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La question de l’Unité Islamique du point de vue de Nahj al-Balaghah

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La question de l’Unité Islamique du point de vue de Nahj al-Balaghah

La paix et les bénédictions d'Allah soient sur notre Prophète Mohammad, sa descendance infaillible et ses compagnons sincères!

Chers frères et sœurs, je voudrais commencer mon intervention en vous racontant une expérience récente que j’ai vécue dans l'une des mosquées de Prague, où j'ai rencontré un prédicateur qui a été surpris par la façon dont je récite mes prières rituelles. «Excusez-moi, mon frère, êtes-vous un chiite ? » m’a-t-il demandé, un peu étonné. «Je suis fier de l'être", lui répondis-je, en observant sa réaction. "Mais par Dieu, s'il vous plaît, dites-moi, comment cela pourrait-il être possible: vous récitez les versets du Saint Coran et vous abusez les Compagnons Purs, qu'Allah soit satisfait d'eux?" Maintenant, c’était mon tour d’être surpris. «Qui vous a dit que nous, les chiites, faisons cela?" lui ai-je demandé. «Eh bien, mais si vous ne le faites pas, alors vous n'êtes pas un chiite!". «Par Dieu, quel genre de livres chiites avez-vous lu pour parvenir à une telle conclusion? Etes-vous d'accord avec moi que pour porter un jugement parfait, vous devez aller à la source?". «Oui, bien sûr » dit-il, et il hocha la tête. «Alors, nous allons étudier plus profondément les écrits de nos Saint-imams, que nous, les Chiites, estimons infaillible, pour prouver la position chiite véritable et exacte dans cette affaire». Oui, il ya encore beaucoup de préjugés et d’idées fausses sur les chiites, le chiisme et la question de l'unité islamique mondiale (taqreeb). Nous devons donc étudier la vérité sans aucune subjectivité, en fondant nos positions exclusivement sur des sources officielles, à savoir – le Coran, les hadiths, et Nahj al-Balaghah, un livre d'une extrême importance pour tous les chiites du monde.

Afin de mettre en évidence le sens authentique du terme ‘taqreeb’ selon les différentes écoles musulmanes (madhhabs), nous devons accorder une attention particulière à la genèse des écoles islamiques.

En fait, il n’est pas exagéré de dire que l'origine de la diversité islamique dans les différentes écoles commence avec l'ère de notre Saint Prophète, paix et bénédictions d'Allah soient sur lui, car il a prédit une telle diversité dans son noble hadith, lorsqu’il a dit que la religion islamique est prédestinée à se diviser en soixante-douze sectes, de même que le judaïsme et le christianisme ont été divisés en soixante-dix et soixante-onze sectes, respectivement. Cela signifie que la Révélation Sainte d’un point de vue islamique n’est pas à l'abri d'une mauvaise interprétation, malgré le fait communément admis que la vérité dans sa pureté est une et connue d’Allah et des Infaillibles (la paix soit sur eux tous). Mais ceci a-t-il quelque chose de commun avec la division des écoles de droit (madhhabs), ou ce hadith sain veut-il dire quelque chose de totalement différent? En d'autres termes, la différence se situe-t-elle sur la surface sectaire simple ou l'affaire est totalement différente, paradoxalement plus simple et plus compliquée en même temps?

Depuis cette époque, une mauvaise interprétation et une idée fausse s’est formée concernant l'expression «la secte du salut » (al-Firqah al-Najiyah). Le fait incontestable qu'il existe une pluralité dans la pensée musulmane à travers les âges a été mal interprété par certains, de telle sorte, que divers madhhabs sont exactement tels qu’il a été fait référence à eux par le hadith cité ci-dessus, et accepté par les deux écoles Chiite et Sunnite , tout en soulignant qu’al-Firqah al-Najiyah est un madhhab particulier alors que les autres ne sont pas sur le chemin de la vérité (le droit chemin, al-Sirat al-Moustaquim). Ainsi, presque toutes les écoles émergentes sous l’égide de l'enseignement islamique tout au long de l'histoire humaine, ont revendiqué leur droit unique de posséder la vérité tout en proclamant que les autres se sont égarés.

