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le libre arbitre des êtres humains n’est-il pas en contradiction avec la scellée divine apposée sur les cœurs des délinquants ?

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le libre arbitre des êtres humains n’est-il pas en contradiction avec la scellée divine apposée sur les cœurs des délinquants ?
Question
N’y a-t-il pas une contradiction entre le libre arbitre des êtres humains du point de vue de l’Islam et la scellée qu’apposent le Très Haut sur les cœurs et les oreilles des délinquants selon le verset « Dieu a scellé (fermé) leurs cœurs et leurs oreilles, et il y a un voile sur leurs yeux, ils subiront un lourd châtiment » ?

Résumé de la réponse
De nombreux versets évoquent la scellée divine sur les cœurs et les oreilles des mécréants et des hypocrites ainsi que l’égarement et la chute des pécheurs et des délinquants. Fermer signifie la fin et sceller veut dire graver. Le mot « cœur » est parfois utilisé pour désigner un organe particulier du corps humain (le cœur au sens physique et matériel) et parfois il désigne l’âme ou l’esprit (le cœur au sens spirituel).

La scellé divine apposée sur les cœurs (au sens spirituel) certains individus ou êtres humains, signifie que ces derniers refusent la guidance, que leurs cœurs est fermés à la raison et à la compréhension des connaissances divines et qu’ils ne retournent pas à ce qui est juste et bien. La scellée que le Très Haut appose sur les cœurs et les oreilles de certains résulte en effet, de leurs actes qu’ils ont librement choisi d’accomplir en dépit des avertissements divins qu’ils n’ont pas voulu en tenir compte. En outre, cette fermeture des cœurs et des oreilles possède des rangs.

Si l’obscurité, le péché et l’animosité couvrent le cœur tout entier, alors la bonté et la guidance ne retourneront jamais. Même si le retour à l’éclairci et à la guidance est difficile, ce n’est pas chose impossible et il existe la possibilité de changement et d’évolution jusqu’à la mort.

Par conséquent, ces individus ne sont pas privés de libre arbitre et de choix. Ils peuvent choisir de continuer leur chemin comme ils sont à même de choisir, avec volonté et détermination, de changer de voie, même s’il est difficile de le faire, afin de retourner sur le droit chemin et de bénéficier des orientations et des recommandations du Très Haut, pour atteindre le bonheur.

Autrement dit, la scellée divine sur le cœur et les oreilles d’un être humain est proportionnelle au niveau de ses péchés ce qui le prive graduellement de la compréhension des versets divins et du bénéficie de la lumière et de la guidance divines. Cette fermeture des cœurs n’est pas exclusive aux impies, aux mécréants et aux hypocrites.

Réponse détaillée
Dans un premier temps, nous allons indiquer ici, la traduction de deux verstes du saint Coran et nous tenterons d’apporter la réponse à votre question.

1- « Quant aux impies, il leur est égal que tu les avertisses ou que tu ne les avertisses pas : ils ne croient pas. Dieu a scellé (fermé) leurs cœurs et leurs oreilles, et il y a un voile sur leurs yeux, ils subiront un lourd châtiment ».[1]

2- « Il leur plait de rester avec celles qui sont restées à l’arrière. Dieu a fermé leurs cœurs et ils ne savent pas ». [2]

La signification des mots « fermer » « sceller », «cœur » : « fermer » signifie la fin, quelque chose qui est complet ou complété. A titre d’exemple, dans la langue persane, lorsque l’on disait apposer une scellée sur une lettre, cela signifiait la fin de la lettre. L’on y apposait une scellée pour signifier que la lettre était terminée et que l’on ne pourra plus ajouter quelque chose.[3] Le mot « sceller » signifie graver, imprimer sur les objets (sur les pièces de monnaie par exemple). [4] Le mot « cœur » est parfois utilisé pour désigner un organe particulier du corps humain (le cœur au sens physique et matériel) et parfois il désigne l’âme ou l’esprit (le cœur au sens spirituel). [5] Ceci étant, on peut dire en règle générale, que l’être humain possède deux cœurs : un cœur faisant partie des organes de son corps et un autre que l’on qualifie de spirituel.[6] En tant qu’organe du corps humain, le cœur est un organe musculaire creux.

Il reçoit le sang par les veines puis il le propulse dans les artères, assurant ainsi la circulation. Il est placé en principe à gauche du thorax. Quant au cœur spirituel, il s’agit de l’âme et de l’esprit d’un être humain.[7] Dans le langage et le jargon philosophique et mystique ainsi que dans la culture coranique et dans les hadiths, « cœur » est utilisé au sens figuré à savoir son sens spirituel, puisqu’il est considéré comme l’un des canaux réceptifs des inspirations et des révélations divines ainsi que de la connaissance. Le cœur au sens spirituel est également une voie par laquelle l’on peut contempler les manifestations divines.

