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La naissance miraculeuse de son Excellence ‘Isâ (as)

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La naissance miraculeuse de son Excellence ‘Isâ (as) selon les Evangiles, le Coran et les hadiths
Son Excellence ‘Isâ (1) (as) compte parmi les grands prophètes nommés ‘U^lû al-?azm (2) . Son nom apparaît 25 fois dans le noble Coran en tant que ‘Isâ (as), et 13 fois en tant que Masîh (3) (as). Le mot ‘Isâ est la traduction arabe du mot Yeshû?a, qui signifie « le sauveur ». Il a vu le jour il y a environ plus de deux mille ans (et près de 580 ans avant la naissance du Prophète de l’islam (s)) à Kûfa, au bord de l’Euphrate. Certains prétendent qu’il serait né à Nâsara (4) ou à Bayt al-moqaddas (5) , à l’époque de Farhâd V (6) , l’un des rois arsacides (7) . Sa conception se produit de façon miraculeuse, avec la permission de Dieu, puisqu’il n’a pas de père. Sa mère est son Excellence Maryam (as), la fille de ‘Imrân (as), qui compte parmi les dames sages et savantes à la personnalité éminente de la tribu des Banî Isrâ’îl (8) . ‘Imrân (as), le père de Maryam (as), est de la lignée de Solaymân (9) (as), figure parmi les savants distingués, pieux et vertueux parmi les Banî Isrâ’îl.

La naissance de son Excellence ‘Isâ (as) selon les Evangiles
L’Evangile selon Mattâ (Matthieu) (1 : 18 à 1 : 25) rapporte ainsi la naissance de ‘Isâ Masîh (as), à l’époque de Hérodius (10) : « 1.18 Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint-Esprit, avant qu'ils eussent habité ensemble. 1.19 Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle. 1.20 Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit : ‘Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient du Saint-Esprit ; 1.21 elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.’ 1.22 Tout cela arriva afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : 1.23 ‘Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.’ 1.24 Joseph s'étant réveillé fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui. 1.25 Mais il ne la connut point jusqu'à ce qu'elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus. »

La naissance miraculeuse de son Excellence ‘Isâ (as) selon le Coran
Le nom de Maryam (as) apparaît 34 fois dans le Coran. Une sourate porte d’ailleurs son nom, la sourate n° 19. Les versets 16 à 36 font état de la naissance de son Excellence ‘Isâ (as) et du fait qu’il parle dans son berceau. Il y est également question d’une partie de sa biographie et de la manière dont il appelle à Dieu. Quoi qu’il en soit, son Excellence le Masîh (as) vient au monde de manière miraculeuse et le Coran considère cette naissance comme l’un des signes de Dieu. Sa naissance donne lieu à des débats entre les chrétiens et les musulmans. Parce qu’il naît de Maryam (as) qu’aucun homme n’a approchée, les chrétiens en déduisent qu’il est le fils de Dieu, et c’est pourquoi dans leurs livres il est présenté comme Dieu le Fils (11) . Ils divisent la réalité de la Divinité en trois : 1. Dieu le Père 2. Dieu le Fils 3. Dieu le Saint-Esprit. Ils s’appuient pour cela sur le fait que le Masîh (as) n’a pas de père visible.

Voici en substance ce que Dieu répond en critique de cette pensée que les chrétiens de Najrân exposent au Prophète (s) : « La naissance du Masîh (as) est comme la naissance d’A^dam (as) qui a été créé de terre, et si le fait de ne pas avoir de père prouve qu’il est le fils de Dieu, alors l’absence de père et de mère devrait à fortiori garantir la même qualité à A^dam (as). » Le Coran dit : « Oui, il en est de Jésus comme d’Adam auprès de Dieu : Dieu l’a créé de terre, puis Il a dit : ‘Sois’, et il est. » (sourate Al-i ‘Imrân (La famille de 'Imrân ; 3 : 59). Alors que les Gens du Livre (12) tiennent des propos contradictoires au sujet de la naissance de son Excellence le Masîh (as), et qu’un groupe d’entre eux s’enlise dans l’associationnisme et le doute, le Coran, qui est le Livre témoin par rapport aux autres Livres célestes (13) , fait le récit de la naissance du Masîh (as) au cours de trois versets de la sourate Al-i ‘Imrân (La famille de 'Imrân, sourate 3) et de vingt versets de la sourate Maryam (Marie) (as), sourate 19). Selon les circonstances, il précise certains points afin que s’accomplissent des révélations qui sont à sa charge.

Le Coran dit : « Ce Coran raconte aux fils d’Israël la plus grande partie des choses sur lesquelles ils ne sont pas d’accord. » (sourate Al-Naml (Les fourmis) ; 27 : 76).

L’annonce de la naissance du Mâsîh (as) faite à Maryam (as) et le dialogue entre Maryam (as) et l’ange rapporté dans la sourate Al-i ‘Imrân (La famille de 'Imrân)

La partie importante de la vie de Maryam (as) correspond sans doute à ce qui touche à la naissance de son fils, son Excellence le Masîh (as). Avant que ‘Isâ (as) naisse, les anges lui en font l’annonce de la part de Dieu et lui décrivent sa personnalité, comme on le voit dans le dialogue qui a lieu entre Maryam (as) et les anges, dans la sourate Al-i ‘Imrân : « Les anges dirent : ‘ô Marie ! Dieu t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de Lui : Son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu. Dès le berceau, il parlera aux hommes comme un vieillard ; il sera au nombre des justes.’ Elle dit : ‘Mon Seigneur ! Comment aurais-je un fils ? Nul homme ne m’a jamais touchée.’ Il dit : ‘Dieu créé ainsi ce qu’Il veut : lorsqu’Il a décrété une chose, Il lui dit : Sois !

... et elle est.’ » (sourate Al-i ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 45 à 47). Visiblement, cette annonce concerne un événement rapporté ici : « Nous lui avons envoyé Notre Esprit : il se présenta devant elle sous la forme d’un homme parfait. Elle dit : ‘Je cherche une protection contre toi, auprès du Miséricordieux ; si toutefois tu crains Dieu !’ Il dit : ‘Je ne suis que l’envoyé de ton Seigneur pour te donner un garçon pur.’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 17 à 19). Ainsi, l’annonce qui, dans le verset discuté, est attribuée au groupe d’anges, est cette même annonce qui dans la sourate Maryam est attribuée à l’Esprit.

La manière dont Maryam (as) tombe enceinte de ‘Isâ (as) selon la sourate Maryam (Marie)
Au moment où Dieu relate dans le Coran la façon dont Il s’est adressé à Maryam (as), lui disant de L’adorer, de se prosterner devant Lui, et de s’incliner avec ceux qui s’inclinent, Il s’adresse au Prophète (s) et lui dit : « En souvenir de la rencontre entre Maryam (as) et les anges.