Mais qu’en est-il réellement ?
Pour répondre correctement à la question, nous devons faire nos recherches dans le précieux patrimoine des Imams Infaillibles qui nous est parvenu sous la forme écrite de hadiths. Certains d'entre eux avaient été recueillis dans des livres d'autorité commune chez les Chiites, comme Bihaar al-Anwar par Allamah Majlissi et Jurisprudence al-Kaafi par Allamah Kulaini. Les autres sont parvenus sous forme de discours direct par Sharif al-Radhi dans son célèbre recueil intitulé Nahj al-Balaghah (La Voie de l'éloquence). Les lire et les étudier avec toute la diligence qui leur est due nous permet d’arriver à la compréhension correcte de la position chiite sur le sens d’al-Firqah al-Najiyah. Nous comprenons clairement que la position chiite n'a pas la prétention de monopoliser la vérité, et que par ailleurs, l'unité islamique mondiale (et tout d'abord - l'unité entre chiites et sunnites) est l'un des piliers de base de notre croyance chiite.

Pour prouver cette dernière déclaration, nous devons simplement observer le fait que la croyance en l’Imamat est une pierre angulaire distinctive du chiisme - donc, il semble tout à fait suffisant d’observer la conduite morale et politique des Imams - paix sur eux – quant à l'unité de la communauté musulmane et des croyances non-sectaires afin de préciser la position chiite en général. En d'autres termes, il suffirait de prouver que nos Saints Imams eux-mêmes n'ont pas eu la prétention de créer une secte de l'Islam séparée des autres, et, de surcroît, ils n’ont jamais prétendu que la vérité de l'Islam appartient seulement à leurs disciples directs (parallèlement au fait qu’aimer Ahl al-Beit est waajib (devoir)- nécessaire - pour tous les musulmans, et il n'y a pas aucune secte chiite ou sunnite qui oserait prétendre le contraire).

Simplement, le chiisme pur tel qu'il est enseigné par les Imams est une compréhension plus profonde de l'Islam dans son aspect spirituel tel qu’il a été hérité du Saint Prophète à travers ses descendants directs, mais en aucun cas il ne s'agit d'un exclusionisme musulman prétendant posséder un droit exclusif de salut. Partout dans les écrits de nos Imams, nous trouvons l'idée qu’al-Firqah al-Najiyah n'est pas un madhhab particulier, mais une communauté particulière de croyants vrais et sincères, sans aucun égard à l'école de droit (fiqh) à laquelle ils appartiennent. Par conséquent, la lutte pour l'intégrité de la Oumma islamique et de sa solidité est obligatoire pour tout musulman, en particulier celui qui est guidé par l'exemple des quatorze Infaillibles.

S'il en était autrement, l'Imam Ali se seraient battus pour le pouvoir par tous les moyens, en gardant à l'esprit son droit au califat, mais en réalité dans le commentaire pour le cinquième sermon de "Nahj al-Balaghah, nous lisons les passages suivants:

" L'Imam Ali a réitéré les mêmes idées, mais dans des mots différents. Ainsi: « Si j'avais tenté de cueillir les fruits verts (non mûrs) du califat, alors ce verger aurait été désolé, et moi je n’aurais rien accompli, comme ces gens qui cultivent sur les terres des autres, et qui ne peuvent ni les garder, ni les arroser à temps, ni récolter leurs cultures. La position de ces gens est que si je leur demande de libérer ces terres afin que le propriétaire puisse les cultiver lui-même et les protéger, ils disent que je suis cupide, alors que si je me tais, ils pensent que j’ai peur de la mort. Ils devraient me dire à quelle occasion ai-je jamais eu peur, ou ai-je fui du champ de bataille pour préserver ma vie, alors que chaque rencontre, petite ou grande, est une preuve de ma bravoure et un témoignage de mon audace et de courage. Celui qui joue avec des épées et des couteaux contre les monticules n'a pas peur de la mort. Je suis familier avec la mort. Même un nourrisson n’est pas aussi familier avec le sein de sa mère. Hark! La raison de mon silence, c'est la connaissance que le Prophète a mis dans ma poitrine. Si je le divulgue, vous serez perplexes et désorientés. Laissez passer quelques jours et vous connaitrez la raison de mon inaction, et vous verrez de vos propres yeux quelles sortes de gens apparaîtront sur cette scène sous le nom de l'Islam, et quelle destruction ils entraîneront. Mon silence est parce que ceci pourrait se passer, sinon ce n'est pas un silence sans raison. "

Ce qui doit être observé avec une attention particulière est la référence aux «fruits verts du Califat». Cela signifie que, malgré la connaissance de l'Imam Ali de son droit d’accéder au pouvoir suprême, il a fallu attendre que l'esprit des gens mûrisse assez pour accepter cette doctrine. Quelle indication plus claire de l’intérêt qu’il porte à la communauté musulmane en général? Il a dû attendre pour mettre tous les esprits des croyants prêts à réaliser l'unité commune et à ne pas créer un mouvement de division sectaire de ses proches partisans, qui pourrait mettre en danger toute la mission de l'Islam et saper l'Appel islamique (Daawah) de l'intérieur!

