Les démarches du Prophète pour construire la société Musulmane selon le Martyr Motahhari
Note:
L’histoire est un bon lit pour l’étude de la vie des générations précédentes et en tirer les leçons. Grâce à cette étude, l’homme accède aux expériences tant douces qu’amères qui lui font un fonds initial pour dessiner son itinéraire vers le bonheur et la perfection.
L’étude de l’histoire des nations a, en général, ses bénéfices citées dans les textes islamiques, mais faire la connaissance de la civilisation islamique, étant celle la plus grande et la plus documentée, est un pas effectif pour l’analyse des pensées et les actes du Prophète et des Imams et les ouvriers du bien mais aussi pour profiter à perfectionner leurs affaires individuelles et sociales.Pour ce qui suit, il s’agit des textes choisis des oeuvres du Martyr Motahhari pour reconnaître la manière de la vie du Prophète et de sa méthode à établir la culture et la civilisation islamiques et le perfectionnement de différentes institutions familiales sociales et politiques,
Mots clés: Prophète « Sira » – Sociétés musulmanes – Politique – Famille
Le terme arabe « Sayr » veut dire : « marche » ou « allée » mais le terme « Sira » signifie « allure » et « style de comportement ». C’est ce dernier qui nous importe et nous voulons connaître. Ceux qui se sont donnés à rédiger les livres du « Sira », en effet n’ont qu’écrit que la marche et le cours de la vie du Prophète et non pas «l’ allure » ni son style de comportement. Les livres tels que « Al-Sira-t-ul-Nabawia» constituent, par conséquent, le « Sayr » du Prophète, mais non son « Sira » car ces livres ne présentent pas le style ou la méthode du comportement du Prophète.
Certains ne visent pas un objectif précis dans leur vie, Il y a d’autres qui le visent, mais ils manquent de méthode pour l’atteindre. Mais pour les gens qui ont en fait un style et une méthode de marche dans leur vie, sans aucun doute, le Prophète de l’Islam est au sommet de ceux qui suivent l’objectif de leur vie en suivant une méthode suprême et précise. Il était un prédicateur, un guide politique, un guide social, un directeur, un juge, un époux ayant de nombreuses épouses, un compagnon pour ses disciples, Il avait en même temps des ennemis très hostile. Comment le Prophète effectuait-il alors ses rôles sous chacun de ses titres. Voici ce que nous voulons étudier dans cet article :
1. Combat contre l’injustice
A l’époque de l’ignorance, il s’est co-allié avec un groupe de gens qui combattaient l’injustice et l’oppression pour protéger la cause des opprimés.
C’était un pacte qui avait été conclu dans la maison d’Abdullah ibn Gad’an, l’une des personnalités importante de la Mecque. Le pacte s’appelait « Hilf-Ul-Fuzul ». Le Prophète le mentionnait même après sa mission prophétique en disant qu’il ne vou-lait jamais l’abroger et se déclarait toujours prêt à s’engager dans un pacte pareil[i][1].
2. Aversion pour l’inactivité et le chômage
Il avait de l’aversion pour l’inactivité et le chômage, Il disait :
« Ô Allah, je cherche un refuge auprès de Toi contre la paresse et la faiblesse ».
Il encourageait les musulmans à travailler, et disait :
« La dévotion d’Allah a soixante-dix parts dont l’une est le gain licite (Halal) ».
3. Traitement des esclaves
Il était très tendre et doux envers les esclaves. Il disait aux gens:«Ceux-ci sont vos frères. Nourrissez-les par les mêmes nourri-tures que vous consommez et habillez-les par les mêmes habits que vous mettez. Ne leur imposez pas les travaux épuisa-bles, contribuez dans les travaux dont vous les chargez.»
Il disait :
« Ne les appelez pas « esclave » ou « servante », des termes qui signifient votre possession sur eux, car la possession est uniquement à Allah. C’est Lui qui est le Possesseur Absolu dont nous sommes tous les possédés, mais appelez-les par « Fata » ou « Fatat » signifiant « jeune homme » ou « jeune femme » et par allusion « homme libre » ou « femme libre ». Sa religion qu’il établira fournit tous les prépa-ratifs pour octroyer la liberté totale des esclaves. Le Prophète déclara le commerce d’esclaves comme le pire métier, en disant que les vendeurs des esclaves sont les gens les pires auprès d’Allah.
4. Encouragement à la propreté
Il était très intéressé par la propreté et la bonne odeur. Il se parfumait et le conseillait aux autres. Il ordonnait à ses disciples de maintenir leur corps et maisons propres et parfumés. Il les faisait faire l’ablution du vendredi et se parfumait avant de se présenter à la prière du vendredi.
