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L'Imam Ali Al-Hadi (as)

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L'Imam Ali Al-Hadi (as)

 Nom: Ali

Titre: an-Naqi (Le Pure) et al-Hadi (Le Guide)

Surnom: Abu l-Hassan

Père: Imam Muhammad at-Taqi (A)

Mère: Summana Khatoon (A)

Date de Naissance: 15 Zilhaj 212 A.H. à Madina

Imamat: de 220 A.H. à 254 A.H. (34 années)

Martyr: 3 Rajab 254 A.H.

Enterré : Samarra, Iraq.

La période de l'imamat de notre 10ème Imam (p) correspond à l'époque du déclin de l'empire abbasside.
Sous la menace des turques, la capitale de l'empire est transférée de Bagdad à Samarra. Il avait tout juste six ans lorsque son père, Imam Muhammad Taqi (p) mourut en martyr à Bagdad, empoisonné sur ordre de Mu'tasim Billah Abbasi. L'Imam (p) vécut à Médine durant les huit ans restant du règne de Mu'tasim et cinq ans du règne de Wathiq Billah. Lorsque Mutwakkil devint calife en 236 AH (847 AD), notre Imam (p) fût contraint à se rendre à Baghdad, la capitale abbasside.

Ce calife a été le plus cruel et le plus farouche ennemi des Ahlulbayt (p) : il tenta de détruire le mausolée de Imam Al Hussayn (p) en faisant dévier le cours de la rivière Euphrate. Mais les eaux de la rivière passèrent de chaque côté du sanctuaire épargnant le tombeau, malgré le fait que les terres environnantes se trouvaient à une altitude plus importante. Face à cet échec, il ordonna que toute la zone soit transformée en terre cultivable mais les chevaux refusèrent de faire passer les charrues au dessus du tombeau : voyant cela il prit conscience de sa folie et laissa cette terre sacrée comme elle était mais toute sa vie, il prohiba le pèlerinage à Karbala. L'histoire raconte que les pèlerins se rendaient malgré tout sur la tombe de Sayyidush Shohada (le maitre des martyres, l'imam Al-Hussain) au péril de leur vie : beaucoup trouvèrent la mort sur le chemin du sanctuaire mais rien n'entama pour autant l'enthousiasme et l'envie de faire la visite pieuse d’Imam Al Hussayn (p).  

Durant le règne de Mutawakkil, notre 10ème Imam (p) fut présenté au calife, amené depuis Médine à Baghdad. Yakubi écrit dans ses récits qu'une fois, les soldats trouvèrent notre Imam (p) en prière et ils l'emmenèrent dans cet état devant le calife. Mutawakkil s'adonnait à ses parties de beuverie et de jeux nocturnes et il demanda au saint homme (p) de se joindre à lui. Imam (p) déclina cette invitation répondant: "une liqueur semblable ne se mélangera jamais avec ma chair et mon sang".

Le calife ivre demanda à l'Imam (p) de dire des poèmes. Ce dernier (p) répondit que ce n'était pas dans ses habitudes de s'adonner à ce genre d'activité. Devant l'insistance du Calife, l'Imam (p) récita les lignes suivantes (Ibn khalikan relata l'histoire mot pour mot). "Protégés par de vaillants guerriers ils passèrent la nuit au sommet de leurs montagnes mais ne les ont pas protégés. Abandonnant tous leurs pouvoirs et fastes,
ils eurent à descendre de leurs forteresses dorées pour rejoindre leurs tombes. Quelle récompense épouvantable ! Leurs tombes les avaient à peine accueillis qu'une voie s'exclama: "où sont les trônes, les couronnes et les robes d'état? Où sont à présent les visages des courtisanes, recouvertes par des voiles et cachées par des rideaux ? A tout cela, cette tombe est la réponse. Les vers festoient à présent sur ces visages. Ces hommes n'ont que trop bu et mangé mais désormais, ils sont dévorés par les vers en retour." Beaucoup pleurèrent en écoutant ces mots. Le calife décida alors de mettre Imam (p) en résidence surveillée.

Mutawakkil va finalement mourir en 250 AH et son fils Muntazir va le succéder pour un règne de six mois. A sa mort Mustae'en monta sur le trône mais très vite, Mu'ta'z Billah va le succéder. Pendant ces périodes, notre  Imam (p) sera tantôt à Médine, ou appelé par les califes à Samarra, où il passa ses derniers jours en résidence surveillée.