Lorsqu’ils se sont adressés à elle, ils lui ont annoncé : ‘Dieu t’offrira un fils dont le nom est le Masîh, ‘Isâ (as) fils de Maryam (as).

Il est honoré dans ce monde et dans l’autre. Il compte parmi les intimes de Dieu et parmi ses caractéristiques se trouve le fait que durant son enfance il s’exprimera comme un adulte et figurera parmi les pieux. En plus de cela, il est le verbe de Dieu.’ » (14) Dans la sourate Maryam (Marie), cette conversation est relatée de manière plus détaillée. On peut lire que Maryam (as) choisit de se retirer, de se tenir loin de sa famille pour se rendre en un point situé à l’orient du Temple de Jérusalem. En vérité, elle souhaite trouver un lieu solitaire et libre de toute forme de gêne, pour pouvoir se livrer à des entretiens intimes avec son Seigneur sans être distraite par le souvenir de l’Aimé. Elle choisit la partie orientale du Temple de Jérusalem (qui est un grand temple), parce que cette partie est peut-être plus calme, peut-être moins exposé au soleil et plus convenable.

Voici ce que dit le Coran : « Mentionne Marie, dans le Livre. Elle quitta sa famille et se retira en un lieu vers l’orient [du Temple de Jérusalem] (15) . » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 16). Maryam (as) se rend en ce lieu tranquille afin d’y adorer Dieu, et pour que personne ne la voie, elle tend un voile. Très vite, elle aperçoit dans son oratoire un être humain parfait. A sa vue, elle est saisie par la peur et se dit : « Comment cet homme est-il entré ici ? J’espère qu’il n’a pas de mauvaises intentions… » Pour cette raison, elle le prévient : « Je me réfugie en Dieu contre toi, si toutefois tu crains Dieu. » Voici ce que dit le Coran : « Elle plaça un voile entre elle et les siens. Nous lui avons envoyé Notre Esprit : il se présenta devant elle sous la forme d’un homme parfait. Elle dit : ‘Je cherche une protection contre toi, auprès du Miséricordieux ; si toutefois tu crains Dieu !’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 17 et 18).

Ce passage ne précise pas à quoi sert le voile. Est-il là afin qu’elle puisse adorer le Seigneur de manière plus libre ? Lui permet-il de se sentir dégagée de toute gêne, de pouvoir laisser cours à tous ses sens, et de se livrer à l’entretien intime avec Dieu ? Ou lui permet-il de se laver et d’accomplir la grande ablution rituelle ? Le verset se tait sur ce point. Ce qui est manifeste, c’est l’état dans lequel se trouve Maryam (as), une Maryam qui a continuellement vécu dans la pudeur, qui a grandi dans le giron des purs et qui, pour les gens, représente l’emblème de la chasteté et de la piété. Lorsqu’elle voit un tel spectacle, un homme étranger, de belle apparence, qui s’est frayé un chemin jusqu’à son oratoire, elle est aussitôt saisie par la peur, par la frayeur même ! C’est pourquoi elle s’empresse de lui dire : « Je prends refuge en Dieu contre toi, si tu comptes parmi les vertueux », ce qui veut dire : « Toi aussi tu dois être vertueux ». C’est ainsi que l’événement est décrit dans le Coran.

Il en résulte ceci : « Je prends refuge en Dieu et ta piété doit empêcher que tu ne m’agresses. » Parmi les qualités attribuées à Dieu, elle évoque le Miséricordieux afin d’attirer à elle la miséricorde divine en cet instant délicat, pour qu’Il la protège de tout glissement. Au lieu d’avoir recours au Tout-Miséricordieux / Al-Rahîm, elle a recours au Miséricordieux / Al-Rahmân, car ce deuxième nom évoque la miséricorde de Dieu s’étendant sur ce monde et sur l’autre monde, et comprend l'ensemble de la création. Après avoir prononcé ces mots, Maryam (as) attend la réaction de cet individu exemplaire (16) . Soudain, il dit à Maryam (as) : « Je ne suis que l’envoyé de ton Seigneur pour te donner un garçon pur. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 19). Maryam (as) est étonnée par cette annonce car elle ne pense qu’aux causes ordinaires pour qu’une femme puisse avoir un enfant à savoir deux façons ; soit elle se marie, soit elle dévie et passe par la pollution. Elle se dit : « Je me connais mieux que quiconque et jusqu’à présent, je n’ai pas choisi de mari, et jamais je n’ai été une femme déviante or, jusqu’à aujourd’hui, on n’a jamais entendu dire qu’une femme a eu un enfant autrement que par l’une de ces deux façons ! » « Elle dit : ‘Comment aurais-je un garçon ? Aucun mortel ne m’a jamais touchée et je ne suis pas une prostituée.’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 20). Cet Esprit exemplifié la remet de son étonnement en lui indiquant que : « Ce genre de choses est facile pour le Seigneur. » (En considérant ta propre biographie, comment ta nourriture te parvenait-elle dans ton mihrab ?

Comment pouvais-tu y recevoir des fruits d’hiver en été et des fruits d’été en hiver ? Alors, ne sois pas étonnée…) En sus, Dieu veut donner aux Banî Isrâ’îl un nouveau-né qui incarne un miracle en soi, ainsi qu’une manifestation de Sa miséricorde. La naissance d’un tel nouveau-né est l’objet de la volonté infaillible de Dieu : « Il dit : ‘C’est ainsi : Ton Seigneur a dit : Cela M’est facile. Nous ferons de lui un Signe pour les hommes ; une miséricorde venue de Nous. Le décret est irrévocable.’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 21). Maryam (as) entend les paroles de l’envoyé de Dieu. Son cœur s’apaise dans une certaine mesure, et elle se trouve aussitôt enceinte.

La grossesse de Maryam (as)
Après s’être isolée des siens, Maryam (as) se rend en un lieu éloigné, quand elle se trouve tenaillée par les douleurs de l’enfantement. Le Coran ne dit pas de quelle manière elle tombe enceinte. Jabra’îl a-t-il soufflé dans sa tunique, ou dans sa bouche ? Même s’il n’est pas vraiment important de le savoir, les exégètes discourent et divergent à ce sujet. Quoi qu’il en soit, « ce fait la conduit à se rendre du Temple de Jérusalem à un endroit éloigné ». Là, elle est tiraillée entre la crainte et l’espoir, comme inquiète et gaie en même temps.

