La traduction et l’exégèse de sourate an-nasr (le secours/la victoire)
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
Bi-smi-Allâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi,
Par [la grâce du] Nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux,
إِذَاجَاء نَصْرُ اللَّهِ وَالْفَتْحُ (١)
Idhâ jâ’a nasru-llâhi wa-l-fat’hu,
Lorsque vient le Secours de Dieu ainsi que la victoire (1)
وَرَأَيْتَ النَّاسَ يَدْخُلُونَ فِي دِينِ اللَّهِ أَفْوَاجًا(٢)
wa ra’ayta an-nâsa yadkhulûna fî dîni-llâhi afwâjann,
et que tu vois les gens entrer par groupes dans la religion de Dieu, (2)
فَسَبِّحْ بِحَمْدِ رَبِّكَ وَاسْتَغْفِرْهُ إِنَّهُ كَانَ تَوَّابًا (٣)
fa-sabbih, bi-hamdi rabbika wa-staghfirhu innahu kâna tawwâbann
alors glorifie par la louange de ton Seigneur et demande Son Pardon, car Il est Celui qui revient sans cesse (qui accueille sans cesse le repentant). (3)
Première approche de la sourate en nous aidant de l’interprétation de cette sourate de Sayyed TabâTabâ’i dans « al-Mîzan », et de celles de sheikh Makârem Shîrâzî dans al-Amthâl, de sayyed Hassan al-Mustafawî dans son « Tahqîq fî kalimât al-Qurân al-karîm» et de docteur Mahmoud Bostani dans « al-tafsîr al-binâ’î lil-Qorân al-karîm ».
Pour faciliter la compréhension de la sourate, nous allons d’abord procéder par une première lecture globale, en repérant ces petits mots de liaison qui nous donnent de précieuses indications sur la structure et le contenu de la sourate.
Cette sourate comprend trois versets, le « Basmalah » étant inclus dans le premier verset. Elle est la troisième sourate du Coran composée de trois versets. Elle fut révélée à Médine, le plus probablement avant la conquête de la Mecque, et après la conciliation (solh) de Hudaybayyah.
PREMIÈRE APPROCHE GLOBALE
Si on considère la sourate d’une première approche globale structurale, on peut constater que le premier verset est introduit par une particule indiquant une condition temporelle ou une éventualité « idhâ » (=si, lorsque). Il nous faut repérer ce que l’on appelle la réponse de cette condition temporelle ou de cette éventualité, qui est, en général, introduite par la particule « fa ». Elle se trouve au début du troisième verset, et elle est suivie par un verbe à l’impératif.
Le second verset, quant à lui, commence par la conjonction de coordination « wa » qui indique que ce verset est rattaché au premier verset et constitue une autre condition temporelle.
Ainsi cette sourate est composée de deux versets qui sont des conditions qui quand elles se réaliseront, impliquent le troisième verset qui est la réponse ou la conséquence des éventualités supposées dans les deux premiers versets : (Lorsque … et lorsque…. alors… )
Voyons de plus près :
-Dans le premier verset, il y a une autre conjonction de coordination « wa » qui réunit deux choses de même nature. Ainsi le premier verset renferme deux conditions, annonce l’arrivée de deux évènements.
-Le second verset, lié au premier avec cette même conjonction de coordination, donne la troisième condition. Il commence par un verbe conjugué à l’impératif à la seconde personne du singulier : une interpellation directe de l’interlocuteur à qui il est demandé de voir, d’observer la réalisation de la troisième condition.
Quelles sont ces trois conditions, ces trois évènements annoncés, qui, une fois réalisés exigent de l’interlocuteur de faire deux choses (liées par cette même conjonction de coordination) ?
Au cœur de ce troisième verset, on trouve également une particule de confirmation « inna » mettant en valeur le pronom personnel suffixe « hu » auquel il est attaché, comme une justification supplémentaire à ce qui précède.
Cette sourate annonce donc l’arrivée de trois évènements importants qui quand ils se réaliseront impliqueront de la part de l’interlocuteur de faire deux choses.
Voilà ce que l’on peut tirer d’une première approche à partir de la construction de la sourate.
Il est bon de rappeler que, dans cette noble sourate du Coran, le Locuteur est Dieu Tout-Puissant (qu’Il soit Glorifié et Exalté) et l’interlocuteur est le Messager de Dieu(s) sur qui est descendu (à qui a été révélé) le noble Coran.
Récapitulation des particules de cette sourate à retenir par cœur
Idhâ .. fa la particule qui introduit l’éventualité (= si, lorsque). Si la réponse à la condition est une phrase nominale ou commence par un impératif ou une particule, elle sera précédée de la particule « fa » (= alors)
wa une conjonction de coordination reliant deux éléments de même nature (= et)
inna la particule de confirmation qui doit être suivie d’un nom (au cas direct nécessairement, c’est-à-dire se terminant par la voyelle « a ») ou d’un pronom suffixe. Elle est utilisée pour mettre en valeur le terme de départ. Elle est souvent traduite par « certes ».
Reste à découvrir le sens des principaux mots présents dans la sourate qui nous permettra de comprendre de quoi il s’agit, même de façon apparente.
ÉTUDE LEXICALE
« jâ’a » : amener, arriver, venir au temps du passé à la troisième personne du singulier.
