Les Derniers Jours du Prophète Mohamad (P)
Le Pèlerinage d'Adieu du Prophète et Le Sermon de Ghadîr Khum
La période du Pèlerinage annuel s'approchait, le Prophète commença à faire les préparatifs en vue de son Pèlerinage à la Mecque. IL invita tous les musulmans à se joindre à lui afin qu'ils se familiarisent avec l'accomplissement correct des différents rites ayant trait aux cérémonies sacrées. Depuis son émigration à Médine, ce serait le premier et le dernier Hajj (Pèlerinage à la Mecque) du Prophète. Cinq jours avant le début du mois de Thilhejja, le mois du Pèlerinage, le Prophète se dirigea vers la Mecque, suivi de plus de cent mille pèlerins. Toutes ses femmes, ainsi que sa fille bien-aimée, Fatima (P) l'accompagnèrent.
Le Prophète (P) arriva à la Mecque le 4 Thilhaj de l'an 10 A.H. Etant donné que les différentes cérémonies devaient constituer des modèles à suivre dans l'avenir, le Prophète (P) observa rigoureusement chaque rite, soit conformément aux Révélations faites à cet égard, soit selon l'usage patriarcal. A la clôture du Pèlerinage, le Prophète forma le Calendrier, abolissant l'intercalation trisannuelle et faisant l'année purement lunaire, consistant en douze mois lunaires, ce qui permit de fixer le mois du Pèlerinage selon les saisons changeants de l'année lunaire.
Faisant ses adieux à sa ville natale, le Prophète quitta la Mecque pour Médine le 14 Thilhaj. Sur la route, le 18 Thilhaj, il ordonna qu'on fasse halte à Ghadîr Khum, une région aride aux abords de la vallée de Johfa, à trois étapes de Médine, après avoir reçu la révélation suivante:
Ô Prophète ! Fais connaître ce qui t'a été révélé par ton Seigneur. Si tu ne le fais pas, tu n'auras pas fait connaître Son Message. Dieu te protégera contre les hommes; Dieu ne dirige pas un peuple incrédule
Sourate al-Mâ'idah, verset 67
Aussi fit-il halte sur le lieu même où il reçut le rappel. Le terrain étant déblayé, une chaire fut formée de selles de chevaux, et Bilâl, le Muezzin, s'écria à haute voix : Hayya `Alâ Khayr-il-`Amal (Ô gens, accourez à la meilleure des actions). Et une fois les gens rassemblés autour de la chaire, le Prophète se leva prenant à sa droite l'Imam Ali (P). Le Prophète loua tout d'abord Dieu, puis s'adressant à la foule, il dit :
"Vous croyez qu'il n'y a de dieu que Allah, que Mohammad est Son Messager et Son Prophète, que le Paradis et l'Enfer sont des vérités, que la mort et la Résurrection sont certaines, n'est-ce pas ?"
Ils répondirent tous "Oui, nous le croyons".
Il les informa alors qu'il serait bientôt décedé, rappelé par son Seigneur, puis il prononça cette adjuration : "Je vous laisse deux grands préceptes dont chacun dépasse l'autre par sa grandeur : ce sont le Saint Coran et ma sainte progéniture (dont les membres inéchangeables sont : `Ali, Fatima, Hassan et Husein). Prenez garde dans votre conduite envers eux après ma mort. Ils ne se sépareront pas l'un de l'autre jusqu'à ce qu'Ils reviennent auprès de moi, au Ciel, à la Fontaine d'Al-Kawthar".
Et d'ajouter :
"Dieu est mon Gardien et je suis le gardien de tous les croyants".
Ce disant, il prit la main de Ali, et la levant haut, il s'écria :
"Celui dont je suis le maître, Ali est aussi son maître. Que Dieu soutienne ceux qui viennent en aide à Ali et qu'IL soit l'ennemi de ceux qui deviennent les ennemis de Ali ".
Ayant répété cette proclamation trois fois, il descendit de la plate-forme dressée et fit asseoir Ali (P) dans sa tente où les gens vinrent le féliciter. Après les hommes, toutes les femmes du Prophète ainsi que les autres dames vinrent féliciter Ali (P). A la fin de cette cérémonie, le célèbre verset suivant du Coran fut révélé au Prophète :
Aujourd'hui, j'ai perfectionné votre religion et j'ai parachevé Ma grâce sur vous; j'agrée l'Islam comme étant votre Religion
Sourate a1-Mâ'idah, verset 3
Le prophète se prosterna en signe de gratitude.