Elle pense par moments que cette grossesse aura une issue évidente. Elle se dit : « Supposons que je me tienne éloignée, quelques jours ou quelques mois, de ceux qui me connaissent, et que je vive ainsi, incognito dans cet endroit, que va-t-il arriver ? Qui admettra qu’une femme puisse être enceinte sans avoir connu de mari, si ce n’est qu’en ayant trahi sa chasteté ? Que ferais-je face à une telle accusation ? » En vérité, pour une vierge qui des années durant aura incarné le symbole de la pureté, de la chasteté, de l’abstinence, un exemple en matière d’adoration et de servitude envers Dieu, les pieux et les dévots parmi les Banî Isrâ’îl s’enorgueillissant de pouvoir se porter garants d’elle depuis sa plus tendre enfance, et qui a grandi sous la tutelle d’un grand prophète (as), pour une personne en somme, dont les qualités morales et la réputation de sainteté sont partout reconnues, il doit être particulièrement douloureux de ressentir un jour que tout ce capital spirituel est en danger, et qu’il manque de disparaître dans le gouffre de la calomnie, et qui plus est, de la pire des calomnies. Ceci constitue le troisième tressaillement qui a parcouru son corps.

Elle ressent par ailleurs que : « Ce fils est le prophète de Dieu (as) promis, un grand présent venu du ciel. Dieu m’a fait l’annonce d’un tel fils.

Il l’a fait exister par un procédé miraculeux, aussi, pourquoi me laisserait-Il seule ? Est-ce seulement possible qu’Il ne me défende pas face à une éventuelle calomnie ? J’ai toujours fait l’expérience de Sa grâce et j’ai toujours senti Sa miséricorde sur moi. » Il existe un débat entre les exégètes à propos de la durée de la grossesse de Maryam (as), bien que dans le Coran ce point soit tenu secret. Certains avancent qu’elle dure une heure, d’autres parlent de neuf heures, d’autres encore considèrent que sa durée est de six mois, de sept mois, de huit mois, voire de neuf mois comme pour les autres femmes. Cependant, cette question n’a pas tant d’influence sur la suite de ce récit. Il existe également des hadiths différents à ce propos. S’agissant de savoir où se trouve ce lieu qasî / قصي / éloigné, la plupart pensent à la ville de Nâsara / Nazareth.

Il se peut également qu’elle demeure continuellement dans cette ville puis qu’elle fasse quelques pas à l’extérieur. Quoi qu’il en soit, sa grossesse touche à sa fin et commencent les instants pénibles de la vie de Maryam (as). La violente douleur de l’enfantement l’atteint alors qu’elle a quitté le lieu habité pour le désert, un désert vide d’êtres humains, sec, sans eau et sans appui ! Alors que dans cet état, les femmes s’appuient sur leurs connaissances et sur leurs amies, afin qu’elles les aident à accoucher de leur enfant, Maryam (as) se retrouve dans une situation d’exception ; ne voulant que personne ne la voie enceinte, malgré le début des douleurs de l’accouchement, elle prend seule le chemin du désert.

Le Coran dit à ce sujet : « Les douleurs la surprirent auprès du tronc du palmier. Elle dit : ‘Malheur à moi ! Que ne suis-je déjà morte, totalement oubliée !’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 23). L’emploi de l’expression jidh?i al-nakhlatî / جذع النخلة, considérant que jidh?i / جذع désigne le tronc d’un arbre, indique que seul le tronc de cet arbre subsiste, c'est-à-dire que l’arbre est sec. A ce moment-là, une tempête de tristesse et de désarroi s’empare de Maryam (as) toute entière, cet être pur. Elle a un instant l’impression que ce qu’elle redoutait est en train de lui arriver, un instant où tout ce qui était caché se manifeste, aussi, elle pense que la pluie de flèches calomnieuses des gens sans foi viendra s’abattre sur elle. Dans cette situation de crise dans laquelle Maryam (as) pense à son honneur et à celui de sa famille, et craint les calomnies des gens, il est vital que la miséricorde de Dieu se penche sur elle une nouvelle fois, la tire de son trouble, et fasse resplendir le clair espoir dans les profondeurs de son cœur effrayé. Soudain, elle entend un son venir de sous elle. Ce son semble lui provenir soit du nouveau-né, soit de l’Esprit à l’apparence parfaite qui se trouve plus bas que l’endroit où elle se tient désormais. En résumé, il lui est dit : « Ne sois pas affligée.

La miséricorde de Dieu est sur toi. Pour preuve, regarde sous tes pieds, tu verras une source dans laquelle tu pourras te laver et laver ton fils. Et si tu secoues le dattier sur lequel tu t’appuies, il fera tomber sur toi des dattes fraîches. Manges-en et bois de cette eau. Réjouis-toi de voir cet enfant. Face aux questions et aux objections des gens, fais le vœu de jeûner pour ne pas avoir à t’adresser à eux, cela te sauvera vis-à-vis des difficultés qui prendront forme au-devant de toi. » Le Coran dit : « L’enfant qui se trouvait à ses pieds l’appela : ‘Ne t’attriste pas ! Ton Seigneur a fait jaillir un ruisseau à tes pieds.’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 24). Le style permet de comprendre que le pronom personnel, dans la phrase nâdâhâ / ناداها se rapporte à ‘Isâ (as), et non à l’Esprit dont le nom a été précédemment cité. Et cela confirme que min tahtihâ / من تحتها est également rattaché à ‘Isâ (as), car cela convient mieux à la préoccupation que le nouveau-né peut avoir de l’état de sa mère au moment de l’accouchement, qu’à la disposition de l’Esprit et de Maryam (as). De plus, le fait que le pronom se rapporte à ‘Isâ dans la phrase précédente comme dans la phrase qui suit fournit une confirmation supplémentaire que le pronom en question se rapporte bien à son Excellence (as), ici aussi.

Certains exégètes prétendent que le pronom se rapporte à l’Esprit. Ils estiment que, comme Maryam (as) se trouve sur une hauteur et que Jabra’îl se trouve plus bas au moment de l’accouchement, c’est bien lui qui lui parle de l’endroit où il est. Cependant, on ne trouve aucune preuve allant dans ce sens dans ce qu’exprime le verset. Il n’est pas impossible que la position de la phrase nâdâhâ / ناداها par rapport à celle disant qâlat yâ laytanî / قالت يا ليتني... puisse être invoquée pour comprendre que c’est Maryam (as) qui la prononce au moment où elle accouche ou même après, et que c’est ‘Isâ (as) qui lui répond aussitôt allâ tahzanî… / ألا تحزني.... La phrase allâ tahzanî… / ألا تحزني... correspond à l’empathie que ‘Isâ (as) éprouve pour sa mère à l’heure où elle ressent un profond désarroi. Effectivement, aucune infortune n’est plus amère et plus sévère pour une femme chaste et pieuse que de voir son honneur et sa vertu bafoués, alors qu’en plus de cela, elle est une femme pure, et que plus encore, elle provient d’une famille réputée pour sa chasteté et sa pureté, en particulier lorsque la calomnie lui colle à la peau et qu’il ne se trouve aucun moyen de la désavouer, les preuves se trouvant toutes entre les mains de l’adversaire.