Il est considéré comme le centre des sentiments et de l’affection ainsi que le berceau les intentions et les souhaits des êtres humains.

Le point commun de ces deux définitions a été ainsi évoqué et commenté : « cœur » au sens propre du terme signifie changement. Etant donné que cet organe humain a pour mission de recevoir le sang par les veines puis de le propulser dans les artères, assurant ainsi la circulation sanguine, on le nomme « cœur » et parce que les sentiments et les affections des humains sont toujours en évolution et en train de changer on parle aussi de « cœur » pour le berceau des affections humaines.[8]

La scellée divine aux cœurs : selon le saint Coran, Dieu a scellé (fermé) leurs cœurs et leurs oreilles, et il y a un voile sur leurs yeux, ils subiront un lourd châtiment. La scellée que le Très Haut appose sur les cœurs et les oreilles de certains résulte en effet, de leurs actes qu’ils ont librement choisi d’accomplir en dépit des avertissements divins qu’ils n’ont pas voulu en tenir compte. Il s’agit des hypocrites, des impies, des mécréants, etc.[9] La scellée divine sur le cœur et les oreilles d’un être humain est proportionnelle au niveau de ses péchés ce qui le prive graduellement de la compréhension des versets divins et du bénéficie de la lumière et de la guidance divines. Cette fermeture des cœurs n’est pas exclusive aux impies, aux mécréants et aux hypocrites.[10]

En conséquence, lorsque l’on parle de scellée aux cœurs, c’est la fermeture du canal qui réceptionne la foi, les connaissances et les inspirations divines. Pour éclaircir davantage cette affirmation nous vous présentons le hadith ci-dessous :

Zararah relate un hadith de l’Imam Bagher (béni soit-il) qui a dit :[11] « Dans chaque individu il y a une zone blanche. Lorsqu’il commet un péché, un point noir y apparait. S’il se repent, le point noir disparaitra et s’il continue de commettre des péchés, le point noir grandit jusqu’à ce qu’il couvre la zone blanche. Lorsque la zone blanche est couverte en totalité, l’individu en question, ne reviendra plus jamais sur la bonne voie.

C’est la raison pour laquelle, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux, dit dans le noble Coran que :’’Qui dit, lorsque Nos versets lui sont récités, ce sont des contes anciens. Non, mais leurs mauvais acquis ont rouillé leurs cœurs. Non mais ce Jour-là, ils seront privés de la miséricorde de leur Seigneur’’ ».[12] En effet, il y a des facteurs qui rouillent les cœurs. Les versets du noble Coran font d’ailleurs référence aux éléments et facteurs qui aboutissent à cette situation qu’est la scellée divine sur les cœurs : le « kufr » (mécréance)[13] , l’ignorance permanente, [14] la dépravation,[15] l’obstination et la manipulation de la parole divine[16], s’adonner aux passions et l’acte contraire aux œuvres bonnes, [17] la corruption sur terre, l’abandon de la visite aux parents[18].

Par conséquent, ces voiles et ces obstacles sur le cœur, sur les yeux et sur les oreilles résultent des actes volontaires accomplis par l’individu lui-même et la scellée divine est en fait un châtiment a posteriori, puisqu’entre les actes, les intentions, et les pensées de l’être humain et les conséquences qui y sont nécessairement liées et l’on ne pourra pas y échapper. Cependant, attribuer une telle situation au Très Haut, a pour raison la relation de cause à effet qui existe entre les actes d’une part et de l’autre, les intentions et les pensées des gens ainsi les conséquences qui en découlent. Celles-ci sont une prédestination divine et ne changent pas, à moins que d’autres facteurs n’entrent en jeu tels que le repentir, les châtiments divins, et/ou les catastrophes, les souffrances, et/ou une prise de conscience par l’intermédiaire des Proches de Dieu, pour influencer l’individu en question afin de provoquer progressivement chez lui, une évolution et d’enlever la rouille qui couvre son cœur en vue de lui octroyer la capacité d’être guidé et de reprendre le droit chemin. Autrement dit, la prédestination divine, ne saurait être, autre chose que les lois qui dominent le monde et la relation de cause à effet. Et dans les actes volontaires des êtres humains, la volonté et l’intention sont les principaux éléments de la cause qui est à la base desdits actes. Lorsqu’un individu accompli un acte, les effets de cet acte apparaissent sur son esprit et il ne pourra y échapper. C’est la raison pour laquelle, si cet individu prépare lui-même les causes de la scellée divine, il devra alors, en subir les conséquences et les effets qui sont liés à son acte, au nom de la Loi de l’existence.

