que l'Islam fustige ceux qui font montre de paresse lorsqu'ils s'apprêtent à accomplir la prière, car l'état de paresse ne concorde pas avec l'état de conscience et de sérénité requis.

C'est pourquoi enfin la tranquillité de l'esprit a été posée comme la condition préalable à l'accomplissement de la Prière, comme en témoigne le verset coranique:

"Acquittez-vous de la Prière quand vous êtes dans la tranquillité".(5)

Donc la conscience dans un climat de tranquillité est très nécessaire pour que la Prière produise l'effet souhaité. C'est pourquoi, beaucoup de hadith affirment qu'une heure de réflexion d'un savant conscient vaut mieux que des années d'adoration d'un adorateur inconscient.

En posant la condition de la conscience, de la compréhension et de la réflexion dans la prière, l'Islam veut l'enraciner chez le Musulman afin qu'il soit toujours alerte, actif, se maintenant toujours sur le Droit Chemin, évitant de trébucher sur l'ignorance, et d'oublier la promesse qu'il a faite à Allah.


Donc la répétition de la Prière (cinq fois par jour tout au long de l'année) ne fait que confirmer la continuité de la conscience, et refixer les concepts qu'elle exprime. De là, la Prière est le meilleur rappel, fait à l'homme pour qu'il demeure conscient et applique ou observe la signification de ses actes de Prière:

"Acquitte-toi de la Prière: la Prière éloigne l'homme de la turpitude et des actions blâmables. L'invocation du Nom de Dieu est ce qu'il y a de plus grand. Dieu sait parfaitement ce que vous faites".(6)


Et selon les Imâms d'Ahl-ul-Bayt, parlant de l'utilité de la Prière:

"La raison de la Prière! Elle est la reconnaissance de la Seigneurie d'Allah (IL est Très-Haut et Exalté) et la continuation de Son évocation jour et nuit, afin que le serviteur n'oublie pas son Maître, son Régulateur et son Créateur, pour devenir insolent et tyran. Donc le fait d'invoquer son Seigneur et de se mettre débout devant Lui pour accomplir l'Office, servirait de barrage devant les péchés et d'empêcheur de toutes sortes de perversion".(7)

Et:

"Allah aime que les serviteurs commencent toute action tout d'abord par Lui obéir et L'adorer, car ce faisant, ils ne L'oublieront pas ni ne L'ignoreront, ce qui leur évite d'avoir les coeurs endurcis".(8)


Maintenant passons aux choses que la Prière incarne et rappelle.


Et l'Imam al-Baqer (p) (le 5e Imam) dit:

"Quiconque boit de l'alcool et s'enivre, sa Prière ne sera pas acceptée pendant quarante jours".(9) Et selon un autre hadith: "Celui qui outrepasse les droits des autres, sa prière ne sera pas acceptée".(10)

Enfin, c'est sans doute parce que la Prière développe chez le priant l'élément de l'auto comptabilité ou de l'auto surveillance, qu'on dit qu'elle "éloigne la turpitude et les actions blâmables" (Inna-ç-çalâta tanhâ 'an-il fah-châ'i wal-munkar).(11)

2-La Prière et la Sécurité intérieure
Les jeunes gens qui grandissent au sein de la civilisation matérialiste souffrent énormément du problème de l'angoisse et du stresse. Aussi le seul moyen de se soustraire à cet état de malaise, c'est de s'engager dans les groupuscules anarchistes, les sectes suicidaires, le naturisme, ou de noyer leur angoisse dans la drogue.

Sans doute le facteur le plus important de cet état de stress et d'angoisse est-il la perte de la tranquillité spirituelle et la peur de l'inconnu qui habitent l'homme.

En Islam le problème est éradiqué. Le problème du stress n'existe que dans les sociétés qui se sont écartées de l'Islam ou s'en sont éloignées.