La Dernière Maladie du Prophète
La maladie du Prophète s'aggravât de jour en jour, elle ne le confina toutefois pas totalement à la maison. Il maintint l'habitude d'aller chaque jour à la Mosquée par la porte de son appartement donnant sur sa cour, pour diriger la prière.
Un jour, toujours après la prière, il dit à l'assemblée :
"Le Seigneur a donné à Son serviteur le choix de continuer dans cette vie, alors qu'elle est pour lui ténèbres. Quant à moi, j'ai choisi l'autre vie. Tous les autres Prophètes moururent avant moi. Vous ne devriez pas vous attendre à ce que je vive éternellement". Après un moment de silence, il poursuivit : "Vous les Ançâr! Traitez bien ceux à qui vous avez donné refuge. Et vous les Muhajirîin! Les Ançàr me sont sûrement chers, car c'est parmi eux que j'ai trouvé refuge. Honorez-les et traitez-les bien".
Un autre jour, le Prophète adressa au peuple, après les prières, les termes suivants : "Frères ! Si j'ai causé injustement à quiconque d'entre vous un mal, je soumets mes épaules à sa vengeance. Si j'ai calomnié la réputation de quiconque d'entre vous, qu'il vienne révéler mes fautes devant l'assemblée. Si je dois quoi que ce soit à quiconque, qu'il s'avance pour me réclamer son dû, le peu que je possède servira de m'acquitter. Je préfère subir un affront dans ce monde plutôt que dans l'autre". Et Il ajouta : "Je n'ai rendu légal que ce que Dieu avait rendu légal, et je n'ai interdit que ce que Dieu avait prohibé".
Un homme sortit des rangs de l'assistance et réclama trois dirhams qui lui furent payés tout de suite. Après quoi, le Prophète rentra à la maison.
La Mort du Prophète
Le Jeudi précédant sa mort, et alors que beaucoup de ses principaux Compagnons étaient présents dans la chambre, le Prophète (P), étendu sur son lit, répéta :
Je vous laisse deux grands Préceptes dont chacun dépasse l'autre en grandeur : le Livre de Dieu et ma Famille. Ils ne se sépareront pas jusqu'à ce qu'ils me rencontrent au Paradis
Deux jours après, la maladie du Prophète (P) prit un tournant sérieux, et la fièvre, dit-on, ne diminua pas jusqu'au Dimanche soir.
Fatima, sa fille bien-aimée pleurait. Il l'appela, la fit asseoir à côté de lui et chuchota quelques mots dans son oreille. Elle fondit en larmes. Le Prophète glissa encore quelques mots dans son oreille et essuya ses larmes. Elle parut alors réconfortée et sourit. Puis il appela al-Hassan et al-Hussein, ses deux fils chéris qu'il n'avait cessé de caresser dans son giron depuis des années, voulant les embrasser pour la dernière fois. Chacun d'eux se mit à sangloter et à crier avec une telle amertume que toute l'assistance vit leurs larmes perler dans leurs yeux.
Le Prophète (P) les étreignit et les embrassa avec beaucoup d'affection et ordonna à toutes les personnes présentes de les traiter, ainsi que leur mère avec grand amour et respect, exactement comme il les traitait lui-même. Ensuite, il appela Ali (P) qui prit place près du lit. IL lui demanda de rester patiemment sur son droit chemin menant à l'autre monde, lorsqu'il constaterait que les gens se trouveraient sur celui menant vers le monde d'ici-bas. Le Prophète (P) prit la tête de Ali sous son manteau qui les couvrit tous deux, et Ali (P) ne sortit sa tête que pour annoncer la mort du Messager de Dieu.
Que la paix éternelle soit sur lui et sur les membres de sa famille qui se sont sacrifiés pour la cause de l'Islam et qui nous ont dirigés sur le droit chemin. Fatima, se frappant le visage et se lamentant d'amertume rejoignit les autres femmes qui gémissaient bruyamment. C'était à peine midi passé, le Lundi 2 Rabî` I de l'an onze de Hijra, que le Prophète rendit l'âme, à l'âge de soixante-trois ans.