D’autres éléments de preuve claire peuvent être trouvés dans le début du sermon de « al shiqshiqiyyah », lorsque Amir al-Mu’minîn dit:
«Puis j'ai commencé à penser si je devais agresser ou supporter calmement les ténèbres aveuglantes des tribulations dans lesquelles les plus âgés sont faibles et les jeunes vieillissent, et le véritable croyant est continuellement sous épreuve jusqu'à ce qu'il rencontre Allah (le jour de sa mort). J'ai trouvé que l’endurance dans ce cas est meilleure. J'ai donc adopté la patience même s’il y avait de picotement dans les yeux et de la suffocation (la mortification) dans la gorge. "

Oui, il n’y a aucun doute que sa patience concernant la question du Califat avait fait que le peuple de l'Irak s’est mis à avancer « vers lui de tous les côtés comme la crinière de l'hyène, si bien que Hassan et Hussein ont failli se faire écraser et son vêtement s’est déchiré du côté de ses deux épaules ». « Ils se sont rassemblés autour de lui comme un troupeau de moutons et de chèvres », inspirés par sa piété et son endurance - et ceci constitue une preuve un plus que l'unité et la solidarité sont le véritable esprit du Message du Saint Coran, non pas la diversité et calamité, au nom de la religion ou - de plus - un madhhab particulier.

Ce qui est encore plus important, et vaut la peine qu’on s’y attarde est la question de la chronologie. Ici nous découvrons - certains d'entre nous sans surprise - que la question de taqreeb dans l'histoire musulmane est apparue bien avant les madhhabs - ou des écoles de droit musulman - qui se sont formés (bien que prédits par le Prophète). En d'autres termes, pour parler simplement, la question de l'unité des musulmans ou leur désunion se trouve bien au-delà de la question de madhhab et du fiqh en général. Ceci prouve, à son tour, que la «communauté sauvée» («al-Firqah al-Najiyah ') qui suit le droit chemin du Prophète n'est ni madhhab particulier ni une secte de l'islam. S’il en avait été autrement, la préférence confessionnelle aurait dû apparaître dans les discours de l'imam inclus dans Nahj al-Balagha, et, d'autre part, toutes sortes de polémiques avec les masses musulmanes auraient été omises de la collection de Sharif al-Radhi, surtout que les événements décrits ont eu lieu bien longtemps avant que n’apparaisse la division sectaire contemporaine. C'est à dire, que si la question avait été une question de madhhab, toute la communauté musulmane contemporaine au premier imam (ou le quatrième calife pieux) devrait être considéré comme étant sur la bonne voie, la voie de la Sunna prophétique (tradition) et Jamaah (la majorité). Évidemment, les courants Hanafite ou Hanbalite ou Malikite ou tous autres courants de loi islamique n’existaient à l'époque - alors, la conclusion logique serait ou bien que tous étaient du côté de la vérité (pour qui ce genre de prédication complète est à peine nécessaire) ou sur le côté de l'infidélité et l'hypocrisie, contre lequel non la prêche, mais le jihad est obligatoire. Mais la dichotomie stricte de ce genre n'est pas observée à travers le texte de Nahj al-Balaghah, alors il serait juste de conclure que l'autre type de division existait au tout début de l'histoire islamique, et que cette division est plus compliquée que le sectarisme simple basé seulement sur les écoles de droit. Certes, la question de la «communauté sauvée» se pose ici de manière beaucoup plus compliquée que ne l’avait prédit la Tradition prophétique.

Pour la preuve de cette déclaration référons-nous à la source originale:
L’Imam Ali dit:
«Grâce à nous, tu as obtenu des conseils quand tu étais dans l'obscurité et tu t’es assuré une position élevée, et à travers nous tu es sorti de la nuit sombre. Les oreilles qui n'écoutent pas les cris peuvent devenir sourdes. Comment peut-on rester sourd aux cris (du Coran et du Prophète) écouter (ma) voix faible. Le cœur qui a toujours palpité (dans la crainte de Dieu) peut obtenir la paix.