C’est pourquoi ‘Isâ (as) recommande de ne pas dire un mot et de rester sur une attitude défensive. Son Excellence ‘Isâ (as) va lui-même prendre la défense de sa mère, car là est la preuve ultime qu’aucun de ceux qui rejettent les arguments ne peuvent rejeter. « Et regarde au-dessus de toi, vois de quelle manière le tronc sec s’est changé en un dattier fécond dont les fruits ornent les branches. » Ou, comme on peut le lire dans les versets suivants : « ‘Secoue vers toi le tronc du palmier ; il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres.’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 25). « ‘Mange, bois et cesse de pleurer. Lorsque tu verras quelque mortel, dis : J’ai voué un jeûne au Miséricordieux ; je ne parlerai à personne aujourd’hui. ’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 26). En résumé : « Il n’est pas nécessaire que tu te défendes toi-même. Celui qui t’a fait don de cet enfant a également pris en charge le devoir de te défendre. Par conséquent, sois sans crainte à tous points de vue et ne te laisse pas aller à la tristesse. »

Ces événements successifs qui, comme des étincelles brillantes, ont embrasé un espace saturé d’obscurité et de ténèbres, éclairent le cœur de Maryam (as) et lui confèrent un état de tranquillité savoureuse.

back to 1 Jésus (as). (Texte traduit du persan. Les notes sont du traducteur et les traductions des passages du Coran de Denise Masson).

back to 2 Il s’agit généralement des cinq grands prophètes, soit Nûh / Noé (as), Ibrâhîm / Abraham (as), Mûsâ / Moïse (as), ‘Isâ / Jésus (as) et Mohammad (as). Il arrive que leur nombre change, ou que l’un laisse la place à un autre. La grande question consistant à savoir si A^dam (as) en fait partie ou pas. D’après Majlesî, la qualité de ‘U^lû al-‘azm a trait au degré de fermeté de ces prophètes (as), qui est notamment mesuré par la rapidité à laquelle ils ont répondu à la question primordiale (Ne suis-Je pas votre Seigneur ?), lors du grand rassemblement des futures créatures, dans la préexistence.

back to 3 Littéralement : « celui qui est oint ». Ainsi, le mot Messie correspond à l’étymologie du mot christos, qui donne Christ en français, et désigne celui qui a reçu l’initiation. Donc, ‘Isâ al-Masîh (as) correspond précisément à Jésus-Christ (as) et ne diffère pas de la notion de Messie.

back to 4 Nazareth.

back to 5 Jérusalem.

back to 6 Phraatès V ou Phraatacès.

back to 7 Ce terme désigne la dynastie des rois parthes qui ont régné sur l’Iran et fondé l’Empire parthe.

back to 8 Les fils d’Israël, soit les douze tribus composant le peuple juif.

back to 9 Salomon (as).

back to 10 Hérode.

back to 11 Pour le différencier de « Dieu le Père ». On peut entendre à l’église cette expression extraordinaire (et absolument scandaleuse pour des oreilles musulmanes) : « Vrai Dieu né du vrai Dieu. » Il ne faut toutefois pas négliger le fait qu’il y a eu des divergences lors des premiers temps de l’Eglise, certains n’acceptant pas le dogme de la divinité de Jésus. C’est parce que l’Eglise qui a remporté la partie est celle de Paul qu’il en est ainsi aujourd’hui. Si l’on est tenté de penser que l’Eglise de Jacques, le frère du Seigneur, était plus fidèle à l’enseignement du Christ (as), alors le christianisme actuel tient plus d’un « paulinisme » !

Il en va ainsi pour toutes les religions, fractionnées en partis, divisées en courants, elles se réduisent en général rapidement au dogme « gagnant », celui qui aura su s’allier aux riches et aux puissants. Le triomphe du « paulinisme » n’est pas étranger à la récupération politique qu’en fait l’empereur romain Justinien, pour relancer l’Empire romain déjà en déclin. La continuité de l’Empire traverse les âges, puisqu’aujourd’hui Benoît XVI, comme ses prédécesseurs, est le Pontifex Maximus, l’héritier d’une lignée ininterrompue de souverains pontificaux, même si ce titre fut mis de côté durant quelques siècles. On retrouve cela en islam, où ceux qui ont prôné la justice ont généralement perdu face à ceux qui ont fait passer d’abord l’alliance avec les puissants, dans l’intérêt (discutable) des musulmans.

back to 12 Cette notion regroupe les juifs, les chrétiens et les musulmans, auxquels s’ajoutent, selon les savants (encore assez rares il faut le dire), les zoroastriens, les sabéens, et même les hindous se référant à un Livre révélé (là c’est très, très rare…).

back to 13 Ceci doit faire référence au fait que le Coran ne présente pas les problèmes d’authenticité qui paraissent dans les autres Livres célestes…

back to 14 Traduit du persan et non repris dans la traduction de Denise Masson.

back to 15 Cette exégèse semble très terre à terre, lorsque l’on sait que l’Orient peut désigner l’autre monde, le lieu de la proximité divine, tandis que l’Occident correspondrait à ce monde-ci, dans lequel les âmes en exil sont séparées de leur Seigneur… Quoi qu’il en soit, ceci montre bien que s’il existe des exégèses mystiques, il en existe également qui sont bassement matérialistes… Mais ne dit-on pas que chaque verset comporte sept significations, voire soixante-dix ?

back to 16 Pour ne pas dire archétypal…

La grossesse de Maryam (as) au regard des hadiths
On rapporte de l’Imâm al-Bâqer (as) : « Jabra’îl saisit le collet de Maryam (as) et y souffle d’un souffle par lequel l’enfant qui se trouve dans son sein atteint sa pleine maturité en l’espace d’une heure, maturité qui dans la matrice des autres femmes nécessite neuf mois de temps.

Oui, en l’espace d’une heure, cette femme se trouve enceinte, et sa grossesse est si visible que lorsque sa tante maternelle la regarde, elle ne la reconnaît pas. Maryam (as) a honte vis-à-vis d’elle (1) et vis-à-vis de Zakariyyâ (2) (as), aussi elle se met en route et part. » Certains exégètes estiment que sa grossesse dure neuf heures. C’est ce que l’on rapporte notamment de l’Imâm al-Sâdeq (as).