5. Traitement et Fréquentation
Il avait un visage doux et ouvert. Il précédait tout le monde en saluant les gens, même les enfants, Il n’allongeait jamais ses pieds devant les gens, Il ne s’appuyait sur aucun appui en présence des autres, Il s’asseyait souvent sur ses deux jambes. En s’asseyant devant les autres, il formait un cercle pour que sa réunion n’ait pas de places hautes ou basses et que chacun dispose d’une place égale par rapport aux autres. Il demandait ses compagnons et prenait de leurs nouvelles s’ils s’absentaient durant trois jours maximum, Il allait les voir lorsqu’ils tombaient malades. Il les assistait en cas de problème.
Dans ses réunions lorsqu’il prenait la parole, il ne s’adressait jamais à une seule personne, mais il partageait ses regards. Il avait de l’aversion à s’asseoir pour attendre le service des autres. Il disait :
« Allah ne veut pas celui qui voit une distinction ou une suprématie pour lui-même envers les autres.»
6. Simplicité et Ascétisme
La simplicité et l’ascétisme faisaient part des principes de sa vie. Il mangeait simplement, s’habillait simplement et marchait simplement. Il mettait à terre son tapis, qui était en principe une natte. Il trayait la chèvre de ses propres mains. Il montait sur une monture à nue et empêchait les gens de l’escorter à pied.[ii][2] Sa nourriture était souvent composée de pain et de dattes. Il réparait ses chaussures et ses vêtements lui-même, en toute simplicité. Il n’était pas pour la philosophie de la pauvreté. Il considérait la fortune et l’argent nécessaire pour le bien de la société et pour dépenser dans les chemins licites. Il disait :
«نعم المال الصالح للرجل الصالح»[iii][3]
« Que c’est bien la bonne fortune pour les bons hommes ». Il disait aussi :
«نعم العون علي تقوي الله الغني»[iv][4]
« La fortune est une bonne assistance pour protéger la piété ».
En s’assemblant avec ses disciples, il ordonnait aux gens de s’asseoir aux endroits vides sans leur déterminer un point précis. En pénétrant dans les salles de réunions, il n’aimait pas que les gens se lèvent à son arrivée. S’ils se levaient il leur ordonnait de s’asseoir. Un jour, un des musulmans, pauvrement habillé, entra dans le cercle de réunion du Prophète et se plaça à côté d’un des riches. Ce dernier se plaça, selon l’habitude de l’époque de l’ignorance et ainsi prit ses distances à cet homme. En voyant cela, le Prophète s’adressa au riche pour lui dire : « Pour quelle raison as-tu agis ainsi ? Avais-tu peur qu’une partie de ta richesse joigne cet homme? »
- « Non, Prophète d’Allah ! »
« Tu craignait qu’une partie de ta fortune s’adhère à lui ? »
- « Non, Prophète d’Allah ! »
« Pourquoi as-tu agis ainsi ? »
« J’ai eu tort, j’ai mal fait. Pour réparer cette faute, j’offrirai tout à l’heure et en votre présence, la moitié de ma fortune à ce frère musulman.» On demanda alors à ce dernier de recevoir l’offre présenté, mais il refusa par crainte de recevoir une morale comme celle de l’homme riche[v][5].
7. Volonté et Résistance
Il était d’une volonté et d’une résistance sans pareil. Cela était aussi transmis à ses disciples. La période de vingt trois ans de sa mission est pleine de leçons de patience et de résistance. Il était confronté à plusieurs reprises à des conditions où tout lien d’espoir se coupait, mais il ne cédait pas, même pour un instant, à une pensée d’échec ou porter atteinte à sa foi qui ne faisait l’objet d’aucune peur.