J'ai toujours appréhendé les conséquences de votre trahison et je vous avais vu dans le costume de la tromperie. Le rideau de la religion m'avait tenu caché pour toi, mais la vérité de mes intentions vous a dévoilé à mes yeux. Je me suis tenu pour vous sur le chemin de la vérité parmi les pistes trompeuses où vous vous êtes rencontrés, mais il n'y avait pas de chef, et vous avez creusé, mais vous n’avez pas obtenu d'eau.

Aujourd'hui, je fais de telle sorte que ces choses stupides vous parlent (c.-à-d mes idées suggestives et profondes réflexions, etc.) qui sont plein de puissance descriptive… Je n'ai jamais douté de la vérité, car elle m’a été révélée. Mussa (Moïse) n'a pas eu peur pour sa propre personne. Au contraire, il a appréhendé la maîtrise des ignorants et l'écart de la déviation. Aujourd'hui, nous sommes à la croisée des chemins de la vérité et le mensonge. Celui qui est sûr d'obtenir de l'eau ne ressent pas la soif ». (Nahj al-Balaghah, sermon ۴).

Deux questions importantes doivent être posées pour éclaircir la question pour tout lecteur.
۱. S’il y avait eu une dichotomie stricte en ce moment là, c'est à dire, une simple division entre croyants et non-croyants, est-il nécessaire que l'Imam sermonne les infidèles, et les appelle à suivre le chemin du Coran et la Sunna, qui n’ont été vraisemblablement accepté par eux tous? La réponse est: certainement pas!
۲. Si le public réuni pour écouter le discours de l'Imam se compose de croyants musulmans, serait-il nécessaire pour l'imam pour leur rappeler les valeurs morales, tout en tenant compte du simple fait qu'aucune division sectaire (division sur madhhabs) n’existait dans le temps et que la masse de musulmans a sans doute été - a priori - sur la bonne voie? En d'autres termes, il n'y avait pas encore ۷۲ sectes, mais une seule – donc si nous comprenons le hadith prophétique dans une façon sectaire, alors seule une secte musulmane à laquelle ils appartiennent tous (la première génération de compagnons (Sahaba) et leurs partisans (tabiin)) devrait automatiquement être considérée comme al-Firqah al-Najiyah, et il n'y a donc pas lieu, de rappeler les valeurs coraniques. Suivant cette logique primitive sectaire, nous concluons que le paradis est garanti pour la première génération musulmane, car toutes les divisions sectaires n'avaient pas encore paru. Devons-nous accepter cette logique aujourd'hui?

La réponse est: bien sûr, NON: Non seulement le Nahj al-Balaghah et les hadiths de l'autorité suprême, mais aussi l'histoire des débuts de l'Islam lui-même sont un témoignage clair que ce n'est pas le cas. Les divisions, les intrigues et les calamités parmi les premiers compagnons indiquent clairement que le Paradis n'est pas garanti à tous. Et ce, malgré le fait qu’aucune école particulière du droit (fiqh) existait à l'époque des débuts de l'Islam. Donc, on pourrait tenir compte du fait qu'il n'y a pas de division sectaire entre les frères musulmans - dans le sens de l'inimitié et le droit exclusif d'obtenir le salut - prouvée, selon le témoignage de Nahj al-Balaghah, l'histoire de l'Islam et les hadiths.

Par exemple, nous allons lire ensemble les dires de l’Imam Ali, l'auteur de Nahj al-Balaghah, cités dans le hadith:
L'Imam Ali dit : « Il y a huit portes qui mènent au Paradis: une porte par lequel entrent les prophètes et les pieux, une porte pour les martyrs et les chastes, cinq portes pour nous, Chiites, et ceux qui nous aiment, et une autre porte par laquelle entrent ceux-là qui proclament le témoignage qu'il n'y a pas de dieu, que Dieu, et dont le cœur est exempt de toute forme de haine envers nous, Ahl al-Beit ».

