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L’Imâm ‘Alî Ibn Mûssâ ar-Ridâ (p) : La vie de la pensée et du Message ; la grandeur dans les manifestations de l’Imâmat

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L’imâm ‘Alî Ibn Mûssâ ar-Ridâ (p) est l’un des Imâms appartenant aux Gens de la Famille (p). Lorsque nous parlons de l’un de nos Imâms (p),


il nous est indispensable de vivre avec ses actes, ses paroles, ses recommandations, ses enseignements, ses sermons et ses instructions. La raison en est leur Imâmat qui est présent dans notre vie du fait qu’ils ne vivaient pas seulement à l’époque où ils vivaient, mais qu’ils accompagnaient la marche de la vie toute entière… Il en est ainsi car le Message de l’Islam est celui de Dieu, celui qui est envoyé à tous les hommes, dans tous les temps et dans toutes les espaces.

 

L’imâm ar-Ridâ (p) a vécu après son père, l’Imâm Mûssâ al-Kâzim (p). Son influence a touché toute la vie islamique et toute la réalité islamique. Les gens se rendaient chez lui pour apprendre. Quant à lui, il portait son attention à toutes les questions qui se posaient à son époque, comme celles du conflit intellectuel et de la diversité religieuse… C’était cela la tâche des Gens de la Famille (p), tâche consistant à épier tous les aspects de la réalité : La réalité culturelle, afin d’assainir les concepts qui donnent à des interprétations divergentes ; la réalité intellectuelle, afin de rajuster beaucoup d’idées qui prêtent à des confusions ; la réalité sociale, afin de réorienter la marche lorsque les gens dévient par rapport au droit chemin.


C’est dans cet esprit que L’imâm ar-Ridâ (p) rencontrait des Chrétiens, des Juifs, des Sabéens et des athées pour dialoguer avec eux, pour leur parler de l’Islam et pour discuter avec eux de leurs religions et de leurs idées. Selon les témoignages de ses contemporains qui étaient au courant de ces discussions, les adeptes de ces religions se trouvaient devant lui à court de réponse. Ils se taisaient comme le fait celui qui ne possède pas de preuve pour défendre son avis.


Pour connaître l’image de l’imâm ar-Ridâ (p) dans sa profondeur en tant que celui d’un homme porteur du Message, il est nécessaire de nous arrêter devant ce qui a été dit, à son compte, par certains de ses contemporains ou par certains savants ultérieurs. Muhammad Ibn ‘Issâ al-Yaqtînî a dit : « Lorsque les avis ont divergé au sujet de Abû al-Hassan ar-Ridâ, on a rassemblé dix-huit mille questions qui lui avaient été posées ainsi que les réponses à ces questions ». Parmi les auteurs qui se référaient à lui et qui transmettaient ses paroles, on note Abû Bakr al-Khatîb, dans son « Târîkh » (Histoire), at-Tha’labî, dans son « Tafsîr » (Exégèse), as-Sim’ânî dans son « Traité » (Risâlat) et Ibn al-Mu‘tazz, dans son livre, ainsi que beaucoup d’autres (1).


Al-Hâkim, Abû ‘Abdullah al-Hâfiz, tient –selon sa propre chaîne de transmission- de al-Fadl Ibn al-‘Abbâs, qui tient de Abû as-Salt, ‘Abdus-Salâm Ibn Sâlih al-Harawî, qui a dit : « Je n’ai jamais connu quelqu’un d’aussi savant que‘Alî Ibn Mûssâ ar-Ridâ (p). Aucun savant ne peut le voir sans en donner un témoignage comme le mien. Le calife abbasside al-Ma’mûn a rassemblé un grand nombre de savants de toutes les religions, ainsi que des savants appartenant à toutes les mouvances intellectuelles, des jurisconsultes et des théologiens, et il leur a demandé de polémiquer librement avec l’Imâm ar-Ridâ (p). L’Imâm (p) a pu les vaincre tous, et ils ont tous reconnu leur propre faiblesse comparée à la supériorité de l’Imâm dans tous ces domaines. J’ai entendu ‘Alî Ibn Mûssâ ar-Ridâ dire : « Je m’asseyais à l’intérieur de la Mosquée du Prophète (P), à Médine, tout près du Sanctuaire Sacré où d’innombrables savants répondaient aux questions que posaient les gens. Chaque fois que l’un de ses savants se voyait incapable de répondre à une question, ils me désignaient tous de leurs doigts et ils m’envoyaient les questions auxquelles je donnais toujours les bonnes réponses » (2).