8. Leadership, Gestion et Consultation
Bien que tous ses ordres aient été immédiatement suivis, que ses disciples par la foi qu’ils avaient en lui, lui disaient : « Nous nous jetterons, sur ton ordre, dans le feu pour nous brûler ou dans l’eau pour nous noyer », il n’agissait jamais à la manière des dictateurs. Il consultait ses compagnons et demandait leurs avis dans les affaires à propos desquelles il n’y avait pas d’ordre provenant d’Allah. Il respectait la personnalité de ses disciples. Quand à la guerre de Badr, il s’est mis à consulter le problème du commencement de la guerre mais aussi sur le champ de la guerre et la manière de traiter les otages. Quand à la guerre d’Uhud, il a demandé une consultation sur le problème de combattre en dehors ou à l’intérieur de la Médine. Il a également consulté ses disciples avant l’éclatement des deux guerres d’Ahzabi et de Tabuk. Le Prophète consultait ses disciples même s’il n’en avait aucun besoin. Ceci, en premier ressort, pour que les autres apprennent le principe de consulter leurs entourages, et en second ressort, pour que le fait de consulter les gens leur donnent de la valeur et de la personnalité. Prenons le fait que l’un d’eux, par sa conviction, ne consulte pas ses disciples, qu’est-ce que ces derniers vont avoir comme sentiment ? Ils diront, sans doute : « Nous ne sommes que des outils non vivants et sans âmes dans l’administration de ce guide. Mais si ces gens se trouvent au cours et au sein de la décision, ils retrouveront un sentiment et une personnalité et suivront mieux leur chef. Allah (Qu’Il soit Exalté) avertit toutefois son Prophète en cas de doute et d’hésitation:
«و شاورهم في الأمر فإذا عزمت فتوكل علي الله»[vi][6]
« La consultation ne doit causer l’hésitation. Elle se fait avant la décision. Mais cette dernière, une fois prise doit être stricte et plus de questions sur les discussions ou autres suggestions. Parmi les autres caractères du Prophète, en tant que guide de la communauté musulmane, qui lui servaient de facteurs d’influence sur les musulmans, il faut citer sa tendresse. Le pardon qu’il accordait à ses disciples, mais aussi le pardon qu’il demandait à Allah (Qu’Il soit Exalté) pour sa « Umma». C’est la vérité qu’Allah décrit ainsi :
«فبما رحمة من الله لنت لهم و لو كنت فظّاً غليظ القلب لانفضوا من حولك فاعف عنهم و استغفر لهم و شاورهم في الأمر فإذا عزمت فتوكّل عليالله»[vii][7]
« Je sais bien que ceux-ci vont bientôt se détruire, mais Allah veut que le travail de son serviteur soit solide et bien fait ».[viii][8]
9. Ordre et discipline
Ces deux facteurs dominaient ses affaires, partageaient son temps et le conseillaient. Influencé par lui, ses disciples respectaient bien cet ordre.
Il arrivait parfois qu’il ne divulguait pas certaines décisions afin que l’ennemi n’apprenne pas son intention. Parfois il décrétait un trajet à suivre mais il sortait sans savoir la destination. Ils l’apprenaient alors juste au dernier moment. Il ordonnait parfois à un groupe de sortir vers un point en donnant ordre de mission à leur commandant de l’ouvrir plus tard, après l’arrivée à un point précis. Alors les gens sortaient sans être au courant de la destination finale. C’était ainsi que les espions des ennemis restaient sans information et il les surprenait souvent.
Il aimait que tout le travail soit solide et bien fait. Lors de l’enterrement de son disciple, Sa’d Ibn Ma’az, il déplaça et arrangea les pierres et les briques de sa tombe.
10. Accueil à la critique et aversion à la flatterie
Il se confrontait parfois aux objections de certains disciples. Il disait : « Versez de la poussière aux visages des flatteurs. »
11. Posséder les conditions et les critères de la direction
Il assemblait toutes les conditions et les critères de direction. Nous en citons :
Le sens et la capacité du diagnostique, un caractère strict, manque de doute et d’hésitation, le courage d’accueillir les conséquences éventuelles de ses décisions et démarches, le sens de la prévision et de la prudence, la capacité de supporter des critiques, la connaissance des gens et de leurs aptitudes à leur confier des pouvoirs en fonction de leur susceptibilité, utilisation de la manière douce quant aux problèmes individuels et d’un caractère rude et solide quant aux questions fondamentales, le respect de la personnalité des disciples, leurs prise en compte, l’éducation de leurs aptitudes rationnelles et affectives, éviter la dictature et l’obéissance aveugle, l’humilité et la simplicité, l’intérêt envers la formation et les activités organisées et les mise en ordre des sources humaines. Il disait : « Si vous voyagez à trois, choisissez l’un d’entre vous en tant que chef. Il fonda un organisme spécial à la Médine. Il désigna un groupe de secrétaires, chacun ayant une tâche déterminée, certains rédigeaient le Coran révélé, d’autres enregistraient les contrats des gens, d’autres remplissaient les cahiers des impôts et de charité (sadaqât).
Nous trouvons les repères de tous les faits cités dans les sources historiques tels que : Tarikh Y’aqubi[ix][9], At-Tanbih wa-l-A’sraf de Mas’udi[x][10] et Tabaqat de Ibn Sa’d.[xi][11]
12. Méthode de prédication
Pour prédire l’Islam, il suivait une méthode facile. Il s’appuyait sur l’aspect de
nouvelle plutôt que celui de la crainte et de la menace.
