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Biographie du Prophète Mohammad (saw)

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La vie du Prophète bien aimé, Mohammad ibn Abdoullah, est mieux connue que celles des prophètes précédents; en effet, par suite de l'usure du temps et des événements historiques, le livre, la loi et la personnalité de ces anciens prophètes ont été déformés et cette dénaturation a quelque peu obscurci l'histoire de leur vie. Ce que l'on sait d'eux repose principalement sur le texte coranique, les propos du Prophète et des saints Imams.

Par contre, l'histoire de la vie de Mohammad s'appuie sur des sources qui l'éclairent suffisamment. Le Prophète bien-aimé de l'Islam est le dernier envoyé que le Seigneur miséricordieux a délégué aux hommes pour les guider.

Quatorze siècles auparavant, le monde vivait d'une telle manière qu'il ne restait de la religion monothéiste rien qu'un nom, les gens s'étant totalement écarté de l'unicité divine, de la connaissance de Dieu, des traditions humanistes et de justice sociale; la très respectable Ka'aba était devenue le sanctuaire des idoles et la religion d'Abraham transformée en idolâtrie. Les Arabes menaient une vie tribale, même dans les quelques villes du Hedjaz et du Yemen; la nation arabe vivait dans les conditions les plus déplorables: au lieu de la culture et de 1'éducation, parmi les habitants régnaient la luxure, l'obscénité, l'ivresse, le jeu; les jeunes filles étaient enterrées vivantes et la plupart des gens ne parvenaient à vivre qu'en volant, pillant, massacrant les biens et le bétail de leurs voisins; faire couler le sang et opprimer les autres étaient devenus des actes plus qu'honorables. C'est dans un tel milieu, arriéré et misérable, que le Seigneur affectueux chargea le noble Prophète de réformer et de guider les hommes; pour atteindre son but. II lui révéla le Coran - qui comprenait l'enseignement juste, la connaissance divine, la réalisation de la justice, les conseils judicieux - et le Prophète appela les gens à suivre ce texte divin, document de vérité et d'humanité.

Le noble Prophète est né en l'an 570 (après J.C.), soit 53 ans avant l'hégire, à la Mecque dans une famille considérée comme la plus honorable et la plus authentique famille arabe. Avant de venir au monde, il perd son père et à six ans sa mère meurt, laissant le petit garçon à la charge de son grand-père, 'Abdoul Mouttalib. Ce dernier décédant deux ans après, l'enfant est remis à son oncle, l'affectueux Abou Tâlib (père d'Ali, émir des croyants) qui va dès lors s'occuper de lui. L'oncle en question aimera Mohammad comme son propre fils; de façon constante, il le soutient et le protège sans la moindre négligence. Cet appui permanent s'affirmera jusqu'à la veille de l'hégire.

Les Arabes de La Mecque, comme les autres arabes, élevaient des moutons et des chameaux, commerçaient parfois avec les pays voisins, notamment la Syrie. Ils étaient ignorants et incultes, aucunement soucieux de l'instruction et de l'éducation de leurs enfants. Mohammad, comme les autres membres de sa tribu, ne savait ni lire ni écrire; mais, dès l'enfance il se distinguait des autres par ses diverses qualités: il n'adorait aucune idole, il ne mentait pas, il ne volait pas, il ne trahissait pas, il s'abstenait de commettre de mauvaises actions, il était sage et compétent. Aussi, en très peu de temps, il avait acquis l'estime et la confiance des gens, d'où son surnom de Mohammad le fidèle (amîn). En effet, les Arabes lui confiaient généralement leurs biens et louaient sa fidélité et sa compétence.

I1 a environ une vingtaine d'années quand une riche dame de La Mecque - la grande et noble Khadija - le choisit comme agent de commerce: grâce à sa sagesse et son honnêteté, Mohammad réalise de gros bénéfices pour cette dame qui, charmée de plus en plus par sa personnalité et son savoir-faire, lui propose de l'épouser. Bientôt, ils se marient et le jeune Mohammad poursuit ses activités marchandes comme auparavant.

