De la sagesse de Luqman (P)
De ce que Luqman (p) recommanda à son fils: «Ô, fils certes, depuis que tu es tombé dans ce monde, tu lui tournes le dos et tu te diriges vers l’autre monde, de ce fait la demeure vers la quelle tu te diriges est plus proche de toi que la demeure de laquelle tu t’éloignes. Mon fils, sois le compagnon des savants, ne les lâche point d’une semelle et ne les contredis pas sinon ils te priveront de leur science.
Prends ce qui est en ce monde avec mesure et ne le refuse pas tu seras alors une charge pour les gens. Jeûne de sorte que ton jeûne brise ton désir et ne jeûne point un jeûne qui t’empêchera de prier car certes, pour Dieu la prière est préférable au jeûne.
Mon fils, la vie de ce monde est une profonde mer (océan) dans laquelle beaucoup de gens s’y sont noyés. Alors, fais en sorte que ton navire y soit la foi, la voile y soit compter sur Dieu (tawakoul) et que tes provisions y soient l’éveil en Dieu. Si tu es sauf, c’est par la miséricorde de Dieu et si tu péris, c’est à cause de tes péchés.
Mon fils, si tu as une bonne morale étant jeune, tu en bénéficieras étant grand.
Mon fils, crains Dieu de sorte que même si tu te présentais le jour de la résurrection avec des bonnes actions équivalant les deux poids, tu craindrais qu’Il ne te châtie. Espère en Dieu de sorte que même si tu te présentais le jour de la résurrection avec des péchés équivalant les deux poids, tu espérerais que Dieu te pardonne.»
Son fils rétorqua: «Ô père, comment puis-je faire ainsi alors que je n’ai qu’un seul cœur?» Luqman (p): «Mon fils, si on venait à extraire et à couper en deux le cœur du croyant, on y trouverait deux lumières: une lumière pour la crainte (peur) et une lumière pour l’espoir. Si ces deux lumières venaient à être pesés, le poids de l’une ne dépasserait pas celui de l’autre même par le poids d’un atome.
Mon fils, ne te fie pas à (ne sois pas rassuré par) la vie de ce monde et n’en préoccupe pas ton cœur car Dieu ne créa point une créature ayant si peu d’importance qu’elle. Ne vois-tu pas qu’Il ne fit point des bienfaits de ce monde une rétribution pour ceux qui obéissent. Et qu’Il ne fit point des épreuves de ce monde un châtiment pour ceux qui désobéissent?»
L’Imam Aba ‘Abd Allah (p) dit: «De ce que Luqman recommanda à son fils deux choses, il lui dit: Mon fils, traiter en ami ton ennemi et lui déclarer ton agrément à son égard sont des armes grâce auxquelles tu l’assommeras. Ne l’évite pas trop longtemps car il devinera ce que tu ressens envers lui et il ripostera en conséquence.
Mon fils, j’ai supporté de gros rochers, du fer et bien des poids lourds et je n’ai point supporté un mauvais voisin. J’ai goûté à bien des amertumes et je n’ai point goûté à une chose plus amère que la pauvreté.
Mon fils, aie mille amis, mille autre personnes pas très fiables comme amis mais n’aie jamais un seul ennemi, un seul ennemi peut s’avérer multiple.»
Le Prince des croyants Ali fils de Abi Talib (p)dit : «De ce que Luqman recommanda à son fils, il lui dit: Mon fils, que celui qui manque de certitude envers Dieu quant à sa subsistance et qui se relâche, qu’il sache que Dieu Le Très Haut le créa en trois étapes (situations)et qu’Il lui assura sa subsistance alors qu’il n’avait dans chacune d’elles aucun moyen ni aucune possibilité de subsistance et Dieu lui assura sa subsistance lors de la quatrième étape.
La 1ère étape: il était dans l’utérus maternel, Il l’a nourri dans ce solide refuge dans lequel ne lui étaient nuisibles ni chaleur ni froid. Puis, Il le fit sortir et Il fit couler pour lui le lait maternel lui suffisant comme subsistance et l’aidant à grandir alors qu’il n’avait aucune force ni aucune puissance. Il fut sevré ensuite et Il lui assura sa subsistance par le labeur de ses parents et leur amour pour lui à tel point qu’ils le faisaient passer avant eux-mêmes dans bien des situations.