Ibrâhîm Ibn al-‘Abbâs, l’un de ses contemporains, a dit : « Jamais ar-Ridâ n’a été interrogé sur une question religieuse ou profane sans en connaître la réponse. Je n’ai jamais connu quelqu’un qui, comme lui, savait tout ce qui s’est déroulé depuis le début des temps jusqu’à son époque. Al-Ma’mûn le testait en lui posant des questions sur toutes les choses et toujours il lui donnait la réponse satisfaisante. Toutes ses réponses et ses paroles étaient tirées du Coran » (3). En effet le Coran était la source de toute sa culture et de tous les détails des réponses qu’il donnait aux questions qu’on lui posait. Cela veut dire que, lorsque l’homme contemple dans le Coran, cherche à le comprendre, vit dans ses horizons et s’approfondit dans ses mystères, il devient capable de comprendre la vie sous tous ses aspects ; il pourrait savoir toutes ses lignes et tous ses détails, tantôt à travers l’inspiration coranique, tantôt à travers le contenu du Coran. L’Imâm (p) lisait le Coran et réfléchissait pour saisir son sens. Il disait à ce propos : « Je n’ai jamais lu un Verset sans y réfléchir, sans réfléchir à la circonstance de sa révélation et au temps de sa révélation » (4).


Il a discuté avec beaucoup de philosophes et de soufis. Il s’adressait à chacun d’eux en prenant en compte son niveau de connaissance. Eux tous ont trouvé en lui un Imâm encyclopédiste qui n’avait de complexe vis-à-vis de n’importe quelle question, qui ne refusait de discuter d’aucune question. Il donnait plutôt sa science à tous et, comme nous l’avons dit, le Coran était toujours le point de départ de toutes ses réflexions. Abû as-Salt a dit à ce propos : « Muhammad Ibn Ishâq Ibn Mûssâ Ibn Ja’far m’a rapporté de son père que Mûssâ Ibn Ja’far disait à ses fils : ‘Votre frère ‘Alî Ibn Mûssâ et le savant de la Famille de Muhammad. Instruisez-vous auprès de lui au sujet de votre religion et apprenez ce qu’il vous dit » (5).


L’un des compagnons proches de l’Imâm al-Kâzim (p), ‘Alî Ibn Yaqtîn, a dit : « Mûssâ Ibn Ja’far (p) m’a dit sans que ne lui pose une question : Celui-ci – en désignant du doigt son fils ar-Ridâ- est celui, parmi mes fils qui s’y connaît le plus en jurisprudence. Et je lui ai donné mon surnom » (6).


Al-Wâqidî, cité par le savant Ibn al-Jawzî, parle de l’Imâm ar-Ridâ (p) en ces termes : « Il était un homme de confiance pour ce qui est de sa science. Il prononçait des avis juridiques à la Mosquée du Messager de Dieu (p) à l’âge d’un peu plus de vingt ans ». (7). Al-Wâqidî lui-même rapporte, qu’en passant par Nishapour, lors de son voyage de Médine au Khorasan, l’Imâm ar-Ridâ (p) a été reçu par les savants de la ville comme Yahyâ Ibn Yahyâ, Ishâq Ibn Râhwayh, Muhammad Ibn Râfi’, Ahmad Ibn Harb et autres, qui étaient tous venus à la recherche des hadîth qu’il connaissait mais aussi pour être bénis par lui » (8).