Jusqu'à quarante ans, ce saint homme entretenait de bons rapports avec les gens qui le considéraient non seulement comme l'un des leurs mais comme le plus qualifié, le plus avisé d'entre eux. Ses qualités morales, sa conduite exemplaire, son refus de l'oppression et de la cruauté, sa modestie, lui avaient gagné le respect et la confiance des hommes de la région. Ainsi, quand les Arabes commencèrent à réparer la maison de la Ka'aba, une dispute éclata entre les divers clans concernant l'installation de la pierre noire; les parties en présence firent appel à Mohammad pour trancher leur litige. Ce dernier fit déposer la pierre noire dans un burnous que les chefs de clans tenaient ensemble. D'un même mouvement, ils portèrent la pierre sacrée et la placèrent dans la maison aux idoles.

Grâce à cette intervention, le litige fut résolu sans violence et sans effusion de sang. Avant la diffusion de sa révélation prophétique et bien que monothéiste, donc opposé à l'idolâtrie, Mohammad n'avait été l'objet d'aucune pression de la part de ses compatriotes; ceci d'une part, parce que les Arabes laissaient les juifs, les chrétiens et autres librement exercer leur religion, d'autre part, parce que Mohammad ne s'en était pas pris encore directement aux croyances et aux superstitions des gens.

L'histoire du moine Bahîra


A l'époque où Mohammad vivait auprès de son oncle Abou Tâlib, c'est-à-dire, alors qu'il n'était pas encore pubère, il accompagna ce dernier dans son voyage commercial à Shâm (Damas). La caravane qui était très importante regorgeait de marchandises; après avoir pénétré sur le territoire syrien, elle fait une halte près d'un monastère situé à proximité de la ville de Basrâh; un moine dénommé Bahîra sort du couvent et invite les voyageurs à venir se reposer à l'intérieur du monastère. Abou Tâlib, comme les autres voyageurs, accepte la proposition, laissant Mohammad surveiller ses affaires et ses biens. Bahîra apprenant que tout le monde est présent au couvent sauf Mohammad, exige qu'on l'amène. Abou Tâlib appelle alors son neveu installé sous un olivier. Après avoir longuement scruté le jeune adolescent, Bahîra le prend, avec son oncle, à part; il lui demande: "Jure moi par Iât et 'Ozzâ (les deux déesses adorées par les habitants de La Mecque) que tu répondras à ma question". Mohammad répond: "Ces deux idoles sont les choses que je déteste le plus". Bahîra lui demande: "au nom de Dieu l'Unique, je te prie de dire la vérité.

Le jeune Mohammad répond: "Je n'ai jamais menti, j'ai toujours dit la vérité; pose ta question". Bahîra dit alors: "qu'aimes-tu le plus au monde?".

Mohammad déclare: "la solitude. Bahîra questionne à nouveau le jeune adolescent: "Que regardes-tu le plus et qu'aimes-tu regarder le plus?".

Mohammad dit: "Le ciel et ses étoiles". Bahîra lui demande alors: "Lorsque tu observes les cieux, tu penses à quoi?". I1 répond par un long silence. Bahîra, après avoir examiné son front lui dit: "Quand et comment tu t'endors?". L'adolescent répond: "Quand je regarde le ciel et les étoiles, je me vois au-dessus des étoiles". Bahîra redemande: "rêves-tu aussi?" Le jeune Mohammad déclare: "Oui, et tout ce que je rêve, je le vois aussi quand je suis réveillé". Bahîra demande alors: "que vois-tu en rêve?", et le jeune adolescent reste muet. Après un moment de silence, Bahîra demande à Mohammad: "Puis-je voir entre tes deux épaules?". Ce dernier acquiesçant, Bahîra écarte le vêtement de l'adolescent et découvre un grain de beauté: "C'est bien ça>> murmure-t-il. Abou Tâlib étonné lui lance: "Que dis-tu, qu'est ce que c'est?"