« an-nasru » : le secours, l’aide, le renforcement d’une chose en elle-même, (le contraire de l’opposition, de la discordance). Si le mot est suivi d’une préposition « ‘alâ », il indique la supériorité, la victoire,
« al-fat’hu, » : l’ouverture (le contraire de la fermeture), le fait d’enlever un verrou, de découvrir un voile, de lever un obstacle, de débloquer. Et le sens peut changer selon le sujet auquel il renvoie comme la conquête, le commencement, le fait d’accorder une faveur..
« an-nâs » : les gens en tant que regroupant les individus, non en tant que genre.
« ad-dîn » : fondamentalement : se soumettre et se plier à un programme ou à une décision déterminée
= Religion, Jugement
Et « dîni-llâhi » l’Islam selon le noble verset : {La Religion auprès de Dieu est l’Islam}(19/3 Al-‘Imrân)
« afwâjann » : pluriel de « fawj » = des groupes de gens ou des gens en groupes, bande, foule, « des groupes passant rapidement », selon ar-Râgheb.
« sabbih, » : 2e forme (indiquant l’intensité et la permanence) du verbe « sabaha » dans lequel il y a deux aspects : la manifestation de la Grandeur de Dieu et Son exemption de toute faiblesse, de tout défaut, de tout ce qui ne convient pas à Sa Sainte Place, au-dessus de toute description, à l’impératif. (= glorifier)
« bi-hamdi » : par l’éloge, la louange faite de façon volontaire (non forcée, ni intéressée)
« staghfir-hu » : 10e forme dérivée du verbe « ghafara » qui veut dire effacer les traces, les conséquences de quelque chose. Il a un sens plus large que le pardon. Et « staghfir » à l’impératif : demande-Lui (à ton Seigneur) d’effacer les traces de tes péchés.
« Inna-hu » : « inna » (particule de confirmation) + « hu » pronom personnel suffixe 3e personne du masculin singulier, appelé en arabe « al-ghâ’eb » (l’absent, le caché, l’invisible) qu’on peut traduire par « Il » Il renvoie à « rabbika » ton Seigneur (c’est-à-dire Dieu qu’Il soit Glorifié).
« tawwâbann » : celui qui se repent, revient (à Dieu) après avoir regretté ses péchés. Cela pour l’être humain. Mais quand il s’agit de Dieu (Très-Elevé), c’est Son Retour vers le serviteur, avec effusion de Sa Miséricorde et de Sa Bonté, pardonnant sans cesse les péchés et faisant disparaître les ténèbres des péchés de son cœur. Un Bienfait de Dieu sans obligation.
Reprenons verset par verset ..(en nous aidant de l’interprétation de cette sourate de sayyed TabâTabâ’i dans « al-Mîzan », et de celles de sheikh Makârem Shîrâzî dans al-Amthâl, et sayyed Hassan al-Mustafawî dans son « Tahqîq fî kalimât al-Qurân al-karîm»).
Après avoir dégagé la structure de la sourate qui forme un tout, nous allons étudier la sourate, verset après verset, en reprenant le sens des mots et du verset à la lumière des propos des Infaillibles(p) et des nobles savants.
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
« Bi-smi-Allâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi »
Le sens particulier que le « Basmalah » prend ici est directement lié à la sourate, à l’Annonce divine qui est faite dans cette sourate. C’est par le Nom de Dieu (Allâh) – qui est la Vérité regroupante nominale, le Nom le plus Grandiose Seigneurial – déterminé par la Miséricorde absolue la Toute-Miséricordieuse, la Très-Miséricordieuse (ar-Rahmâniyyah, ar-Rahîmiyyah), suite à l’apparition regroupante (ou synthétique) divine, au repliement (qabid) et au déploiement (basat) du Très-Miséricordieux, du Tout-Miséricordieux, que Dieu annonce de grandes nouvelles à venir qui vont être déterminantes pour l’avenir du Message divin.
إِذَا جَاء نَصْرُ اللَّهِ وَالْفَتْحُ
« Idhâ jâ’a nasru-llâhi wa-l-fat’hu»
« Idhâ » : cette particule débute l’information de l’arrivée d’un ordre qui ne s’est encore jamais réalisé et qui fera plaisir au Prophète(s) : l’Aide de Dieu et la victoire, l’Aide de Dieu étant un des préliminaires de la réalisation de la victoire, de la conquête (et non pas pour son maintien). Cette information prend la forme d’une promesse divine qui va se réaliser dans un temps plus ou moins proche.
Les deux mots « an-nasru » et « al-fat’hu, » n’indiquent pas le genre englobant l’ensemble des positions où Dieu a soutenu Son Prophète contre ses ennemis, pour faire apparaître Sa Religion contre les religions des Associationnistes, mais fait sans doute allusion à un évènement précis. Lequel ? Pour le savoir, il faut se référer à l’histoire de la vie du Prophète Mohammed(s).
DÉTOUR DANS L’HISTOIRE
A quoi fait allusion cette Promesse d’Assistance divine et de Victoire ? A l’une des guerres ou expéditions militaires victorieuses contre les associationnistes ? A la conversion à l’Islam des habitants du Yémen ? A la conciliation (ou Traité) de Hudaybiyyah que Dieu a appelée « al-Fat’h al-mubin » ({En vérité, Nous t’avons accordé une victoire éclatante})(1/48 La Victoire) ?