Eu égard à ce qui vient d’être dit, on se rend compte que:
1- La scellée divine sur le cœur est due aux actes volontaires d’un individu.

2- Etant donné que la pose de scellée divine sur le cœur a lieu sur la base de la prédestination divine, elle est attribuée au Très Haut.

3- Un individu dont le cœur est rouillé, pourrait répéter les erreurs du passé et ajouter à la rouille qui couvre son cœur. Mais cette situation de continuité ne dépend que de lui-même.

4- Même si le retour à l’éclairci et à la guidance est très difficile[19], ce n’est pas chose impossible et il existe toujours la possibilité de changement et d’évolution. Cet individu pourrait de sa propre volonté et avec sa ferme détermination mener des efforts pour gommer et effacer cette rouille.[20] Autrement dit, si le cœur et l’esprit du mécréant et de l’hypocrite sont si noircis qu’il n’y a point de place pour l’éclairci, selon les affirmations du saint Coran, il sera sur la pente descendante et on ne saurait espérer l’orienter vers le droit chemin[21]. Ainsi c’est avec son propre choix et son libre arbitre que ce dernier s’éloigne du chemin du juste en fermant la porte au repentir.

Bibliographie et Références pour plus d’informations sur le sujet:
1- Abdallah Javadi Amoli, les étapes du moral et de l’éthique dans le noble Coran, 12ème éd. Asra, Qom, 2000.

2- Abdallah Javadi Amoli, le respect moral et éthique dans le noble Coran, 12ème éd. Asra, Qom, 2000.

3- Ruhollah Moussavi Khomeiny, le précis de quarante hadiths, Institut pour la publication des œuvres de l’Imam Khomeiny (que sa demeure soit au Paradis divin), 12ème éd., Téhéran, 1998.

4- Mohammad Taghi Mesbah Yazdi, les sciences coraniques, éd. Dar Rah-e-Hagh, 2ème éd., 1989, Qom.

5- Les exégèses des versets des saintes sourates : la vache, 74 et 88; les bestiaux, 25 : A’araf 101 ; Mohammad 24 ; l’agenouillée 23 ; les fraudeurs 14 ; les groupements 12 ; la nourriture céleste 3.

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[1]- La sainte sourate la vache 7 ; cf les saintes sourates les bestiaux 46 ; l’agenouillée 23, la délibération 24

[2] - La sainte sourate le repentir 93 ; cf les saintes sourates le repentir 87 ; les femmes 155 ; les abeilles 108 ; Mohammad 16 ; A’raf 100 ; Jonas 74

[3] - Cf Abdallah Javadi Amoli, Tafsir Tasnim, Tome 2, p.223 et suiv.; Majma' al-bayan, tome 1, p. 129 ; Tafsir Nemouneh, tome 1 p.53

[4] - Cf Ragheb Esfahani, Mufradat al-Quran, annotation de l’article sur la scellée divine; Majma' al-bayan, tome 1, p. 129

[5] - Tafsir Nemouneh, tome 1 p.53; Ragheb Esfahani, Mufradat al-Quran, annotation de l’article sur le cœur ; al-Mizan, tome 2, p.223 et 224 ; Majma' al-bayan, tome 1, p. 130

[6] - Cf Abdallah Javadi Amoli, Tafsir Tasnim, Tome 2, p.227 et 228

[7] - Le professeur martyr Morteza Motahari, l’exégèse de la sainte sourate le Louange

[8] - Mohammad Taghi Mesbah Yazdi, les sciences coraniques,, tome 3, p. 395 à 403 ; Mohammad Taghi Mesbah Yazdi, le moral dans le saint Coran, tome 1, p. 226 à 250

[9] - Cf Tafsir Tasnim, Tome 2, p.227

[10] - Ibid p. 234

[11] - Oussoul al-Kafi, le livre al-Iman za al-Kufr, bab al- dhonub, récit 13 et 20

[12] - La sainte sourate les fraudeurs, 14

[13] - La sainte sourate la vache 88

[14] - La sainte sourate A’araf 179

[15] - La sainte sourate A’araf 102 ; La sainte sourate la nourriture céleste 13

[16]- La sainte sourate la vache, 67 et 74

[17] - La sainte sourate l’agenouillée 23

[18] - La sainte sourate Mohammad 22

[19] - l’interprétation « ne retournera jamais sur le droit chemin » fait peut-être référence à cette pénibilité et difficulté

[20] - Cf Abdallah Javadi Amoli, le respect moral et éthique dans le noble Coran, p.83 à 103

[21] - Cf Initiation au noble Coran, l’exégèse de la sainte sourate le Louange, p.79

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