Pour toutes ces raisons, nous estimons qu’il est nécessaire d’étudier toute l’œuvre de ce grand Imâm Infaillible, car son œuvre englobe tous les aspects de la philosophie, de la jurisprudence, de l’exégèse, de l’éthique et de l’action. Celui qui étudie l’œuvre de l’Imâm ar-Ridâ (p) peut ainsi acquérir une riche culture islamique multilatérale et multidimensionnelle.


C’est à cela que nous appelons lorsque nous évoquons les Traditions des Gens de la Famille (p). Nous ne devons pas nous contenter de l’aspect tragique de leur vie lorsque nous en parlons. Nous devons parler aussi de leur patrimoine qui est une richesse pour l’humanité. Si nous l’étudions, l’expliquons et l’analysons, il nous sera possible de le présenter à l’humanité de l’époque contemporaine ; il nous sera possible d’inviter l’humanité à comprendre les Imâms (p) comme s’ils y étaient présents, comme s’ils se chargeaient eux-mêmes de traiter ses questions, de résoudre ses problèmes et, par conséquent, de la diriger sur le droit chemin.


L’humanisme du Message dans les caractères moraux de l’Imâm ar-Ridâ (p)


Ce que nous venons de dire nous donne une idée de la science de l’Imâm ar-Ridâ (p) et de son ouverture vis-à-vis de son Seigneur. Mais à propos de son image en rapport avec ses relations avec les gens, ses conduites, sa politesse morale et sa modestie envers ceux qui lui étaient inférieurs, nous laissons parler Ibrâhîm Ibn al-‘Abbâs qui dit : « Je n’ai jamais vu Abû al-Hassan ar-Ridâ (p) parler durement avec quiconque parmi les gens… ». Il a vécu avec tous les gens ; avec les petits et les grands, avec les ennemis et les amis ; avec les couches du bas de l’échelle sociale. Il est naturel pour la personne qui vit une telle expérience dans ses rapports avec les gens, de se heurter à eux, de souffrir à cause de leurs agissements négatifs, de se sentir lésée par un comportement par ci ou un comportement par là. En fait, ils étaient très nombreux ceux qui, du régime au pouvoir jusqu’au commun des mortels, portaient atteintes aux Imâms (p). Il est naturel pour une personne agressée ou traitée arbitrairement de s’exprimer en prononçant un mot dur face à celui qui l’a traitée injustement, ou un propos violent face à celui qui l’a agressée. Cela n’est-il pas courant parmi les gens qui sont aux prises avec leurs problèmes et les complications de leur vie ? Mais l’Imâm ar-Ridâ (p) n’avait que des mots polis, car il lisait le Coran d’une manière qui se traduit directement dans son comportement. L’Imâm ar-Ridâ (p) lisait la parole divine qui dit : ((Dis à Mes serviteurs de dire les meilleures paroles)) (Coran XVII, 53).


Il disait la meilleure parole à ses amis et à ses ennemis sans distinction. Il utilisait la bonne parole avec ceux qui lui faisaient du mal et avec ceux qui lui faisaient du bien. Car la parole que tu prononces c’est en quelque sorte ta propre personne. Elle représente ton esprit, ta raison et ton cœur. Si tu es un homme bon, tes paroles doivent être bonnes. La preuve est que Dieu, le Très-Haut, a dit au sujet du Prophète (P) qui est notre exemple à suivre, qui est aussi l’exemple à suivre par les Imâms appartenant aux Gens de la Famille (p) : ((C’est par quelque miséricorde venue de Dieu que tu te montres si accommodant à leur égard ; eusses-tu fait preuve de rudesse, de dureté de cœur, qu’ils se seraient dispersés d’autour de toi)) (Coran III, 159). Si nous apprenons à dire des bonnes paroles, des paroles douces, si nous apprenons à calmer nos esprits et utiliser nos raisons lorsque nous parlons, cela peut nous être très utile au niveau des relations sociales dans lesquelles il nous sera possible de transformer nos ennemis en amis. C’est à cela exactement que nous invite le Verset coranique qui dit : ((L’action bonne n’est pas semblable à la mauvaise. Repousse celle-ci par ce qu’il y a de meilleur ; celui qu’une inimité sépare de toi deviendra alors pour toi un ami chaleureux)) (Coran XLI, 34).


