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Introduction et Fondements de l’Intimité avec le Saint Coran

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Introduction et Fondements de l’
Intimité avec
le Saint Coran
(Première Partie)
L’éducation de l’homme constitue la raison de la suscitation de tous les prophètes. L’éducation complète d’un être tel que l’homme comporte des dimensions complexes et délicates. L’histoire a d’ailleurs démontré que plus cette éducation est de qualité, plus la société est bien portante. Dans ce domaine, le rôle de l’éducateur est indéniable. Ce rôle est l’objet d’une attention particulière de la part de l’école des prophètes. Chaque prophète fut le meilleur parmi le peuple de son époque. C’est aussi le cas pour l’Islam dont le prophète – le Sceau des prophètes - a été présenté à son peuple, et au monde entier, comme modèle absolu à suivre. Voici une distinction qui ne fut jamais décernée à un être humain avant lui :

لقد كان لكم في رسول الله اسوةٌ حسنة لمن كان يرجوالله واليوم الآخر و ذكر الله كثيراً (احزاب/21)

Toutefois, avant d’obtenir cette distinction éternelle, il avait déjà reçu un autre titre de prestige et de gloire : son époque l’avait surnommé Amine (fiable, à qui on peut avoir totalement confiance). Ce fut un argument contre son peuple lorsque celui-ci cherchait des prétextes pour échapper à son appel :

لقد لبثت فيكم عمراً من قبله أفلا تعقلون (يونس/16)

Voyons comment s’épanouirent ses capacités spirituelles durant la période de sa mission prophétique :

و كذلك أوحينا إليك روحاً من أمرنا ما كنت تدري ما الكتاب و لا الإيمان و لكن جعلنه نوراً نهدي به من نشاء من عبادنا و إنّك لتهدي إلى صــراطٍ مستقيمٍ صــراط الله الّذي له ما في السموات و ما في الأرض ألا إلى ألله تصــير الأمـور (شورى/52,53)

« C’est ainsi que Nous t’avons révélé un esprit de Notre ordre. Tu n’étais point en mesure de savoir ce qu’est le Livre ni la foi. Mais nous en avons fait une lumière par laquelle Nous guidons qui Nous voulons parmi Nos serviteurs. En vérité tu guides vers le droit chemin : le chemin d’Allâh à qui appartient tout ce qui est dans les cieux et tout ce qui est sur la terre. Ne voyez-vous pas que la dévolution de toutes choses n’est que vers Allâh ? ».

Envoyé vers un peuple ummi/sans un livre céleste durant une période de rupture (( فترة avec la révélation, un peuple empli d’une intense hostilité mutuelle, situé au bord d’un abîme de feu[1], sa mission était fondée sur certains principes indispensables. Nous trouvons la description de la situation du peuple du Prophète (pslf), ainsi que les détails de sa mission dans de nombreux versets coraniques, tels que :

إنّك لمن المرسلين على صـراطٍ مستقيمٍ تنزيل العزيـــز الرحيـم لتنذر قوماً مــا أنذر آباؤهم فهم غافلون (يس/6-3)

لقد منّ الله على المؤمنين إذ بعث فيهم رسولاً من أنفسهم يتلو عليهم آياته و يزكّيهم و يعلمهم الكتب و الحكمة و إن كانوا من قبل لفي ضلالٍ مبينٍ (آل عمران/164)

L’enseignement du Coran, à commencer par sa récitation fut le premier devoir de celui qui est le modèle absolu à suivre pour toute l’humanité. La nécessité de suivre ce modèle apparaît clairement, surtout dans un domaine aussi important que l’enseignement et l’apprentissage du Saint Coran. L’étude des hadiths rapportés du Prophète (pslf) et des Imams, ses successeurs, nous fournit un trésor très précieux de savoir contenant les enseignements les plus délicats ainsi que les éléments éducatifs les plus précis. Ces éléments sont tombés il n’y a pas longtemps dans la sphère de la science où ils se mélangèrent avec la connaissance humaine dans les domaines tels que la psychologie de l’enseignement et de l’éducation, la linguistique ainsi que d’autres sciences similaires. Nous allons maintenant mettre en relief les principes et les éléments constitutifs de la l’intimité avec le Saint Coran, à la lumière du Coran même et de la tradition du Prophète et des Ahl ul-Bayt (pse).