Le calife Mu'tazim était préoccupé par la guerre contre les byzantins et par les troubles générés par les abbassides à Baghdad. Il ne fût pas hostile à Imam (p) qui vaquait pacifiquement à ses responsabilités. A sa mort, son successeur Wathiq Billah traita relativement justement l'Imam (p). Mais lorsque son frère Mutawakkil ibn Mu'tazim accéda au califat, une période de persécution importante débuta contre l'Imam (p) et les membres de sa famille. Il surpassa ses prédécesseurs dans son animosité à l'encontre des Ahlulbayt (p).

A Médine, Imam (p) oeuvrait à transmettre son savoir et d'éduquer la population. Il attirait une foule importante des provinces où les partisans des Ahlulbayt (p) étaient forts, principalement depuis l'Irak, la Perse et l'Egypte. Durant les huit ans de califat de Mu'tazim puis celui de Wathik, rien ne laisse penser que Imam Ali Ibn Mohammad (p) ait pu subir des violences.

Bien que la personne de notre Imam (p) ne fût pas directement menacée par ces tyrans, Ils avaient malgré tout des suspicions quant à ses activités. Masudi raconte qu'un jour, Imam (p) fut appelé par Mutawakkil mécontent des méthodes d’enseignement à Médine. Il lui demanda: "Qu'est ce qu'un descendant de votre père a à dire concernant Al-Abbas ibn Abdul Muttalib?" Imam (p) répondit: "Qu'est ce qu'un descendant de mon père pourrait dire d'un homme dont les fils ont souhaité l'obéissance de son peuple et qui attendait de ses fils une obéissance à Dieu ?" Le calife satisfait de la réponse, laissa l'Imam (p) partir.

Masudi évoque un incident similaire que Ibn Khalikan a consigné dans sa description de notre Imam (p): des informations secrètes furent transmises au calife prétendant que notre Imam (p) serait en possession d'armes, de livres et autres objets pour ses partisans, dissimulés dans sa maison. Ces informations fallacieuses l'amenèrent à penser que Imam (p) avaient des vues sur l'empire. Mutawakkil envoya sa garde turque pour prendre notre Imam (p) en flagrant délit à un moment où il pouvait s'y attendre le moins.

Ils le trouvèrent seul dans sa chambre, vêtu d’une haire, la tête recouverte d’un manteau de laine et le visage en direction de la Mecque. Il était en train de réciter des Versets du Qur'an parlant des promesses et des mises en garde d'Allah : il n’y avait que le sable et le gravas entre lui et le sol. Il fût emmené dans cet état, dans la nuit profonde.

Lorsque le calife demanda aux soldats si des armes avaient été trouvées, leur réponse négative mit le calife dans l'embarras face à cette méprise. Il laissa donc Imam (p) partir. Durant son Imamat, Imam Ali Al-Naqi (p) était devenu extrêmement connu à travers le monde islamique et ceux qui appréciaient l’enseignement des Ahlulbayt (p) restaient dans son giron.

Dans la quatrième année du règne de Mutawakkil le gouverneur, à Médine se mit à harceler notre Imam (p): il envoya des rapports hostiles à Baghdad stipulant que Imam (p) était en train de rassembler un grand nombre de partisans qui pourraient présenter une menace. Conscient de cela, Imam (p) décida d'écrire au calife pour expliquer la haine du gouverneur à son égard.

Mutawakkil limogea le gouverneur de Médine en guise de geste politique mais en même temps, il envoya un régiment sous le commandement de Yahya Ibn Harthama pour demander à Imam (p) de quitter « temporairement » Médine pour aller s’installer à Baghdad. Cette invitation était ni plus ni moins que son bannissement de sa ville ancestrale. Mais refuser cette injonction était impossible à envisager et donc, notre Imam (p) dût se résoudre à partir de force.

Quitter cette ville sacrée fût un déchirement pour lui comme ce fût le cas pour ses illustres prédécesseurs: Imam al-Hussayn (p) en 60 AH, Imam Musa ibn Ja'afar (p) en 170 AH, Imam Ali Al-Reza (p) en 200 AH et même son père Muhammad Taqi (p) en 220 AH. C’est un tourment vécu par tous nos Imams (p), un tourment devenu un héritage…La lettre respectueuse de Mutawakkil n’était qu’un artifice face au détachement militaire envoyé pour escorter Imam (p). Lorsqu’il fût informé de l'arrivée de notre Imam (p) à Samarra, au lieu de l’installer de manière décente en rapport avec son rang, Imam (p) fût contraint de se loger parmi les mendiants dans les bas quartiers de la ville.