Bahîra se tournant vers Abou Tâlib lui demande "Quel lien familial te lie à cet adolescent?". Comme Abou Tâlib aimait Mohammad comme son propre fils, il déclare: "C'est mon fils". Bahîra dit alors: "Non, le père de cet adolescent doit être décédé". "D'où le sais-tu?" s'enquiert Abou Tâlib surpris, avant de révéler au moine que Mohammad est son neveu. Bahîra déclare à l'oncle: "Ecoute-moi bien, un avenir radieux et surprenant attend cet enfant. Si d'autres que moi aperçoivent ce que j'ai vu, ils le reconnaîtront et le tueront. Tu dois le mettre à l'abri des ennemis". Abou Tâleb demande alors: "Mais, qui est-il?" Et, Bahîra lui déclare: "Ses yeux annoncent un grand prophète et son dos indique cette clarté".

L'histoire du moine Nestorien


Quelques années plus tard, Mohammad se rend à nouveau à Shâm mais, cette fois, en tant qu'agent commercial de la noble Khadija. Cette dernière le fait accompagner de son esclave Missarah. Arrivant près d'un couvent situé aux environs de Basrâh, les voyageurs font halte et Mohammad s'installe sous un arbre. Nestor, moine qui connaissait Missarah, sort du couvent pour le recevoir. Il demande à Missarah qui est la personne qui repose sous l'arbre. L'esclave répond c'est un homme de la tribu des Qoraysh. Nestor déclare alors: "Personne ne s'arrête sous cet arbre si ce n'est le prophète de Dieu". Puis, il demande: "Est-ce que ses yeux sont tachés de rouge?". Missarah répond: "Oui, ses yeux ont continuellement cette couleur". Le moine conclut: "Oui, c'est bien lui; il est le dernier des prophètes de Dieu. Pourvu que je puisse entendre son appel lorsqu'il entreprendra sa mission".

L'annonce de la bonne nouvelle par les Juifs de Médine.


Nombre de tribus juives qui avaient lu dans leurs livres que bientôt, un messie allait venir en Arabie, avaient quitté leur patrie pour se rendre au Hedjaz; elles s'étaient installées à Médine et aux alentours, attendant l'arrivée du prophète annoncé. Comme cette communauté transplantée était riche et opulente, les Arabes effectuaient, de temps en temps, quelques raids contre leur campement. Mais, les Juifs supportaient patiemment les méfaits des pillards car, ils espéraient qu'après la venue du messie ils pourraient se venger de leurs oppresseurs arabes.

Un des principaux facteurs qui contribua à favoriser la diffusion de la foi musulmane fut la préparation des consciences; les hommes de l'époque vivant dans l'attente du sauveur de Dieu crurent le nouveau messager et si les Juifs refusèrent la nouvelle parole divine cela ne releva que de leur fanatisme.

Le Coran évoque l'annonce des prophètes.


Le Seigneur Tout-Puissant se réfère diversement à la bonne nouvelle qu'est la prophétie: "... Pour ceux qui suivent l'envoyé: le Prophète gentil qu'ils trouvent mentionné chez eux dans la Tora et l'Evangile. II leur ordonne ce qui est convenable, il leur interdit ce qui est blâmable; il déclare licites, pour eux, les excellentes nourritures; il déclare illicite, pour eux, ce qui est détestable ; il ôte les liens et les carcans qui pesaient sur eux. Ceux qui auront cru en lui; ceux. qui l'auront soutenu; ceux qui l'auront secouru; ceux qui auront suivi la lumière descendue avec lui: voilà ceux qui seront heureux! (Coran, VII,157).