C'est la foi consciente du Musulman qui le met à l'abri de ce phénomène qui fait des ravages dans les sociétés occidentales. Le fait que le Musulman consacre quelques minutes, plusieurs fois par jour, pour méditer et parler avec le Maître du Mystère, lui fait oublier tous les soucis mondains et tous les problèmes quotidiens, car il sait qu'il a affaire là au Tout-Puissant qui a entre les mains la clé de tout ce qui pourrait l'angoisser, et que sa pensée ou son souci se dirige vers un monde infiniment et incomparablement plus important que le monde actuel, à savoir la vie éternelle.

La prière lorsqu'elle est accomplie correctement représente le plus haut degré de l'invocation d'Allah et le meilleur refuge pour le Musulman: "N'est-ce pas par l'évocation d'Allah que se tranquillisent les coeurs".(12)

L'Imam al-Sâdiq (p) le 6e Imam d'Ahl-ul-Bayt, dit:

"Lorsque l'Imam Ali (p) se sentait terrifié par quelque chose, il se réfugiait dans la Prière".

Et:

"Qu'est-ce qui vous empêche de faire le wudhû' et d'entrer à la Mosquée pour accomplir deux rak'ah (unité) de Prière chaque fois que vous avez une affliction?! N'avez-vous pas entendu Allah dire: Cherchez secours dans l'endurance et la Prière...(13)".(14)

Bien d'autres hadiths projettent la lumière sur les vertus de la Prière et montrent combien Allah entoure de Sa Miséricorde le priant. Selon un hadith du Prophète (P): "Lorsque le serviteur se met à Prier, Allah - IL est Puissant et Exalté - le regarde et la Miséricorde le couvre depuis sa tête jusqu'à l'horizon du Ciel, et il est entouré des anges jusqu'à l'horizon du Ciel. De plus Allah affecte un ange qui se tient au-dessus de sa tête et lui dit: "O toi, qui pries! Si tu savais Qui te regarde et à Qui tu t'adresses, tu ne tournerais jamais ton regard et tu ne bougerais jamais de ta place".(15)

Notons enfin que la différence est grande et évidente entre la Prière du Musulman et celle des gens qui se réfugient dans des sectes inspirées du bouddhisme. Certes tous deux vivent dans un monde spirituel, mais alors que le premier (le Musulman) vit consciemment, et transcende avec la vérité que confirme sa nature innée, le second s'absente dans un rêve et dès qu'il se réveille, il revit sa réalité amère.

* * *

3-La Prière s'adapte à Toutes les Formes de la Vie humaine
De même que tous les rites ou actes d'adoration islamiques se caractérisent par leur universalité, c'est-à-dire leur adaptation à toutes époques et à toutes sociétés, de même la Prière est adaptable à tous les états et changements de la vie de l'homme: dans l'aisance comme dans la difficulté, dans la tension comme dans la détente. Le Musulman a l'obligation de l'accomplir chaque matin, chaque midi, chaque après-midi, chaque crépuscule et chaque nuit. En aucun cas le Musulman n'en est dispensé. De même le Musulman est tenu d'accomplir d'autres prières périodiques: la Prière hebdomadaire (du Vendredi), la Prière annuelle (de la Fête de Ramadhan et de la Fête du Sacrifice) ainsi que les prières ponctuelles, telles celles de l'éclipse solaire ou lunaire, du tremblement de terre etc.

Ce large éventail d'occasions auxquelles le Musulman est tenu d'accomplir la Salât (Prière) montre l'importance primordiale que le Ciel attache à cet acte d'adoration par le fait qu'IL tient à ce que l'homme demeure en contact permanent avec Allah, tantôt pour Le remercier des Cadeaux de la Fête, tantôt pour s'y protéger contre la colère du tremblement de terre.

En tout état de cause les bienfaits de la Prière sont tellement nombreux qu'il faudrait des centaines de pages pour les exposer exhaustivement, mais ils sont d'autre part tellement évidents que les priants conscients et avertis peuvent les ressentir à tout moment.