En tenant compte du verset suivant (la conversion en masse des gens par groupes), il est clair que l’évènement qui convient le mieux à cela est la conquête de La Mecque qui est la « mère des conquêtes » à l’époque de sa vie, et la victoire éclatante qui a détruit les fondements de l’associationnisme dans la péninsule arabique.
La promesse de cette victoire avait déjà été évoquée dans les trois premiers versets de la sourate al-Fat’h : {En vérité Nous t'avons accordé une victoire éclatante*, afin que Dieu te pardonne tes péchés, passés et futurs, qu'Il parachève sur toi Son Bienfait et te guide sur une voie droite* ; et que Dieu te donne un puissant secours*.}(1-3/48 La Victoire). Et il est très probable que ce qui représente une promesse d’une aide puissante de Dieu dans ces versets est liée à la victoire de Hudaybiyyah et que la victoire/conquête dont il est fait mention dans cette sourate, est la victoire/conquête de La Mecque.
Ainsi la sourate aurait été révélée après la conciliation de Hudaybiyyah qui a eu lieu en l’an 6 de l’Hégire, deux ans avant la prise de La Mecque.
Il est rapporté d’Ibn Mas‘ûd : « Quand le Prophète entra [à La Mecque] le jour d’al-Fat’h, il y avait autour de la Maison [la Ka‘bah] 360 statues. Il(s) se mit à les détruire avec un bâton, en récitant le verset suivant : {La Vérité est venue et l'Erreur a disparu. Car l'Erreur est destinée à disparaître.}(81/27 Le Voyage Nocturne).
S’appuyant sur des propos rapportés, certains disent que la sourate a été révélée après la conquête de La Mecque, en l’an 10 de l’Hégire durant le Hajj d’adieux.
Il est rapporté que quand cette sourate fut révélée, le Messager de Dieu(s) la récita à ses compagnons qui en furent très heureux. Abbas, l’oncle du Prophète, l’entendit également et se mit à pleurer. Le Prophète lui demanda les raisons de ses pleurs. Il répondit : « Je pense que ta propre mort vient d’être annoncée, ô Messager de Dieu. » Il(s) répondit : « C’est comme tu dis. » (Majma‘ al-Bayyân, vol.10 p554)
Selon l’apparence de la sourate, rien n’indique l’annonce de la mort du Prophète(s), mais plutôt l’Aide divine et la victoire. Alors, comment al-Abbas a-t-il compris l’annonce de la mort du Messager(s) ? Sans doute, parce que cette révélation annonce l’achèvement de la mission du Prophète(s), de la diffusion du Message et la confirmation de la Religion. Ce qui inspira à Abbas la pensée de la proximité du voyage du Messager auprès de son Seigneur.
Curieusement, ce type de propos rapportés n’a pas été retenu, justifié par le fait que la sourate annonce des faits qui n’ont pas encore eu lieu et ne raconte pas des faits qui ont déjà eu lieu dans le passé. Nous y reviendrons un peu plus tard.
LA VICTOIRE NE VIENT QUE DE DIEU
Revenons à l’étude des mots.
Le mot « an-nasru » a un complément de nom « Dieu » (= Aide de Dieu) et il existe plusieurs versets dans le Coran où l’on trouve l’Aide/Victoire en rapport avec Dieu de « nasru ». Cela signifie que l’Aide/Victoire dans n’importe quelle situation n’arrive qu’avec la Volonté de Dieu. Certes, il est nécessaire de préparer les forces pour l’emporter sur l’ennemi, mais l’Aide/Victoire ne vient que de Dieu, de par Sa Bonté envers Ses serviteurs croyants sincères.
« al-fat’hu, » (la victoire) est évoqué ici de façon « absolue », même si les signes indiquent, comme nous l’avons vu, qu’il s’agit de la conquête de La Mecque. C’est que la victoire de la Mecque a ouvert en réalité une page nouvelle dans l’histoire de l’Islam parce qu’elle marqua l’anéantissement des espoirs des Associationnistes. Le centre de l’associationnisme était détruit (du fait de cette victoire), et les obstacles sur le chemin de la foi en l’Islam pour les gens avaient disparu.
De là, il faut considérer la victoire de La Mecque comme le début d’une étape qui fixa les fondements de l’Islam, le maintint dans la Péninsule arabique, avant de commencer à se répandre dans tout le monde.
C’est pourquoi nous voyons qu’après l’« ouverture » de La Mecque, les gens de toutes les régions de la Péninsule arabique se rendirent en délégations chez le Prophète(s) pour lui annoncer leur soumission.
Reprenons verset par verset ..(en nous aidant de l’interprétation de cette sourate de sayyed TabâTabâ’i dans « al-Mîzan », et de celles de sheikh Makârem Shîrâzî dans al-Amthâl, et sayyed Hassan al-Mustafawî dans son « Tahqîq fî kalimât al-Qurân al-karîm»).
وَرَأَيْتَ النَّاسَ يَدْخُلُونَ فِي دِينِ اللَّهِ أَفْوَاجًا
« wa ra’ayta an-nâsa yadkhulûna fî dîni-llâhi afwâjann »
Alors que le premier verset faisait état d’évènements perceptibles par tous, Dieu (qu’Il soit Glorifié), dans le second verset, interpelle directement Son Messager pour lui demander de constater de lui-même l’entrée des gens dans la Religion de Dieu. Sans doute parce qu’il(s) était le mieux placé pour le savoir, les gens se rendant par groupes chez lui(p) pour lui déclarer leur soumission à la Religion de Dieu, l’Islam. Le Prophète(s) pouvait constater de lui-même qu’il ne s’agissait pas de conversions individuelles résultat de convictions assurées.