Dans le Majma? al-Bayân, sous le verset : « Les douleurs la surprirent auprès du tronc du palmier. Elle dit : ‘Malheur à moi ! Que ne suis-je déjà morte, totalement oubliée !’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 23), on rapporte ces explications de l’Imâm al-Sâdeq (as) : « La raison pour laquelle Maryam (as) souhaite la mort est que parmi son peuple, il ne se trouve pas même un individu suffisamment brave et perspicace pour la disculper. » Dans le même ouvrage, sous le verset : « L’enfant qui se trouvait à ses pieds l’appela : ‘Ne t’attriste pas ! Ton Seigneur a fait jaillir un ruisseau à tes pieds.’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 24), on trouve cette explication : « Jabra’îl frappe le sol de son pied, ce qui fait jaillir une eau savoureuse. » D’autres exégètes nous l’expliquent autrement : « Au contraire, lorsque ‘Isâ (3) (as) frappe le sol de son pied, une eau sort et se met à couler. » C’est d’ailleurs ce que l’on rapporte de l’Imâm Abî Ja?far (4) (as). Dans un autre hadith, également cité dans le même livre, Ibn ‘Umar rapporte de son Excellence qu’il s’agit d’un ruisseau que Dieu fait sortir de terre pour Maryam (as) pour qu’elle puisse se désaltérer.

Le Khisâl qui compte quatre cents paragraphes rapporte que ‘Alî (as) déclare : « La femme enceinte ne peut rien manger de meilleur que la datte fraîche, et c’est pourquoi Dieu a dit à Maryam (as) : ‘Secoue vers toi le tronc du palmier ; il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres.

Mange, bois et cesse de pleurer. Lorsque tu verras quelque mortel, dis : J’ai voué un jeûne au Miséricordieux ; je ne parlerai à personne aujourd’hui. ’ » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 25 et 26). Le même contenu se retrouve tant dans les hadiths sunnites rapportés de l’Envoyé de Dieu (s) que dans des hadiths shiites rapportés de l’Imâm al-Bâqer (as). Dans le Kâfî, Kulaynî rapporte lui-même de Jarrâh al-Madâ’inî, qui le rapporte de l’Imâm al-Sâdeq (as) : « Le jeûne ne consiste pas seulement à s’abstenir de manger et de boire. » Là, il récite : « ‘Lorsque tu verras quelque mortel, dis : J’ai voué un jeûne au Miséricordieux ; je ne parlerai à personne aujourd’hui.’ (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 26). Ici il est question du jeûne du silence. » Dans un autre hadith, il précise : « Ici il est question du jeûne du silence. Alors vous aussi, lorsque vous jeûnez, surveillez votre langue, fermez vos yeux, ne vous querellez pas, ne vous jalousez pas les uns les autres… » Dans le livre de Sa'd al-Sa?ûd ibn Tâwûs, il est rapporté du livre de ‘Abd al-Rahmân ibn Mohammad Azadî : « Samâk ibn Harb m’a rapporté de Mughayra ibn Shu?ba : ‘L’Envoyé de Dieu (s) m’a envoyé à Najrân afin de les appeler [à l’islam]. Ils m’ont opposé une objection à laquelle je me suis trouvé incapable de répondre. Ils m’ont dit : Votre Coran dit que Maryam (as) est la sœur de Harûn (5) (as), on y lit : ô sœur de Hârûn, or un trop grand nombre d’années les sépare.

Je me suis alors rendu auprès de l’Envoyé de Dieu (s) et lui ai exposé mon problème. Il m’a dit : Pourquoi ne leur as-tu pas répondu que chez eux, il est courant de donner aux gens les noms des prophètes (as) et des pieux parmi leurs ancêtres ? ’ » Dans le Tafsîr al-Durr al-Manthûr, ce hadith est rapporté de manière détaillée, tandis qu’il apparaît de façon résumé dans le Majma? al-Bayân. Cela dit, les deux ouvrages rapportent ces propos de Mughayra ibn Shu?ba, qui les rapporte de l’Envoyé de Dieu (s). Pour résumer, les propos relatés précisent que dans la phrase « ô sœur de Hârûn », Hârûn est le nom d’un homme qui porte le même nom qu’Hârûn (as) le prophète et frère de Mûsâ (6) (as). Précisons qu’en outre, rien ne prouve que l’homme dont le nom est cité ici compte parmi les pieux, comme certains ont pu le penser.

Le Kâfî et le Ma?ânî al-Akhbâr rapportent de l’Imâm al-Sâdeq (as) à propos du mot mubârakan / مبارك, qui apparaît dans le verset 31 de la sourate Maryam (Marie) : « Il m’a béni, où que je sois », qu’il s’agit d’utilité [ce qui donne : « Il m’a rendu utile, où que je sois. »]. Ce hadith, dans le Durr al-Manthûr, est rapporté par les auteurs des recueils de hadiths rapportés du Prophète (s) par Abû Hurayra de la manière suivante : afin d’expliquer le sens des paroles de ‘Isâ (as) lorsqu’il dit : « Il m’a béni, où que je sois », l’Envoyé de Dieu (s) a dit que cela avait pour sens : « Quel que soit la direction vers laquelle je me tourne, que je sois utile aux gens. » C’est dans le Durr al-Manthûr qu’Ibn ‘Adî et Ibn ‘Asâkar rapportent d’Ibn Mas?ûd que l’Envoyé de Dieu (s) a dit afin d’expliquer cette même phrase : « C'est-à-dire : ‘Il a fait de moi un précepteur.’ »

Dans le Kâfî, Kulaynî rapporte lui-même d’Al-Kanâsî : « J’ai demandé à Abû Ja?far (7) (as) : ‘Lorsque ‘Isâ ibn Maryam (as) s’adressait aux gens depuis son berceau, était-il l’Argument de Dieu (8) pour les gens de son époque ?’ Il m’a répondu : ‘Il était alors prophète et Argument de Dieu, mais il n’était pas encore envoyé (mursal / مرسل). N’as-tu pas entendu lorsqu’il dit : « Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu. Il m’a donné le Livre ; Il a fait de moi un Prophète ; Il m’a béni où que je sois. Il m’a recommandé la prière et l’aumône – tant que je vivrai –. » ?’ (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 30 et 31). Je lui ai alors demandé : ‘Par conséquent, à ce stade de l’enfance, à ce moment déjà, il était l’Argument de Dieu pour Zakariyyâ (as) ?’ Il m’a répondu : ‘A ce moment, ‘Isâ (as) était le signe de Dieu (9) et une miséricorde de Sa part envoyé à Maryam (as).

