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Le mouvement islamique : une manifestation des lois de l’histoire

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Nous nous proposons de poursuivre cette étude à plusieurs stades:

 

La domination de l'injustice ne saurait durer longtemps

 

Nous savons déjà que l'une des plus importantes lois de l'histoire veut que lorsque l'injustice et la corruption envahissent un environnement, une révolution s'ensuit obligatoirement. La débâcle des éléments qui soutiennent la discrimination indue et la tyrannie est inévitable.(1)

 

Ayant cette règle ferme de l'histoire bien présente à l'esprit, nous observons que pendant les six siècles de l'Ère Chrétienne, l'Arabie et les Empires Iranien et Romain, ainsi que tous les autres pays célèbres de cette époque-là, étaient prêts à exploser. A l'époque, ce n'était pas seulement en Arabie que la discrimination, la croyance aux mythes, l'idolâtrie, les dissensions tribales, la pauvreté, la tyrannie et beaucoup d'autres iniquités et vices prévalaient, mais même les grands et puissants (bien que décadents) pays dits civilisés de l'époque étaient victimes de ce genre de conceptions erronées, de croyances fausses, de conflits fratricides entre les gouvernants, lois cruelles, de préjudices, de coutumes barbares, et d'attaques contre la connaissance. L'atmosphère sociale générale était suffocante. Les masses grognaient sous de lourdes charges financières, alors que quelques groupes et individus privilégiés vivaient dans le luxe. Il y avait des milliers d'autres maux. Le Coran décrit cette condition comme une erreur manifeste.(2)  

 

L'Imam Ali (P) dépeint comme suit la situation qui prévalait en ces jours-là:

 

«Allah a envoyé le Prophète de l'Islam à un moment où il n'y avait pas eu de prophète depuis longtemps. Les gens étaient plongés dans un sommeil profond. Une confusion totale régnait partout. Les guerres se répandaient. Les feuilles de l'arbre de la vie étaient devenues jaunes et il n'y avait pas d'espoir que cet arbre portât un jour des fruits. Les eaux avaient séché. La lumière de la vraie religion avait été éteinte. La misère avait étendu sa face hideuse et s'était abattue sur l'humanité. Le résultat de cette situation malheureuse ne pouvait être que le chaos et le trouble. La peur avait envahi les cœurs des gens, lesquels n'avaient d'autre refuge que l'épée, assoiffés de sang». (Nahj al-Balâghah)

 

Cette situation du monde laissa présager un grand événement qui allait renverser les systèmes cruels et surannés.

 

Le réveil des gens

 

L'injustice n'aurait pas pu prendre fin sans l'intervention de facteurs humains et d'un mouvement idéologique. Il était nécessaire que les gens aient eu une meilleure connaissance et qu'il y ait eu une école pour éclairer leurs pensées et établir un programme pour eux afin que leurs forces dormantes puissent se réveiller.

 

«Il en est ainsi; car il ne convient pas que ton Seigneur détruise arbitrairement une cité dont les habitants étaient inconscients (de la faute qu'ils commettaient)». (Sourate al-An'âm, 6: 131)

 

«Nous n'avons jamais détruit une cité dont le sort n'avait pas déjà fixé». (Sourate al-Hijr, 15: 4)

«Nous n'avons jamais détruit une cité sans qu'elle fût avertie». (Sourate al-Chu'arâ', 26: 208)

Comme nous le savons, un réveil intellectuel et humain suit habituellement l'arrivée des prophètes.

 

«Si Nous les avions fait périr dans un châtiment antérieur à sa venue (la venue du Saint Prophète), ils auraient certainement dit: "Notre Seigneur! Pourquoi ne nous as-TU pas envoyé un messager afin que nous ayons pu suivre Tes révélations avant d'être humiliés et disgraciés."» (Sourate Tâhâ, 20: 135)

 

Pour ces raisons Allah envoya Mohammad, le Prophète de l'Islam, comme une nécessité historique et mondiale.

 

L'Arabie, pourvue d'une atmosphère favorable

 

Si la corruption, l'injustice et la croyance aux mythes demandent un tel mouvement, l'Arabie présentait naturellement l'atmosphère la plus favorable à cet égard, car elle jouissait de moins de qualités humaines que ses voisins, et était submergée dans un marécage profond.