Comme nous l’avons déjà dit, après la victoire de La Mecque, une nouvelle page s’ouvrit dans l’histoire de l’Islam. Les ennemis de l’Islam étaient défaits, écrasés après plus de vingt ans d’opposition. Les gens, voyant ce bouleversement, se soumirent au « vainqueur ». En général, les gens sont avec les plus forts, les victorieux, non pas avec les faibles, les vaincus. C’est pourquoi l’entrée des gens dans la Religion de Dieu (c’est-à-dire l’Islam) se fit par groupes, l’un après l’autre. Toute la Péninsule arabique fut purifiée de l’associationnisme et de l’adoration des statues et des fausses divinités (du moins apparemment) et l’Islam se préparait à diffuser son Message dans le reste des contrées du monde.
Sheikh Makârem Shîrâzî cite dans son « Amthal » une autre interprétation de l’entrée en masse des Arabes dans l’Islam. Les Arabes étaient persuadés que le Prophète de l’Islam(s) ne pourrait conquérir la Mecque que s’il(s) était sur la voie juste, que s’il(p) était avec la Vérité. Sinon, le Seigneur de la Maison (de la Ka‘bah) l’en empêcherait comme Il l’avait fait précédemment avec l’armée d’Abrahat. Aussi, quand se réalisèrent l’« ouverture » de la Mecque et l’entrée du Prophète(s) dans cette ville, les Arabes entrèrent dans la Religion de Dieu, comme le prouvait cette conquête.
فَسَبِّحْ بِحَمْدِ رَبِّكَ وَاسْتَغْفِرْهُ
« fa-sabbih, bi-hamdi rabbika wa-staghfiru »
Après lui avoir annoncé l’arrivée de ces trois évènements très importants (la venue de l’Assistance divine, la Victoire et l’entrée des gens, groupes après groupes, dans la religion de Dieu, l’Islam), Dieu (qu’Il soit Glorifié) ordonna-t-Il à Son Prophète de faire trois choses qui sont les moyens de remercier Dieu et qui correspondent à une prise de position croyante convenant à la Victoire divine : de Le glorifier en Le louant et de Lui demander l’effacement de toute trace des péchés.
Dans ce verset la Glorification de Dieu est liée à la Louange. La louange à Dieu, Seigneur des mondes, est un effet de la Glorification, un de ses corollaires.
L’homme voit la Toute Puissance de Dieu (qu’Il soit Exalté), la Seigneurie, ayant des effets dans l’ensemble des affaires de ce monde et face à la Grandeur du Seigneur (qu’Il soit Exalté), il se voit lui-même petit, humble, soumis, éphémère. Aussi se met-il à glorifier et à louer Dieu Tout-Puissant. La Louange ne revient qu’à Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Donateur, le Bienfaiteur, l’Unique, le « Samed » et à personne d’autre.
Et, en se plaçant du point de vue du Bienfait, il convient de remercier Dieu et de Le louer, de faire Son Eloge. C’est pourquoi Dieu demande à Son Messager de Le Glorifier en Le louant, en L’évoquant par Ses Attributs de Perfection.
Par cette Assistance et cette Victoire, Dieu a renforcé le camp de l’Unicité et affaibli, voire humilié les associationnistes. En d’autres termes, Il a fait apparaître la Vérité, l’a rendue victorieuse, et a fait disparaître le faux, l’a anéanti. Dans une telle situation, il convient de glorifier Dieu c’est-à-dire de Lui rendre un Hommage, Lui faire Sa louange en L’exemptant de tout ce qui est autre que Lui.
Cette grande victoire a purifié la place des pensées de l’associationnisme et a permis la manifestation de la Beauté de Dieu, de Sa Perfection, plus qu’auparavant, ainsi que celle de la guidance, de la conversion de ceux qui étaient égarés et qui avaient perdu la voie menant à Dieu.
Cette victoire grandiose était comme là pour montrer aux gens que Dieu n’abandonne jamais Ses Compagnons, pour que personne ne pense qu’Il délaisse ceux qui étaient « venus à Son Secours » ({Ô vous qui croyez ! si vous portez secours à Dieu, Il vous secourra et raffermira vos pas.} (7/47 Mohammed)), et pour qu’ils sachent que la Promesse divine est Vérité ({Certes, la promesse de Dieu est Vérité. Mais la plupart d'entre eux ne savent pas.} (55/10 Yûnus)). Certains musulmans avaient eu leur poitrine serrée (étaient angoissés) et s’étaient mis à douter de la Promesse divine devant les difficultés rencontrées et l’aggravation de la situation du fait de la divulgation du Message divin, comme Dieu (qu’Il soit Glorifié) l’a Lui-même évoqué dans Son noble Livre : {..les cœurs remontaient aux gorges, et vous faisiez sur Dieu toutes [sortes] de suppositions.} (10/33 Les Partis)). D’où l’ordre de Glorifier Dieu et de Le Louer pour L’exempter de tout manque, de toute déficience et Le qualifier des Attributs de Majesté et de Beauté.