Lorsqu’il prit la parole et défendit Maryam (as), il était pour chacun de ceux qui entendaient ses paroles, un prophète et l’Argument de Dieu. Bien entendu, tant qu’il s’exprimait, il était l’Argument de Dieu, et lorsqu’il se tût, durant les deux années où il ne dit rien, c’était Zakariyyâ (as) qui était l’Argument de Dieu pour Maryam (as). Après la mort de Zakariyyâ (as), c’est son fils Yahyâ (10) (as) qui hérite de lui du Livre et de la Sagesse, alors qu’il n’est lui-même également qu’un petit enfant. N’as-tu pas entendu les paroles de Dieu : « ‘ô Jean ! Tiens le Livre avec force !’ Nous lui avons donné la Sagesse alors qu’il n’était qu’un petit enfant. » ? (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 12) Lorsque ‘Isâ (as) a atteint l’âge de sept ans, il fut appelé à la prophétie, car c’est à ce moment-là que Dieu a fait descendre sur lui la révélation. Par conséquent, ‘Isâ (as) est l’incarnation même de l’Argument de Dieu pour Yahyâ (as) pour tout le monde. En vérité, ô père de Khâled, depuis le commencement, lorsque Dieu a créé A^dam (as) et l’a placé sur la terre, jamais la terre ne s’est trouvée vide de l’Argument de Dieu, ne serait-ce qu’un seul jour.’ »

Maryam (as) revient vers son peuple accompagnée de l’enfant
Lorsque Maryam (as) entend le message des anges lui annonçant que son enfant peut parler depuis son berceau, elle se tranquillise et c’est pourquoi après sa naissance elle revient vers son peuple en sa compagnie. « Elle se rendit auprès des siens en portant l’enfant. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 27). Lorsque les gens de son peuple voient le nouveau-né dans ses bras, ils manifestent leur étonnement. Alors qu’ils connaissaient la vertu de Maryam (as) et avaient entendu louer sa piété et les miracles qu’elle avait suscité, les voici fortement inquiets, à tel point que certains en viennent à douter, et que d’autres plus encore se mettent à la juger avec empressement jusqu’à l’invectiver et à la blâmer, s’écriant : « Quel dommage pour ces glorieux antécédents, perdus par cette pollution ! Il est cent fois dommage que cette famille pure soit ainsi discréditée ! » « Ils dirent : ‘ô Marie ! Tu as fait quelque chose de monstrueux ! » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 27).

Certains s’exclament : « Ceci est étrange ! » D’autres s’interrogent : « Quel est cet acte abominable ? » Ils l’interpellent : « ô sœur d’Aaron ! Ton père n’était pas un homme mauvais et ta mère n’était pas une prostituée (alors pourquoi as-tu abandonné leur voie et emprunté une voie inconvenante ? Chacun sachant bien que Maryam (as) ne s’était pas mariée…). » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 28). Le fait qu’ils l’appellent : « ô sœur d’Aaron ! » suscite différentes interprétations parmi les exégètes, or ce qui semble le plus juste est que Hârûn soit un homme pur et vertueux, ce que corrobore une expression proverbiale qui a cours parmi les Banî Isrâ’îl (11) et qui dit à propos de celui ou celle qui l’on veut faire connaître en tant que pur(e) : « Il est le frère / elle est la sœur de Hârûn. » Dans le Majma? al-Bayân, feu Tabarsî rapporte cette même explication dans un court hadith attribué au prophète (s).

Dans un autre hadith présent dans le livre Sa'd al-Sa?ûd, nous lisons : « Le Prophète (s) a envoyé Mughayra à Najrân (afin d’inviter les chrétiens à l’islam). Un groupe de chrétiens dirent afin (d’ergoter à propos du Coran) : ‘N’est-il pas écrit dans votre livre : ô sœur d’Aaron ! alors que nous savons que s’il s’agit-là du frère de Mûsâ (as), il se trouve une trop grande période de temps qui sépare Maryam (as) de Hârûn (as) ?’ Comme Mughayra ne parvient pas à répondre, il expose le problème au Prophète (s), qui lui dit : ‘Pourquoi ne leur as-tu pas répondu qu’il est habituel parmi les Banî Isrâ’îl d’identifier les gens bienfaisants au prophètes (as) et aux vertueux ?’ » Face à ces objections, Maryam (as), recevant un ordre occulte, désigne le nouveau-né. Ce qui veut dire en somme : « La réponse à vos questions est à la charge de cet enfant. » La voyant désigner l’enfant, ils s’enfoncent davantage dans la stupéfaction et s’insurgent : « Comment parlerions-nous à un petit enfant au berceau ? » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 29). Afin d’écarter l’accusation portée contre elle pour avoir mis au monde un enfant sans père, Maryam (as), sur l’ordre de Dieu, désigne le berceau de son nouveau-né, ‘Isâ (as). Là, l’enfant se met à parler et expose dans un langage éloquent et clair sa propre servitude à l’égard de Dieu. Il révèle également sa qualité de prophète, et le fait qu’il n’est pas possible qu’un prophète doué d’une telle majesté soit issu d’un sein pollué. Il établit ainsi par la même occasion, miraculeusement, la chasteté de sa mère.

Le discours fait par le Masîh (as) depuis son berceau
La biographie de Maryam (as) et de son fils (as) est constellée de miracles. Afin d’être soulagée face à l’opposition et aux reproches que lui adressent les gens, Maryam (as), sur l’ordre de Dieu, se tait. La seule chose qu’elle fait est de désigner son nouveau-né, ‘Isâ (as), ce qui ne fait que susciter davantage la perplexité des témoins de la scène. Il se peut que certains, avec le sentiment d’être raillés, aient dit de colère: « Maryam (as), par cet acte que tu as accompli, tu fais de ton peuple la risée de tous. » Quoi qu’il en soit, ils lui demandent : « Comment parlerions-nous à un petit enfant au berceau ? » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 29). Là, son Excellence le Masîh (as) prononce plusieurs phrases, ce qui dissipe les calomniateurs et ferme la voie à l’excès et à la frénésie. Car il s’agit bien là d’ignorants, d’excessifs et de calomniateurs.