Lorsqu’il grandit, qu’il raisonna et qu’il subvint à ses besoins par lui-même, il se lassa, se fâcha et pensa du mal de son Seigneur. Il renia les droits dans ses biens (argent). Il agit en cupide envers ses enfants et envers lui-même de peur de gaspiller et parce qu’il pensa en mal que Dieu le Très Haut. Quel misérable serviteur est cet individu mon fils!»
«Mon fils, si tu doutes de la mort, alors ôte de toi le sommeil, chose que tu ne puis faire. Si tu doutes de La résurrection alors écarte de toi le réveil, chose que tu ne puis faire. Certes, si tu méditais ces deux choses, tu saurais que ton âme est entre Les mains d’autre que toi. Certes le sommeil fait office de (est identique à) la mort et le réveil après le sommeil fait office de la résurrection après la mort.»
«Mon fils, ne sois pas orgueilleux car tu seras éloigné de Dieu et tu seras humilié
Mon fils, ne prends guère l’ignorant comme compagnon.
Si tu voyages avec des gens et que vous doutez du le chemin à prendre, arrêtez-vous et consultez-vous. Si vous rencontrez une seule personne, ne lui demandez pas votre chemin et ne l’interrogez pas car une seule personne dans le désert est douteuse (non digne de confiance).
Elle pourrait être un éclaireur pour une bande de voleurs ou pour satan qui vous induit en erreur. Craignez également deux personnes sauf si vous voyez ce que je ne vois pas car lorsque le sensé voit avec ses yeux une chose il en saisit la vérité (qui s’en dégage) et le témoin (la personne présente) voit ce que ne voit pas l’absent.
Mon fils, lorsque le moment de la prière arrive, ne la retarde pour aucune raison, prie tu en seras tranquillisé car elle est certes une dette. Prie en groupe même si tu es à l’étroit. Ne dors point sur le dos de ta monture car tu la fatigueras ce qui n’est pas sage sauf si tu te trouves dans un endroit dans lequel tu peux t’allonger pour soulager tes articulations.
Lorsque tu t’approches de chez toi, mets pieds à terre et donne à manger à ton cheval (monture) avant de manger toi-même. Fais deux prosternations avant de t’asseoir. Si tu veux satisfaire quelque besoin, éloigne-toi. Lorsque tu veux reprendre la route, fais deux prosternations et fais tes adieux à l’endroit qui t’a accueilli et à ses occupants car tout endroit a ses propriétaires parmi les anges. Prends garde à ne jamais prendre la route au début de la nuit. Tu dois faire des pauses durant le voyage. Tu peux commencer ton voyage vers la fin de la nuit et prends garde à ne jamais hausser la voix sur ton chemin.»
Luqman dit: «Mon fils, avant toi, les gens ont thésaurisé les biens pour leurs enfants et il ne reste ni de ce qu’ils ont thésaurisé ni pour qui ils ont thésaurisé. Certes, tu n’es qu’un serviteur salarier chargé de faire un travail et pour lequel on t’a promis un salaire (récompense). Alors, fais consciencieusement ton travail et prends ton salaire.
Ne sois pas dans ce monde, telle la brebis qui, se trouvant dans une prairie verte brouta jusqu’à s’engraisser, ce qui causa sa perte. Agis plutôt de sorte que ce monde soit un pont au-dessus d’un fleuve, un pont que tu traverses et sur lequel tu ne reviendras plus jamais jusqu’à la fin des temps. Sache que, demain, lorsque tu seras face à Dieu, Gloire à Lui, tu seras interrogé sur quatre choses: A quoi as-tu utilisé ta jeunesse? A quoi as-tu passé ta vie? Comment as-tu obtenu tes biens (ton argent)? Et en quoi (sur quoi) les as-tu dépensés? Prépare-toi alors pour cela et prépare tes réponses.»
Luqman dit: «Qu’un sage te frappe et te fasse mal est préférable pour toi à un ignorant qui te fais de beaux mais faux compliments.
Mon fils, ne divulgue point ton secret à ta femme et évite de faire de ta demeure un lieu de fréquentations.
Mon fils, j’ai appris 7000 choses de la sagesse, retiens-en 4 et accompagne-moi au Paradis: Maintiens-bien ton navire car la mer est profonde. Mets-y le moins de choses possible car la montée est infranchissable. Multiplie les provisions car le voyage est long. Et sois sincère dans tes actions car Celui qui observe est Clairvoyant.»
On a demandé à Luqman:« D’où te vient la sagesse?» Il répondit: «De la remise du dépôt, de la véracité de la langue et du silence face à ce qui ne me regarde point.»