Peut-être le meilleur moyen de conclure ce bref exposé sur les effets de la Prière est-il ce testament de l'Imam Ali (p) à ses Compagnons:

"Recommandez-vous mutuellement la Prière, préservez-la, accomplissez-en autant que vous pouvez, et approchez-vous d'Allah par elle, car Certes, oui, la Prière demeure, pour les Croyants une prescription à temps marqués.(16) N'avez-vous entendu des habitants de l'Enfer répondre à la question: Qu'est-ce qui vous a amenés au Saqar?(17); Nous n'étions pas de ceux qui Prient.(18) La Prière fait tomber les péchés comme tombent les feuilles des arbres. Le Saint Prophète l'a comparée à une source thermale située à la porte (la maison) de l'homme: il s'y lave cinq fois par jour. Comment une malpropreté pourrait-elle dès lors rester sur lui!? Les hommes pieux que ni l'ornement de la jouissance (de ce monde), ni l'amour des êtres qui leur sont les plus chers, leurs enfants, ni les attraits irrésistibles des biens matériels ne sauraient les distraire de la Prière, en savent eux les mérites et les vertus. Allah, qu'IL soit Glorifié dit à ce propos: "Des gens que ni le négoce ni troc ne distraient du Rappel d'Allah et de l'accomplissement de la Prière et de l'acquittement de la Zakat...".(19)

Le Messager d'Allah (P) priait jusqu'à l'épuisement depuis qu'on lui avait annoncé qu'il aurait le Paradis comme demeure éternelle, dans le verset suivant: "Commande à ta famille la Prière, et accomplis-la toi-même avec persévérance...".(20) C'est ce qu'il faisait assidûment".(21)

4-Les Prières Surérogatoires (Recommandées: Nawâfil) et l'Esprit de Volontariat
Jusqu'à présent, il était question des Prières obligatoires. Quant aux Prières recommandées, elles sont innombrables et il est difficile d'en délimiter les horaires ou les occasions de les accomplir. Elles jouent des rôles secondaires, renforcent et prolongent les effets des Prières obligatoires. Elles ont des significations spécifiques qu'il est difficile de les énumérer. Mais on peut dire en résumé qu'elles développent chez l'homme l'esprit de volontariat et le désir de perfectionnement. Lorsqu'on accomplit des prières surérogatoires, on a tendance à dépasser le stade de l'acquittement des obligations et des devoirs pour rechercher à s'approcher de plus en plus d'Allah, et s'engager dans la voie de la sublimation et de la transcendance, et de "la rivalité dans l'accomplissement de bonnes oeuvres".(22) "Et concourez au Pardon de votre Seigneur, et à un Jardin (Paradis) large comme les Cieux et la terre, préparé pour les pieux".(23)

Notes
1. Voir : Sayyed Mohammad Bâqer al-Sadr :"Le Système des Rites en Islam"

2. Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, p. 54

3. Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, pp. 15-16

4. Al-Wasâ'il al-Chî'ah, tome III, p. 52

5. Sourate al-Nisâ', 4: 103

6. Sourate al-'Ankabut, 29: 45

7. Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, p. 4

8. 'Uyûn akhbâr al-Redhâ, tome. X, p. 108

9. Al-Khiçâl, p. 534

10. Al-Khiçâl, p. 242

11. Sourate al-'Ankabût, 29: 45

12. Sourate al-Ra'd, 13: 28

13. Sourate al-Baqarah, 2: 45

14. Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, p. 263

15. Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, p. 21

16. Sourate al-Nisâ', 4: 103

17. Sourate al-Modathir, 74: 42

18. Sourate al-Modathir, 74: 43

19. Sourate al-Nour, 24: 37

20. Sourate Tâhâ, 20: 132

21. Nahj al-Balâghah, Prône No. 199

22. Sourate al-Baqarah, 2: 148

23. Sourate ?le 'Imrân, 3: 133

EDUCATION DES ENFANTS(1) TENIR SA PAROLE
Nous vous proposons de suivre un exposé en plusieurs parties sur l'éducation des enfants en bas âge. Il s'agit d'une série de conférences données par M.Muhammad Taqi Falsafi, à Téhéran lors du mois de ramadan 1381 de l'hégire lunaire. Ce savant est connu pour ses études dans le domaine de l'éducation qui ont fait sa renommée.
L'éducation des enfants : une responsabilité morale et religieuse des parents

