La tristesse de Fâtimah (P) à la mort du Messager de Dieu (Pslf)
Quand le Messager de Dieu (Pslf) rendit l’âme, tout le monde, jeunes et vieux, furent accablés. Et parmi les habitants de la terre, les compagnons, les proches et les bien-aimés, il n’y avait pas de gens plus tristes que Hazrat Fâtimah az-Zahrâ’ (P).
Sa tristesse et ses pleurs se renouvelaient et s’intensifiaient jour après jour. Pendant sept jours, ses gémissements ne s’apaisaient pas, ni son mal de l’absence [de son père (Pslf) ] ne se calma. Au huitième jour, elle perdit patience quand elle sortit [pour aller sur la tombede son père (Pslf) ] et se mit à crier.
C’était comme si elle parlait de la bouche du Messager de Dieu (Pslf) . Les femmes accoururent, les enfants sortirent et les gens firent un vacarme avec leurs pleurs et leurs lamentations.
Elle (P) appelait son père et se lamentait :
« O mon père ! O pur ! O Mohammed ! O père de Qâsim ! O Printemps des veuves, des orphelins ! Qui pour la qiblah et les lieux de prière ? Qui pour ta fille férue d’amour qui a perdu son père. »
Elle (P) trébucha dans les longs pans de son manteau, ne voyant rien à cause de ses sanglots et de l’abondance de ses larmes, jusqu’à arriver à la tombe de son père Mohammed (Pslf) . A sa vue, elle perdit connaissance.
Quand elle (P) revint à elle, elle se leva et dit : « Ma force a été retirée, ma peau m’a trahie, mes ennemis se sont réjouis de mon malheur, la tristesse m’a tuée ! O mon père ! Je suis restée férue d’amour, seule, éperdue, isolée. Ma voix s’est brisée, mon dos s’est cassé, ma vie est devenue amère et mon temps est devenu une affliction. Après toi, ô mon père, je ne trouve pas de compagnon dans ma solitude, de consolateur pour mes larmes, ni de réconfortant pour ma faiblesse. Après toi, ont disparu la révélation claire, la descente de Gabriel et le lieu de descente de Mîkâ’îl. Après toi, ô mon père, les causes se sont retournées et les portes se sont fermées sans moi. Car après toi je déteste ce monde, et mon souffle ne s’arrête pas de te pleurer, mon envie de te [voir] ne s’épuise pas ni ma tristesse à ton sujet. »
Puis elle appela : « O mon père ! O mon père ! O mon père ! Par toi, ce monde s’est coupé de ses lumières, et sa beauté lumineuse s’est retirée. [Ce monde] était fleurissant par ta splendeur, son jour est devenu noir et ses ténèbres se mirent à parler de [choses] humides et sèches. O mon père ! Je serai toujours chagrinée par toi [ton absence] jusqu’aux retrouvailles. O mon père ! Mon sommeil a disparu depuis le moment où s’est réalisée la séparation. O mon père ! Qui pour les veuves et les indigents ?
Qui pour la nation jusqu’au Jour du Jugement ? O mon père, après toi nous devînmes des déshérités ! O mon père, les gens apparurent éloignés de nous, alors que nous étions magnifiés auprès d’eux, non pas déshérités ! Quelle larme pour ta disparition ne fut pas versée ! Quelle tristesse après toi à ton encontre ne te rejoint pas ! Quelle paupière, après toi [ta disparition], devint noire par le sommeil ! Tu es le Printemps de la Religion, la Lumière des Prophètes ! Alors comment, après toi, les montagnes ne se sontelles pas déplacées ?!
Les mers ne se sont-elles pas enfoncées ?! La terre ne s’est-elle pas mise à trembler ?! J’ai été touchée par une calamité grandiose et le malheur n’était pas minime ! J’ai été frappée, ô mon père, par un désastre immense et une adversité redoutable ! Les géants t’ont pleuré et les astres se sont arrêtés. Ta tribune après toi est isolée/abandonnée et ton Mihrâb est vide de tes entretiens intimes, ta tombe est heureuse de tes reliquats, le paradiste désire ainsi que tes invocations et tes prières. O mon père,comme est grandiose l’obscurité de tes assemblées ! Combien tu me manques jusqu’au moment où je te rejoindrai rapidement.(…) »
(Extrait du témoignage de Fuddat, la servante de Fâtimah (P) cité in Bihâr al-Anwâr vol.43 p175-180)