Des bons caractères issus du Prophète (P)


L’Imâm ar-Ridâ (p) respectait les gens avec qui il parlait. Il les laissait parler sans les interrompre car cela pourrait les débarrasser et les empêcher de s’exprimer, même si certains se laissaient aller en disant ce qui ne doit pas être dit ou ce que l’on n’a pas besoin d’entendre. « Je ne l’ai jamais vu, continue Ibn al-‘Abbâs, interrompre quelqu’un qui parlait ». Car celui-ci pouvait avoir quelque chose d’important à dire à la fin de son discours. Les hommes aiment parler et être écoutés. Les bons caractères veulent donc que tu écoutes plutôt que parler. En écoutant, cela peut augmenter tes connaissances et tes expériences. De plus, en écoutant les autres, tu arrives mieux à les comprendre…


L’Imâm ar-Ridâ (p), continue a nous informer Ibn al-‘Abbâs, « n’a jamais repoussé quelqu’un qui lui demandait un service si toujours il pouvait le lui rendre ». Il n’était pas gêné de constater que les gens avaient besoin de lui. Selon d’autres rapports, il se hâtait plutôt de satisfaire les demandes des autres car il craignait, s’il tardait de le faire, que les autres trouvent de quoi résoudre leur problème sans son aide, ce qui le priverait d’une bénédiction divine parmi celles destinées à ceux qui rendent des services aux autres. Cela est le contraire de ce que nous faisons d’habitude lorsque nous nous mettons à remettre à plus tard les services qu’on nous demande poussant ainsi les demandeurs au désespoir et à ne plus nous les demander. Mais l’Imâm ar-Ridâ (p) nous apprend que les besoins qu’ont les autres de nous sont des bénédictions qui nous sont destinées par Dieu, et c’est pour cette raison qu’il n’a jamais repoussé quelqu’un qui lui demandait un service si toujours il pouvait le lui rendre.


Parlant toujours de l’Imâm ar-Ridâ (p), Ibn al-‘Abbas ajoute : « Il n’a jamais tendu ses pieds devant la personne qui lui parlait ». L’Imâm (p) respectait la personne qui se trouvait en sa compagnie. Il ne tendait pas ses pieds devant elle, car cela peut lui porter atteinte. Il en est ainsi car, pour les moralités sociales, tendre les pieds face à la personne qui se trouve en notre compagnie peut lui porter atteinte. Puis il ajoute : « Je ne l’ai jamais vu s’accouder en la présence de la personne qui se trouvait en sa compagnie ». Il ne s’accoudait jamais même s’il se sentait fatigué, et ce par modestie à l’égard de la personne qui se trouvait en sa compagnie, car s’accouder dans une telle situation inspire, dans beaucoup de contextes sociaux, la grandeur, l’arrogance, la distinction et même le mépris de l’autre. Et Ibn ‘Abbas d’ajouter : « Je ne l’ai jamais vu insulter l’un de ses serviteurs ». il est parfois naturel pour une personne qui est responsable dans une entreprise où travaillent des ouvriers et des fonctionnaires d’entrer en friction avec un employé qui lui porterait atteinte en lui adressant la parole, en manquant à son travail ou en ne respectant pas les horaires de son travail. Et dans ce cas, il peut lui arriver de se mettre en colère, d’insulter et d’injurier. Mais l’Imâm (p) ne le faisait jamais.


Enfin, Ibn ‘Abbâs dit : « Je ne l’ai jamais vu cracher ou rire aux éclats. Son rire n’allait pas au-delà du sourire ». S’il voulait cracher, il le faisait discrètement pour ne pas dégoûter son entourage.


Les bons caractères de l’Imâm ar-Ridâ (p) s’exprimaient à travers son sens humain, dans sa compassion à l’égard des pauvres et dans sa tendresse envers ses serviteurs. « Lorsqu’il n’avait pas de visiteurs et se trouvait seul, il rassemblait tous ses serviteurs, grands et petits, pour leur parler et les écouter afin de se sentir bien avec eux et des se sentir biens avec lui. Chaque fois qu’il s’attablait pour manger, il réunissait ses serviteurs, grands et petits, même le palefrenier et le barbier, pour manger tous ensemble ».