Mutawakkil a ainsi tenté d'humilier notre Imam (p) mais le descendant du Prophète (pslf) trouva ainsi l’opportunité de prendre soin de ces pauvres et de ces déshérités: l'obtention d'une vie luxurieuse n'a jamais été la finalité de nos Ahlulbayt (p). Le calife confia à son secrétaire Razaqi la captivité notre Imam (p), l'empêchant d'avoir tout contact avec les autres.

Il fût constaté durant la captivité de notre Imam Musa ibn Ja'afar (p) que sa haute qualité morale avait adoucie les cœurs des gardes cruels qui le surveillaient et il en fût de même avec Razaqi: impressionné par la grandeur de Imam Ali Al-naqi (p), il commença à s'assurer de son confort.

Cela n’échappa pas à Mutawakkil qui transféra Imam (p) à la prison de Sa'id, un homme cruel et dur qui sera le geôlier de Imam (p) durant douze ans. Aucune privation et aucune épreuve n’entama notre Imam (p) qui se consacrait au Ibadah, priant la nuit et jeûnant le jour. Même confiné entre quatre murs à Samarra, sa renommée se propagea à travers les provinces de l'Iraq.

Fadhl ibn Khaqan était un partisan des Ahlulbayt (p) qui avait réussi grâce à son intelligence et à son habilité, à se faire nommer au poste de ministre dans le cabinet de Mutawakkil. Sur ses conseils, le calife accepta de mettre fin à l’emprisonnement de notre Imam (p) et de le mettre plutôt en résidence surveillée. Le calife accepta et accorda une parcelle pour y bâtir une demeure. Sa'id gardait un œil sur les activités de Imam (p). Sa demeure fut souvent l'objet de perquisitions infructueuses.

Durant cette période, Imam (p) fit preuve d'une foi exemplaire, ignorant les biens de ce bas monde : malgré cette assignation, il n'a jamais protesté ou demandé de faveur au calife, menant une vie d'ascète comme durant ses années d'emprisonnement. Le tyran changea son comportement mais notre saint Imam (p) resta toujours le même. Malgré ces circonstances, il ne put vivre en paix: ceux qui suivaient ses enseignements ne pouvaient l'approcher afin de bénéficier du savoir véritable de l'Islam. Mutawakkil savait qu’il ne réussirait pas à briser Imam (p).

Il continua donc à persécuter les partisans de notre Guide (p). Un évènement va affliger Imam (p) : Ibn as-Sakkit de Baghdad, connu pour ses connaissances en grammaire et en lexicographie, était le précepteur des fils de Muwakkil. Un jour le calife l'interrogea: "est ce que mes deux fils sont plus respectables que Al-Hassan et Al-Hussayn?" Ibn Sakkit, sincère partisan des Ahlulbayt (p) ne put se contenir et très simplement il répondit: "Ne parlons pas de Al-Hassan et Al-Hussayn (p), Qanbar, l'esclave de l'Imam Ali (p), était plus respectable que tes fils." Entendant ces mots il ordonna que la langue de Ibn Sakkit fût coupée.

L'un des plus grand artiste de l'époque et ce véritable partisan de notre Imam (p) en mourut. Imam (p) en ressentit une profonde douleur. La cruauté de Mutawakkil créa un climat de haine à son égard et ses propres enfants commencèrent à nourrir ce sentiment. L’un d’eux, Al-Muntazir, décida, avec son esclave Al-Rumi, d’assassiner son père : la mort du tyran et le califat de Al-Munazir furent proclamés. Après sa prise de fonction, il révoqua les ordres injustes de son père.

Les zyarats du mausolée de Najaf et de Karbala furent à nouveau autorisés sans aucune restriction et les tombes firent l’objet de réparations de fortune. La conduite du calife à l’égard de l’Imam Ali Al-Naqi (p) fût équitable. Mais ce règne ne dura que six mois avant de mourir. Après lui, Musta’een ne fut pas hostile à Imam (p).