Selon Ibn Hishâm, le prophète, en délégant Mo’âz ibn Gabal au Yémen[xii][12] pour la prédication de l’Islam et l’appel des gens, lui dit :
«يا معاذ بشّر و لا تنفّر، يسّر و لا تعسّر»[xiii][13]
« O Mo’az attire les gens en semant la bonne nouvelle et ne sème pas l’aversion, prends le facile et ne prends pas le difficile. »
Un autre aspect de la méthode de la prédication du Prophète de l’Islam est l’égalité. Il adoptait une adresse égale à tout le monde. Cela se déroulait dans une société ignorante où une grande discrimination de race et de classe dominait.
13. Encouragement à l’acquisition de la science
Il encourageait l’acquisition de la science. Il faisait des enfants des disciples en leur apprenant à lire et à écrire. Il ordonnait à certains de ses disciples d’apprendre la langue syriaque. Il disait : « Il est obligatoire à tout Musulman de chercher la Science.[xiv][14] Il disait d’ailleurs : « Prenez la sagesse là où vous la trouverez, même auprès d’un associateur d’Allah ou un hypocrite.[xv][15] Il dit encore : « Suivez la Science, même si cela nécessite de voyager jusqu’en Chine[xvi][16] (qui était considéré à l’époque le point le plus éloigné des territoires arabes). Ces confirmations et ces encouragements causèrent l’initiative à la recherche des sciences par les musulmans, dans une vitesse sans pareille. Ils effectuèrent des recherches, traduisirent les oeuvres scientifiques des autres nations. Ils devinrent un cercle de connexion pour les anciennes civilisations grecques, romaines, persanes, égyptiennes, indiennes et ils firent naître la civilisation islamique.
14. Pacte de fraternité entre les musulmans
Lorsque les immigrants sont venus de la Mecque à la Médine, le Prophète conclut un pacte de fraternité entre eux. Chaque musulman choisissait son frère et parfois c’était le Prophète qui choisissait l’un pour l’autre.[xvii][17] Le Prophète, après avoir conclu la fraternité entre les musulmans, choisit Ali comme son frère.[xviii][18]
15. Réparation des irrégularités de la société
Il prêtait beaucoup d’attention à enlever les différences et les mauvaises habitudes qui auraient pu, peu à peu, s’instaurer dans la société. Il voulait que toute concurrence à la société soit vers les liens, selon le Coran :
«فاستبقوا الخيرات»[xix][19]
A) Collaboration dans les travaux
Le Prophète voyageait avec ses disciples. Le midi ils se sont arrêtés à un endroit et décidèrent d’égorger un mouton pour préparer la nourriture. Chacun assuma une tâche, soit égorger le mouton, le décortiquer, le cuire etc. Le Prophète assuma également la tâche du ramassage du bois de chauffage. Les disciples lui supplièrent de se reposer et de leur confier tous les travaux. Il répondit :
«إنّ الله يكره من عبده أن يراه متميّزاً بين أصحابه»
« Allah n’aime pas voir son serviteur avoir un privilège quelconque par rapport aux autres. » La formule de ce pacte se trouve dans le livre Maf’atih-ul Gan’an. La conclusion de ce pacte est recommandée à la fête de « Al Ghadir. Cette conclusion marque les droits mutuels entre les deux parties de manière à ne pas oublier les liens des uns aux autres lors de leur supplications, intercéder entre eux le jour du jugement dernier, donner préférences entre eux pour les biens.
B) Son mariage avec Zaynab
L’ex-époux de Zayd ibn Harita était l’esclave adopté par le Prophète.[xx][20]Au début, il était un esclave que le Prophète avait libéré. Les parents de Zayd avaient appris la nouvelle de la présence de leur fils à la Médine, ils vinrent le chercher. Le Prophète le libéra et lui donna le choix entre partir avec les parents ou rester avec lui. Il adopta le second choix. C’est de cette façon qu’il fut adopté par le Prophète. Il lui portait une grande affection et puis il tomba Martyr dans la guerre du Mouta.
Le Prophète demanda la main de sa cousine Zaynab bin Gahsh. Cette dernière et son frère Abdullah ibn Gahsh se sont beaucoup réjouis de recevoir le délégué du Prophète d’Allah, car ils savaient que la demande concernait le Prophète lui-même. En apprenant la vérité, ils se sont fâchés et Zaynab dit : « Moi, la petite fille d’Abul-Muttablib, une noble femme qurayshite, me marier à un esclave libéré? Cela est contre ma position et mon rang social. »
Le Prophète lui envoya un message lui répondant que l’Islam a déjà aboli tous ces orgueils, que Zayd est un musulman et que les musulmans sont égaux et chacun est l’équivalent de l’autre. En recevant ce message, elle donna son accord pour le mariage, mais ce mariage n’était pas fondé par la satisfaction de coeur. Zaynab affichait toujours une mauvaise humeur et Zyad se plaignait de cela auprès du Prophète et lui demandait la permission de divorcer. Finalement il a divorcé. Alors, c’est Allah (Qu’Il soit Exalté) qui ordonna à son Prophète d’épouser Zaynab. Or, c’était un acte très fortement haï, condamné et détesté à l’époque et ressemblait à un mariage avec sa propre fille. Mais sur l’ordre d’Allah (Qu’Il soit Exalté) le Prophète s’est soumis à ce mariage.