Il n’était pas du genre de beaucoup de gens parmi ceux qui, se mettant à table pour manger, mettaient dans un coin retiré une autre table pour leurs employés et leurs serviteurs, et ce par mépris à leur égard ou par surestime de la couche sociale à laquelle ils appartiennent eux-mêmes. L’un des compagnons de l’Imâm ar-Ridâ nous rapporte ceci : « Je me trouvais avec l’Imâm ar-Ridâ lors de son voyage au Khorasan. Il a un jour demandé qu’on lui donnât à manger ; mais avant de commencer, il a réuni autour de sa table tous ses serviteurs noirs et blancs. Je lui ai dit alors : ‘Que je sois sacrifié pour toi, pourquoi ne laisses-tu pas ceux-là manger seuls autour d’une table à eux ? Il m’a répondu -que la paix soit sur lui : ‘Que dis-tu là ? Tais-toi ! Le Seigneur est un, la mère est une, le père est un, mais la rétribution sera distribuée selon les actions’ » (11), voulant ainsi dire que nous sommes tous les enfants d’un seul et même homme et que ((Les plus pieux parmi vous sont les plus nobles)) (Coran XLIX, 14).


Désignant du doigt l’un de ses serviteurs noirs, l’Imâm (p) a dit à l’un de ses compagnons qui lui a fait la même réflexion : « Voix-tu ce serviteur noir ? Je jure, quitte à affranchir un esclave, et je n’ai jamais juré sans avoir affranchi un esclave et sans l’avoir fait suivre par tout ce que je possède, que je ne me considère pas comme valant mieux que cet esclave du fait de ma descendance du Messager de Dieu, sauf si je vaudrais mieux que lui du fait d’une bonne action » (12).


La parenté toute seule ne procure pas de la valeur à l’homme dans le sens où elle lui assure plus de valeur que les autres. Les descendants du Messager de Dieu (P) peuvent avoir de la valeur en tant que tels, mais la parenté et la descendance n’ont pas de valeur en Islam. Les Gens de la Famille (p) n’ont jamais dit que la descendance confère à l’homme une valeur supérieure à celle des autres, car l’homme ne choisit pas sa descendance mais ce qu’il choisit ce sont ses actions et son obéissance à Dieu. Une Tradition dit à ce propos : « Celui qui est un partisan de Muhammad est celui qui obéit à Dieu même s’il est de descendance éloignée. L’ennemi de Muhammad est celui qui désobéit à Dieu, même s’il est de descendance proche ».


La dévotion de l’Imâm


Les historiens nous parlent de la dévotion de l’Imâm ar-Ridâ (p). Ils ont dit à ce propos que « Se trouvant pendant la nuit dans son lit, il récitait longuement le Coran. Lorsqu’il passait par un Verset qui parle du Paradis ou de l’Enfer, il pleurait et demandait à Dieu de lui assurer l’entrée au Paradis et de l’épargner de l’Enfer » (13). Ibrâhîm Ibn ‘Abbâs as-Sawlî décrit la dévotion de l’Imâm en disant : « Il dormait peu pendant la nuit. Il veillait beaucoup, du soir jusqu’au matin. Il jeûnait beaucoup et ne manquait jamais de veiller trois jours par mois. Il disait que ce jeûne est le jeûne éternel. Il faisait, discrètement beaucoup de bien et discrètement il donnait l’aumône. Le plus souvent, il le faisait quand il fait nuit noire. Ne croyez pas celui qui prétend avoir vu quelqu’un qui lui ressemblerait ». (14).