En islam, le père a la responsabilité matérielle des enfants - tout comme celle de la femme- en ce sens qu'il lui incombe de les nourrir, de les habiller et de leur fournir un toit. En plus de cela, le père doit également assumer les besoins psychologiques et spirituels de ses enfants. L'imam Ali paix sur lui, dit : " Il n'y a pas de meilleur don de la part d'un père envers son enfant que la bonne éducation et la politesse " (Mustadrak al-wasail, t.2, p.625). On rapporte encore de l'imam Ali paix sur lui : " pas d'héritage comme la politesse " (Gharar al-hikam, p.831).

L'imam al-Sajjad résume la responsabilité du père en ces termes :
" le droit de ton enfant à ton égard est que tu saches que son existence t'est liée et que les bonnes et les mauvaises choses chez lui dans ce monde dépendent de toi. Saches que tu es responsable de son éducation et de son orientation vers son Seigneur, que tu dois l'assister dans l'obéissance à son Créateur et que tu dois faire attention à ton propre comportement concernant l'éducation de tes enfants. Sois un père conscient de ses responsabilités. Agis avec ton enfant de la manière de celui qui sait que tout bienfait à son égard de ta part te vaudra une récompense auprès de Dieu alors que tout méfait à son égard de ta part te vaudra une punition " (Makarim al-akhlaq, p.232).

La bonne éducation fait partie des devoirs religieux et n'est pas seulement une responsabilité nationale. L'imam al-Sadeq nous rappelle encore trois droits de l'enfant vis-à-vis de son père : " le choix de sa mère, le choix pertinent de son nom et l'effort inlassable pour sa bonne éducation " (Tuhaf al-uqul, p.322)

On peut considérer qu'un père, au lieu d'aider son enfant à acquérir les bonnes manières, et de l'orienter vers la foi en l'Unique, qui encouragerait son enfant à commettre des pêchés, est un traître envers son enfant. A ce sujet, on rapporte du prophète de Dieu : " ? Ali, Dieu maudisse les parents qui ont porté leur enfant à sa perte ! " (Wasa'il, t.5, p.115)

Ainsi, l'on se doit par exemple de préparer le terrain propice à l'exercice de ce devoir, en opérant une sélection adéquate et opportune sur l'environnement affectif et culturel des enfants. En l'occurrence, l'apprentissage des bonnes manières, de la politesse et de la religion n'est possible que dans un environnement sain. C'est pourquoi il convient d'exercer une censure sur les influences négatives que pourraient avoir certaines productions déviantes . 1

Toutes les données entrant dans l'esprit de l'enfant (input) doivent être sous contrôle des parents. Il suffit qu'un discours perfide, un programme télévisé corrompu, une amitié néfaste ne touche malencontreusement l'enfant pour qu'il soit négativement affecté et que son éducation s'en trouve détériorée.

On peut donc conclure que l'éducation islamique des enfants constitue un devoir important incombant aux parents, en particulier dans l'environnement matérialiste actuel.
Tenir sa parole
وَأَوْفُواْ بِالْعَهْدِ إِنَّ الْعَهْدَ كَانَ مَسْؤُولا

La fidélité à l'engagement est une valeur partagée par l'ensemble des nations de la Terre, au niveau individuel et collectif. Même sur la scène internationale, tenir sa parole et respecter ses engagements internationaux est un aspect fondamental et élémentaire du droit international. Alors que certaines règles et certaines lois ne concernent que les musulmans et la nation islamique, d'autres lois concernent l'ensemble des nations et font partie des droits de l'homme. Le respect des engagements fait partie de cette seconde catégorie de lois : les musulmans sont donc obligés de remplir leur engagement, qu'il ait été contracté avec un musulman ou un non musulman.