Signification de « Intimité »
Le terme « Intimité » est adoptée dans cet article en tant qu’équivalent du terme arabe الأُنس. Les dérivés de cette racine sont utilisés à maintes reprises dans le Coran et les hadiths. Il s’agit de l’opposé de la crainte/الوحشة¹ : l’absence de peur, de crainte. La racine de الأُنس exprime le fait de se familiariser avec quelque chose, c'est-à-dire que l’on garde son calme et sa tranquillité face à cette chose, et cela exprime également la disparition de la crainte et de la réticence que l’homme et d’autres êtres vivants ressentent instinctivement face à un objet inconnu. La présence de الأُنس et son établissement éliminent le sentiment de crainte, de défiance. La détestation[2] cédera alors la place à un sentiment de calme mais aussi à un certain intérêt à l’égard de l’objet en question. Le contexte coranique des termes dérivés de cette racine nous donne des images très expressives à propos de cette notion. C’est le cas, lors de l’arrivée de Moïse (psl) et de sa famille dans un désert sombre, froid et hostile, au moment où il reprit de l’espoir en apercevant un feu de loin :

فلمّا قضى موسى الأجل و سار بأهله آنس من جانب الطور ناراً قال لأهله امكثوا إنّي آنست ناراً لعلي آتيكم منها بخبرٍ أو جذوةٍ من النار لعلكم تصطلون (قصص/29)

« Puis, lorsque Moïse eut accompli le délai convenu et qu’il se mit en route avec sa famille, il aperçut un feu du côté du Mont. Il dit à sa famille : demeurez ici, j’ai ressenti de l’intimité d’un feu, j’espère vous ramener des nouvelles, ou un tison afin que vous vous réchauffiez[3] ».

L’acquisition de l’intimité avec le Coran
Il faut indiquer le sentiment qui émerge normalement en l’homme à l’égard du Coran, étant donné sa source divine et ses aspects grandioses. Tout d’abord, confronté au phénomène du Livre, il ressent de la réserve, de la prudence, du respect mêlé à une crainte révérencielle vis à vis d‘Allâh. Le Coran n’est-il pas celui qui, s’il était descendu sur un grand mont, l’humilierait, le fendrait et le briserait du fait de cette crainte révérencielle ?! Cette grande vérité est énoncée dans ce verset :

لو أنزلنا هذا القرآن على جبلٍ لرأيته خاشعاً متصدّعا من خشية الله (حشر/21)

Alors comment s’approcher de cette parole si lourde à porter ? En principe, « Le manuel des instructions » du Saint Coran, ne doit pas se trouver en dehors du Saint Coran lui-même. Il n’y a donc que le Coran qui soit en mesure de nous aider à ce propos, de nous instruire. Lorsque Allâh parle du poids du Coran à son Prophète (pslf), Il le dote en même temps de la capacité de recevoir cette parole dont la charge est au-delà de la capacité des grandes montagnes. Allâh mentionne également une chose qui donne « plus de force aux pieds et plus de rectitude aux dires ». Cela est comme dans les versets suivants :

يا أيّها المزمّل قم اليل إلاّ قليلاً نصفه أو انقص منه قليلا أو زد عليه و رتّل القرآن ترتيلا إنا سنلقي عليك قولا ثقيلا إنّ ناشئة اليل هي أشدّ وطأً ً و أقوم قيلا ً(مزمّل/6-1)

« ô toi, qui es enveloppé d’un manteau !

Tiens-toi débout, la nuit, en prière,

La moitié de la nuit, ou un peu moins ou davantage,

Et récite continuellement le Coran,

Nous allons te lancer une parole de grand poids,

La prière nocturne donne plus de force aux pieds et plus de rectitude aux paroles. En tant que prophète, tu en as grandement besoin ».

Ceci s’adresse en premier lieu au prophète (pslf), en tant que chef suprême de la religion. Puis, partir de lui, cela descend pour atteindre toute autre personne concernée par le Message du Qoran.

Les deux moments indiqués dans ces versets que sont la prière et la nuit constituent des moments propices pour réciter le Coran. Car durant la nuit, le cœur est bien dégagé de toute préoccupation quotidienne et le corps a bien profité du repos nocturne. Il en va de même de la situation du fidèle en état de prière. Le cœur pourra alors constituer un terrain très fertile dans lequel semer le grain de cette intimité qui nous occupe.

