Les épouses du Prophète (s) et certains des motifs l’ayant conduit à les épouser
Le Prophète (s) épouse Sawda
Un an environ après le décès de Khadîja (as), le Prophète (s) épouse Sawda fille de Zam'a (le Prophète épouse trois femmes à Makka (1) : Khadîja (as), ‘A’îsha et Sawda. Il marie ses autres épouses à Madîna (2) , soit après l’émigration). Le mari de Sawda décède lors du retour de la deuxième émigration en Abyssinie (selon un autre hadith, il meurt en Abyssinie, tandis que Sawda meurt vers la fin du califat de ‘Omar, à Madîna).
Sawda est une femme de foi. Elle se rend en Abyssinie avec son mari, et porte le glorieux titre d’émigrante. Lorsqu’elle perd son mari, si elle revient à sa famille restée mécréante, elle est certaine de se voir maltraiter, voire tuer, ou d’être contrainte de retourner à la mécréance. Le Prophète l’épouse afin de la protéger de toute forme de persécution.
Le Prophète (s) épouse Zaynab fille de Khuzayma
Il épouse Zaynab fille de Khuzayma après que son mari, ‘Abdallâh ibn Jahsh, fut tué lors de la bataille d’Ohod. A l’époque de l’ignorance (3) , Zaynab compte parmi les grandes dames vertueuses, on l’appelle Omm al-Masâkîn (4) , car elle se montre très bonne et très généreuse envers les pauvres et les malheureux. Le Prophète (s) l’épouse afin qu’elle conserve son honneur et sa situation.
Le mariage du Prophète (s) avec Zaynab a lieu dans la troisième année de l’Hégire, après la bataille d’Ohod. Elle ne demeure que très peu de temps dans la maison du Prophète (s), car elle meurt quelques mois après son mariage. Elle est ensevelie dans le Baqî' (5) . Feu Mohaddeth Qomî, dans son livre Al-Montehâ al-Amâl, situe le mariage du Prophète (s) avec Zaynab fille de Khuzayma durant le mois de Ramadhân de la troisième année de l’Hégire, or nous savons que ce mariage a forcément lieu après la bataille d’Ohod, car c’est lors de cette bataille que le mari de Zaynab, ‘Abdallâh ibn Habsh, est tué. Même Mohaddeth Qomî confirme ce point. Au cours de sa description des événements de la bataille d’Ohod, il dit : « Certains ont affirmé que le Prophète (s) a dit : ‘Ils ont placé le corps de Hamza avec celui du fils de sa sœur, ‘Abdallâh ibn Jahsh, dans une même tombe.’ »
La plupart des historiens stipulent que ‘Abdallâh ibn Jahsh est tué lors de la bataille d’Ohod, tandis que Mohaddeth Qomî écrit d’autre part dans son livre : « La bataille d’Ohod a lieu durant le mois de Shawwal de la troisième année (de l’Hégire). » Le mariage du Prophète (s) et de Zaynab doit donc nécessairement avoir eu lieu au cours du mois de Shawwal, et non avant. Il est étonnant de voir feu Mohaddeth Qomî situer la bataille d’Ohod au mois de Shawwal d’une part, et le mariage du Prophète (s) et de Zaynab au mois de Ramadhân, qui le précède. Et s’il s’agit du mois de Ramadhân suivant, il faut alors situer le mariage dans la quatrième année de l’Hégire, et non la troisième.
Le Prophète (s) épouse Omm Salama
Parmi les autres épouses du Prophète (s) se trouve Omm Salama, dont le prénom original est Hind. Avant de devenir l’épouse du Prophète (s), elle se trouve dans la maison de ‘Abdallâh Abî Salam, le fils de la tante paternelle et frère de lait du Prophète (s). ‘Abdallâh est le premier à émigrer en Abyssinie. Omm Salama est une femme vertueuse, pieuse et lucide. Lorsque son mari meurt, elle est âgée et se trouve en charge de la tutelle des orphelins laissés par son mari. C’est dans cette situation que le Prophète de l’islam l’épouse.
(Omm Salama est la fille d’Abî Omayya Hudhayfa ibn Moghayra. Elle est connue pour être la plus vertueuse des épouses du Prophète (s) après Khadîja (as). Le Prophète (s) l’épouse lors de la quatrième année de l’Hégire. Elle meurt à Madîna en soixante et un de l’Hégire. Il est à noter qu’en dehors de Khadîja (as) et de Zaynab bent (6) Khuzayma qui meurent toutes deux du vivant du Prophète (s), toutes ses autres épouses lui survivent).
Les desseins du Prophète (s) concernant le mariage avec Safiya
Safiya est la fille de Hayy ibn Akhtab, le chef des Banî (7) Nadhîr. Le Prophète (s) la prend pour épouse après le décès de son mari au cours de la bataille de Khaybar. Son père meurt également à la bataille de Khaybar, avec les Banî Nadhîr. Safiya se trouve parmi les captifs de Khaybar. Le Prophète (s) la choisit pour lui, la libère, puis l’épouse. Par ce mariage, il la sauve de l’humiliation et du même coup, établit une alliance avec les Banî Isrâ’îl (8) . (Safiya épouse le Prophète (s) la septième année de l’Hégire, après la bataille de Khaybar. Avant cela, elle a eu deux maris : l’un est Salâm ibn Moslem et l’autre Kinâna ibn Rabî?).
