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Du Christ aux Chrétiens

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Par : Abolghassem Djafari
'Du Christ aux Chrétiens'
A l'occasion de l'anniversaire de la bienheureuse naissance du vénérable Jésus-Christ (béni soit-il) L'événement extraordinaire de la naissance du Christ, sa mort (d'après la doctrine chrétienne) ainsi que la théologie labyrinthique autour de la Trinité font du Christianisme une religion à une histoire compliquée.

Cette complication va jusqu'à considérer le Jésus non comme un messager de Dieu (comme l'affirme le Coran), mais plutôt comme un mythe. Le présent article en évoquant brièvement une partie de l'histoire du christianisme, se propose de parler également de certaines questions actuelles sur la religion chrétienne. Nous rappelons que cet article a été déjà publié dans le dixième numéro du mensuel de Hamshahri, numéro spécial consacré à la "Science et la Religion" et à "l'expérience religieuse".

Lorsque Ahmad Didat, auteur et chercheur musulman d'origine africaine raconta, aux salles de la mairie de Sydney, l'histoire de la naissance du noble Jésus (béni
soit-il) conformément aux dires du Coran, il fut chaleureusement applaudi par l'auditoire. Il a dit qu'il existait dans le Coran une sourate du nom de Marie (Maryam), alors que dans l'Evangile, il n'y a que quelques phrases sur elle. Puis, il a mis en avant cette question : comment se fait-il qu'il existe dans le Coran une sourate baptisée Maryam (Marie) alors qu'il n'en y a aucune du nom de la femme ou de la fille du vénéré Prophète (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants),

et que pour quelle raison, le Coran a aussi longuement parlé des honorables Jésus et Moïse (bénis soient-ils)? L'autre question était la suivante : comment est-il possible que les informations d'un homme analphabète (Le Prophète) soient plus celles données par l'Ecriture sainte. Une telle chose n'est-elle pas plutôt à la Révélation?

Des miracles comme "la datte mûrie", "le ruisseau coulant" attribués à la Vierge Marie après la naissance du Jésus et ceux comme "Jésus parlant au berceau", " la création d'un oiseau de la terre par Jésus", " l'envoi des nourritures célestes" aux apôtres du Christ sont des miracles mentionnés par le Coran, alors que les quatre Evangiles n'en parlent pas.

L'Evangile
"L'évangile" est un mot qui signifie "la bonne nouvelle", celle du salut de l'humanité par la naissance et la mort du Christ. Mais, l'emploi coranique de ce mot est tout à fait différent. Dans le Coran, ce mot ne s'emploie qu'au singulier et signifie les révélations divines faites au Jésus, et désigne finalement le Livre qui contient ces révélations. Selon le noble Coran, Dieu envoya l'Evangile au Christ et la lui enseigna (3:48، 57:26، 5:110). Cette Evangile confirme l'Ancien Testament et elle-même, évoque des sujets comme la direction spirituelle, la lumière divine et invocation du nom divin. Même si les principes et les enseignements du Coran sont différents de ceux prêchés par les Evangiles, il y a pourtant des points communs dans certaines idées fondamentales. C'est par exemple le fait de préférer l'au-delà au monde d'ici-bas, ce qui, semble-t-il, n'est pas le cas dans la religion judaïque. Le noble Coran dit : " La vie d'ici-bas n'est que de jeux et de divertissements, et pour les gens pieux, l'au-delà est toujours préférable." (Sourate 6:32)

Nous voyons le même thème dans l'Evangile : " C'est d'abord le Royaume des cieux et la Justice qui le réclama et certes, vous sera également demandé." (Evangile de Mathieu, 33/6)

Par conséquent, le fondement du christianisme qui consiste à vivre selon les impératifs de la Providence et mourir en demandant la grâce divine, Préfère finalement l'au-delà aux intérêts d'ici-bas.

Paraclet (Paraklêtos en grec)
Selon l'Evangile, Mohammad en tant que Paraclet promis guida les fidèles vers la Vérité. Comme il ne savait pas lire ni écrire, il ne dit "rien qui soit de lui-même" (Cf. Evangile de Jean, 16/13), bien au contraire, quand les vérités descendaient (de Dieu) vers lui, il ne disait que ce qu'il entendait. Il existe certes dans le Nouveau Testament, deux types de théologie, dont l'une affirme que Jésus-Christ est un prophète et, dont l'autre dit que Christ est l'incarnation même de Dieu.

Selon la première théologie, la venue d'un autre prophète après Jésus ne pose aucun problème, alors que d'après la seconde théologie, le cycle de la prophétie se termine avec Jésus, car après la venue de Dieu, il est insensé qu'un autre vienne! Le problème est qu'aux premiers siècles de l'avènement du Christianisme et avant l'apparition de l'Islam, la seconde théologie prend le dessus, et la grande majorité des théologiens chrétiens acceptent une telle vision. Ils ne pouvaient donc pas théologiquement attendre la venue d'un autre prophète. Par ailleurs, ils rencontrent un autre problème : c'est qu'ils prennent pour certaine la promesse de Moïse faite dans la et que des expressions telles qu"un prophète comme Moïse" n'est pas conforme à leur lecture.