Parmi d’autres hadiths enseignant les manières correctes d’aborder le Coran, on trouve le hadith suivant contenant divers enseignements ; éducatif, physiologique et autre :

[4] من قرأ القرآن و هو شابّ مؤمن اختلط القرآن بلحمه و دمه

Les éléments présents dans ce hadith sont :
- Lecture

- Jeunesse

- Foi

Ce hadith - court en apparence - contient une grande dose de savoir. Le contenu de ce hadith illustre très bien la notion d’intimité avec le Coran. Il cherche les racines de cette intimité et les trouve dans une terre que l’on ensemence avec le grain de la lecture, une terre faite de jeunesse et de foi.

Le mélange du Coran à la chair et au sang est l’expression de l’état dans lequel se trouve le « porteur du Coran » (حامل القرآن) qui ne sera capable de supporter la séparation d’avec le Coran - ou seulement son éloignement provisoire - qu’au prix d’une grande douleur, telle que l’on doit normalement en éprouver lors de la section d’un organe. Cela brûle le corps aussi bien que le cœur.

Les spécialistes parviennent aujourd’hui, grâce aux appareils de la « kinésimétrie » à faire sortir des morceaux d’un pot cassé les chansons que le potier chantait lors de sa fabrication ; enregistrées par « impression physique » et conservées à travers le temps. Si quelques minutes de chant peuvent être enregistrées sur un morceau d’argile, il ne sera alors pas étonnant que la parole d’Allâh, la meilleure parole, le plus beau récit (احسن الحديث), imprime la chair et le sang d’un jeune lecteur ainsi touché par la bénédiction. Voilà pourquoi nous tenons à expliquer l’aspect particulier que constitue le signe éternel, le support universel de l’appel mohammadien. Le signe éternel ne se limite pas seulement à la résurrection d’un mort recouvert par la poussière de sa tombe, ni au fait qu’une chamelle sorte d’une colline, non plus à la transformation d’un bâton en serpent. Ce signe possède une qualité que les autres miracles n’ont pas : il s’agit de « l’aspect mécanique ».

La lecture du Saint Coran actionne plusieurs organes et parties du corps physique, tels que les cordes vocales, la langue, les dents, les lèvres, les segments des oreilles externes, moyennes et internes (surtout le tympan), le marteau et certains autres osselets voire la peau toute entière. « Le récit le plus beau » marque ainsi tous les organes mis en activité. Ce que confirme le verset :

الله نزّل أحسن الحديث كتاباً متشابهاً مثاني تقشعرّ منه جلود الذين يخشون ربّهم ثمّ تلين جلودهم و قلوبهم إلى ذكرالله ذلك هدى الله يهدي به من يشاء و من يضلل الله فما له من هاد (زمر/23)

« Allâh fit descendre le récit le plus beau : un Livre dont les versets se ressemblent et se répètent. Les peaux de ceux qui craignent leur Seigneur en frissonnent, puis leurs cœurs et leurs peaux s’adoucissent au rappel d’Allâh ; voilà la guidance d’Allâh, par laquelle Il guide qui Il veut. Et celui qu’Allâh ne guide pas n’a point de guide ».

Voire :

كذلك نسلكه في قلوب المجرمين لايؤمنون به و قد خلت سنّة الأوّلين (حجر/13-12)

كذلك سلكناه في قلوب المجرمين لا يؤمنون به حتّى يروأ العذاب الأليم فيأتيهم بغتةً و هم لا يشعرون فيقولوا هل نحن منظرون أفبعذابنا يستعجلون (شعراء/204-200)

« C’est ainsi que Nous faisons passer le [Coran] dans les cœurs des coupables. Ils ne croiront pas en lui, malgré les exemples que les Anciens leur ont laissés ».

« C’est ainsi que Nous avons fait passer le [Coran] dans les cœurs des coupables. Ils ne croiront pas en lui avant d’avoir vu le châtiment douloureux qui leur viendra subitement tandis qu’ils ne s’y attendront pas. Et alors ils diront : « N’aurons-nous aucun répit ? » Cherchent-ils à hâter Notre châtiment ?! »

Les cœurs des coupables !
Voilà les terres mortes, desséchées et non labourées. Il faut d’abord les remuer avec un outil approprié, un outil pénétrant afin de vérifier s’il reste encore de l’espoir d’un peu de bien au fond des cœurs en question.