Quel magnifique hadith de rapprochement! Même à l'époque de l'histoire des débuts de l'Islam, l'Imam Ali dit qu'il y a « cinq portes pour nous chiites et ceux qui nous aiment». Il ne fait donc pas d’exclusivité pour le salut, même pour ses propres disciples, puisqu’il n'y a aucun musulman sain d’esprit - qu'il soit Shiite ou Sunnite - qui serait nier la nécessité d'aimer l'imam Ali et Ahl al-Beit - les gens de la famille du Prophète. En outre, le hadith cité ci-dessus élargit le chemin du salut (i.e. le chemin de la vérité) à ceux «dont le cœur est propre de toute sorte d'hostilité envers ... Ahl al-Beit », d’où le fait d’exprimer son amour pour Ahl al-Beit n'est pas une condition exclusive pour obtenir le salut, la simple absence d'hostilité semble être suffisante. Par conséquent, ce hadith, déclarant (en général) la position chiite sur la question, ne laisse pas de motif pour des spéculations sectaires.

Et en ce qui concerne les personnes qui se sont égarées, l’Imam dit dans son sermon ۱۷:
"Parmi tous les hommes les plus détestés par Allah, deux genres se détachent. Le premier est celui qui se consacre à sa propre personne. Alors, il est dévié du droit chemin et adore parler de ses péchés et invite les autres à suivre une mauvaise voie. Il est donc une nuisance pour ceux qui l’aiment, il est lui-même détourné du droit chemin, des conseils de ceux qui l'ont précédé, il conduit vers le faux ceux qui le suivent dans sa vie ou après sa mort, il porte le poids des péchés des autres et il est empêtré dans ses propres méfaits.

L'autre homme est celui qui a choisi l'ignorance. Il se déplace parmi les ignorants, il est enfermé dans l'épaisseur de ses méfaits et est aveugle aux avantages de la paix. Les autres hommes qui lui ressemblent le considèrent comme instruit, mais il n'en est rien. Il sort tôt le matin pour ramasser des objets dont la déficience est meilleure que beaucoup, il va jusqu'à étancher sa soif d'eau polluée et acquiert des choses dépourvues de sens.

Il s’assied parmi le peuple comme un juge chargé de résoudre tout ce qui peut sembler source de confusion pour les autres. Si un problème ambigu se présente devant lui, il présente un argument minable à ce sujet et prononce son propre jugement par référence à cet argument. Dans ce sens, il est empêtré dans la confusion des doutes comme dans une toile d'araignée, ne sachant pas s'il a tort ou raison. S’il a raison, il craint de commettre une erreur, tandis que s'il se trompe, il espère qu'il ait raison. Il est ignorant, se fonce dans l'ignorance et se déplace sur des chariots mobiles sans but dans les ténèbres. Il n'a pas essayé de trouver la réalité de la connaissance. Il disperse les traditions comme le vent disperse les feuilles sèches.

Par Allah, il n'est pas capable de résoudre les problèmes qui viennent à lui, et il n’est pas apte pour le poste qui lui est confié. Tout ce qu'il ne sait pas ne vaut pas la peine d’être su. Il ne se rend pas compte que ce qui est hors de sa portée peut être à la portée des autres. Si quelque chose n'est pas clair pour lui, il le garde sous silence parce qu'il se rend compte de sa propre ignorance. Les vies perdues crient contre ses verdicts injustes, et les propriétés (qui ont été détournées à tort) se plaignent de lui.
Je me plains à Dieu des hommes qui vivent ignorants et meurent égarés. Pour eux, rien n'est plus inutile que le Coran s’il est récité comme il doit être récité, et rien n’est plus précieux que le Coran si ses versets sont enlevés de leur place, rien n’est plus vicieux que la vertu, ni plus vertueux que le vice. »

À cet égard, il convient de mentionner les efforts remarquables du cheikh Hassan al-Saffar, un des leaders de la communauté chiite saoudienne, qui a tout fait pour prévenir les conflits inter-sectaires dans son propre pays. En particulier, dans son interview accordée à la société al-Rassid le ۱۷ Juillet ۲۰۰۷, il a déclaré que la communauté sunnite est encore plus active en Arabie saoudite pour rapprocher toutes les sectes, encore plus que sa propre communauté chiite. Il a dit:
"Il existe en effet certaines idées fausses concernant les chiites qui sont issus à la fois des conflits politiques et de la diversité inter-tribale, mais: il n'y a pas aucun musulman sur cette terre qui témoignera ouvertement de son hostilité à l'égard d’Ahl al-Beit ; et même si cet homme existe, il serait immédiatement condamné par les Sunnites eux-mêmes, avant même que les Chiites ne le fassent ».

Et d'après les citations présentées ci-dessus, nous pouvons clairement conclure, que ses paroles ne sont pas simplement une déclaration politiquement motivée, mais la position officielle chiite, en totale conformité avec l'esprit du Coran, les hadiths et Nahj al-Balaghah.