Ils doivent donc renoncer à leur théologie au cas où ils pensaient qu'il s'agirait d'un autre prophète que Jésus, et s'ils persistent dans leur pensée, alors ils auraient devant un problème à résoudre, celui de la promesse faite par le noble Moïse (béni soit-il) dans le Deutéronome sur la venue d'un autre prophète comme lui. Ce alors que leur théologie ne compare le noble Jésus ni avec l'honorable Moïse ni avec aucun autre prophète.

Les ennemis de Jésus-Christ
Dès le premier jour de son soulèvement, l'honorable Christ annonça : " Je ne suis pas venu pour annuler ou rendre caduc l'Ancien Testament ou les Livres des autres prophètes, je suis venu pour les compléter."(Mathieu, 17/5) Malgré cela, les grands religieux juifs refusèrent d'accepter les enseignements de Jésus et même se dressèrent violemment devant lui.

A la fin de chacune des quatre Evangiles, nous lisons des histoires sur les persécutions dont Jésus fut l'objet et dont les grands religieux et savants juifs étaient l'auteur. Les juifs arrêtèrent le Jésus nazaréen et le livrèrent à Ponce Pilate, (Pontius Pilatus en latin) procurateur romain qui reconnut qu'il ne voyait rien à reprocher à Jésus, mais devant l'instance des gens présents, ordonna de fouetter Christ. Les soldats mirent sur sa tête une couronne faite d'épines, lui mirent un vêtement de couleur pourpre et lui dirent : " Salut à toi, le prophète des juifs! (Jean, 19/2) Après l'Ascension du Jésus, les persécutions contre ses adeptes
reprirent de plus belle, jusqu'à ce que l'empereur romain Constantin ordonnât d'arrêter de les torturer. Avec cet ordre, la vie des Chrétiens reprit son cours normal et ils furent autorisés à pratiquer leur religion. Dans le décret de Constantin, le christianisme est reconnu comme la religion officielle du pays. Et ce fut cette fois-ci les juifs qui furent persécutés et torturés par les chrétiens!

Les contenus des quatre Evangiles ne sont pas suffisants pour fonder des enseignements canoniques face à ceux de l'Ancien Testament, et les chrétiens obéissent bon gré malgré aux impératifs venus dans l'Ancien Testament et certes, sous l'influence de Saint Paul ont changé certaines parties de ce Livre.

Ce fut cette même particularité qui préserva l'Eglise de Jérusalem. Le besoin qu'avait le christianisme des enseignements hébraïques, prépara le terrain à l'influence et l'infiltration des idées hébraïques dans le christianisme, à tel point que les idées pour lesquelles Jésus s'était soulevé furent transformées. Mais cette transformation n'avait pas de portée important pour le judaïsme traditionnel jusqu'aux 15ème et 16ème siècles.

La Réforme
Jusqu'à la fin du 15ème siècle, la civilisation chrétienne bannissait les Juifs et les obligeait de vivre dans des quartiers dit "ghettos". L'Eglise catholique affirmait que la chute de Jérusalem et l'errance des Juifs étaient un châtiment divin à leur égard pour avoir crucifié Christ. Pour cette raison, elle chercha à faire convertir les Juifs ou les chasser de l'Europe.

Le processus baptisé " le christianisme judaïsé" était en effet une sorte de réconciliation entre les assassins de Jésus (ou selon le Coran, ceux qui ont contraint Jésus à monter aux cieux) et le christianisme qui porta ses fruits au 15ème siècle. Ce fut à cette même époque des groupes de juifs au Portugal et en Espagne se convertirent au christianisme. Cette époque connue sous le nom de "retour au christianisme" joua un rôle de premier plan dans ce qu'on appelle " le christianisme judaïsé". Certes, une telle réconciliation était devenue possible grâce aux falsifications et changements dans la religion chrétienne. Contrairement aux dires de Jésus qui se présentait comme un pasteur et un réformateur juif qui voulait réunir les enfants d'Israël, Saint Paul présenta le christianisme comme une religion universelle. En mettant également sur la divinité de Jésus, il définit de particuliers liens Fils-Père entre Jésus et ses adeptes dont la conséquence était certainement l'absence de toutes sortes de principes canoniques.

Le raisonnement de Saint Paul pour réfuter ces principes était que le seul fait d'avoir foi en Jésus suffisait à sauver l'homme et par conséquent, toutes sortes de canons étaient à exclure. Ainsi, le christianisme ne se basait nullement sur une réforme du judaïsme, mais bien au contraire, les pratiques religieuses perdaient même leur raison être d'être, et la foi accompagnée de tendresse remplaçait les principes.