Pour mieux saisir les liens existants entre tous les éléments donnés dans le hadith du « jeune fidèle lecteur » du Coran, ainsi qu’entre les versets qui l’ont suivi, il faut encore prendre en considération la manière employée par Allâh pour concrétiser ces liens :

ألم يأن للّذين آمنوا أن تخشع قلوبهم لذكر الله و ما نزل من الحقّ و لا يكونوا كالّذين اوتواالكتاب من قبل فطال عليهم الأمد فقست قلوبهم وكثيرٌ منهم فاسقون اعلموا أنّ الله ‌ يحيى الأرض بعد موتها قد بيّنا لكم الآيات لعلكم تعقلون (حديد/17-16)

« Le moment n’est-il pas venu pour ceux qui ont cru, dont les cœurs s’humilient au souvenir d’Allâh et devant ce qui est descendu de la vérité, et qui ne sont point pareils à ceux auxquels l’E'criture a été donnée auparavant ? Ceux qui trouvèrent le temps long ; leurs cœurs s’endurcirent et beaucoup d’entre eux sont pervers.

Sachez que c’est Allâh qui revivifie la terre déjà morte. Certes, nous vous avons clairement exposé les signes afin que vous réfléchissiez ».

La chair et le sang du « jeune fidèle lecteur » du Coran, c’est la terre « cultivée » et revivifiée par la pluie de l’eau de vie : le Coran.

C’est là que l’on pourrait parler de la question de l’ « intimité » avec le Saint Coran.

L’Imam Sajja-d dit :

[5]لو مات من بين المشرق و المغرب لما استوحشت بعد أن يكون القرآن معي

« Si tous ceux qui sont entre l’est et l’ouest meurent, je n’aurai point peur lorsque le Coran est avec moi ».

L’imam Sâdeq (psl) rapporte un magnifique hadith du Prophète Mohammad (pslf), son noble ascendant, à propos des qualités, des vertus et des devoirs d’un « porteur du Coran ».

عن أبي عبدالله(ع): قال رسول الله (ص): إنّ أحقّ الناس بالتخشّع في السرّ و العلانيّة لحامل القرآن و إنّ أحق ّالناس في السرّ و العلانيّة بالصلوة والصوم لحامل القرآن، ثمّ نادى بأعلى صوته: يا حامل القرآن تواضع به يرفعك الله و لا تعزّز به فيذللك الله، يا حامل القرآن تزيّن به لله يزينك الله به و لا تزيّن به للناس فيشينك الله به، من ختم القرآن كأنّما أُدرجت النبوّة بين جنبيه و لكنّه لا يوحى إليه [6].

« L’homme le plus digne de l’humilité en secret ou en public, est le porteur du Coran. L’homme le plus digne du jeûne en cachette ou à découvert est le porteur du Coran. Puis l’Imam Sâdeq (psl) dit d’une voix haute : « ô porteur du Coran ! Humilie-toi par le Coran ; Allâh t’élèvera, et ne t’enorgueillis pas par le Coran car Allâh te rabaissera à cause de cet orgueil. ô porteur du Coran, orne-toi par le Coran pour la cause d’Allâh, Allâh t’ornera par lui, et ne t’orne pas par lui pour plaire aux gens, car Allâh salira alors ton visage auprès des gens. Celui qui apprend tout le Coran comme il convient ; la prophétie sera insérée entre ses deux côtes, sauf que la révélation ne descend pas sur lui ».

Les points mentionnés dans ce hadith donnent d’une part les éléments qui illustrent les avantages liés au fait de porter le Coran ainsi que ceux qui renforcent cette grande perfection, mais aussi les fruits même du fait de porter le Coran. Ces éléments et ces fruits se complètent et agissent simultanément les uns sur les autres. La prise en considération des points indiqués dans ce hadith et leur mise en application nous seront d’une grande utilité.

Il est évident que le Coran ou le hadith islamique ne veulent point faire entendre par un terme comme « la lecture » du Coran une notion telle qu’une simple lecture irréfléchie et superficielle de cette grandiose œuvre divine. Mais plutôt pour dire que ceux dont il est question en sont des experts, des connaisseurs ayant des qualités significatives et impressionnantes dans le domaine. Voici le point exact sur lequel le hadith met l’accent :

[7] أنت تقرأ القرآن ما نهاك فإذا لم ينهك لست تقرأه

« Tu lis le Coran et il t’empêche de commettre des actes incorrects. S’il ne t’en empêche pas, alors tu ne le lis pas ».