L'Imam Ali souligne d'ailleurs " qu'il n'est rien, parmi toutes les obligations divines, de plus consensuellement respecté auprès des peuples, malgré leurs différends religieux et intellectuels, que le respect de l'engagement " (La Voie de l'Eloquence)

On rapporte du Saint Prophète :

" Il y a trois choses que l'on doit absolument exécuter :

- le respect de l'engagement vis-à-vis d'un tiers qu'il s'agisse d'un musulman ou d'un infidèle,

- le respect et la bonté envers ses parents, qu'ils soient musulmans ou pas,

- rendre le dépôt, que son propriétaire soit musulman ou pas "

(Recueil de Warram, t.2, p.121)

Les enseignants de la religion que furent les prophètes ainsi que les imams infaillibles ont en permanence invité les gens à respecter leur parole :

عن موس? بن جعفر عن اباءه قال رسول الله : لا د?ن لمن لا عهد له

On rapporte du prophète paix sur lui et sa famille : " Pas de religion à celui qui n'a pas de parole " (Bihar, t.16, p.144)

Le saint Prophète a également dit : " ceux qui sont le plus sincères dans leurs propos, qui rendent le dépôt qu'on leur a confié, qui respectent leurs engagements, qui ont la meilleure éthique et qui sont le proche des gens seront le plus proche de moi le Jour du Jugement" (Tarikh ya'qubi, t.2, p.60).

Il nous est demandé de ne pas s'engager sur ce que l'on est incapable d'accomplir.

Bien sûr, tout le monde se prévaut de respecter ses engagements mais les faits contredisent souvent cette prétention louable.

عن عل? بن اب? طالب الحق اوسع الاشياء ف? التواصف و اضيقها ف? التناصف



L'Imam Ali déclare ainsi qu'" il n'y a pas de chose plus répandue que le discours sur le droit et la vérité, alors qu'il n'est pas de chose plus restreinte que l'action basée sur le droit et la vérité " (La Voie de l'Eloquence)



On observe aujourd'hui des pays puissants prétendant représenter les idées de justice, de liberté, de démocratie et de droits de l'homme, se livrer aux pires crimes contre l'humanité et utiliser leur puissance pour s'épargner de respecter leurs engagements…

EDUCATION DES ENFANTS(2) TENIR SA PAROLE
ان الله لا يخلف الميعاد

"Certes Dieu ne trahit pas sa parole"

Sourate Le tonnerre, verset 31
De l'importance du respect de l'engagement

On rapporte cette anecdote concernant l'Imam Sajjad paix sur lui. Un esclave que l'Imam avait récemment affranchi s'était enrichi suite à son activité économique. L'Imam Sajjad paix sur lui était alors dans le besoin. Il emprunta de son ex-esclave dix mille dirhams jusqu'à ce qu'il puisse les lui rembourser. L'esclave lui demanda alors une caution en vertu de quoi l'Imam lui donna un fil tiré de sa tunique et lui dit : " ceci est ma caution, jusqu'au remboursement de la dette ". L'ex esclave plaça la caution dans un petit coffre. Peu de temps s'écoula que l'Imam apporta le montant du prêt à son propriétaire et lui dit : " ton argent est prêt. Donne moi la caution ". Il dit : " j'ai perdu le fil de ta tunique ". L'Imam répondit alors : " Dans ce cas, ne récupère pas ta créance car il ne faut pas prendre les engagements de personnes comme nous à la légère ". L'affranchi s'est vu contraint de chercher le petit coffre. Il le trouva, en sortit le fil et le donna à l'Imam, qui en retour lui donna l'argent, prit le fil et le jeta immédiatement.

عن جعفر بن محمد عليه السلام : اذا اومى احد من المسلمين الى احد من اهل الحرب فهو امان

On rapporte de l'Imam Sadiq paix sur lui : " s'il l'un d'entre les musulmans accorde sa protection à l'un des ennemis, ce dernier est en sécurité (auprès des musulmans)" (mustadrak al-wasail, t.2, p.250)

Dans un pays où les gens respectent leur parole, les relations économiques, sociales et politiques sont fondées sur la confiance et permet aux gens d'établir des relations humaines et nobles. Au contraire, un peuple qui ne se livrerait qu'à la trahison et à l'infidélité, dépenserait essentiellement son énergie en querelles et en conflit, et se verrait privé de toute relation de confiance au niveau familial et social.