Imam Ali Al-Naqi (p) demeura à Samarra et ne retourna pas à Médine. Comme le régime n’interférait pas dans ses activités, il attira autour de lui un grand nombre d’étudiant avide du savoir des Ahlulbayt (p). Cette situation alarma Mu’taz à un tel point qu’il décida de mettre fin à la vie sacrée de notre Imam (p). Avec l’aide de quelques courtisans, il fit mettre du poison dans la nourriture de notre Imam (p). Il (p) mourut peu de temps après son ingestion.

La qualité morale notre Imam (p) est typique de celle des membres de cette maison sacrée. Même emprisonné, en confinement ou en liberté, ces âmes sacrées ont toujours voué leur existence à l’adoration d’Allah et à la défense de cette religion. La vie de notre Imam (p) fût à l’image de ces qualités.

Durant son emprisonnement, il (p) avait fait creuser une tombe près de l’endroit où il avait l’habitude de prier. Certains des visiteurs en furent surpris et Imam (p) leur expliqua : « afin de ne pas oublier ma mort, j’ai placé cette tombe devant mes yeux ». Imam Ali Ibn Mohammad (p) mourut empoisonné à Samarra et fut inhumé dans cette maison qui fût aussi sa prison…

Le dogme du déterminisme et du libre arbitre et la réponse de l'imam Al Hadi

L’Imâm al-Hâdî (p) a fait face à beaucoup de problèmes intellectuels qui s’étaient imposés sur la mentalité musulmane et qui l’avaient fait dévier loin du droit chemin. A son époque a sévi le problème de ceux qui prônaient le déterminisme, un dogme selon lequel Dieu aurait déterminé les actions des hommes et que ceux-ci ne sont pas libres d’obéir ou de désobéir car, selon les tenants de ce dogme, l’obéissance et la désobéissance sont déterminées par Dieu.

Il y avait aussi le dogme du libre arbitre selon lequel Dieu, le Très-Haut, aurait mandaté Ses créatures de gérer le monde après les avoir créées et s’être isolé loin d’eux, ou qu’Il aurait mandaté certaines de Ses créatures, dans le sens où Dieu aurait créé les hommes et qu’Il a laissé aux prophètes, par exemple, le soin de gérer les affaires du monde. Selon ce dogme, Dieu n’intervient pas dans les affaires des hommes, mais Il les soumet à Sa puissance, à Sa prééminence et à Ses décrets de sorte à ce qu’ils ne s’écartent pas de Son pouvoir.

Les tenants de ces deux dogmes vivaient, de toute apparence, en dehors de Médine, puisque l’Imâm al-Hâdî (p) leur a envoyé une lettre où il a expliqué ce dont il s’agissait vraiment en leur prouvant au moyen de preuves rationnelles et de transmission la fausseté, à la fois, des deux dogmes du déterminisme et du libre arbitre. Il les a appelés à être droits en suivant la ligne de Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire. Il a fait face également aux extrémistes qui avaient tenté de faire circuler leurs mythes à travers la mentalité publique, surtout que beaucoup de mentalités en présence dans la société sont du genre simple et naïf qui, partout et de tout temps, acceptent tout.

L’Imâm al-Hâdî (p) dit dans cette lettre : « De la part de ‘Alî Ibn Muhammad, que la paix de Dieu, Sa miséricorde et Ses bénédictions soient sur vous et sur ceux qu suivent la guidance. J’ai reçu votre missive et compris ce que vous dites au sujet de votre désaccord en ce qui concerne votre religion. J’ai appris que vous polémiquez au sujet de la prédestination et au sujet de ceux qui, parmi vous, prônent le déterminisme ou le libre arbitre. J’ai appris que vous vous êtes divisés et opposés et que l’animosité est apparue parmi vous. Vous m’avez demandé de vous éclairer sur ces questions et j’ai appris ce que vous me demandez…