Ce hadith souligne en fait le lien existant entre la lecture du Coran et le bon comportement. Selon le verset cité précédemment, le lien entre la lecture du Saint Coran et la prière est le fait de se rappeler d’Allâh : soit le fruit le plus noble et le meilleur !

اتل ما أوحي إليك من الكتاب و أقم الصلوة إنّ الصلوة تنهى عن الفحشاء و المنكر و لذكر الله اكبر و الله يعلم ما تصنعون (عنكبوت/45)

« Lis ce qui t’est révélé du Livre et accomplis la S?ala-t. En vérité, la S?ala-t préserve de la turpitude et du blâmable. Et le rappel d’Allâh est certes ce qu’il y a de plus grand. Et Allâh sait ce que vous fabriquez ! ».

Le passage des termes coraniques à des vibrations sonores du fait de l’activité de plusieurs organes, puis l’effet de l’onde vibratoire sur tout le corps en général et sur le cœur en particulier et enfin sa transformation en ذكر/rappel ; c’est cela الأنس /l’intimité avec le Coran. On peut assimiler ce passage à celui de l’eau, traversant la surface d’une terre asséchée et morte pour arriver à la partie intérieure, disons au « cœur » de la terre, où il y a la vie et où le grain peut trouver les conditions appropriées afin de croître. Ce sera là, au cœur, que l’eau pourra prouver son effet et de là, le grain pourra se développer et atteindre son but qui est de devenir un arbre productif :

ألم تر كيف ضرب الله مثلاً كلمة طيّبة كشجرةٍ طيّبةٍ أصلها ثابتٌ و فرعها في السماء تؤتي أكلها كلّ حينٍ بإذن ربّها(ابراهيم/25-24)

« N’as-tu pas vu comment Allâh propose en parabole et assimile une très bonne parole à un arbre excellent dont la racine est solidement fixée dans le sol pendant que la ramure s’élève dans le ciel ? Il donne son fruit à tout instant avec la permission de son Seigneur ».

L’eau, avec toutes ses qualités et ses capacités, est à l’origine de la vie, comme le Coran l’exprime (و جعلنا من الماء كلّ شيء حي/ انبياء 30).

Cette source de vie, lorsqu’elle entre en contact avec un être vivant peut manifester ses capacités. C’est aussi le cas à propos du Coran, source de vie et de tout perfectionnement :

إن هو إلّا ذكرٌ و قرآنٌ مبينٌٌ لينذر من كان حيّاً و يحقّ القول على الكفرين (يس/70-69)

« Ceci n’est qu’un rappel et une lecture/Coran claire pour avertir celui qui est vivant et pour que la vérité se manifeste contre les mécréants ».

On trouve encore cette vérité énoncée dans ce sage hadith mohammadien :

[8] لا تغرّنّكم هذه المصاحف المعلّقة لا يعذّب الله قلباّ وعى القرآن

« Que la forme des feuilles de ces recueils suspendus ne vous trompe pas. En vérité, Allâh ne châtie pas le cœur qui contient le Coran ».

Ce hadith montre clairement que le Coran se présente sous deux formes différentes :

1- Un recueil contenant les caractères écrits du Coran

2- Les cœurs qui en sont les récipients.

Autrement dit, les deux façons de parcourir le chemin de l’adoration sont dessinées d’une manière très expressive. On peut adorer le chemin, être trompé par les formes en oubliant le contenu, tel que cela est arrivé lorsque ont été suspendu (sur des lances) les recueils coraniques lors de la bataille de Nahrawa-n afin de faire taire la voix du « Coran Parlant », celle du commandeur de tous les croyant : Ali ibn Abi T?a-lib… Il existe aussi plusieurs autres formes d’abus des apparences coraniques et d’emplois erronés de cette source de vie, cela s’opposant au but premier dans lequel le Coran a été révélé : rendre le Coran présent dans les cœurs qui sont la seule résidence qu’il mérite :

بل هو آيات بيّنات في صدور الذين أوتوا العلم... (عنكبوت/49)

« Voilà, tout au contraire, des versets évidents dans les poitrines de ceux auxquels la science a été donnée… ».