 

Le Commandeur des Croyants, l'Imam Ali (P) a dit:

 

«Allah envoya Mohammad (Que la Paix soit sur lui et sur ses descendants) pour prévenir les peuples du monde contre les coutumes et les manières qu'ils avaient adoptées. Il a nommé Mohammad (Que la Paix soit sur lui et sur ses descendants) le dépositaire de Ses Commandements célestes. A cette époque-là, vous les Arabes, professiez la pire religion et viviez dans la pire demeure. Vous dormiez parmi des pierres dures et des serpents venimeux. Vous buviez de l'eau trouble. Vous mangiez une nourriture grossière. Vous répandiez le sang les uns des autres. Vous rompiez les liens avec vos proches et vous vous battiez contre eux. Les idoles étaient dressées parmi vous et vos péchés liaient vos mains et vos pieds». (Nahj al-Balâghah, sermon 26)

 

Telles étaient les circonstances lorsque cette société dégradée et cette terre inhospitalière furent choisies pour être le berceau de l'Islam.

 

Les pionniers: les compagnons élus

 

Pour que ce mouvement divinement populaire puisse réussir à changer le système corrompu et à faire l'histoire, il fallait absolument que les pionniers fussent éduqués sur la base de son idéologie et que, par la suite, les masses aient reçu, dans un réveil général, un entraînement révolutionnaire et qu'elles fussent préparées à poursuivre leur mouvement.

 

Le Saint Prophète, dès qu'il a accédé à la prophétie, a commencé à prêcher l'Islam parmi des individus bien choisis, et il s'est mis à les élever et à les éduquer. Au début, le prêche se faisait secrètement et en privé. Les gens furent choisis individuellement. Les enseignements étaient fondamentaux: on devait adorer seulement Un Dieu et renoncer à toute forme de polythéisme. Une soumission totale à ce qui avait été révélé était nécessaire. Tous les hommes, étant les esclaves d'Allah, avaient l'obligation de se purifier et de s'accoutumer aux bonnes actions et à la résistance au mal.

 

«Je jure par le temps (celui de la naissance du vrai homme)! Oui, l'homme est en perdition. A l'exception de ceux qui croient, de ceux qui accomplissent des œuvres bonnes; de ceux qui s'encouragent mutuellement à rechercher la Vérité, de ceux qui s'encouragent mutuellement à la patience». (Sourate al-'Açr, 103: 1-3)

 

Peu de gens, mais parmi l'élite, acceptèrent de tout cœur les principes de la nouvelle école et devinrent ainsi fermes dans leur foi. Avec la croyance en Un Dieu, le rejet de toutes les fausses divinités, la formation du caractère, la piété, la connaissance, la largeur d'horizon et la soumission à la Vérité, le terrain passe au stade du prêche ouvert.

 

A la fin de cette période, des attaques persistantes et puissantes avaient été lancées contre le système qui prévalait. L’idolâtrie, principale cause de la pensée erronée et principale arme de l'aristocratie, fut condamnée. Une nouvelle vague se forma. Un bon nombre de gens parmi les esclaves, les déshérités, les sans-logis, les opprimés, ainsi que quelques aristocrates, joignirent le nouveau mouvement. Mais simultanément, la résistance de l'ennemi, ses menaces, la torture, la calomnie et la médisance atteignirent leur paroxysme.

 

Les versets divins furent révélés sous forme de maximes ardentes. Ils contenaient des critères constructifs de la foi. Les hommes nouveau-nés continuèrent à avancer avec fermeté sans fléchir sur la voie de la formation de 1'histoire future.

 

Le rôle de l'émigration

 

Du point de vue islamique, l'émigration est l'un des éléments qui font l'histoire. Réfléchissez aux versets suivants: «Lorsque les anges ôtent la vie de ceux qui se sont fait tort à eux-mêmes, ils leur demandent: "Dans quelle situation étiez-vous?" Ils répondent: "Nous étions opprimés sur la Terre." Les anges disent: "La Terre d'Allah n'était-elle pas assez vaste pour vous permettre d'émigrer?" Voilà ceux qui auront la Géhenne pour refuge: Quel détestable sort! A l'exception de ceux qui sont faibles et incapables parmi les hommes, les femmes et les enfants; car ils ne sont pas dirigés sur le Chemin Droit.