عن علي بن ابي طالب عليه السلام: و الخلف يوجب المقت عند الله والناس

A ce sujet, l'Imam Ali paix sur lui dit dans le recueil de ses paroles intitulé La Voie de l'Eloquence : " le non respect de la parole et de l'engagement suscite la colère de Dieu et des gens "

Un environnement sain, condition d'une éducation fructueuse
Il est clair qu'une bonne éducation requiert avant tout de placer l'enfant dans un environnement sain, dénué de mensonge, d'infidélité, de vulgarité ou de pêchés. La famille est l'environnement le plus immédiat de l'enfant, par conséquent, la responsabilité d'éduquer l'enfant revient avant tout à la famille. La famille est en quelque sorte " la première école " des enfants, qui imitent et s'inspirent pour leur comportement de celui de leurs parents et des autres membres de la famille.

On rapporte du messager de Dieu paix sur lui et sa famille : " aimez vos enfants et soyez indulgents et gentils avec eux, et si vous leur promettez quelque chose, exécutez vous car ils (vos enfants) vous voient comme si c'était vous qui les nourrissiez " (Wasa'il, t.2, p.126).

On rapporte encore de Abu al-Hassan paix sur lui : " si vous donnez votre parole à vos enfants, tenez parole car ils pensent que c'est vous qui les nourrissez. Et Dieu n'exècre rien de plus que l'injustice envers les femmes et les enfants ". (Usul al-Kafi, t.6, p.50)

Alors que l'attention suffisante aux sentiments innés de l'être humain, tel l'amour de soi ou le besoin sexuel, est un pilier de son épanouissement, le respect de la parole fait partie des fondements sans lesquels l'adulte en puissance qu'est l'enfant ne pourra que s'orienter vers des comportement nuisibles et dommageables, à la fois pour lui-même, pour les autres et pour la société dans son ensemble.

C'est pourquoi les parents doivent absolument tenir la parole qu'ils donnent à leurs enfants et doivent éviter de les flouer en leur donnant de fausses promesses. Par exemple, certains pourraient être tentés de promettre à leur enfant, devenu turbulent, d'aller ensemble au parc d'attractions afin de le calmer, tout en sachant qu'ils ne pourront pas remplir leur engagement. La leçon qu'en tirerait inéluctablement l'enfant est que l'on peut arriver à ses fins à disant des mensonges et en trompant la confiance des autres. Le cerveau de l'enfant enregistre tout ce qu'il voit et entend, tel une caméra, et utilisera ces données pour sa vie future. Bien souvent, l'enfant n'oubliera jamais ce dont il a été témoin d'actions viles et détestables, qui auraient été commis par ses parents ou ses maîtres d'école, comme le mensonge ou la tricherie.

Une seule phrase pour une révolution culturelle !
Il existe des exemples historiques illustrant tristement cette réalité. Afin de conquérir le califat, Mu'awiya ibn Sufiyan, maudit soit-il, s'est livré à la calomnie envers l'Imam des musulmans, le 4ème calife, Ali ibn Abi Talib paix sur lui. En tant que gouverneur du pays de Sham (Syrie, Liban, Palestine), Mu'awiya ordonna aux orateurs (khutaba) des mosquées, aux maîtres d'école et à tous les leaders d'opinion de la société de cette province du territoire islamique, de se livrer à la calomnie du calife légitime en l'accusant de ne pas faire sa prière et de s'être dévier de la voie droite.