Le Maintient (de l’effet) du Coran
Le problème ne se limite pas à encrer le Coran dans le cœur. Un fort accent est mis sur « la régularité » dans la lecture du Coran, tel que nous pouvons le voir dans le hadith suivant :

مثل القرآن إذاعاهد عليه صاحبه فقرأه بالليل والنهار كمثل رجل له إبل فإن عقلها حفظها و إن أطلق عقالها ذهبت فكذلك القرآن[9]

« La régularité dans la lecture du Coran, le jour et la nuit, est semblable à un homme possédant un chameau. S’il l’attache, il le conserve, si non il le perd ».

[10] تعاهدوا هذا القرأن فإنه وحشي فلهو أسرع تقضّيّاً من صدور الرجال من الابل من عقلها

Lisez régulièrement ce Coran, car il est insaisissable ; il s’échappe plus rapidement du cœur de l’homme que le chameau de son lien.

Dans cet article que nous envisageons de compléter, nous avons traité de certains éléments ayant trait à la question de l’intimité avec le Saint Coran, à la manière de l’atteindre et des effets que cette intimité produit sur le corps et sur le cœur du fidèle, le cœur étant la base du commandement de tout le corps et le centre grâce auquel l’homme se reconnaît comme Homme. Nous citons un verset pour mettre fin à cette partie en souhaitant vivement qu’Allâh nous donne l’opportunité de poursuivre ce thème :

إنّ في ذلك لذكرى لمن كان له قلبٌ أو ألقى السمع و هو شهيد (ق/37)

« Il y a en vérité en cela un rappel pour qui a un cœur ou prête l’oreille en étant témoin ».

[1]- Ibn Manzur, Lisa-n ul- arabe, Da-r ihya- at tura-th al arabie, 1408 h.s. vol. 1, p. 231.

[2] - Fayyu-mi, al-mis?ba-h al- munir, Librairie du Liban, 1404 h.s. p. 10.

[3] - Dans les traductions françaises courantes du Saint Coran, on traduit le termeآنَسَ par : « voir » ou « apercevoir ». Or de tels termes ne sont pas assez explicites pour refléter ce que le Coran veut dire exactement dans ce passage lorsqu’il dessine la vie perturbée d’un homme ayant survécu à plusieurs graves dangers durant sa vie : encore nourrisson, il survécu à l’égorgement en masse des nouveau-nés perpétué par Pharaon, à ce moment il ne connaissait pas son père. Quant à sa mère, il ne passe avec elle qu’un petit laps de temps de son enfance, plutôt déterminée par sa vie auprès de « sa majesté royale ». Tout jeune, il s’enfuit de la ville pour échapper à la colère des autorités, grâce à un homme bienveillant qui lui apprend la décision de le tuer adoptée par le conseil royal. Il fuit. L’homme qui fut jadis élevé au sein de la cour luxueuse de Pharaon, maintenant dépourvu de tout, trouve l’occasion d’épouser une fille qu’il vient à peine de rencontrer, contre une période de dix ans de travail en tant que berger. Il accomplit le délai et quitte Madian pour une destination inconnue. En plein désert, une nouvelle ère de sa vie commence après qu’il soit confronté à un feu particulier. Un feu qui l’attire vers lui-même afin qu’il trouve auprès de lui ce qui va amorcer ladite nouvelle ère, à partir de laquelle il ne connaîtra plus ni crainte, ni solitude, ni errance. Le Coran raconte en détail cette période de crainte dans ce passage :

فخرج منها خائفاً يترقّب (قصص/21) et (قصص/25) لا تخف نجوت من القوم الظالمين

Donc, on comprend bien que le terme أنَسَ dans un tel contexte et au sein de ces étapes ne peut évidement pas signifier simplement « voir » ou « apercevoir ».

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[4] - Kulai-ni, Al-Us?u-l min al-ka-fi, éd. Islamia, Téhéran, 1365 H.S., vol. 2, p. 603

[5] - Mag(lesi, Biha-r ul-anwa-r, Kitab ul-coran, vol. 46, p 107.

[6] - Kulaïni, Al-Us?u-l min al-ka-fi, éd. Islamia, Téhéran, 1365 H.S. vol. 2, p. 604.

[7] -Raï S(ahri Mohammad, Miza-n ul-Hikma, éd. Islamique de la société des enseignants au grand séminaire à Qom, vol. 8,p. 90, hadith No 16252.

[8]- ibid.

[9] -ibid. vol. 1, pp. 77-78.

[10] -ibid. hadith No 2852-2853

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