C) Mariage de Ghuwaybir et Dulfâ
Guwaybir était l’un des hommes de Soffa.[xxi][21] Un jour, le Prophète s’adressa à lui pour lui dire : « Si tu te mariais, cela assouvirait ton besoin sexuel et tu trouverais une femme qui t’assisterait également dans les affaires ici-bas et dans l’au-delà.
Guwaybir répondit : « Ô Prophète, personne ne voudrait devenir ma femme. Je suis totalement démuni, je n’ai ni noblesse, ni liens familiaux, ni fortune. Quelle femme désirerait alors devenir mon époux? » Le Prophète lui répondit alors :
«يا جويبر،إنّ الله قد وضع بالإسلام من كان في الجاهليّة شريفاً، و شرّف من كان في الجاهليّة وضيعاً، و أعزّ بالإسلام من كان في الجاهليّة ذليلاً»
« Ô Guwaybir, l’Islam a rabaissé celui qui était considéré noble à l’époque de l’ignorance et rehaussé celui était ignoble et l’Islam a rendu l’honorabilité à celui qui était considéré vil à l’époque de l’ignorance.
«فالناس اليوم كلّهم ـ أبيضهم و أسودهم و قرشيهم و عربيهم و عجميهم ـ من آدم، و إن آدم خلقه الله من طين»
Mais aujourd’hui les gens sont tous les gens d’Adam, qu’ils soient blancs, noirs, qurayshites, arabes et non arabes. Ils sont tous d’Adam et Adam est crée d’argile.
Ô Guwaybir, l’homme le plus aimé auprès d’Allah est l’homme le plus obéissant à Lui. Personne parmi les immigrants ni d’entre les partisans n’a une suprématie sur toi, sauf par sa piété. » Puis le Prophète lui dit : « Va chez Zyad Ibn Lubayd al-Ansari et dit lui que le Prophète m’a envoyé pour demander la main de ta fille.
Guwaybir est allé chez Zyad ibn Lubayd pour lui transmettre ce message. Zyad était parmi les nobles des Ansar (Médinois partisans du Prophète), et un nombre de gens de sa tribu étaient chez lui. Guwaybir a demandé la permission d’entrer et qu’on lui accorda.
Il s’est assis et s’est adressé à Zyad pour lui dire : « Je suis porteur d’un message de la part du Prophète. Devrais-je vous le dire ouvertement ou secrètement?»
- « Mais le message du Prophète est un honneur pour moi. Dis le moi ouvertement bien sur. »
- « Le Prophète d’Allah m’a envoyé pour te demander la main de ta fille. Donne-moi ta réponse pour que je la transmette au Prophète.
- Tout étonné, Zyad demanda : « Est-ce que le Prophète t’a envoyé pour demander la main de ma fille ? »
- « Mais est-ce possible que je puisse apporter une fausse parole du Prophète? »
- « Mais, dans nos coutumes, nous ne donnons jamais nos filles à ceux qui ne sont pas des Ansars et de notre rang social. Pars maintenant et je viendrai moi-même voir le Prophète. »
Guwaybir a quitté Zyad en réfléchissant d’une part aux paroles du Noble Prophète de l’Islam qui disait que l’Islam a anéanti les rivalités racistes et les variétés d’origine et se rappelant d’autre part des paroles de Zyad qui disait que dans leur coutumes, ils ne donnaient pas leurs filles à ceux qui ne n’ont pas leur équivalence économique et sociale. Mais en quittant la maison il chuchotait :
« Par Allah, le Coran n’a pas été descendu et la prophétie de Mohammad n’a pas été annoncé pour affirmer cela ».
Guwaybir chuchotait ces mots en sortant et Dulfâ l’a entendu. Elle transmis la nouvelle à son père et dit : « Par Allah, Guwaybir ne ment pas. Ne le laisse pas rentrer désespéré chez le Prophète. Envoie quelqu’un pour le chercher. Zyad a accepté de le faire revenir.