Quant à la dernière source, dans la lettre ۳۱, qui représente le dernier testament de l’Imam Ali à son fils Hasan, nous lisons le passage suivant sur le taqreeb:
«Fais du bien à ton frère même quand il est décidé à te faire du mal. Quand il ignore ou refuse de reconnaître la parenté entre vous, lie toi d'amitié avec lui, va à son secours et essaie de préserver les relations. S’il est avare avec toi et refuse de t’aider, sois généreux avec lui et soutiens-le financièrement. S’il est cruel avec toi, soi gentil et prévenant avec lui. S’il te fait du mal, accepte ses excuses. Comporte-toi avec lui comme s'il est le maître et toi l’esclave, comme s’il est un bienfaiteur et toi le bénéficiaire de ses bienfaits". Dans tous ses conseils, le terme «frère» signifie tous les musulmans. Tout ceci n’est-il pas en conformité avec le verset coranique, qui proclame: «innama al-mu'minuna ikhwah '(" En vérité, les croyants (sincères) sont frères les uns aux autres").

Dans ses lettres à Muawiyah Bin Abi Sufyan, l'Imam étudie en détail le cas de l’assassinat du calife 'Uthman. Niant les accusations portées contre lui par les ennemis de l'Islam, il répond simplement par le fait, qu’il est la personne qui a fourni de l'eau à la maison assiégée de 'Uthman, qu’il lui a été totalement fidèle et qu’il a fait tout son possible pour protéger sa vie et son honneur.

Et enfin, je citerai un passage de la lettre de l'Imam à Malik al-Ashtar, considérée par la majorité des penseurs musulmans anciens et contemporains comme étant un chef-d'œuvre de la pensée politique islamique. Il a écrit:
"Malik! Vous devez porter dans votre esprit bonté, compassion et amour pour vos sujets. Ne vous comportez pas à leur égard comme si vous étiez une bête vorace et affamée et que votre succès réside dans le fait de les dévorer.
Rappelez-vous, Malik, que parmi vos sujets, il ya deux sortes de gens: ceux qui ont la même religion que vous, et qui sont donc vos frères ; et ceux qui sont d’une religion autre que la vôtre, et ceux-ci sont aussi des êtres humains comme vous. Les hommes appartenant à deux catégories souffrent des mêmes faiblesses et des mêmes impuissances à laquelle sont enclins la plupart des hommes, ils commettent des péchés, se livrent à des vices de manière délibérée ou involontaire, bêtement, et sans se rendre compte de l'énormité de leurs actes. Laisse ta miséricorde et ta compassion venir à leur secours et aide les de la même manière et dans la même mesure que tu attends qu’Allah fasse preuve de miséricorde et de pardon à ton égard." (Nahj al-Balaghah, lettre ۵۳)

Ce qui est particulièrement intéressant, c'est que l'Imam se réfère aux hommes en deux catégories: ses frères dans la foi, et ses frères comme êtres humains, affirmant ainsi non seulement que les musulmans doivent rester unis, mais que l'humanité tout entière doit éviter la diversité. Non seulement les conflits inter-sectaires et inter-religieux de toutes sortes sont strictement condamnés, mais le principe de la liberté de la foi est proclamé. Une fois de plus, comme dans beaucoup d'autres sermons et lettres, l'Imam confirme et redit son obéissance à Allah Tout-Puissant et au Saint Coran ; par exemple dans la lettre citée ci-dessus, Il dit:

"Je vous ordonne, Malik, de garder toujours la crainte d'Allah dans votre esprit, de donner la priorité à Son culte et de donner la préférence à l’obéissance à Ses ordres plus que toute autre chose dans la vie, et de suivre fidèlement Ses commandements et Ses prescriptions qui sont présentées dans le Livre Saint et les hadiths du Saint Prophète, parce que le succès d'un homme à atteindre le bonheur dans ce monde et dans l'autre monde dépend de ces qualités, et l’incapacité à atteindre ces attributs entraîne un échec total dans les deux mondes. "

Et aujourd'hui, nous tenons à proclamer sans réserve le verset du Saint Coran qui fait référence (sans exagération) à chaque être humain sur Terre:
« Et cramponnez-vous tous ensemble au «Habl» (câble) d’Allah et ne soyez pas divisés ».

* Ecrivain - République Tchèque

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