Cette calomnie devint une tradition sous le califat de Mu'awiya maudit soit-il, tant et si bien que cette habitude désolante était considérée par les habitants de cette province comme un devoir religieux dont ils s'acquittaient à chaque prière. Lorsqu' Omar ibn Abd al-Aziz, qui bien que membre de la famille ommayade connaissait la vérité de la Famille prophétique, arriva au pouvoir, il s'évertua à déraciner de l'esprit des gens l'habitude qu'ils avaient pris de maudire l'Imam Ali ibn Abi Talib paix sur lui. Sagement, il ramena d'abord à sa cause les ministres ainsi que les généraux d'armée, puis ordonna à l'ensemble des hauts fonctionnaires du califat islamique d'interdire la malédiction et toute calomnie sur Ali ibn Abi Talib paix sur lui et de punir tout contrevenant. De cette façon, ses multiples efforts donnèrent leur fruit : en défendant Ali et en écartant le dangereux complot initié par Mu'awiya maudit soit il à l'encontre de la légitimité du califat islamique, il réussit à conquérir les coeurs et acquit pour cela une réputation et une affection sincère auprès de son peuple. Or la décision de 'Omar ibn Abd el Aziz résulte d'une phrase qu'il entendit de son maître lorsqu'il étudiait, encore enfant, à la Médine. Comme le reste des ommayades, 'Omar blasphémait sur Ali lors de la prière collective. Il raconte lui-même : " Je me rendis auprès de lui (son tuteur 'Ubeyd Allah ibn Abd Allah) un jour et il prolongea sa prière. J'attendais debout qu'il la finisse. Quand sa prière fut terminée, il me regarda et me dit : " quand as-tu appris que Dieu était en colère contre les gens de Badr et de l'allégeance de Rizwan1 après qu'il en fut satisfait ? " Je répondis que je n'avais jamais entendu cela. Il dit: " qu'en est-il alors de ce que l'on me rapporte de ton comportement vis-à-vis de Ali ? " Je fis alors mes excuses auprès de Dieu, de mon tuteur et j'abandonnais définitivement cette pratique (Kamil ibn Athir, t.5, p.17). Voilà en somme le dialogue à l'origine de la révolution culturelle que 'Omar ibn Abd al Aziz lança dans les pays islamiques lors de son califat, visant à réformer l'image déformée que l'opinion publique avait progressivement acquise de l'Imam Ali ibn Abi Talib paix sur lui.

Conclusion
On peut en conclure que tout ce dont est témoin l'enfant dès son plus jeune âge est une graine qui mûrit progressivement et trouve à s'épanouir lors de l'âge adulte sur la scène individuelle et sociale. Ainsi, la bonne éducation d'une personne vient des efforts continus des parents lorsque cette dernière était enfant. Il appartient donc aux parents, ainsi qu'aux enseignants, d'accorder la plus grande importance à leur devoir d'éducation en montrant à leurs enfants ou élèves, dès leur plus jeune âge, le bon exemple. A ce titre, le respect de la parole est une condition sine qua non pour parfaire les autres étapes d'une éducation réussie.

1. Il s'agit d'une allégeance contracté par le saint Prophète l'an 6 de l'hégire de la part de ses compagnons, dont l'Imam Ali ibn Abi Talib, avant la bataille d'Hudaibiya, afin qu'il se batte jusqu'à la mort voir le verset suivant:

لقد رضى اللَّه عن المؤمنين اذ يبايعونك تحت الشجرة

EDUCATION DES ENFANTS (3): ETRE VERIDIQUE
La gravité du mensonge, ennemi de la foi
La véracité est une qualité innée chez les enfants, qui ont tendance à croire naturellement ce qu'on leur dit d'une part, et de naturellement dire la vérité d'autre part. Le mensonge est donc une déviation de cette qualité. C'est pourquoi l'on observe des symptômes, caractéristiques de l'enfant racontant un mensonge : mouvement inhabituel des yeux, battements cardiaques intenses, discours décousu… L'islam voit dans le mensonge une nuisance sévère à la foi et l'origine de nombre de grands pêchés.

عن ابي جعفر عليه السلام : "ان الكذب خراب الايمان

On rapporte ainsi de l'imam Muhammad al-Baqir paix sur lui : " certes le mensonge détruit la foi "

On rapporte également de l'imam Ali paix sur lui : " personne ne comprend le plaisir de la foi tant qu'il n'a pas complètement abandonné le mensonge, que ce soit en plaisantant ou sérieusement "2.