 

Tels sont ceux qu'Allah absoudra peut-être. Allah est Celui qui absout et qui pardonne. Celui qui émigre sur le chemin d'Allah trouvera sur la Terre de nombreux refuges et de l'espace. Celui qui sort de sa maison pour émigrer pour Allah et pour Son Prophète, et qui, en cours de route est frappé par la mort, sera rétribué par Allah. Allah est Celui qui absout, IL est Miséricordieux». (Sourate al-Nisâ', 4: 97-100)

 

Si l'environnement suffocant d'un lieu n'est pas propice à faire admettre la vérité, si la pression est si forte que toutes les valeurs sont supprimées, et s'il n'y a pas de possibilité d'influer sur le milieu et de réformer la société, on doit rechercher un lieu plus convenable où la foi, l'indépendance et la vérité pourraient fleurir, pour s'y établir. Selon l'Islam, c'est l'émigration, dans son sens le plus large, qui aide à résoudre les problèmes et à ouvrir de nouvelles voies. L'Islam nous enjoint d'émigrer d'un milieu fermé et aveugle vers des terres ouvertes et prêtes à accepter la Vérité, et des montagnes rugueuses vers des lieux peuplés. Il prescrit l'émigration en vue de l'étude de la nature et de l'histoire des hommes, l'émigration de l'égocentrisme vers Allah, de l'étroitesse de l'égoïsme et de la mégalomanie vers l'atmosphère, plus large, de l'honneur et de l'humanité.

 

Quand le Prophète de l'Islam constata que ses compagnons vivaient sous pression, il ordonna tout d'abord à un nombre limité d'entre eux d'émigrer en Ethiopie. Et finalement, ayant pris des contacts avec les habitants de Médine et obtenu de leur part des engagements fermes, et s'étant assuré secrètement que l'atmosphère de cette ville lui était favorable, il s'apprêta à y émigrer. Toute sa fortune et toutes ses relations familiales furent sacrifiées pour la cause de la foi, pour la promotion de son but et pour la continuation de la lutte. Avec l'émigration, une nouvelles époque de l'histoire des Musulmans a commencé pour le Saint Prophète et ses loyaux compagnons. Nous savons combien cette grande étape de l''émigration à Médine fut efficace pour l'expansion du mouvement islamique.

 

Une des conditions fondamentales du progrès d'un mouvement est la formation d'une équipe ou d'une société disciplinée et exemplaire, familiarisée avec son idéologie, et loyale envers elle. A Médine, une nation fut formée. Certes il s'agissait d'une toute petite nation, mais conforme aux critères requis. Dans cette petite société, il n'y avait pas de discrimination raciale, tribale ou de classe. Personne n'était plus noble qu'un autre. Toute forme de discrimination et de distinction fut écartée. Chaque individu, qu'il fût Mohâjir (émigré) ou Ançârî (partisan médinois) avait l'obligation de mettre réellement en pratique les principes de la fraternité et de l'égalité. Un Mohâjir et un Ançârî étaient déclarés frères l'un de l'autre, et avaient le devoir de partager maison et biens et de vivre ensemble.

 

Le Saint Prophète promulgua la charte de Médine, qui était la vraie constitution sur laquelle le système social de cet Etat avait été fondée. Les droits, les obligations et les relations mutuelles furent fixés avec précision sur la base de l'unité, de la justice et de l'équité. De nouveaux membres joignirent le mouvement qui continua à se répandre lentement.

 

La guidance des masses

 

Les masses sont généralement maintenues dans l'ignorance, et exploitées politiquement et économiquement par ceux qui détiennent le pouvoir. Tel fut leur sort habitue! tout au long de l'histoire. Que ce soit ouvertement ou subrepticement, elles sont asservies pour nourrir la guerre des gens de pouvoir et pour servir les intérêts des égoïstes.

 

L'Islam connaît cette situation et décrie(3)  l'ignorance de la majorité, mais il veut que les masses organisent leurs forces éparpillées et qu'elles œuvrent en vue d'opérer des changements sociaux fondamentaux pour améliorer leur sort.

 

Le message de l'Islam est universel. Il veut amener tout le monde vers lui, et transformer tout le monde en des gens vertueux et pieux.

 

Le Coran dit: «O vous les hommes! Je suis envoyé vers vous tous par Allah». (Sourate al-A'râf, 7: 158)

 

Il y a des centaines d'autres versets qui exhortent toute l'humanité à la piété, aux bonnes actions, à la connaissance, à l'adoration d'Allah, à la pureté, à la serviabilité et à la dépense de la richesse pour une bonne cause. Contrairement à d'autres systèmes qui exploitent les masses, l'Islam veut les guider vers le Droit Chemin et améliorer leur sort. Chaque Musulman ordinaire peut obtenir la distinction et joindre le groupe des gens éminents.

 

Accessoirement, beaucoup de personnalités éminentes de l'Islam sortirent des rangs des masses des déshérités et des anonymes. Etant donné qu'elles se sont forgées sur les orientations prescrites par l'Islam et qu'elles ont acquis des vertus humaines, elles ont pu atteindre une position éminente dans les cercles islamiques.