Dieu a voulu qu’en ce moment grandiose, le Serviteur/adorateur ait bien conscience que tout vient de Lui (qu’Il soit Glorifié), qu’il ressente sa propre déficience, sa petitesse, ses manques et son besoin de Lui (qu’Il soit Loué et Exalté !).
Il se dirige alors, en toute humilité, vers son Seigneur, pour Lui demander pardon, et pour qu’Il fasse disparaître toute trace des effets de ses péchés, de ses manques, en tant que ce besoin est permanent et que lui est adventice. Il demande à Dieu (qu’Il soit Glorifié) de recouvrir ce qu’il y a dans la nature matérielle (taba‘) de l’homme, son penchant vers les passions et le désir de leurs satisfactions, vers l’accomplissement de péchés qui l’éloignent de Dieu. C’est alors que s’achève son remerciement à son Seigneur (qu’Il soit Loué et Exalté !).
Et dans ce mouvement de prise de conscience de son indigence, de son besoin de son Seigneur et de sa demande de pardon et d’effacement de toute trace de ses péchés, il reçoit alors sur lui les effusions divines de Sa Miséricorde sur Ses serviteurs/adorateurs.
Reprenons verset par verset ..(en nous aidant de l’interprétation de cette sourate de sayyed TabâTabâ’i(qs) dans « al-Mîzan », et de celles de sheikh Makârem Shîrâzî dans al-Amthâl, et sayyed Hassan al-Mustafawî dans son « Tahqîq fî kalimât al-Qurân al-karîm» et du commentaire du 17e hadith de l’Imam Khomeynî(qs) dans son « Arba‘ûn hadîthann ».)
فَسَبِّحْ بِحَمْدِ رَبِّكَ وَاسْتَغْفِرْهُ « fa-sabbih, bi-hamdi rabbika wa-staghfirhu »
POURQUOI LA DEMANDE DE PARDON POUR LE MESSAGER DE DIEU(s) ?
Nous avons vu la dernière fois comment après avoir annoncé une victoire certaine et l’entrée en masse des gens dans l’Islam, Dieu (qu’Il soit Exalté) demanda à Son Messager(s), dans ce troisième verset, qu’il glorifie en louant son Seigneur et qu’il Lui demande pardon. Nous avons tenté d’esquisser en quelques lignes ce que cela pouvait signifier et nous nous étions arrêtés sur la question suivante : pourquoi Dieu demanda-t-Il à Son Messager de demander pardon à son Seigneur alors qu’il(s) est infaillible ?
Plusieurs réponses ont été données à cette question.
-Certains ont vu là un enseignement pour toute la nation. Dieu demande à Son Prophète(s) de faire cela pour que les croyants et tous les Musulmans prennent exemple sur lui(s). Donc cet ordre est adressé aux croyants et aux Musulmans par l’intermédiaire de leur Prophète(s).
-D’autres y ont vu une réelle demande de pardon de la part du Messager de Dieu(s) parce qu’une telle demande de la part de Dieu (qu’Il soit Glorifié) n’est pas unique. Elle est évoquée dans d’autres versets. On peut citer en exemple le verset suivant qui décrit une situation qui ne concerne que Dieu et Son Messager(s) : {Nous avons fait descendre vers toi le Livre avec la Vérité, pour que tu juges entre les gens selon ce que Dieu t'a fait voir. Ne sois pas querelleur pour les traîtres* et demande pardon à Dieu car Dieu est certes Très-Pardonneur, Très-Miséricordieux.*} (105-106/4 Les Femmes).
-Certains ont constaté que la glorification et la louange sont la coutume de tous les nobles Prophètes au moment où se réalisent l’Assistance divine et la victoire. Le Prophète Youssef(p), quand il(p) s’assit sur le trône d’Egypte, après avoir retrouvé ses parents et ses frères après une longue absence, dit : {Mon Seigneur, Tu m'as donné du pouvoir et Tu m'as enseigné l'interprétation des rêves. Créateur des cieux et de la terre, Tu es mon Maître, ici-bas et dans l'Au-delà. Fais-moi mourir soumis et fais-moi rejoindre les vertueux.} (101/12 Youssef), Il en est de même pour le Prophète Sulayman(p) quand lui(p) fut présenté le trône de la reine de Saba’. Il(p) dit alors : {Cela est de la Grâce de mon Seigneur, pour m’éprouver : « Est-ce que je serai reconnaissant ou ingrat ? » }(40/27 Les Fourmis)
Par contre, apparemment, il n’y a pas de mention directe de la demande de pardon.
Après la Victoire de La Mecque, quelle serait l’attitude du Prophète(s) et celle de ses compagnons ?
-Enfin, certains ont rapproché la demande de pardon à Dieu à ce qui a été dit plus haut, à savoir que l’annonce publique de cette grande victoire prochaine signifiait approximativement l’achèvement de la mission du Prophète(s) et l’approche de son « voyage » vers le Compagnon le plus Elevé (qu’Il soit Glorifié). Selon certains propos rapportés, après la révélation de cette sourate (sans doute sentant sa fin proche), le Messager de Dieu(s) répétait beaucoup ces paroles : « Que Tu sois Glorifié, mon Dieu, par Ta Louange ! Mon Dieu ! Pardonne-moi car Tu es Celui qui revient sans cesse, le Très-Miséricordieux » vont dans ce sens.