As-Sawlî décrit l’Imâm (p) pendant qu’il adressait ses prières ferventes à son Seigneur en disant : « Dès que commence le dernier tiers de la nuit, il quittait son lit en louant Dieu, en Le glorifiant et en Lui demandant pardon. Puis il nettoyait ses dents avec le siwâk avant de faire ses ablutions et de commencer sa prière de la nuit. Il faisait huit génuflexions et récitait les salutations toutes les deux génuflexions. Dans la première de chacune de ces deux génuflexions, il récitait la Fâtiha une fois et ‘Dis : Dieu est Un’ trente fois. Puis il faisait la prière de Ja’far Ibn Abû Tâlib (p), qui est une prière de quatre génuflexions. Il y récitait les salutations toutes les deux génuflexions et faisait le qunût toutes les deux génuflexions avant l’inclination et après les glorifications, considérant ainsi cette prière comment faisant partie de la prière de la nuit. Puis il passait aux deux génuflexions suivantes et récitait dans la première la Sourate ‘al-Fâtiha’ et ‘la Royauté’ et dans la seconde la Fâtiha’, une seule fois et ‘l’homme a-t-il connu’. Puis il se relevait pour s’acquitter des deux génuflexions paires dans lesquelles il récitait la Fâtiha une fois et ‘Dis : Dieu est Un’ trois fois, avant de réciter : ‘Dis : Je demande asile auprès du Seigneur de l’aube’, une seule fois, et : ‘Dis : Je demande asile auprès du Seigneur des hommes’, une seule fois, avant de faire le qunût au cours duquel il disait : « Seigneur ! Prie sur Muhammad et la Famille de Muhammad ! Seigneur ! Dirige-nous parmi ceux que Tu diriges ; offre-nous le salut parmi ceux à qui Tu offres le salut ; fais que nous soyons parmi ceux qui sont les Tiens ; bénie ce que Tu nous offres ; mets-nous à l’abri du mal de Tes sentences car Tu juges et Tu n’es jamais jugé. Jamais celui que Tu assistes ne sera humilié ; jamais celui que Tu lui es hostile ne trouvera la gloire. Gloire et Grandeur sont à Toi, ô notre Seigneur ! ». Puis il disait : ‘Je demande pardon auprès de Dieu’ soixante-dix fois. Une fois finie la récitation des salutations, il s’asseyait et disait ce qu’il voulait à Dieu lors du qunût. A l’approche de l’aube, il se levait et faisait les deux génuflexions recommandées de l’aube et récitait la Fâtiha et : ‘Dis : ش vous les mécréants’ dans la première et, dans la seconde, la Fâtiha et ‘Dis : Dieu est Un’. Au levé de l’aube, il prononçait l’appel à la prière, puis il faisait la prière du matin qu’il terminait par un qunût qui durait jusqu’au levé du soleil avant de faire les deux prosternations dites des remerciements » (15).


Voilà donc ce qu’est la ligne des Gens de la Famille (p) qui est la ligne de l’attachement à Dieu par l’amour et par le désir de Le rencontrer. Cet amour se reflète au niveau de la réalité sous la forme de la responsabilité issue de l’aspect universel de la conception islamique de la vie où la dévotion s’ouvre vis-à-vis de l’univers, Vis-à-vis de l’homme et vis-à-vis de la vie. Une dévotion qui ne s’étouffe pas dans les coins étroits mais s’ouvre plutôt à toute la scène sociale, politique et économique à partir de la vision islamique concernant tous ces domaines.


Les Imâms appartenant aux Gens de la Famille (p) ont fait de la dévotion une manière de plaire à Dieu, une forme de jihâd pour la cause de Dieu, une façon d’instruire la Nation invitée à adopter l’Islam comme mode de vie, comme option doctrinale et comme ouverture à toute la réalité vue à travers ses grandes causes. Ceux qui les aiment et ceux qui leur sont hostiles ont reconnu ces qualités des Imâms (p). Le calife abbasside, al-Ma’mûn, reconnaît l’Imâm ar-Ridâ (p) comme son héritier présomptif. « Il l’a fait par désir de rencontrer Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire, tout en Lui étant fidèle par le respect de Sa religion et de Ses serviteurs. Il a choisi comme dirigeant de la Nation après lui la meilleure personne qu’il ait pu trouver quant à sa dévotion, sa piété et sa science. La meilleure personne susceptible de servir la cause de Dieu et de faire prévaloir Ses droits. Il a choisi ‘Alî Ibn Mûssâ ar-Ridâ (p) pour ses qualités inégalables, pour sa science reconnue par tous, pour sa piété manifeste, pour son ascétisme pur, pour son renoncement au monde, pour sa distinction par rapport aux hommes. Il a reconnu ainsi ce que les enseignements s’accordent à le reconnaître, ce que les langues admettent unanimement, ce que les avis convergent pour l’agréer, ce qui est universellement connu. Il l’a choisi pour ses mérites quand il était petit, quand il était jeune, et quand il est devenu adulte. C’est pour cela qu’il l’a choisi comme héritier présomptif et comme calife après lui » (16).