 

Médine connut un réveil général. Les familles vivant dans tous ses quartiers montrèrent un grand enthousiasme à joindre le nouveau mouvement. Ils furent peu à peu préparés à accomplir le devoir collectif du "Jihâd".

 

L'élément du "Jihâd"

 

Le jihâd et les conflits violents sont parmi les plus importants facteurs des changements intervenus dans l'histoire. Lorsqu'un combat contre l'injustice et l'oppression commence, il donne au mouvement évolutif de la société une nouvelle impulsion et il débouche sur un succès décrit par le Coran comme un grand accomplissement(4), une grande récompense(5)  et une délivrance(6).

 

«O vous les croyants! Vous indiquerai-JE un marché qui vous sauvera d'un châtiment douloureux? Ayez foi en Allah et en Son Messager et combattez pour Sa cause avec vos biens et vos personnes. C'est mieux pour vous, si seulement vous le saviez! IL pardonnera vos péchés et vous admettra dans les Jardins au-dessous desquels coulent les ruisseaux. IL vous logera dans des demeures agréables dans les Jardins d'Eden. C'est, en vérité, un grand accomplissement. Et IL vous accordera une autre faveur que vous aimez énormément, (à savoir) un secours venant d'Allah et une prompte victoire. Annonce cette bonne nouvelle aux croyants». (Sourate al-Çaf, 61: 1-13)

 

Dès que le Saint Prophète s'est assuré de la préparation de ses compagnons et de la disponibilité d'une force offensive, il entreprit la tâche d'une marche générale sur les bases de l'idolâtrie et de l'oppression. Les batailles de Badr, d'Ohod, d'al-Khandaq, etc. étendirent rapidement la zone du conflit et affaiblirent la position de l'ennemi. Elles firent remonter le moral des Musulmans et attirèrent l'attention des tribus avoisinantes. Ainsi, la voie était désormais aplanie devant la propagation rapide du nouveau système et la destruction de l'ennemi.

 

L'universalité du mouvement

 

En adressant un avertissement aux pays voisins et aux grands empires, le Saint Prophète déclara que l'Islam est un mouvement mondial. Après avoir réalisé des victoires notables et conclu une course trêve avec Quraych, l'incroyant, le Saint Prophète eut la possibilité de répandre le message de l'Islam parmi les territoires étrangers. Il écrivit des lettres aux dirigeants du monde et leur demanda d'accepter l'Islam. Ces lettres montrèrent à l'évidence que le message de l'Islam était celui de la croyance en Un Dieu Unique et du rejet de tous dieux terrestres. Bien qu'il y eût des réactions variées à ces lettres, elles constituèrent un ferme avertissement qui ouvrit un nouveau chapitre dans l'histoire de ces pays, comme en témoignèrent les années suivantes.

 

On peut dire ici que de nombreux mouvements historiques furent seulement de caractère local ou régional. Leurs buts, leurs principes et leurs programmes s'adaptaient à un environnement particulier, et de là, ils furent confinés à des peuples spécifiques. En conséquence, les appels de beaucoup de prophètes antérieurs avaient été, eux aussi, limités et régionaux.

 

Mais si le programme d'un mouvement est de niveau mondial et qu'il bénéficie d'autres conditions, telles que des conditions sociales favorables, une direction puissante, un corps fort et large de partisans, il peut sûrement pénétrer dans d'autres régions, et une vague internationale peut voir le jour.

 

Notes :

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1-«Leur Seigneur leur révéla: "Nous allons faire périr les injustes".» (Sourate Ibrâhim, 14: 13)

«Nous n'avons jamais détruit de cités, à moins que leurs habitants ne soient des injustes». Sourate al-Qaçaç, 28: 59)

2-Sourate al-Jum'ah; verset 2

3-«Mais la plupart des hommes ne savent pas» (Sourate al-Jâthiyah, 45: 26), et beaucoup d'autres versets. «La plupart d'entre eux ne suivent qu'une conjecture» (Sourate Yûnis, 10: 36). «Mais la plupart d'entre eux sont insensés» (Sourate al-'Ankabout, 29: 63). «Mais la plupart d'entre eux détestent la Vérité» (Sourate al-Mo'minoun, 23: 70). «Mais la plupart des hommes ne croient pas» (Sourate al-Ra'd, 13: 1)

4-Sourate al-Tawbah; verset 113.

5-Sourate al-Nisâ'; verset 98.

6-Sourate al-Çaf; verset 10.

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