-Il reste à se demander si la demande de pardon de la part du Prophète(s) se situait uniquement par rapport à ses propres actes, ou aussi à ceux de toute sa communauté dont il(s) se sentait responsable dans la mesure où il(s) avait la charge de lui transmettre le Message divin ?
LE SENS DE LA DEMANDE DE PARDON (AL-’ISTIGHFÂR)
Demander à Dieu l’effacement des traces, c’est se réfugier dans « la Station de l’effacement des effets (maqâm al-ghafariyyah) et du recouvrement (as-satariyyah) de l’Essence sainte qui implique le recouvrement des défauts et l’effacement des suites (conséquences) des péchés, parce que les formes immatérielles (malakûtiyyah) sont pour les actes ce que sont l’enfant pour l’homme, même plus proche que cela.
La réalité du repentir [du retour à Dieu] et des mots de la demande de l’effacement des traces (al-istighfâr) est de l’ordre de la malédiction et du renvoi de l’enfant. Dieu (qu’Il soit Béni et Exalté), en effaçant les traces et en recouvrant [les péchés], coupe le lien entre l’enfant (de l’homme) – les images immatérielles (malakûtiyyah) des actes interdits – et l’homme, par l’intermédiaire des « malédictions » de celui qui demande le pardon (l’effacement des traces). Il (qu’Il soit Exalté) dissimule cet acte de désobéissance [aux yeux de] toutes les entités qui regardent les états de l’homme – les Anges, les scribes des pages des crimes, le temps, le lieu, les membres et les organes de cet homme – et Il leur fait oublier à tous ce péché. » (L’Imam Khomeynî(qs), in « Arba‘ûn hadîthann » 17e H pp329-330)
Ainsi, demander l’effacement des traces (al-istighfâr) à Dieu, c’est Lui demander d’effacer tous les obstacles, (quels qu’ils soient, à quels niveaux qu’ils soient) qui empêchent de recevoir les Effusions divines et d’émigrer vers Lui, vers la demeure véritable auprès de Lui.
إِنَّهُ كَانَ تَوَّابًا « innahu kâna tawwâbann »
Ce troisième verset s’achève par cette affirmation : « car Il est Celui qui revient sans cesse », comme pour justifier et motiver davantage la demande de pardon.
« tawwâbann » : sous la 2de forme dérivée du verbe « tâba » (dont le sens fondamental est de revenir et par suite de se repentir) qui exprime l’intensité et la permanence. Il est Celui qui revient sans cesse, avec intensité.
D’autres ont vu dans cette affirmation un appel de Dieu à Son Prophète(s) (et par conséquent à tous les croyants et musulmans) de faire preuve d’indulgence envers ceux qui venaient à eux après la grande victoire de La Mecque. Comme si Dieu (qu’Il soit Exalté) voulait enseigner aux Musulmans le pardon. Comme Dieu est Celui qui revient sans cesse, il vous faut accepter le repentir des pécheurs après la victoire de La Mecque, autant que vous le pouvez. Vous ne devez pas les repousser tant qu’ils ont abandonné leur hostilité et leurs complots à votre encontre. C’est pourquoi le Messager de Dieu(s) prit une position pleine de miséricorde et de bonté avec ces ennemis rancuniers.
LEÇONS GÉNÉRALES DE CETTE SOURATE
Même si la sourate fait allusion à un évènement précis dans la vie du Prophète(s) selon l’avis de la majorité des savants et est une annonce particulière au Prophète(s), il s’y trouve des règles générales qui sont valables pour les gens jusqu’à la fin des temps :
¡Cette sourate parle du Secours de Dieu puis de la conquête et de la victoire et après cela de l’élargissement de l’espace de l’Islam et l’entrée des gens dans la Religion de Dieu par groupes. Entre ces trois évènements il y a un lien de cause à effet. Ainsi par le Secours de Dieu se réalise la victoire. Et par la victoire, les obstacles disparaissent du chemin et les gens entrent dans la Religion de Dieu par groupes.
Après ces trois étapes – qui constitue chacune d’entre elles un grand Bienfait – arrive la quatrième étape qui est celle du remerciement et de la louange, qui est, elle aussi, source de Bienfaits et de descente de Miséricorde divine. D’un autre côté, l’objectif final du Secours divin et de la victoire est l’entrée des gens dans la Religion de Dieu et la guidance du genre humain, la victoire [terrestre] n’étant pas l’objectif en soi.
¡Le croyant sincère en l’Unicité sait que la victoire vient uniquement de Dieu, c’est pourquoi il ne s’enfle pas de vanité après cette victoire et se tourne vers Dieu pour Le remercier et Le louer. Et il sait que quoi qu’il fasse, il ne pourra jamais glorifier et louer Dieu à Sa juste Mesure. C’est pourquoi, il lui est nécessaire de demander pardon à Dieu (qu’Il soit Glorifié) pour ce manque, cette impuissance et de revenir sans cesse à Lui.