Rajâ’ Ibn Abû ad-Dahhâk qui a accompagné l’Imâm ar-Ridâ (p) dans son voyage de Médine à Merv le décrit en ses termes : « Je l’ai accompagné de Médine jusqu’à Merv et je n’ai vu un homme plus pieux que lui ; ni un homme qui, plus que lui, évoque Dieu pendant tout son temps ; ni un homme qui, plus que lui, a peur de Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire. En se réveillant, il faisait la prière de l’aube. Après les salutations, il restait assis dans son lieu de prière pour glorifier Dieu et Le louer et pour L’implorer de prier sur Muhammad et la Famille de Muhammad. Il continuait de le faire jusqu’au levé du soleil avant de se prosterner longuement pendant la matinée. Après cela il rejoignait les gens pour leur parler et les instruire Jusqu’à l’approche de midi » (17). L’un de ses compagnons dit : « Je me suis rendu chez ‘Alî Ibn Mûssâ ar-Ridâ (p) et j’ai vu devant lui une gargoulette qu’il voulait utiliser pour verser de l’eau et faire ses ablutions. Je me suis approché pour verser de l’eau sur ses mains, mais il a refusé en me disant : ‘Mais non !’. Je lui ai dit : ‘Pourquoi m’empêches-tu de verser de l’eau sur tes mains ? Est-ce parce que tu n’aimes pas que j’en sois récompensé par Dieu ?’. Il m’a répondu : ‘Te laisserais-je obtenir une récompense et être moi-même châtié ?’. ‘Comment cela ? Lui ai-je dit’. Il m’a dit : ‘N’as-tu pas entendu Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire, lorsqu’Il dit : ((Quiconque espère rencontrer la face de son Seigneur, qu’il pratique le bien et qu’il n’associe aucune autre créature dans l’adoration due au seigneur)) (Coran XVIII, 1110).


Au sujet de sa méthode d’adoration basée sur la foi en l’Unicité de Dieu, on nous rapporte que, lors de son voyage de Médine à Khorasan, pour y rencontrer al-Ma’mûn, les gens se rassemblaient à toutes les haltes où il descendait pour se reposer. Lors de l’une de ces haltes, les traditionnistes qui collectent les hadîth du Messagers de Dieu (P) sont venus vers lui afin d’entendre un Hadith et le mettre par écrit. Il leur a fait entendre le Hadîth connu sous le nom de la Chaîne d’or en disant : « Mon père, Mûssâ Ibn Ja’far, qui le tient de son père, Ja’far Ibn Muhammad, qui le tient de son père Muhammad Ibn ‘Alî, qui le tient de son père, ‘Alî Ibn al-Hussein, qui le tient de son père al-Hussein Ibn ‘Alî, qui le tient de son père ‘Alî Ibn Abû Tâlib, qui le tient du Messager de Dieu, qui le tient de Jabrâ’îl qui le tient de Dieu qui a dit : ‘‘La proposition ‘Il n’y a pas de Dieu en dehors de Dieu’ est Ma place fortifiée ; quiconque entre dans Ma place fortifiée sera épargné de Mon châtiment’’ » (19).