"Lorsqu'un Livre venant de Dieu et confirmant ce qu'ils avaient reçu leur est parvenu, - ils demandaient auparavant la victoire sur les incrédules - lorsque ce qu'ils connaissaient déjà leur est parvenu, ils n'y crurent pas. Que la malédiction de Dieu tombe sur les incrédules! (Coran, II, 89).

Du commencement de la mission à l'Hégire


Le Seigneur Tout-Puissant envoya aux hommes un messager pour les inviter à l'unicité divine et au monothéisme; I1 délégua ce missionnaire dans la péninsule arabe qui était, sans exagération, un foyer de misère, de tyrannie, de corruption, de cruauté et de malheur. Cet envoyé appelait les hommes à faire le bien, à consolider les rapports sociaux, à observer la justice, à se soulever promptement contre les oppresseurs et pour la vérité, à instaurer le bonheur humain sur des principes de foi, de vertu, de coopération et de dévouement. Au début, le Prophète, conscient de l'arriération de son milieu, ne divulgua sa mission qu'à ceux qui étaient prêts à entendre la bonne parole; aussi, il n'eut au début qu'un nombre restreint d'adeptes dont les premiers furent - d'après les récits rapportés - son cousin paternel 'Ali, premier homme initié à l'Islam, et sa femme la noble Khadija, première initiée à l'Islam. Après un certains temps, il reçut l'ordre d'inviter ses proches à se convertir à la foi divine; suivant le commandement de Dieu, il invita chez lui ses parents et proches (soit environ une quarantaine de personnes) et leur annonça la mission dont le Seigneur l'avait chargée. Bientôt, sur ordre divin, il étendit son appel et invita le peuple à suivre la foi musulmane; ainsi, il porta le flambeau de la direction divine hors de sa maison afin d'éclairer tout l'univers.

La réaction des Arabes, surtout ceux qui habitaient La Mecque, fut hostile: les infidèles, les impies rejetèrent violemment cette invitation pleine de bonne volonté. On accusa Mohammad de sorcellerie; on le traita de rabbin, de fou, de poète; on se moquait de lui, méprisant sa personne et son message; quand il appelait les gens à suivre sa nouvelle doctrine ou lorsqu'i1 priait, ses adversaires semaient le trouble et le désordre; ils allaient même jusqu'à lui lancer des ordures, des ronces, des broussailles, des pierres, quand ils ne le frappaient pas. Parfois, on tentait de le corrompre en lui promettant monts et merveilles, croyant ainsi le faire dévier de son objectif sacré. Mais, toutes ces tentatives restèrent vaines, le Prophète demeurant inébranlable, bien qu'attristé par l'ignorance et l'entêtement de sa nation. D'ailleurs, dans plusieurs versets coraniques révélés le Seigneur cherche à le consoler, l'encourageant à faire preuve de patience; dans d'autres, Dieu lui ordonne de ne point tenir compte des propos et des avances des gens.

Ceux qui suivirent le Prophète furent l'objet de multiples attaques et tortures; certains même périrent sous la main de l'infidèle. Parfois, la pression devenait si intolérable que les partisans demandaient à leur guide de les autoriser à lancer un soulèvement violent afin d'en finir plus vite, vues les souffrances endurées; mais, le Prophète leur disait: "Je n'ai pas encore reçu d'ordre du Seigneur Tout-Puissant; il nous faut patienter". Certains ne purent supporter tant de maux et pliant bagages ils quittèrent leur patrie. Bientôt, la situation devint si critique pour les Musulmans que le Prophète autorisa à ses partisans de s'exiler en Ethiopie pour se mettre à l'abri des persécutions de leurs compatriotes.

Un premier groupe, avec Dja'afar Ibn Abou Tâlib (frère de l'Emir des croyants et un des compagnons préférés du Prophète) à sa tête, prit le chemin de l'Ethiopie. Quand les infidèles de La Mecque apprirent l'exil des Musulmans, ils déléguèrent deux représentants chargés de présents auprès du roi d'Ethiopie pour demander au souverain l'extradition des exilés; mais, Dja'far Ibn Abou Tâlib parvint à convaincre le roi, les prêtres chrétiens et les autorités du pays: dans un discours éloquent, il leur parla de la personnalité lumineuse du Prophète, des préceptes de l'Islam et leur récita des versets de la sourate Marie; les propos de Dja'far émurent si profondément l'assistance que les larmes coulèrent de leurs yeux.