¡Mais il se peut aussi que l’homme ait des réactions négatives après la victoire, qu’il laisse les insinuations du shaytân prendre prise sur lui et qu’il devienne prétentieux, arrogant, ou qu’il ne pense qu’à se venger ou à régler des comptes personnels. C’est pourquoi Dieu a demandé impérativement ces trois choses (la Glorification de Dieu en Le louant et la demande de pardon) pour lui apprendre comment être et se comporter au moment des secondes délicates de la victoire. En évoquant les qualités de Majesté et de Beauté de Dieu, en considérant que toute chose vient de Lui (qu’Il soit Glorifié), en se dirigeant vers la demande de pardon et en se rappelant que tout revient à Lui, toute prétention et toute négligence s’écartent de lui (ou disparaissent de lui si elles ont apparu) et tout sentiment de vengeance s’éloigne de lui.
LES CONDITIONS DU SECOURS DIVIN ET DE LA VICTOIRE
Ainsi, la venue du Secours de Dieu et de la Victoire ne se réalise qu’à certaines conditions que l’on pourrait rappeler ainsi :
-la foi : { Et c'était Notre devoir de secourir les croyants.} (47/30 Rûm)
-la patience et la piété : {Mais oui ! Si vous êtes endurants et pieux, et qu'ils [les ennemis] vous assaillent immédiatement, votre Seigneur vous enverra en renfort cinq mille Anges marqués distinctement.} (125/3 Ali ‘Imran)
-les actes et le jihad : {Ô vous qui croyez ! si vous portez secours à Dieu, Il vous secourra et raffermira vos pas.} (7/47 Mohammed)
-l’espoir et la sincérité : {..Jusqu’à ce que le Messager et ceux qui ont cru disent avec lui : « Quand viendra le Secours de Dieu ? Le Secours de Dieu n’est-il pas sûrement proche ! »} (214/2 La Vache)
-que cela soit dans la voie de Dieu : {Quant à ceux qui luttent en Nous, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers, Dieu est en vérité avec les bienfaisants.} (69/29 L’araignée)
-préparer les moyens : {Ils dirent : « Moïse ! Nous n'y entrerons jamais, aussi longtemps qu'ils y seront. Va donc, toi et ton Seigneur, et combattez tous deux. Nous restons là où nous sommes ».} (24/5 La Table Servie)
LA PERMANENCE DU SECOURS DIVIN ET DE LA VICTOIRE EST AUSSI SOUS CONDITIONS
La victoire peut provoquer des réactions psychologiques dangereuses pour ceux à qui elle a été accordée, comme l’orgueil, la prétention, l’arrogance, la supériorité, la suffisance ou autres défauts.
Aussi, pour que les bienfaits de la victoire se maintiennent, il faut se purifier de toutes ces sortes de défauts et se tourner vers Dieu et Le remercier, reconnaître que tout vient de Dieu et que tout revient à Lui, toujours se rappeler la Grandeur et la Puissance de Dieu, le Louer et Lui demander pardon afin de rester humble devant Lui. Comme Dieu a accordé ce grand Bienfait, Il peut le retirer quand Il le veut.
LES FAVEURS DE CETTE SOURATE
Il est rapporté du Messager de Dieu(s) :
« Pour celui qui récite [cette sourate], c’est comme s’il avait assisté avec le Messager de Dieu(s) à la victoire de La Mecque. » (Majma‘ al-Bayyân, vol.10 p553)
Il est rapporté de l’Imam as-Sâdeq(p) :
« Dieu secourt contre l’ensemble de ses ennemis celui qui récite {Idhâ jâ’a nasru-llâhi wa-l-fat’hu} [cette sourate] durant la prière surérogatoire ou obligatoire. Dieu le fait arriver le Jour du jugement avec un livre parlant dans lequel il y a une sécurité contre la chaleur de l’Enfer, après l’avoir fait sortir du cœur de sa tombe. » (Majma‘ al-Bayyân, vol.10 p553)
Il est clair que ces faveurs sont pour ceux qui, après avoir récité cette sourate, ont parcouru la voie du Messager de Dieu(s) et ont pris exemple de sa vie et de sa Tradition, et qui ne se sont pas satisfaits de remuer la langue.
UNE AUTRE APPROCHE
Certains savants contemporains (comme le savant ‘Âlim Sbayt an-Naylî dans son livre « at-Tûr al-Mahdawî »*) contestent les interprétations de la sourate citées précédemment, notamment le fait que la sourate annonce la conquête de la Mecque et la victoire de l’Islam sur les habitants de Quraish, en se fondant sur une approche linguistique de la sourate et sur d’autres propos rapportés.
Dans son livre, le savant Sbayt an-Naylî soulève un certain nombre d’incohérences dans les interprétations proposées, en même temps qu’il soulève un certain nombre de questions.
UNE ANNONCE D’UNE VICTOIRE PASSÉE OU FUTURE ?
¡La première remarque que fait l’auteur est que la plupart des exemplaires du noble Coran annonce que la sourate « an-Nasr » a été révélée après la neuvième sourate « at-Tawbat », c’est-à-dire un an après la conquête de La Mecque et pas avant. Comment cette sourate peut être considérée comme une annonce, du savoir des Mystères, de la victoire de La Mecque, alors que l’évènement avait déjà eu lieu !
¡Il se demande pourquoi la sourate a été révélée de façon indépendante. D’autant que si la sourate était en relation avec la conquête de La Mecque, les trois versets pouvaient être révélés au sein de la sourate « at-Tawbat », qui est une des dernières sourates descendues, qui est venue pour révéler au Prophète(s) la présence de groupes d’hypocrites au sein de la Nation musulmane après la victoire de la Mecque. Et tous sont d’accord pour dire que cette sourate « at-Tawbah » est l’unique sourate qui a été proclamée (accrochée ?) à la Ka‘bah le jour du Hajj le plus grand.