Il s’est rendu en personne devant le Prophète et lui a dit : « Puissent mon père ou ma mère vous être sacrifiés. Ghuwaybir m’a rapporté votre message, mais ce n’est pas dans nos coutumes de donner notre fille à celui qui n’est pas de notre rang social. Le Prophète a répondu :
«يا زياد، جويبر مؤمن و المؤمن كفو المؤمن، و المسلمة كفو للمسلمة»[xxii][22]
« Ô Zyad, Guwaybir est un croyant. Le croyant équivaut à un croyant et la femme musulmane équivaut à une femme musulmane. N’empêche pas le mariage de ta fille par ces imaginations. » Zyad entra et raconta tout l’événement à sa fille Dulfâ qui dit : « Je devrais être satisfaite car c’est le Prophète qui a envoyé cet homme. »
Zyad prit la main de Guwaybir et fait entrer dans sa tribu et a donné sa fille à ce pauvre noir. Après la fête du mariage, Guwaybir avec la pleine joie de vrais croyants, a pris part au Jihad et est tombé en Martyr.[xxiii][23]
D) Lutte contre l’ignorance
Il ne cherchait pas à profiter de l’ignorance et des points faibles des gens. Au contraire, il luttait contre les points faibles et cherchait à les éliminer en éclairant les gens. Nous citons le cas du décès du nourrisson du Prophète Abraham, fils de Maria Qibtia (la Copte).
Le Prophète aimait ce petit qui mourût à l’age de dix-huit mois. Cela toucha le Prophète. Il a même pleuré. Il a dit : « Le coeur est très touché, les larmes descendent mais nous ne dirons rien contre la satisfaction d’Allah. » La tristesse du Prophète d’Allah touche aussi les musulmans. Le même jour, une éclipse solaire tombe sur les musulmans qui sans aucun doute cet événement était la manifestation du décès du bébé. Cette théorie a été propagé dans tout Médine et les musulmans la racontèrent de bouche en bouche, ce qui a renforcé la foi des musulmans envers leur Prophète.
Mais le Prophète ne veut pas profiter de l’ignorance. Il cherche à réveiller les gens et à les revivifier en s’appuyant sur leurs connaissances. Comme Allah l’a ordonné :
«ادع إلي سبيل ربّك بالحكمة و الموعظة الحسنة و جادلهم بالّتي هي أحسن»
« Appelle vers le chemin de ton Seigneur avec sagesse et belle exhortation. Discute avec eux le mieux possible ».[xxiv][24]
Le Prophète a donc annoncé clairement que l’éclipse tombé ne correspondait pas au décès du nourrisson.
E) Encouragement à la liberté
Il a lutté longtemps contre l’idolâtrie dans le but de libérer la pensée des gens.
«و يضع عنهم إصرهم و الأغلال الّتي كانت عليهم»[1][25]
Il leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux.
Il y a aujourd’hui plusieurs nations qui sont considérées comme symboles de la liberté mais le Coran les appelle les jougs, que l’homme par ses propres mains, met sur ses mains, mais aussi sur sa pensée, son coeur et son âme.
Après la guerre de Badr, on a amené les otages devant le Prophète. Ils étaient enchaînés et le Prophète a souri en les voyant. Ils ont dit : « Nous ne comptions pas que vous nous blâmiez en nous voyant ainsi capturés. Le Prophète leur a dit : « Il ne s’agit pas de blâme ni de moquerie, c’est parce que je trouve que par ces chaînes on vous tire vers le paradis. »
Nous voyons que, même après le Prophète, les troupes musulmanes, pour conquérir les autres territoires, grâce à la formation héritée du Prophète, ne se mettaient pas à massacrer les Nations, ne les forçaient même pour autant pas à accepter la religion. L’objectif principal des troupes islamiques était de combattre les rois et souverains qui enchaînaient les Nations. Quant aux Nations elles-mêmes, elles leur donnaient le choix de se convertir à l’Islam ou maintenir leur religion et payer le « jizya » qui était la capitation ou une sorte d’impôt représentant les frais de la sécurité que le gouvernement islamique allait être censé d’assurer.
F) Lutte contre le racisme et le tribalisme
Tous les historiens avouent que le Prophète rappelait à diverses reprises et à différentes occasions :
«أيّها الناس، كلّكم لآدم، و آدم من تراب. لا فضل لعربي علي عجمي إلّا بالتقوي»[xxv][26]
« Ô hommes ! Vous êtes tous d’Adam et Adam est fait d’argile. Aucun arabe n’a aucune suprématie sur nul non arabe sauf par sa piété.»