Le roi d'Ethiopie refusa d'extrader les réfugiés; il rendit aux délégués de La Mecque leurs cadeaux et donna l'ordre de faciliter l'installation des Musulmans exilés. Après cet échec, les infidèles de la Mecque conclurent le pacte de rompre les relations, à tous les niveaux avec les Bani-Hâchem, parents ou partisans de Mohammad; après avoir fait signer ce pacte aux habitants, les ennemis du Prophète le déposèrent dans la Ka'aba.

Bani-Hâchem, qui accompagnait Mohammad, se trouva obligé de partir avec les siens de La Mecque pour se réfugier en signe de protestation dans une vallée, connue sous le nom de défilé d'Abi Tâlib. Là, ils vécurent dans les conditions difficiles, n'osant sortir du défilé, supportant la chaleur torride et les lamentations de leurs femmes et enfants. Trois ans après, les infidèles renoncèrent à leur pacte, d'autant plus que ce texte avait disparu de la Ka'aba et que les tribus de la région reprochaient leur attitude vis-à-vis de Bani-Hâchem et des siens; ces derniers purent donc mettre un terme à leur asile dans la vallée.

Cependant, c'est à cette époque que deux grands malheurs vont toucher le Prophète et sa communauté: Abou Tâlib, le seul protecteur de Mohammad, et Khadija, sa douce épouse, meurent (620). Avec la disparition de ses deux puissants soutiens, l'existence du Prophète va redevenir difficile; il n'ose se montrer en public, de peur d'être attaqué par ses ennemis qui le guettent.

Le voyage à Tâ'éf


L'année où le noble Prophète et Bani-Hâchem sortirent du défilé d'Abou Tâlib était la treizième année du commencement de la mission (bé'çat).C'est le moment que choisit le noble Prophète pour faire un petit voyage à Tâ'éf - ville située à environ cent kilomètres de La Mecque - et inviter les habitants à se convertir à l'Islam; mais, les ignares et les gredins de la ville se ruèrent sur le messager de Dieu, l'injurièrent et le lapidèrent, l'obligeant à fuir. De retour à la Mecque, Mohammad préféra se cacher de la population hostile; d'ailleurs, les dignitaires de la Mecque, trouvant les conditions favorables, avaient décidé, au cours d'une réunion secrète à l'Assemblée de se débarrasser du Prophète: ils avaient convenu de choisir un homme dans chacune des tribus arabes pour l'assassiner; en effet, en faisant participer toutes les tribus au meurtre de Mohammad, même le clan de Bani-Hâchem ne pouvait recourir à la loi du talion contre les meurtriers car l'un de ses membres appartenait au groupe des assassins.

Le projet fut appliqué et près de quarante volontaires choisis parmi les diverses tribus arabes encerclèrent, en pleine nuit, la demeure du Prophète; ils devaient à l'aube attaquer la maison et massacrer Mohammad. Pourtant la volonté de Dieu fut autre et le projet échoua piteusement; le Seigneur révéla au Prophète le complot qui se fomentait contre lui et lui ordonna de quitter La Mecque en pleine nuit pour s'exiler à Médine. Le Prophète mit au courant 'Ali et lui commanda de dormir à sa place ; après avoir fait ses dernières recommandations, Mohammad sortit de sa demeure et se perdit dans la nuit; en cours de route, il rencontra Abou Bakr qu'il emmènera avec lui à Médine.

Notons que certains notables de Médine, avant l'exil de Mohammad, l'avaient rencontré à La Mecque; ayant bien accueilli son message céleste, ils lui avaient promis de le soutenir fermement s'il venait un jour à Médine.