La foi en l’unicité de Dieu est le fondement. Tout, dans la doctrine islamique et dans la ligne islamique, est fondé sur la foi en l’unicité de Dieu. La foi en l’unicité de Dieu est le fondement de la doctrine et de l’action. Elle est le fondement de toutes les relations et les activités de l’homme durant toute sa vie. C’est pour cette raison que le Noble Coran condense toute la religion dans la foi en l’unicité de Dieu : ((Ceux qui ont dit : ‘Notre Seigneur est Dieu’ et qui se sont acheminés vers Lui, reçoivent les visites des anges qui leur disent : ‘Ne craignez rien et ne vous affligez pas ; réjouissez-vous du Paradis qui vous a été destiné)) (Coran XL, 30). L’islam a vu le jour pour dire aux hommes que la foi en l’unicité de Dieu est elle qui ouvre les raisons vis-à-vis de la loi et du Jour Dernier. C’est pour cette raison que l’Islam demande aux homme d’avoir la foi en l’unicité de Dieu comme point de départ dans leurs relations, dans leurs attitudes et dans tout ce qui les concerne.


La foi en l’unicité de Dieu est, dans son sens doctrinal, le fait pour l’homme de ne croire en aucune divinité autre que Dieu. Elle est, dans son sens cultuel, le fait pour l’homme de n’adorer aucune divinité autre que Dieu. Elle est, dans son sens lié à l’engagement, le fait pour l’homme de ne s’engager à obéir à quiconque en dehors de Dieu. De se fait, la foi en l’unicité de Dieu est de rompre avec tout engagement, toute obéissance et toute soumission à toute créature. L’Imâm ar-Ridâ (p) a remarqué que certaines personnes comprennent mal cette proposition lorsqu’ils pensent qu’en témoignant qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Muhammad est le Messager de Dieu, cela leur permettrait de se sentir à l’abri du châtiment divin quelles que puissent être leurs actions. L’Imâm (p) leur a dit : « Mais à condition de respecter ses conditions, et moi-même je suis l’une de ses conditions ». Cela veut dire que la foi en l’unicité divine est la foi en Dieu, en Son Messager et au Jour dernier, ainsi que suivre la lumière descendue par Dieu, lumière qu’est le Coran, et suivre la direction légale sur la ligne de l’Imâmat, ligne représentée à l’époque par l’Imâm ar-Ridâ (p). Nous constatons donc qu’il ne suffit pas pour l’homme de croire en Dieu et en Son Messager. Il doit aussi avoir toute sa vie intellectuelle et pratique sur la ligne de Dieu et de Son Messager (p). C’est pour cette raison que Dieu ne parle jamais de la foi sans la lier à la bonne action. L’homme ne peut être gagnant auprès de Dieu que dans la mesure où il croit et fait des bonnes œuvres.


Bibliographie

 

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(1)- Manâqibآl Abû Tâlib, tome 4, p. 341
(2)- Bihâr al-Anwâr, tomme 49, p. 100
(3)- Al-Fusûl al-Muhimma fî Ma’rifat Ahwâl al-Umma, de Ibn as-Sabbag al-Mâlikî, p. 251
– ‘Uyûn Akhbâr ar-Ridâ, tome 2, p. 179
(4)- Ibid, p. 180
(5)- Bihâr al-Anwâr, tome 49, p. 100
(6)- As-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Ridâ, tome 1, p. 22
(7)- Sibt Ibn al-Jawzî, Tadhkirat al-Khawâss, p. 351

(8)- Ibid, p. 353
(9)- As-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Ridâ, tome 2, p. 184
(10)- As-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Ridâ, tome 2, p. 156
(11)- Bihâr al-Anwâr, cite par al-Kâfî, tome 49, p. 101
(12)- As-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Ridâ, tome 2, p. 237
(13)- Ibid, t. 2, p.182
(14)- As-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Ridâ, tome 2, p. 181
(15)- Ibid, t. 2, p.181
(16)- Al-Fusûl al-Muhimma fî Ma’rifat Ahwâl al-Umma, de Ibn as-Sabbag al-Mâlikî, p. 258
(17)- As-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Ridâ, tome 2, p. 180
(18)- Al-Kâfî, tome 3, p. 69
(19)- As-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Ridâ, tome 2, p. 134

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