Il dit :
«ليدعنّ رجال فخرهم بأقوام؛ إنّما هم فحم من فحم جهنم، او ليكوننّ أهون علي الله من الجعلان الّتي تدفع بأنفه النتن»[xxvi][27]
« Que ceux qui se rivalisent leurs races et leurs origines, arrêtent de le faire. Ceux qui agissent ainsi, chacun d’eux sera en fait un charbon des charbons de l’enfer ou ils seront auprès d’Allah moins précieux que les cafards qui repoussent les saletés par leur nez. »
Le Prophète accueillait Salman al-Fârsi aussi chaleureusement qu’Abu Dar al-Ghafâri, Miqdâd ibn Aswad al Kindi ou Ammâr ibn Yâsir. Parmi ceux-ci Salman avait pu précéder les autres. C’est pourquoi il a obtenu la médaille d’honneur de la « Maison »:
«سلمان منّا أهل البيت»[xxvii][28]
« Salmân est quelqu’un de notre maison »
Le Prophète faisait beaucoup attention à ce que les rivalités tribales et le sectarisme, qui produisaient des réactions auprès des gens, ne se revivifient plus. Au cours de la guerre d’Uhud, un jeune perse donna un coup à un ennemi et dit avec orgueil : « Reçois ceci de moi, garçon persan ». Une fois entendu, le Prophète sentit le danger et lui dit : « Pourquoi tu n’as pas dit « Moi je suis le garçon d’Ansar ?»[xxviii][29] Le Prophète dit ailleurs :
«ألا إنّ العربيّة ليست بأب والد، و لكنّها لسان ناطق، فمن قصر به عمله لم يبلغ به حسبه»[xxix][30]
« Sachez que ce n’est pas la langue arabe qui donne un enfant arabe et noble. » L’arabe n’est qu’une langue avec laquelle on parle. Celui dont les actes ne lui suffisent pas, ni son rang ni ses ascendances ne peuvent lui faire récupérer ses défauts. Allamé Maglisi, le cheikh Kulaini raconte dans son oeuvre ‘Ar-rawdatumin al Kâfi’ : « Un jour Salman al-Fârsi et certains disciples du Prophète s’étaient assis dans la Mosquée. Un propos autour des ascendances a débuté. Chacun prononça certaines idées mais à son tour, Salman al-Fârsi, grâce à l’éducation islamique acquise, au lieu de parler de ses descendances, se présenta ainsi :
« Je m’appelle Salmân, fils d’un serviteur d’Allah, j’étais égaré mais Allah le Sublime m’a guidé grâce à Mohammad, j’étais pauvre, Allah m’a enrichi grâce à Mohammad, j’étais une personne appartenant à un autre, Allah m’a libéré grâce à
Mohammad. Voici ma parenté et ma lignée. Entre temps le Prophète est entré et une fois qu’il appris les détails de la discussion, il dit :
«يا معشر قريش، إنّ حسب الرجل دينه، و مروثته خلقه، و أصله عقله»[xxx][31]
« Ô Qurayshites ! La gloire de chacun est dans sa religion, sa magnanimité est dans sa morale et son origine est sa Nation.... »
Le Prophète leur a fait comprendre de mettre leur honneur par rapport à la religion, la morale et la nation au lieu de le mettre en rapport à des os pourris.
Les enseignements du Prophète contre les rivalités orgueilleuses et racistes ont impressionné les coeurs des musulmans, surtout ceux des non arabes. C’était pourquoi les musulmans (tant arabes que non arabes) prenaient l’Islam comme leur appartenant et ils ne le considéraient pas étranger. C’est pourquoi les injustices des califes omeyyades ou abbassides n’ont pas pu rendre les musulmans non arabes septique envers l’Islam. Tout le monde savait que l’Islam était une chose et les actes des califes autre chose. Les objections des musulmans contre les musulmans étaient à cause de l’administration du califat qui ne suivait pas les ordres de l’Islam dessinés par le Prophète lui-même et maintenu par l’Ahl ul-Bayt qui étaient les gens de la maison, présent parmi les gens pour une durée de deux cent cinquante ans.
16. Le Prophète et la défense des fondements de l’Islam
Un groupe de la tribut de Taqif est venu chez le Prophète pour dire : «Nous sommes prêts pour nous convertir à l’Islam, mais nous avons trois conditions. Nous vous demandons de les accepter :
1. Permets-nous de continuer à adorer nos idoles une année de plus.
2. Permets-nous de nous abstenir de prier car cela nous est difficile. (La prière est fondée sur l’humilité devant Allah et cela était en pleine opposition avec l’orgueil des arabes).
3. Permets que notre grand idole ne soit pas cassé par nous.
Le Prophète a répondu : « J’accepte votre dernière suggestion, mais l’admission des autres conditions est impossible.