Pour ce qui est du déterminisme qui réduit à l’erreur celui qui le prône, il consiste dans la prétention selon laquelle Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire, oblige les créatures de désobéir et les punit s’ils désobéissent. Ceux qui prônent ce dogme sont injustes envers Dieu. Et ils contredisent Dieu qui dit : ((Ton Seigneur n’est injuste envers personne)) (Coran XVIII, 49),  qui dit : ((Cela par ce qu’auront avancé tes mains, car Dieu n’est pas injuste envers les serviteurs)) (Coran XXII, 10) et qui dit : ((Dieu n’est nullement inique envers les hommes. C’est à leur propre encontre que les hommes le sont)) (Coran X, 44). Beaucoup d’autres Versets vont dans le même sens. Celui qui prétend qu’il est obligé de commettre des péchés ne fait que faire porter à Dieu la responsabilité de ses fautes et, le faisant, il devient injuste envers Dieu ; celui qui est injuste envers Dieu est injuste envers Son Livre, et celui qui est injuste envers le Livre de Dieu est mécréant du commun accord de la Nation. Quant au libre arbitre que rejette l’Imâm as-Sâdiq (p) et dont les tenants sont considérés par lui comme étant dans l’erreur, il est celui qui s’exprime dans la thèse qui dit que Dieu aurait donné aux serviteurs la liberté de choisir Ses directives mais qu’Il les abandonnés par la suite. Cette thèse est riches de notions si l’on cherche à bien la discuter, et les Imâms de la Famille dirigée (p) ont dit autre chose. Ils ont dit que si Dieu avait donné aux serviteurs la liberté dans le sens de l’abandon, il Lui incombe d’accepter ce qu’ils auraient choisi et de les en récompenser, mais aussi de ne pas les châtier pour leurs méfaits. Celui donc qui prétend que Dieu, le Très-Haut, donne aux serviteurs le mandat de Ses directives, affirme qu’Il est impuissant et l’accule à accepter tout ce qu’ils font en matière de bien ou de mal annulant, du même coup, Ses directives et Ses promesses du fait qu’ils prétendent qu’ils sont mandatés par Lui, car celui qui est mandaté agit selon sa propre volonté : Il ne lui est pas interdit de choisir la foi ou la mécréance. Celui qui adopte le libre arbitre ainsi compris, annule tout ce que nous venons de dire en matière de directives et de promesses divines et c’est lui qui est désigné par le Verset qui dit : ((Ne croiriez-vous qu’à une portion de l’écrit, en en déniant le reste ? Ceux d’entre vous qui commettent cela n’auront pour récompense que la tribulation dans la vie d’ici-bas et d’être au Jour de la Résurrection renvoyé au tourment le plus sévère ; Dieu n’est pas inattentif à ce que vous commettez)) (Coran II, 85), Il est tellement plus haut que ce que disent ceux qui adoptent la thèse du libre arbitre.

Nous disons plutôt que Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire, a créé la créature par son pouvoir et lui a donné le pouvoir de Lui rendre culte par Son pouvoir. Il lui a donné Ses directives comme Il le veut et Il accepte le fait qu’elle en consent. Il lui a déconseillé de Lui désobéir tout en lui promettant la punition, c’est Lui qui choisit ce qu’Il veut, Il récompense et punit comme Il le veut ceux qui Lui obéissent ou désobéissent, car Il est parfaitement juste, équitable et sage. Ses preuves sont absolument évidentes lorsqu’Il avertit, c’est Lui qui élit celui qu’Il veut parmi Ses serviteurs afin de transmettre Son Message et de présenter Ses preuves à Ses serviteurs. Il a choisi Muhammad (P) et l’a envoyé pour porter Ses Messages à Ses créatures ».

L’Imâm al-Hâdî (p) face au pouvoir politique injuste des Abbassides

Nous constatons aussi que, craignant les Gens de la Maison (p), le pouvoir ne pouvait cependant pas nier leurs mérites, leur haut rang et leur sainteté. Nombreux sont les exemples qui le prouvent :