Le changement du christianisme d'une secte juive en une religion universelle était plutôt compatible avec les idées de Saint Paul qu'avec celle de Saint Pierre. Ainsi, l'Eglise de Jérusalem pour sa propre survie, se prononça pour Saint Paul et contre Saint Pierre. Malgré cela, la réconciliation complète entre les deux religions exigeait une certaine recherche de leurs points communs et leur relecture.

La Terre promise
Cela se produisit grâce à l'entente des deux parties sur les concepts de la terre promise et la fin du monde. Selon le livre de Daniel dans la Torah, le Messie (de l'araméen meschikâ) viendra à la fin des temps et que dans 1000 ans, le bonheur régnera sur le monde. De même, nous lisons dans l'Apocalypse de Jean que celui qui apparaîtra à la fin du monde, c'est le noble Jésus.

D'après les deux religions, les juifs retourneront en Palestine à la fin des temps et reconstruiront le Temple de Salomon avant la parousie de Christ. Par conséquent, le christianisme à la Saint Paul, fit lier l'Eglise au peuple élu de la Torah, et au lieu d'obéir aux dogmes judaïques, chercha à la transformer en église des non-juifs et de faire avaler la civilisation hellénistique comme celle des non-juifs.

Reza Hélal, journaliste égyptien et auteur du livre intitulé " le christianisme sioniste et fondamentaliste des Etats-Unis" en examinant le courant du christianisme judaïsé dans deux étapes celles de la Réforme et de la Renaissance en Europe affirme qu'à la fin du 16ème siècle, le rôle des chrétiens judaïsés prit de l'importance lorsque ces derniers ont introduit dans les discussions religieuses, le principe du plan divin de la fin du monde. Selon cette idée, l'histoire divine commence avec la venue de Jésus et le début du millénium de bonheur. Le Livre de Daniel et l'Apocalypse de Jean furent dans ce droit fil sérieusement commentés, selon lesquels livres, il y aura avant la parousie du Christ, deux événements importants : Le retour des juifs au mont de Sion (Jérusalem) et la reconstruction du Temple de Salomon.

Le plus grand événement du 16ème siècle fut sans doute la Réforme religieuse. Ce mouvement visait à rendre compatibles les structures, la morale de l'Eglise avec les principes des Saintes Ecritures. La Réforme a eut pour conséquence l'apparition du protestantisme. La grande mutation du christianisme judaïsé n'est pas également sans lien avec ce phénomène. Martin Luther a rédigé en 1533 son livre intitulé " le Messie juif naquit" et redonna du crédit aux juifs comme les enfants de Dieu,
considérant l'Ancien Testament comme le principal livre de référence des chrétiens. En 1532, lorsqu'à l'ordre de Henry II, l'Eglise anglicane fit schisme de l'Eglise catholique, le christianisme judaïsé fut propagé avec les idées des réformistes, et lorsque l'Angleterre bannit la présence légale du judaïsme, le christianisme se sentit rempli de la mission d'envoyer les Juifs à Jérusalem avant la parousie de Jésus. Ce fut ensuite, l'idée de la résurrection d'Israël qui fit sa place aux 17ème et 18ème siècles dans les milieux philosophiques, littéraires et culturels de l'Europe.

Le christianisme judaïsé se cachait notamment après le mouvement de la Réforme, derrière le sionisme chrétien. Ce mouvement fut né quelques décennies avant
l'apparition du sionisme juif, car l'histoire du sionisme remonte au congrès de Bâle en 1897. Pour cette raison, les deux concepts de la croyance au millénium et la résurrection de Jésus furent employés à des fins politiques.

Au 18ème siècle, lez croyance en retour des juifs en Palestine se posait dans les principes théologiques des protestants américains, et la foi en une résurrection du Christ et son règne sur le monde fit que le mont Sion soit chéri par les Chrétiens. A la fin du 18ème siècle et au chaud du réveil spirituel aux Etats-Unis, le
christianisme judaïsé américain lança le mouvement du sionisme chrétien avant celui du congrès de Bâle et dès la seconde moitié du 19ème siècle devança les autres dans cette idée. Ce mouvement était dirigé par William Blackstone qui dans un lettre au président américain de l'époque Harrison, lui demanda d'intervenir pour aider au retour des juifs en Palestine. La position prise par Blackstone fut même plus violente que celle de Hertzel qui pensait à la création d'un Etat pour les juifs dans des lieux comme Chypre ou l'Ouganda. Il envoya à Hertzel un exemplaire de la Torah, lui rappelant que la Torah avait désigné la Palestine comme la terre promise des juifs, alors que pour Hertezl, la terre promise pouvait se situer ailleurs. Au 20ème siècle, les idées sionistes s'infiltrèrent dans les croyances et la culture des Américains.

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