Les desseins du Prophète (s) concernant le mariage avec Jûwayriya
Suite à l’incident avec les Banî Mustaliq, le Prophète épouse également Jûwayriya, dont le prénom est Bara fille de Hârith, le chef de la tribu des Banî Mustaliq. Les musulmans détiennent les femmes et les enfants de deux cents familles des Banî Mustaliq parmi leurs prisonniers. Le Prophète (s) choisit Jûwayriya pour lui et l’épouse, de là, il libère l’ensemble des captifs, sous le prétexte qu’ils lui sont désormais apparentés. Cette libération produit un effet positif parmi les gens de la tribu : leur grand nombre se tourne vers le Prophète (s) et embrasse l’islam. En sus, cet acte produit un effet extraordinaire sur l’ensemble des Arabes.
Le Prophète (s) épouse Maymûna
Parmi les autres épouses du Prophète de l’islam (s) se trouve Maymûna. Son prénom est Bara et elle est la fille de Hârith Halâliya (9) . Après la mort de son second mari, Abî Rahm ibn ‘Abd al-‘Azîz, elle s’offre elle-même au noble Prophète (s). Le Prophète (s) la libère puis l’épouse. Un verset du Coran est révélé à ce sujet.
Le Prophète (s) épouse Omm Habîba, Hafsa et ‘A’isha
Omm Habîba compte également parmi les épouses du Prophète (s). Son prénom est Ramla. Elle est la fille d’Abû Sofyân. Avant cela, elle était la femme de ‘Abdallâh ibn Jahsh, qu’elle accompagne lors de la deuxième émigration en Abyssinie. En Abyssinie, son mari se convertit au christianisme. Ramla reste fidèle à l’islam. A ce moment, son père, Abû Sofyân, compte parmi les plus durs opposants du Prophète (s) et s’occupe continuellement de comploter contre l’islam. Le Prophète (s) épouse Omm Habîba et la garde auprès de lui.
Hafsa, fille de ‘Omar, compte également parmi les épouses du Prophète (s). Le Prophète (s) l’épouse après que son mari, Khinays ibn Hadhâfa ait péri à la bataille de Badr. Il épouse en sus ‘A’îsha fille d’Abû Bakr.
Si l’on réfléchit à propos de ces spécificités, en prenant en compte la conduite de son Excellence (s) en terme de mariage, au début comme à la fin de sa vie, en considérant que son Excellence (s) est un homme pieux qui se tient éloigné du luxe et ordonne à ses épouses de mener une vie pieuse et austère, et de se tenir à l’écart du luxe, il ne fait aucun doute qu’à la base, les mariages du Prophète (s) ne sont pas comme les mariages des autres gens qui généralement convolent afin de satisfaire l’instinct sexuel.
Le respect de la justice et des bonnes relations à l’égard des femmes de la part du Prophète
Il faut également remarquer que le comportement du Prophète (s) lors de ses rapports avec les femmes est basé sur la politesse et le respect. D’une manière générale, les droits des femmes qui, à l’époque sombre de l’ignorance (10) , sont victimes de la concupiscence des gens et se trouvent anéantis, revivent avec le Prophète (s). La femme, qui avait perdu sa véritable place au sein de la société au cours des siècles obscurs de l’ignorance, parvient de nouveau à sa juste place. Il est même rapporté que les dernières paroles du Prophète (s), prononcées au seuil de la mort, constituent une recommandation à propos de la femme. Voici ce qu’il dit au sujet de l’importance de la prière et de la nécessité de respecter l’état du serviteur, ajoutant une recommandation au sujet de la femme : « Faites attention à la prière, faites attention aux serviteurs, ne leur en demandez pas plus que ce qu’ils peuvent entreprendre. Tenez compte de Dieu au sujet des femmes car elles dépensent leur vie à votre service. » (Al-Mîzân, Vol. 4, p. 197. Mîzân al-Hikma, Vol. 4, p. 3241).
Le Prophète (s) a une méthode qui lui est propre regardant la mise en œuvre de la justice parmi les femmes, les bonnes relations qu’il entretient avec elles et son respect pour leur état. Nous ne sous-entendons pas par-là qu’il est permis d’épouser plus de quatre femmes. Il en est pour cela comme du jeûne continu qui fait partie des règles propres à son Excellence (s), qui l’a par ailleurs interdit à ses partisans. Ces sont ces mêmes spécificités qui, lorsqu’elles sont exposées à la vue des gens, voire des ennemis de son Excellence (s) qui recherchent activement ses points faibles, empêchent toute forme de contestation.
back to 1 La Mecque.
back to 2 Médine.
back to 3 Al-Jahilîya.
back to 4 La mère des pauvres.
back to 5 Le cimetière de Madîna dans lequel sont notamment enterrés quatre Imâms (as).
back to 6 Fille de.
back to 7 Les « Banî » sont les « fils de ». C’est ainsi que l’on nomme les tribus : le terme de « Banî Nadhîr » par exemple, désigne la tribu des fils de Nadhîr, qui est leur ancêtre commun.
back to 8 Les fils d’Israël ; le peuple juif. Khaybar était une cité juive. Les juifs ont toujours maintenu une présence en Arabie, car ils y attendaient le Sauveur selon certaines de leurs prédictions. Mais lorsque Mohammad (s) s’est présenté, ils l’ont rejeté et combattu. Cela donna notamment lieu à la bataille de Khaybar.
back to 9 Il est étrange qu’elle ait le même nom que Jûwayriya, que son père ait également le même nom que le sien, et qu’elle ait aussi deux maris ! Il arrive parfois que des confusions s’immiscent dans une généalogie vieille de tant de siècles !
back to 10 La Jâhiliya.
Références :
Tabâtabâ'î, Seyyed Mohammad Hosayn, Ma'naviyat-e tashayyo' (La spiritualité chiite), pp. 140-143.