Si le Prophète acceptait le renouveau ou la prolongation de l’idolâtrie pour une année de plus, cela voudrait dire la confirmation de l’idolâtrie, même s’ils le demandaient pour une année ou vingt-quatre heures. Il était impossible de l’accepter, même s’ils demandaient de ne pas prier pour une durée de vingt-quatre heures, car le fait de ne pas prier accordé par un Prophète est impossible auprès du Prophète d’Allah.
BIBLIOGRAPHIE
Pour rédiger cet article, les sources suivantes ont été utilisées :
1. SIRA DU PROPHETE
2. REVELATION ET PROPHETIE
3. VINGT PROPOS
4. EPOPEE DE L’IMAM HOSSEIN (P.)
5. CONNAISSANCE DU CORAN
6. FIN DE LA MISSION DIVINE
7. MEMORIAL DES JUSTES
8. A PROPOS DE LA REVOLUTION ISLAMIQUE
9. MARTYR MOTAHARY : OEUVRES COMPLETES
Notes de références
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[1][1]. Ibn Abial-Hadid , Sarh Nahj-ul-Balâqa Tome 15 p.203 , Ibn Hisâm As-Sira Tome 1 p.87.
[xxxi][2]. Le Commandant des Croyants ‘Ali (P.), sur la route de Koufa, entra dans la ville « d’Anbar » dont les habitants étaient iraniens. Ils se mirent à courir devant sa monture. L’Imam leur dit : « Cet acte vous fait du tort ici bas autant que de malheur dans l’au-delà et ne donne aucun intérêt aux gens. » La voie de l’éloquence – mots courtes numéro 37
[xxxii][3]. Al-Mahajjat-ul-Bayza’ – Tome 6 p, 44
[xxxiii][4]. Wassaél-us-Sia – Tome 12 p.16 – Kafi Tome 5 p. 71
[xxxiv][5]. Usul-e-Kafi – Tome 2 p. 260 – Le chapitre “Fazl U-Fuqara-el-muslemin” “Vertu des pauvres musulmans.
[xxxv][6]. Al Imran 159
[xxxvi][7]. Ibid.
[xxxvii][8].Bihâr ul-Anw’ar – Tome 22 p. 107
[xxxviii][9].Bihâr ul-Anw’ar – Tome 22 p.107
[xxxix][10]. Mas’udi Al-Tanbih wa l-Asrâf – P. 245 -246
[xl][11]. Ta baqät ibn Sa’d – Tome 2 p. 10 – 38
[xli][12]. Le Yémen est l’un des territoires ouverts et sans guerre grâce à la méthode sage de l’appel du Prophète de l’Islam.
[xlii][13]. Dans le texte exact de ce hadith, les vertus impératifs sont adressées à deux personnes
[xliii][14]. Bihârul-Anwar – Tome 1 p. 177.
[xliv][15]. Bihârul-Anwar – Tome 1 p, 97 – 99 avec une petite différence.
[xlv][16]. Bihâr ul-Anw’ar – Tome 16 p. 197
[xlvi][17]. La conclusion du pacte de fratérnité est possible même aujourd’hui. La
[xlvii][18]. Mosnad Ahmad ibn Hanbal - P. 560 – Sahih Bukhari – Tome 5 – p. 23.
[xlviii][19]. Baqara 148
[xlix][20]. Avant l’Islam il était l’esclave de Hadiga, Elle l’offrit au Prophète, Celui-ci le libéra.
[l][21]. Il s’agissait d’un plafond qu’on avait installé juste à côté de la Mosquée du Prophète à la Médine pour héberger un certain nombre de musulmans démunis. Ils étaient de bons musulmans, soumis aux ordres du Prophète et prêts à protéger la cause de l’Islam à tout moment. C’était le Prophète et les musulmans qui menaient leur vie.
[li][22]. Kâfi - Tome 5 p. 430 – 431
[lii][23]. Bihär ul-Anw’ar – Tome 22 – p. 118-121
[liii][24]. Sourate Nahl – Verset 125
[liv][25]. Sourate A’raf – Verset 157
[lv][26]. Tuhaf ul Uqul – P. 34 – Sira d’Ibn Hishâm – Tome 2 p. 414.
[lvi][27]. Sunan Abi Dawud – Tome 2 p. 624 – kanz ul-Ummâl de Muttaqi al-Hindi – Tome 1 p. 251
[lvii][28]. Bihâr al Anw’ar – Tome 10 p. 123.
[lviii][29]. Sunan d’Abi Dawud – Tome 2 p. 625
[lix][30]. Bihâr ul Anwâr – Tome 21 p. 137
[lx][31]. Ar-Rawdatu min al-Kâfi – Tome 8 – Hadith 203