¡Assurément, cette sourate « an-Nasr » est venue pour annoncer une information à part, une bonne nouvelle au Prophète(s) qui n’était pas encore arrivée, une nouvelle victoire non pas celle passée de La Mecque ! Sans doute Dieu Tout-Puissant cherchait-il, après les révélations faites dans la sourate at-Tawbah sur la présence de groupes d’hypocrites dans ses rangs, à rassurer le Prophète(s) sur l’avenir de son Message, de sa Religion et à compenser toutes les souffrances qu’il(s) avait endurées après la victoire de La Mecque.
REMARQUES SUR LE TEMPS DES VERBES EMPLOYÉ ?
¡Les discours du Coran sont généraux et englobent tous les temps et tous les lieux.
Si la sourate indiquait la victoire passée de La Mecque, n’aurait-il pas été mieux que le verset s’exprime de façon à indiquer un évènement révolu dans le passé comme dans le premier verset de la sourate « La Victoire » (48) ?
بسم الله الرحمن الرحيم إِنَّا فَتَحْنَا لَكَ فَتْحًا مُّبِينًا (1)
Bi-smi-Allâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi, innâ fatahnâ laka fathann mubînann
{Par le Nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux, Nous t’avons certes accordé une victoire éclatante} (1/48 al-Fath)
Le verbe « fatahnâ » est à un temps du passé, indiquant un évènement qui s’est réalisé dans le passé.
Curieusement, cette sourate est aussi interprétée comme indiquant la victoire de La Mecque, malgré l’emploi du verbe à un temps du passé alors que la victoire n’avait pas encore eu lieu au moment de la révélation de cette sourate.
Le temps du passé ici employé est alors justifié comme indiquant une promesse divine (en dehors des contraintes du temps) ou sa réalisation dans les faits.
On aurait ainsi curieusement deux sourates qui parleraient d’un même évènement, la victoire de La Mecque, la sourate « an-Nasr » qui en parle avec un verbe employé à un temps du futur alors que l’évènement est déjà arrivé, et une autre, la sourate « al-Fath » qui en parle avec un verbe employé à un temps passé alors que l’évènement n’était pas encore arrivé au moment de sa révélation !
Comment réunir les deux ainsi ?
Et de plus pour annoncer une seule victoire, celle de La Mecque (qui allait pourtant aussi ouvrir la porte aux hypocrites, le grave danger pour les Musulmans) !
Comme s’il n’avait pas eu de victoire avant et qu’il n’y aura plus de victoire après !
CETTE SOURATE EST LA DERNIÈRE RÉVÉLÉE !
¡Dans son grand « Mu‘jam » (dictionnaire), le savant Tabrânî évoque l’évènement de la révélation de la sourate « an-Nasr » (vol.2 N°2676). « Quand elle fut révélée, le Prophète(s) dit : « Ô Gabriel, mon âme annonce ma mort. » L’Ange Gabriel(p) lui dit : « L’Au-delà (ou la fin) est meilleure que la première (ou le début).. » »
Et le propos se poursuit jusqu’à arriver à : « Le Messager de Dieu(s) tomba malade à partir de ce jour-là et sa maladie dura 18 jours durant lesquels les gens venaient lui rendre visite. Puis [son âme] fut saisie. »
Ce hadith indique que la sourate « an-Nasr » est la dernière sourate révélée au Prophète(s) durant ces 18 derniers jours.
¡Il existe un propos rapporté de l’Imam ar-Ridâ(p) que sheikh Saddûq rapporte dans son « ‘Uyûn Akhbâr ar-Ridâ(p) » : « J’ai entendu mon père dire, le tenant de ses pères : « La première sourate révélée fut, après le basmala, { Iqra’ bi-sm Rabbika } et la dernière sourate révélée fut { Idhâ jâ’ NasrAllah }. » » Et ce propos rapporté est également cité tel quel par le grand savant TabâTabaî dans son « Tafsîr al-Mîzan », vol.20 p353, sans aucun commentaire supplémentaire. (cf. vu précédemment)
En tant que dernière sourate révélée au Prophète(s), cela voudrait dire que Dieu veut nous annoncer, par l’intermédiaire de Son Prophète(s), l’arrivée certaine d’un évènement futur grandiose malgré la présence des hypocrites révélée dans une précédente sourate (la 9e sourate Le Repentir).
CETTE SOURATE ANNONCE LA VICTOIRE CERTAINE DU DERNIER IMAM DE SA DESCENDANCE !
¡Tout cela confirme ce qui a été dit précédemment et est une preuve indubitable que la sourate « an-Nasr » a été révélée pour contrebalancer la sourate « at-Tawba » (qui dévoilait la présence de groupes d’hypocrites) et qu’elle comprend l’annonce d’une grande victoire future qui ne s’est pas encore réalisée et qui va se réaliser par l’Imam al-Mahdî(qa), le douzième Imam de sa descendance. Elle est l’annonce grandiose faite au Prophète de la conquête de toute la terre et de l’entrée de l’ensemble des gens dans sa Religion.
*At-Tûr al-Mahdawî, ‘Alim Sbayt an-Naylî, pp97-100