L'exil du Prophète à Médine


Fuyant ses assassins, le Prophète bien-aimé se rend donc en pleine nuit dans une grotte de la montagne Garé-ssor avoisinant La Mecque; après s'être caché trois jours dans la grotte, il poursuit son voyage jusqu'à Médine où la population l'accueille chaleureusement. Pendant ce temps, les assaillants qui encerclaient la maison du Prophète donnent finalement l'assaut et se retrouvant face à 'Ali qui somnolait à la place du Prophète; surpris et désemparés, on les informe que Mohammad est sorti de La Mecque; les quarante agresseurs se ruent hors de la ville mais, toutes leurs recherches demeurent vaines.

Le Prophète s'installe à Médine où les habitants se convertissent à l'Islam et assurent la protection de leur guide. Médine devient une ville islamique et prend le nom de ville du Prophète (médina-al-raçoul) au lieu de Yathrib, désignation traditionnelle. Dans la première ville de l'Islam, près du tiers des habitants étaient des hypocrites, des faux fuyants, qui faisaient semblant de croire à la religion musulmane, de peur du reste de la population arabe.

Le soleil de l'Islam commença à briller dans le ciel clair de Médine; l'état de guerre qui s'était établi depuis des années entre les deux grandes tribus des Aws et Khazaradj prit fin. Avec le retour de la paix, les croyants de Médine se rassemblèrent autour du foyer de la prophétie. Peu à peu, les tribus et clans de la région se convertirent à l'Islam et, les commandements divins révélés se réalisaient successivement. Chaque jour, une des racines de la corruption et du mal était anéantie, laissant sa place à la vertu et au bien. Les partisans du Prophète qui étaient demeurés à La Mecque vinrent bientôt rejoindre leurs coreligionnaires car, ils ne pouvaient plus supporter les pressions et exactions des infidèles Mecquois. Les gens de Médine les accueillirent chaleureusement. Ces exilés de la Mecque venus se réfugier à Médine furent appelés les "mohâdjerin" (émigrés) et les Musulmans de Médine les "ansar" (auxiliaires).

I1 y avait alors de nombreuses tribus juives à Médine, et aux environs, à Fadak, à Kheybar; leurs savants et docteurs annonçaient continuellement aux arabes de Médine la nouvelle du commencement de la mission (bé'çat) effectué par le Prophète de l'Islam. Cependant, quand, après l'exil de Mohammad, elles furent appelées à rejoindre les rangs des Musulmans, ces tribus refusèrent de se convertir. Finalement, un pacte de non-agression fut scellé entre l'Islam et les Juifs. L'expansion rapide de l'Islam avait accentué l'hostilité des infidèles de La Mecque. Ces derniers cherchaient un prétexte pour disperser la communauté des Musulmans. De leur côté, les partisans de Mohammad, notamment les émigrés de La Mecque, attendaient impatiemment un ordre divin pour en finir avec ces mécréants et sauver les femmes, vieillards et enfants qu'ils avaient dû laisser à la Mecque.

La "bataille de Badr"", en l'an 2 de l'hégire, est la première guerre opposant les Musulmans de Médine aux infidèles de La Mecque; au cours de ce combat qui s'engage dans la plaine de Badr - située entre les deux villes -, les Musulmans mal équipés et en nombre inférieur - trois fois moins que les Mecquois - affrontent mille infidèles armés jusqu'aux dents. Grâce à la Providence, la victoire revient aux Musulmans qui défont complètement les infidèles; ces derniers ont d'énormes pertes tant en hommes - morts, blessés ou prisonniers - qu'en matériel de guerre. Après cette terrible défaite, les rescapés fuient vers La Mecque. On raconte que les infidèles laissèrent sur le champ de bataille près de soixante dix cadavres - dont la moitié d'entre eux avait été tuée par le sabre d'Ali - et plus de soixante-dix prisonniers.

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