Le premier exemple : Les historiographes disent que al-Mutawakkil était atteint d’un abcès dont il a faillit mourir. Mais personne n’osait le lui crever avec un couteau. Sa mère a fait le vœu de donner à Abû al-Hassan, ‘Alî Ibn Muhammad al-Hâdî, une grande somme d’argent si son fils en arrivait à se rétablir. Après ce vœu, al-Mutawakkil se rétablit et la nouvelle fut annoncée à sa mère qui a envoyé à Abû al-Hassan (p) toute sellée une somme de dix mille dinars. Quelques jours plus tard, al-Bathânî, qui était un laquais du pouvoir, a calomnié Abû al-Hassan (p) l’accusant à tort de cacher des armes et de l’argent. Sur-ce, al-Mutawakkil ordonne Sa’îd, l’un de ses officiers, de faire une descente pendant la nuit chez Abû al-Hassan (p) et de lui apporter ce qu’il trouverait chez lui en fait d’armes et d’argent. A ce propos, Ibrâhîm Ibn Muhammad, qui le rapporte de Sa’îd, l’officier, dit : Arrivé en plein nuit chez Abû al-Hassan (p), j’ai utilisé une échelle pour monter sur les toits. Mais l’obscurité m’a empêché de savoir comment me diriger. Tout à coup Abû al-Hassan (p) m’a interpellé et m’a demandé de rester là où j’étais et m’a dit qu’on va m’apporter une bougie. On n’a pas tardé de me l’apporter et, descendant, je l’ai vu habillé d’une cape en laine et d’un bonnet en laine, et il était debout face à la Qibla (en direction de la Mecque) sur son tapis de prière étendu sur une natte. Il m’a dit : ‘Va inspecter les pièces’. J’y suis entré et j’ai inspecté, mais je n’ai rien trouvé en dehors de la bourse scellée du sceaux de la mère de al-Mutawakkil posée à côté d’un sac lui aussi scellé. Abû al-Hassan (p) m’a dit alors : ‘Inspecte l’endroit de la prière’. Je l’ai inspecté et j’ai trouvé une épée dans son fourreau. J’ai tout apporté à al-Mutawakkil qui, voyant le sceau de sa mère sur la bourse, a envoyé la chercher. Un serviteur de l’intérieur du palais m’a appris qu’elle était venue et, interrogée par lui au sujet de la bourse, elle l’a mis au courant du vœu qu’elle avait fait lors de sa maladie et qu’elle lui a offert cette bourse qui était toujours scellée. Il a ouvert l’autre sac et y a trouvé quatre cent dinars. Alors, il a ajouté à la bourse une autre bourse et m’a ordonné d’aller les porter à Abû al-Hassan avec l’épée fourré. J’y suis allé et lui est dit avec embarras : ‘ Ô mon maître ! Je regrette de m’être introduit dans ta maison sans ton autorisation. Mais j’avais l’ordre de le faire’. Il m’a répondu : ((Pour ceux qui commettent l’iniquité, ils sauront bientôt quel destin sera le leur)) (Coran XXVI, 227) ».

Ainsi, nous remarquons que, dans toute la société islamique, la Mère de al-Mutawakkil, n’ait pu trouver quelqu’un se rapprocher grâce à lui de Dieu afin d’intercéder auprès de Lui autre que l’Imâm al-Hâdî (p). Cela nous prouve que sa sainteté était vivante dans les consciences des Musulmans et même à l’intérieur de la famille califale opposée à la ligne des Imâms (p). Ce récit nous renseigne aussi sur la vie de l’Imâm al-Hâdî (p) telle qu’elle se présentait à l’intérieur de sa maison : Habillement dur, modestie devant Dieu sur son tapis de prière, bibliothèque remplie de recueils du Coran et de livres de science.                 

Le deuxième exemple : Yahyâ Ibn Harthama, la personne que al-Mutawakkil avait dépêchée à Médine pour conduire l’Imâm (p) à Sâmurrâ’, a dit : « Je suis donc allé à Médine. Y entrant, ses habitants ont fait un vacarme inouï tellement ils craignaient pour sa vie. Tout les gens  étaient dehors et complètement abasourdis, car l’Imâm al-Hâdî (p) était un homme charitable. Il ne quittait pas la mosquée et ne manifestait aucun penchant pour la vie de ce bas monde. Je me suis donc mis en devoir de les calmer. Je leur ai juré que je n’ai pas l’ordre de lui nuire et qu’il n’a rien à craindre. Puis j’ai inspecté sa maison et n’ai rien trouvé que des recueils du Coran, des copies d’invocations et des livres de science. Alors j’étais pris envers lui d’un sentiment d’estime et, l’accompagnant avec bonté, je me suis mis personnellement à le servir ».