On rapporte de l'Imam Ali paix sur lui : " il n'est pas d'action plus détestable que le mensonge ". Le mensonge est un pêché qui démarque le croyant du non-croyant. On raconte l'histoire d'un homme qui vint au service du saint Prophète et lui demanda : " est-il possible qu'un croyant fasse l'adultère ? ". Il répondit : " c'est possible " (mais bien sûr, c'est interdit). L'homme demanda alors : " est-il possible que le croyant vole ? ". Il répondit : " c'est possible ". L'homme demanda alors : " est-il possible qu'il mente ? ". Il répondit : " non, le Coran affirme que toute personne inventant une histoire en mentant n'a pas la foi ".

Comprenons en quoi le mensonge peut provoquer nombre de déviations et à l'inverse l'effort pour s'en purifier permet d'éviter nombre de pêchés. Ainsi, un homme vint voir le saint Prophète et dit : " certes je suis quelqu'un qui ne prie pas, fait l'adultère et ment, de laquelle de ces actions dois-je me repentir ?". Il répondit : " du mensonge ". L'homme accepta et s'engagea à ne plus mentir. Il se retira et quand il voulut faire l'adultère, il se dit à lui-même : " si le saint prophète me demande si j'ai fait l'adultère après mon engagement, si je dis non, j'aurais menti, et si je dis oui, il m'infligera la peine (encourue par les personnes adultères) ".

En ce qui concerne l'éducation des enfants, il revient aux parents de les élever dans un environnement où le mensonge ne trouve pas sa place, où la nature innée de l'enfant puisse se développer correctement.

Aux origines du mensonge
Une étape essentielle de la lutte contre le mensonge consiste à localiser les origines du mensonge. La peur, la faiblesse, l'inaptitude, le sentiment de médiocrité et d'autres sentiments psychologiques sont parmi les facteurs pouvant aboutir à la maladie du mensonge.

On rapporte du saint Prophète paix sur lui et sa famille : " le menteur ne ment qu'en raison du sentiment de médiocrité qu'il a envers lui-même "

Le mensonge est une forme d'oppression et l'oppression naît de la faiblesse de celui qui la commet. Selon l'Imam Sajjad paix sur lui : " j'ai certes appris que…le faible a besoin de recourir à l'oppression et Toi ô mon Dieu, tu es bien plus élevé que cela (pour commettre une telle chose) "4.

En d'autres termes, le menteur est une personne qui, nourrissant un sentiment de faiblesse et de médiocrité envers elle, se réfugie derrière le mensonge face aux conséquences de ses actes et aux dangers de la vie. Ainsi, une famille aux mœurs détestables, qui serait réprimandée par le reste de la société, aura plus facilement recours au mensonge. Une nation humiliée par la dictature, privée de sa liberté de parole, colonisée et privée de toute indépendance politique, sera plus encline au mensonge que les nations confiantes en l'avenir, indépendantes d'esprit et jouissant d'une vraie liberté de pensée et de parole.

Concernant l'enfant, les familles doivent attacher une singulière importance à l'émergence du mensonge chez leur enfant, comme s'il s'agissait d'un dangereux virus.

L'antidote aux mensonges des enfants
On rapporte du saint Prophète paix sur lui et sa famille : " Dieu pardonne celui qui aide son enfant à faire le bien " On lui demanda " comment faire pour aider son enfant à faire le bien ". Il répondit :

- " il accepte le travail dont l'enfant est capable et qu'il a effectué

- il n'exige pas un travail dont l'enfant est incapable

- il ne pousse pas l'enfant à faire un pêché et à commettre une injustice

- il ne lui dit pas de mensonge et ne fait pas d'idiotie devant lui "

L'une des causes du mensonge chez l'enfant est l'exigence posée par les parents à ce que leur enfant fasse des choses dont ils ne sont pas capables. Des attentes déraisonnables et une sévérité excessive à cet égard amène l'enfant à mentir à propos d'actes qu'on lui demande d'accomplir alors qu'il en est incapable !

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