A cause de leur ignorance, une partie des Banî Isrâ’îl se livre à l’excès, accusant Maryam la Vierge (as) d’impureté, tandis que l’autre partie, toujours sous l’effet de l’ignorance, commet l’excès de considérer ‘Isâ (as) comme le fils de Dieu. Cependant, ‘Isâ (as), depuis son berceau, s’interpose et contient la calomnie par un discours si lumineux qu’il met un terme aux conséquences de cette ignorance. L’explication est que le fait qu’il s’exprime depuis son berceau constitue un miracle, or jamais personne impure n’a occasionné un miracle ou rendu manifeste un signe de Dieu. De ce fait, son Excellence ‘Isâ (as), lorsqu’il se met à parler, établit pour tous : « Je suis pur et je suis venu au monde de ma mère pure. » Son discours ferme la porte aux débinages des calomniateurs, à toute éventualité qu’une personne prétende : « ‘Isâ (as) est le fils de Dieu. » Sur l’ordre de Dieu, cet enfant fait alors un discours et se présente lui-même par ces qualités :

1 – Je suis le serviteur de Dieu. 2 – Le Livre m’a été donné. 3 – J’ai été placé parmi les prophètes (as). 4 – Mon être, où qu’il se trouve, constitue une source de bénédiction. 5 – On m’a recommandé d’offrir la prière et l’aumône tant que je serai en vie. 6 – Je suis bon envers ma mère et jamais je ne suis hautain ni cruel. 7 – Le jour de ma naissance, comme le jour de ma mort, et comme le jour où je serai ressuscité, je suis inscrit dans la miséricorde divine, comme on peut le lire ici : « Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu. Il m’a donné le Livre ; Il a fait de moi un Prophète ; Il m’a béni où que je sois. Il m’a recommandé la prière et l’aumône – tant que je vivrai –et la bonté envers ma mère.

Il ne m’a fait ni violent, ni malheureux. Que la Paix soit sur moi, le jour où je naquis ; le jour où je mourrai ; le jour où je serai ressuscité. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 30 à 33). Il apparaît donc dans les versets de la sourate Maryam que ‘Isâ (as) parle dès les premiers jours de sa vie, ce qui est normalement impossible pour un nouveau-né et constitue en soi un grand miracle. Cependant, le fait de parler à l’âge adulte et à l’heure de la vieillesse est une chose tout à fait normale, or, s’il est question dans le verset de ces deux âges, il se peut que ce soit pour expliquer que s’il s’exprime déjà de cette façon dans son berceau, lorsqu’il sera adulte et aura atteint l’apogée de sa vie, il produira un discours mesuré, lumineux et expérimenté, et non une parole enfantine. Il se peut également que cette formulation désigne la réalité que le Masîh (as), de sa prime jeunesse à l’heure de sa vieillesse, exprime constamment une parole de vérité et qu’il se maintient sur la voie de la guidance des créatures.

En sus, cette formulation au sujet de ‘Isâ (as) semble caractériser une prédiction et désigner son avenir, car nous savons, conformément à l’histoire, que son Excellence le Masîh (as) n’atteindra pas un âge avancé dans ce monde : il sera enlevé à l’humanité à l’âge de trente-trois ans, lorsque Dieu l’emportera au ciel. Selon de nombreux hadiths, il reviendra (12) parmi les gens au moment de l’apparition de son Excellence le Mahdî ('aj) (13) , et il s’adressera à eux comme il l’a fait au tout début de sa vie.

L’expression mina-s-salehîn / من الصالحين / au nombre des justes, que l’on trouve dans ce verset : « Dès le berceau il parlera aux hommes comme un vieillard ; il sera au nombre des justes. » (sourate Al-i ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 46), nous indique que d’être juste représente le plus grand des honneurs que puisse recevoir l’être humain, un honneur si grand qu’il semble bien que l’ensemble des valeurs humaines s’y côtoient.

Son Excellence (as) n’est absolument pas troublée par la question relative à sa naissance, même si c’est de là que proviennent toutes les difficultés soulevées par les gens, pour le simple fait qu’un enfant qui vient de naître prenne la parole constitue un miracle qui, quoi que l’on puisse dire, ne laisse subsister aucun doute et impose son caractère véridique.

En particulier si l’on considère qu’à la fin de son discours, il appelle le salâm (14) sur lui-même, attestant en cela de sa pureté et de son exemption à l’égard de toute souillure, de tout vice, nous informant sur la pureté de sa constitution. ‘Isâ (as) commence son discours en disant : « Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu. » Il avoue son état de servitude à l’égard de Dieu, il barre la route aux exagérateurs et aux excessifs et leur adresse un ultime avertissement, comme on peut le voir à la fin de sa prise de parole : « Dieu est, en vérité, mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-Le ! Voilà la voie droite ! » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 36). Il informe les gens que le Livre lui a été donné - qui apparemment fait référence à l’Evangile (15) -, puis il fait l’annonce de sa qualité de prophète.

Cette phrase fait apparaître qu’à ce moment-là, ‘Isâ (as) n’est que nabî (16) / نبي. Ce n’est que plus tard que Dieu le sélectionnera en tant que « porteur de messages ». Pourtant, ses paroles nous font comprendre qu’à ce moment précis, le Livre et la qualité de prophète lui ont été donnés. Rien ne nous prête à croire que ces mots concernent l’avenir. « Il m’a béni où que je sois. Il m’a recommandé la prière et l’aumône – tant que je vivrai - » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 31). Le fait qu’il soit béni où qu’il se trouve, signifie qu’il est lui-même le lieu de la bénédiction, la bénédiction au sens où il fait croître le bien. Ce qui veut dire qu’il revêt un grand intérêt pour les gens, car plus tard il leur enseignera le savoir à leur profit, il les invitera à la bonne action, il les instruira à une civilité plus nette, il guérira la cécité, la lèpre, il amendera les puissants, il fortifiera les faibles et leur viendra en aide. Dans la phrase suivante, il indique que dans la loi qui est la sienne, la prière et l’aumône sont prescrites. La prière consiste à ce que l’attention du serviteur soit exclusivement tournée vers Dieu le Glorifié, et l’aumône consiste à donner de ses biens. Ces deux décrets apparaissent plus de vingt fois dans le Coran de manière symétrique, par conséquent, il n’y a pas lieu de nous attarder sur ce que certains prétendent, à savoir que l’aumône désigne la purification de l’âme et ne concerne pas obligatoirement les biens matériels.

A la suite de son discours, ‘Isâ (as) dit qu’il a été rendu bienfaisant envers les gens, ce qui se manifeste dans la bonté qu’il a à l’égard de sa mère. Il dit aussi qu’il n’est ni oppressif ni cruel envers les autres. On dit de quelqu’un qu’il est jabbâr / جبار lorsqu’il impose sa tyrannie aux autres tandis qu’il ne subit pas lui-même la tyrannie des gens. Ibn ‘Atâ’ rapporte que le jabbâr / جبار est celui qui ne veut pas le bien. On dit de quelqu’un qu’il est shaqî / شقي lorsqu’il n’agréé par la bienfaisance venant des autres. Ce qui est étonnant ici est qu’au cours de la description qu’il fait de lui-même, ‘Isâ (as) mentionne sa bonté envers sa mère, alors que c’est exactement le contraire de ce que l’on peut déduire des Evangiles canoniques.