Le troisième exemple : Le Même Yahyâ raconte ce qui suit : « Arrivé à Bagdad, j’ai commencé par consulter Ishâq Ibn Ibrâhîm at-Tâhirî qui était le gouverneur de la ville. Il m’a dit : ‘Cet homme est un descendant du Messager de Dieu (P) et tu connais bien al-Mutawakkil. Si tu le dresses contre lui, il le tueras et tu seras l’adversaire du Messager de Dieu au Jour du Jugement’. Je lui ai répondu que je l’ai traité très convenablement. Après quoi, je me suis rendu à Sâmurrâ’ où j’ai commencé par m’entretenir avec Wassîf, le Turc, qui était un grand fonctionnaire au service de al-Mutawakkil, et je l’ai informé de l’arrivée de Abû al-Hassan. Il m’a dit : ‘S’il perd ne serait-ce qu’un cheveu tu en seras le seul responsable’. J’étais étonné de ses propos conformes à ceux de Ishâq. Arrivée, enfin chez al-Mutawakkil, il m’a interrogé à son sujet et je lui ai dit qu’il était un homme de bien, droit, pieux et ascète et comment j’ai fouillé chez lui pour ne rien trouver en dehors des recueils du Coran et des livres de science. Je lui ai dit aussi comment les habitants de Médine avaient peur pour lui. Al-Mutawakkil l’a bien traité, lui a offert beaucoup de présents et lui a donné domicile avec lui à Sâmurrâ’.

Nous pouvons nous constituer une idée de la vénération que les gens vouaient à Abû al-Hassan (p) à travers un récit rapporté par Muhammad Ibn al-Hassan Ibn al-Ashtar al-‘Alawî qui a dit : « Tout jeune, je me trouvais avec mon père devant la porte de al-Mutawakkil avec une foule de gens dont des Talibides, des Abbassides, des soldats et autres. Les gens avaient l’habitude de descendre de leurs montures chaque fois que Abû al-Hassan arrivait et de le rester jusqu’à ce qu’il entrait. Les gens se sont dit les uns aux autres : ‘Pourquoi mettons-nous pied à terre par respect à ce garçon alors qu’il n’est pas le plus noble, le plus âgé, le plus puissant ou le plus versé dans la science parmi nous ?’. Les Gens ont fini donc de ne plus descendre de leurs montures . Alors Abû Hâshim al-Ja’farî leur a dit : ‘Par Dieu ! Vous ne ferez que descendre de vos montures dès que vous le verrez’. Abû al-Hassan (p) n’a pas tardé de se présenter et voilà que toute l’assistance met pied à terre. Abû Hâshim leur a rappelé ce qu’ils venaient de dire et ils ont répondu qu’en le voyant, ils l’ont fait malgré eux.

Ces faits prouvent que la grandeur de l’Imâm (p), sa majesté et sa sainteté étaient reconnues non seulement par ses partisans mais aussi par ses ennemis, ses adversaires qui le traitaient injustement. Cela n’est pas le lot de tout le monde. Il est l’apanage seulement de ceux qui s’ouvrent à Dieu, de ceux dont Dieu implante l’amour dans les cœurs, de ceux qui mettent leurs potentialités au service des gens et qui sont respectés par les gens en réponse à leurs services et à la science qu’ils leur prodiguaient, science dont les savants eux-mêmes en avaient besoin.

Les Imâms vivaient avec le peuple, sur le terrain. Aucun d’entre eux ne vivait dans une tour d’argent. Pour cette raison, ils étaient craints par les califes qui ne possédaient point une telle popularité. Les califes ne voulaient voir aucune grande personnalité islamique jouir d’une telle confiance bien enracinée dans la réalité musulmane, surtout lorsque le peuple croit à l’Imâmat de ces personnalités, car cela constitue un danger qui menace leur pouvoir.

C’est pour cette raison que nous remarquons, lorsque nous étudions l’histoire des Imâms (p), qu’ils étaient de toute part entourés d’espions qui rapportaient des renseignements vrais ou faux, et que les gouverneurs étaient tyranniques dans leurs conduites envers eux. Ils emprisonnaient un Imâm par-ci, assignaient un autre à résidence par-là, ou obligeaient un troisième de quitter son domicile pour venir vivre près d’eux afin de pouvoir toujours contrôler ses faits et gestes. Mais toutes ces mesures n’ont pas empêchés leurs partisans, les Chiites, de les contacter, de participer avec eux à la direction des affaires et de profiter de leurs sciences et de leurs enseignements, et ce en dépit de toutes les difficultés. Cela n’a non plus empêché les Imâms (p) d’être actifs dans la société et d’acquérir la confiance du peuple. 

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