Au cours de son existence, son Excellence ‘Isâ (as) mentionne les trois jours particuliers qui comportent une importance prépondérante pour les êtres humains. Car chacun de ces trois jours se situe à l’aube d’une nouvelle vie : le jour de la naissance, le jour du trépas et le jour de la résurrection.

Le huitième Imâm (17) (as) dit : « En trois occasions l’être humain est amené à ressentir plus de frayeur qu’en d’autres circonstances : 1 – Le jour où il vient au monde. 2 – Le jour où il trépasse et aborde l’autre monde ainsi que ceux qui l’habitent. 3 – Le jour où il est ressuscité et voit les décrets et les jugements qu’il ne voyait pas dans ce monde. Dieu répand Ses salutations sur Yahyâ (as) en ces trois circonstances, comme Il les répand sur le Masîh (as) en ces trois circonstances. Après avoir exposé cette biographie, le Coran rappelle que la biographie du Masîh (as) est ainsi faite, que la parole de vérité à propos de sa naissance est ainsi que nous l’avons entendue : « Celui-ci est Jésus, fils de Marie. Parole de Vérité dont ils doutent encore. » (sourate Maryam (Marie) ; 19 : 34).

back to 1 Il s’agit d’Elisabeth / Elisabat (as). (Texte traduit du persan. Les notes sont du traducteur et les traductions des passages du Coran de Denise Masson).

back to 2 Zacharie (as).

back to 3 Jésus (as).

back to 4 L’Imâm Mûsâ al-Kâzem (as).

back to 5 Aaron (as).

back to 6 Moïse (as).

back to 7 L’Imâm Mûsâ al-Kâzem (as).

back to 8 L’Argument de Dieu, ici, correspond à la notion de Lieutenant de Dieu sur la terre et d’Imâm de son époque (là où les soufis parleraient de pôle / qutb / قطب, même si la notion est différente). Aussi, il ne peut y en avoir qu’un seul, contrairement aux prophètes qui peuvent se côtoyer par dizaines au cours d’une même époque, c’est pourquoi Al-Kanâsî s’étonne qu’un enfant au berceau puisse tenir ce rôle face à des prophètes âgés et expérimentés…

back to 9 Littéralement : l’Ayatollâh, dans le sens où un seul suffit parmi les êtres humains pour assumer l’axe vertical, et dans le sens où l’absence d’un tel être signifie la fin de l’espèce humaine, avec toutes les conséquences que cela pourrait engendrer, l’être humain étant le seul à être assez violent et assez ignorant – selon les mots même du Coran – pour assumer le dépôt divin… Ceci nous permet de comprendre au passage le caractère insensé de la multiplication des « ayatollâh », que l’on produit à la chaîne, et dont le nombre fait perdre tout son sens à cette notion… Par ailleurs, il est évident que la notion de Signe de Dieu comporte des niveaux différents, ainsi, on emploie le même terme de Signe de Dieu pour qualifier un verset du Coran, ou même un moustique, car chaque créature constitue en soi un témoignage de son créateur…

back to 10 Jean le baptiste (as).

back to 11 Les fils d’Israël (as).

back to 12 Il sera « re-suscité » : suscité de nouveau.

back to 13 Pour ‘ajal Allâhû ta?âlâ faraja (Que Dieu hâte sa (noble) délivrance).

back to 14 La notion de salâm est très proche de celle de salut, car dans les deux cas il est question de sauvegarde, de félicité, de santé, d’un état exempt du péché, aussi, au passage, pour les musulmans qui vivent sur une terre hostile aux signes extérieurs islamiques, il est donc certainement possible d’utiliser l’expression « salut ! » pour rester discret sans pour autant abandonner le salâm…

back to 15 Dans le Coran et dans les écrits musulmans, l’Evangile est toujours au singulier. Ce terme désigne en réalité ce que l’on pourrait appeler la Sunna de ‘Isâ (as) qui se compose du récit de sa vie, de ses actes et de ses dires. L’Eglise catholique et romaine parle quant à elle des Evangiles au nombre de quatre. Il s’agit des Evangiles canoniques, soit quatre textes sélectionnés parmi des dizaines de textes évangéliques, les autres, dits apocryphes, étant définitivement exclus et disqualifiés. Aussi, la notion d’Evangile, dans une perspective plus large, peut englober l’ensemble de ces textes et chercher à les unifier. Ce qui ne gêne pas les musulmans au demeurant, ayant le Coran pour servir de critère, selon cette règle simple qui dit que l’ « on garde ce qui s’accorde au Coran et que l’on rejette ce qui le contredit ». C’est cette même règle qui s’applique pour les hadiths. Les dizaines d’évangiles apocryphes forment en réalité le corpus des hadiths christiques…

back to 16 Dans la langue du Coran, deux mots distincts correspondent à deux degrés de la prophétie, or ils sont tous les deux traduits par « prophète » en français, ce qui annule leur distinction dans cette langue: il s’agit du mot nabî / نيس et du mot mursal, ou rasûl / مرسل يا رسول. Le nabî entend la voix de l’Ange de la Révélation et reçoit des instructions qui le concernent, mais n’a pas de message à transmettre et ne reçoit pas de Livre, c’est alors son exemple qui sert la prophétie. Le mursal, ou rasûl, est envoyé aux hommes, il est missionné et reçoit généralement pour cela un Livre. Aussi, tous les mursal sont des nabî, mais peu de nabî sont des mursal… En français, pour éviter les confusions, il est possible de parler de « prophète » et de « prophète envoyé » pour les distinguer…

back to 17 L’Imâm al-Rezâ (as), enseveli à Mashhad dans le Khorâsân, au nord-est de l’Iran. Il suscite l’un des plus importants pèlerinages fixes du monde, soit entre quinze et trente millions de pèlerins par an (selon que l’on se réfère au CNRS ou aux autorités locales, rapport équivalent à celui qui prévaut généralement entre les chiffres donnés par la police et ceux donnés par les manifestants…), ce qui représente au bas mot le double de la fréquentation du Hajj, à Makka / La Mecque !

Références :
Manshûr Jâvîd, Vol. 12, pp. 356-362 ; Tafsîr Nemûneh, Vol. 2, pp. 548-549 ; Vol. 13, pp. 33-40 et p. 50 ; Tafsîr Al-Mîzân (dans sa traduction persane), Vol. 3, p. 298 et Vol. 14, pp. 56-68 ; Tafsîr thématique de l’Ayatollâh Jawâdî A^molî, Vol. 7, p. 255 ; Bihâr al-Anwâr, Vol. 14, p. 214 et pp. 250-326.

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